16/04/2014
Une indifférence à la vérité
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« Je suis allergique à l’hémiplégie en matière de culture politique. Sur le plan des idées, j’ai d’abord acquis une culture de droite. Elle s’est ajoutée à ma culture philosophique, en se combinant plus ou moins bien avec elle. Je me suis ensuite employé à acquérir une culture de gauche. Une telle démarche me paraît toute naturelle : comment peut-on trancher autrement que de manière arbitraire quand on ne connaît pas les points de vue en présence ? Prendre position, c’est se situer par rapport aux arguments et aux contre-arguments, ce qui implique de les connaître. Avoir à la fois une culture de droite et de gauche permet en outre d’identifier dans toute doctrine ce qui peut être sa par de vérité (et aussi sa part d’erreur). L’esprit partisan veut ignorer cela. La plupart des gens ne lisent que ce avec quoi ils se sentent en accord. Cela leur donne du plaisir et cela les rassure. Ils ont besoin d’être confortés dans ce qu’ils pensent déjà. Il ne leur vient pas à l’idée de chercher à savoir, objectivement, ce que pensent leurs adversaires. Ils pressentent obscurément qu’ils ne sauraient pas quoi répondre. Cela risquerait d’entamer leurs certitudes, de contredire leur aspiration à de petits catéchismes simplificateurs. Combien de gens de droite connaissent le contenu du débat théorique engagé dans les années 1930 entre Walter Benjamin et Theodor W. Adorno sur la question du statut de l’art à l’époque de la technique ? Combien de gens de gauche savent en quoi les idées de Gobineau sont incompatibles avec celles de Houston Stewart Chamberlain ? Qui a lu Ernst Bloch et Gustav Landauer à droite ? Qui a lu Joseph de Maistre, Donoso Cortés et Moeller va den Bruck à gauche ? Je trouve détestable cette hémiplégie qu’avait déjà dénoncée José Ortega y Gasset. J’y vois, en dernière analyse, une indifférence à la vérité. »
Alain de Benoist, Mémoire vive
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Le maintien des départements algériens dans le cadre de la République française eût été une catastrophe
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« J’ai vite oublié aussi la thématique de l’Algérie française. Je l’ai déjà dit : défendre cette cause était respectable, défendre la cause inverse l’était aussi. L’indépendance n’était pas seulement inéluctable. C’est le maintien des départements algériens dans le cadre de la République française qui eût été une catastrophe, ce que de Gaulle avait très bien vu, si l’on en croit les propos que lui a prêtés Alain Peyrefitte. J’ai d’ailleurs abandonné en même temps l’anti-gaullisme de principe qui régnait à droite à cette époque. Le général de Gaulle a au contraire suscité chez moi une très grande admiration, du fait de sa politique d’indépendance nationale et de son refus de se soumettre à l’hégémonie américaine. Sa décision, prise en 1966, de retirer la France du dispositif militaire de l’OTAN, qui conduisit à la fermeture des bases américaines installées sur le territoire français, sa politique au Proche-Orient, son célèbre discours de Phnom-Penh, son appel au "Québec libre", sont encore aujourd’hui autant d’exemples à suivre. »
Alain de Benoist, Mémoire vive
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15/04/2014
Les humains se traînent dans Paris. Ils ne vivent plus...
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« Les humains se traînent dans Paris. Ils ne vivent plus, c’est pas vrai !… Jamais ils n’ont leur compte humain de globules, 3 à 5 milliards au lieu de 7. Ils n’existent qu’au ralenti, en larves inquiètes. Pour qu’ils sautent, il faut les doper ! Ils ne s’émoustillent qu’à l’alcool. Observez ces faces d’agoniques… C’est horrible à regarder… Ils semblent toujours un peu se débattre dans un suicide… Une capitale loin de la mer c’est une sale cuve d’asphyxie, un Père-Lachaise en convulsions. C’est pas de l’ "Urbanisme" qu’il nous faut !… C’est plus d’Urbanisme du tout ! La banlieue, faut pas l’arranger, faut la crever, la dissoudre. C’est le bourrelet d’infection, la banlieue, qu’entretient, préserve toute la pourriture de la ville. Tout le monde, toute la ville à la mer ! sur les artères de la campagne, pour se refaire du sang généreux, éparpiller dans la nature, au vent, aux embruns, toutes les hontes, les fientes de la ville. Débrider toutes ces crevasses, ces rues, toutes ces pustules, ces glandes suintantes de tous les pus, les immeubles, guérir l’humanité de son vice infect : la ville… Quant à nos grandes industries, ces immenses empoisonneuses, toujours en train de gémir après la Seine et les transports, on pourrait bien les contenter, les combler dans leurs désirs… les répartir immédiatement sur tous les trajets d’autostrades, sur tout l’immense parcours rural. C’est pas la place qui leur manquerait par catégories. Elles auraient des mille kilomètres de grands espaces de verdure pour dégager leurs infections… Ça dissout bien les poisons, des mille kilomètres d’atmosphère, le vert ça prend bien les carbones… Extirper les masses asphyxiques de leurs réduits, de leur asphalte, les "damnés de la gueule vinasseuse", les arracher du bistrot, les remettre un peu dans les prairies avec leurs écoles et leurs vaches, pour qu’ils réfléchissent un peu mieux, voir s’ils seraient un peu moins cons, les femmes un peu moins hystériques, une fois moins empoisonnés… »
