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13/05/2020

Loi Avia : « Sous couvert de lutte contre les "contenus haineux", c’est la liberté d’expression qu’on assassine »

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La députée Laetitia Avia (LREM)

 

FIGAROVOX/TRIBUNE -- La proposition de loi de la députée Laetitia Avia, visant à mieux lutter contre les «propos haineux» sur Internet, sera certainement adoptée ce mercredi 13 mai à l’Assemblée nationale. Jean-Thomas Lesueur et Cyrille Dalmont, de l’Institut Thomas More, dénoncent le caractère subjectif de la définition de ces « contenus haineux ».

Par Jean-Thomas Lesueur et Cyrille Dalmont

 

Jean-Thomas Lesueur, délégué général, et Cyrille Dalmont, chercheur associé à l’Institut Thomas More.

Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité ont décidément un problème avec la liberté, notamment la liberté d’expression. Ils n’en finissent plus de chercher, sans fard ni vergogne, à contrôler l’information sous toutes ses formes dans notre pays.

Le 15 janvier dernier, c’était le président de la République lui-même qui, lors de ses vœux à la presse, déclarait de manière stupéfiante: « Nous sommes confrontés à la lutte contre les fausses informations, les détournements sur les réseaux sociaux. L’éducation reste le fondement de cette lutte. Il nous faut donc pouvoir répondre à ce défi contemporain, définir collectivement le statut de tel ou tel document »… Puis il y a eu, en pleine crise du Covid-19, l’initiative gouvernementale visant à imposer une plateforme de « ré-information » ou de « validation » des informations jugées fiables publiées dans les médias ou sur les réseaux sociaux au sujet de la crise sanitaire. Baptisée « Désinfox coronavirus », la plateforme a été heureusement retirée le 5 mai suite au recours déposé en urgence par le Syndicat national des journalistes (SNJ) devant le Conseil d’État.

Aujourd’hui, c’est la proposition de loi Avia visant à « lutter contre les contenus haineux sur Internet », qui fait son grand retour à l’Assemblée nationale, en plein état d’urgence sanitaire, pour être discutée en séance publique (mais dans les conditions restrictives adoptées par la chambre dans le cadre de la crise sanitaire) ce mercredi 13 mai. Cette proposition de loi - très décriée, pour ne pas dire contestée, par de nombreuses organisations telles que la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), le Conseil national du numérique et même la Commission européenne - va donc encore une fois faire l’objet d’une tentative de passage en force par le gouvernement qui avait engagé une procédure accélérée sur le texte en mai 2019.

Il est hélas plus que probable qu’il sera adopté, du simple fait de la majorité dont dispose le gouvernement et de la faible mobilisation parlementaire, notamment à droite (hors de quelques exceptions notables). Il est à craindre également qu’il sera mis en application dans un délai extrêmement court, si l’on en croit le secrétaire d’État au numérique Cédric O, qui a affirmé lors de son audition devant la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée le 5 mai dernier : « Il s’agit maintenant de faire en sorte de prendre les décrets d’application au plus vite pour que cette loi s’applique »... 

Cette célérité gouvernementale, en pleine phase de déconfinement, période délicate s’il en est et qui devrait mobiliser toute l’attention de l’exécutif, interroge et inquiète. Serait-ce qu’il anticipe le moment où des comptes lui seront demandés pour sa gestion calamiteuse de la crise sanitaire, en misant sur des outils orientant favorablement le « débat public » ? On ne sait et on n’ose le penser…

En tout état de cause, et quelles que soient les circonstances, cette proposition de loi est, dans son fondement même, particulièrement liberticide. En effet, la notion de « contenus haineux » n’est tout simplement pas recevable puisqu’elle ne peut faire l’objet d’aucune définition juridique. C’est la porte ouverte au plus pur arbitraire. Comme l’a écrit l’essayiste et avocat François Sureau, « en se fondant sur la notion de haine, qui est un sentiment, relevant du for intérieur, la loi introduit désormais la répression pénale à l’intérieur de la conscience ».

La notion de « contenu haineux » est donc, non seulement juridiquement incertaine (car non définie et indéfinissable), mais totalement dépendante de l’intention de son auteur au moment où il la diffuse ainsi que des a priori et des convictions du lecteur ou de l’autorité administrative qui en demandera la censure. La loi Avia provoque ainsi un basculement juridique vers la pénalisation de l’intention morale de l’auteur, tel que dénoncé dans le film de science-fiction Minority Report...

Car il est bien évident que la qualification d’un « contenu haineux » ne sera pas la même selon les croyances et les convictions de chacun. Par exemple, mais ce n’est qu’un exemple parfaitement conjectural: l’affirmation selon laquelle le Président de la République et le gouvernement ont menti en toute connaissance de cause quant à l’absence de masques et à leur efficience dans la lutte contre l’épidémie devra-t-elle être considérée comme un « contenu haineux » ?

Certain affirmeront que c’est un simple constat, étayé par des faits mis en lumière par plusieurs enquêtes journalistiques. D’autres défendront l’action du gouvernement avec des arguments et des contrefaits. D’autres encore se contenteront d’y voir une « incitation à la haine ». Si ces derniers l’emportent, la liberté d’expression quittera définitivement le registre des libertés fondamentales dans notre pays.

 

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SOURCE : Le Figaro

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La légende de la croyance médiévale en la Terre plate

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Par GREGOIRE QUEVREUX

 

La Terre est-elle plate ? Probablement pas… Soit, mais on l’a bien cru durant tout le Moyen Âge, période bien connue pour son ignorance et son obscurantisme. Il était même obligatoire d’y croire, puisqu’il s’agissait d’un dogme religieux. L’historien Jeffrey Burton Russell affirme cependant que ces poncifs relèvent d’une légende, dont il retrace l’origine dans l’Amérique du XIXe siècle.

 


Colomb devant ses détracteurs

 

Jeffrey Burton Russell (né en 1934) est un médiéviste américain, professeur émérite de l’Université Santa-Barbara en Californie. Spécialiste de l’histoire des dissidences au Moyen Âge (hérésie, paganisme, sorcellerie…), il est également connu pour avoir écrit une histoire de la figure du diable en cinq volumes, de l’antiquité à l’époque contemporaine. Il a également écrit plusieurs ouvrages destinés au grand public, visant à critiquer la « légende noire » du Moyen Âge chrétien. Parmi ceux-ci, on trouve Inventing the flat earth, Columbus and the modern historians, publié en 1991, qui critique le lieu commun voulant que les médiévaux auraient pensé que la Terre était plate.

Russell axe son propos sur l’image d’Épinal entourant le voyage de Christophe Colomb. Selon celle-ci, l’hardi explorateur génois a défendu l’idée que la Terre est ronde, rendant ainsi possible son projet d’atteindre l’Asie par l’ouest, contre des clercs obscurantistes, lui rétorquant que son projet est impossible, la Terre étant plate. Cette image d’Épinal fait ainsi de Colomb un héros de la science éclairée contre l’obscurantisme médiéval, qui aurait compris parmi les premiers que la Terre est sphérique, mais aurait été en but avec le « dogme religieux de la Terre plate ».

Jeffrey Burton Russell affirme que cette vision des choses ne correspond tout simplement pas à la réalité historique. Le débat soulevé par le projet de Colomb ne concernait absolument pas la forme de la Terre. Les contemporains de Colomb concevaient en effet la Terre comme parfaitement sphérique (ce en quoi d’ailleurs ils avaient tort, la Terre n’étant pas une sphère parfaite), sur la base d’arguments essentiellement issus d’Aristote (et il n’est guère besoin de rappeler l’autorité d’Aristote dans la pensée médiévale). En fait, Russell rappelle que, depuis Aristote, c’est bien la quasi-intégralité des auteurs de l’Antiquité et du Moyen Âge qui considérait la Terre comme étant une sphère. La position de Colomb, qu’il partageait avec ses détracteurs, n’a donc absolument plus rien d’originale depuis le IVe siècle av. J-C !

La véritable controverse

Russell note cependant qu’il se trouva bien quelques auteurs chrétiens pour défendre l’idée que la Terre était plate, au nom d’un fondamentalisme biblique s’opposant à la science grecque. Le plus connu, et le plus frappant d’entre eux, est Cosmas Indicopleustès, un chrétien nestorien qui, au VIe siècle, défendit la platitude de la Terre contre les « faux chrétiens » qui soutenaient la conception rationnelle du monde issue des Grecs. Les conceptions d’Indicopleustès n’eurent néanmoins aucun impact culturel dans la chrétienté médiévale, et furent totalement éclipsées par celles justement des « faux chrétiens » qu’il dénonçait. Au IXe siècle, le patriarche saint Photios de Constantinople, l’un des plus grands savants de son époque, n’hésite d’ailleurs pas à se moquer de son obscurantisme borné avec une certaine verve.

 


La grande A’tuin nageant dans l’espace infini

 

Si certains se sont donc effectivement fortement opposés au voyage de Colomb, ce n’est certainement pas à cause d’un « dogme religieux de la Terre plate » totalement imaginaire. En réalité, les opposants de Colomb pensaient eux aussi que, dans l’absolu, il était possible d’atteindre l’Asie en passant par l’ouest, mais ils estimaient que la distance à franchir était telle que cela rendait le voyage impossible. En effet, ils avaient hérité d’Ératosthène (~276-~194 av. J-C) une assez bonne estimation des dimensions de la Terre. Ils étaient donc conscients de l’incroyable distance qu’un navire devrait traverser pour atteindre l’Asie par l’ouest.

Colomb, quant à lui, avait une autre estimation de la taille de la Terre, héritée de Pierre d’Ailly (1351-1420). Cette estimation était cependant erronée : elle sous-estimait largement les dimensions du globe terrestre, et par conséquent sous-estimait également largement la distance à parcourir pour rejoindre l’Asie par l’ouest. C’est précisément à cause de son importante erreur d’estimation de la taille de la Terre que Colomb croira être arrivé en Asie lorsqu’il découvrira l’Amérique. Comme on le voit, les détracteurs de Colomb ne lui reprochaient pas le moins du monde d’affirmer la sphéricité de la Terre, mais bien plutôt de sous-estimer gravement ses dimensions ; dont ils avaient par ailleurs eux-mêmes une idée assez correcte. En réalité, les détracteurs de Colomb, relativement aux connaissances et moyens disponibles à cette époque, avaient finalement quelques raisons de considérer son voyage impossible. Et le voyage de Colomb n’évita l’échec complet que grâce à un événement imprévu : la découverte de l’Amérique. Un bel exemple de sérendipité !

Pourquoi la légende de la Terre plate ?

Une fois solidement démontrée l’inanité historique de la légende de la Terre plate, Russell se demande d’où celle-ci vient. Il en remonte la piste jusqu’au militantisme scientiste américain du XIXe siècle. Ce sont surtout, selon Russell, trois auteurs qui populariseront la légende : Washington Irving, John William Draper, et Andrew Dickson White. Ces trois auteurs souhaitaient défendre l’idée d’une guerre séculaire et essentielle menée par le christianisme contre la science. Pour ce faire, ils forgeront la légende d’un Moyen Âge pensant que la Terre est plate, et, de manière subséquente, celle d’un Christophe Colomb héros de la science pensant que la Terre est ronde, s’opposant à des clercs obscurantistes pensant que la Terre est plate. Russell relève que pour faire la preuve d’un Moyen Âge croyant la Terre plate, ces militants scientistes feront un usage immodéré de quelques citations totalement décontextualisées, ou émanant d’auteurs chrétiens parfaitement mineurs et dénués d’importance historique, toujours les mêmes, et parmi lesquels Cosmas Indicopleustès apparaît d’ailleurs en bonne place. Il est assez truculent de voir ces hérauts de la science éclairée faire preuve d’aussi peu d’honnêteté intellectuelle.

En conclusion de son livre, Russell rappelle qu’il n’a livré aucune recherche originale, se contentant de rappeler des faits bien connus des historiens depuis longtemps. Il se pose alors une question : pourquoi, alors que la légende d’une croyance médiévale en une Terre plate a été largement éventée depuis longtemps, celle-ci demeure aussi profondément ancrée dans la culture commune ? Il répond à cette question en relevant que la diabolisation du Moyen Âge est un idéologème fondateur de l’identité de la modernité, et qu’un élément important de cette diabolisation est l’idée que les médiévaux avaient des croyances absurdes. La légende de la Terre plate s’insère ainsi dans la vaste campagne de calomnie de la culture moderne envers la culture médiévale. Campagne de calomnie qui, loin d’être dénuée d’importance, est un pilier de la croyance de la modernité en sa propre supériorité, pour ne pas dire en sa propre suprématie.

 

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SOURCE : PHILITT

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Alain Finkielkraut évoque Charles Péguy

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12/05/2020

Dominique Bompoint : « Nous ne sommes pas des prisonniers en liberté conditionnelle ! »

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Par DOMINIQUE BOMPOINT

 

Les menaces de renvoyer les Français chez eux s’ils ne se tiennent pas à carreau pendant le déconfinement m’ont rappelé le surveillant général du pensionnat de ma jeunesse qui, armé de son lacet de cuir pendant à son trousseau de clés, hantait les couloirs à la recherche de ceux qui ne dormaient pas bien sagement dans leur lit.

Nous avons subi depuis le 17 mars une période qui fera tristement date dans l’histoire de notre pays sur le terrain des libertés publiques. Chacun de ces 55 jours pendant lesquels nous aurons été privés de notre liberté d’aller et venir, de notre liberté d’entreprendre, a été un jour de trop.

Le confinement n’est pas le résultat direct de l’épidémie ; il est la réponse qu’appelait l’impréparation de l’État devant cette crise sanitaire. Cette impréparation est la cause, indirecte mais indéniable, des faillites en chaîne, de la ruine, du chômage, des drames personnels, de la misère et de l’instabilité sociale qui naîtront de la crise économique qu’aura créée le confinement.

Nombre d’acteurs du secteur privé, considérablement plus touché par cette crise que les fonctionnaires si l’on excepte les combattants courageux du secteur hospitalier, verront le travail de vies entières anéanti.

La mise en œuvre concrète des mesures d’aide annoncées par le président de la République n’a pas du tout été à la hauteur des annonces (chômage partiel, PGE), et comme cela était prévisible, des passagers clandestins s’y sont introduits (conditions sur la localisation fiscale, les dividendes, la relocalisation industrielle, etc.).

Il est explicable, mais regrettable, que les pouvoirs publics soient réticents à perdre cette pause sociale providentielle obtenue en claquemurant le pays.
Il n’est pas admissible que non content d’avoir précipité les citoyens dans ce gouffre, le gouvernement pose des conditions comportementales dignes des consignes d’un surveillant de collège pour les en sortir et ne pas les y jeter à nouveau.

Le gouvernement n’aurait jamais dû avoir les pouvoirs inouïs qu’il a saisis grâce à cette crise. Avec le fil à retordre que ce peuple indiscipliné leur a donné depuis des mois («gilets jaunes», grèves des transports publics, manifestations diverses), il est explicable, mais regrettable, que les pouvoirs publics soient réticents à perdre cette pause sociale providentielle obtenue en claquemurant le pays.

Au lieu d’avoir comme préoccupation première de rendre le plus vite possible leurs libertés fondamentales aux Français, c’est la traçabilité forcée (la clause de volontariat est une tartufferie) de nos allers et venues et de notre état de santé qui nous est annoncée (pas de confinement sans traçage à la sortie, ose dire Olivier Véran), et désormais, c’est le retour fissa à la niche si le gouvernement estime que nous nous comportons mal, c’est-à-dire si nous osons jouir des libertés publiques dont nous avons été privés.

Nous ne pouvons pas être mis, à partir du 11 mai, dans la situation d’un prisonnier en liberté conditionnelle. Nous ne sommes pas des prisonniers en fin de peine: nous sommes par principe libres. Sortir de chez nous n’est pas une faveur qu’il nous faut convaincre l’État de nous accorder: l’État nous doit cette liberté, il nous la doit tout le temps, du 1er janvier au 31 décembre, il n’a pas de justification sinon.

Les fonctionnaires n’ont pas forcément ces préoccupations mais les hommes et les femmes du secteur privé ne peuvent pas reprendre l’activité économique, tenter de redresser leur commerce, de relancer leur restaurant, de rouvrir leur hôtel, en étant sous la menace permanente, mâtinée d’un soupçon d’autoritarisme, d’un nouveau confinement ordonné ex abrupto.

