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31/05/2020

Bertrand Alliot -"L'écologie s'est beaucoup trompé" (Sud Radio)

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Michel Maffesoli : "La stratégie de la peur"

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Par Michel Maffesoli

Depuis des mois, nous vivons dans la peur. Mais la crise sanitaire justifiait-elle que les contacts sociaux soient à ce point étouffés entre les individus ? Et quel bilan pouvons-nous tirer de cette période de confinement, du point de vue des relations humaines ? Michel Maffesoli nous livre son verdict.

Il n’est pas question de dire que la crise sanitaire n’existe pas, nous sommes nombreux à avoir des amis qui s’en sont en allés, ou des proches qui sont atteints ! Mais nos regrets et notre tristesse ne doivent pas nous faire oublier qu’il est une crise de plus grande ampleur : crise civilisationnelle s’il en est !

On ne le redira jamais assez : « tout est symbole ». Il faut avoir la lucidité et le courage de dire, pour employer un vieux mot français, ce que « monstre » ce symbole. Fût-ce dans ses aspects monstrueux. En la matière et en paraphrasant ce que disaient en leur temps nos amis situationnistes, il convient donc d’établir un « véridique rapport » sur le libéral mondialisme !

Pourquoi les milliardaires sont-ils philanthropes ?

Puis-je le faire, tout d’abord, d’une manière anecdotique. Mais en rappelant qu’en son sens étymologique : « an-ekdotos », c’est ce qui n’est pas publié, ou ce que l’on ne veut pas rendre public. Mais qui, pour des esprits aigus, n’est pas sans importance ! On peut donc se poser cette question : pourquoi des milliardaires font-ils de la philanthropie ? Car, on le sait, il existe chez eux une étroite liaison entre leur morale et leur compte en banque.

Bill Gates, préoccupé par le « coronavirus », finance largement l’OMS. Sans oublier ses largesses pour bien le faire savoir. Ainsi en France, ce journal « de référence » qu’est Le Monde qui, oubliant sa légendaire déontologie, accepte, contre espèces sonnantes et trébuchantes, que le magnat en question publie un article pour expliquer ses généreuses préoccupations concernant le Covid-19.

Un tel fait est loin d’être isolé. Ceux qui détiennent le pouvoir économique, politique, journalistique sentant, pour reprendre le titre de George Orwell, leur « 1984 » menacé, tentent dans leur nowlangue habituelle, de faire oublier que leur préoccupation est, tout simplement, le maintien du nouvel ordre mondial dont ils sont les protagonistes essentiels. Et, pour ce faire, ils surjouent, jusqu’à plus soif, la « panique » d’une pandémie galopante. Pour reprendre un terme de Heidegger (« Machenschaft »), ils pratiquent la manigance, la manipulation de la peur.

 



 

L’impéritie du pouvoir technocratique.

Il y avait, en effet, deux stratégies possibles : celle du confinement a pour objectif la protection de chacun, en évitant le trop plein de contaminations entraînant une surcharge des services de réanimation accueillant les cas graves. Protection organisée par un Etat autoritaire et à l’aide de sanctions, une sorte de sécurité sanitaire obligatoire. Stratégie fondée sur les calculs statistiques et probabilistes des épidémiologistes. Selon l’adage moderne, n’est scientifique que ce qui est mesurable. Autre stratégie, médicale celle-ci (la médecine est un savoir empirique, un art, pas une Science, en tout cas est fondée sur la clinique [expérience] et pas uniquement sur la mesure) : dépister, traiter, mettre en quarantaine les personnes contaminantes pour protéger les autres. Stratégie altruiste.

Certes, l’impéritie d’un pouvoir technocratique et économiciste a privé sans doute la France des instruments nécessaires à cette stratégie médicale (tests, masques), certes l’organisation centralisée et étatique ne permet pas de telles stratégies essentiellement locales et diversifiées. Mais une telle stratégie traduit aussi la défiance généralisée du pouvoir, politiques et hauts fonctionnaires, envers le « peuple ». Protéger les gens fût-ce contre leur gré, au mépris des grandes valeurs fondant la socialité : l’accompagnement des mourants ; l’hommage aux morts ; les rassemblements religieux de divers ordres ; l’expression quotidienne de l’amitié, de l’affection. Le confinement est fondé sur la peur de chacun par rapport à chacun et la sortie du confinement va être encadrée par des règles de « distanciation sociale » fondées sur le soupçon et la peur.

La stratégie de la peur.