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre
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Révolté, lucide, éveillé, allergique au fric gagné au mépris de tout
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« Si je suis resté à travers tout révolté, lucide, éveillé, allergique au fric gagné au mépris de tout, c’est parce que j’ai toujours pensé à échapper au monotone laborieux de tous les jours. Que je ne suis jamais entré dans un bureau sans me demander comment m’en échapper. Que j’ai toujours refusé des boulots rentables, mais accaparants, au profit de travaux minables, mais peu obsédants. Parce que j’ai refusé toute forme de responsabilité dans le travail. Parce que j’ai toujours considéré mes patrons, même les plus humains - les paternalistes, les pires - comme des exploiteurs professionnels et des gardiens de taule à contrer. Et aussi et surtout, parce que le superflu m’a toujours paru le sel de la vie et que seuls les charmes de l’inutile peuvent vous aider à supporter les horreurs de l’indispensable quotidien. »
Jacques Sternberg, Vivre en survivant
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La fascination de toutes les formes d'extrémisme
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« Celui qui, avant la trentaine, n'a pas subi la fascination de toutes les formes d'extrémisme, je ne sais si je dois l'admirer ou le mépriser, le considérer comme un saint ou un cadavre. (…)
Vivre véritablement, c'est refuser les autres : pour les accepter, il faut savoir renoncer, se faire violence, agir contre sa propre nature, s'affaiblir : on ne peut concevoir la liberté que pour soi-même ; on ne l'étend à ses proches qu'au prix d'efforts épuisants. Fonction d'une ardeur éteinte, d'un déséquilibre, non point par surcroît, mais par défaut d'énergie, la tolérance ne peut séduire les jeunes. Donnez-leur l'espoir ou l'occasion d'un massacre, ils vous suivront aveuglément. Au sortir de l'adolescence, on est par définition fanatique : je l'ai été moi aussi, et jusqu'au ridicule. »
Emil Cioran, Histoire et Utopie
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Jusqu’à ma mort je resterai un tout petit enfant abandonné
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« Lorsque j’étais bébé, ma mère ne m’a pas suffisamment bercé, caressé, cajolé ; elle n’a simplement pas été suffisamment tendre ; c’est tout, et ça explique le reste, et l’intégralité de ma personnalité à peu près, ses zones les plus douloureuses en tout cas. Aujourd’hui encore, lorsqu’une femme refuse de me toucher, de me caresser, j’en éprouve une souffrance atroce, intolérable ; c’est un déchirement, un effondrement, c’est si effrayant que j’ai toujours préféré, plutôt que de prendre le risque, renoncer à toute tentative de séduction. La douleur à ces moments est si violente que je ne peux même pas correctement la décrire ; elle dépasse toutes les douleurs morales, et la quasi-totalité des douleurs physiques que j’ai pu connaître par ailleurs ; j’ai l’impression à ces moments de mourir, d’être anéanti, vraiment. Le phénomène est simple, rien ne me paraît plus simple à expliquer ni à interpréter ; je crois aussi que c’est un mal inguérissable. J’ai essayé. La psychanalyse s’est depuis toujours déclarée impuissante à lutter contre des pathologies aussi bien ancrées ; mais j’ai un temps placé quelque espoir dans le rebirth, le cri primal… Ça n’a rien donné. Je le sais maintenant : jusqu’à ma mort je resterai un tout petit enfant abandonné, hurlant de peur et de froid, affamé de caresses. »
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14/04/2014
Ce va-et-vient aux abîmes est un trajet solitaire
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« Sait-on jamais ce que c’est ? Ce va-et-vient aux abîmes est un trajet solitaire. Ceux qui remontent de ces gouffres se sont cherchés sans se rejoindre. Seule la cruauté du jour rassemble leur troupeau errant. Ils renaissent douloureusement et se retournent : la nuit a effacé la trace de leurs pas. Les ivresses, si contagieuses, sont incommunicables. »
« En revanche, à ta place je m'inquiéterais d'avoir un mari qui vient de découvrir que tout ce qui était rassurant était ennuyeux, comme ces souvenirs qui nous entourent, dont on ne peut rien retrancher, auxquels on ne peut rien ajouter, parmi lesquels nous allons bientôt prendre la pose à notre tour ; car nous arrivons à la dernière étape denotre vie... »
Antoine Blondin, Un singe en hiver
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Il ne faut pas cracher sur les cadeaux de la création...
