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01/12/2015

La misère intellectuelle

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« (...) De ce point de vue, la récente "affaire" Éric Zemmour est assurément emblématique. Ce journaliste (l'un des rares représentants du "néoconservatisme" à la française autorisé à officier sur la scène médiatique) ayant, en effet, déclaré, lors d'un débat télévisé, que les citoyens français originaires d'Afrique noire et du Maghreb étaient massivement surreprésentés dans l'univers de la délinquance (et notamment dans celui du trafic de drogue), la police de la pensée s'est aussitôt mobilisée pour exiger sa condamnation immédiate – voire, pour les plus intégristes, sa pure et simple interdiction professionnelle (Beruf verboten, disait-on naguère en Allemagne). Je me garderai bien, ici, de me prononcer officiellement sur le bien-fondé de l'affirmation d’Éric Zemmour, et ce pour une raison dont l'évidence devrait sauter aux yeux de tous. Dans ce pays, l'absence de toute "statistique ethnique" (dont l'interdiction est paradoxalement soutenue par ces mêmes policiers de la pensée) rend, en effet, légalement impossible tout débat scientifique sur ces questions (un homme politique, un magistrat ou un sociologue qui prétendrait ainsi établir publiquement que l'affirmation de Zemmour est contraire aux faits – ou, à l'inverse, qu'elle exprime une vérité – ne pourrait le faire qu'en s'appuyant sur des documents illégaux). Il n'est pas encore interdit, toutefois, d'essayer d'envisager toute cette étrange affaire sous l'angle de la pure logique ("en écartant tous les faits", comme disait Rousseau). Considérons, en effet, les deux propositions majeures qui structurent ordinairement le discours de la gauche sur ce sujet.

Première proposition : "la principale cause de la délinquance est le chômage – dont la misère sociale et les désordres familiaux ne sont qu'une conséquence indirecte" (comme on le sait, c'est précisément cette proposition – censée s'appuyer sur des études sociologiques scientifiques – qui autorise l'homme de gauche à considérer tout délinquant comme une victime de la crise économique – au même titre que toutes les autres – et donc à refuser logiquement toute politique dite "sécuritaire" ou "répressive").
Seconde proposition : "les Français originaires d'Afrique noire et du Maghreb sont – du fait de l'existence d'un ‘racisme d'Etat’ particulièrement odieux et impitoyable – les victimes privilégiées de l'exclusion scolaire et de la discrimination sur le marché du travail. C'est pourquoi ils sont infiniment plus exposés au chômage que les Français indigènes ou issus, par exemple, des différentes communautés asiatiques". (Notons, au passage, que cette dénonciation des effets du "racisme d'Etat" soulève à nouveau le problème des statistiques ethniques mais, par respect pour le principe de charité de Donald Davidson, je laisserai de côté cette objection.)

Si, maintenant, nous demandons à n'importe quel élève de CM2 (du moins si ses instituteurs ont su rester sourds aux oukases pédagogiques de l'inspection libérale) de découvrir la seule conclusion logique qu'il est possible de tirer de ces deux propositions élémentaires, il est évident qu'il retrouvera spontanément l'affirmation qui a précisément valu à Zemmour d'être traîné en justice par les intégristes libéraux ("Le chômage est la principale cause de la délinquance. La communauté A est la principale victime du chômage. Donc, la communauté A est la plus exposée à sombrer dans la délinquance"). Les choses sont donc parfaitement claires. Ou bien la gauche a raison dans son analyse de la délinquance et du racisme d’État, mais nous devons alors admettre qu’Éric Zemmour n'a fait que reprendre publiquement ce qui devrait logiquement être le point de vue de cette dernière chaque fois qu'elle doit se prononcer sur la question. Ou bien on estime que Zemmour a proféré une contrevérité abominable et qu'il doit être à la fois censuré et pénalement sanctionné ("pas de liberté pour les ennemis de la liberté" – pour reprendre la formule par laquelle Saint-Just légitimait l'usage quotidien de la guillotine), mais la logique voudrait cette fois (puisque ce sont justement les prémisses de "gauche" qui conduisent nécessairement à la conclusion de "droite") que la police de la pensée exige simultanément la révocation immédiate de tous les universitaires chargés d'enseigner la sociologie politiquement correcte (ce qui reviendrait, un peu pour elle, à se tirer une balle dans le pied), ainsi que le licenciement de tous les travailleurs sociaux qui estimeraient encore que la misère sociale est la principale cause de la délinquance ou qu'il existerait un quelconque "racisme d’État" à l'endroit des Africains (au risque de découvrir l'une des bases militantes privilégiées de la pensée correcte).

