08/01/2018
Les plus impénitents soudoyers devenaient chastes en la regardant...
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« Jeanne d’Arc est incompréhensible sans le Surnaturel. Elle n'était pas seulement une vierge très pure. Sa pureté était communicative, agressive, éclairante comme une flamme vive. Les plus impénitents soudoyers devenaient chastes en la regardant. Elle pouvait dormir tranquillement au milieu d'eux, telle que l'éblouissante ‘’colombe aux ailes argentées’’ dont il est parlé dans le psaume. Les témoignages à cet égard sont formels et surprenants.
Lorsque les persécuteurs de sainte Lucie, exaspérés de son vœu de virginité qui faisait de son corps, disait-elle, le temple du Saint-Esprit, la voulurent traîner par force en un lieu de prostitution, le Saint-Esprit, raconte la Légende dorée, la rendit si pesante que mille hommes et cinquante paires de bœufs ne la purent mouvoir.
Pour contraindre Jeanne, les forces de l'univers n'auraient pas suffi. L'Angleterre s'y épuisa, s'y écrasa, s'y déshonora, et c'est à peine, aujourd'hui, si la longueur de cinq siècles et le surpassant prodige de l'iniquité allemande peuvent atténuer le souvenir du crime épouvantable de la place du Vieux-Marché. Ce qui faisait, alors, Jeanne si pesante pour les Anglais, c'était, en sa personne, le poids de la conscience de toute une nation élue de Dieu pour les plus hautes manifestations de Sa Gloire, le poids d'un royaume qui paraissait plus grand que la terre et qu'éclairait le soleil du Paradis !
La figure historique de la Pucelle ressemble à un vitrail d'Annonciation infiniment doux et pur, que le temps et les barbares auraient respecté. C'est l'azur de France et la couleur de feu de son supplice tamisés suavement autour de cette figure de martyre. Par l'effet d'une confusion sublime, elle parait être à la fois l'ange annonciateur et la vierge très obéissante recevant humblement le glaive redoutable qui doit remplacer à l'avenir sa jolie quenouille de filandière. Elle ne comprend pas d'abord ce qui lui est demandé. Elle ne sait pas l'histoire de la France, elle ne sait pas la guerre ni les politiques affreuses. Elle ne sait rien, sinon que Dieu souffre dans son peuple et qu'il y a une grande pitié au Royaume qu'il s'est choisi autrefois, dès le temps de sa Passion douloureuse, dans la nuit pascale, quand le Coq se mit à chanter. Alors elle se lève tranquillement, résolument, comme une bonne fille de Dieu et, guidée par ses Voix, devient aussitôt stratège invincible, conductrice des plus hauts princes et leur conseillère sans erreur. Quand elle a délivré la France, il ne lui manque plus que d'être délivrée elle-même de sa mission et, parce qu'elle est du Saint-Esprit, cette autre délivrance plus glorieuse ne peut s'accomplir que par le feu, après les préliminaires horreurs du procès le plus infâme qui ait épouvanté les hommes depuis le procès ineffable de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Le train du monde va toujours. Cheminement séculaire, immémorial, des forts et des opprimés, des iniques et des innocents qu'ils écrasent, vers la fosse commune de l'Eternité. L'Histoire n'est qu'un cri de douleur dans tous les siècles. C'est comme s'il n'y avait pas eu de Rédemption. On serait tenté de le croire si, de loin en loin n'apparaissaient pas des créatures merveilleuses qui semblent dire que la Toute-Puissance est captive pour un temps indéterminé, que la Suprême Justice est provisoirement enchaînée et que les hommes de bonne volonté doivent faire crédit à leur Dieu. Créatures de consolation et d'espérance, préfiguratrices, par leurs actions, d'une magnificence inimaginable que les Ecritures ont annoncée. »
Léon Bloy, Jeanne d’Arc et l’Allemagne
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07/01/2018
Un homme, c’est-à-dire un être imprégné des valeurs chevaleresques qui ont fondé la civilisation occidentale
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« Ces lignes, messieurs, vous sont donc dédiées. Elles sont un hommage à tout ce que peut être un homme. Elles sont un hommage à la virilité, cette qualité tant décriée, et qui n’est rien d’autre que la confiance qu’un homme peut avoir dans son appartenance à son sexe. Une sorte de certitude rassurante car sereine. Et si rien n’est plus difficile à définir que cette appartenance, que chacun développe à son gré, elle est le miroir dans lequel les femmes se contemplent avec volupté. La virilité est une forme de confiance, de force tranquille ; ce qui signifie que l’époque actuelle, dans sa volonté de criminaliser toute résurgence du patriarcat honni, a rompu le charme et fait des hommes des êtres en doute perpétuel.