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« Qui sait si nous ne serons pas comptables de toutes les joies que nous nous serons refusées, de tous les chemins que nous n’aurons pas suivis, de tous les verres que nous n’aurons pas bus... Il ne faut pas cracher sur les cadeaux de la création, Dieu déteste cela. »
« Je vis au seuil de moi-même, à l'intérieur il fait sombre. »
Antoine Blondin, Un singe en hiver
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La prostitution des idées...
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« A l’heure actuelle je ne connais pas de système ou de parti auquel on puisse confier une idée vraie avec le moindre espoir de la retrouver intacte le lendemain, ou simplement reconnaissable. Je dispose d’un petit nombre d’idées vraies, elles me sont chères, je ne les enverrai pas à l’assistance publique, pour ne pas dire à la maison publique, car la prostitution des idées est devenue dans le monde entier une institution d’état. Toutes les idées qu’on laisse aller toute seule, avec leur natte sur le dos et un petit panier à la main comme le chaperon rouge, sont violées au premier coin de rue par n’importe quel slogan en uniforme. »
Georges Bernanos, La liberté pour quoi faire ?
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Penser c’est un risque
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« Je ne suis pas un homme prudent, penser n’est pas pour moi une besogne ou un plaisir, c’est un risque. »
« Les voix libératrices ne sont pas les voix apaisantes, les voix rassurantes, elles ne se contentent pas de nous inviter à attendre l’avenir comme on attend le train. L’avenir est quelque chose qui se surmonte ; on ne subit pas l’avenir on le fait. »
Georges Bernanos, La liberté pour quoi faire ?
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13/04/2014
Ils n’avaient pas de paupières
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« Tout à coup je m’aperçus avec horreur qu’ils n’avaient pas de paupières. J’avais déjà vu des soldats sans paupières, sous le hall de la gare de Minsk, quelques jours plus tôt, à mon retour de Smolensk. Le froid terrible cet hiver-là avait produit les cas les plus étranges. Des milliers et des milliers de soldats avaient perdu les membres; le gel avait fait tomber par milliers et par milliers des oreilles, des nez, des doigts, des organes génitaux. Beaucoup avaient perdu tous leurs cheveux. On avait vu des soldats devenir chauves en une nuit, d’autres perdre leurs cheveux par plaque, comme des teigneux. Beaucoup avaient perdu les paupières. Brûlée par le froid, la paupière se détachait comme un morceau de peau morte. J’observais avec horreur, à Varsovie, les yeux de ces pauvres soldats du Café Europeiski, cette pupille qui se dilatait et se resserrait au milieu d’un œil écarquillé et fixe, dans un vain effort fait pour éviter la lumière. Je pensais que ces malheureux dormaient les yeux grands ouverts dans le noir, que leur paupière était la nuit, que c’était, les yeux écarquillés et fixes, qu’ils traversaient le jour pour s’en venir à la rencontre de la nuit; qu’ils s’asseyaient au soleil en attendant que l’ombre nocturne descendît sur leurs yeux comme une paupière, que leur destin, c’était la folie, que, seule, la folie donnerait un peu d’ombre à leurs yeux sans paupières. »
Curzio Malaparte, Kaputt
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Le besoin de surpasser la nature
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« Quant au noir artificiel qui cerne l’oeil et au rouge qui marque la partie supérieure, bien que l’usage en soit tiré du même principe, du besoin de surpasser la nature, le résultat est fait pour satisfaire à un besoin tout opposé. Le rouge et le noir représentent la vie, une vie surnaturelle et excessive ; ce cadre noir rend le regard plus profond et plus singulier, donne à l’oeil une apparence plus décidée de fenêtre ouverte sur l’infini ; le rouge, qui enflamme la pommette, augmente encore la clarté de la prunelle, et ajoute à un beau visage féminin la passion mystérieuse de la prêtresse. »
Charles Baudelaire, Eloge du maquillage
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À une heure du matin
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« ENFIN ! seul ! On n'entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même. Enfin ! il m'est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres! D'abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde. Horrible vie ! Horrible ville !