Le fait qu'il ne se soit trouvé à peu près personne – aussi bien dans les rangs de la gauche que dans ceux des défenseurs de droite d’Éric Zemmour – pour relever ces entorses répétées à la logique la plus élémentaire en dit donc très long sur la misère intellectuelle de ces temps libéraux. On en serait presque à regretter, en somme, la glorieuse époque de Staline et de Beria où chaque policier de la pensée disposait encore d'une formation intellectuelle minimale. Dans la long voyage idéologique qui conduit de l'ancienne Tcheka aux ligues de vertu "citoyennes" qui dominent à présent la scène politico-médiatique, il n'est pas sûr que, du point de vue de la stricte intelligence (ou même de celui de la simple moralité) le genre humain y ait vraiment beaucoup gagné. »

Jean-Claude Michéa, Le complexe d'Orphée

 

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Nos vies minuscules

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« Comment ne pas voir que le malheur est en train de s'abattre sur nous ? Nous avons des voitures qui parlent, des trains qui roulent sans conducteurs, des satellites en orbite géostationnaire qui nous surveillent jusque dans nos salles de bains, des cartes de crédit pour consommer plus, des coeurs et des reins dans nos congélateurs pour remplacer nos organes rongés par les molécules de la chimie industrielle, mais nous avons perdu la paix, le silence, la confiance, le naturel, le bon goût, la douceur, le rire. Nous dominons le cours des fleuves, le tracé des routes à travers les montagnes et sous les mers, les procédures informatiques, les ondes électroniques, la sécrétion des hormones. Mais nous n'avons aucun pouvoir ni sur les risques de l'avenir, ni sur les hasards de notre mort et cette impuissance nous torture. Mécanisées, appauvries, compactées, nos vies minuscules n'en finissent pas de nous échapper. »

Sébastien Lapaque, Sermon de saint François d'Assise aux oiseaux et aux fusées

 

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17/11/2015

Écrire est un choix perpétuel entre mille expressions...

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« Cette lettre, mon amie, sera très longue. Je n’aime pas beaucoup écrire. J’ai lu souvent que les paroles trahissent la pensée, mais il me semble que les paroles écrites la trahissent encore davantage. Vous savez ce qui reste d’un texte après deux traductions successives. Et puis, je ne sais pas m’y prendre. Écrire est un choix perpétuel entre mille expressions, dont aucune ne me satisfait, dont aucune surtout ne me satisfait sans les autres. Je devrais pourtant savoir que la musique seule permet les enchaînements d’accords. Une lettre, même la plus longue, force à simplifier ce qui n’aurait pas dû l’être : on est toujours si peu clair dès qu’on essaie d’être complet ! Je voudrais faire ici un effort, non seulement de sincérité, mais aussi d’exactitude ; ces pages contiendront bien des ratures ; elles en contiennent déjà. Ce que je vous demande (la seule chose que je puisse vous demander encore) c’est de ne passer aucune de ces lignes qui m’auront tant coûté. S’il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d’expliquer sa vie. »

Marguerite Yourcenar, Alexis ou le Traité du vain combat

 