Pas question pour autant de regretter le temps où "être un homme" semblait avoir un sens immédiat qu’il n’était même pas nécessaire d’interroger. Car la notion n’était pas moins problématique. Elle relevait, non de la confiance, mais de l’injonction. Considérons l’actuelle remise en cause comme une occasion de dissiper le vieux malentendu : vous n’êtes pas, messieurs, d’affreuses brutes épaisses qu’il faut réprimer ou contrôler. La violence n’est pas une fatalité masculine. Et en vous construisant face aux femmes, vous apprendrez peut-être que votre grandeur est d’investir votre force et votre audace dans la défense et le respect de l’autre, de la femme ; et non dans la peur et le rejet, ou bien au contraire dans l’indifférenciation.
J’ai moi-même choisi, je le confesse, de vivre avec un spécimen en voie de disparition, un de ces authentiques machos que la modernité féministe voue aux gémonies et condamne aux oubliettes de l’histoire. Un être qui ne repasse pas ses chemises, qui paie l’addition au restaurant et propose de m’accompagner dès que je fais un pas dehors, de peur qu’il ne m’arrive quelque chose. Un être qui pique des colères noires et veut toujours avoir raison, et qui fait tout à ma place parce qu’il estime que, par principe, il le fait mieux que moi. Un homme, dans toute son horreur. Un homme, sensuel et râleur, si différent de ce que je peux être et si proche de ce en quoi je crois. Un homme dans le regard duquel je lis que je suis une femme.
Je l’avoue, j’aime l’altérité. J’aime cette différence essentielle qui fait que lui et moi sommes humains sans être semblables. J’aime ces jeux de domination qui nous font nous provoquer et nous affronter, chacun cédant tour à tour devant l’autre, chacun confrontant ce qu’il est à l’inconnu de l’autre. J’aime enfin découvrir à travers notre altérité ce qui nous unit et nous rend l’un à l’autre indispensables. Rien n’est plus destructeur du désir que l’abolition des frontières, le lissage minutieux des aspérités au nom de notre incapacité millénaire à penser la dualité.
Messieurs, ne soyez pas dupes des injonctions contradictoires des femmes. Elles vous parlent d’égalité, de partage des tâches, elles se veulent libres et indépendantes. Et c’est en effet ce dont elles ont besoin. Comme elles ont besoin de cette figure rassurante de l’homme protecteur, autoritaire, assumant ses devoirs et symbolisant la loi ; l’homme qu’on vous a sommés de ne plus être. Ne soyez pas dupes des discours ambiants qui vous intiment l’ordre de vous renier au nom du métissage du féminin et du masculin dont on veut vous faire croire qu’il constitue le stade ultime de l’humanité, comme la seule chance d’abolition des souffrances de tant de femmes. Il n’est sans doute pas de pire ennui pour une femme que de se trouver face à cet homme insipide et morne qui a si bien appris sa leçon de féminisme et demande respectueusement l’autorisation pour tenter quelque trace de séduction, cet homme un peu ridicule qui use de crèmes antirides et d’autobronzant, cet homme pathétique qui n’éprouve pas le besoin de se lever pour une femme enceinte ou d’offrir sa veste à une belle en robe légère. Car quel geste plus beau que cet enveloppement tendre et puissant de celui qui dépose sur des épaules un peu de chaleur et de protection ?