Si le gouvernement, au lieu de maintenir ce climat anxiogène, au lieu de déconseiller aux Français - comme l’a fait cet irresponsable ministre de la Santé - de réserver leurs vacances, ne fait pas tout pour leur redonner confiance et pour les convaincre que cette période de confinement ne reviendra plus, l’économie ne se relancera pas. Et si l’économie s’enfonce dans le marasme, le pire est à craindre pour notre pays avec des conséquences bien pires encore qu’une surmortalité épidémique.

Répondre à cette crise sanitaire par l’anéantissement des libertés publiques est plus simple que de travailler à enfin doter le pays des dispositifs préventifs et de soin dont l’insuffisance a précipité ce drame ; mais est-ce seulement cette réponse-là que nous sommes en droit d’attendre des pouvoirs publics après deux mois de confinement ?

Pour quelle raison, si l’épidémie reprenait de la vigueur dans quelque temps, le pays ne disposerait-il toujours pas des moyens sanitaires adaptés à la situation et notre gouvernement n’aurait-il que le désastre d’un nouveau confinement à proposer comme solution ?

Au lieu de voir sortir en ce moment des circulaires délirantes, véritable concours Lépine de la technocratie, sur les mesures impraticables dont devraient s’équiper administrations, entreprises et écoles, c’est d’un renforcement des capacités hospitalières du pays, pour qu’elles soient cette fois à la hauteur du risque, qu’on aimerait plutôt être informés et entendre nos dirigeants jurer, à propos du confinement, au lieu de nous en menacer à nouveau, « plus jamais ça ! ».

Ces menaces donnent l’impression d’un gouvernement toujours dépassé par les événements après quatre mois de crise. Le sentiment que ces propos inspirent est désastreux. Pour réussir le déconfinement c’est la confiance qu’il faut inspirer, surtout pas la peur.

 

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SOURCE : Le Figaro

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Henri Guillemin : Charles Péguy

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11/05/2020

Charles Péguy, La solitude du juste

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10/05/2020

La Foi prise au mot (KTO) : Jacques Maritain

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06/05/2020

Professeur Didier Raoult : Où en est le débat sur l’Hydroxychloroquine ?

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04/05/2020

Rendez-nous la liberté de la mer et de la montagne !

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FIGAROVOX/TRIBUNE - La fermeture au public des sentiers de forêt, de montagne et de littoral est difficilement compréhensible tant le risque de propagation du virus y est faible, observe l’historien Maxime Tandonnet. Ces lieux où l’âme divague à loisir sont pourtant des espaces de liberté.

Par Maxime Tandonnet

Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019).

 

Parmi toutes les interdictions qui se sont abattues sur la France depuis mi-mars 2020, l’une est emblématique et est ressentie comme particulièrement choquante par les Français : celle de se rendre dans les espaces sauvages, les forêts, les montagnes ou les plages.

Les Français, dans leur ensemble, admettent vaille que vaille, en peuple docile, certaines suspensions de leurs libertés, y compris la plus précieuse de toutes, celle d’aller et venir où bon leur semble, dès lors que cette privation peut se justifier par la nécessité d’enrayer l’épidémie et de sauver des vies. Ils acceptent le principe de leur assignation à résidence, une mesure privative de la liberté ; ils tolèrent de se soumettre à l’obligation de détenir un sauf-conduit et à des contrôles qui dérogent aux principes d’une démocratie libérale, dès lors que cette suspension de la liberté est temporaire, circonscrite dans le temps, et qu’elle est compréhensible quant à son lien avec la lutte contre la contagion.

En revanche, l’interdiction de se rendre dans les forêts, les montagnes et les plages, sans aucun précédent (à l’exception du bannissement du littoral sous l’occupation), ne leur paraît pas avoir de fondement rationnel. Il est permis de se rendre dans des magasins, de prendre les transports en commun bondés, de marcher dans la rue ou dans les espaces publics. Mais pourquoi les lieux sauvages, où justement l’espace est sans limite - la France compte 5041 km de côtes sablonneuses, et des sentiers de forêts ou de montagne immesurables - sont-ils strictement prohibés ?

De fait, le risque de la contagion dans les espaces sauvages infinis est faible sinon inexistant comparé à l’entassement urbain des bus et métro qui est autorisé. « Il vaut mieux éviter la tentation » leur dit-on. Cela signifie-t-il que les Français sont considérés comme assez inconscients ou stupides pour songer à s’entasser comme au mois d’août sur la Côte d’Azur ? Ou bien que, dans un étrange élan de superstition, la population serait vouée à une grande cure de repentance ou de pénitence nationale face au mal invisible qui frappe le pays ?

L’explication de cette interdiction de fréquenter les forêts, les montagnes ou les plages est d’une autre nature. La France est depuis longtemps et de toute évidence entrée dans une logique totalitaire, non pas au sens des régimes sanguinaires du XXe siècle, fascistes ou soviétique, mais au sens de l’obligation de nivellement et de conformisme. La morale du troupeau ne date pas d’aujourd’hui, mais se réalise avec une acuité particulière dans le contexte de la crise sanitaire.

Elle ne vient pas uniquement du sommet de la pyramide car elle s’exprime aussi dans le comportement des détenteurs locaux d’une autorité, d’un pouvoir bureaucratique, des petits chefs zélateurs, qui n’hésitent pas à surenchérir sur les ordres venus d’en haut, ou bien dans la tentation de la délation, de dénoncer son voisin dont l’heure réglementaire d’autorisation de sortie est dépassée, ou encore dans ces reportages télévisés accusateurs qui pointent les Français supposés indisciplinés dans les gares ou les parcs.

La forêt, la montagne ou la plage sont des espaces qui se prêtent à la solitude voire à la réflexion solitaire. C’est pourquoi ces lieux sont si étrangers à beaucoup, au regard de la morale du troupeau qui triomphe en ce moment.

Le promeneur en forêt songe à tout sauf à la soumission au prince et aux normes sociales supposées régenter son comportement. Le randonneur en montagne côtoie le ciel et les nuages sans l’autorisation du pouvoir. La plage est symbole d’évasion. « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » écrivait Baudelaire. La liberté a goût du vent salé, des embruns et du cri des mouettes. L’horizon marin est aux antipodes des barreaux d’une prison. Un esprit qui vagabonde au-dessus des eaux en direction de l’infini n’est soumis à aucun lien, aucune servitude.

La solitude du promeneur est un pied de nez à l’abrutissement des écrans de télévision, au conditionnement de la propagande, à l’instinct grégaire et à la chicote de bureaucrates tatillons. C’est pourquoi, l’image d’hommes et de femmes ou d’enfants marchant dans la forêt, sur les sentiers de montagne ou au bord du littoral, leur est insupportable, inacceptable, intolérable. Elle détonne sur la morale du troupeau qui est censée régenter nos pensées et chacun de nos faits et gestes.

 

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SOURCE : Le Figaro

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03/05/2020

Le retour des cosaques

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02/05/2020

ENTRETIEN EXCLUSIF. Didier Raoult se confie à Apolline de Malherbe sur BFMTV

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La tête bien froide sur les épaules... Pour ceux qui ne l'ont pas vu, à voir... 

 

 

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28/04/2020

Professeur Didier Raoult : Point sur l'épidémie - Risque-t-on vraiment une deuxième vague ?

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JE NE VOUS PARDONNERAI PAS

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JE NE VOUS PARDONNERAI PAS
« Comment osons-nous pousser des caddies et abandonner nos morts ? »

Julie a perdu sa mère en quelques jours. Après avoir contracté les premiers symptômes du Covid-19, Danielle a été hospitalisée, et à partir de ce moment, dans une violence inouïe et habillée de droit, son corps ne lui appartenait plus.

Julie a pris la voiture pour aller voir sa mère, être auprès d’elle dans ce moment décisif. Mais le médecin lui a dit qu’elle ne pourrait pas la voir, qu’elle pourrait seulement voir son corps avant qu’elle ne soit mise sans aucune toilette ni soin dans un sac mortuaire. Elle a donc attendu dans la chambre anonyme d’un hôtel de bord de route. Elle a regardé la télé, confinée dans son deuil impossible à faire. Elle est descendue commander un repas, un verre de vin. Elle a attendu pendant que sa mère attendait elle aussi sur son lit d’hôpital. Et puis elle a reçu un coup de fil. Elle était morte. Elle pouvait venir voir le corps. Ça lui a été présenté comme une fleur, un privilège. Elle est donc allée voir sa mère, le corps de sa mère encore tiède. Elle a dû mettre des gants, un masque. Elle a pu lui dire au revoir, commencer à réaliser ce que notre monde voulait lui voler : aimer sa mère.

Elle est retournée dans sa chambre d’hôtel, toujours anonyme. Elle a commencé à faire les démarches pour les obsèques : carte d’identité, livret de famille, choix du cercueil, de l’urne. Elle a appelé plusieurs pompes funèbres. Elle les a presque toutes appelées. Elles ont toutes répondu cette même réponse inaudible, impossible, inhumaine. Vous ne pourrez pas revoir le corps de votre mère, vous ne pourrez pas suivre le cercueil au funérarium, vous ne pourrez pas assister à la crémation, vous ne pourrez pas célébrer les obsèques. Vous pourrez venir chercher l’urne dans deux semaines.

Il n’est plus question ici de contagiosité. Il n’est plus question ici de coronavirus. On peut pousser son caddy au supermarché, mais on ne peut pas accompagner le cercueil de sa mère. On peut prendre sa voiture pour aller travailler, on peut planter des pommes de terre, on peut réparer des voitures, on peut transporter des marchandises, on peut livrer des colis, on peut faire le plein d’essence, on peut prendre l’autoroute, le train, où même l’avion. On peut quitter Paris, faire une location saisonnière, mais on ne peut pas dire adieu à sa mère, on ne peut pas assister à sa crémation, on ne peut pas dire lui dire un dernier poème, devant quelques proches réunis. Ça n’a rien à voir avec le coronavirus. Ça vient de nous, de notre inhumanité naissante.

Nous sommes dépossédés de nos défunts. L’État et son heuristique de la peur semble avoir conquis le monopole radical de la mort. Et je n’entends aucune voix, aucune rage, aucune fureur monter de la rue. Et je n’entends aucune plainte. J’ai passé le moment d’émerveillement face au retour de la nature. L’homme ne s’est pas retiré du monde, il s’est retiré de lui-même, il a retranché son humanité. Ne pas enterrer ses morts, c’est enterrer sa vie même.

Julie rentre demain. Elle ira chercher l’urne dans deux semaines. Elle ira chercher son deuil, et elle organisera les obsèques quand l’État lui en donnera le droit. Un corps représente encore une valeur marchande : cercueil, urne, funérarium, prestation des pompes funèbres. Le deuil, les larmes, le rituel, la chaleur humaine, le cœur, l’âme, les déchirements, les déchirures, les cicatrices, les colères, les rages, ça ne rapporte rien, ça ne mérite aucune case dans aucune attestation dérogatoire de déplacement. Mais c’est votre cœur que vous avez déplacé ! C’est votre cœur que vous avez oublié de cocher.

Julie ira faire les courses, elle ira sortir les poubelles, elle ira faire le plein, elle ira peut-être aider aux champs. Son deuil, elle s’en occupera plus tard. Quand elle n’aura plus le temps de s’en occuper. Quand on aura tous oublié, quand on voudra tous oublier. Elle lira un poème, peut-être au funérarium où sa mère a été incinérée. Peut-être qu’on y verra que du feu, qu’on fera comme si sa mère venait de mourir, comme si on avait pu lui dire au revoir, comme si on avait pu l’accompagner, lui tenir la main, la serrer, embrasser son front, comme si on avait entendu son dernier souffle, comme si on avait pu faire son deuil. Mais sera-t-on capable de faire comme si ? Comment osons-nous pousser des caddies et abandonner nos morts ? Comment osons-nous laisser les gens crever seuls ? Comment osons-nous regarder ailleurs ? Qui a l’autorité de nous dire comment accompagner nos défunts ? Qui a l’autorité de nous interdire un geste, un deuil, un murmure ?

Je ne vous pardonnerai pas de laisser crever les morts. Je ne vous pardonnerai pas d’avoir blessé ma compagne. Je ne vous pardonnerai pas votre inhumanité habillée d’urgence sanitaire. Vous voulez que j’écoute les oiseaux, que je regarde les rorquals dans les calanques, vous voulez que je visionne des séries, que je lise des livres. Vous voulez que je médite sur le sens de l’existence. La voilà ma méditation métaphysique : vous êtes des chiens aveugles qui piétinez nos âmes sur l’asphalte du progrès. Vous êtes les fantômes d’un monde mortifère détruisant nos songes. Vous avez presque le monopole radical de la mort, je ne vous laisserai pas celui de la vie.

Mathieu Yon

 

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SOURCE : Lundi Matin

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27/04/2020

Des médecins mosellans sommés de se taire

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« Tout ce qui nous intéresse, c’est de sauver des vies », ont à chaque fois justifié les Mosellans face aux critiques d’autres confrères

L’usage de certains médicaments contre le coronavirus leur avait déjà attiré les foudres de confrères. C’est maintenant le conseil national de l’ordre des médecins qui ordonne à deux généralistes mosellans de se tenir à carreau et de cesser de communiquer sur le sujet. Ils pourraient faire l’objet de procédures disciplinaires à l’issue de la crise sanitaire.

Cessez de parler de ce protocole que je ne saurais voir. C’est le message de fermeté diffusé par le Conseil National de l’Ordre des médecins (CNOM) à l’adresse de médecins généralistes qui utilisent un remède « maison » face au coronavirus. « Le conseil national de l’Ordre des médecins rappelle fermement à l’ensemble des médecins qu’en cette période de vulnérabilité particulière et face à l’inquiétude de nos concitoyens, leur parole prend un sens encore plus important. […] Le CNOM a informé l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé de ces protocoles qui s’inscrivent en dehors de la législation en vigueur et en tirera, le cas échéant, les conséquences. » Le texte vise notamment les docteurs Denis Gastaldi et Jean-Jacques Erbstein, confrontés chaque jour à une dizaine de patients malades du Covid-19, dans les secteurs de Morhange et Créhange en Moselle.

Leur protocole de soins à base de l'antibiotique azithromycine et de zinc, élaboré de façon « très pragmatique et empirique », a montré « une certaine efficacité », sans jamais plonger les deux généralistes dans un fol espoir. « Tout ce qui nous intéresse, c’est de sauver des vies », ont à chaque fois justifié les Mosellans face aux critiques d’autres confrères.

Le communiqué du CNOM est une menace à peine voilée de procédures disciplinaires qui devraient être lancées, d’après nos informations, après la crise sanitaire. Les deux généralistes, qui n’ont pas cessé leurs prescriptions pour autant, ont également été priés de ne plus évoquer leur traitement dans la presse.

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SOURCE : Le Républicain Lorrain

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ENTRETIEN EXCLUSIF. Christian Perronne : “À Garches, nous avons de bons résultats avec l’hydroxychloroquine”

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Fervent défenseur du traitement à l’hydroxychloroquine et à l’azithromycine, pour le Pr Christian Perronne la question de son efficacité ne se pose plus. Chef du service infectiologie de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, il le constate tous les jours depuis le début de l’épidémie : le traitement du Pr Raoult soigne et réduit considérablement les passages en réanimation. Il nous raconte dans cette interview comment ses collègues et lui ont décidé d’appliquer ce protocole pour respecter leur serment d’Hippocrate, et il dresse un tableau stupéfiant de la situation politique et sanitaire que vit la France depuis plusieurs semaines. Entretien exclusif avec le Pr Christian Perronne.

 

Entretien complet à écouter ici :

 

NEXUS : Alors que la polémique enfle depuis plusieurs semaines dans le pays, divisant les Français sur le Pr Raoult, pourquoi avez-vous décidé d’appliquer le protocole hydroxychloroquine/azithromycine dans votre service ?

