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23/06/2015

Nous vivons à l’ombre de nos échecs…

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« Voyez cette main délicate que l’enfant tient contre sa poitrine, comme pour défendre timidement son bonheur ! Ou bien ces yeux pensifs expriment-ils une vague épouvante devant ce qu’il faudra perdre ? »

« Nous vivons à l’ombre de nos échecs et de nos blessures d’amour-propre. »

Emil Cioran, Des larmes et des saints

 

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Passe-temps

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« Mon passe-temps favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre du temps, perdre son temps, vivre à contre-temps. »

Françoise Sagan, Toxique

 

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Une insurrection contre l’arrêt du Destin qu’il sait pourtant inexorable

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« Mise au tombeau de notre destinée ? En dépit d’apparences sinistres, mon intime conviction me conduit à rectifier aussitôt cette pensée. Tout ce que l’étude historique m’a appris, ce que je sais aussi des trésors d’énergie masqués, m’incitent à penser que l’Europe, en tant que communauté millénaire de peuples, de culture et de civilisation, n’est pas morte, bien qu’elle ait semblé se suicider. Blessée au coeur entre 1914 et 1945 par les dévastations d’une nouvelle guerre de Trente Ans, puis par sa soumission aux utopies et aux systèmes des vainqueurs, elle est entrée en dormition.

Bien des fois dans ses écrits, Jünger a fait allusion au destin comme à une évidence se passant d’explication, ainsi que d’autres évoquent Allah, Dieu, la Providence ou l’Histoire. (…)

Dans l’Iliade, Homère dit que les dieux, eux-mêmes, sont soumis au Destin. L’épisode est conté au chant XXII lorsqu’il s’agit de trancher du sort d’Hector face au glaive d’Achille. Le Destin figure ici les forces mystérieuses qui s’imposent aux hommes et même aux dieux, sans que la raison humaine puisse les expliquer. Ce n’est pas la Providence des chrétiens, puisque celle-ci résulte d’un plan divin qui se veut intelligible, au moins pour l’Eglise. C’est en revanche, un autre nom pour la fatalité. Pour répondre à cette dernière, les stoïciens et, de façon différente Nietzsche, parlent d’ "amor fati", l’amour du destin, l’approbation de ce qui est, parce qu’on a pas le choix, rien d’autre en dehors du réel. Approbation contestée par toute une part de la tradition Européenne qui, depuis l’Iliade, a magnifié le refus de la fatalité. Citons le fragment du chant XXII qui suit la décision des dieux. Poursuivi par Achille, Hector se sent soudain abandonné : "Hélas, point de doute, les dieux m’appellent à la mort. Et voici maintenant le Destin qui me tient. Eh bien non, je n’entends pas mourir sans lutte ni gloire. Il dit et il tire le glaive aigu pendu à son flanc, le glaive grand et fort ; puis, se ramassant, il prend son élan tel l’aigle de haut vol qui s’en va vers la plaine. Tel s’élance Hector."

L’essentiel est dit. Hector est l’incarnation du courage tragique, d’une insurrection contre l’arrêt du Destin qu’il sait pourtant inexorable. Tout est perdu mais au moins peut-il combattre et mourir en beauté.

(…) Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte, pour l’Européen lucide de se réfugier dans la posture de l’anarque. Ayant été privé de son rôle d’acteur historique, il s’est replié sur la position du spectateur froid et distancié. L’allégorie est limpide. L’immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l’histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d’Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition. »

Dominique Venner, Ernst Jünger, un autre destin européen

 

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La continuité nationale

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« Les accusations de crimes avaient frappé la nation nippone au lendemain de sa défaite au même titre que l’Allemagne. Elles énuméraient des atrocités perpétrées notamment contre la Chine (douze millions de morts selon l’accusation). Après 1945, plusieurs généraux et dirigeants japonais de haut niveau furent jugés par les Américains lors des procès de Tokyo, équivalents pour le Japon du procès de Nuremberg. Les principaux accusés furent pendus.
Cependant, aujourd’hui, le sanctuaire shintoïste de Yasukini, près de Tokyo, honore la mémoire des 2,5 millions de combattants japonais tombés de 1931 à 1945. Parmi eux se trouvent les quatorze criminels de guerre pendus à l’issue des procès de Tokyo, dont le quasi dictateur d’alors, le général Tojo. Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2001, le Premier ministre Junichiro Koizumi, respectant une promesse électorale, est allé s’incliner chaque année au mois d’août (date de la capitulation japonaise de 1945) au sanctuaire de Yasukini en kimono traditionnel. Autant dire que le Japon pacifique d’aujourd’hui ne nourrit pas une culpabilité comparable à celle des Européens et il s’en trouve bien. Entendons-nous. Il n’est pas question de nier la réalité, l’horreur et l’ampleur de crimes de masse dont les vaincus n’eurent d’ailleurs pas le monopole (on pense à Hiroshima et Nagasaki, ainsi qu’aux bombardements de terreur sur les villes allemandes). Mais, à moins de vouloir détruire une nation, on ne peut fonder sa mémoire collective sur une culpabilité éternellement ressassée. Au Japon, les livres scolaires dans lesquels les enfants forment leur esprit n’évoquent pas les événements de la guerre selon l’interprétation des vainqueurs, mais selon celle de la continuité nationale. Pourquoi cette différence avec l’Europe ? Plusieurs raisons sans doute. L’une d’elles tient au caractère de la religion nationale, le shintoïsme. À la différence du christianisme qui a tant marqué la conscience des Européens, même quand ils sont détachés de cette religion, le shintoïsme ignore l’idée de la faute, celle du péché et de la repentance. Il tient les Japonais à l’abri des tourments d’une conscience morale coupable et torturée. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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21/06/2015

Des fondateurs

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« Ceux qui meurent peu après la trentaine ne sont pas des consolidateurs, mais sont des fondateurs. Ils apportent au monde l’exemple étincelant de leur vitalité, leurs mystères, leurs conquêtes. Hâtivement, ils montrent quelques routes à la lueur de leur jeunesse toujours présente. Ils éblouissent, ils interprètent, ils émerveillent. Dieu a choisi, dans son apparence terrestre, d’être pareil à ces êtres-là, de mourir à l’âge d’Alexandre… Tels ces êtres qui disparaissent avant les tares, avant l’équilibre, avant leur propre réussite. Ils ne sont pas venus apporter au monde la paix, mais l’épée. »

Robert Brasillach, Les sept couleurs

 

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Un cadeau miraculeux

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« Les mots qui reviennent dans votre lettre : sage, raisonnable. J’avais bien raison de penser que vous étiez une petite bourgeoise.

    La sécurité.

    Et puis aussi, quelle chose curieuse : la jeunesse. J’aime ma jeunesse, je pense que c’est un cadeau miraculeux, qu’il faut en jouir, la respirer, boire son parfum et se blesser à ses épines. Mais vous, vous avez peur de la jeunesse. À vingt ans, avoir peur de la jeunesse, je ne puis concevoir tare plus terrible...