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La télévision

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« J’ai maintes fois remarqué que les gens qui regardent beaucoup la télévision ne semblaient plus jamais capables de s’adapter au rythme réel de l’existence. La vitesse du passage des images devient, semble-t-il, la vitesse à laquelle ils aspirent en permanence et ils manifestent souvent de l’impatience et de l’ennui avec tout le reste. J’ai lu quelque part que les enfants deviennent tellement saturés de télévision et de jeux vidéos que le Valium est pour eux la seule alternative. »

Jim Harrison, En marge

 

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16/11/2015

Si les puissances existent c'est parce qu'elles ont un rôle à jouer

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« Bien qu'elles soient toujours associées à Satan, bien qu'elles reposent sur la transcendance de Satan, les puissances sont tributaires de lui mais ne sont pas sataniques au même sens que lui.
Loin de chercher à fusionner avec la fausse transcendance, loin d'aspirer à l'union mystique avec Satan, les rites s'efforcent de tenir ce redoutable personnage à distance, de le maintenir hors de la communauté.
On ne peut donc qualifier les puissances simplement de diaboliques et, sous prétexte qu'elle sont mauvaises, on ne doit pas leur désobéir systématiquement. C'est la transcendance sur laquelle elles reposent qui est diabolique. Les puissances ne sont jamais étrangères à Satan, c'est un fait, mais on ne peut pas les condamner les yeux fermés et, dans un monde étranger au Royaume de Dieu, elles sont indispensables au maintien de l'ordre. C'est ce qui explique l'attitude de l'Eglise à leur égard. Si les puissances existent, dit saint Paul, c'est parce qu'elles ont un rôle à jouer et qu'elles sont autorisées par Dieu. L'apôtre est trop réaliste pour partir en guerre contre les puissances. Il recommande aux chrétiens de les respecter et même de les honorer aussi longtemps qu'elles n'exigent rien de contraire à la foi. »

René Girard, Je vois Satan tomber comme l'éclair

 

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Les femmes maigres et les femmes grasses

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« Ceci va paraître une plaisanterie, mais je suis convaincu que le jour où le féminisme triompherait, on ne tarderait pas à s’apercevoir que l’origine des maux profonds dont souffre l’humanité vient de la guerre sourde que se font les femmes maigres et les femmes grasses. »

Remy de Gourmont, Pensées inédites

 

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15/11/2015

Stupides et entièrement égaux entre eux

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« Tous sont stupides et entièrement égaux entre eux en ce qui concerne la stupidité et la sujétion. Chacun appartient à tous et tous à chacun et notre objectif essentiel est l’égalité. Ainsi baissera d’abord le niveau d’instruction, de connaissance et de dispositions naturelles – nous n’avons pas besoin d’êtres exceptionnels. Ceux qui les possédaient ont toujours attiré le pouvoir à eux et sont devenus des despotes et ils ont toujours apporté la démoralisation. C’est pourquoi nous les bannirons et les mettrons à mort. Nous couperons la langue à Cicéron. Nous crèverons les yeux de Copernic. Nous lapiderons Shakespeare. La culture n’est pas nécessaire, nous avons assez de science, c’est l’obéissance qui doit s’imposer d’abord. Toute recherche de culture est déjà une tendance aristocratique ; nous lui tordront le cou. Nous répandrons l’ivrognerie, la médisance, la vantardise ; nous tuerons le génie dans tout enfant. Un pape au sommet, entouré de nous, les chefs, et au-dessous la sottise ! Oh ! donnez seulement le temps de grandir à cette génération…, une, deux générations d’une corruption inouïe, des générations aux mœurs bestiales, ignobles, infâmes et l’humanité se transformera en un magma écœurant et cruel, lâche, égoïste ; alors tout se mettra à basculer, la Russie s’emplira de ténèbres et la terre pleurera la disparition des anciens dieux. »

Fiodor Dostoïevski, Les Possédés

 