Pr Christian Perronne : On s’est intéressé à cette piste depuis le début de l’épidémie en Chine. Au départ de l’épidémie, les Chinois ont essayé en urgence différentes molécules qu’ils avaient sous la main. Ils ont essayé des tas de trucs : la colchicine, le Tamiflu, la chloroquine et le remdésivir. Mais ils ont vu qu’il y avait deux produits qui avaient l’air de fonctionner, la chloroquine et le remdésivir qui est uniquement intraveineux et avec des effets secondaires possiblement très importants et encore peu connus. Ensuite, il y a une étude qui est sortie du lot sur 66 malades avec pneumonie, avec tirage au sort, avec ou sans traitement par hydroxychloroquine, en excluant les cas les plus sévères. Les Chinois ont montré qu’ils obtenaient quand même un bénéfice important avec ce traitement, en raccourcissant la durée des symptômes et de la fièvre, et tous les cas qui s’étaient aggravés étaient dans le groupe des personnes non traitées.

Puis, l’étude de Raoult est sortie, sur 24 malades. Nous avons tout de suite commencer à donner de l’hydroxychloroquine à l’hôpital de Garches sur les formes moyennement sévères. Mais certains virologues nous avaient dit qu’il fallait plutôt utiliser du Kaletra, mon équipe s’est laissée influencer et nous en avons prescrit pendant quelques temps, mais on n’avait pas vraiment l’impression que ça faisait quelque chose. Du coup, on a pris la décision collégiale à l’hôpital de mettre tous les patients atteints de formes moyennement sévères, surtout en cas de pneumonie, sous azithromycine et hydroxychloroquine, sous surveillance cardiaque en respectant les contre-indications. On a veillé à mesurer le potassium dans le sang (kaliémie), vérifié les contre-indications médicamenteuses et surveillé l’électrocardiogramme. C’est ce que nous faisons systématiquement. Il faut être d’autant plus prudent que l’on s’aperçoit que le Covid-19 peut entraîner des atteintes cardiaques, même en l’absence de traitement. Il faut éviter à tout prix l’automédication qui est risquée.

 

NEXUS : Vous avez refusé de participer à l’étude Discovery, pourquoi ?

Pr Christian Perronne : Car celle-ci est uniquement destinée aux malades ayant des formes sévères, et que le traitement fonctionne en début de symptomes moyens. De plus, nous avons refusé car ce n’est pas éthique de proposer de faire un tirage au sort sur des gens qui risquent de mourir. Enfin, dans cet essai ils ne testent pas exactement il manque l’association primordiale avec l’azithromycine. D’un point de vue éthique, pour moi c’est contraire au serment d’Hippocrate de rentrer dans ce type d’études. Je ne suis pas contre les études randomisées quand on peut évaluer tranquillement les choses. Là, on est dans une médecine de guerre avec des centaines de morts par jour.

 

NEXUS : Avez-vous eu des résultats cliniques positifs dans votre service depuis que vous avez généralisé le traitement à l’hydroxychloroquine et à l’azithromicyne ?

Pr Christian Perronne : Cela a changé la donne. Même les médecins de service et les infirmières le confirment, on passe beaucoup moins de malades en réanimation. On n’attend pas de donner l’hydroxychloroquine qu’aux cas les plus graves comme l’impose le décret du ministère de la Santé et l’étude Discovery. Par contre, on n’en donne pas non plus aux formes bénignes. On le donne dès qu’il y a un début de pneumonie ou des signes de gravité moyenne, sauf contre-indications. Nous allons bientôt compiler l’ensemble de nos données.

 

NEXUS : Qu’est-ce que vous avez à répondre à tous ceux qui préfèrent attendre les résultats des études et tout miser sur la méthodologie académique ?

Pr Christian Perronne : C’est incompréhensible car, quand ils auront les certitudes, les résultats définitifs, l’épidémie sera terminée et tout le monde sera mort. On ne peut pas faire comme si on était en période de paix. Je connais certains qui composent le haut conseil scientifique, ce sont des experts du sida, ils raisonnent comme si on avait affaire à une épidémie chronique du sida. Ils se disent « on a le temps, on fait bien les choses, on évalue avec les canons de la méthodologie, etc. ». Mais il faut se bouger maintenant ! Qu’est-ce qu’on en a à faire d’avoir un placebo, un groupe témoin, si on guérit beaucoup de gens ? Là, on est dans une situation de guerre. Il y a des centaines de morts tous les jours et attendre encore les résultats de l’étude Discovery, c’est bien joli, mais personne ne sera traité à temps en faisant cela. En temps normal, on a le temps d’attendre 6 mois pour qu’un article soit publié. Mais vous imaginez durant cette épidémie, à chaque fois que vous avez des données super importantes, il faut attendre qu’un journal l’accepte, qu’on perde 3 mois, mais c’est scandaleux !

 

NEXUS : Un grand nombre de médecins nous a dernièrement témoigné en off qu’ils s’étaient soignés avec la bithérapie hydroxychloroquine/azithromycine mais malheureusement, ils n’osent pas pour la plupart témoigner publiquement.

Pr Christian Perronne : Les gens ont peur des représailles. D’ailleurs ce qui me frappe, c’est que des confrères que je connais qui sont des grands défenseurs de l’étude Discovery et de l’attente des résultats de l’étude, quand eux sont tombés malades, ils ont cherché à se procurer à tout prix de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pour se soigner !

 

NEXUS : On entend souvent que l’hydroxychloroquine a un bon profil de tolérance. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Pr Christian Perronne : C’est le recul que l’on a sur les effets secondaires d’un médicament. L’Agence du médicament a des signalements sur les effets secondaires enregistrés depuis le début de la commercialisation de tous les médicaments. L’hydroxychloroquine était en vente libre jusqu’au mois de janvier 2020 et il est sur le marché depuis des décennies. Après, je reconnais qu’il y a eu des accidents cardiaques, mais ils sont quand même très rares. Il faut dans tous les cas encadrer la prise par un médecin pour éviter les surdosages et les contre-indications. Donc, je suis entièrement d’accord qu’il faut être très prudent et le faire sous surveillance médicale. En posant bien l’indication et les interactions médicamenteuses. Sinon, on va avoir quelques accidents, c’est évident.

 

NEXUS : A combien de personnes avez-vous prescrit ce médicament dans toute votre carrière ?

Pr Christian Perronne : J’en ai prescrit à des milliers de patients depuis 20 ans. J’ai eu zéro mort. Parfois j’ai demandé l’avis du cardiologue.

 

NEXUS : Vos confrères aboutissent-ils à la même conclusion ?

Pr Christian Perronne : Oui, il y a des patients qui en prennent pendant des années de en cas de lupus par exemple.

 

NEXUS : Avez-vous eu beaucoup de soutiens pour votre pétition récemment lancée avec Philippe Douste-Blazy ?

Pr Christian Perronne : Oui, énormément, on est à 500 000 signatures. Ce qui est énorme, c’est un record. J’ai reçu plein de témoignages de professeurs d’université, académiciens, qui me remercient. Au niveau politique, les gens doivent être en train de se poser des questions. En Italie, un décret du directeur général de la santé paru au Journal officiel italien il y a trois semaines, autorise tous les médecins italiens, y compris les médecins généralistes, à prescrire de l’hydroxychloroquine. D’ailleurs, il y a eu une baisse significative de la mortalité en Italie, je ne sais pas si c’est lié à cela mais peut-être. Et les Américains ? Contrairement à la France, ça fait plus d’un mois qu’ils ont fait des stocks de guerre de ce médicament, des millions de doses. Ils ont raflé une bonne part de ce qui était sur le marché.

 

NEXUS : Que préconiseriez-vous pour gérer au mieux cette épidémie ?

Pr Christian Perronne : Je pense qu’il faudrait plutôt que de confiner toute la population, confiner les personnes fragiles, les malades ainsi que les porteurs du virus non malades. Pour ce faire, il faut avoir des capacités de dépistage du virus par PCR considérables. Il faudrait aussi dépister largement par la recherche d’anticorps (sérologie) toutes les personnes déjà immunisées, car des personnes ont été infectées sans le savoir. Les personnes non immunisées devraient porter un masque. Ça demande une énorme logistique. Des données préliminaires suggèrent que l’hydroxychloroquine pourrait aussi avoir un effet protecteur. On pourrait en donner à petite dose à des personnes à risque. Je crois plus à une telle stratégie que de garder le pays sous cloche. Ça va être catastrophique sur le plan économique. Il faut réfléchir à ça, prudemment, sans courir de risques de toxicité médicamenteuse, bien entendu.

 

NEXUS : Vous pensez quoi de l’initiative d’Estrosi d’être passé outre les recommandations de l’Etat et d’avoir contacté directement Sanofi pour avoir de l’hydroxychloroquine ?

Pr Christian Perronne : Quand il y a un blocage étatique comme celui-là, je comprends que des gens prennent des initiatives. Il y a aussi le tribunal de Guadeloupe qui a ordonné qu’on approvisionne le CHU de Pointe-à-Pitre avec ces médicaments. Je sais par un médecin de Pointe-à-Pitre que ça marche très bien.

 

NEXUS : Est-ce que vous attendez quelque chose du Conseil de l’ordre national des médecins qui semble réticent alors que celui de Paca a soutenu le protocole de Raoult ?

Pr Christian Perronne : Ce qui m’a déçu, c’est le communiqué du Conseil de l’ordre national qui a dit qu’il fallait attendre le résultat des études. Ils sont sous influence. L’Académie de médecine, l’Académie de pharmacie, le Conseil de l’ordre, le CNGE (Conseil national des généralistes enseignants) ont tous dit qu’il fallait respecter les canons de la méthodologie et attendre, attendre… La médecine devient folle, c’est une pandémie qui survient une fois par siècle. Il faut agir. Il faut arrêter de mettre des blocages partout, administratifs, théoriques.

 

NEXUS : Comment toutes ces institutions, qui sont censées être garantes d’une certaine neutralité, arrivent à un consensus pour dire non à l’hydroxychloroquine ?

Pr Christian Perronne : On voit bien qu’il y a beaucoup de leaders d’opinion qui sont bourrés de conflits d’intérêts notamment avec Gilead et Abbvie. Ce sont les producteurs des molécules concurrentes de l’hydroxychloroquine. Donnons un exemple que tout le monde peut comprendre : quand la pénicilline a été utilisée on avait 100% de guérison sur la pneumonie à pneumocoque au bout de 10, 12 malades, et c’est devenu le traitement de référence. Il n’y avait pas, à l’époque, de types assez fêlés pour demander un tirage au sort entre 500 malades traités et 500 recevant un placebo. C’est choquant cette médecine et parfois criminel. Donc ça n’a aucun sens de demander un placebo et des groupes témoins dans ces circonstances. Quand vous voyez la mortalité sur la dernière étude de l’IHU de Marseille sur plus de 1000 malades, il y a quand même 98% de guérison !

 

NEXUS : Est-ce qu’on pourrait presque dire qu’il y a un déni de réalité ?

Pr Christian Perronne : Tout à fait. Les gens n’ont plus les pieds sur terre. Tout ce qui n’est pas évalué selon leur méthode n’existe pas. Et toute cette méthodologie n’améliore pas la vie des malades. Avant tout ça, la médecine marchait très bien, cela fonctionnait par comparaison d’écoles, ça fonctionnait ainsi jusque dans les années 70, 80. Ce mode de comparaison contre placebo a été imposé par l’industrie pharmaceutique pour faire enregistrer leurs médicaments dans les agences internationales et pour vendre leurs produits. Ce qui est désolant là-dedans, c’est que tout ce qui n’a pas été évalué selon cette méthode, pour beaucoup de mes collègues, n’existe pas. La médecine est tombée sous la coupe de l’industrie. Regardez en Allemagne, les médecins sont libres, mais en France on est en train de dérailler. J’ai l’impression de vivre dans une dictature administrative.

 

NEXUS : Justement, qu’est-ce que vous pensez du dernier décret sur le Rivotril ?

Pr Christian Perronne : Autant je suis pour les soins palliatifs quand quelqu’un est mourant, c’est normal de l’accompagner. Mais là, beaucoup de médecins ont trouvé ça choquant et cela en a fait hurler certains.

 

NEXUS : Pourquoi ?

Pr Christian Perronne : Déjà on publie un décret où on interdit aux médecins de soigner les malades avec l’hydroxychloroquine qui marche probablement, puis un autre texte qui les autorise à injecter par voie intraveineuse aux patients du Rivotril pour accompagner leur fin de vie. La juxtaposition des deux textes a été reçue de façon très violente.

 

NEXUS : Pour bien comprendre, le Rivotril n’est utile que pour raccourcir la durée de vie ?

Pr Christian Perronne : C’est un cousin un peu lointain du Valium, un calmant à la base, qu’on utilise en médecine, à petites doses, souvent dans les centres antidouleur, pour soulager. Ça peut agir sur les irritations nerveuses. On l’utilise à plus fortes doses en réanimation et dans les soins palliatifs pour soulager la souffrance des malades en fin de vie. On interdit aux médecins de traiter les malades par l’hydroxychloroquine qui, soi-disant, est une substance vénéneuse, mais on leur donne le droit d’injecter le Rivotril pour la fin de vie. Même si tous les médecins sont favorables aux soins palliatifs quand il n’y a plus d’autre solution, les médecins de ville vivent mal ce contraste. Regardez la lettre du docteur Nathalie Caradot à ce sujet.

 

NEXUS : L’utilisation de cette bithérapie hydroxychloroquine/azithromycine peut-elle permettre la sortie du confinement ?

Pr Christian Perronne : Finalement, ça peut accompagner le déconfinement. Regardez les Allemands, ils n’ont pratiquement pas confinés la population et ils ont un taux de mortalité ridicule, ils ont dépisté massivement les gens à risque et ont isolés les malades et les personnes fragiles. En Corée où ils n’ont pas fait le confinement total, tout le monde portait un masque, et l’épidémie est très faible. Mais nous, on nous annonce qu’on aura les masques au mois de juin, c’est sympa.

 

NEXUS : On a l’impression que le confinement est la solution de facilité et qu’il y a beaucoup d’autres méthodes plus efficaces.

Pr Christian Perronne : Oui, ça demande beaucoup de finesse et d’organisation, cela demande d’avoir des épidémiologistes qui ne soient pas dogmatiques. Il faut anticiper. Quand on voit que le directeur général de la santé, le 30 janvier, a commandé un million de masques, un million pour toute la France, pour 67 millions de Français… Il aurait fallu dès le début en commander des dizaines de millions. La présidente de Bourgogne Franche-Comté est une femme sérieuse, prudente, elle avait commandé en février 2 millions de masques en Chine pour ses Ehpad. L’avion est arrivé début avril, l’Etat a saisi les stocks. On se croirait au Far West…

 

NEXUS : Il y aura des conséquences sanitaires du confinement, selon vous ?

Pr Christian Perronne : On voit déjà des cas d’alcoolisme, de violences conjugales, de gens qui font des infarctus la nuit car le 15 ne répond plus, qui meurent chez eux, tous les gens qui ont des cancers et des chimiothérapies reportées, des interventions reportées, même si ce n’était pas hyper urgent, mais qui sont dans une angoisse totale. Pour tous les malades d’autres maladies, il va y avoir des effets collatéraux, c’est évident.

 

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SOURCE : NEXUS

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Enquête : Comprendre les deux mois de retard pour l’application du traitement à la Chloroquine de Didier Raoult

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Enquete France-Soir sur la Chloroquine
Scandale sanitaire ou polémique ?

 

Auteur(s): France-Soir: Grande Enquête Guy Courtois et Xavier Azalbert

 

GRANDE ENQUETE : Comment nous avons perdu deux mois sur le fait de savoir si le traitement contre le Covid-19 proposé par le professeur Didier Raoult et son équipe fonctionne ou non ? Pourquoi il pourrait bien y avoir une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire comme l'affirme Didier Raoult ?

Cet article est le fruit de nombreuses recherches documentaires mais également d'entretiens. Nous avons aujourd’hui acquis l’intime conviction, qu’il y a dans l'essai clinique Discovery et les autres, une véritable polémique pour ne pas dire un scandale des institutions sanitaires ! Seul un suivi précis de ce drame en 10 actes permet de le comprendre.

 

Acte 1 - Première volonté présidentielle.

Le 5 mars, Didier Raoult - qui n'a encore rien publié - rencontre le Président de la République à l'Elysée et lui parle de ses travaux. Le contact semble bien passer (note 1). Il semble que ce soit avant le 17 mars, que le Président de la République qui s'intéresse à la chose, demande à son ministre de la Santé Olivier Véran, de lancer les autorisations pour des essais cliniques, afin d'étudier la chloroquine sur laquelle travaille Didier Raoult (note 2).