    Comme si être jeune était un danger dont il faut se garder, comme si j’avais la rage, la gale, comme si la jeunesse était une maladie dangereuse... »

Robert Brasillach, Les sept couleurs

 

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Ces minutes d’anéantissement total

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« Patrice et Catherine étaient bien étendus l’un à côté de l’autre, vêtus et immobiles… On s’approcha, et l’on vit qu’ils étaient évanouis…

Ils s’étaient étendus l’un à côté de l’autre. Ils ne s’étaient point touchés. Mais longuement ils étaient restés ainsi, immobiles, tremblants un peu, sans même approcher leur main l’un de l’autre. Leurs yeux étaient fermés… Il serait vain de croire qu’il ne pensait point à davantage, mais il ne voulait pas céder. Dans l’approche de deux corps vêtus, il y a quelque chose de magique et d’inséparable des premiers moments de l’amour : la résistance, la tentation, la honte, le regret, l’espoir se mêlent dans cette étreinte factice et provisoire, où les obstacles légers symbolisent tant de barrières irréductibles. Et comme elle était pure, elle ne devina point quand il bougea un peu, et se détendit, qu’il avait atteint au plus fort de son désir, qu’il l’avait prise en songe, et qu’il s’apaisait…

Patrice devait souvent songer que, vécût-il cent ans, et eût-il plus d’aventures que l’homme aux mille et trois, jamais il n’atteindrait plus complètement la réalisation du rêve masculin qu’en ces minutes d’anéantissement total, cette possession dans la pureté. »

Robert Brasillach, Les sept couleurs

 

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La seule déviance intellectuelle réprimée par la loi

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« Il est en effet curieux que la contestation des crimes nazis soit la seule déviance intellectuelle réprimée par la loi alors que des tonnes d'œuvres littéraires ou historiques contestant les crimes de la Révolution française, de l’Église catholique, du colonialisme européen, du communisme soviétique ou chinois, et de multiples autres horreurs de l'histoire, ont valu à leurs auteurs des palmes académiques ou des prix Nobel. »

Robert_Ménard, (avec Emmanuelle Duverger), La Censure des bien-pensants

 

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La beauté

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« La beauté on sait que ça meurt, et comme ça on sait que ça existe. »

Louis-Ferdinand Céline, L’Eglise


Zoltán Glass- Nude woman in snow

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20/06/2015

Partout l’homme-masse a surgi...

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« Sur toute la surface de l’Occident triomphe aujourd’hui une forme d’homogénéité qui menace de consumer ce trésor. Partout l’homme-masse a surgi... un type d’homme hâtivement bâti, monté sur quelques abstractions et qui pour cela se retrouve d’un bout à l’autre de l’Europe. C’est à lui qu’est dû le morne aspect, l’étouffante monotonie que prend la vie dans tout le continent. Cet homme-masse, c’est l’homme vidé au préalable de sa propre histoire, sans entrailles de passé, et qui, par cela même, est docile à toutes les disciplines “internationales”. Plutôt qu’un homme, c’est une carapace d’homme faite de simples idola fori. Il lui manque un "dedans", une intimité inexorablement, inaliénablement sienne, un moi irrévocable. Il est donc toujours en disponibilité pour feindre qu’il est ceci ou cela. Il n’a que des appétits ; il ne se suppose que des droits ; il ne se croit pas d’obligations. C’est l’homme sans noblesse qui oblige – sine nobilitate –, le snob...

L’homme supérieur, au contraire, l’homme d’élite, est caractérisé par l’intime nécessité d’en appeler de lui-même à une règle qui lui est extérieure, qui lui est supérieure, et au service de laquelle il s’enrôle librement... Contrairement à ce que l’on croit habituellement, c’est la créature d’élite et non la masse qui vit "essentiellement" dans la servitude. Sa vie lui paraît sans but s’il ne la consacre pas au service de quelque obligation supérieure. Aussi la nécessité de servir ne lui apparaît pas comme une oppression, mais au contraire, lorsque cette nécessité lui fait défaut, il se sent inquiet, et invente de nouvelles règles plus difficiles, plus exigeantes, qui l’oppriment. Telle est la vie-discipline, la vie noble. La noblesse se définit par l’exigence, par les obligations et non par les droits. Noblesse oblige. "Vivre à son gré est plébéien ; le noble aspire à l’ordre et à la loi"(Goethe)...

La dégénérescence dont a souffert dans le vocabulaire un mot aussi évocateur que "noblesse" est irritante. Car, en signifiant pour beaucoup "noblesse de sang", héréditaire, elle se convertit en quelque chose de semblable aux droits communs, en une qualité statique et passive, qui se reçoit et se transmet comme une chose inerte. Mais le sens propre, étymologique, du mot "noblesse" est essentiellement dynamique. Noble signifie "connu", c’est-à-dire celui qui est fameux, celui qui s’est fait connaître en se distinguant de la masse anonyme. Il implique un effort insolite qui justifie sa renommée...

Pour moi, noblesse est synonyme d’une vie vouée à l’effort ; elle doit être toujours préoccupée à se dépasser d’elle-même, à hausser ce qu’elle est déjà vers ce qu’elle se propose comme devoir et comme exigence.

De cette manière la vie noble reste opposée à la vie médiocre ou inerte, qui, statiquement, se referme sur elle-même, se condamne à une perpétuelle immanence tant qu’une force extérieure ne l’oblige à sortir d’elle-même. C’est pourquoi nous appelons "masse" ce type d’homme, non pas tant parce qu’il est multitudinaire que parce qu’il est inerte. »

José Ortega y Gasset, La Révolte des masses

 

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Je suis l’un des prophètes de ces temps...

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« Notre avenir est au carnage et ce que nous verrons au cours de la prochaine guerre dépassera de loin ce que nous éprouvâmes de plus désolant autour de 1940. »

« Les peuples de couleur se vengent de l’Europe, l’Europe achèvera par être leur prostituée au nom du catholicisme et du communisme, on lui prendra ses femmes et son or, l’invasion prélude sous nos yeux, nous allons à la catastrophe. La France n’eut jamais de gouvernants plus méprisables, ils l’ont réduite à l’hexagone, en l’emplissant de Nègres et d’Arabes, ils ne lui laissent que le choix du métissage ou du racisme, en l’un et l’autre cas elle sera diminuée d’autant. L’Europe ne s’étant unie au moment le plus favorable, l’Europe n’est plus rien, l’Histoire dira que c’est l’œuvre de la France, la France a manqué son destin par sécheresse d’âme et placée entre l’Europe et l’Afrique, elle a choisi l’Afrique, ce crime ne lui sera jamais pardonné... »

« L’Europe est devenue l’enclume des Africains et des Asiatiques, la Gauche européenne est aussi méprisable que la Droite, ce sont deux fesses où les Noirs mettront leurs cierges sainement bénits par Mère Église. Je me demande si je rêve en mesurant la déchéance de ces hommes, qui possédaient la Terre avant trois générations et qui demain verront leurs femmes peut-être violées en leur présence. »

« Sous plus d’un rapport les Français manquent de virilité, Paris aura sans doute efféminé la France, la France est femme et les Arabes l’ont compris, la France sera leur enclume, ils l’humilient déjà de plus d’une façon, en ne laissant que de la flagorner... Trop malheureuse Europe, livrée en proie aux Nègres, moquée par les Arabes, minée par la Subversion et trahie par l’Église ! »

« Voici que les Européens se fellahisent et que les moins dégénérés soupirent après l’homme providentiel. Ainsi les prévisions de Spengler menaceront de s’accomplir. Si l’Europe avait l’énergie de l’État d’Israël, elle aurait gardé ses Empires, elle ne serait pas réduite à mendier la faveur des Arabes ou des Nègres, en recevant avec humilité leurs crachats et leurs coups... »

« Non ! la démocratie est impossible désormais, les droits de l’homme deviendront inconcevables, la masse des humains n’est qu’une masse de perdition et qui va disparaître au cours de l’hécatombe la plus monstrueuse qui se sera vue... le monde sera l’Enfer même et nous n’en sortirons qu’anéantis. Je suis l’un des prophètes de ces temps... »

« [L’avenir de la France] se confond avec son éclipse, un nombre grandissant de Français admirables s’exileront, le mouvement a déjà préludé, mais il est vrai que les Arabes et les Nègres consoleront la France de ces pertes, ils susciteront avec les Françaises une nouvelle race. Un peuple qui défend si mal son pays et sa langue, comment défendrait-il ses filles et ses femmes ?... Les Français ne seront plus rien aux yeux des autres... »

