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15/01/2016

S'engraisser à l'auge

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« Les hommes, au fond, ça n'a pas été fait pour s'engraisser à l'auge, mais ça a été fait pour maigrir dans les chemins, traverser des arbres et des arbres, sans jamais revoir les mêmes, s'en aller dans sa curiosité, connaître.
C'est ça, connaître. »

Jean Giono, Que ma joie demeure

 

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On aime le bien, mais on ne déteste point le mal

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« Le respect humain, c’est la peur de paraître chrétien, de paraître bon, pieux, obéissant.

Ceux qui se laissent dominer par le respect humain sont de misérables petits lâches, qui sacrifient leur conscience à la peur d’une moquerie, d’un coup, quelquefois même d’un simple sourire. Ils ont peur de tout et de tous. Ils ont peur qu’on les voie faire leurs prières; ils ont peur qu’on les surprenne à genoux devant DIEU ; comme si prier n’était pas le premier devoir, le premier honneur d’un homme sur la terre ! Comme si la prière n’était pas ce qui distingue souverainement l’homme de la bête !

Ils n’osent pas faire maigre en public ; enfin ils n’osent pas dire qu’ils vont à confesse et qu’ils communient. Ils rougissent de Jésus-Christ, de la foi, de la pureté, de ce qu’il y a de plus grand et de plus excellent au monde. Que c’est misérable »

 

« Nous vivons dans un temps où l’Esprit de Crainte est comme oublié, même par beaucoup de personnes pieuses. Sous prétexte que l’amour vaut mieux que la crainte, on ne se met plus en peine de craindre le péché, le monde, les vanités et séductions mondaines. On aime le bien, mais on ne déteste point le mal ; on aime l’Église et la foi, mais on ne déteste pas l’hérésie, on ne déteste pas l’incrédulité. On n’assaisonne plus sa cuisine qu’au sucre ; et il en résulte une fade piété de contrebande, qui n’est pas du tout selon le Cœur de Jésus-Christ, ni selon l’esprit de l’Église. Le don de Crainte est le grand remède à ce grand mal. »

Mgr de Ségur, La confirmation

 

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14/01/2016

Unis par un esprit commun les individus forment un peuple

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« Cette forme particulière de conscience agissante, dont les êtres humains sont animés lorsqu’ils instaurent entre eux des rapports fraternels, c’est ce que Landauer appelle "l’esprit". Toutefois, le philosophe libertaire n’entend pas le terme "esprit" en un sens spiritualiste, car il est ici proche du monisme spinoziste de Constantin Brunner, il n’oppose donc jamais l’esprit à la matière, ou à l’étendue, mais les considère comme deux attributs de la substance infinie et incréée, qui les enveloppe en une unité indivise. L’esprit est ainsi la symétrie idéelle d’une forme très concrète de rapport individuel, dont il est indissociable et que l’on peut caractériser comme la fraternité. Unis par un esprit commun les individus forment un peuple, mais ce lien s’est distendu au XXè siècle, il n’y a donc plus à proprement parler de peuples, il n’y a que des masses atomisées. Le nationalisme est l’idéologie par excellence de ces masses atomisées, qui trouvent dans l’idolâtrie de l’État-nation un substitut à l’absence de communauté réelle, car là où règne l’atomisation, il n’y a ni communauté ni peuple, mais seulement des individus solitaires et des États. L’esprit exprime l’unité du peuple, l’État impose l’unité aux masses. »

Charles Daget, Présentation de "La communauté par le retrait et autres essais" de Gustav Landauer

 

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Plein Midi

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« Au milieu du jour,
sur la Mer étrusque,
pâle, verdissant
comme le bronze
exhumé des hypogées, pèse
la bonace. Nulle bave
de vent aux alentours
ne souffle. Nul roseau ne tremble
sur le rivage
solitaire, rêche de houx
et de genêts roussis. Nulle voix
ne résonne, à l’écoute.
Une ligne de voiles en panne
vers Livourne
blanchoie. Dans le clair
silence le cap Corvo,
l’île du Faro,
à ma vue ; et plus lointaines,
aériennes dans l’air,
les îles de ton courroux,
ô Dante, notre père,
la Capraia et la Gorgona.
Couronne marmoréenne
aux pointes menaçantes,
les grandes Alpes apuanes
règnent sur l’amer royaume,
par leur orgueil dressées.