Le professeur Didier Raoult prépublie une étude le 17 mars qui sera complétée par une deuxième le 27 mars (note 3). Les résultats prépubliés le 17 mars encouragent l’utilisation de l’hydroxychloroquine combinée à l'azithromycine contre le Covid-19. On constate une disparition du virus après 6 jours de traitement dans plus de 50 % des cas avec l'hydroxychloroquine seule et une disparition dans la très grande majorité - mais sur un échantillon très restreint - si celle-ci est associée à l'azithromycine (note 4). Toutefois, de nombreuses critiques sont faites sur l'approche méthodologique de l'étude de Didier Raoult, et de nombreuses voix s'élèvent pour dire que cette étude ne veut rien dire. Des querelles d'ordre méthodologiques apparaissent. C'est dans ce contexte, qu'il devient évident que le protocole du professeur Raoult doit être étudié avec une méthodologie à l'abris de toute critique et doit donc être inclus dans l'essai clinique Discovery.

Acte 2 - Inclusion de l'hydroxychloroquine dans Discovery.

Les chercheurs travaillant sur de l’essai clinique Discovery acceptent - semble-t-il à contrecœur - d'inclure un quatrième bras dans leur essai, sur l'hydroxychloroquine. Ainsi, l'hydroxychloroquine seule est ajoutée le 22 mars 2020 comme potentiel antiviral à l'essai clinique Discovery. Cet essai est présenté dans une conférence de presse des professeurs Bruno Lina et Florence Ader le 23 mars. Lors de cette conférence de presse, le professeur Bruno Lina explique que : « Le 4e bras est le bras hydroxychloroquine, c'est un bras qui a été rajouté un petit peu à la fois à la demande de l'OMS et de l'Etat français, pour qu'on puisse avoir des résultats fiables sur cette molécule aussi, de façon à ce que l'on sache si cela a un intérêt ou si ça n'en a pas. » La professeure Florence Ader complète en répondant à la question « N'y-a-t-il pas un emballement autour de cette molécule ? Doit-on être prudent ou au contraire espérer que cette molécule soit la solution miracle ? » de la façon suivante « Elle sera évaluée comme les autres et comparée comme les autres. C'est-à-dire que pour nous, on est sur essai pragmatique qui a pour vocation à répondre à des questions avec des arguments scientifiques solides. Par conséquent, comme toutes les autres molécules qui sont à l'essai dans cette étude, les résultats et les analyses seront extrêmement intéressants. On verra ce qu'il en est. » Elle ne fait aucune mention dans cette conférence de presse de l'azithromycine (note 5).

La chronologie des évènements semble avoir toute son importance. En effet, c'est probablement avant le 17 mars que le Président Emmanuel Macron demande que l'on étudie la chloroquine. Et c'est seulement le 17 mars que l'on comprend que la chloroquine seule a un effet limité, et que seule son association avec l'azithromycine donne des résultats significatifs. Discovery se sent donc légitime de n'étudier que la chloroquine seule, puisque c'est la demande du Président faite avant le 17 mars. Mais Discovery ne tient pas compte de la publication de Didier Raoult le lendemain qui précise qu'il faut absolument y adjoindre l'azithromycine, car les résultats sont bien meilleurs.

Acte 3 - Discovery laisse entendre qu'elle répondra rapidement à la polémique Raoult.

Les chercheurs travaillant sur Discovery laissent croire que les résultats permettront de savoir si le protocole de Raoult fonctionne ou non. Sans le dire directement, l’essai clinique Discovery insinue notamment cela, lors de la conférence de presse du lancement de l’essai que l’on peut voir en vidéo (note 5).

Par la suite, cette insinuation devient une affirmation y compris de ceux qui participent à cet essai. En conséquence, cette affirmation est reprise par un très grand nombre de médias : journaux et télévisions. C’est pourquoi, nous avons pu entendre en boucle que l’essai clinique Discovery allait nous apporter un résultat certain et cela rapidement, sur la validité ou non du protocole du professeur Raoult. Alors que des voix de nombreuses personnalités et médecins s'élèvent pour demander que l'hydroxychloroquine soit utilisée pour lutter contre le coronavirus, le ministre de la Santé Olivier Véran rappelle que les espoirs suscités par des traitements avaient parfois été déçus (note 6). Il déclare le 22 mars 2020 sur LCI : « Ce traitement s'il devait être efficace, nous le proposerions aux Français sans aucun délai », et ajoute que « plusieurs patients traités dans des hôpitaux français étaient en train de l'expérimenter (note 6). » Enfin, il ajoute « D'ici à 15 jours, nous devrions avoir des données consolidées » (note 6), ce qui si l'on fait le calcul nous amène au 5 avril.

Acte 4 - Incapacité pour Discovery de répondre à la question.

En fait, l’essai clinique Discovery ne reprend pas du tout le protocole de Raoult. Il ne peut donc pas répondre à la question de l'efficacité ou non de son traitement qui se base sur deux critères (note 7, 8) : la combinaison de l'hydroxychloroquine et l'azithromycine (note 7, 8), et cela dès l'apparition des premiers symptômes (note 7, 8).

Didier Raoult et son équipe affirment que (note 3) : "L’hydroxychloroquine seule a une efficacité relative. Seule la combinaison des deux médicaments est vraiment efficace (note 3), a valeur de ce traitement tient au fait qu’il soit prescrit le plus tôt possible, avant que n’apparaisse une pneumopathie ; son efficacité lors d’un état grave étant limitée (note 3)."

Didier Raoult précise dans l’un des « bulletins d’informations » vidéo qu’il diffuse régulièrement depuis le début de la crise sanitaire, que : « mon protocole thérapeutique s’adresse essentiellement aux patients qui présentent des formes modérées, moyennes ou qui commencent à s’aggraver... Sur le plan thérapeutique, ce que l'on est en train de voir, c'est que les malades, au moment où ils ont une insuffisance respiratoire et qu'ils rentrent en réanimation, n'ont presque plus de virus. C'est alors trop tard pour traiter les gens avec des antiviraux » (note 9).

Or l'essai clinique Discovery ne suit pas ce protocole sur ces deux points. L’essai clinique (note 7, 8) : utilise uniquement l'hydroxychloroquine et non la combinaison des deux médicaments avec l'azithromycine (note 10), et ce sur des cas dans des situations de pathologies uniquement lorsqu’une pneumopathie est apparue et non dès l'apparition des premiers symptômes (note 10).

C’est donc une erreur d’affirmer que l’essai clinique Discovery permettra de dire si le traitement du Docteur Raoult fonctionne ou non (note 7). Pire, la façon dont cet essai clinique est conçu ne peut que fatalement aboutir à la démonstration que l’hydroxychloroquine ne fonctionne pas. Ce que dénonce d’ailleurs à la télévision très rapidement l’ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy. Le 26 mars, le professeur Didier Raoult affirme dans une interview accordée au journal en ligne Marcelle, à propos de l'essai clinique Discovery et de son protocole « Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé. Et ce sera pire si le gouvernement décide de refuser l’accès au médicament. » (note 11)

Il est légitime alors de se demander si les choix faits pour Discovery sont intentionnels et s'il n'y avait pas une volonté délibérée de démontrer que le traitement du professeur Raoult ne fonctionnait pas. Ou bien, si c'est l'inertie et la rapidité de l'enchainement des évènements qui n'a pas permis de reproduire le protocole du professeur Raoult. En effet, il n'y a que 6 jours entre la prépublication de la première étude de l'équipe de Didier Raoult qui a lieu le 17 mars et l'inclusion de l'hydroxychloroquine dans Discovery qui se fait le 22 mars.

Le 26 mars, dans une interview du journal Le Monde, le docteur Gilles Pialoux, infectiologue et chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon, répond à la question qui lui est posée : « Dans l’essai Discovery, pourquoi l’hydroxychloroquine n’est-elle pas associée à l’azithromycine, alors que c’est cette combinaison qui a l’air de produire les meilleurs résultats, selon le Dr Raoult ? » en affirmant que « L’hydroxychloroquine sera comparée comme les autres molécules. Ni plus ni moins » (note 12). Une telle réponse ne permet-elle déjà pas de se faire une idée sur l'intention ou non de faire un essai qui aboutirait à l'invalidation de l'étude du professeur Raoult ?

Acte 5 - Lancement de l'essai clinique Hycovid toujours sans azithromycine.

Le 31 mars est lancé l'essai en double aveugle « Hycovid » du CHU d'Angers afin de mesurer l'efficacité de l'hydroxychloroquine seule sur 1 300 malades atteints de formes moins sévères que ceux enrôlés dans Discovery. L'absence d'azithromycine est justifiée par le fait que l’association de ces deux molécules présentent un risque élevé de toxicité cardiaque. Par ailleurs, Hycovid précise : « Ils auront 75 ans et plus, population où le risque de dégradation est suffisamment élevé pour mesurer l’efficacité de l’étude. » (note 13, 14). Y-a-il une nouvelle volonté délibérée de chercher à prouver que le protocole de Didier Raoult ne fonctionne pas ? Nous ne le savons pas. A ce moment-là, le Président de la République ne semble pas être au courant, ou ne pas avoir compris le fait que les essais Discovery et Hycovid ne pourront pas répondre à la question de la validité du protocole Raoult. Il y a un doute sur le fait de savoir si le Ministre de la Santé, Olivier Véran et Jérôme Salomon le directeur général de la Santé, étaient au courant ou non de la situation.

Acte 6 - Prise de conscience du Président.

Le Président de la République est alerté de la problématique, que ce soit par son entourage, les députés ou la presse. Il faut dire que la sortie de Didier Raoult du 26 mars n'est pas passée totalement inaperçue. Par ailleurs, début avril, le Président de la République, le Premier Ministre et l’ensemble des 577 députés de l’Assemblée nationale ainsi qu'une cinquantaine de journalistes et médias reçoivent chacun une lettre par courriel détaillant et dénonçant cette problématique sur l'essai clinique Discovery, telle que décrite précédemment (note 15).

Quoi qu'il en soit, dans la foulée, probablement début avril, Emmanuel Macron exige que l'on teste immédiatement le protocole du professeur Raoult. Le 8 avril, Le Canard enchaîné écrit que « si la polémique n'a cessé d'enfler, c'est avant tout par la faute des autorités de santé, qui ont d'abord refusé d'expérimenter sur des patients en début de maladie l'association d'un antiviral, la chloroquine, avec un antibiotique, l'azithromycine. Ainsi l'étude européenne baptisée Discovery prend en compte la fameuse chloroquine mais ne la teste que sur des malades sévèrement atteints et sans y adjoindre l'antibio susnommé ». Le journal, précise que la problématique est la même pour les autres études, notamment celles menées par « les CHU d'Amiens, Tourcoing et Valenciennes qui étudient les effets de la chloroquine seule et uniquement sur les patients à risque élevé d'évolution défavorable... ». « Pour tenter de circonscrire l'incendie », Emmanuel Macron est intervenu personnellement sur le sujet. Il a ainsi ordonné de « tester de toute urgence le protocole Raoult, tel que celui-ci l'applique à Marseille » (note 16).

En conséquence, et à la demande du ministre de la Santé Olivier Véran, les CHU de Montpellier et d'Angers qui ne font pas partie de l'étude Discovery doivent expérimenter le protocole recommandé par Didier Raoult. (note 16)

Acte 7 - Le protocole Raoult enfin testé ? Pas vraiment.

Cependant, ce n'est pas si simple de changer l'essai Discovery en cours de route, ni l'essai d'Hycovid lancé le 31 mars. Toutefois, le CHU d'Angers, dans le cadre de l'étude Hycovid décide qu'il pourra aussi comme dans l'étude de Raoult tester quelques patients sous azithromycine et chloroquine, ainsi que quelques patients sous azithromycine seule, cas qui n'était pas étudié dans la première étude de Raoult. On peut donc affirmer que le test du protocole Raoult reste tout à fait à la marge de l'étude Hycovid (note 13).

Suite à la demande présidentielle, il est par ailleurs décidé de lancer en toute urgence un nouvel essai clinique dans d'autres CHU. Ainsi, le 10 avril 2020, le CHU de Montpellier annonce le lancement d’un essai randomisé, Covidoc, indépendamment des essais Discovery et Hycovid, pour tester l’efficacité de la bithérapie « hydroxychloroquine + azithromycine », comparativement à l’hydroxychloroquine seule, sur 150 patients qui présentent une pneumonie justifiant une hospitalisation (note 17, 18). Nous pouvons toutefois remarquer qu'il ne s'agit donc pas à nouveau tout à fait du même protocole que celui de Didier Raoult, puisqu'il ne prend en charge que les personnes justifiant une hospitalisation, alors que Raoult traite aussi les cas asymptomatiques ou ne nécessitant pas d'hospitalisation.

Acte 8 - La presse s'empare progressivement du sujet.

Le 2 avril puis le 4 avril, le professeur Christian Perronne dénonce la problématique dans Marianne (note 7) puis dans France-Soir (note 8) en disant que l’essai clinique Discovery manque d’éthique en ne suivant pas le protocole et en laissant croire qu’il sera capable de donner des résultats sur la validité ou non de ce protocole. Il affirme notamment : « Quant au test "Discovery", il ne prend pas en compte le protocole du professeur Raoult (hydroxychloroquine et azithromycine dès l'apparition des premiers symptômes), mais uniquement l'hydroxychloroquine, et ce sur des cas dans des situations de pathologies aggravées. Pour cela, ce test fait preuve d'absence d'éthique. On leur dit qu'ils vont être tirés au sort, et éventuellement ne pas être traités, tout en connaissant très bien les chiffres de mortalité élevés de cette maladie. »

Le 9 avril, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé se voit poser une question lors de son point de situation télévisé sur le Covid-19 : « Parmi l'ensemble des études menées en France et en Europe, y-a-t-il une étude qui reprenne exactement le protocole mis en place par le docteur Raoult de IHU de Marseille ? ». Il répond : « Cette proposition est reprise dans de nombreux bras de protocoles internationaux et de protocoles français. Nous aurons, à l'issue de ces essais thérapeutiques bien menés, des résultats positifs ou négatifs. » (note 19) Or, il n'en est encore rien le 9 avril, puisque Covidoc est lancé le lendemain. A moins qu'il ne considère que les études Discovery et Hycovid soient capables de répondre à la question? Ce qui n'est pas le cas, nous l'avons vu.

Le 10 avril, le journal Libération rédige un article spécifiquement sur ce sujet, intitulé : « Est-il vrai que l'essai clinique Discovery ne permet pas de tester le protocole du professeur Raoult ? » Le journal confirme que l’essai Discovery ne porte pas sur ces cas, asymptomatiques à modérés, chez des personnes sans facteurs de risque et qude Discovery teste l’hydroxychloroquine seule, et non pas en combinaison avec l’azithromycine (note 20).

Les auteurs de l'essai clinique Discovery sont questionnés de toute part et tentent tant bien que mal eux aussi d'éteindre l'incendie. Ils se défendent comme ils peuvent (note 20), mais leurs explications sont difficilement acceptables par l'opinion publique qui prend conscience du problème. Selon le professeur Perronne, « interrogés sur l’absence d’association de l’hydroxychloroquine avec l’azithromycine, les investigateurs de l’étude, en bons élèves des canons de la méthodologie, répondent qu’il ne faut évaluer qu’un seul médicament à la fois et que si, à la fin de l’étude, l’hydroxychloroquine marche, on fera une nouvelle étude pour démontrer le bienfait de l’association. Ça signifie des résultats dans deux à trois mois. » (note 8)

Acte 9 - Eteindre l'incendie !

Le Président doit agir vite, s'il veut « éteindre l'incendie », pour reprendre les termes du Canard enchaîné. Et ce d'autant plus qu'un sondage souligne la popularité de Didier Raoult (note 21) et que de nombreuses personnalités prennent parti pour un assouplissement des règles de prescriptions de l'hydroxychloroquine liée à l'azithromycine, notamment Philippe Douste-Blazy dans sa pétition en ligne sur Change.org (note 22). Par ailleurs, le scandale du manque de masques fait rage, suite à la sortie le 2 avril de l'article de Mediapart "Masques : les preuves d’un mensonge d’Etat" (note 23). Il ne faudrait pas ajouter un nouveau scandale.