Faire peur pour sauver un monde en décadence ! Faire peur afin d’éviter les soulèvements, dont on peut dire, sans jouer au prophète, qu’ils ne manquent pas (et surtout ne manqueront pas) de se multiplier un peu partout de par le monde. N’oublions pas qu’en France, le confinement a succédé à deux ans de révolte des Gilets jaunes suivies par les manifestions contre la technocratique et libérale réforme des retraites. On imagine la haine du « populo » qui anime nos élites ! Mais l’esprit de révolte est dans l’air du temps. Ortega y Gasset, dans La Révolte des masses parlait à ce propos d’un « impératif atmosphérique ». Cet impératif, de nos jours, c’est celui de la révolution, si on la comprend en son sens premier : revolvere, faire revenir ce que l’idéologie progressiste s’était employée à dépasser. Revenir à un « être-ensemble » traditionnel et enraciné.

C’est contre un tel impératif : le retour à un ordre des choses bien plus naturel, que les diverses élites s’emploient à attiser la peur, et ce pour faire faire perdurer les valeurs sociales qui furent celles des « temps modernes ». Pour le dire succinctement, émergence d’un individualisme épistémologique et ce grâce à un rationalisme généralisé au motif d’un progressisme salvateur.

Ce sont, en effet, ces valeurs qui engendrèrent ce que mon regretté ami Jean Baudrillard a appelé la « société de consommation », cause et effet de l’universalisme propre à la philosophie des Lumières (XVIIIe siècle) dont la « mondialisation » est la résultante achevée. Le tout culminant dans une société parfaite, on pourrait dire « trans-humaniste », où le mal, la maladie, la mort et autres « dysfonctionnements » auraient été dépassés.

 



 

Le scientisme.

Voilà bien ce qu’une maladie saisonnière érigée en pandémie mondiale s’emploie à masquer. Mais il est certain que les hypothèses, analyses, pronostics, etc., sur le « monde d’après » signifient bien que ce qui est en cours est un véritable changement de paradigme que l’aveuglement des élites au pouvoir n’arrive pas à occulter. En effet, les mensonges, vains discours et sophismes ont de moins en moins de prise. « Le roi est nu », et cela commence de plus en plus à se dire. Devant ce qui est évident : la faillite d’un monde désuet, les évidences théoriques des élites ne font plus recette.

Devant cette méfiance grandissante, ce « on » indéfini caractérisant la Caste au pouvoir agite le paravent scientifique, peut-être vaudrait-il mieux dire, pour reprendre le terme d’Orwell, elle va utiliser la nowlangue scientiste.

Revêtant l’habit de la science, et mimant les scientifiques, le « scientisme » est en fait la forme contemporaine de la croyance béate propre au dogmatisme religieux. Les esprits fumeux ayant le monopole du discours public sont, en effet, les croyants dogmatiques du mythe du Progrès, de la nécessité de la mondialisation, de la prévalence de l’économie et autres incantations de la même eau.

Il s’agit là d’un positivisme étriqué qui, comme le rappelle Charles Péguy, n’est qu’une réduction médiocre du grand « positivisme mystique » d’Auguste Comte. La conséquence de ce positivisme étriqué est le matérialisme sans horizon qui fut la marque par excellence de la modernité. Matérialisme brutal que n’arrivent pas à masquer les discours grandiloquents, doucereux, empathiques ou tout simplement frivoles propres au pouvoir politique et aux « médias mainstream » (véritable Ministère de la Propagande) lui servant la soupe.

C’est parce qu’il n’est pas enraciné dans l’expérience collective que le « scientiste » se reconnaît à la succession de mensonges proférés à tout venant. L’exemple des sincérités successives à propos des masques ou des tests, est, à cet égard, exemplaire. Mais ces mensonges soi-disant scientifiques sont aux antipodes de ce qu’est une science authentique.

Souvenons-nous, ici, de la conception d’Aristote. Avoir la science d’une chose, c’est en avoir une connaissance assurée. C’est-à-dire qui consiste à montrer en quoi cette chose est ainsi et pas autrement. C’est bien ce qu’oublie le « scientisme » dont se parent les élites politiques et divers experts médiatiques qui transforment la crise sanitaire en véritable fantasme. Et ce afin de « tenir » le peuple et de conforter sa soumission.

Le peuple-enfant.

Ce faisant, ce « on » anonyme qu’est le Big Brother étatique ne sert pas la science. Il se sert de la science pour des objectifs politiques ou économiques : maintien du consumérisme, adoration du « veau d’or du matérialisme », perdurance de l’économicisme propre à la modernité. C’est cela que profèrent, ad nauseam, ceux que L. F. Céline nommait, bellement, les « rabâcheurs d’étronimes sottises » ; chargés de reformater n’importe quel « quidam » en lui servant, à tout propos, la soupe de la bien-pensance. Et ce afin de le maintenir dans une « réification » objectale qui est l’enjeu de la crise sanitaire devenue un fantasme de plus en plus envahissant. Car pour reprendre l’image du Big Brother et du psittacisme dominant, il s’agit bien d’infantiliser le peuple. Répéter, mécaniquement, des mots vides de sens, que même ceux qui les emploient ne comprennent pas, ou de travers.