Récapitulons la journée : avoir vu plusieurs hommes de lettres, dont l'un m'a demandé si l'on pouvait aller en Russie par voie de terre (il prenait sans doute la Russie pour une île) ; avoir disputé généreusement contre le directeur d'une revue, qui à chaque objection répondait : "C'est ici le parti des honnêtes gens", ce qui implique que tous les autres journaux sont rédigés par des coquins ; avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont inconnues ; avoir distribué des poignées de main dans la même proportion, et cela sans avoir pris la précaution d'acheter des gants ; être monté pour tuer le temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m'a prié de lui dessiner un costume de Vénustre ; avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m'a dit en me congédiant : "- Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z... ; c'est le plus lourd, le plus sot et le plus célèbre de tous mes auteurs, avec lui vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons" ; m'être vanté (pourquoi ?) de plusieurs vilaines actions que je n'ai jamais commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j'ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain ; avoir refusé à un ami un service facile, et donné une recommandation écrite à un parfait drôle ; ouf ! est-ce bien fini ?
Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m'enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Âmes de ceux que j'ai aimés, âmes de ceux que j'ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise ! »
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris ou Petits poèmes en prose
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11/04/2014
Un rapport obsessionnel au corps, à la chair, au sexe
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« Le Voile, c’est un rapport obsessionnel au corps, à la chair, au sexe. Le voile, c’est le contrôle de la sexualité des femmes. Ne soyons pas assez naïfs pour croire que le Hijab serait acceptable, voire progressiste alors que la Burqa serait rétrograde et inacceptable. La différence entre les deux ne tient qu’à la taille du tissu. La signification reste la même : la manifestation archaïque de l’oppression et de la soumission des femmes. Ces femmes prétendent qu’elles se voilent pour ne pas attirer le regard des hommes et réveiller leurs pulsions. Cette conception qui considère la femme comme une "tentatrice inassouvie" et l’homme comme un "perpétuel prédateur" est totalement infantile et primaire.
Je n’ai pas honte d’être née femme. Je n’ai pas à m’en excuser. Je n’ai pas à m’en cacher. Les Islamistes rendent les femmes coupables de leurs désirs, de leurs misères et de leurs frustrations sexuelles. Ce sont des malades du sexe. La haine et la soumission des femmes cristallisent leur idéologie. Il ne peut y avoir des femmes libres et émancipées dans un Etat islamique, ni d’hommes d’ailleurs. Engels avait raison de dire que "le degré d’émancipation de la femme est la mesure du degré d’émancipation générale".
Il n’y a que dans les pays qui chosifient les femmes que la chair devient l’objet de fantasmes permanents, que la misère sexuelle s’installe et que des névroses et démences collectives se développent, allant même jusqu’à autoriser le "mariage provisoire" ou "mariage de plaisir", véritable couverture religieuse à la prostitution. »
Djemila Benhabib, Ma vie à contre-Coran
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10/04/2014
Imbus des mêmes droits, les peuples courront aux mêmes buts
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« C’est la même clarté indépendante des sentiments nationaux qui nous manifeste qu’une des misères du monde tient aux ambitions indignes du patriotisme germain à qui l’égalitarisme international a tourné la tête. Ce dogme de l’égalité des nations est la cause de l’anarchie européenne. On multiplie l’égoïsme et les jalousies quand on donne des noms divins aux vulgaires passions de la nature et de l’histoire.
Ainsi divinisés et sacrés, supposés égaux, identiques pour tous les peuples, les patriotismes voudront apparaître de plus en plus irréductibles. Ils seront estimés plus purs à proportion qu’ils se montreront plus farouches. Ils le diront et le croiront, et il s’en suivra de leur part une difficulté croissante à entrer dans aucune considération ni combinaison internationale modérée ou sensée. Mais aussi qu’arrivera-t-il ? On verra s’aggraver ce qu’a vu la planète depuis la Révolution : imbus des mêmes droits, les peuples courront aux mêmes buts, afficheront les mêmes visées et se rueront aux mêmes tueries, pour les mêmes mirages. »
Charles Maurras, Le Pape, la guerre et la paix (1917)
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Il n’eût fallu que quelques circonstances favorables pour que les bretons de France fussent devenus protestants, comme leurs frères les Gallois d’Angleterre
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« La religion est la forme sous laquelle les races celtiques dissimulent leur soif d’idéal ; mais l’on se trompe tout à fait quand on croit que la religion est pour elles une chaîne, un assujettissement. Aucune race n’a le sentiment religieux plus indépendant. Ce n’est qu’à partir du XIIe siècle, et par suite de l’appui que les Normands de France donnèrent au siège de Rome, que le christianisme breton fut entraîné bien nettement dans le courant de la catholicité. Il n’eût fallu que quelques circonstances favorables pour que les bretons de France fussent devenus protestants, comme leurs frères les Gallois d’Angleterre. Au XVIIe siècle, notre Bretagne française fut tout à fait conquise par les habitudes jésuitiques et le genre de piété du reste du monde. Jusque-là, la religion y avait eu un cachet absolument à part.