Le Président de la République doit agir vite, nous l'avons vu, et décide à la surprise de tous de rendre visite - le 9 avril dans la même journée - aux représentants de l'essai clinique Discovery le matin et à Didier Raoult l'après-midi, c'est-à-dire aux deux protagonistes principaux de la polémique naissante sur les essais cliniques. C'est l'occasion pour Didier Raoult de lui présenter en exclusivité sa nouvelle étude portant sur plus de 1000 patients (note 24). Tous les médias se font l'écho de cette visite à Marseille auprès de Didier Raoult. Toutefois, probablement afin de ménager tout un chacun, ou encore de ne pas se dédire, l'Elysée a insisté sur le fait que cette rencontre ne représentait pas « une reconnaissance » de la méthode du professeur Raoult (note 25). Les médias mettent en avant qu'il consulte tous les spécialistes du Covid-19 comme le président l’a confirmé dans son allocution du 13 avril 2020.

« J’ai tenu moi-même à comprendre chacune des options possibles, à m’assurer que tout était essayé dans les meilleurs délais et avec rigueur » Emmanuel Macron 13 avril 2020.

C'est bien joué de la part du Président de la République car la popularité de Didier Raoult reste au beau fixe.

Mise à jour : Le 16 avril dans un interview à RFI, le president confirme l'objet de sa visite à Marseille:

« Mon role, et c'est ce que j'ai fait en me rendant chez le Pr Raoult c'est de m'assurer que ce sur quoi il travaille, et c'est vraiment une de nos plus grandes sommités en la matière, rentrait bien dans le cadre d'un protocole d'essai clinique, qu'on pouvait aller vite pour s'assurer, en tout cas regarder, avec des méthodes qui doivent être simples mais rigoureuses, si ça marchait ou ne marchait pas ".

Acte 10 - Deux mois de perdus... pour des querelles d'égo ?

Alors, le traitement proposé par le professeur Raoult est-il efficace ? Il faudra attendre probablement encore plusieurs mois avant d'en avoir la réponse, comme le souligne le professeur Christian Perronne dans France-Soir (note 8). Nous devions avoir les résultats début avril, si l'essai Discovery avait immédiatement repris le protocole du professeur Raoult. Or apriori, les résultats définitifs de l'essai qui se rapproche le plus du protocole du professeur Raoult, à savoir l'essai clinique Covidoc, ne sont attendus que fin mai (note 18).

Toute cette triste histoire nous a donc fait perdre deux mois. Or en cas de crise pandémique telle que celle que nous vivons, deux mois c'est considérable. Car, à supposer qu'effectivement la solution proposée par Didier Raoult et son équipe fonctionne, alors en deux mois, nous aurions pu faire tant de choses. Nous aurions pu préparer très rapidement toute la production et la logistique pour une distribution massive du traitement. Nous aurions pu sauver de nombreuses vies. Nous aurions pu permettre d'entrevoir et d'avoir une fin de confinement rapide. Nous aurions pu soulager psychologiquement la population en lui disant qu'il existait un traitement efficace. Nous aurions pu apporter cette solution à d'autres pays, notamment ceux les moins armés comme en Afrique et en Amérique Latine. Nous aurions pu tant de choses, mais encore aurait-il fallu que nous sachions avec une totale certitude, si ce traitement fonctionne ou non. Et si la réponse était que ce traitement ne fonctionne pas, alors nous aurions pu clore rapidement cette polémique une fois pour toute.

Alors, « polémique » ou « scandale » ?

Sans doute, l'avenir nous le dira. Mais une chose est certaine : si jamais le traitement proposé par Didier Raoult se révélait être efficace, alors les institutions sanitaires auront le devoir d'expliquer pourquoi tant de temps a été perdu. Et si jamais il est démontré que la cause de ces retards se trouve dans « des querelles d'égo » pour reprendre les termes du professeur Perronne (note 7), alors oui, nous pourrons parler d'un « scandale des autorités sanitaires ». Ce serait pire s'il était démontré que de possibles connivences avec des laboratoires pharmaceutiques aient pu influer certains choix protocolaires et l'orientation des essais, comme l'affirment déjà certains (note 26). L'ouverture d'une enquête parlementaire deviendrait alors inévitable. Comme le laissait entendre Didier Raoult lui-même, à propos de l'essai clinique Discovery : « Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante. » (note 11) Voici alors les questions auxquelles cette commission d'enquête devrait répondre :

1. Pourquoi les essais clinique Discovery et Hycovid n’ont-t-il pas pris en compte immédiatement le protocole du Docteur Raoult ?

2. Quelles personnes ont pris ces décisions et comment les justifient-elles ?

Nous pourrions ajouter deux questions à l'attention du gouvernement, compte-tenu de ces deux mois de retard :

  1. Ne devrions-nous pas commander tout de suite des millions de médicaments, afin d'être « logistiquement » déjà prêts à les distribuer le jour où nous aurons une réponse certaine ? Quitte à ne pas les utiliser compte-tenu de leur coût négligeable, si la réponse s'avérait négative.
  2. Ne devrions-nous pas tout de suite laisser tous les médecins hospitaliers libres de prescrire cette combinaison dès qu’une personne est positive, compte-tenu du calcul risque / bénéfice et, comme cela a été proposé par de nombreux médecins, y compris l'ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy (note 22) ? Voire pourquoi pas à tous les médecins généralistes ?

Pour reprendre Plenel, face à « l'impéritie » des autorités sanitaires,

« nous ne faisons pas silence et nous défendons le droit de savoir. » (note 27)

 

Références

  1. Arthur Berdah et Marcelo Wesfreid, « De Marseille à l’Élysée, comment Didier Raoult a séduit la classe politique », Le Figaro,‎ 1er avril 2020
  2. « Rubrique "Le plus lu de la semaine", Comment le président s'est décidé sur la chloroquine », Valeurs Actuelles,‎ 2 au 6 avril 2020
  3. Didier Raoult et al., « Clinical and microbiological effect of a combination of hydroxychloroquine and azithromycin in 80 COVID-19 patients with at least a six-day follow up: an observational study », IHU-Méditerranée Infection, Marseille, France,‎ 27 mars 2020
  4. François Mallordy, « Hydroxychloroquine contre Covid -19 : l’étude qui redonne espoir », egora.fr,‎ 21 mars 2020
  5. Bruno Lina et Florence Ader, « Conférence de presse video, sur l'essai clinique Discovery contre le Covid-19 », HCL. Citations à la 7e et 19e minutes de la vidéo,‎ 23 mars 2020
  6. Reprise Reuters, « Coronavirus : un essai clinique européen débute avec notamment la chloroquine », Le Figaro,‎ 22 mars 2020
  7. Etienne Campion et Christian Perronne, « Les tirs de barrage reçus par Didier Raoult sont aussi liés à des querelles d'égos », Marianne,‎ 2 avril 2020
  8. Christian Perronne et Xavier Azalbert, « En temps de guerre, la vision de la médecine doit s’adapter, avant qu’il ne soit trop tard », France-Soir,‎ 4 avril 2020 (lire en ligne)
  9. Barthélémy Philippe, « La chloroquine a bien été autorisée pour le coronavirus, mais seulement dans les cas graves », Capital,‎ 27 mars 2020 )
  10. Communiqué de presse, « Lancement d’un essai clinique européen contre le Covid-19 », Inserm,‎ 22 mars 2020
  11. Hervé Vaudoit et Paul Molga, « Covid-19 – Entretien avec celui qui est au cœur des polémiques : Didier Raoult », Marcelle,‎ 26 mars 2020
  12. Quatre questions d’internautes… au docteur Gilles Pialoux, infectiologue et chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon, à Paris, sur l’hydroxychloroquine, « Coronavirus : « L’hydroxychloroquine sera comparée comme les autres molécules. Ni plus ni moins » », Le Monde,‎ 26 mars 2020
  13. CHU d'Angers, « Etude Hycovid – Foire Aux Questions (FAQ) », Communiqué de presse, Consulté le,‎ 12 avril 2020
  14. Antoine Jeuffin, « Coronavirus : une nouvelle étude clinique sur l'efficacité de la chloroquine lancée en France », France Bleu,‎ 1er avril 2020
  15. Retours personnels de plusieurs députés de l'Assemblée nationale
  16. « Le protocole Raoult enfin testé », Le Canard enchaîné,‎ 8 avril 2020, p. 2
  17. Rédaction, « Coronavirus. Occitanie : un essai pour lever les polémiques sur l’hydroxychloroquine piloté du CHU de Montpellier », actu.fr,‎ 10 avril 2020
  18. Géraldine Woessner, « Ce nouvel essai qui pourrait clore la polémique sur le professeur Raoult », Le Point,‎ 12 avril 2020
  19. Jérôme Salomon, « Point de situation sur le COVID-19 télévisé, à la 15e minute », AFP,‎ 9 avril 2020
  20. Florian Gouthière, « Est-il vrai que l'essai clinique Discovery ne permet pas de tester le protocole du professeur Raoult ? », Libération,‎ 10 avril 2020
  21. Élodie Forêt et Olivier Bénis, « Sondage coronavirus : pour les deux tiers des Français interrogés, le gouvernement n'est pas à la hauteur », France Inter,‎ 27 mars 2020
  22. Philippe Douste-Blazy et Christian Perronne (COLLECTIF 3 AVRIL), « Traitement Covid-19: ne perdons plus de temps ! #NePerdonsPlusDeTemps », Change.org,‎ 3 avril 2020
  23. Yann Philippin, Antton Rouget et Marine Turchi, « Masques : les preuves d’un mensonge d’Etat », Mediapart,‎ 2 avril 2020
  24. Didier Raoult et al., « Abstrat - Prépublication d’une étude portant sur plus de 1000 patients », IHU-Méditerranée Infection, Marseille, France,‎ 27 mars 2020
  25. « Coronavirus : Didier Raoult revient sur la visite d'Emmanuel Macron », Le Figaro,‎ 10 avril 2020
  26. François Asselineau, « "Je pense qu’il (E.Macron) est complètement à l'Ouest !" - Les Incorrectibles, à la 15e minute », Sud Radio,‎ 12 avril 2020
  27. Edwy Plenel, « Masques : ce que révèle l’enquête de Mediapart », Vidéo de Mediapart,‎ 3 avril 2020
  28. Remerciement à de nombreux contributeurs de Wikipédia

 

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SOURCE : France Soir

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26/04/2020

Quand la gauche collaborait - 1939 - 1945

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Parce qu'il faut le rappeler sans cesse...

 

 

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25/04/2020

Pierre Manent : "Il y a longtemps que nous sommes sortis à bas bruit du régime démocratique et libéral"

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GRAND ENTRETIEN - Le philosophe analyse la crise inédite que nous vivons et le rapport à la politique qu’elle révèle. Pour lui, nous subissons un retour des « traits les moins aimables de notre État », notamment avec le confinement, mesure « primitive » et « brutale ».

Par Eugénie Bastié

LE FIGARO -- LA CRISE QUE NOUS VIVONS SEMBLE ACTER UN RETOUR DE L’ÉTAT, APRES DES DECENNIES DE THEORISATION DE SON DESENGAGEMENT. « NOUS DEVONS REBATIR NOTRE SOUVERAINETE NATIONALE ET EUROPEENNE », A MEME ADMIS LE PRESIDENT EMMANUEL MACRON. L’IDEE DE NATION EST-ELLE EN TRAIN DE FAIRE SON GRAND RETOUR ?

Pierre MANENT -- En attendant le « jour d’après », nous observons le retour des traits les moins aimables de notre État. Au nom de l’urgence sanitaire, un état d’exception a été de fait institué. En vertu de cet état, on a pris la mesure la plus primitive et la plus brutale: le confinement général sous surveillance policière. La rapidité, la complétude, l’allégresse même avec lesquelles l’appareil répressif s’est mis en branle font un pénible contraste avec la lenteur, l’impréparation, l’indécision de la politique sanitaire, qu’il s’agisse des masques, des tests ou des traitements éventuels. Des amendes exorbitantes frappent des écarts innocents ou bénins. Il est interdit de sortir de chez soi sans passeport, mais le rétablissement des frontières nationales est toujours jugé un péché mortel. Je ne pense pas que la crise réhabilite cet État-là.

Quant à la nation, elle a été abandonnée, discréditée, délégitimée depuis deux générations, comme a été abandonnée, discréditée, délégitimée toute idée de politique industrielle. Nous avons renoncé à l’idée même d’indépendance nationale. Ah, n’être plus qu’un nœud mol et souple de compétences « pointues » dans les échanges mondiaux ! Oh, surtout ne jamais ralentir les flux ! Nous découvrons que nous sommes dépendants de la Chine pour presque tout ce dont nous avons besoin ? Mais nous nous sommes organisés pour être ainsi dépendants! Nous l’avons voulu ! Croyez-vous que, lorsque nous sortirons exsangues de la destruction économique occasionnée par la crise sanitaire, il y aura beaucoup de volontaires pour remonter la pente que nous descendons depuis quarante ans ?

LE FIGARO -- LE RAPPORT ENTRE « LE SAVANT ET LE POLITIQUE », FONDATEUR DE LA MODERNITE POLITIQUE, SE TROUVE PROFONDEMENT BOULEVERSE DANS CETTE CRISE. IL SEMBLE QUE LE DECIDEUR POLITIQUE SOIT TENTE DE S’ABRITER DERRIERE L’ARBITRAGE SCIENTIFIQUE, ET, EN MEME TEMPS, DES QU’IL S’EN AFFRANCHIT, IL SE TROUVE CRITIQUE PAR L’OPINION PUBLIQUE. COMMENT ANALYSER CETTE SITUATION? EST-CE LE TRIOMPHE DE L’EXPERTISE SUR LA DECISION POLITIQUE, OU BIEN LE RETOUR DE LA POLITIQUE PURE DANS UN CONTEXTE D’INCERTITUDE ?

Pierre MANENT -- Quant aux savants, il faut distinguer. Nous avons appris à connaître, à estimer et souvent à admirer nos médecins, soignants et chercheurs. C’est le réconfort de ce printemps sinistre. Nous avons découvert aussi la politique de la science, qui n’est pas plus innocente que l’autre. La compétence n’immunise pas contre le désir de puissance. En tout cas, ce sont les politiques qui décident, parce qu’ils ont en charge le tout, c’est à eux de prendre en compte tous les paramètres et d’envisager toutes les conséquences de leurs actions. C’est la politique qui est la science reine !

LE FIGARO -- COMMENT ANALYSEZ-VOUS LA REACTION DE L’UNION EUROPEENNE A CETTE CRISE ? PLUS GENERALEMENT, CELLE-CI EST-ELLE REVELATRICE DE LA FAIBLESSE DE L’OCCIDENT ?

Pierre MANENT -- L’Union européenne comme les nations qui la composent sont également faibles. L’Union a pris sa dernière forme. Ou elle persévérera cahin-caha sous cette forme, ou elle se délitera. L’ordre européen repose sur l’hégémonie allemande, une hégémonie acceptée, voire appréciée par le reste de l’Europe. L’Allemagne se trouve dans la situation la plus stable et la plus favorable dans laquelle elle se soit jamais trouvée. Elle domine par son seul poids, elle n’a nul besoin de bouger, ou plutôt elle a besoin de ne pas bouger. C’est ce que n’a pas compris le président Macron, qui fatigue les Allemands de ses demandes incessantes d’initiatives communes.

Les diverses nations sont rentrées chez elles. C’est la fin du bovarysme européen. Aucune merveilleuse aventure ne nous attend du côté européen de la rue. Chaque nation a découvert le caractère irréformable de son être collectif. Délivrés du rêve frustrant de «plus d’Europe», nous pouvons retrouver une certaine affection pour ce que nous sommes, essayer de nous renforcer à partir de notre être national, nourrir patiemment nos ressources propres, qu’elles soient économiques, militaires, morales ou spirituelles. Ce désir de se retrouver et de se renforcer ne sera salutaire que s’il est accompagné d’une prise de conscience lucide de notre faiblesse réelle, de la faiblesse dans laquelle nous nous sommes laissés glisser.

LE FIGARO -- ÊTES-VOUS SURPRIS PAR LA DOCILITE AVEC LAQUELLE NOS DEMOCRATIES LIBERALES ONT ACCEPTE DE SUSPENDRE LA PLUPART DES LIBERTES? N’EST-CE PAS LE SIGNE QUE LE REGNE SANS PARTAGE DES « DROITS » RESTE FRAGILE FACE A L’URGENCE DE LA PRESERVATION BIOLOGIQUE ?