« Il suffit de deux millions de Juifs [en Israël] pour tenir l’Islam en échec et les Européens n’ont toujours pas compris cette leçon de choses, au lieu de dégainer et de courir sus aux Arabes, ils vont jusques à ménager cette vermine, leurs hommes politiques et leurs gazetiers se laissent suborner et l’or de quelques roitelets, issus eux-mêmes de brigands pouilleux, fait désormais la loi tant dans nos assemblées que dans nos ministères... »

« Les Africains et les Asiatiques sèment le chaos en Europe et les partis de Gauche éprouvent les effets du désordre idéologique, étant à la merci de la confusion verbale où les sophistes du Tiers-Monde excellent. La Gauche professant l’unicité du genre humain comme l’égalité des rames, s’oblige à garder ses principes et fussent-ils indéfendables, à la lumière de notre évidence, elle est la proie en somme désignée de mille vengeurs bruns, jaunes et noirs, qui s’arment de ses faibles et qui pénètrent dans ses lignes, la prenant à revers. L’une des conséquences de cette défaite, niée en paroles, me paraît le repli sur la réaction où tous les hommes courageux finiront par se rencontrer, abandonnant les lâches au viol, qui les attend sans faute, au nom de la fraternité (...). »

« S’il faut choisir entre les fanatiques et les maquignons, et ce sera demain le choix suprême, les Français ayant moins de vingt-cinq ans se décideront pour les fanatiques, les fanatiques seuls feront l’Europe, l’Europe que les maquignons amorcent inlassablement et désassemblent à mesure. »

« Reste l’Europe des SS et je crains fort que plus nous attendons, plus nous achèverons, malgré nous-mêmes, par nous en rapprocher, faute d’avoir su trouver mieux durant les années qui nous en séparent... »

« Je ne serais pas étonné que le dépeuplement, auquel nous refusons de recourir, prît forme de fatalité ; je ne serais pas étonné que l’univers, au lieu des trente milliards d’humains qu’on lui suppose dans cent ans, en nombrât cent fois moins, je dis bien trois cents millions. »

« Il est des moments dans l’Histoire où la destruction paraît la marque de la Grâce et nous touchons à ces moments prédestinés. »

« [Les Français préparent à leurs descendants] un lot de problèmes insolubles et le problème racial ne serait pas le moindre, nous vivons nos derniers moments d’insouciance, ces années sont aussi des années folles, le plus étrange est qu’elles passeront demain pour enviables, parce que le malheur y sera sans limites. Car il en est des peuples comme des filles, que les libertins endorment pour les abuser : ils se réveilleront toujours déshonorés. »

Albert Caraco, Ma confession

 

Oui... je sais... ça dérange ce que vous lisez là... mais la lecture, la vraie, doit déranger... et encore, j'ai choisi les propos les moins choquants, croyez-moi... Les Prophètes (même laïcs) n'ont jamais la langue dans leur poche ! Ils incendient et vocifèrent... pour réveiller qui peut l'être... et sauver ce qui se peut sauver. 

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17/06/2015

Tu as déjà vu une éclipse ?

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« Il souffrait de mélancolie. Tu sais ce que c'est la mélancolie ? Tu as déjà vu une éclipse ? Et bien c'est ça : la lune qui se glisse devant le cœur, et le cœur qui ne donne plus sa lumière. La nuit en plein jour. La mélancolie c'est doux et noir. Il en a guéri à moitié : le noir est parti, le doux est resté.
Tu sais, la pâtisserie et l'amour, c'est pareil - une question de fraîcheur et que tous les ingrédients, même les plus amers, tournent au délice. »

Christian Bobin, La folle allure

 

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Le feu couve en attendant le jet d'essence

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« L.A. brûle, et dans tant d'autres villes, le feu couve en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises, et nous écoutons des politiciens qui alimentent notre haine et notre étroitesse d'esprit, qui nous disent qu'il s'agit simplement de revenir aux vraies valeurs, alors qu'eux sont assis dans leurs propriétés de bord de mer à écouter les vagues pour ne pas avoir à entendre le cri des noyés »

Dennis Lehane, Un dernier verre avant la guerre

 

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C’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille

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« – Au petit jour, lorsqu’il t’en coûte de te réveiller, aie cette pensée à ta disposition : c’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille. Serai-je donc encore de méchante humeur, si je vais faire ce pour quoi je suis né, et ce en vue de quoi j’ai été mis dans ce monde ? Ou bien, ai-je été formé pour rester couché et me tenir au chaud sous mes couvertures ?
- Mais c’est plus agréable !
- Es-tu donc né pour te donner de l’agrément ? Et, somme toute, es-tu fait pour la passivité ou pour l’activité ? Ne vois-tu pas que les arbustes, les moineaux, les fourmis, les araignées, les abeilles remplissent leur tâche respective et contribuent pour leur part à l’ordre du monde ? Et toi, après cela, tu ne veux pas faire ce qui convient à l’homme ? Tu ne cours point à la tâche qui est confirme à la nature ?
- Mais il faut aussi se reposer.
- Il le faut, j’en conviens. La nature cependant a mis des bornes à ce besoin, comme elle en a mis au manger et au boire. Mais toi pourtant, ne dépasses-tu pas ces bornes, et ne vas-tu pas au-delà du nécessaire ? Des tes actions, il n’en est plus ainsi, mais tu restes en deçà du possible ? C’est qu’en effet, tu ne t’aimes point toi-même, puisque tu aimerais alors, et ta nature et sa volonté. Les autres, qui aiment leur métier, s’épuisent aux travaux qu’il exige, oubliant bains et repas. Toi, estimes-tu moins ta nature que le ciseleur la ciselure, le danseur la danse, l’avare l’argent, et le vaniteux la gloriole ? Ceux-ci, lorsqu’ils sont en goût pour ce qui les intéresse, ne veulent ni manger ni dormir avant d’avoir avancé l’ouvrage pour auquel ils s’adonnent. Pour toi, les actions les plus utiles au bien commun te paraissent-elles d’un moindre prix, et dignes d’un moindre zèle ? »

Marc Aurèle, Pensées pour moi-même – Livre V – I

 

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Le maintien d’un rapport invariant

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« La seule chose qui puisse faire de la légitimité pure, idée absolument dépourvue de force, quelque chose de souverain, c’est la pensée : cela a toujours été, cela sera toujours. C’est pourquoi une réforme doit toujours apparaître, soit comme retour à un passé qu’on avait laissé dégrader, soit comme adaptation d’une institution à des conditions nouvelles, adaptation ayant pour objet non pas un changement, mais au contraire le maintien d’un rapport invariant, comme si l’on a le rapport 12/4 et que 4 devienne 5, le vrai conservateur n’est pas celui qui veut 12/5, mais celui qui de 12 fait 15. »

Simone Weil, La pesanteur et la grâce

 

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Les caractères originaux des peuples, s’effaçant de jour en jour, deviennent en même raison plus difficiles à saisir

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« Les anciens voyageaient peu, lisaient peu, faisaient peu de livres ; et pourtant on voit, dans ceux qui nous restent d’eux, qu’ils s’observaient mieux les uns les autres que nous n’observons nos contemporains. Sans remonter aux écrits d’Homère, le seul poète qui nous transporte dans les pays qu’il décrit, on ne peut refuser à Hérodote l’honneur d’avoir peint les mœurs dans son histoire, quoiqu’elle soit plus en narrations qu’en réflexions, mieux que ne font tous nos historiens en chargeant leurs livres de portraits et de caractères. Tacite a mieux décrit les Germains de son temps qu’aucun écrivain n’a décrit les Allemands d’aujourd’hui. Incontestablement ceux qui sont versés dans l’histoire ancienne connaissent mieux les Grecs, les Carthaginois, les Romains, les Gaulois, les Perses, qu’aucun peuple de nos jours ne connaît ses voisins.