C’est surtout par le culte des saints qu’elle était caractérisée. Entre tant de particularités que la Bretagne possède en propre, l’hagiographie locale est sûrement la plus singulière. Quand on visite à pied le pays, une chose frappe au premier coup d’œil. Les églises paroissiales, où se fait le culte du dimanche, ne diffèrent pas essentiellement de celles des autres pays. Que si l’on parcourt la campagne, au contraire, on rencontre souvent dans une seule paroisse jusqu’à dix et quinze chapelles, petites maisonnettes n’ayant le plus souvent qu’une porte et une fenêtre, et dédiées à un saint dont on n’a jamais entendu parler dans le reste de la chrétienté. Ces saints locaux, que l’on compte par centaines, sont tous du Ve ou du VIe siècle, c’est-à-dire de l’époque de l’émigration ; ce sont des personnages ayant pour la plupart réellement existé, mais que la légende a entourés du plus brillant réseau de fables. Ces fables, d’une naïveté sans pareille, vrai trésor de mythologie celtique et d’imaginations populaires, n’ont jamais été complètement écrites. Les recueils édifiants faits par les bénédictins et les jésuites, même le naïf et curieux écrit d’Albert Legrand, dominicain de Morlaix, n’en présentent qu’une faible partie. Loin d’encourager ces vieilles dévotions populaires, le clergé ne fait que les tolérer ; s’il le pouvait, il les supprimerait. Il sent bien que c’est là le reste d’un autre monde, d’un monde peu orthodoxe. On vient, une fois par an, dire la messe dans ces chapelles ; les saints auxquels elles sont dédiées sont trop maîtres du pays pour qu’on songe à les chasser ; mais on ne parle guère d’eux à la paroisse. Le clergé laisse le peuple visiter ces petits sanctuaires selon les rites antiques, y venir demander la guérison de telle ou telle maladie, y pratiquer ses cultes bizarres ; il feint de l’ignorer. Où donc est caché le trésor de ces vieilles histoires ? Dans la mémoire du peuple. »
Ernest Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse
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Un poète ne se conquiert pas sur l'informe, mais sur les formes qu'il admire
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« Rimbaud ne commence pas par écrire du Rimbaud informe mais du Banville ; de même, si nous changeons le nom de Banville pour Mallarmé, Baudelaire, Nerval, Victor Hugo. Un poète ne se conquiert pas sur l'informe, mais sur les formes qu'il admire. Un romancier aussi. […] La création n'est pas le prix d'une victoire sur la vie, mais sur le monde de l'écrit dont il est habité. »
André Malraux, L'homme précaire et la littérature
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Les maisons sont attaquées à coups de hache, on y met le feu
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« Les rues de Sétif sont encore en proie au massacre que déjà des émissaires gagnent le bled en taxi pour y annoncer le déclenchement de la révolte. A Sillègue, un musulman avertit à temps l’adjoint spécial qui va prendre son revolver. L’émeute éclate partout dans la localité et les habitants n’ont qu’une ressource : se barricader chez eux. Le pillage commence. Les maisons sont attaquées à coups de hache, on y met le feu. L’affaire dure des heures. Trois morts sont découverts, affreusement mutilés. Des femmes sont violées.
Sur la route, près d’El-Ouricia, l’abbé Navaro, aumônier militaire, circule à motocyclette. Une balle de revolver le fait tomber. Horriblement mutilé, il succombe à ses blessures. Aux Amouchas, l’administrateur Rousseau et son adjoint, ainsi qu’un gérant de ferme, sont assassinés.
A Ain-Abessa, un millier de musulmans attaquent le village. A Lafayette, les émeutiers envahissent les maisons particulières, les pillent. Les habitants se défendent comme ils peuvent, parfois aidés par leurs employés musulmans. On compte trois morts parmi les Israélites, dont un garçon de 15 ans, Roland Lévy. Seul chez ses parents, il a entendu des coups de feu et s’est réfugié chez la domestique de sa mère, une Mauresque qui l’a roulé dans un pardessus et caché sous une table. Les émeutiers se sont présentés. Ils ont fouillé minutieusement tous les endroits où pouvaient se cacher des Français. La Mauresque qui leur barrait la route a été brutalement frappée. Deux hommes ont découvert l’enfant, et, malgré ses cris, l’ont tué de deux coups de fusil...
Au centre de colonisation de Périgotville on comptera 14 morts dont deux tirailleurs français, Hartman et Poissonnet. 40 fusils, 10000 cartouches sont volés au bordj administratif !