L’estuaire est comme un étang
salé. De la couleur de la mer,
au milieu des cabanes,
à travers les filets
qui pendent des perches
croisées, il se tait.
Comme le bronze des tombeaux
pâle, qui verdit, paisible,
lui, qui souriait.
Quasi léthéen,
oublieux, étal,
il ne montre signe
de courant, ni ride
de brise. La fuite
des deux rives
se ferme comme dans un cercle
de roseaux que circonscrit
l’oubli silencieux ; et aux roseaux
nul murmure. Plus sombres
les bois de San Rossore
forment une obscure enceinte ;
mais les plus lointains,
vers le Gombo, vers le Serchio,
sont presque azurs.
Dorment les monts Pisans,
couverts d’inertes
cumulus de vapeur.

Bonace, touffeur,
silence alentour.
L’Été mûrit
sur ma tête comme un fruit
qui m’est promis,
que je dois cueillir
de la main,
que je dois aspirer
de mes seules lèvres.
Perdue est toute trace
de l’homme. Voix ne résonne
si j’écoute. Toute douleur
humaine m’abandonne.
Je n’ai plus de nom.
Et je sens que mon visage
se dore de l’or
méridien,
et que ma barbe
blonde brille
comme la paille marine,
je sens que le rivage plissé
par le si délicat
travail de la vague
et du vent est comme
mon palais, est comme
le creux de ma main
où le toucher s’affine.

Et ma force allongée
s’imprime sur l’arène,
se répand dans la mer ;
et le fleuve est ma veine,
la montagne est mon front,
le bois est mon pubis,
la nuée est ma sueur.
Et moi je suis dans la fleur
de la quenouille, dans l’écaille
de la pigne, dans la baie
du genévrier : je suis dans le fucus,
dans la paille marine,
dans toute chose exiguë,
dans toute chose immense,
dans le sable proche,
dans les cimes lointaines.
Je brûle, je brille.
Et je n’ai plus de nom.
Et les alpes et les îles et les golfes
et les caps et les phares et les bois
et les estuaires que je nommai
n’ont plus leur nom habituel
qui résonne sur les lèvres des hommes.
Je n’ai plus ni nom ni destin
parmi les hommes, mais mon nom
est Midi. En toute chose, je vis
taciturne comme la Mort.

Et ma vie est divine. »

Gabriele D’Annunzio, Plein Midi, in "Poèmes d’amour et de gloire"

 

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13/01/2016

Pour elle nouveauté était synonyme de valeur

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« La véritable tare de Mlle de Bauret, qui était en partie la tare de son âge, et en partie celle de son époque, était que pour elle nouveauté était synonyme de valeur. C’est là signe certain de barbarie : dans toute société, ce sont toujours les éléments d’intelligence inférieure qui sont affamés d’être à la page. Incapables de discerner par le goût, la culture et l’esprit critique, ils jugent le problème automatiquement d’après ce principe, que la vérité est la nouveauté. »

Henry de Montherlant, Les Célibataires

 

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Ce gras et prospère élevage du moyen

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« Car c’est cela que je hais, que je maudis et que j’abomine du plus profond de mon cœur : cette béatitude, ce confort, cet optimisme soigné, ce gras et prospère élevage du moyen, du médiocre et de l’ordinaire. »

Hermann Hesse, Le loup des steppes

 

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L’amour est masochiste...