Il faut avouer aussi que les caractères originaux des peuples, s’effaçant de jour en jour, deviennent en même raison plus difficiles à saisir. À mesure que les races se mêlent, et que les peuples se confondent, on voit peu à peu disparaître ces différences nationales qui frappaient jadis au premier coup d’œil. Autrefois chaque nation restait plus renfermée en elle-même ; il y avait moins de communications, moins de voyages, moins d’intérêts communs ou contraires, moins de liaisons politiques et civiles de peuple à peuple, point tant de ces tracasseries royales appelées négociations, point d’ambassadeurs ordinaires ou résidant continuellement ; les grandes navigations étaient rares ; il y avait peu de commerce éloigné ; et le peu qu’il y en avait était fait ou par le prince même, qui s’y servait d’étrangers, ou par des gens méprisés, qui ne donnaient le ton à personne et ne rapprochaient point les nations. Il y a cent fois plus de liaisons maintenant entre l’Europe et l’Asie qu’il n’y en avait jadis entre la Gaule et l’Espagne : l’Europe seule était plus éparse que la terre entière ne l’est aujourd’hui.

Ajoutez à cela que les anciens peuples, se regardant la plupart comme autochtones ou originaires de leur propre pays, l’occupaient depuis assez longtemps pour avoir perdu la mémoire des siècles reculés où leurs ancêtres s’y étaient établis, et pour avoir laissé le temps au climat de faire sur eux des impressions durables : au lieu que, parmi nous, après les invasions des Romains, les récentes émigrations des barbares ont tout mêlé, tout confondu. Les Français d’aujourd’hui ne sont plus ces grands corps blonds et blancs d’autrefois ; les Grecs ne sont plus ces beaux hommes faits pour servir de modèles à l’art ; la figure des Romains eux-mêmes a changé de caractère, ainsi que leur naturel ; les Persans, originaires de Tartarie, perdent chaque jour de leur laideur primitive par le mélange du sang circassien ; les Européens ne sont plus Gaulois, Germains, Ibériens, Allobroges ; ils ne sont tous que des Scythes diversement dégénérés quant à la figure, et encore plus quant aux mœurs.

Voilà pourquoi les antiques distinctions des races, les qualités de l’air et du terroir marquaient plus fortement de peuple à peuple les tempéraments, les figures, les mœurs, les caractères, que tout cela ne peut se marquer de nos jours, où l’inconstance européenne ne laisse à nulle cause naturelle le temps de faire ses impressions, et où les forêts abattues, les marais desséchés, la terre plus uniformément, quoique plus mal cultivée, ne laisse plus, même au physique, la même différence de terre à terre et de pays à pays. »

Jean-Jacques Rousseau, Emile, livre V

 

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15/06/2015

L'adjudant Bonnin a sauté sur une mine

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« L'adjudant Bonnin a sauté sur une mine, dans les lacets du col de Kem, sur la route d'Hoa Binh. L'explosion a soufflé ses jambes et son bassin. Nous sommes restés autour de lui quelques minutes qui resteront gravées en moi jusqu'au dernier jour. La piste était noire de sang. Il est mort comme un Templier, perdu dans un pays lointain, porté par ses camarades. »

Hélie de Saint Marc, Les champs de braises

 

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14/06/2015

Un esprit que rien ne trouble

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« Que de crimes la religion a pu inspirer aux hommes !  »

« La piété, ce n'est pas se montrer à tout instant couvert d'un voile et tourné vers une pierre, et s'approcher de tous les autels ; ce n'est pas se pencher jusqu'à terre en se prosternant , et tenir la paume de ses mains ouvertes en face des sanctuaires divins ; ce n'est point inonder les autels du sang des animaux, ou lier sans cesse des vœux à d'autres vœux ; mais c'est plutôt pouvoir regarder d'un esprit que rien ne trouble. Car lorsque, levant la tête, nous contemplons les espaces célestes de ce vaste monde, et les étoiles scintillantes fixées dans les hauteurs de l'éther, et que notre pensée se porte sur les cours du soleil et de la lune, alors une angoisse, jusque là étouffée en notre cœur sous d'autre maux, s'éveille et commence à relever la tête : n'y aurait-il pas en face de nous des dieux dont la puissance infinie entraîne d'un mouvement varié les astres à la blanche lumière? Livré au doute par l'ignorance des causes, l'esprit se demande s'il y a eu vraiment un commencement, une naissance du monde, s'il doit y avoir une fin, et jusqu'à quand les remparts du monde pourront supporter la fatigue de ce mouvement inquiet ; ou bien si, doués par les dieux d'une existence éternelle, ils pourront prolonger leur course dans l'infini du temps et braver les forces de l'éternité ? »

Lucrèce, "De rerum natura" (De l’Origine du Monde)

 

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"LA CAUSE PALESTINIENNE : UN MENSONGE HISTORIQUE" par Bernard Botturi

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L'invention de la cause palestinienne par Bernard Botturi, titulaire d'un DEA de philosophie, d'un DEA de psychologie et sciences de l’éducation, d'un DEA d’histoire de l’antiquité, et d'un DESS de psychologie clinique et pathologique.

Il est l'auteur d'une traduction du Tao Tö King (le livre de la tradition du Tao et de sa sagesse), aux éditions du Cerf 1984, réédité en 1997

Depuis les défaites arabes des guerres 1948/49, la cause palestinienne avait été définitivement enterrée et cela pour plusieurs raisons, parmi celles nous en citerons deux principales :

• ses leaders tels Hajj Amin al-Husseini étaient décriés à cause de leurs collaborations notoires avec le nazisme.
• La cause palestinienne était une menace séparatiste qui aurait pu contaminer les différents pays arabophones.

La "Cause" reçut son acte de décès par l'annexion de la Cisjordanie à la Jordanie et de la Bande de Gaza à l'Égypte et surtout par la relégation des réfugiés dans des camps sordides ne vivant que par l'aide de l'ONU. Les Palestiniens vivant dans les camps de réfugiés étaient dépourvus de tous droits, victimes de ségrégations multiples : interdictions professionnelles, interdictions de construire en dur, liberté de déplacement en dehors des camps plus que réduite, etc.

Depuis son accession au pouvoir en 1952, Nasser était bien plus préoccupé à construire un panarabisme politique que de s'occuper des Palestiniens qui n'étaient que des figurants de 13° zone fournissant des troupes supplétives pour mener des coups de mains sur la frontière israélienne sans pouvoir être inquiété. Mais aussi groupes incontrôlés et incontrôlables menaçant l'armistice de 1957.
Puis à partir des années 1960 le leader des pays non-alignés, du Tiers Monde va essuyer plusieurs revers :

• Échec de la République Arabe Unie qui profite à l'Irak
• Hostilité de l'Arabie Saoudite qui n'a guère appréciée l'inclusion du Yémen au sein de la RAU
• Méfiance de la Jordanie qui voyait dans la RAU une menace.
• Lutte de leadership avec Bourguiba qui apparaît plus sage

À l'intérieur :

• Échec de la réforme agraire
• Échec des diverses politiques d'industrialisation
• Montée d'une bureaucratie corrompue
• Croissance de l'influence des Frères Musulmans qui récupèrent à leur profit le mécontentement populaire…
• Nasser s'il veut garder sa place tant de champion du panarabisme et de leader du tiers monde se doit de se refaire une notoriété.

Cette dislocation du panarabisme ruinait le rêve de Nasser à être le leader des pays arabes, lui donnant par cela une légitimité pour être le leader du tiers monde. Face à cet effondrement du panarabisme Nasser et ses conseillers se sont rappelés que l'antisionisme avait permis après les défaites de 1948 / 49 de masquer les divergences d'intérêts des divers pays arabes.