Voici un rapport officiel : "…Un des forcenés, un tailleur de Périgotville, Ben Mihoub Raoues, mettant en joue le receveur des postes avec un fusil volé à la commune, l’abattit froidement, malgré les supplications de Mme Sambin qui, un bébé dans les bras, tentait, mais en vain, d’apitoyer le bandit. La cave était pleine d’émeutiers, la malheureuse mère ne put voir ce qui se passait un peu plus loin, mais soudain elle entendit cinq coups de feu. C’était son fils Pierre, âgé de 11 ans, qui tombait sous les balles d’un autre assassin, Guerfi Mohammed.
Bien qu’atteint de 5 projectiles à la poitrine, l’enfant eut la force de se traîner chez un voisin et de dénoncer celui qui avait tiré sur lui. Il le connaissait bien, c’était l’écrivain public du village qu’il voyait chaque jour devant la poste." (Acte d’accusation des assaillants du bureau de poste de Périgotville.)
Le village de Chevreul a été fondé en 1898. Les terres y sont de bonne qualité. Quatre gendarmes à cheval veillent sur l’ordre. Ici, on ignore les événements de Sétif et on danse pour fêter la Victoire. Aux premières heures du 9 mai, on entend des coups de feu, des jets de pierres sur les maisons. Quelques habitants organisent une patrouille mais ne découvrent rien. Au petit jour, lors d’une deuxième ronde, ils constatent, près d’une maison cantonnière, que les fils téléphoniques sont coupés.
Entendant arriver les émeutiers, M. Grousset, sa femme et sa fille tentent de se réfugier dans l’habitation d’un de leurs ouvriers musulmans. Ils n’y parviennent pas et se cachent dans un bosquet où ils sont découverts. M. Grousset, qui est sans arme, supplie qu’on épargne les siens. On lui lie les mains, on l’assomme à coups de bâton, on l’achève à coups de feu. Les deux femmes sont violées par une centaine d’hommes et ramenées chez elles avant d’être achevées à leur tour.
A 7 heures du matin, plus de 3000 musulmans se précipitent sur Chevreul et assiègent la gendarmerie. Il n’y a que 12 hommes armés à l’intérieur, y compris les gendarmes. La porte est enfoncée, le vestibule envahi. Femmes et enfants se réfugient au premier étage. C’est presque le corps à corps. Soudain, on ne sait pour quelle raison, les assiégeants se retirent. Puis ils reviennent apportant du fourrage, ils répandent de l’essence dessus et y mettent le feu. De la gendarmerie on entend les hurlements des Français qui n’ont pas pu se mettre à l’abri, les you-you des femmes musulmanes qui excitent les émeutiers. A la chapelle les statues sont décapitées, l’autel saccagé. Une femme de 83 ans est violée... »
Claude Paillat, Le guêpier
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09/04/2014
Les manquements de la conscience humaine, privée de sa dimension divine
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« Les manquements de la conscience humaine, privée de sa dimension divine, ont constitué un facteur déterminant dans tous les grands crimes de ce siècle. Le premier a été la Première Guerre mondiale, puisqu’une bonne partie de notre situation actuelle en découle. Cette guerre (…) a eut lieu quand l’Europe, débordante de santé et de richesse, est tombée dans une folie d’automutilation qui ne pouvait que ruiner sa force pour un siècle ou plus, et peut-être pour toujours. La seule explication possible à ce phénomène est une éclipse spirituelle chez les dirigeants de l’Europe, qui avaient perdu la conscience d’une Suprême Puissance au dessus de leur tête (…). Seule la perte de cette intuition supérieure émanant de Dieu a pu permettre à l’Occident d’accepter calmement, après la Première Guerre mondiale, l’agonie prolongée de la Russie, mise en pièces par une bande de cannibales (…). L’Occident n’a pas compris que c’était en fait le commencement d’un processus durable qui annonçait un désastre pour le monde entier. »
Alexandre Soljénitsyne, Men have forgotten God, National Review, juillet 1983
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Les piliers de l'ordre bourgeois
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« De nombreux militants de gauche s'insurgent encore contre la famille autoritaire, le moralisme anti sexuel, la censure littéraire, la morale du travail et autres piliers de l'ordre bourgeois, alors que ceux-ci ont déjà été sapés ou détruits par le capitalisme avancé. Ces radicaux ne voient pas que la personnalité autoritaire n'est plus le prototype de l'homme économique. Ce dernier a lui-même cédé la place à l'homme psychologique de notre temps -dernier avatar de l'individualisme bourgeois. »
Christopher Lasch, La culture du narcissisme
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Il est fatal et légitime que la prépondérance intellectuelle appartienne à celui qui possède la prépondérance économique
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« En 1914, à la veille de la guerre, Barrès revenait d’un voyage au Proche Orient. Partout, il y avait admiré nos instituts et nos écoles prospères encore, mais les maîtres allaient manquer puisque les noviciats étaient interdits en France. Barrès alla donc trouver Jaurès : "Monsieur Jaurès, lui dis-je, je viens d’aller par terre de Beyrouth à Constantinople, après un arrêt à Alexandrie. Précédemment, j’avais visité la Grèce et l’Egypte. Savez-vous à quel point, dans tous ces pays, c’est notre esprit qui domine ?" Mais faute de recrutement, ces écoles étaient menacées de ruine. Il fallait que Jaurès aidât Barrès à rouvrir les noviciats de France, sinon l’Allemagne, dont la situation économique dans le Levant l’emportait déjà sur la nôtre, se substituerait à nous.