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« L’amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d’angoisse des amants, cet état d’attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l’absence de l’être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d’humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l’amour-propre sont en jeu, l’honneur, l’éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l’imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu’à la complète inhibition, la complète annihilation de l’âme, jusqu’à l’atonie des sens, jusqu’à l’épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu’à la sécheresse du cœur, ce besoin d’anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d’effusion, d’adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l’hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l’amour d’après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d’une main sûre le tableau clinique du masochisme ? »

Blaise Cendrars, Moravagine

 

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L’altération des êtres et la fixité du souvenir

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« Rien n’est plus douloureux que cette opposition entre l’altération des êtres et la fixité du souvenir, quand nous comprenons que ce qui a gardé tant de fraîcheur dans notre mémoire n’en peut plus avoir dans la vie, que nous ne pouvons, au dehors, nous rapprocher de ce qui nous paraît si beau au-dedans de nous, de ce qui excite en nous un désir, pourtant si individuel, de le revoir. »

Marcel Proust, Le Temps retrouvé

 

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12/01/2016

Verticalité

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« La verticalité est intrinsèque à la masculinité et à l’ancien ordre européen. Elle se manifeste par une tension naturelle vers le risque, la différence, l’altitude en tout. Elle méprise la sécurité, la tranquillité, l’indolence, l’hédonisme, qui sont penchants horizontaux. Elle distingue, élève, attribue un rang. Elle hiérarchise les idées et les personnes. L’ordre d’Homère est vertical comme l’est aussi le langage, l’élégance, la grammaire, les donjons, ou la forme que l’on donne aux authentiques créations. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens

 

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Quand redeviendrons-nous homériques ?

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« Sans pose ni complexe, Venner rejoint le courant qui, de Balzac à Déon, maintient et restaure un type de posture face à l’adversité, ces auteurs qui savent la prééminence du polemos héraclitéen – le conflit, père de toutes choses. Et qui refusent le désespoir, conscients que l’histoire, dont l’ironie est féroce, surprendra toujours les esprits oublieux des traditions ancestrales. L’Inde part à la conquête du monde sous l’étendard écarlate de Shiva, l’islam sous celui de Mahomet ; la Chine réapprend Confucius. Quand redeviendrons-nous homériques ? »

Christopher Gérard, Quolibets, Journal de lecture

 

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10/01/2016

Le Signe de Croix Chrétien Orthodoxe

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"Le Signe de Croix" par l'Hiéromoine Nicolas (Molinier).PDF

 

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L’aristocratie relie le peuple aux dieux

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« Les qualités propres à l’aristocratie sont difficiles à décrire, parce qu’elles viennent du cœur et de l’âme plus que du seul intellect ou de la seule "raison morale". De même que l’aristocratie relie le peuple aux dieux, elle relie le ciel à la terre, comme l’arbre du monde dans les anciennes mythologies. Elle relie aussi le visible à l’invisible, le fini à l’infini, ce qui se décrit à ce qui ne peut pas se dire. Elle montre les choses mais elle ne les dit pas. »

Alain de Benoist, Les idées à l’endroit

 

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L’apartheid volontaire

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« Que signifie l’apartheid volontaire ? Un exil intérieur, une solitude absolue, un refus de mettre sur le même plan le sang et le droit. Je marche au milieu d’une multitude de néo-Français en m’abstrayant mentalement de leur nombre, sachant que je n’ai rien de commun avec ces gens. »

Richard Millet, Fatigue du sens

 

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09/01/2016

Débarrassé de l’amour, le monde m’a paru plus clair...

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« Débarrassé de l’amour, le monde m’a paru plus clair. Il obéit à des lois naturelles, tourne autour du soleil et non pas autour d’un être qui fait la pluie ou le beau temps. Les heures se déroulent tranquilles, l’une après l’autre, toutes égales et chargées de matière, comme le décor devant mes yeux retrouve sa consistance et ses couleurs. »

Roger Vrigny, Sentiments distingués

 

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Esthètes progressistes

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« On n’imagine pas la densité d’esthètes progressistes entre l’avenue Mozart et le boulevard Saint-Germain qui n’ont jamais serré la main d’un ouvrier. On parle de ce que l’on ignore avec une conviction d’autant plus ferme qu’elle n’est entamée par aucune expérience concrète. »

Michel Mourlet, L’éléphant dans la porcelaine

 

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07/01/2016

Que nous ayons foi en Dieu ou que nous ne l’ayons pas...