Certes mais comment rendre acceptable l'antisionisme ?

L'Europe garde en travers de la gorge la nationalisation du canal de Suez, est globalement pro-israélienne, depuis la shoah est très susceptible envers toute hostilité antisémite, la Gauche sociale-démocrate voyait dans les Kibboutzim l'utopie socialiste réalisée tout en respectant la Démocratie, contrairement à l'aventure soviétique dont les crimes staliniens révélés par Kroutchev commençait à perdre du prestige. Enfin le petit Israël apparaissait comme le David qui avait su résister à une coalition de six pays supérieurement équipés lors de sa création. Israël, globalement, bénéficiait d'une image positive…. Dans ce contexte il semblait périlleux de refonder le panarabisme et le leadership du tiers Monde à partir de l'antisionisme.

Dans ce contexte, Nasser sut se tourner vers des conseillers techniques spécialistes en matière de propagande : ex-nazis et soviétiques spécialistes les uns comme les autres en matière de subversion.

Les différents travaux avaient pour but premier de séparer Israël de ses soutiens naturels : la Gauche Sociale Démocrate et les Libéraux américains (nous excluons de la Gauche le PCF qui était et restera profondément stalinien). La Gauche était dans le combat de la décolonisation, l'émancipation des peuples, la lutte anti-impérialiste et néo-colonialiste.

C'est ainsi que Nasser va créer de toute pièce la Cause Palestinienne, mais une cause où bien sur les Palestiniens seront absents : le premier Congrès National Palestinien se tient le 28 mai 1964, à Jérusalem, ses membres sont soit des délégués de la Ligue Arabe, soit des Palestiniens complètement inféodés à l'Égypte, à la Syrie, à la Jordanie, ne siègeront aucun représentants des camps… Ce premier congrès valide la proposition de création de l'OLP proposée par l'Egypte lors du sommet de la Ligue Arabe qui s'est tenu au Caire en janvier 1964.
Pendant les débats la Cause Palestinienne est présentée par deux fidèles de Nasser : Yasser Arafat et Ahmad al Choukheiri / Shuqayri, deux "Palestiniens" bon teint qui se garderont bien d'évoquer de quelque manière que ce soit un état palestinien, le sort des réfugiés et toute allusion quelconque qui ferait planer quelque velléité de séparatisme.
La Charte Nationale de l'OLP est rédigée en juin 1964, elle sera reconnue puis officialisée lors de la conférence de la Ligue arabe d’Alexandrie en septembre 1964.

Ce n'est pas un hasard si le nouveau discours antisioniste s'ancre dans la Cause palestinienne. Les Palestiniens offraient toutes les caractéristiques pour élaborer un discours délégitimant Israël :

Un peuple de réfugiés, de pauvres subsistant de la charité internationale via l'UNWRA. Bien évidemment, le discours de la Cause jettera un voile pudique sur les raisons de la relégation des Palestiniens, l'opinion publique c'est bien connu est peu soucieuse d'Histoire et est facilement malléable par les chocs émotionnels, de ce qui relève de l'affectif.

Examinons maintenant le texte de la Charte de l'OLP :

1 / L'invention du Peuple Palestinien :

Dans un premier temps la charte va inventer la notion de Peuple Palestinien, alors que jusqu'à maintenant il était parlé d'Arabes vivant en Palestine, arabes aux origines diverses : syrienne, libanaise, bédouine, égyptienne, soudanaise, libyenne auxquels nous pouvons rajouter divers minorités turques, circaucasiennes, arméniennes, kurdes, druzes, berbères, grecque, maltaise, chypriote, etc.…. Rappelons que les divers mouvements arabes de la Palestine n'avaient pu trouver d'unité, car ils se définissaient avant tout soit comme syriens, soit comme égyptiens, soit comme bédouins mais pas comme palestiniens, seuls jusqu'en 1947 les Juifs se disaient palestiniens… humour de l'histoire.
Donc la Charte va commencer par établir, définir le Peuple Palestinien et la Palestine dans les sept premiers de ses articles :
La Palestine est le territoire du mandat britannique et « constitue une unité territoriale indivisible ».
"Le peuple arabe palestinien détient le droit légal sur sa patrie et déterminera son destin après avoir réussi à libérer son pays en accord avec ses vœux, de son propre gré et selon sa seule volonté. »
L'identité palestinienne constitue une caractéristique authentique, essentielle et intrinsèque : elle est transmise des parents aux enfants.
Le peuple palestinien désigne « les citoyens arabes qui résidaient habituellement en Palestine jusqu’en 1947 », « l’identité palestinienne est une caractéristique authentique, intrinsèque et perpétuelle » et « seul le peuple palestinien a des droits légitimes sur sa patrie ».
Il est à noter que ces premières définitions sont immédiatement temporisées par : elle (La Palestine) constitue une partie inséparable de la patrie arabe Le peuple palestinien fait partie intégrante de la nation arabe.
Qui permet d'étouffer à l'avance tout nationalisme particulier, ce qui est en jeu c'est la nation arabe, le peuple arabe que les Palestiniens ne se méprennent pas ! Nasser ne tient pas à ce que se répète le particularisme libanais.
Cela dit, l'article 7 va sortir de son chapeau une historicisation de la Palestine :

L'existence d'une communauté palestinienne, qui a des liens d'ordre matériel, spirituel et historique avec la Palestine, constitue une donnée indiscutable. Tous les moyens d'information et d'éducation doivent être employés pour faire connaître à chaque Palestinien son pays de la manière la plus approfondie, tant matériellement que spirituellement.
Nous pouvons apprécier l'expression de "donnée indiscutable" qui est pour le moins contestable pour quiconque s'est penché sur l'histoire. Cet article avec les précédents seront la base de toute une propagande inventant la Palestine et le Peuple Palestinien.

2/ La victimisation du peuple Palestinien !

L'occupation sioniste et la dispersion du peuple arabe palestinien, par suite des malheurs qui l'ont frappé, ne lui font pas perdre son identité palestinienne, ni son appartenance à la communauté palestinienne, ni ne peuvent les effacer.
Les Palestiniens sont les citoyens arabes qui résidaient habituellement en Palestine jusqu'en 1947, qu'ils en aient été expulsés par la suite ou qu'ils y soient restés.
Les palestiniens sont frappés par le malheur de l'invasion sioniste, un peuple d'expulsés, de dispersés. Il est remarquable de souligner comment les attributs du peuple Juif sont repris, le texte reprend en miroir l'expulsion de la Judée romaine et la dispersion diasporique. Attributs qui ne peuvent qu'apitoyer les chaumières.