Et j’adresse ces lignes à mon fils, aujourd’hui si petit, à peine sorti du statut de l’ange, comme un message d’amour et d’espoir. Puisse-t-il à son tour être fier d’être un homme. Un homme, c’est-à-dire un être imprégné des valeurs chevaleresques qui ont fondé la civilisation occidentale. Un homme, c’est-à-dire un être jouant à être le plus fort pour mieux servir, pour mieux protéger, car telle est la vraie grandeur (que les femmes devraient également cultiver), celle qui consiste à ne jamais abuser de son pouvoir. Un homme, sûr de ce qu’il veut être et se promenant dans les modèles anciens et les grandes figures. Même s’il garde à l’esprit que tout cela n’est qu’une fiction, et qu’il ne doit pas être prisonnier des codes mais se les approprier, pour mieux parfois les renverser.
Puisse-t-il apprendre à regarder les femmes dans leur complexité, leurs contradictions et leurs incertitudes. Puisse-t-il les aimer fières et fragiles, pudiques et passionnées, telles qu’elles seraient si notre triste époque ne leur enseignait l’infantile niaiserie qui les empoisonne, et que les bons génies du marketing tentent à tout prix d’inoculer aux hommes. »
Natacha Polony, L’homme est l’avenir de la femme
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Le mythe ressurgit à chaque âge
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« La destruction tombe comme un givre sur le monde en décadence, tout empli de lamentations que le bon temps soit passé. Ces lamentations sont interminables comme le temps lui-même ; c’est le langage de la vieillesse qui s’exprime en elles. Mais la forme des figures a beau se modifier et ses représentants changer, il est pourtant impossible que la somme, les potentialités de la force de vie diminuent. Tout espace délaissé est aussitôt empli par de nouvelles forces. Pour citer encore une fois la poudre à canon, on ne manque pas de documents qui déplorent la destruction des châteaux forts, sièges d’une vie fière et indépendante. Mais bientôt les fils de la noblesse se retrouvent dans les armées des rois ; ce sont d’autres choses pour lesquelles, en d’autres batailles, combattent d’autres hommes. Ce qui demeure, c’est la vie élémentaire et ses motifs, mais la langue où elle se traduit change constamment, et constamment aussi change la distribution des rôles où se répète le grand jeu. Les héros, les croyants et les amants ne meurent pas : on les redécouvre à chaque nouvelle époque, et en ce sens le mythe resurgit à chaque âge. La situation où nous nous trouvons ressemble à un entracte : le rideau reste baissé tandis que s’accomplit une déconcertante métamorphose de la distribution et des accessoires. »
Ernst Jünger, Le Travailleur
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06/01/2018
Deux sortes de disciplines
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« Il y a deux sortes de disciplines : l’une qui agit du dehors vers le dedans, comme une substance caustique, et qui durcit l’homme, et une autre qui rayonne d’un noyau vers le dehors ainsi qu’une lumière, et qui, sans rien lui retirer de sa douceur, rend l’homme intrépide. Pour obtenir la première nous avons toujours besoin de maîtres, mais la seconde naît souvent en nous comme une semence. »
Ernst Jünger, Journal I : jardins et routes
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Je crains qu'on ne détruise trop
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« A quoi riment tous ces meurtres, encore et toujours plus de meurtres ? Je crains qu’on ne détruise trop, et que trop peu de choses subsistent pour qu’on puisse reconstruire […] La guerre a éveillé en moi la nostalgie des bénédictions de la paix »
Ernst Jünger, Carnets de guerre 1914-1918
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05/01/2018
Je n'attends rien
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« Je suis seul et cela me va. Je peux ne pas parler, me taire des heures et des jours. Je peux ne pas sortir. Rester porte et fenêtres closes avec un livre, ou rien. Je n'ai pas peur du silence. Ni de ma respiration. Je n'attends rien. »
Sorj Chalandon, La légende de nos pères
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Cette existence fondée sur une acceptation joyeuse de la vie
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« Où est-elle donc passée, cette plaisante culture de l'art de vivre ? Cette vie semblable à un long fleuve tranquille [ …], ce vin rouge, ces miches de pain blanc floconneux et ces savoureux ragoûts de la cuisine du nord de la France, où sont-ils donc passés ? Ces réunions vespérales du maire, du curé et des autres notables ? Cette existence fondée sur une acceptation joyeuse de la vie ? Disparus ! Disparus, et peut-être à jamais. »
Ernst Jünger, Carnets de guerre 1914-1918
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Un état transcendantal de vie
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« Avoué ou non-avoué, conscient ou inconscient, l'état poétique, un état transcendantal de vie, est au fond ce que le public recherche à travers l'amour, le crime, les drogues, la boxe ou l'insurrection. »
Antonin Artaud, Le théâtre de la cruauté
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04/01/2018
Régler sa dette
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« La vie dans les bois permet de régler sa dette. Nous respirons, mangeons des fruits, cueillons des fleurs, nous baignons dans l'eau de la rivière et puis un jour, nous mourrons sans payer l'addition à la planète. L'existence est une grivèlerie. L'idéal serai de traverser la vie tel le troll scandinave qui court la lande sans laisser de trace sur les bruyères. Il faudrait ériger le conseil de Baden-Powell en principe : “Lorsqu'on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements." L'essentiel ? Ne pas peser trop à la surface du globe. »
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie
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Toute la descendance du Désobéissant
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« J’eus, un jour, l’occasion de rêver devant une vieille image hollandaise assez peu connue, signée de Jan Luyken, le graveur fameux des massacres et des supplices.