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« Que nous ayons foi en Dieu ou que nous ne l’ayons pas est, somme toute, de médiocre importance. Ce qui importe est que Dieu, si par extraordinaire Il existe, croie en nous. »

Gabriel Matzneff, Les nouveaux émiles de Gab la Rafale - 14 juillet 2010, 09h54, à Emmanuelle de R.

 

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Une civilisation d’esclaves dans les grandes largeurs

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« S’il y a jamais eu une civilisation d’esclaves dans les grandes largeurs, c’est bien la civilisation moderne. Aucune culture traditionnelle n’a vu d’aussi grandes masses condamnées à un travail aveugle, automatique et sans âme : esclavage qui n’a même pas pour contrepartie la haute stature et la réalité tangible de figures de seigneurs et de dominateurs, mais est imposé de façon anodine à travers la tyrannie du facteur économique et des structures d’une société plus ou moins collectivisée. »

Julius Evola, Révolte contre le monde moderne

 

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06/01/2016

Souillure de la Beauté

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« La beauté est désirée pour la salir. Non pour elle-même, mais pour la joie goûtée dans la certitude de la profaner. [...] Plus grande est la beauté, plus profonde est la souillure. »

Georges Bataille, L’Érotisme

 

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Un noyau héréditaire

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« Je crois pour ma part, [...], à l’absolue nécessité [...] de l’existence d’une classe cultivée assez nombreuse, mais pas trop, constamment renouvelée aux marges : c’est à dire ouverte, changeant de contours, [...] mais comportant en son centre, et c’est bien là ce qui est le plus difficile à faire admettre en société démocratique, et c’est même presque impossible à énoncer seulement en société hyperdémocratique, un noyau héréditaire. »

Renaud Camus, Le Grand Remplacement

 

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04/01/2016

Tourner son visage vers l'oubli

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« L'Empire est à l'envers et les coqs chantent la nuit : la gauche est devenue la droite et la droite n'est plus rien, les laïcs sont devenus des prêtres athées et l’Église se hisse au niveau de la pire presse de cœur à la française.

L'anti-conformisme n'est plus que le conformisme des mots galvaudés comme celui de "révolution", sophistiqué, onanisant. C'est le pacte général avec la classe moyenne, elle-même intégrée à sa police proxénète, trafiquante et assassine.

Seule volonté alors, tourner son visage vers l'oubli. Mourir seul, et dans un froid absolument glacial. »

Dominique de Roux, Immédiatement

 

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03/01/2016

Le salut de la communauté

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« De même que chaque matelot est l’un des membres d’une communauté, ainsi en est-il disons-nous, du citoyen. Ces matelots ont beau différer par leur capacité (l’un est rameur, un autre pilote, un autre la vigie, un autre reçoit quelque autre dénomination du même genre), il est clair que la définition la plus exacte de la perfection de chacun n’est propre qu’à lui, mais qu’il y en aura également une qui sera commune et qui s’adaptera à tous : en effet, la sécurité de la navigation est leur tâche à tous, car c’est à cela qu’aspire chacun des matelots. Il en va donc de même des citoyens : ils ont beau être dissemblables entre eux, leur tâche, c’est le salut de la communauté. »

Aristote, Politique - Livre III – chap. IV

 

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Cela ne brûle-t-il pas comme un sceau incandescent ?

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« "Mais je vous connaissais mieux,
Que je n'ai jamais connu l'homme,
J'entendais le silence de l'Éther,
Aux mots des hommes je n'entendais rien.
Mon maître fut l'harmonie
Du bois qui murmure
Et j'appris à aimer
Parmi les fleurs.
C'est dans les bras des dieux que j'ai grandi."