3 / La disqualification du sionisme :

L'entreprise sioniste est vue sous l'angle d'une vaste opération d'invasion et d'expulsion et va être accablé de tous les maux de la terre notamment par l'article 22 :
« le sionisme est un mouvement politique, organiquement lié à l’impérialisme mondial et opposé à tous les mouvements de libération et de progrès dans le monde. Le sionisme est par nature fanatique et raciste. Ses objectifs sont agressifs, expansionnistes et coloniaux. Ses méthodes sont celles des fascistes et des nazis. Israël est l’instrument du mouvement sioniste. C’est une base géographique et humaine de l’impérialisme mondial qui, de ce tremplin, peut porter des coups à la nation arabe pour combattre ses aspirations à la libération, à l’unité et au progrès. Israël est une menace permanente pour la paix au Proche Orient et dans le monde entier. »
Nous voyons ici se dessiner ce qui deviendra la vulgate de la Cause palestinienne qui, depuis, ne changera pas d’un iota comme nous avons pu le constater lors des manifestations pro-palestiniennes récentes clamant haut et fort « Israël=nazisme », « Israël, état raciste », « halte à la colonisation sioniste » et autres lieux communs… dans la logique du nazisme supposé du sionisme ce sont rajouté des slogans du genre « Tsahal= génocidaire » ou « Gaza= Auschwitz », quitte à faire dans la subversion allons jusqu'au bout de sa folie.
Dans cette logique de propagande le sionisme va être ravalé au rang de force obscurantiste et ainsi qualifié de « fanatique » et « opposé à tous les mouvements de libération et de progrès dans le monde ». À cela se rajoute la menace quasi apocalyptique du sionisme, « menace permanente pour la paix dans le monde »…. Israël petit état ne pouvait sérieusement apparaître comme La menace, aussi ce dernier ne va-t-il devenir qu’un instrument du sionisme « mondial », le terme de mondial n’est pas exprimé mais sous entendu par le fait que le sionisme est identifié à l’impérialisme… nous ne sommes pas loin des « Protocoles des Sages de Sion » qui seront repris par la charte du Hamas. Et cela est doublé par un appel vibrant à la disparition du sionisme :
« Les aspirations à la sécurité et à la paix, de même que les exigences de vérité et de justice, réclament que tous les états considèrent le sionisme comme un mouvement illégal, le déclarent hors la loi, et interdisent ses activités afin de préserver les relations amicales entre les peuples et de sauvegarder la fidélité des citoyens envers leurs patries respectives » (Cf. art.23)
Discours curieux faisant du sionisme un ennemi de la paix, de la sécurité, de la vérité, de la justice, donc un mouvement belliciste, agressif, menteur, inique… nous retrouvons là les accusations classiques de l’antijudaïsme… pire le sionisme est stigmatisé comme portant atteinte à l’amitié entre les peuples, et agissant de façon occulte pour détourner les citoyens des états pour en faire des agents du sionisme… nous pointons ici en filigrane la théorie du complot juif… mais énoncé de telle manière que les lecteurs hâtifs n’y voient que du feu…pourtant cette théorie fleurit maintenant un peu partout, même en France un "humoriste" a fondé un parti « antisioniste »… nous pouvons nous demander si la réémergence du complot sioniste aurait pu s’exprimer sans le poison savamment distillé par les discours de la Cause palestinienne ?

4 / Dissocier le sionisme du judaïsme :

Les porte paroles historiques des arabes palestiniens (Hadj Amine el-Husseini ou Ahmad Choukeiry) s’étaient fait connaître par leurs sympathies pro-nazies et un anti-judaïsme virulent qui les avaient disqualifiés aux yeux de l’opinion occidentale ; la question demeurait comment légitimer la lutte contre Israël sans apparaître anti-juifs ? Tout simplement en créant un nouvel argument dissociant judaïsme et sionisme :
« l’affirmation selon laquelle des liens historiques ou spirituels unissent les Juifs à la Palestine n’est pas conforme aux faits historiques et ne répond pas aux conditions requises pour constituer un état. Le judaïsme est une religion révélée. Ce n’est pas une nationalité particulière. Les juifs ne forment pas un peuple avec son identité distincte, mais sont citoyens des états auxquels ils appartiennent ».
Cet argument permet de pouvoir se dire farouchement antisioniste tout en se défendant de faire de l’anti-judaïsme, car il va de soi dorénavant judaïsme et sionisme non seulement sont différents, mais opposés. Tour de passe-passe consistant à définir le Judaïsme et le Sionisme à la place des Juifs, tout en se dédouanant à moindre frais de tout anti-judaïsme auprès d’une opinion occidentale très susceptible depuis la Shoah…

5 / La Dé-légitimation d'Israël :


 Israël étant mis du côté des impérialistes, colonialistes, des forces d'oppressions il est tout naturel de proclamer :
• Article 19 : Le partage de la Palestine en 1947 et l'établissement de l'État d'Israël sont entièrement illégaux, quel que soit le temps écoulé depuis lors, parce qu'ils sont contraires à la volonté du peuple palestinien et à son droit naturel sur sa patrie et en contradiction avec les principes contenus dans la charte des Nations unies, particulièrement en ce qui concerne le droit à l'autodétermination.
• Article 20 : La déclaration Balfour, le mandat sur la Palestine et tout ce qui en découle sont nuls et non avenus. Les prétentions fondées sur les liens historiques et religieux des Juifs avec la Palestine sont incompatibles avec les faits historiques et avec une juste conception des éléments constitutifs d'un État. Le judaïsme, étant une religion, ne saurait constituer une nationalité indépendante. De même, les Juifs ne forment pas une nation unique dotée d'une identité propre, mais ils sont citoyens des États auxquels ils appartiennent.
• Article 21 : S'exprimant par révolution armée palestinienne, le peuple arabe palestinien rejette toute solution de remplacement à la libération intégrale de la Palestine et toute proposition visant à la liquidation du problème palestinien ou à son internationalisation. Il est curieux que ces articles à l'époque n'aient point soulevés de vives protestations au sein de l'ONU, car s'il existe un pays fondé par le droit international c'est bien Israël, rappelons les deux étapes clés :
Sous les auspices de la SDN la Conférence de San Remo en avril 1920, dans l'article 22, reconnaît la création d'un "Home national" pour le peuple juif. Article 22 qui sera repris dans les articles 94 & 95 du traité de paix dit traité de Sèvres le 10 aout 1920. Où il est dit : "le mandataire (GB) sera responsable de la mise en exécution de la déclaration originale faite le 2 novembre 1917 (Déclaration Balfour) par le gouvernement britannique et adoptée par autres puissances alliées, en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, étant bien entendu que rien ne sera fait qui pourrait porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non-juives en Palestine" Puis le 29 novembre 1947, l'ONU vote la résolution 181 partageant la Palestine mandataire, permettant la création de l'état d'Israël qui devient membre officiel de l'ONU le 11 mai 1949.
Notons au passage comment la Ligue Arabe, puis l'OCI qui n'arrêtent point de crier "Israël pays voyou" au prétexte qu'Israël n'applique point les diverses résolutions de l'ONU depuis 1967, sont les premiers à enfreindre le droit international par leur refus entêté des décisions de la SDN puis de l'ONU légitimant à la fois le sionisme et Israël.

6/ Légitimer le terrorisme :

Israël pays néo-colonialiste, agent de l'impérialisme devient tout naturellement un ennemi que l'on peut combattre de façon juste, puisque combattre Israël c'est libérer un peuple opprimé qui a droit comme tous les autres à l'autodétermination et à la souveraineté sur son sol dont il a été injustement dépouillé.
Les Palestiniens étant trop faible sont habilités à pratiquer le terrorisme "arme des pauvres opprimés" (c'est bien connu, ben voyons…Gandhi n'y avait pas pensé, tiens !) :
• Article 9 : La lutte armée est la seule voie menant à la libération de la Palestine. Il s'agit donc d'une stratégie d'ensemble et non d'une simple phase tactique. Le peuple arabe palestinien affirme sa détermination absolue et sa ferme résolution de poursuivre la lutte armée et de préparer une révolution populaire afin de libérer son pays et d'y revenir. Il affirme également son droit à avoir une vie normale en Palestine, ainsi que son droit à l'autodétermination et à la souveraineté sur ce pays.
• Article 10 : L'action des commandos constitue le centre de la guerre de libération populaire palestinienne, ce qui exige d'en élever le degré, d'en élargir l'action et de mobiliser tout le potentiel palestinien en hommes et en connaissances, en l'organisant et en l'entraînant dans la révolution palestinienne armée. Cela suppose aussi la réalisation de l'unité en vue de la lutte nationale parmi les divers groupements du peuple palestinien, ainsi qu'entre le peuple palestinien et les masses arabes afin d'assurer la continuation de la révolution, son progrès et sa victoire.
Tous ces discours incendiaires ne seront malheureusement pas pris en considération par l'opinion occidentale qui nourrissait envers les pays arabes des sentiments oscillant entre le mépris plus ou moins raciste et la condescendance bienveillante…