Cette œuvre extraordinaire donne la vision de Babel, la Babel de briques dont les prophètes ont dit qu’elle deviendrait, à la fin, l’habitacle des lions et le bercail des lionceaux. La Tour prodigieuse est au centre d’une plaine sans limites qui paraît avoir la superficie d’un empire, où se tordent de puissants fleuves au bord desquels des cités lointaines sont assises.
L’artiste biblique a dilaté son extase jusqu’à l’infini, en vue d’exprimer, avec son pauvre burin, l’aventure la plus inouïe de l’humanité. C’est toute la descendance du Désobéissant qui s’est assemblée pour l’érection d’un milliaire qui escaladât le ciel, s’il était possible, et qui marquât le nombril du monde, — le point précis où l’immense famille allait se diviser à jamais pour se répandre par les terres et s’enfoncer, en baissant la tête, sous les plafonds des firmaments.
Cette multitude qui est au moment de devenir tous les peuples, — quand le Jehovah sera descendu pour déconcerter sa chimère, — gronde et foisonne au pied du colosse, grimpe à ses flancs, grouille dans les nues qu’enjambent déjà les arceaux et les colonnades. La terre est en travail de son grandissime effort, et les vastes alentours sont peuplés d’hommes ou de bêtes qui s’exténuent pour le poème de ce gigantesque défi. Les gestes les plus étonnants de l’histoire apparaîtront comme rien, désormais, devant cette houle d’orgueil, aux circonvolutions infinies, charriant à la base du Donjon terrible, des armées de dromadaires et des caravanes d’éléphants écrasés sous le poids des matériaux qui doivent servir à immortaliser le blasphème. »
Léon Bloy, "La Babel de fer", in Belluaires et porchers
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03/01/2018
Le prolétariat héroïque, égalitaire, n’existe pas...
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« Le malheur en tout ceci, c’est qu’il n’y a pas de "peuple", au sens touchant où vous l’entendez, il n’y a que des exploiteurs et des exploités, et chaque exploité ne demande qu’à devenir exploiteur. Le prolétariat héroïque, égalitaire, n’existe pas. C’est un songe-creux, une faribole, d’où l’inutilité, la niaiserie écœurante de toutes ces imageries imbéciles, le prolétaire en cotte bleue, le héros de demain et le méchant capitaliste repu à chaîne d’or. Ils sont aussi fumiers l’un que l’autre. Le prolétaire est un bourgeois qui n’a pas réussi. Rien de plus, rien de moins. Rien de touchant à cela, une larmoyerie gâteuse et fourbe. C’est tout. Un prétexte à congrès, à prébendes, à paranoïsmes… L’essence ne change pas. On ne s’en occupe jamais, on bave dans l’abstrait. L’abstrait c’est facile, c’est le refuge de tous les fainéants. Qui ne travaille pas est pourri d’idées générales et généreuses. Ce qui est beaucoup plus difficile c’est de faire rentrer l’abstrait dans le concret.
Demandez-vous à Brueghel, à Villon, s’ils avaient des opinions politiques ?...
