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25/08/2014

Racket...

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En fait de vérités, il n'en a avancé que de faciles à saisir par n'importe quel esprit médiocrement ouvert

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« Mahomet a séduit les peuples par des promesses de voluptés charnelles au désir desquelles pousse la concupiscence de la chair. Lâchant bride à la volupté, il a donné des commandements conformes à ses promesses, auxquels les hommes charnels peuvent obéir facilement. En fait de vérités, il n'en a avancé que de faciles à saisir par n'importe quel esprit médiocrement ouvert. Par contre, il a entremêlé les vérités de son enseignement de beaucoup de fables et de doctrines les plus fausses. Il n'a pas apporté de preuves surnaturelles, les seules à témoigner comme il convient en faveur de l'inspiration divine, à savoir quand une oeuvre visible qui ne peut être que l'oeuvre de Dieu prouve que le docteur de vérité est invisiblement inspiré. Il a prétendu au contraire qu'il était envoyé dans la puissance des armes, preuves qui ne font point défaut aux brigands et aux tyrans. D'ailleurs, ceux qui dès le début crurent en lui ne furent point des sages instruits des sciences divines et humaines, mais des hommes sauvages, habitants des déserts, complètement ignorants de toute science de Dieu, dont le grand nombre l'aida, par la violence des armes, à imposer sa loi aux autres peuples. Aucune prophétie divine ne témoigne en sa faveur : bien au contraire, il déforme les enseignements de l'Ancien et du Nouveau Testament par des récits légendaires, comme c'est évident pour qui étudie sa loi. Aussi bien, par une mesure pleine d'astuces, il interdit à ses disciples de lire les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament qui pourraient le convaincre de fausseté. C'est donc chose évidente que ceux qui ajoutent foi à sa parole croient à la légère. »

Thomas d'Aquin, Somme contre les gentils

 

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25 Août 1900

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Bordel Socialiste...

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L'autorité...

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24/08/2014

Ceci n'est plus une femme...

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La liberté...

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Résistance communiste

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« On a beaucoup dit en France que le Parti communiste était le principal parti de la Résistance. Moi, j'ai vu le Parti communiste détruire des foyers de résistance parce qu'ils n'étaient pas communistes. En mars 1944, j'ai vu, dans notre région, un maquis communiste détruire et tuer tous les membres d'un maquis gaulliste, simplement parce qu'ils étaient gaullistes. »

Jacques Ellul, Ellul par lui-même – Entretiens avec Willem H. Vanderburg

 

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Lois

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« Légitime, légal : s'il existe deux mots pour exprimer la notion générale de conformité à la loi, c'est bien qu'ils en traduisent des aspects différents. Il y a en effet lois et lois : celles que les hommes fabriquent à leur guise, et celles dont l'homme n'est pas maître, qui s'imposent à lui parce qu'elles sont les lois de sa nature ou de sa vocation. Est légitime ce qui se rapportent à celles-ci, légal ce qui se rapporte à celles-là. Les lois de la nature et de la civilisation sont intangibles. Vis-à-vis d'elles, l'homme n'a qu'un pouvoir, mais qui ne les affecte pas, celui de les reconnaître ou de les nier. Mais, suivant celle des deux attitudes qu'il adopte quand il légifère, il établit une légalité légitime ou illégitime. »

Louis Daménie, La cathédrale effondrée (Ouvrage Collectif : 5 essais par Henri Massis, Pierre Debray, Louis Daménie)

 

 

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Tout ce qui conserve, dans la société, une position indépendante est, méthodiquement, soumis aux contraintes étatiques

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« Il n'y a plus d'esprit public. Tout ce qui conserve, dans la société, une position indépendante est, méthodiquement, soumis aux contraintes étatiques. Tout ce qui garde la volonté d'entreprendre se voit découragé par système. Une politique de centralisation abolit ce qui restait des libertés communales, remplace partout le responsable par le gestionnaire, intervient jusque dans les familles pour disputer aux parents le choix de l'éducation et de l'orientation des enfants. En même temps que les institutions sclérosent, étouffent les cellules vivantes, les mœurs se dégradent. La grande presse, spéculant sur la bassesse de l'âme, exploite tous les scandales et toutes les immoralités.