Pierre MANENT -- Personne ne conteste que la pandémie constitue une urgence et qu’avec l’urgence certaines mesures inhabituelles s’imposent. Mais la fragilité de la santé humaine constitue en quelque sorte une urgence permanente qui peut fournir à l’État une justification permanente pour un état d’exception permanent. Nous ne voyons plus dans l’État que le protecteur de nos droits ; dès lors, la vie étant le premier de nos droits, un boulevard est ouvert à l’inquisition de l’État.

Cela dit, il y a longtemps que nous nous en sommes remis à l’État, que nous lui avons accordé souveraineté sur nos vies. Cette tendance longue a pris un tour aigu dans la dernière période. La spontanéité de la parole sociale a été soumise à une sorte de censure préalable, qui a pour ainsi dire exclu du débat légitime la plupart des enjeux importants de notre vie commune, ou même personnelle. Qu’il s’agisse de la question migratoire ou de la relation entre les sexes, et en général des questions dites sociétales, une idéologie commune à la société et à l’État dicte le permis et le défendu, qui ne fait qu’un avec l’honorable et le déshonorant, le noble et le vil. Bref, nous avons parfaitement intériorisé le principe d’une discipline de parole et d’expression à laquelle il serait suspect d’opposer la moindre résistance.

Ainsi sommes-nous sortis à petit bruit du régime démocratique et libéral qui était informé et animé par des projets collectifs rivaux, qui mettait devant nos yeux de grandes choses à faire, des actions communes à accomplir, bonnes ou mauvaises, judicieuses ou ruineuses, mais qui justifiaient que l’on s’opposât, que les arguments s’échangent vigoureusement, que les grandes questions nourrissent de grands désaccords. Cet heureux temps n’est plus. Le monde s’est pour nous rempli de victimes qui, d’une voix gémissante et menaçante à la fois, se disent blessées par tout ce bruit, voient dans les règles d’accord de l’adjectif une offense à toutes les femmes et, dans une grossièreté de cour d’école, une insulte homophobe. Qu’opposerions-nous maintenant à l’État gardien des droits, alors que nous le supplions de venir au chevet de notre intimité incessamment blessée ?

LE FIGARO -- PENSEZ-VOUS QUE LES FONDAMENTAUX MEME DU LIBERALISME SOIENT ATTEINTS PAR CETTE CRISE? S’EN REMETTRA-T-IL ?

Pierre MANENT -- Ce qui est atteint, ce sont les fondamentaux de la mondialisation que l’on dit libérale, c’est la mise en concurrence de tous avec tous, c’est l’idée que l’ordre humain résulterait désormais de la régulation impersonnelle des flux. Cette idéologie a fait usage de certains thèmes libéraux, mais le libéralisme est autre chose qu’il importe de préserver. Un régime libéral organise la compétition pacifique pour définir et mettre en œuvre les règles de la vie commune, et il distingue rigoureusement entre ce qui relève du commandement politique et ce qui relève de la liberté d’entreprendre au sens le plus large du terme, qui inclut en particulier la libre communication des influences morales, sociales, intellectuelles, religieuses. Remarque décisive: le régime libéral suppose le cadre national, il n’y a jamais eu de régime libéral que dans un cadre national.

Dans la dernière période, notre régime a connu une corruption qui a affecté toutes les classes: les riches, car il a favorisé la finance et la rente, en particulier immobilière, et a incité la haute technostructure à se détourner de la nation jusqu’à perdre parfois le sens du bien commun ; les pauvres et les modestes, car il a découragé le travail par des prestations sociales indiscriminées. Les fonctions dites régaliennes - armée, sécurité, justice - ont été privées de ressources. Donc, ou bien nous procéderons à la réallocation des ressources en faveur des fonctions régaliennes et de la rémunération du travail, ou nous nous immobiliserons de plus en plus dans l’administration par l’État de ressources de plus en plus rares, tandis que se poursuivra notre étiolement politique et moral.

LE FIGARO -- TANDIS QUE TOUT EST MIS EN ŒUVRE POUR SAUVER LA VIE DES PLUS FRAGILES, LES RITES ELEMENTAIRES QUI ACCOMPAGNAIENT LES DERNIERS INSTANTS ONT ETE REDUITS, VOIRE SUPPRIMES. QUE DIT CETTE CRISE DU RAPPORT A LA MORT DE NOS SOCIETES MODERNES ?

Pierre MANENT -- Le gouvernement s’est cru autorisé par les circonstances à interdire, ou peu s’en faut, le dernier rite auquel nous soyons encore attachés, celui qui accompagne la mort. En dépit d’une tendance très générale parmi nous à rendre la mort invisible, cette mesure suscita tristesse, consternation et réprobation. Chacun comprend que les rites peuvent être à la fois aménagés et maintenus dans leurs traits essentiels, sans plus de risques pour les participants que n’en courent chaque jour les livreurs ou les caissières, sans parler des soignants.

Cet effacement brutal de la mort est inséparable de l’effacement de la religion: avez-vous remarqué que, sur la longue liste des motifs autorisant la sortie du domicile, on n’a pas oublié les «besoins des animaux de compagnie», mais qu’il n’est pas envisagé que nous souhaitions nous rendre dans un lieu de culte? Cela mérite réflexion. Ceux qui nous gouvernent sont des personnes honorables qui font de leur mieux pour surmonter une crise grave. Or ils n’ont pas perçu l’énorme, l’inadmissible abus de pouvoir qui était impliqué dans certaines de leurs décisions. Comment est-ce possible ?

Dans la dernière période, les institutions, règles et lois qui définissaient la vie commune en Europe ont été rendues malléables pour toutes les demandes que chacun de nous, tyran tyrannisé par son désir, voudra leur adresser. Nous avons bu un vin de vertige, comme dit l’Écriture. Nous avons délégitimé les institutions qui ordonnaient la transmission de la vie, voici qu’on veut nous ôter les rites qui accompagnent la mort. Il est temps de nous réveiller.

 

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SOURCE : Le Figaro

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21/04/2020

Coronavirus : "Des milliers d'entrepreneurs seront sacrifiés à notre affolement devant ce retour de la mort"

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Robert Redeker
Philosophe, auteur notamment de L'école fantôme (Descléee de Brouwer, 2016) et L’Eclipse de la mort (éditions Desclée de Brouwer, 2017).

 

Robert Redeker estime que nous avons choisi l'irrationalité économique par peur excessive de la mort, dont nous pensions nous être débarrassés.

 

L’aspect le plus frappant du moment historique que nous traversons tient dans le sacrifice de l’économie. Extrémisme sanitariste, la politique du confinement généralisé – outre qu’elle place 68 millions de Français dans une sorte de garde à vue à domicile, accompagnée d’une assignation à résidence, infantilisés sous une sorte de loi des suspects, et tenus pour des délinquants potentiels – est appelée à engendrer des conséquences économiques dramatiques. Tout le monde les décrit, personne n’en énonce le sens.

Le sacrifice économique

On allait le répétant, en le regrettant parfois, en s’en félicitant souvent, sur tous les tréteaux : l’économie - le profit, la concurrence, la rentabilité, la finance, les premiers de cordée, les start-ups – est l’alpha et l’oméga des sociétés contemporaines, vouées, à des degrés divers, au néolibéralisme. L’on se rendait compte que ses impératifs guidaient les décisions des dirigeants politiques. L’on voyait la politique plier le genou devant l’économie, servant les intérêts de la bourse et de la finance. L’on apercevait les politiciens cherchant l’adoubement des marchés. L’on poussait le raisonnement jusqu’à regarder les gouvernements comme des chambres d’enregistrement plus ou moins discrètes des volontés et intérêts, du désir de puissance, des entreprises multinationales, de la banque et de la finance. L’on disait la planète inféodée à une seule idéologie : l’économisme. Mammon était Dieu, Wall Street son prophète, et les chefs d’Etats ses pontifes. Et l’on n’avait pas tort ! Mieux : et l’on était dans le vrai ! L’on supposait cette constellation éternelle. Comme l’on imaginait au milieu des années 1980 encore, éternelle l’URSS.

Ce confinement planétaire est d’un point de vue économique, irrationnel. Il marque le triomphe de la déraison économique

L’imagination qui se prenait pour le savoir historique était, suivant sa nature, selon les mots mêmes de Pascal, "maîtresse d’erreur et de fausseté". Arriva un virus, une protéine enveloppée de lipide, un infiniment petit, et voici qu’aux risques d’un effondrement généralisé, des pans entiers de l’économie se lézardent à cause du confinement décrété pour nous protéger contre cet ennemi lilliputien. Et voici que la dette publique, ce péché absolu d’hier matin, explose ! Et voici que l’on voue au dépôt de bilan la plupart des cafés et des restaurants, qui sont ce que notre pays a de plus précieux. Oh oui, l’admirable André Daguin, mousquetaire au service de notre art de vivre, a bien fait de mourir quelques semaines avant cette débâcle ! Et voici que les avionneurs à leur tour sont condamnés à réduire leur voilure.

Une violente récession résulte de ce confinement : les faillites d’entreprises, le chômage de masse, la paupérisation, menacent de se développer, sans que l’on puisse en cerner à l’avance les conséquences politiques. Il n’est pas impossible qu’en réponse à cette dépression économique, causée par le gel volontaire des activités économiques, des émeutes de désespoir, répliques de celles que connut la France au moment de la révolte des gilets jaunes, enflamment l’Europe l’hiver prochain. Le confinement est la mise de toute l’économie planétaire sur la touche "stand-by". Comme réponse au Covid-19, cette épidémie mondiale, ce confinement planétaire est d’un point de vue économique, irrationnel. Il marque le triomphe de la déraison économique.

Retour de la mort

Cette déraison plonge sa justification dans notre désaccoutumance à la mort. Eclipsée de nos sociétés, qui sont celles, comme l’a vu Paul Yonnet, du "recul de la mort", reléguée dans ses marges, refoulée, son retour sur la scène publique constitue le plus violent des chocs. Hier encore, nous vivions dans l’euphorie de l’éternité procurée par la consommation, dans le présentisme qu’elle génère, la vue des morts n’étant réservée qu’à quelques professions. La combinaison de l’effacement des grands récits, métaphysiques, religieux, ou politiques, et l’expansion de l’euphorie consumériste renforcée par l’optimisme digital, dans laquelle nous trouvions un semblant de bonheur, "les jours heureux" évoqués par Emmanuel Macron, fonctionnait en réalité à la façon de la censure dans la théorie freudienne de l’inconscient. Elle était censure collective.

Censure de la souffrance, de la maladie, et de la mort – nos fidèles compagnes depuis les origines. Le résultat de ce refoulement claque : nous sommes incapables de donner un sens à la mort, nous voici égarés à la folie par notre désarroi devant son retour. Le covid-19 oblige à un retour du refoulé. Nous répondons par une pathologie psycho-économico-sociale à la pathologie biologique du virus. La mise entre parenthèses de la liberté et les destructions imposées à l’économie signent la pathologie de ce retour du refoulé.

Politique de la terre brûlée, rien n’assure que cet holocauste soit propre à faciliter le retour des "jours heureux"

On ne peut en rendre compte qu’en recourant à la théorie religieuse du sacrifice. La prospérité économique est sacrifiée pour conjurer la mort. Des milliers de petits et moyens entrepreneurs seront sacrifiés à notre affolement devant ce retour de la mort. Les petits cafés et restaurants mourront, Starbucks prendra leur place. Le confinement mortel pour l’économie est comparable à un autel offert au sacrifice. Ici comparaison est raison. Nous répliquons par la mort économique à ce déroutant retour de la mort, échangeant la mort socio-économique contre la mort biologique, espérant échapper à la seconde en réussissant la première.

La plupart des sociétés ont sacrifié des animaux, qui étaient souvent d’une grande valeur pour elles, parfois même des hommes, à leurs dieux improbables, tantôt pour attirer la pluie, tantôt pour éloigner (déjà) une épidémie, ou pour obtenir la fécondité des récoltes et des femmes, si ce n’est la victoire à la guerre, quand la nôtre, dans un geste analogue, sacrifie une partie importante de son économie. Nous offrons notre prospérité économique en sacrifice à des divinités siégeant dans notre inconscient collectif, pour qu’elles nous épargnent la mort. Pour qu’elles éloignent la mort de nos yeux.

Il faut comprendre ce coma artificiel de l’économie causé par le confinement comme une destruction sacrificielle. Ce n’est pas pour attirer la pluie que nous acceptons ce sacrifice, mais pour ne pas voir la mort et conjurer toutes les questions qu’elle nous pose. Quand le tragique nous rappelle à son souvenir, nous place sous les yeux la réalité de la condition humaine, le sacrifice archaïque, de type religieux, revient avec lui.

Réponse-réflexe, réponse de panique collective, politique de la terre brûlée, rien n’assure que cet holocauste soit propre à faciliter le retour des "jours heureux".

 

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SOURCE : Marianne

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Professeur Didier Raoult : La leçon des épidémies courtes

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20/04/2020

Faire le point...

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Texte trouvé sur Fesse de Bouc...

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On raconte beaucoup de bêtises sur la crise du coronavirus. J’ai voulu, par cette modeste enquête plus ou moins journalistique, vous permettre de faire le point sur ce qu’on sait, de sources presque sûres.

Ainsi, d’après moult observateurs cités par de nombreux médias, le SARS-CoV-2 a donc été créé dans le laboratoire P4 de Wuhan en Chine dans le cadre d’un programme de guerre bactériologique mené par les méphistophéliques chinois.

Dans le même temps, il serait 100 % bio, naturel et se serait échappé du même laboratoire par inadvertance pendant qu’un laborantin volontaire mais gauche essayait de créer un vaccin contre le SIDA en étripant une chauve-souris. Un prix Nobel est de cet avis. D’autres sources bien informées confirment qu’il est encore le résultat d’une réaction en chaîne liée à la raréfaction des habitats naturels : une chauve-souris confinée sur sa dernière branche aurait pissé sur un fruit mangé par une fourmi elle-même ingérée par un pangolin passé un peu plus tard, hélas trop peu de temps, dans un four à chaleur tournante, contaminant le patient zéro. Toutes les sources le confirment : ce patient zéro serait une femme et un homme atteint en septembre 2019, mais aussi en novembre et probablement en décembre aussi. Le virus proviendrait enfin des marchés d’animaux sauvages de Wuhan. Ou des marchés de fruits. Ou d'autre part, au sud de Wuhan.

La transparence des autorités chinoises nous permet de conclure qu’il y a eu 3300 morts en Chine, et probablement 50 000 aussi. Le profil des victimes est toujours le même : des hommes obèses, âgés, non-fumeur, de groupe sanguin A ou B, mais des jeunes femmes fumeuses minces de groupe 0 sont aussi touchées et aussi des gens de tous les âges, de toutes les conditions ; si l'on n’est pas obèse, ni vieux, ni de sexe masculin, si l'on n’a aucune comorbidité comme le diabète, le cancer, ou une maladie cardiovasculaire, on peut donc être rassuré et en même temps pas du tout.

Le SARS-Cov-2 est un sacré virus. Il survit dans l’air et ne survit pas en même temps. Il touche et ne touche pas les enfants et les ados. Les patients asymptomatiques représentent 30, 40 et 70 % de la population. Il se transmet par la salive, à 1 mètre, 2 mètres, 4 mètres de distance, et aussi par les selles, les pets, l’alimentation. Il touche les poumons, le système digestif, le sang, le système nerveux central, c’est une grosse grippe, un simple rhume, on en meurt beaucoup, mais pas tant que ça. Tout dépend et ne dépend pas de facteurs génétiques dont on ignore tout pour le moment.

Sur les remèdes, les spécialistes sont formels : un vaccin sera prêt dès septembre 2020 ou dans 12, 18 et 24 mois, à condition qu’un vaccin soit possible. En attendant, le traitement à base d’hydroxychloroquine fonctionne et ne fonctionne pas parfaitement, comme l’ont et ne l’ont pas montré les études du professeur Didier Raoult. De leur côté, les anticoagulants et les antibiotiques agissent et n’agissent pas très bien non plus. Les malades guéris développent des anticorps qui les protègent et ne les protègent pas d’un retour de flamme du virus considéré à la fois comme vaincu, en pleine croissance et imprévisible.