J’ai honte d’insister sur ces faits évidents... Je gagne ma croûte depuis l’âge de 12 ans (douze). Je n’ai pas vu les choses du dehors mais du dedans. On voudrait me faire oublier ce que j’ai vu, ce que je sais, me faire dire ce que je ne dis pas, penser à ma place. Je serais fort riche à présent si j’avais bien voulu renier un peu mes origines. Au lieu de me juger on devrait mieux me copier au lieu de baver ces platitudes – tant d’écrivains écriraient des choses enfin lisibles…
La fuite vers l’abstrait est la lâcheté même de l’artiste. Sa désertion. Le congrès est sa mort. La louange son collier, d’où qu’elle vienne. Je ne veux pas être le premier parmi les hommes. Je veux être le premier au boulot. Les hommes je les emmerde tous, ce qu’ils disent n’a aucun sens. Il faut se donner entièrement à la chose en soi, ni au peuple, ni au Crédit Lyonnais, à personne. »
Louis-Ferdinand Céline, Lettre à Elie Faure, Juillet 1935
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02/01/2018
Anarchiste, jusqu’aux poils
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« Je me refuse absolument, tout à fait, à me ranger ici ou là. Je suis anarchiste, jusqu’aux poils. Je l’ai toujours été et je ne serai jamais rien d’autre. Tous m'ont vomi, depuis les Inveszias [1] jusqu'aux nazis officiels [2].
Mr de Régnier, Comœdia, Stavinsky, le président Dullin, tous m'ont déclaré imbuvable, immonde, et dans des termes à peu près identiques. Je ne l'ai pas fait exprès mais c'est un fait. Je me trouve bien ainsi parce que j'ai raison. [3]
Tout système politique est une entreprise de narcissisme hypocrite qui consiste à rejeter l’ignominie personnelle de ses adhérents sur un système ou sur les "autres". Je vis très bien, j’avoue, je proclame haut, émotivement et fort, toute notre dégueulasserie commune, de droite ou de gauche, d’Homme. Cela on ne me le pardonnera jamais. Depuis que les curés sont morts, le monde n'est plus que démagogie, on flagorne la merde sans arrêt. On repousse la responsabilité par un artifice d'idéologie et de phrases. Il n'y a plus de contrition, il n'y a plus que des chants de révolte et d'espérances ? Espérer quoi ? Que la merde va se mettre à sentir bon ? Mon bon ami, je ne trahis personne, je ne demande rien à personne. On me fusillera peut-être (on prendra des numéros, alors !).
Lénine aussi bien que Napoléon ont raté leur affaire. Ils ont fait des pointes de feu et hurlent à la guérison. Nenni. Tout ce système révolutionnaire (pas le vôtre) n'est que vulgaire, éternel égoïsme, armé de nouveaux subterfuges. Qu'il s'organise dans le communisme vous en avez de belles ! Plus sordide que l'ancien, vous dis-je ! Je les connais bien les apôtres et les héros, de droite, de gauche. Depuis 30 ans je vis jour et nuit avec eux. Révolution. Tout de suite. Mais d'eux-mêmes d'abord. Pas ces fainéants d'âmes et d'esprits, cocktail ou Picon ? Pourquoi choisir.
Bien affectueusement... »
Louis-Ferdinand Céline, Lettre à Elie Faure, Le 18 Mars 1934
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[1] : En fait Céline écrit "Inveszias" pour "Izvestia", organe de presse officiel du gouvernement soviétique...
[2] : Le parti nazi, au pouvoir, avait interdit en mai 1933 la traduction et la publication en Allemagne du "Voyage au bout de la nuit", et l'avait placé dans l'autodafé organisé par Goebbels...
[3] : Henri de Régnier, dans le Figaro, et un critique du périodique Comœdia avaient exprimé des opinions méprisantes voire insultantes sur "Le voyage au bout de la nuit", de même, aux dires de Céline, que l'escroc Alexandre Stavisky, mort en janvier 1934. Le juge Albert Dullin, présidant alors la 12e Chambre correctionnelle de Paris, avait également critiqué vertement "Le voyage au bout de la nuit" dans un jugement rendu en janvier 1934 en faveur des écrivains Rosny aîné et Roland Dorgelès – ceux-ci avaient assigné deux journalistes en diffamation pour des articles critiques sur l'attribution du prix Goncourt à Guy Mazeline plutôt qu'à Céline...