7 / Un discours refondant le panarabisme :

La Palestine est trop petite pour mener à bien son "juste" combat, aussi devient-il légitime de la soutenir et de combattre à ses côtés. Les articles 12 à 15 vont étroitement lier la Cause palestinienne à la Cause pan-arabe en général.
l’article 13 proclame que “l’unité arabe et la libération de la Palestine sont deux objectifs complémentaires. Chacun d’eux conduit à la réalisation de l’autre. L’unité arabe mènera à la Libération de la Palestine, et la libération de la Palestine conduira à l’unité arabe. Œuvrer en faveur de l’une revient à agir pour la réalisation des deux. »
L’article 14 : « le destin de la nation arabe, et à vrai dire l’existence même des arabes, dépend du destin de la cause palestinienne. »
L’article 15 : « la libération de la Palestine est une obligation nationale pour les arabes »
Ces divers articles, par delà leur côté surprenant, car on ne voit guère le lien qui pourrait exister entre le destin de la Palestine et celui du monde arabe, préfigurent de ce qui va devenir effectivement un des fondamentaux du panarabisme, puis plus tard du panislamisme. Ce lien entre la libération du monde arabe et celui de la Palestine ce discours ne situe-t-il pas l’ensemble du monde arabe dans une position d’opprimé ? Et donc légitime tous les conflits et refus.

8 / Un discours séduisant

La vision flamboyante d’un combat quasi cosmique, entre d’une part les forces de libération, de progrès, de justice et de paix, représentées par la Cause palestinienne, puis d’autre part les forces fanatiques et racistes de l’impérialisme mondial expansionniste et colonialiste, va servir de tremplin à toute une propagande internationale, notamment auprès des diverses opinions de gauche, d’abord dans les milieux de l’extrême gauche anti-impérialiste, puis dans les milieux tiers-mondiste sensibles aux nouvelles formes de néo-colonialisme, enfin dans une gauche traditionnelle auprès de laquelle la Cause palestinienne s’est présentée comme résistance de progrès face au colonialisme, au racisme et au fanatisme qui bien entendu sont fascistes et nazis.
Propagande qui a réussi à séparer Israël, état de nature sociale-démocrate depuis le Bund, des gauches traditionnelles de l’Europe. Propagande qui braque le regard des progressistes sur la seule condition faite par Israël aux palestiniens, en grossissant la moindre bavure, tout en négligeant une approche globale de la condition des réfugiés palestiniens, notamment dans les pays arabes… les massacres de palestiniens commis par des arabes tels que ceux de Bordj et Barajneh, Tal el Zaatar, Dbayé, Tripoli, La Quarantaine, et récemment Nar El Bared ne mobiliseront guère les foules, voire ne seront étudiés et commentés que par les seuls spécialistes du conflit.
Ne parlons pas de la divine supercherie de Sabra et Chatila, qui à force d’intox a réussi à faire croire que le massacre est le fait de Tsahal. Répétons que la tragédie de Sabra et Chatila qui a fait 900 morts civils a été organisée par les phalanges arabo-chrétiennes du Liban. Le tort de Tsahal a été de ne pas garantir la sécurité du camp (tel que cela est prévu au titre de la IV° convention de Genève). Faute lourde qui a suscité une tempête d’indignation en Israël (400 000 manifestants), entrainant le limogeage du chef d’état major Raphaël Eytan, la démission du directeur des renseignements militaires, Yehoshua Saguy et du ministre de la défense Ariel Sharon. Tandis que du côté arabe les responsable directs n’ont jamais été inquiétés de quelque manière que ce soit, mieux, l’organisateur du massacre Elie Hobeika sera plusieurs fois ministre au sein de divers gouvernements libanais…
Mais pour les Arabes massacrer du Palestinien n'est pas grave….ce ne sont que des faire-valoir.

9 / La subversion

Mais au-delà de tout cela le discours vise à miner les fondements du sionisme et décrédibiliser ses valeurs fondatrices. Rappelons que le sionisme historique de Ben-Gourion et Weizmann est fondamentalement démocratique et laïc, d'inspiration socialiste, voire marxiste dans certaines de ses composantes (Palmakh), que le sionisme s'inscrit dans le mouvement de l'émancipation des peuples et a toujours eu une aversion envers les différentes formes d'impérialisme ou de néo-colonialisme ; aversion dont feront les frais les britanniques de la Palestine mandataire.
Le discours de la Charte fut et garde sa force de persuasion qui a réussi par la répétition de mensonges financés par le lobby des pays producteurs de pétrole à disqualifier le sionisme, à semer la culpabilité parmi les Juifs d'Israël et de la Diaspora, l'angoisse quant à une nouvelle Shoah…. Comportements qui inhibent les réactions, d'où un discours sioniste qui se jouent trop souvent sur les registres de la défense agressive ou de la justification.
Il est temps de redresser la tête, car l'un des objectifs de la Cause est, à défaut de remporter la victoire par les armes, de la remporter par la guerre des consciences. Nous n'avons pas à nous justifier, ni à nous défendre sur un mode réactif…. Car à ce jeu nous sommes amenés à dire des mensonges pieux, des demi-vérités, des approximations historiques et on ne détruit pas un mensonge par un autre mensonge. Nous n'avons pas à rougir de notre histoire, car devant le Tribunal de l'Histoire, c'est bien Nasser et son chien de garde Arafat qui ont des comptes à rendre.
Il est temps de nous affirmer calmement sans haine, ni émotions à partir des faits, Ne nous y trompons pas la conversion à la cause palestinienne, les revirements de l'opinion, les reniements de nos soutiens naturels (les démocrates et socio-démocrates) ne sont pas solidement ancrés…. Nous avons davantage à faire avec une opinion de surface, de conformisme qu'à des convictions profondes (je mets bien sûr de côté les idéologues indécrottables de CAPJO, et autres gauchistes radicaux), il suffit de s'affirmer calmement, de questionner, de désarçonner par des faits et nous pourrons rallier les "braves gens", les "honnêtes gens" qui Dieu merci sont plus nombreux que les canailles et les naïfs thuriféraires de la Cause.

 

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Source : MEDIAPART

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11/06/2015

Oui, j'ai bien connu ma France

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« J’ai bien connu la France. J’ai connu ses villages. Le dimanche, l’église était pleine à craquer et, à la fin de la messe, une foule se répandait dans la rue principale en direction des boulangeries et des boucheries. J'ai connu les banlieues quand elles étaient la campagne du pauvre, le repos du citadin, l’excursion des amoureux. J’ai vu, de mes yeux vu, derrière les pavillons en meulière, des cultures et des champs en friche. J’ai bien connu cette France-là, quand on apprenait l’orthographe aux enfants, quand des générations entières s’écrivaient de longues lettres pour se donner mutuellement des nouvelles. Oui, j'ai bien connu ma France. »

Alain Paucard, La crétinisation par la culture

 

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Des crises de vie

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« La crise de l'enseignement n'est pas une crise de l'enseignement ; il n'y a pas de crise de l'enseignement ; il n'y a jamais eu de crise de l'enseignement ; les crises de l'enseignement ne sont pas des crises de l'enseignement ; elles sont des crises de vie ; elles dénoncent, elles représentent des crises de vie et sont des crises de vie elles-mêmes ; elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générales ; ou si l’on veut les crises de vie générales, les crises de vie sociales s'aggravent, se ramassent, culminent en crises de l'enseignement, qui semblent particulières ou partielles, mais qui en réalité sont totales, parce qu'elles représentent le tout de la vie sociale ; c’est en effet à l’enseignement que les épreuves éternelles attendent, pour ainsi dire, les changeantes humanités ; le reste d’une société peut passer, truqué, maquillé ; l’enseignement ne passe point ; quand une société ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie ; quand une société ne peut pas enseigner, c'est que cette société ne peut pas s'enseigner ; c'est qu'elle a honte, c'est qu'elle a peur de s'enseigner elle-même ; pour toute humanité, enseigner, au fond, c'est s'enseigner ; une société qui n'enseigne pas est une société qui ne s'aime pas ; qui ne s'estime pas ; et tel est précisément le cas de la société moderne. »