La réponse de Jaurès fût étonnante : "Monsieur Barrès, il est fatal et légitime que la prépondérance intellectuelle appartienne à celui qui possède la prépondérance économique. Je ne m’associerais pas à votre campagne." »
François Mauriac, Bloc-notes 1952-1957
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08/04/2014
Il fallait nécessairement que l’Allemagne étendît l’aire de son système économique
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« La guerre pouvait ne pas éclater en septembre 1939, mais il fallait nécessairement que l’Allemagne étendît l’aire de son système économique, système auquel elle ne pouvait renoncer puisqu’il lui avait permis de rappeler à la vie active des millions d’hommes auparavant condamnés à la dégradation du chômage. Cette extension la mettait nécessairement en conflit avec les puissances capitalistes, intéressées à ce que ne se resserrât point le secteur de l’économie capitaliste dans le monde. [...] Si l’on veut remonter aux sources du conflit, on en trouvera l’origine première dans le sauve-qui-peut de 1931, quand on vit les puissances riches uniquement, et d’ailleurs vainement, occupées, sous le choc de la crise, d’assurer leur salut propre, trahissant ainsi en fait le cosmopolitisme qu’elles affirmaient en doctrine. »
Bertrand de Jouvenel, Après la défaite
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07/04/2014
Un pouvoir absolu supprime d’autant plus radicalement l’histoire qu’il a pour ce faire des intérêts ou des obligations plus impérieux
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« La première intention de la domination spectaculaire était de faire disparaître la connaissance historique en général ; et d’abord presque toutes les informations et tous les commentaires raisonnables sur le plus récent passé. Une si flagrante évidence n’a pas besoin d’être expliquée. Le spectacle organise avec maîtrise l’ignorance de ce qui advient et, tout de suite après, l’oubli de ce qui a pu quand même en être connu. Le plus important est le plus caché. Rien, depuis vingt ans, n’a été recouvert de tant de mensonges commandés que l’histoire de mai 1968. D’utiles leçons ont pourtant été tirées de quelques études démystifiées sur ces journées et leurs origines ; mais c’est le secret de l’État.
En France, il y a déjà une dizaine d’années, un président de la République, oublié depuis mais flottant alors à la surface du spectacle, exprimait naïvement la joie qu’il ressentait, "sachant que nous vivrons désormais dans un monde sans mémoire, où, comme sur la surface de l’eau, l’image chasse indéfiniment l’image". C’est en effet commode pour qui est aux affaires ; et sait y rester. La fin de l’histoire est un plaisant repos pour tout pouvoir présent. Elle lui garantit absolument le succès de l’ensemble de ses entreprises, ou du moins le bruit du succès.
Un pouvoir absolu supprime d’autant plus radicalement l’histoire qu’il a pour ce faire des intérêts ou des obligations plus impérieux, et surtout selon qu’il a trouvé de plus ou moins grandes facilités pratiques d’exécution. Ts’in Che-houang-ti a fait brûler les livres, mais il n’a pas réussi à les faire disparaître tous. Staline avait poussé plus loin la réalisation d’un tel projet dans notre siècle mais, malgré les complicités de toutes sortes qu’il a pu trouver hors des frontières de son empire, il restait une vaste zone du monde inaccessible à sa police, où l’on riait de ses impostures. Le spectaculaire intégré a fait mieux, avec de très nouveaux procédés, et en opérant cette fois mondialement. L’ineptie qui se fait respecter partout, il n’est plus permis d’en rire ; en tout cas il est devenu impossible de faire savoir qu’on en rit.
Le domaine de l’histoire était le mémorable, la totalité des événements dont les conséquences se manifesteraient longtemps. C’était inséparablement la connaissance qui devrait durer, et aiderait à comprendre, au moins partiellement, ce qu’il adviendrait de nouveau : "une acquisition pour toujours", dit Thucydide. Par là l’histoire était la "mesure" d’une nouveauté véritable ; et qui vend la nouveauté a tout intérêt à faire disparaître le moyen de la mesurer. Quand l’important se fait socialement reconnaître comme ce qui est instantané, et va l’être encore l’instant d’après, autre et même, et que remplacera toujours une autre importance instantanée, on peut aussi bien dire que le moyen employé garantit une sorte d’éternité de cette non-importance, qui parle si haut.