Dans ces conditions, nous ne saurions purement et simplement reprendre les analyses de nos maîtres, car celles-ci datent d'une époque où la société demeurait saine, si l'Etat était corrompu. Ils opposaient le pays réel au pays légal, le même pays d'ailleurs, mais pris soit dans son abstraction démocratique, soit dans son expression concrète. Au moment où cette distinction passe dans le langage courant, elle tend à perdre sa valeur, puisque la société s'étatise à mesure que l'Etat se socialise. Il n'y a pratiquement plus d'activité qui ne soit de quelque manière contrôlée, réglementée, et à la limite, commandée par la bureaucratie dirigeante.

De même, nos maîtres estimaient que, pour empêcher la ruine de la cathédrale, il suffisait de restaurer la clef de voûte. S'ils y étaient parvenus, tout aurait été, effectivement, sauvé. Ce ne fut pas. Comment jeter une clef de voûte sur une ruine ? Elle s'effondrerait avec elle. Il ne subsiste plus que les fondations, que le dessein général de l'édifice. La France ressemble à ces cités antiques, Glanum ou Amporia, que le barbare a rasées au sol, mais dont on retrouve, en creusant, le plan, inscrit dans la pierre.

Il faut nous contenter, pour l'heure, de jeter sur le chantier une bâche de fortune, et travailler humblement, en partant du bas, de ce qui demeure, qui n'est pas beaucoup. Nous avons à reconstruire la société en même temps que l'Etat. Cette double tâche pose des problèmes nouveaux.

La fidélité à nos maîtres commandes de nous attacher à leur méthode, l'empirisme organisateur, plutôt qu'aux résultats contingents qu'ils ont obtenus, par l'usage, d'ailleurs correct en son temps, de cette méthode. Nous n'avons pas à les répéter, scolairement, en mauvais élèves, mais à les imiter. Etre empirique, cela consiste à constater que le temps fait son œuvre. Pour le pire, comme pour le meilleur. Etre organisateur, cela consiste à partir de ce qui existe, afin d'en conserver les formes et de les projeter dans un avenir qu'il nous appartient d'inventer. »

Avant-propos de l’Editeur (L’Ordre Français), in La cathédrale effondrée (Ouvrage Collectif : 5 essais par Henri Massis, Pierre Debray, Louis Daménie)

 

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La société civilisée

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Maurice G. Dantec : Les Résidents

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et

 

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23/08/2014

Ceci n'est plus une femme...

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L'individu libre

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La nation préexiste au nationalisme

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« Les cités humaines sont soumises à la loi du temps. Il faut des siècles de patience pour que naisse une nation. Réciproquement, s’il fut un temps où il n’y avait pas encore de France, peut-être en viendra-t-il un où il n’y aura plus, dans la mémoire de l’homme, que la trace lumineuse de son passage. C’est ce qui confère, aux yeux des nationalistes français, son tragique à la politique. Il n’est sans doute pas vrai que chaque conscience poursuit la mort de l’autre. Le spectacle de l’histoire n’est sans doute pas très édifiant, et les âmes sensibles en éprouvent de l’horreur. Devant tant de crimes et de guerres, il est des moments où l’on subit la tentation de la solitude. Si nous étions les habitants d’une île bienheureuse, comme le rêvait Fénelon, il nous serait peut-être permis, d’y céder, mais chaque peuple est environné d’ennemis, occupés à retourner contre lui ses fautes. Si le groupe humain auquel nous appartenons, la nation pour nous autres Français, s’affaiblit par notre faute, nous serons solidaires de son malheur et, sinon nous, nos enfants. Que survienne un désastre, parce que nous aurons préféré notre intérêt particulier, notre confort ou nos passions idéologiques au bien de la nation, nous serons jetés sur les routes de l’exode, réquisitionnés comme du bétail par l’occupant, frustrés de notre honneur et aussi bien des joies les plus humbles. Le nationalisme français ne veut être rien d’autre que l’art de lutter contre la mort de la nation. D’autant que tout ce qui affaiblit ou diminue la France atteint chaque Français dans son particulier, mais aussi le genre humain pris en tant que corps. Les nationalismes français sont en effet convaincus que notre nation possède une mission de caractère universel, car elle est pétrie de tradition catholique. Ce n’est pas en vain qu’elle fut nommée la fille aînée de l’Eglise. Encore faut-il qu’elle ne soit pas infidèle à son passé. Dans la mesure où elle renie les héros et les saints qui l’ont fondée, elle trahit sa vocation et, du même coup, perd son rayonnement et sa force. Ainsi l'attachement à la nation, loin d’être contradictoire avec un sentiment œcuménique, le soutient. La France est la nation croisée ou elle n’est pas.