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Ces futiles misères

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« Que m'importaient pourtant ces futiles misères, à moi qui n'ai jamais cru au temps où je vivais, à moi qui appartenais au passé, à moi sans foi dans les rois, sans conviction à l'égard des peuples, à moi qui ne me suis jamais soucié de rien, excepté des songes, à condition encore qu'ils ne durent qu'une nuit. »

François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe

 

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14/11/2015

L’amour et la passion sont deux différents états de l’âme

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« Elle n'aimait pas, elle avait une passion. L’amour et la passion sont deux différents états de l’âme que poètes et gens du monde, philosophes et niais confondent continuellement. L’amour comporte une mutualité de sentiments, une certitude de jouissances que rien n’altère, et un trop constant échange de plaisirs, une trop complète adhérence entre les cœurs pour ne pas exclure la jalousie. La possession est alors un moyen et non un but ; une infidélité fait souffrir mais ne détache pas ; l’âme n’est ni plus ni moins ardente ou troublée, elle est incessamment heureuse ; enfin le désir étendu par un souffle divin d’un bout à l’autre sur l’immensité du temps nous le teint d’une même couleur : la vie est bleue comme l’est un ciel pur. La passion est le pressentiment de l’amour et de son infini auquel aspirent toutes les âmes souffrantes. La passion est un espoir qui peut-être sera trompé. Passion signifie à la fois souffrance et transition ; la passion cesse quand l’espérance est morte. Hommes et femmes peuvent, sans se déshonorer, concevoir plusieurs passions ; il est si naturel de s’élancer vers le bonheur ! mais il n’est dans la vie qu’un seul amour. Toutes les discussions, écrites ou verbales, faites sur les sentiments, peuvent donc être résumées par ces deux questions : Est-ce une passion ? Est-ce l’amour ? »

Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais

 

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Grossièrement matérialiste et utilitaire

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« Notre époque, grossièrement matérialiste et utilitaire, a pour prétention de faire disparaître toute espèce de friche et de broussailles aussi bien du globe que de l’âme humaine. Asservie aux idées de rapport, la société, cette vieille ménagère qui n’a plus de jeune que ses besoins et qui radote de ses lumières, ne comprend pas plus les divines ignorances de l’esprit, cette poésie de l’âme qu’elle veut échanger contre de malheureuses connaissances toujours incomplètes, qu’elle n’admet la poésie des yeux, cachée et visible sous l’apparente inutilité des choses. Pour peu que cet effroyable mouvement de la pensée moderne continue, nous n’aurons plus, dans quelques années, un pauvre bout de lande où l’imagination puisse poser son pied pour rêver, comme le héron sur une de ses pattes. Alors, sous ce règne de l’épais génie des aises physiques qu’on prend pour de la Civilisation et du Progrès, il n’y aura ni ruines, ni mendiants, ni terres vagues, ni superstitions. »

Jules Amédée Barbey d’Aurevilly, L'Ensorcelée

 

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13/11/2015

Phobie...

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« Je suis frappé depuis quelques années par l’opération de médicalisation systématique dont sont l’objet tous ceux qui ne pensent pas dans la juste ligne : on les taxe de phobie. Et personne n’ose seulement délégitimer cette expression en la problématisant (c’est-à-dire en disant ce que se devrait de dire à tout propos un intellectuel : qu’est ce que, au fait, ça signifie ?). Il y a maintenant des phobes pour tout, des homophobes, des gynophobes (encore appelés machistes ou sexistes), des europhobes, etc. Une phobie, c’est une névrose : est-ce qu’on va discuter, débattre, avec un névrosé au dernier degré ? Non, on va l’envoyer se faire soigner, on va le fourrer à l’asile, on va le mettre en cage. Dans la cage aux phobes. »

Philippe Muray, Exorcismes spirituels III

 

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Des degrés

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« Il s'agit ici de marquer des différences : l'amour est anarchique, le mariage non. Le guerrier est anarchique, le soldat non. L'homicide est anarchique, non l'assassinat. Le Christ est anarchique, saint Paul ne l'est pas. Comme cependant l'anarchie, c'est la normale, elle existe aussi en saint Paul et explose parfois violemment en lui. Ce ne sont pas là des antithèses, mais des degrés. L'histoire mondiale est mue par l'anarchie. En un mot : l'homme libre est anarchique, l'anarchiste ne l'est pas. »

Ernst Jünger, Eumeswil

 

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12/11/2015

L’Envie est devenue le vice universel...