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01/01/2018
Les hommes ne peuvent rien faire au monde que mourir
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« Tu es mort pour rien mais enfin ta mort prouve que les hommes ne peuvent rien faire au monde que mourir, que s'il y a quelque chose qui justifie leur orgueil, le sentiment qu'ils ont de leur dignité — comme tu l'avais ce sentiment-là toi qui as été sans cesse humilié, offensé — c'est qu'ils sont toujours prêts à jeter leur vie, à la jouer d'un coup sur une pensée, sur une émotion. Il n'y a qu'une chose dans la vie, c'est la passion et elle ne peut s'exprimer que par le meurtre — des autres et de soi-même. »
Pierre Drieu La Rochelle, Adieu à Gonzague
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Écorché
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« Tu avais tous les préjugés, tout ce tissu de la vie sociale des hommes qui est notre chair même, qui est une chair aussi adhérente que notre chair sexuelle et animale — et que nous ne pouvons que retourner sur nous-mêmes dans un arrachement magnifique et absurde. Tu vivais — le temps que tu as vécu — avec toute la chair des préjugés retournée sur toi. — Écorché ! »
Pierre Drieu La Rochelle, Adieu à Gonzague
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31/12/2017
La crue des chairs ensanglantées...
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« Ceux d’entre eux qui avaient pu se traîner jusqu’à l’abri marqué de l’emblème connu de tous (le drapeau blanc à croix rouge), ou que des camarades exténués par la traversée d’un lac de boue gluante, troué de fondrières sans fond, avaient pu transporter à dos d’homme et déposer là, s’y entassaient. La crue des chairs ensanglantées débordait vite jusqu’à l’entrée du poste. Aux abords, les corps meurtris, pesant sur la toile du brancard rouge de leur sang et du sang de ceux qui les avaient précédés, sous la pluie, dans la boue liquéfiée par l’incessant piétinement, attendaient leur tour. Aux moribonds, malgré l’urgence, l’endurcissement, la détresse générale, on prenait garde de ne rien dire. Pourtant, quand ils étaient encore conscients, ils comprenaient et s’abîmaient déjà hors du monde, dans une impressionnante résignation. »
Michel Bernard, Visages de Verdun
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Le fils ou le mari...
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« Il y a eu tellement de tués, mutilés et prisonniers, à Verdun et ailleurs, qu'en France comme en Allemagne, pour compléter les effectifs, il fallut avancer l'appel de la classe à mobiliser. La République et l'Empire incorporaient les fils de ceux tombés en 14. Beaucoup n'avaient pas dix-neuf ans, leurs joues étaient rondes et lisses sous le casque. Sans rien dire, ils montèrent aux créneaux du pays. Les femmes, lorsque le maire traversait la cour de la ferme, ne savaient pas pour qui, le fils ou le mari, leur cœur saisi allait se briser l'instant d'après. »
Michel Bernard, Visages de Verdun
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30/12/2017
Les reliques ont été déposées sur son cerceuil
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« Il y a une rue de Verdun à Chalabre, chef-lieu de canton aux confins de l'Aude, à portée de regard des Pyrénées ariégeoises. Mon arrière-grand-père, Antoine Bernard, ne l'a jamais traversée. Territorial grièvement blessé au bassin par un éclat d'obus reçu là-haut, il ne quittait plus le hameau de Montjardin où était sa maison. Il s'y déplaçait à pas menus, traînant la semelle de ses chaussons de feutre moins vite qu'un petit enfant. Sa chambre avait été installée au rez-de-chaussée, et son lit face à la fenêtre d'où il voyait les collines, rigoureuses pyramides tondues par les troupeaux, le sillon buissonneux de la rivière où il allait pêcher autrefois, les champs qu'il ne pouvait plus travailler et le jardin vers lequel, par beau temps, de l'autre côté de la rue, il faisait de longs et laborieux voyage d'une traversée. Quand il tombait, il appelait d'une voix exaspérée pour qu'on vienne le relever. Baptistine, sa femme, ou le premier villageois par-là remettait sur ses pauvres jambes le grand invalide de guerre. Il vécut ainsi les trente années suivant sa blessure, près de la ferme que continuaient d'exploiter sa femme et ses deux fils qui lui restaient.