Le précieux avantage que le spectacle a retiré de cette "mise hors la loi" de l’histoire, d’avoir déjà condamné toute l’histoire récente à passer à la clandestinité, et d’avoir réussi à faire oublier très généralement l’esprit historique dans la société, c’est d’abord de couvrir sa propre histoire : le mouvement même de sa récente conquête du monde. Son pouvoir apparaît déjà familier, comme s’il avait depuis toujours été là. Tous les usurpateurs ont voulu faire oublier "qu’ils viennent d’arriver". »
Guy Debord, Commentaires sur La société du spectacle
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On leur fabrique des dieux nouveaux et, s’il le faut, plusieurs idoles nouvelles par mois !
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« Comment éberluer, tenir dans les chaînes toutes ces viandes mornes ?… en plus des discours et de l’alcool ? Par la radio, le cinéma ! On leur fabrique des dieux nouveaux ! Et du même coup, s’il le faut, plusieurs idoles nouvelles par mois ! de plus en plus niaises et plus creuse ! M. Fairbanks, M. Powell, donnerez-vous l’immense joie aux multitudes qui vous adulent, de daigner un petit instant paraître en personne ? dans toute votre gloire bouleversante ? épanouissime ? quelques secondes éternelles ? sur un trône tout en or massif ? que cinquante nations du monde puissent enfin vous contempler dans la chair de Dieu !… Ce n’est plus aux artistes inouïs, aux génies sublimissimes que s’adressent nos timides prières… nos ferveurs brûlantes… c’est aux dieux, aux dieux des veaux… les plus puissants, les plus réels de tous les dieux… Comment se fabriquent, je vous demande, les idoles dont se peuplent tous les rêves des générations d’aujourd’hui ? Comment le plus infime crétin, le canard le plus rebutant, la plus désespérante donzelle, peuvent-ils se muer en dieux ?… déesse ? recueillir plus d’âmes en un jour que Jésus-Christ en deux mille ans ?… Publicité ! Que demande toute la foule moderne ? Elle demande à se mettre à genoux devant l’or et devant la merde !… Elle a le goût du faux, du bidon, de la farcie connerie, comme aucune foule n’eut jamais dans toutes les pires antiquités… Du coup, on la gave, elle en crève… Et plus nulle, plus insignifiante est l’idole choisie au départ, plus elle a de chance de triompher dans le cœur des foules… mieux la publicité s’accroche à sa nullité, pénètre, entraîne toute l’idolâtrie… Ce sont les surfaces les plus lisses qui prennent le mieux la peinture. »
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre
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Des qui se miroitaient pas d'illusion !
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« La supériorité pratique des grandes religions chrétiennes, c’est qu’elles doraient pas la pilule. Elles essayaient pas d’étourdir, elles cherchaient pas l’électeur, elles sentaient pas le besoin de plaire, elles tortillaient pas du panier. Elles saisissaient l’Homme au berceau et lui cassaient le morceau d’autor. Elles le rencardaient sans ambages : "Toi petit putricule informe, tu seras jamais qu’une ordure… De naissance tu n’es que merde… Est-ce que tu m’entends ?… C’est l’évidence même, c’est le principe de tout ! Cependant, peut-être…. peut-être… en y regardant de tout près… que t’as encore une petite chance de te faire un peu pardonner d’être comme ça tellement immonde, excrémentiel, incroyable… C’est de faire bonne mine à toutes les peines, épreuves, misères et tortures de ta brève ou longue existence. Dans la parfaite humilité… La vie, vache, n’est qu’une âpre épreuve ! T’essouffle pas ! Cherche pas midi à quatorze heures ! Sauve ton âme, c’est déjà joli ! Peut-être qu’à la fin du calvaire, si t’es extrêmement régulier, un héros, 'de fermer ta gueule', tu claboteras dans les principes… Mais c’est pas certain… un petit poil moins putride à la crevaison qu’en naissant… et quand tu verseras dans la nuit plus respirable qu’à l’aurore… Mais te montre pas la bourriche ! C’est bien tout !… Fais gafe ! Spécule pas sur des grandes choses ! Pour un étron c’est le maximum !…"
Ça ! c’était sérieusement causé ! Par des vrais Pères de l’Église ! Qui connaissaient leur ustensile ! qui se miroitaient pas d’illusion ! »
Louis-Ferdinand Céline, Mea Culpa
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