Friedrich Hölderlin, "Lorsque j'étais enfant...".

Lorsqu'au travers de ces mot s'expriment la résignation et l'abandon, cela ne brûle-t-il pas comme un sceau incandescent, qui devrait marquer notre époque d'une flétrissure, alors même que ce poème, qui, grâce à son accent sereinement enjoué de calme et d'assurance, exprime l'unité de sa nature et de la nature extérieure, nous dit cette chose qui est transcrite : la jeunesse ?

Toutefois, il serait permis de demander : L'époque n'est-elle pas ainsi un peu trop chargée ? Ne fut-il donc pas une exception absolue ? Pourquoi donc est-il finalement aussi radicalement seul ? Néanmoins, il règne là, comme dans chaque rencontre entre l'esprit et l'extériorité, ce que nous pouvons simplement nommer interaction ; nous ne trouverons aucun terme mieux approprié à cette relation. La disposition, au sentiment d'abandon comme à la folie, était là, sa destinée étant prédéterminée par sa nature et devenant en lui, de manière absolument exceptionnelle, lucidité et prémonition : ainsi, il a anticipé poétiquement la douleur et même la consolation de la mort prématurée de sa Diotima, avant même qu'elle ne soit morte ou malade ; ainsi, il a erré fiévreusement de Bordeaux jusqu'au pays natal ; ainsi encore, sauvagement égaré, il est revenu comme un vagabond, pendant que la lettre de l'ami, qui renfermait la première annonce de la mort, cheminait à travers la France. Le fond, le tréfonds de sa détresse était en lui comme un héritage ; mais le monde et l'époque lui fournirent, toujours de nouveau, au cours des ans, des occasions très pénibles et très réelles de sensations singulières provoquées, d'expériences et de douleurs. Une sensibilité particulière, singulièrement émotive : pas seulement parce qu'il avait une peau extrêmement sensible, mais aussi parce qu'il recevait des coups très réellement durs et des blessures profondes. Il n'y a rien d'étonnant, au fait que celui qui devine ainsi, perçoive les puissances du destin comme réelles et comme personnelles ; il était trop fier pour tenir ses contemporains responsables de son destin contraire d'homme, d'individu, et pour accuser de mort ses ennemis. Pourtant, c'était un prodige de prodige absolu, un magnifique miracle céleste, qu'il n'ait pas qualifié ces puissances de démons perfides - comme Byron, comme Lenau -, qu'il n'ait ni crié ni gémi douloureusement du monde, mais qu'il ait élu les dieux comme relations intimes et qu'il ait appris à aimer son destin. En vérité, s'il y a quelque chose d'idyllique en Hölderlin, alors cette idylle est justement le signe de son héroïsme, une bravoure nouvelle, quoique rappelant la sacralisation de la forme pleine de gravité de l'antique, une manière, non pas querelleuse, sauvage et s'évadant superficiellement, mais endurante et paisible.

Si nous avons besoin de héros, qui ne détruisent ni n'invectivent, mais qui construisent, ordonnent et bénissent, si nous avons besoin de héros de l'amour, alors Hölderlin est notre futur et notre présent, un esprit qui guide. »

Gustav Landauer, "Friedrich Hölderlin en ses poèmes", in "Un appel aux poètes - et autres essais

 

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01/01/2016

Un besoin vital de tradition et de civilisation propres, c’est-à-dire de continuités apaisantes

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« N’ayant pas de civilisation de rechange, c’est à la mienne et à sa tradition que je m’attache. Elle m’a fait ce que je suis. Elle a façonné mon être, une certaine façon d’exister, de sentir, de penser, de me comporter devant la vie et devant la mort, l’amour et le destin.