Heureusement, face à la crise, le gouvernement français a su réagir rationnellement. Il a d’abord combattu le virus a coup d’affichettes dans les aéroports. « Si vous avez de la fièvre, il faut rester chez vous », était-il écrit. Comme la ligne Maginot, cette stratégie à la française a très bien fonctionné pendant quelques heures. Le deuxième étage de la stratégie gouvernementale a enfoncé le clou. Ainsi, selon le gouvernement, les masques et les tests sont à la fois totalement inutiles, mais absolument essentiels aussi. Il faut rester confiné mais faire du footing et continuer à vivre et aller au théâtre même si les théâtres sont fermés, miser sur l’arrêt du brassage des populations et en même temps sur l’immunité collective. Le gouvernement a aussi rappelé que si les adultes sont incapables de mettre des masques tout seuls, des enfants de 5 ans y parviendront lors la rentrée scolaire le 11 mai prochain, ou quinze jours plus tard, ou trois mois plus tard. « C’est impossible et pas la mer à boire non plus », a fait savoir le gouvernement. Des centaines de millions de masques et de tests seront bientôt disponibles en France, dans quelques semaines, mois, années. Quant à la stratégie de dépistage préventif tous azimuts, l’isolement des malades et de leurs contacts, elle est aujourd’hui considérée comme inepte et capitale et sera ou ne sera pas développée dans les prochains jours ou mois.

Pour beaucoup d’observateurs, cette crise prendra fin dans quelques semaines, mois ou années, quand un vaccin sera trouvé, quand 70 % de la population sera contaminée et quand un événement imprévisible surviendra comme, par exemple, le beau temps. La majorité des experts s’accordent encore à penser que le monde ne sera plus jamais comme avant et parallèlement, qu’absolument rien ne va changer. Toutes les sources sont unanimes sur ce dernier point : la crise économique qui vient sera terrible et les plus faibles paieront le plus lourd tribut.

Voilà, j’ai dû un peu condenser ces infos diverses, toutes publiées à un moment ou un autre. J’espère que ça vous aidera à y voir un peu plus clair." C'est y pas plus clair ? Nicolas Delesalle en direct des studios. A vous Mulhouse !

 

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17/04/2020

Philippe de Villiers : « Comme Notre-Dame, la France se relèvera ! »

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GRAND ENTRETIEN -- Un an après l’incendie de Notre-Dame de Paris, l’ancien ministre revient sur cette nuit d’angoisse où la cathédrale faillit disparaître dans les flammes. Il y voit un symbole à l’heure où la France doit affronter une crise sanitaire et économique sans précédent.

Par Alexandre Devecchio


Un an après l’incendie de Notre-Dame de Paris, Philippe de Villiers se souvient de cette nuit d’angoisse où la cathédrale aurait pu disparaître dans les flammes, mais est restée debout. Il y voit un symbole alors que la France doit affronter une crise sanitaire et économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

L’ancien ministre souligne que tout au long de son histoire, notre pays a su se relever des épreuves les plus tragiques. Cependant, pour que les conditions du sursaut soient réunies, il faut, selon lui, que les élites renoncent à l’idéologie de la « mondialisation heureuse » pour revenir aux fondamentaux de « l’ancien monde » qui, à ses yeux, garantissaient notre protection : la frontière, la souveraineté, le local et la famille.

Philippe de Villiers observe que l’ampleur et la brutalité de la crise bousculent la vision politique d’Emmanuel Macron, en particulier sur la question européenne. Il fustige cependant l’imprévoyance de l’exécutif et redoute beaucoup les conséquences du confinement prolongé sur l’économie concrète de la France.

LE FIGARO -- Il y a un an jour pour jour brûlait Notre-Dame de Paris. Quel souvenir gardez-vous de cette nuit ?

Philippe DE VILLIERS -- Le souvenir d’une nuit blanche. Une nuit d’effroi. Une nuit allégorique aussi. D’abord il y eut les flammes, le ciel assombri par les nuages de soufre, le silence sépulcral, -- un silence de cathédrale --, tout autour de cette arche de feu, immolée, sans défense ni secours. La foule des errants de la postmémoire, qui regardait, bouche ouverte, incrédule : « Notre-Dame brûle ! » Puis, brandies par des nacelles, comme des coquilles de noix face à la mer de feu, les lances sont arrivées, trop courtes, dérisoires. On aurait dit des seaux d’eau du Moyen Âge. La bataille semblait perdue d’avance. Les flammes grandissaient. On voyait de très loin, au-dessus des immeubles, une danse infernale sur le pont du grand vaisseau de haut bord. C’étaient les chênes de saint Louis qui se consumaient. La grande nef du monde pour la plèbe de Dieu allait s’effondrer. Il était minuit.

Au petit matin, on entend, qui vibre, l’invisible France des hautes nefs immémoriales, un grouillement d’âmes simples qui entonne un hymne à l’unité profonde de la symphonie millénaire, l’accord parfait du burin sur la pierre et du souffle de l’esprit. Notre Dame a sauvé Notre-Dame. La première dame de France nous a ainsi rappelés à nos racines, au mystère d’un peuple insouciant mais tourné vers les grands embarquements.

LE FIGARO -- Dans les jours suivants, cette catastrophe a déclenché une émotion nationale sans précédent. Comment l’expliquez-vous ?

Philippe DE VILLIERS -- Notre-Dame de Paris, c’est la France. Pour le peuple français, longtemps elle fut sa maison. Elle l’est encore un peu pour les chasseurs d’images désaffiliés qui n’ont plus les clefs pour comprendre. Notre peuple y a déployé les expressions les plus pures de son génie créateur. Au temps des croisades, quand la lumière commandait à la pierre, il a entassé dans cette arche de Noé, dans ce vaisseau renversé, nos forêts, nos jardins, nos soleils levants, mais aussi sculpté nos chimères et glissé dans les tuyaux d’orgue jusqu’à nos tempêtes intimes. C’était le nombre d’or d’un peuple croisé qui donne des ailes à la pierre. On ferait bien de relire Marcel Proust, qui écrivait dans Le Figaro du 16 août 1904 : « Nos cathédrales sont probablement la plus haute mais indiscutablement la plus originale expression du génie de la France. »

LE FIGARO -- Un an après, quelles leçons doit-on retenir de ce drame ?

Philippe DE VILLIERS -- Dans toutes les grandes épreuves, la France retourne à ses enfances, retourne à Notre-Dame du dernier recours. Le peuple vient supplier, prier la Couronne d’épine pour éloigner les fléaux, les épidémies.

Plus près de nous, je repense au président du Conseil, Paul Reynaud qui, le 19 mai 1940, quand le pays roule à l’abîme, se dirige à la tête de tout son gouvernement vers Notre-Dame puis qui, le 13 juin, dans une allocution radiodiffusée au pays, s’écrie : « S’il faut un miracle pour sauver la France, alors je crois au miracle ! »

Aujourd’hui, Notre-Dame gît, entrailles ouvertes, elle est vide, silencieuse. Une plaie béante. Jadis, les ouvriers s’y rendaient pour guérir. Avec le virus, ils font valoir leur droit de retrait
Aujourd’hui, Notre-Dame gît, entrailles ouvertes, elle est vide, silencieuse. Une plaie béante. Jadis, les ouvriers s’y rendaient pour guérir. Avec le virus, ils font valoir leur droit de retrait pour ne pas y risquer d’attraper le virus. Les temps changent. Avec le « nouveau monde », nous vivons une rupture allégorique de civilisation et aussi un renversement symbolique de tous les paradigmes de la chrétienté millénaire. La piété populaire et les cierges de supplication entrent dans l’ère du virtuel. On assiste à la « messe en ligne ». Et Antigone, bien qu’elle ait signé une attestation dérogatoire pour sortir, n’aura pas le droit d’aller enterrer son frère.

LE FIGARO -- Pour vous, cette nuit était comme le symbole de notre pays et de sa capacité à toujours renaître comme le phénix ?

Philippe DE VILLIERS -- La France est retournée au Moyen Âge, la foi en moins. Il y avait la peste et la lèpre. Le coronavirus les vaut bien. Au Moyen Âge, on confinait les mal portants. Aujourd’hui, on confine les bien portants. Notre confinement est très inégalitaire : il y a les innocents qui sont menacés de prison s’ils sortent ; il y a les condamnés qu’on fait sortir de prison où ils étaient confinés. Et il y a ces cités insurgées que Sibeth Ndiaye veille à « ne pas stigmatiser ».

On parle des « féodalités ». Mais nous aussi, nous avons les nôtres, plus puissantes que les États. Elles ne paient pas la gabelle et nous préparent une transhumanité déshumanisée, ce sont les Gafa.

Quant au petit phénix, pour que la France sorte de ses braises ardentes, il faut refaire un peuple amoureux. Et donc avoir, pour cela, des historiens du feu sacré. Il y a, parmi eux, tant de médecins légistes ! Toutes les sociétés obéissent à la même loi: quand elles ont cessé de vivre de leur raison d’être, que l’idée qui les a fait naître leur est devenue étrangère, elles se démolissent de leurs propres mains.

LE FIGARO -- À quelles conditions la France peut-elle se relever du coronavirus ?

Philippe DE VILLIERS -- Elle peut se relever, à condition que nos élites méditent avec humilité la signification de l’épreuve que nous vivons. La défaite intellectuelle des mondialistes signale la fin du nouveau monde et le retour en force de l’ancien monde. Après la chute du mur de Berlin, on nous a expliqué que nous allions entrer dans une nouvelle ère, postmoderne, postnationale, postmorale, une ère de paix définitive. Ce nouveau monde nous débarrasserait des souverainetés et des États, puisqu’il serait posthistorique, postpolitique.

Ce serait la fin définitive des guerres, de l’histoire, des idées, des religions et l’avènement du marché comme seul régulateur des pulsions humaines et des tensions du monde. Les citoyens allaient se muer en consommateurs sur un marché planétaire de masse. Excitant, non ? Et puis le nouveau monde organiserait enfin le primat ricardien de l’économie sur la politique, portant ainsi l’idée pacifique d’une réallocation des ressources au niveau du « village global » et d’un monde d’ouverture multiculturelle. On pensait que les grandes organisations supranationales suffiraient à la supervision de ce nouveau monde qui tiendrait dans la main invisible du libéralisme les bonheurs et prospérités. Ainsi s’organisa la dérive sémantique: on ne parlait plus de gouvernement mais de gouvernance, de loi mais de régulation, de frontière mais d’espace, de peuple mais de société civile. Aujourd’hui, cette logomachie est en train de mourir du coronavirus.

LE FIGARO -- Comment en sommes-nous arrivés là ?

Philippe DE VILLIERS -- Il suffit d’observer les saltos arrière d’Emmanuel Macron, pour le comprendre. Il y a encore quelques semaines, il déclarait ne pas vouloir céder « au repli nationaliste » . Et lundi soir, il a entonné l’hymne à « l’indépendance ». C’est le grand retour à la souveraineté, derrière lui, à l’écran, on ne voyait plus le drapeau européen ! Quel chemin de Damas !

La souveraineté, c’est la compétence de la compétence. On est souverain ou on ne l’est pas. On ne peut pas l’être à moitié. Quand de Gaulle a accepté le traité de Rome, il a exigé que la nouvelle institution ménage les « intérêts vitaux des nations ».

Avec les traités de Maastricht, d’Amsterdam et de Marrakech, nous avons aliéné notre souveraineté. La souveraineté se définit par le primat du politique. L’aliéner, c’est permettre à l’économie de s’organiser comme elle l’entend. Cette dernière va toujours là où vont ses intérêts. Nous avons donc vu se déployer un capitalisme débridé qui a choisi dans un premier temps l’aliénation américaine et désormais l’aliénation chinoise. Les gens qui ont prôné cette idéologie de la soi-disant division internationale du travail savaient ce qu’ils faisaient. Ils ont laissé derrière eux une France en pièces détachées, un pays qui n’a plus d’industrie, et qui a favorisé une agriculture dégradée en un processus agrochimique suicidaire, un pays qui confie à la Chine le soin de produire pour elle ses médicaments. La mondialisation, dont Bruxelles n’a jamais été qu’un cheval de Troie, aura favorisé quatre crises mortelles, sanitaire, migratoire, économique, et bientôt financière.

LE FIGARO -- Qu’est-ce que cette épreuve nous apprend d’autre sur nous-mêmes ?

Philippe DE VILLIERS -- Le tragique est revenu dans nos vies. Quand le malheur est de retour, que rôdent la guerre (par exemple à la frontière gréco-turque) ou la mort de masse (avec la pandémie), on retrouve les protections régaliennes. Il y a encore quelques semaines, le nouveau monde continuait à désigner la frontière comme le mal absolu, mais on a bien été obligés d’inventer ce qu’on appelle le geste barrière. Or, qu’est-ce qu’un geste barrière? Une frontière, entre individus.

Et puis on a inventé les « clusters ». Qu’est-ce qu’un « cluster » ? Un foyer délimité par des contours. Puis on a inventé la « frontière pour tous » avec le confinement, dont l’étymologie signifie cum finis : avec des frontières. Ce fut d’abord, rappelons-le, un confinement à l’échelle de départements : le confinement du Haut-Rhin, le confinement du Morbihan. Les frontières départementales seraient donc le bien, les frontières nationales le mal ? C’est une curiosité épidémiologique pour les chercheurs de l’après-politiquement correct.

Hélas, on a toujours tort d’avoir raison trop tôt. Quand j’ai prononcé pour la première fois, en 2004, devant l’Académie des sciences morales et politiques, le mot « souverainisme », il y eut un haut-le-cœur. Dès 1994, lors de la campagne des élections européennes, je me souviens que, dans nos réunions publiques, Jimmy Goldsmith et moi avions cette formule qui faisait rire les salles : « Quand toutes les barrières sanitaires seront tombées et qu’il y aura une grippe à New Delhi, elle arrivera dans le Berry. » C’était un rire d’incrédulité : « Ils exagèrent… ».

Je racontais tous les soirs, devant nos assemblées de curieux, la même histoire métaphorique sur la « jurisprudence du Titanic » : « Le Titanic a coulé à cause d’une seule lame de glace qui a percé la coque. Parce que la carène du navire n’avait prévu qu’un caisson seulement. Lorsque nous avons créé le Vendée Globe, nous avons imposé sept compartiments étanches dans la coque de chaque bateau. Si l’un des sept se remplit d’eau, il en reste six… Les compartiments étanches empêchent le bateau de couler. Eh bien, chers amis, la jurisprudence du Titanic, c’est que les nations sont les compartiments étanches de la mondialisation. » Mais la réaction des élites était toujours la même : « On ne peut s’opposer à la mondialisation. Elle est dans le sens de l’histoire. »

LE FIGARO -- « Le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant », a toutefois promis Emmanuel Macron…

Philippe DE VILLIERS -- Pour sortir des impasses où les élites nous ont engagés depuis mai 1968, il faut revenir au carré magique de la survie. Le premier point du carré, c’est la frontière, c’est-à-dire la protection, ce pour quoi les États ont été inventés. Le deuxième, c’est la souveraineté, c’est-à-dire la liberté des peuples pour prendre des décisions rapides et ajustées. Le troisième coin du carré, c’est le local, donc le contrôle au plus proche des intérêts vitaux. Le quatrième point, c’est la famille, puisque, quand on décide de confiner un pays, la « République de la PMA » ne confie pas les enfants des écoles aux fonds de pension mais à leurs parents.

À la suite du Brexit hier, et du coronavirus aujourd’hui, l’institution bruxelloise est en phase terminale. L’OMC, l’Otan, tout cela, c’est fini. Le nouveau monde, c’est l’ancien temps. La grande question qui est à l’ordre du jour, c’est de faire autre chose, c’est-à-dire un concert des nations. Dans un concert, on ne cherche pas tous à emboucher la même trompette, mais à mettre en harmonie nos sonorités instrumentales, à raison même de leurs singularités. Il faut cesser d’être toujours à courir après l’histoire qui se fait sans nous.

Dans l’affaire du coronavirus, vous avez pu remarquer que la France a suivi avec une sorte d’esthétique du temps de retard. On suit le virus et on suit les autres pays. J’ai peur que ce soit pareil pour la question européenne.