  Non que les nationalistes français fassent de la nation un absolu, une manière d’idole. Bien au contraire, ils insistent sur son caractère contingent. Sans la volonté patiente et tenace de la dynastie capétienne, il n’y aurait pas eu de nation, car aucun impératif de la géographie ou de la race n’imposait sa constitution. Rien donc, dans une certaine mesure, de plus relatif que la nation. Rien non plus de plus nécessaire, puisqu’il ne nous appartient pas d’être autre chose que ce que l’Histoire nous a faits.

  Cette France, dont nous sommes les héritiers, s’est historiquement constituée en nation. Il aurait pu en être autrement. C’est un fait, cependant, contre lequel il n’est pas permis d’aller sans manquer à la piété envers les ancêtres.Si, demain, la France cessait d’être une nation, elle cesserait d’être. Aucun de nous n’a le droit de décider que la nation ne sera plus.

  Le nationalisme français se veut donc uniquement de conservation. Il refuse toute volonté d’impérialisme, tout dessein agressif. Il s’agit pour lui de maintenir l’œuvre des pères. C’est qu’en effet, dans un pays comme la France, la nation préexiste au nationalisme. Il a fallu, pour la forger, plus d’un millénaire. Pas davantage, il n’est fait de mépris ou d’hostilité pour les autres peuples. Se reconnaître héritier d’une certaine Histoire, c’est admettre qu’il y a d’autres héritages et des Histoires différentes. Pas plus que nous n’admettons d’être dépossédés, nous ne concevons de déposséder. Le respect d’autrui nous conduit à admettre que les nations n’obéissent pas à la même règle de constitution. Une raison unique ne gouverne pas les empires. »

Louis Daménie, La cathédrale effondrée (Ouvrage Collectif : 5 essais par Henri Massis, Pierre Debray, Louis Daménie)

 

 

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L’insurgé qui meurt pour une idée qu’il a faite sienne

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« Quand dit-on qu’un homme a mis sa vie en ordre ? Il faut pour cela qu’il se soit mis d’accord avec elle et qu’il ait conformé sa conduite à ce qu’il croit vrai. L’insurgé qui, dans le désordre de sa passion, meurt pour une idée qu’il a faite sienne, est en réalité un homme d’ordre parce qu’il a ordonné toute sa conduite à un principe qui lui paraît évident. Mais on ne pourra jamais nous faire considérer comme un homme d’ordre ce privilégié qui fait ses trois repas par jour pendant toute une vie, qui a sa fortune en valeurs sûres, mais qui rentre chez lui quand il y a du bruit dans la rue. Il est seulement un homme de peur et d’épargne. Et si l’ordre français devait être celui de la prudence et de la sécheresse de cœur, nous serions tentés d’y voir le pire désordre, puisque, par indifférence, il autoriserait toutes les injustices. »

Albert Camus, article paru dans « Combat - 12 octobre 1944 »

 

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Reconstruire lentement un homme nouveau