Roger Nimier, Pour la rentrée (1904), in La Pléiade, Œuvres en prose complètes, tome I

 

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La tragique volupté de l’admiration

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« C’est qu’en effet, dans l’Art, est beau uniquement ce qui a du caractère.
Le caractère, c’est la vérité intense d’un spectacle naturel quelconque, beau ou laid : et même c’est ce qu’on pourrait appeler une vérité double: car c’est celle du dedans traduite par celle du dehors; c’est l’âme, le sentiment, l’idée, qu’expriment les traits d’un visage, les gestes et les actions d’un être humain, les tons d’un ciel, la ligne d’un horizon.
Or pour le grand artiste, tout dans la Nature offre du caractère: car l’intransigeante franchise de son observation pénètre le sens caché de toute chose.
Et ce qui est considéré comme laid dans la Nature présente souvent plus de caractère que ce qui est qualifié beau, parce que dans la crispation d’une physionomie maladive, dans le ravinement d’un masque vicieux, dans toute déformation, dans toute flétrissure, la vérité intérieure éclate plus aisément que sur des traits réguliers et sains.
Et comme c’est uniquement la puissance du caractère qui fait la beauté de l’Art, il arrive souvent que plus un être est laid dans la Nature, plus il est beau dans l’Art.Il n’y a de laid dans l’Art que ce qui est sans caractère, c’est-à-dire ce qui n’offre aucune vérité extérieure ni intérieure.

Est laid dans l’Art ce qui est faux, ce qui est artificiel, ce qui cherche à être joli ou beau au lieu d’être expressif, ce qui est mièvre et précieux, ce qui sourit sans motif, ce qui se manière sans raison, ce qui se cambre et se carre sans cause, tout ce qui est sans âme et sans vérité, tout ce qui n’est que parade de beauté ou de grâce, tout ce qui ment.
Quand un artiste, dans l’intention d’embellir la Nature, ajoute du vert au printemps, du rose à l’aurore, du pourpre à de jeunes lèvres, il crée de la laideur parce qu’il ment.
Quand il atténue la grimace de la douleur, l’avachissement de la vieillesse, la hideur de la perversité, quand il arrange la Nature, quand il la gaze, la déguise, la tempère pour plaire au public ignorant, il crée de la laideur, parce qu’il a peur de la vérité.
Pour l’artiste digne de ce nom, tout est beau dans la Nature, parce que ses yeux, acceptant intrépidement toute vérité extérieure, y lisent sans peine, comme à livre ouvert, toute vérité intérieure.
Il n’a qu’à regarder un visage humain pour déchiffrer une âme; aucun trait ne le trompe, l’hypocrisie est pour lui aussi transparente que la sincérité; l’inclinaison d’un front, le moindre froncement de sourcils, la fuite d’un regard lui révèle les secrets d’un coeur. Il scrute l’esprit replié de l’animal. Ebauche de sentiments et de pensées, sourde intelligence, rudiments de tendresse, il perçoit toute l’humble vie morale de la bête dans ses regards et dans ses mouvements.
Il est de même le confident de la Nature insensible. Les arbres, les plantes lui parlent comme des amis.
Les vieux chênes noueux lui disent leur bienveillance pour l’humanité qu’ils protègent de leurs branches éployées.
Les fleurs s’entretiennent avec lui par la courbe gracieuse de leur tige, par les nuances chantantes de leurs pétales : chaque corolle dans l’herbe est un mot affectueux que lui adresse la Nature.
Pour lui la vie est une infinie jouissance, un ravissement perpétuel, un enivrement éperdu.
Non pas que tout lui paraisse bon, car la souffrance qui s’attaque si souvent à ceux qu’il chérit et à lui-même démentirait cruellement cet optimisme.
Mais pour lui tout est beau, parce qu’il marche sans cesse dans la lumière de la vérité spirituelle. 

Oui, même dans la souffrance, même dans la mort d’êtres aimés et jusque dans la trahison d’un ami, le grand artiste, et j’entends par ce mot le poète aussi bien que le peintre ou le sculpteur, trouve la tragique volupté de l’admiration. Il a parfois le coeur à la torture, mais plus fortement encore que sa peine, il éprouve l’âpre joie de comprendre et d’exprimer. Dans tout ce qu’il voit, il saisit clairement les intentions du destin. Sur ses propres angoisses, sur ses pires blessures, il fixe le regard enthousiaste de l’homme qui a deviné les arrêts du sort. Trompé par un être cher, il chancelle sous le coup, puis, se raffermissant, il contemple le perfide comme un bel exemple de bassesse, il salue l’ingratitude comme une expérience dont s’enrichit son âme. Son extase est parfois terrifiante, mais c’est du bonheur encore parce que c’est la continuelle adoration de la vérité.
Quand il aperçoit les êtres qui se détruisent les uns les autres, toute jeunesse qui se fane, toute vigueur qui fléchit, tout génie qui s’éteint, quand il voit face à face la volonté qui décréta toutes ces sombres lois, plus que jamais il jouit de savoir et, rassasié de vérité, il est formidablement heureux. »

Auguste Rodin, L’Art

 

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Un Baiser...

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« Lis mon âme, beau guerrier :
Tu es parti loin. J'ai vu les vagues... avaler tes vaisseaux,
Et rouler mon coeur au fond des eaux.
Je voudrais t'envoyer un baiser
Déchirant comme un coup de dague. »

Virgile, "Mort de Didon"in L’Enéide

 

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09/06/2015

Je voudrais me pencher sur l’instinct, en son sens de lumière...

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« Je me sens attiré avant tout par les gestes inconscients de l’être, qui passent leurs mains lumineuses à travers les créneaux de cette enceinte d’artifice où nous sommes enfermés. Je voudrais étudier tout ce qui est informulé dans une existence, tout ce qui n’a pas d’expression dans la mort et dans la vie, tout ce qui cherche une voix dans un cœur. Je voudrais me pencher sur l’instinct, en son sens de lumière, sur les pressentiments, sur les facultés et les notions inexpliquées, négligées ou éteintes, sur les mobiles irraisonnés, sur les merveilles de la mort, sur les mystères du sommeil, où malgré la trop puissante influence des souvenirs diurnes, il nous est donné d’entrevoir, par moments, une lueur de l’être énigmatique, réel et primitif ; sur toutes les puissances inconnues de notre âme ; sur tous les moments où l’homme échappe à sa propre garde ; sur tous les secrets de l’enfance, si étrangement spiritualiste avec sa croyance au surnaturel, et si inquiétante avec ses rêves de terreur spontanée, comme si réellement nous venions d’une source d’épouvante. »

Novalis, Fragments

 

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Parler et écrire...

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« C’est réellement une drôle d’affaire que de parler et d’écrire ; la vraie conversation n’est qu’un pur jeu de mots. On ne peut qu’admirer l’erreur ridicule des gens qui se figurent parler en fonction des choses. Mais précisément, personne ne sait que le propre du langage est de s’occuper purement et simplement de lui-même. Voilà pourquoi le langage est un mystère si admirable et si fécond, - celui qui ne parle que pour parler exprime justement les vérités les plus splendides, les plus originales. »

Novalis, Fragments

 

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