De la guerre, il ne disait rien. Au-dessus de son lit étaient ses médailles et la photo du fils aîné, tué à vingt ans dans la Somme, au mois d'août 1918. Lorsque la porte de l'aïeul était ouverte, au mur, près du grand portrait d'un jeune soldat, mon père apercevait, sur des sortes de diplômes, le nom de la famille, son propre nom calligraphié à la plume, en grosses et rondes lettres noires, entre les lauriers, les palmes et la République casquée. Au bout des rubans de couleur, sous les reflets du verre, les ronds dorés des médailles avaient bruni. Les reliques ont été déposées sur son cerceuil, parce que sa descendance n'avait pas su ou voulu les partager, quand on l'a mis en terre dans le petit cimetière situé derrière l'église. Il y est toujours, en contrebas de la route qui, par col du Bac, entre les chênes verts du versant occidental et les vignes étagées à l'orient, conduit à Limoux. »
Michel Bernard, Visages de Verdun
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Ces réformes qui ne sont que des palliatifs
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« Aux hommes de la fin du XIXe siècle, la décadence romaine apparaissait sous l'aspect de patriciens couronnés de roses s'appuyant du coude sur des coussins ou des belles filles, ou encore, comme les a rêvés Verlaine, composant des acrostiches indolents en regardant passer les grands barbares blancs. Nous sommes mieux renseignés sur la manière dont une civilisation finit par finir : ce n'est pas par des abus, des vices ou des crimes qui sont de tous temps, mais par ce gigantisme qui n'est que la contre-façon malsaine d'une croissance, ce gaspillage qui fait croire à l'existence de richesses qu'on n'a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d'en haut, cette atmosphère d'inertie et de panique, d'autoritarisme et d'anarchie, ces réaffirmations pompeuses d'un grand passé au milieu de l'actuelle médiocrité et du présent désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violent, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages. »
Marguerite Yourcenar, Sous bénéfice d'inventaire
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29/12/2017
Le courage
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« Le courage est le vent qui nous porte vers les rivages les plus lointains ; c’est la clef de tous les trésors, le marteau qui forge les vastes empires, le bouclier sans lequel aucune civilisation ne saurait durer. Le courage, c’est l’enjeu illimité de sa propre personne, c’est l’assaut que l’idée livre à la matière sans se soucier des conséquences. Etre courageux, c’est être prêt à se faire crucifier pour une conviction, c’est affirmer, même dans le dernier frémissement des nerfs, même dans le dernier soupir, l’idée dont on vivait et pour laquelle on meurt. Maudit soit le temps qui méprise le courage et les hommes courageux ! »
Ernst Jünger, La guerre notre mère
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De Sainte-Sophie, ils firent d’abord une écurie
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« Durant toute cette journée, les Turcs firent, par toute la cité, un grand carnage de chrétiens. Le sang coulait sur la terre comme s’il en pleuvait et formait de vrais ruisseaux… Georges Phrantzès dit aussi que, “en certains endroits, le sol disparaissait sous les cadavres et que l’on ne pouvait passer par les rues”. […] Ils volent, dérobent, tuent, […] font captifs femmes, enfants, vieillards, jeunes gens, moines, hommes de tous âges, de toutes conditions. […] Ils prenaient les trésors et les vases sacrés, dépeçaient les reliques et les jetaient au vent ; ils exhibaient dans les rues puis dans leurs camps, le soir, des crucifix montrant le Christ coiffé de l’un de leurs bonnets rouges. De Sainte-Sophie, ils firent d’abord une écurie. Un nombre incalculable de manuscrits précieux, ouvrages des auteurs grecs ou latins de l’Antiquité, furent brûlés ou déchirés. Les religieuses, violées par les équipages des galères, étaient vendues aux enchères. […] Cette cohue de toutes les nations, ces brutes effrénées, se ruaient dans les maisons, arrachaient les femmes, les traînaient, les déchiraient ou les forçaient, les déshonoraient, les violentaient de cent façons aux yeux de tous dans les carrefours. Pendant trois jours, ce fut aussi une terrible chasse et un immense marché aux esclaves. […] Aucune bataille, aucune conquête n’avait jamais donné en si peu de temps autant de captifs. Ils furent vendus et revendus par la soldatesque puis par les mercantis de toutes sortes, séparés les uns