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« Il est clair que vainqueurs et vaincus sont désormais sur le même plan et que le seul résultat de la Deuxième Guerre mondiale a consisté à rabaisser l’Europe au rang d’objet de puissances et d’intérêts extraeuropéens. Il faut d’ailleurs reconnaître que la dévastation qui nous entoure est de caractère essentiellement moral. Nous sommes dans une atmosphère d’anesthésie morale générale, malgré tous les mots d’ordre en usage dans une société de consommation et démocratique : le fléchissement du caractère et de toute dignité vraie, le marasme idéologique, la prédominance des intérêts les plus bas, la vie au jour le jour, voilà ce qui caractérise, en général, l’homme de l’après-guerre. Reconnaître cela, signifie aussi reconnaître que le premier problème, au fondement de tous les autres, est de nature intérieure : se relever, renaître intérieurement, se donner une forme, créer en soi-même ordre et droiture. Ceux qui s’illusionnent, aujourd’hui, sur les possibilités d’une lutte purement politique et sur le pouvoir de telle ou telle formule, de tel ou tel système, qui n’auraient pas pour contrepartie précise une nouvelle qualité humaine, ceux-là n’ont rien appris des leçons du passé récent. Il est un principe qui, aujourd’hui plus que jamais, devrait être d’une évidence absolue : si un État possédait un système politique et social qui serait, en théorie, le plus parfait, mais si la substance humaine était tarée, eh bien cet État descendrait tôt ou tard au niveau des sociétés les plus basses, alors qu’un peuple, une race capable de produire de vrais hommes, des hommes à l’intuition juste et à l’instinct sûr, attendrait un haut niveau de civilisation et résisterait aux épreuves les plus calamiteuses, même si son système politique était défectueux et imparfait. Qu’on prenne donc nettement position contre le faux « réalisme politique », qui ne pense qu’en termes de programmes, de problèmes d’organisation des partis, de recettes sociales et économiques. Tout cela appartient au contingent, non à l’essentiel. La mesure de ce qui peut encore être sauvé dépend en fait de l’existence, ou non, d’hommes qui se tiennent debout devant nous non pour prêcher des formules, mais pour être des exemples, non pour aller à la rencontre de la démagogie et du matérialisme des masses, mais pour réveiller des formes différentes de sensibilité et d’intérêt. A partir de ce qui peut encore subsister parmi les ruines, reconstruire lentement un homme nouveau , l’animer grâce à un esprit et une vision de la vie bien précis, le fortifier par l’adhésion intransigeante à certains principes – tel est le vrai problème. »

Julius Evola, Orientations

 

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L'utilisation de connaissances dispersées...

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22/08/2014

Ceci n'est plus une femme...

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La conception de bien commun dans une société libre

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Un peuple qui a besoin d’aimer et ne trouve rien pour satisfaire son amour

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« C’est une terrible pitié que de voir un peuple qui a besoin d’aimer et ne trouve rien pour satisfaire son amour. Il est permis d’interpréter les malheurs de ce pays dans un langage pompeux, en invoquant les courbes de la natalité, l’absence de pétrole ou la recherche d’un idéal. Mais j’ai le sentiment que nos ancêtres, qui faisaient pourtant d’assez grandes choses, ne se torturaient pas pour trouver un idéal : ils l’avaient dans le sang, ou, si l’on veut, à portée de main, en chair et en os, ou en bois sculpté. Le roi de France, Napoléon, le bon Dieu, étaient des êtres de tous les jours, auxquels on pouvait parler, raconter ses affaires sans s’entendre répondre comme le ferait un idéal moderne : "Monsieur, votre honorée du 10 courant nous est bien parvenu. La loi du 8 septembre 1935, modifiée par le décret du 7 Août 1946, vous donne toutes les précisions sur la question. Reportez-vous au journal officiel. Sans doute, les hommes de l’ancienne France connaissaient-ils un grand nombre de lois ; mais ils n’étaient pas perdus dans ces textes comme un écureuil dans sa cage, qui court, affolé, en croyant au progrès parce que le sol bouge sous ses pieds »

Roger Nimier, Le Grand d'Espagne

 

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Le néant est à la mode

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« Il est temps de nous séparer. Des tâches différentes nous attendent. Où il vous est permis de mépriser, je vais tenter d’oublier. Le premier devoir est de se boucher les oreilles, l’autre est d’imaginer une civilisation.

Amusante ou non, la civilisation nous convient. Elle nous changera d’air. C’est un pari difficile. Par cette difficulté même, elle nous entraînera où nous mènent toujours les personnes sérieuses : au mariage quand nous ne songeons encore qu’au plaisir.

     Si jeunes et déjà civilisés ! Cette idée, à votre place, m’effraierait. Le néant est à la mode. Les démocraties, en tremblant d’aise, y songent comme les vieilles filles songent au séducteur. Elles le voient sous les traits d’un voyou musclé.

     Tout cela, mon père, n’est qu’à moitié votre faute. Une civilisation exige une société et une culture. Vous nous avez transmis la culture, mais il n’y a plus de société. Dire qu’à moins de vingt ans, voilà une question urgente. Quelle barbe !