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« Python énorme d’un temps qu’il dévore, et qui, malheureusement, hélas ! pour le tuer n’a plus de dieu, l’Envie, qui n’existait que dans quelques âmes comme la vipère dans son trou, est devenue le vice universel. Ce n’est pas - comme elle le dit - la fille de l’Orgueil parce qu’elle en est sortie. Elle n’en est sortie que parce qu’elle est son excrément. Mais venue d’en bas, elle a, grâce à nos mœurs modernes, exaltatrices de toutes nos vanités, contracté l’intensité d’un fanatisme dans nos âmes appauvries de tout, mais puissantes encore par là - scélératement puissantes !

Principe des révolutions dernières de notre histoire, l’Envie a pris des proportions tellement incommensurables qu’on peut la comprimer… peut-être, mais l’étouffer, impossible ! Elle a grandi comme les chiens de la lice. Elle est devenue menaçante et plus que menaçante, puisqu’elle a commencé de mordre… Elle tuera les nobles et les riches, elle tuera les beaux, elle tuera les heureux, elle tuera les spirituels, elle tuera enfin tout ce qui a une supériorité quelconque dans la vie ! Elle a dit un jour, par la plume de Proudhon, qu’un savetier est plus qu’Homère, et par la bouche d’un communard, incendiaire de Paris, à qui moi-même je l’ai entendu dire : "Que l’incendie du Louvre n’était qu’un coup manqué, mais qu’on recommencerait", parce que la gloire des faiseurs de chefs-d’oeuvre, comme Raphaël et Michel-Ange, n’avait pas le droit d’exister dans la société égalitaire que ces fanatiques de l’Envie promettent à l’avenir ! »

Jules Amédée Barbey d’Aurevilly, Dernières polémiques

 

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L’empire de la servitude

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« La décadence générale est un moyen au service de l’empire de la servitude ; et c’est seulement en tant qu’elle est ce moyen qu’il lui est permis de se faire appeler progrès. »

Guy Debord, Panégyrique

 

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11/11/2015

Leur résignation me dégoûte

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« Je n'aime pas les pauvres. Leur existence, qu'ils acceptent, qu'ils chérissent, me déplaît ; leur résignation me dégoûte. A tel point que c'est, je crois, l'antipathie, la répugnance qu'ils m'inspirent, qui m'a fait devenir révolutionnaire. Je voudrais voir l'abolition de la souffrance humaine afin de n'être plus obligé de contempler le repoussant spectacle qu'elle présente.
Je ferais beaucoup pour cela. Je ne sais pas si j'irais jusqu'à sacrifier ma peau ; mais je sacrifierais sans hésitation celles d'un grand nombre de mes contemporains. Qu'on ne se récrie pas. La férocité est beaucoup plus rare que le dévouement. »

Georges Darien, La Belle France

 

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Le ciel, l'amour en Dieu… La révolte, le massacre…

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« Deux garçons se succèdent dans ma vie : le premier me chante le ciel, l'amour en Dieu, pour me lâcher à la porte d'une religion encore plus imbécile que la justice. Le second me prêche pendant un an la révolte, le massacre, et quand il a tout démoli, tout retourné, mon magnifique petit furibond me propose les douceurs bourgeoises, une descente de lit pour la vie. »

Lucien Rebatet, Les Deux Etendards

 