Bientôt, la France sera la seule à y croire encore. L’Europe charnelle du groupe de Visegrad n’y croit plus. L’Italie s’en moque. L’Angleterre est partie. L’Otan se traîne. Erdogan nous fait des pieds de nez et exige des pourboires en milliards pour nous protéger. Merkel est en assistance respiratoire politique. Et voilà qu’Emmanuel Macron nous parle, en plein coronavirus, de la nécessité d’une « souveraineté européenne » … Une souveraineté sans peuple, c’est aussi concret que l’amour à distance.

LE FIGARO -- Qu’avez-vous pensé de l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron lundi soir ?

Philippe DE VILLIERS -- Le confinement prolongé est une erreur grave. Certes, il permettra de lisser la courbe des entrées en réanimation, du fait du manque de lits en Île-de-France. Mais, en freinant la vague épidémique, on ne fait que retarder le moment où suffisamment de Français seront immunisés pour stopper définitivement la propagation du coronavirus. Tel sera le cas lorsque 60 % de nos compatriotes auront été en contact avec le virus. On n’est qu’à 15 %. Donc la sortie du confinement sera dramatique. Si nous avions fermé les frontières, si nous n’avions pas bradé nos stocks stratégiques de masques et de tests, nous serions comme les Allemands, les Autrichiens et les Suédois. Le gouvernement fait payer au peuple français son imprévoyance et son impéritie.

 

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Source : Le Figaro

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16/04/2020

Paul Serey : « Avec le confinement, l’individu se retrouve isolé, mais en aucun cas solitaire »

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Paul Serey est écrivain. L’année dernière, il a fait paraître Le Carrousel des ombres aux éditions des Équateurs, un récit halluciné sur les traces du Baron Ungern. En pleine crise du Coronavirus, les journaux de confinement émanant du monde des lettres se multiplient. Paul Serey prend le contre-pied de cette démarche nombriliste et formule une réflexion de fond sur la nature des sociétés contemporaines.

PHILITT : Alors que nous entamons la troisième semaine de confinement général, il semble de bon ton d’interroger les écrivains, voire de leur demander de publier leur « journal de confinement ». Comment vivez-vous cet épisode ? Qu’est-ce qui pourrait inspirer un écrivain dans la période que nous vivons ?

 



 

Paul Serey : S’il s’agit pour moi de décrire ma propre vie comme un diariste, alors, factuellement, cela pourrait ne présenter aucun intérêt. Je dois dire que mon mode de vie, mon emploi du temps n’ont pas changé, n’était ma sortie hebdomadaire au bistrot sur laquelle je me vois obligé de tirer un trait.

Mais dire que rien n’a changé serait faux. Et c’est sur un point assez évident que doit se concentrer l’écrivain s’il doit décrire sa vie au jour le jour pendant cette période qui est autrement plus complexe pour chacun qu’un simple confinement. Nous sommes en effet plongés dans une certaine atmosphère. Et cette atmosphère est loin d’être neutre. Notre soi disant solitude, qui n’est à mon avis que matérielle, qui n’est qu’un isolement très relatif, est constamment polluée par la rumeur qui nous parvient de l’extérieur et par un je-ne-sais-quoi d’inquiétant qui tient à l’aspect insaisissable de l’épidémie et à son pouvoir de mort. Autrement dit parler de la solitude sans faire surgir cette ambiance pathologique, sans y voir le biais que constitue l’inquiétude serait passer complètement à côté du sujet.

L’individu se retrouve esseulé, isolé, mais en aucun cas solitaire au sens positif que l’on peut donner à la solitude vécue intérieurement, qui est une ascèse : une mortification du corps et un exercice spirituel exigeant, lesquels nous portent vers le haut, l’absolu ou Dieu selon nos croyances.

Deux choses sont donc essentielles pour l’écrivain, s’il devait écrire, dans la mesure où il est isolé : l’inquiétude et la rumeur dont sont sujets et objets les simples gens. L’inquiétude, parce que c’est un sentiment et qu’il transforme notre vision du monde et la façon dont nous l’interprétons ; la rumeur parce que c’est justement elle qui nous parvient de l’extérieur, d’un lointain, et qu’elle est à la fois sujet et objet de l’inquiétude évoquée précédemment.

Si je devais écrire, je décrirais par conséquent mon intranquillité, cette inquiétude diffuse qui me fait soudain voir le monde d’une façon autre. Et, à cette aune, j’interpréterais la rumeur qui me parvient dans mon huis clos. Mais qu’on me comprenne bien. Il ne s’agit pas nécessairement d’une impression qui serait vague, dans une atmosphère flottante. Je pourrais parfaitement décrire un certain nombre de faits, qu’ils soient ceux de ma vie quotidienne ; comme les changements d’aperception des plus simples objets ou modifications de mon comportement ; ou des événements dont l’écho parvient jusqu’à moi, comme l’agitation politique ou les emballements provoqués par la peur, ou que je peux vivre dans la vie réelle, comme la désertification du territoire ou les contrôles policiers, par exemple.

Même si, vous l’avez deviné, je pense que l’écrivain doit nécessairement faire la part belle à l’irrationalité de certains phénomènes de perception personnelle ou de développement de la rumeur, cela ne doit pas l’empêcher d’avoir une analyse rationnelle de son propre comportement et du monde qui l’entoure. Le brouhaha et les phénomènes psychiques engendrés par la peur ne sauraient lui faire perdre pied et lui épargner le sang froid et la responsabilité qu’il a en tant qu’interprète et descripteur de la réalité.

PHILITT : Qu’est ce que cette épidémie révèle de nos sociétés postmodernes selon vous ?

Paul Serey : Nous voilà dans le vif du sujet. Je ne prétends pas détenir la vérité. Mon interprétation est personnelle et l’histoire continue son chemin – Dieu sait ce qu’elle nous révélera !

 



Jude Law dans le film Contagion

 

Je crois que regarder le monde selon le seul angle politique serait une formidable erreur. Le politique n’a qu’une importance marginale dans ce qui se révèle actuellement. Le politique n’influence le cours de l’histoire que de façon limitée car il est largement déterminé par ce que j’appellerai les faits objectifs. Le fait objectif essentiel que l’on doit perpétuellement garder à l’esprit est la naissance et le développement de la société technologique. La démocratie moderne, représentative, n’est née, de façon chaotique et violente, que parce qu’elle est le mode de gestion le mieux adapté à ce qui est le phénomène le plus déterminant qui soit aujourd’hui : le système technologique. Et ce pour une raison simple : la démocratie exige de la part des simples gens une discipline qui confine à la soumission, beaucoup plus que dans le monde féodal, sous la monarchie absolue, voire sous la dictature. La démocratie représentative est à l’exact opposé de l’anarchie, parce qu’elle nécessite, à cause du développement technologique, lequel est autonome, la docilité des citoyens.

Pour vous donner une image de ce que j’avance, disons que les sociétés pré-industrielles étaient comme des organismes primitifs, comme un ver de terre par exemple. Le ver de terre, vous pouvez lui asséner un coup de couteau, il se scindera et les deux morceaux continueront de vivre indépendamment. La société technologique est un organisme complexe. Mettons un mammifère. Otez-lui un organe et il mourra. Cette société ne peut donc pas se permettre de perdre un de ses éléments vitaux. Il lui faut contrôler et tenir en place tout son organisme, sous peine de mourir. L’anarchie est donc ce que la mégamachine craint le plus. La mégamachine, à cause de sa complexité, est très fragile. Et c’est ça que nous révèle l’épidémie : la fragilité d’un système qui s’effondrerait si jamais l’un de ses monstres venait semer la pagaille.

L’épidémie est le grand révélateur. Le bain chimique qui nous dévoile, de plus en plus précisément, la photographie du système. Ce que nous commençons à voir, c’est l’extrême intrication de cette machinerie. C’est son extrême complexité. Nous voyons, et c’est cela même qui rend son analyse particulièrement ardue, une multiplicité d’engrenages, créés par le développement technologique autonome, qui se grippent d’un coup et, à cause de leur complexité même, que les pouvoirs politiques en place ne peuvent plus contrôler. L’on peut même déjà deviner que c’est le système lui-même qui, parce qu’il est incontrôlable, s’autodétruira. Ce système est si volatile qu’il engendre lui-même les monstres qui le dévoreront.

Beaucoup de gens commencent à voir à quel point ce système est malsain, mais une large majorité continueront simplement à vouloir le réformer, alors qu’il faudrait le détruire. La peur, la panique qui s’empare d’une majorité des citoyens ne suffira pas à créer ce nouveau fait objectif qui pourrait faire s’écrouler le système technologique : la révolution. Cette révolution, que j’appelle de mes vœux, n’aura pas lieu si le peuple accepte encore le moindre asservissement à la mégamachine.

Or, l’homme ordinaire, parce qu’on lui a lavé le cerveau, parce qu’on lui a donné le goût du confort, est prêt à se passer de sa propre autonomie, de sa liberté, pour maintenir le système technologique en place. Tout au mieux peut-on espérer un changement de régime. Mais il est plus que probable que nous n’aurons que des réformes, modérées de surcroît. Le système n’a intérêt à se réformer que pour pouvoir mieux se préserver. Le pouvoir politique fait visiblement de son mieux à cet égard. Mais nous ne pouvons que constater son incompétence, sa corruption, son hypocrisie et ses mensonges. La propagande, la filouterie, la magouille feront passer cette fièvre par pertes et profits.

Bref, l’épidémie nous révèle que le système est faillible. Il n’est qu’à regretter que selon toute vraisemblance cette faille ne sera pas exploitée. Je crois même que la mégamachine, qui ne vit que de ses crises, en profitera pour croître encore et contrôler et asservir de plus en plus les populations. On en voit déjà les prémices…

PHILITT : Le confinement implique pour ceux qui demeurent seuls un face-à-face peut-être douloureux avec eux-mêmes. On réapprend un peu la phrase pascalienne déclarant que tout le malheur des hommes est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre… On est en plein dedans non ?

 



L'Armée des 12 Singes

 

Paul Serey : Certainement. Mais rester rester seul dans sa chambre dans cette atmosphère est tout autre chose qu’une paisible retraite. Néanmoins vous avez raison. Si l’homme du commun s’était battu pour conserver son autonomie, il goûterait pleinement le plaisir de se retrouver seul dans une chambre, sans avoir rien d’autre à faire que de jouir de la simple joie d’être en vie.

De nombreuses études anthropologiques montrent que dans les sociétés primitives, lorsque l’homme avait achevé sa journée de labeur, il avait le temps de s’adonner au plaisir de ne rien faire. Il avait non seulement plus de temps libre que l’homme moderne, mais en profitait d’autant plus pleinement qu’il avait le contrôle sur sa propre vie. Bien sûr, de nombreux dangers le guettaient, sans doute était-il parfois inquiet, mais n’avoir à se préoccuper que de l’essentiel, n’avoir qu’un travail purement nécessaire et utile, lui donnait la satisfaction indispensable pour jouir de son temps libre.

L’homme moderne, celui du système technologique, est privé par ce même système de son autonomie. Le système est cet homme qui, derrière votre dos, joue votre partie d’échec à votre place. Il joue à votre place et vous perdez le contrôle de la partie. Sans doute joue-t-il mieux que vous et sans doute appréciez-vous ce confort, mais vous avez perdu votre autonomie. Votre vie vous échappe. De là naît une angoisse terrible, que le système soigne à coups de psychotropes et de divertissements.

L’homme du commun est angoissé. Il ne peut plus réellement se regarder en face. Il ne peut que fuir, que se fuir. Se divertir, comme on dit. C’est le monde de Netflix, de World of warcraft et de YouPorn. S’affronterait-il aux grandes œuvres, à Pascal, qu’il serait incapable d’y comprendre quoi que ce soit. Et s’il y comprenait quelque chose, il éprouverait un vertige tel, une telle souffrance de se voir ainsi humilié, dénudé, qu’il cesserait aussitôt, déprimé. C’est une chose terrible que de se confronter à une grande œuvre, à une pensée puissante ou fulgurante… J’en ai peur moi-même…

Pourtant, j’aimerais tant que les gens se mettent à penser. Qu’ils comprennent dans quel monde nous vivons. Qu’ils se révoltent. Qu’ils détruisent ce système abominable. Mais je suis pas persuadé que cela soit possible. Oui, c’est un grand malheur de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre…

PHILITT : Une idée de lecture ou d’occupations pour nos lecteurs ?

Paul Serey : Je n’ai pas vocation à prodiguer de bons conseils… Je ne sais pas si les gens « prendront conscience » de quoi que ce soit. Mais peut-être, peut-être, est-ce l’occasion de reprendre le contrôle sur sa vie. Faire une activité utile, créer. Un potager, de la poésie, de la musique. Je ne conseillerais pas à tout le monde de rester seul dans sa chambre à réfléchir. C’est un exercice trop difficile et dangereux. Mais oui, jardiner si l’on en a l’occasion. S’aérer. Réapprendre les joies simples, les simples gestes. Faire attention à ne jamais être vulgaire ; autrement dit réapprendre à s’estimer. Se distraire juste ce qu’il faut. Regarder quelques bons films. Lire de la science fiction, des romans d’anticipation (Je pense notamment à Orwell, Huxley ou K-Dick), genre qui me paraît assez accessible et utile pour entamer une progressive réflexion sur l’avenir… Pour les chrétiens, les gens de foi, prier. Le monde a besoin de la prière. Pour tous, prendre soin de ses proches. Donner autant d’amour que possible…

 

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SOURCE : PHILITT

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Isaac Ben Israël : Le virus disparaît de lui-même après 70 jours

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Le professeur estime que les mesures de confinement sont excessives et nuisent inutilement à l'économie

 

Le professeur Isaac Ben Israël, chef du programme d’Etudes sécuritaires à l’Université de Tel Aviv et président du Conseil national pour la recherche et le développement, est intervenu sur la Douzième chaîne pour présenter une vision marginale de la gestion mondiale de la crise du COVID-19.

Il a parlé d’une recherche qu’il a menée avec un autre collègue professeur. Il affirme que le nombre de nouveaux cas du virus atteint un pic après environ 40 jours et décline progressivement pour atteindre presque 0 après 70 jours. Selon lui, cela serait vrai dans n’importe quelle partie du monde – que les pays interrompent leurs activités économiques ou pas.

Alors qu’il est en faveur de la distanciation sociale, il a indiqué qu’une fermeture des économies mondiales était une grave erreur.

Dans le cas d’Israël, il a souligné que 140 personnes meurent chaque jour en temps normal. Fermer une bonne partie de l’économie à cause d’un virus qui tue une ou deux personnes par jour est une erreur radicale qui coûte inutilement à Israël 20 % de son PIB, a-t-il attaqué.

Prof Gabi Barbash, l’ancien directeur général du ministère de la Santé qui est l’expert médical de la Douzième chaîne, a déclaré que Ben Israël se trompait. Le bilan humain aurait été beaucoup plus important si Israël et d’autres pays n’avaient pas pris ces mesures.

Pourtant Ben Israël a affirmé que les chiffres – notamment de pays comme Singapore, Taiwan et la Suède (Vendredi, la Suède recensait 9 685 cas confirmés d’infections au nouveau coronavirus et 870 décès), qui n’ont pas pris de mesures aussi radicales pour fermer leurs économies – démontraient qu’il avait raison.

Les forts taux de décès dans certains pays s’expliquent du fait que leurs systèmes de santé ont été submergés, a-t-il reconnu. Quand Barbash a cité New York comme l’exemple d’un système de santé débordé et affirmé que seules des mesures radicales pouvaient empêcher une crise mondiale encore plus grave, Ben Israël a répondu que les dernières indications en provenance de New York laissaient penser que la pression sur le système de santé commençait à diminuer. Selon lui, cela irait dans le sens des statistiques qui montrent que le nombre de nouveaux cas atteint un pic, et commence à chuter, après 40 jours.

Continuant le débat après que Ben Israël a quitté le studio, Barbash a souligné que « nous allons vivre avec le coronavirus jusqu’à l’année prochaine ».

Il a ensuite déclaré : « Je conseille vivement de ne pas laisser les mathématiciens – qui ne connaissent rien à la biologie – déterminer quand nous allons lever le confinement ».

 

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SOURCE : The Times Of Israël

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15/04/2020

La Théologie des Energies Divines

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