     Ce problème sera religieux. N’en doutons pas, chaque journal aujourd’hui représente un sacrifice humblement comparable à la messe des chrétiens. Mais ici, c’est l’intelligence qui est crucifiée. Les fidèles, les fidèles lecteurs, s’en frottent les mains.

     Si nous ne trouvons pas cette civilisation, cet état de la grandeur durable où chacun peut aller un peu plus loin parce que les autres ont déjà fait une partie du chemin à sa place – alors nous irons au plus pressé ; pour sortir de cette angoisse, nous retournerons dans la guerre. Car les religions modernes, malgré leur emphase et leurs inquisiteurs nombreux, pèchent par un détail : elles ne sont pas révélées. Leur assurance ne les garde pas d’un doute obscur. Personne ne se fait tuer pour le cinéma, l’hygiène ou les élections cantonales. Voilà l’erreur. Sans martyrs, les religions clament leur peine et ne savent pas vivre. Leur hésitation les oppose. C’est un grand vacillement des vérités ivres mortes. Dans ce temps-là s’avance la jeune barbarie et la seule réponse à tant de questions se nomme la guerre. Dans la guerre, on se sacrifie tout à son aise. Une morale sévère, un ordre, un culte de tous les instants s’imposent aux hommes. Cette conviction est une chose d’importance, au cœur de chacun – et qui saigne pour un faux mouvement.

     Guerre ou civilisation, évidence contre évidence, une génération va choisir. Il y a dans la bassesse des choses une certitude apaisante : c’est qu’elle exige leur conclusion. Notre nature et notre horizon sont limités. Les beaux enfants de la terre n’ont pas mille façons d’expier leurs crimes. Un archange, toujours, se tient à la porte des limbes. Ne craignons rien, il parlera. Il parlera – et, quel que soit son visage, si terrible soit-il, la justice est toujours bonne à prendre. »

Roger Nimier, Le Grand d'Espagne

 

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Il ne lui restait en mémoire que la fatigue des bras aiguillonnés par l’orage ou les gelées prochaines

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« Alors il se mit à expliquer ce qui n’allait point dans l’agriculture ; comme quoi la terre ne rapportait pas. Combien Edouard Moisan devait s’estimer plus heureux de vivre en ville, “parmi le monde”, avec tous les samedis le salaire qui arrive non pas en blé à couper, en pommes de terre à arracher, mais en bon argent qui tombe directement dans la main, infailliblement, “qu’il mouille ou qu’il vente”. Edouard ne s’en défendit pas, car il était vaniteux ; et les plaintes mi-spécieuses, mi-sincères d’Euchariste le confirmaient dans son sentiment de supériorité, lui, le Moisan de la ville, sur le Moisan de la campagne. Aussi bien, d’ailleurs, n’avait-il jamais regretté la ferme paternelle d’où il s’était évadé à vingt ans pour venir épouser une citadine contre le gré de son père ; en vérité, l’attrait de la ville n’avait pas été pour peu dans sa décision, ainsi qu’un fond de paresse insouciante auquel le travail de boutique convenait mieux que la dure corvée du labour. Jamais il ne songeait à ces satisfactions que sont la joie de soigner un bien qui est à soi, la stimulation des espaces larges, le triomphe des récoltes réussies ; tous agréments qui sont théoriquement vrais mais que, en fait, le paysan perçoit bien rarement, si jamais.

Et moins encore à la beauté claironnante des matins sur les prés humides de rosée, à toute cette poésie agreste que seuls goûtent ceux pour qui rien de tout cela n’est quotidien. Il ne lui restait en mémoire que la fatigue des bras aiguillonnés par l’orage ou les gelées prochaines ; du souci de la moisson menacée par un nuage gonflé de grêle. Certes, la nature champêtre lui paraissait grande, si grande, en vérité, qu’il se sentait annihilé par son immensité même. Il aimait mieux dépendre d’un homme. Et de tout cela il ne regrettait parfois que les longues flâneries de l’hiver. Sa boutique lui donnait un sentiment que son cousin ne pouvait connaître ; celui d’être le maîtres des choses. Non, pas un instant il n’avait regretté la terre. »

Ringuet, Trente arpents

 

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Le fait qu'on se serve mal de la liberté individuelle n'est pas une raison pour la restreindre

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21/08/2014

Ceci n'est plus une femme...

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