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10/11/2015

La folle vanité de la jeunesse

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« Ce qu’il y avait en moi de plus difficile à détruire était une orgueilleuse misanthropie, une certaine aigreur contre les riches et les heureux du monde, comme s’ils l’eussent été à mes dépens, et que leur prétendu bonheur eût été usurpé sur le mien. La folle vanité de la jeunesse, qui regimbe contre l’humiliation, ne me donnait que trop de penchant à cette humeur colère, et l’amour-propre, que mon mentor tâchait de réveiller en moi, me portant à la fierté, rendait les hommes encore plus vils à mes yeux, et ne faisait qu’ajouter pour eux le mépris à la haine. »

Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l’éducation

 

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Dictature invulnérable, inentamable…

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« Et par exemple en politique : ce qui crève les yeux, c'est le jeu qui se joue ouvertement, sans vergogne. Un très petit nombre d'hommes, sont dans le coup, se passent le ballon, et même s'ils se haïssent, restent complices. Qu'il y ait ou non crise ministérielle, le pouvoir appartient à l'équipe. La crise toujours se dénoue au-dedans de l'équipe. Dictature invulnérable, inentamable jusqu'aux élections. Et alors la loi électorale jouera, et la remettra en selle, à moins que... »

François Mauriac, Bloc-notes

 

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09/11/2015

Le Raskol...

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« Le raskol est le seul schisme majeur dans l'histoire de l’Église orthodoxe en Russie. Ce fut, sur un point essentiel, l'exact opposé de la Réforme en occident : là, les chrétiens se révoltaient contre l'autorité ecclésiastique parce qu'ils voulaient des changements ; en Russie, les fidèles se révoltaient parce qu'ils refusaient toute modification, même mineure, de la tradition. »

Nicholas V. Riasanovsky, Histoire de la Russie

 

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Ancêtres et postérité...

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« Les gens qui ne regardent jamais en arrière vers leurs ancêtres ne regarderont jamais en avant vers leur postérité. »

Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France

 

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08/11/2015

Aïeux et descendants…

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« Non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants. »

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

 

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Deux littératures

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« Chacun sait qu'il y a, de nos jours, deux littératures : la mauvaise, qui est proprement illisible (on la lit beaucoup). Et la bonne, qui ne se lit pas. »

Jean Paulhan, Les Fleurs de Tarbes

 

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07/11/2015

Vous détruisez la Nuit ; vous ne connaissez plus l’Aube...

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« Vous détruisez la Nuit ; vous ne connaissez plus l’Aube, dit-elle d’une voix triste. Autrefois, le spectacle des lueurs du matin était la récompense des longues veilles épuisantes. Maintenant, vous passez votre vie dans une lumière monotone et vous ne savez même plus regarder les Ténèbres. »

Pierre Louÿs, Une Volupté nouvelle

 

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Plénitude

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« La ville, ce n'est pas la solitude parce que la ville anéantit tout ce qui peuple la solitude. La ville, c'est le vide. Or, la vraie solitude est plénitude. »

Pierre Drieu la Rochelle, Gilles

 

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06/11/2015

Car il avaient en vérité souillé leur propre terre et jusqu'à leur ciel...

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« Ce n'est pas une métaphore de dire qu'il fallait à ces hommes un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car il avaient en vérité souillé leur propre terre et jusqu'à leur ciel... Nous savons quelles sortes de visions sentimentales suscite en nous le mot "jardin", et qu'il évoque surtout le souvenir de romans mélancoliques et innocents... Or qui sait un peu de poésie latine se rappellera peut-être brusquement ce qui se fût dressé jadis, à la place du cadran solaire ou de la fontaine, et de quelle sorte était le dieu de leurs jardins... Il n'eût servi à rien d'exhorter ce peuple à se faire une religion naturelle ; il n'y avait pas une fleur ni même une étoile qui n'eût été souillée. »

Gilbert Keith Chesterton, Saint François d'Assise

 

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