des autres, promis aux travaux misérables jusqu’aux plus lointaines provinces du monde musulman. […] Mehmet avait ordonné que les familles des dignitaires grecs soient réduites à la plus dure et à la plus humiliante des servitudes. Il s’était fait réserver les filles les plus belles et les plus jeunes adolescents et il fit don de quarante très jeunes gens et de quarante vierges au pacha de Babylone. D’autres enfants grecs furent envoyés jusqu’à Tunis et à Grenade. […] Les habitants de Constantinople échappés aux massacres et à l’esclavage avaient fui. Ce n’était plus qu’une ville en grande partie dévastée et vide d’hommes. […] La chute de l’Empire byzantin marquait la fin d’un monde et jetait à bas l’héritage de l’antique Rome. »
Jacques Heers, Chute et mort de Constantinople
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28/12/2017
Une très profonde identité anthropologique
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« Les secrets d’une passion ancestrale. Toutes les traces, y compris mythiques et légendaires, qui nous relient à une très profonde identité anthropologique. Parce que l’avenir est sans doute à ceux qui auront su renouer avec la nature. Et se servir d’une arme. »
Dominique Venner, Dictionnaire amoureux de la chasse
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Passage à tabac et sieste...
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« On apprend plus dans une nuit blanche que dans une année de sommeil. Autant dire que le passage à tabac est autrement plus instructif que la sieste. »
Emil Michel Cioran, Aveux et anathèmes
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Communisme...
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« Il existe deux évaluations scientifiques de l’hécatombe imputable à la dictature du parti communiste depuis 1917, en excluant les pertes de la Seconde Guerre mondiale. Ces évaluations reposent sur des études démographiques serrées.
Selon la plus modeste de ces évaluations, due au démographe soviétique Maksudov, la transformation révolutionnaire de la Russie aurait coûté le chiffre énorme de 27,5 millions de victimes. Pour la seule période de la guerre civile et de la famine qui l’a suivie, de 1918 à 1926, les pertes sont évaluées à plus de 10 millions de morts. Pour la période de 1926 à 1938, qui inclut la dékoulakisation, le génocide-famine de l’Ukraine et les grande purges : 7,5 millions de victimes. Enfin de 1939 à 1953, les exécutions et les déportations ordonnées par le régime (sans compter les pertes dues à la guerre) auraient coûté la vie à environ 10 millions d’individus. » (page 448).
Se fondant sur des taux de natalité et de mortalité différents, le démographe Kourganov obtient un chiffre global beaucoup plus important : plus de 66 millions de morts entre 1918 et 1953 (sans compter les pertes dues à la Seconde Guerre mondiale). Pour la période de guerre civile, de 1918 à 1922, il conclut à 15 millions de vies humaines […]
Ces chiffres sont assez proches de ceux que retiennent les historiens russes à la lumière des archives de l’ex-URSS. Ainsi, pour Volkogonov, à elle seule, la guerre civile a coûté à la Russie 13 millions de vies. Dans la période située entre la guerre civile et la collectivisation, c’est-à-dire dans les “années heureuses de la NEP”, un million de personnes environ ont péri dans les camps ou dans l’extermination de la résistance antisoviétique dans le pays. Entre 1929 et 1953, année de la mort du “premier léniniste”, ce bilan s’est alourdi de vingt-et-un million de victimes. »
Dominique Venner , Les Blancs et les Rouges, Histoire de la Guerre civile russe
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27/12/2017
Affluence
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« Partout où les étrangers sont rares, ils sont les bienvenus : rien ne rend plus hospitalier que de n’avoir pas souvent besoin de l’être : c’est l’affluence des hôtes qui détruit l’hospitalité. »
Jean-Jacques Rousseau, Emile ou de l’éducation
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Un homme qui se venge comme une femme...
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« Dans la vie des peuples, au moment des grands malheurs, après les guerres, les invasions, les famines, il y a toujours un homme qui sort de la foule, qui impose sa volonté, son ambition, ses rancunes, et qui "se venge comme une femme", sur le peuple entier, de la liberté, de la puissance et du bonheur perdus. »
Curzio Malaparte, La technique du coup d'état
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