Intimement conscient de ce que je dois d’essentiel à mes origines, je justifie et soutiendrai toujours le droit fondamental de tous les autres humains à posséder leur propre patrie, leur culture, un enracinement qui permet d’être soi, chez soi, et de ne pas être rien. C’est aussi pourquoi je m’insurge contre ce qui me nie. Je m’insurge contre l’invasion silencieuses de nos villes, je m’insurge contre la négation de la mémoire européenne. Je dois à celle-ci de m’avoir transmis des exemples de tenue, de vaillance et de raffinement venus du plus lointain passé, celui d’Hector et d’Andromaque, d’Ulysse et de Pénélope. Menacé comme tous mes frères européens de périr spirituellement, cette mémoire est mon bien le plus précieux.  
Il est nécessaire aussi de rappeler les fondamentaux de toute vie humaine au-delà des croyances de chacun. Dans leur diversité, les hommes n’existent que par ce qui les distingue, clans, peuples, nations, cultures, civilisations, et non par ce qu’ils ont en commun. Seule leur animalité est universelle. La sexualité est commune à toute l’humanité autant que la nécessité de se nourrir. En revanche, l’amour comme la gastronomie ou l’art du thé sont le propre d’une civilisation, c’est-à-dire d’un effort millénaire de création dans le mystère de la continuité de soi.

L’amour entre deux personnes de sexe opposé, tel que le conçoivent les Européens, et qu’a magnifié l’amour courtois à partir du XIIe siècle, est déjà présent de façon implicite dans les poèmes homériques à travers les personnages contrastés d’Hélène, Hector, Andromaque, Ulysse et Pénélope. De même, la perception forte de ce qu’est une personne, l’existence politique de cités libres et en armes, l’idée fondamentale aussi que les hommes ne sont pas étrangers à la nature, qu’ils en épousent le cycle de renouvellement perpétuel incluant la naissances et la mort, qu’enfin du pire peut surgir le meilleur, ce sont là un ensemble de particularités constitutives qui s’affirment déjà dans les deux poèmes d’Homère qui nous offrent nos modèles.

Même quand ils ne le savent pas, les individus et les peuples ont un besoin vital de tradition et de civilisation propres, c’est-à-dire de continuités apaisantes, de rites, d’ordre intériorisé, et de spiritualité. Nous, Européens, avons tous besoin de beauté, notamment dans les petites choses. C’est le sens des fêtes familiales ou amicales que nous avons tous célébrées. Mais la perception que nous en avons change selon les civilisations, tissées elles-mêmes d’hérédités spécifiques aux sources mystérieuses. Ayant ces réalités à l’esprit, on peut poser comme principe qu’il n’y a pas de réponse universelle aux questions de l’existence et du comportement. Chaque peuple, chaque civilisation a sa vérité et ses dieux également respectables. Chacun apporte ses réponses, sans lesquelles les individus, hommes ou femmes, privés d’identité, donc de substance et de profondeur, sont précipités dans un trouble sans fond. Comme les plantes, les hommes ne peuvent se passer de racines. Mais leurs racines ne sont pas seulement celles de l’hérédité, auxquelles on peut être infidèle, ce sont également celles de l’esprit, c’est-à-dire de la tradition qu’il appartient à chacun de retrouver. »

Dominique Vennner, Message de Dominique Venner pour le 1er janvier 2012, sur le Blog de l'auteur

 

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Marcher en forêt ou dans la nature

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« Ne laissez pas passer une semaine sans aller marcher en forêt ou dans la nature.  Toutes les régions de France et d’innombrables régions d’Europe sont propices à ces retraites dans la nature,loin des miasmes de la ville.Vous pouvez choisir une promenade même brève,ou une vrai randonnée,l’important est dans la rupture,l’odeur du bois,du sol,les couleurs,l’attention aux arbres et au plantes suivant les saisons,la présence éventuelle d’animaux sauvages dont vous respectez scrupuleusement la tranquillité. On ne parle pas en forêt. Pas de cris. L’immersion dans la splendeur, le silence et la poésie. »

Dominique Venner, Un Samouraï d'occident - Le Bréviaire des insoumis

 

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27/12/2015

C'est notre inquiétude qui gâte tout...

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