Considérer le peuple comme un enfant incapable de prendre les bonnes décisions, incapable de juger ou de discerner ce qui est bon pour lui et pour la collectivité, voilà bien l’essence même de la « populophobie » caractérisant les élites en faillite.

En faillite, car une élite est légitime lorsqu’elle est greffée sur la sagesse populaire. C’est ce qu’exprime l’adage : « omnis auctoritas ad populo ». Et parler, à tire larigot, de « populisme » est le signe que la greffe n’a pas pris, ou n’existe plus. En oubliant ce que j’ai, en son temps, nommé la « centralité souterraine », propre à la puissance du peuple, on ne peut plus saisir la poussée intérieure de la sève vitale. Ce qui est l’authentique science : avoir une connaissance essentielle de la substantielle réalité, celle de la vie quotidienne.

 



 

Les technocrates.

Voilà ce que sont incapables de faire les faux savants et les vrais sophistes qui dénaturent la raison authentique, celle s’appuyant sur le sensible, c’est-à-dire sur ce qui est Réel. Parler de populisme, c’est ne rien saisir de la bonhomie du peuple, ne rien comprendre à sa « popularité ».

Le signe le plus évident de cette déconnexion, c’est lorsqu’on entend l’actuel locataire de l’Élysée parler avec condescendance des manifestations, par exemple celles du Premier Mai, comme étant le fait de « chamailleurs » qu’il faut bien tolérer. Étant entendu, sous-entendu, que ces chamailleries ne doivent en rien perturber le travail sérieux et rationnel de la technocratie au pouvoir.

Technocratie incapable d’être attentive à la voix de l’instinct. Voix de la mémoire collective, amoncelée depuis on ne sait plus quand, ni pourquoi. Mais mémoire immémoriale, celle de la société officieuse devant servir de fondement à l’éphémère société officielle, celle des pouvoirs.

Cette voix de l’instinct avait, de longue tradition, guidé la recherche de l’Absolu. Et ce de quelque nom que l’on pare celui-ci. L’incarnation de l’absolu étant ce que l’on peut appeler, après mon maître Gilbert Durand, une « structure anthropologique » essentielle. Et c’est cette recherche que la modernité s’est employée à dénier en la vulgarisant, la « profanisant » en un mythe du Progrès au rationalisme morbide et au matérialisme on ne peut plus étroit. D’où sont sortis le consumérisme et le mondialisme libéral.

La socialité ordinaire.

Auguste Comte, pour caractériser l’état de la société propre aux Temps modernes disait judicieusement reductio ad unum. L’un de l’Universalisme, l’un du Progressisme, l’un du Rationalisme, de l’Économicisme, du Consumérisme etc. C’est bien contre cette unité abstraite que la colère gronde, que la méfiance s’accroit. Et c’est bien parce qu’elle pressent que des soulèvements ne vont pas tarder à se manifester que la Caste au pouvoir, celle des politiques et de leurs perroquets médiatiques, s’emploie à susciter la peur, le refus du risque, la dénégation de la finitude humaine dont la mort est la forme achevée.

C’est pour essayer de freiner, voire de briser cette méfiance diffuse que l’élite en déshérence utilise jusqu’à la caricature les valeurs qui firent le succès de ce que j’appellerais le « bourgeoisisme moderne ». Autre manière de dire le libéral mondialisme.

Ce que le Big Brother nomme le « confinement » n’est rien d’autre que l’individualisme épistémologique qui, depuis la Réforme protestante fit le succès de l’« esprit du capitalisme »(Max Weber). « Gestes barrières », « distanciation sociale » et autres expressions de la même eau ne sont rien d’autre que ce que l’étroit moralisme du XIXe siècle nommait « le mur de la vie privée ». Ou encore chacun chez soi, chacun pour soi.

Pour le dire d’une manière plus soutenue, en empruntant ce terme à Stendhal, il s’agit là d’un pur « égotisme », forme exacerbée d’un égoïsme oubliant que ce qui fonde la vie sociale est un « être-ensemble » structurel. Socialité de base que la symbolique des balcons, en Italie, France ou Brésil, rappelle on ne peut mieux.

L’effervescence en gestation va rappeler, à bon escient, qu’un humanisme bien compris, c’est-à-dire un humanisme intégral, repose sur un lien fait de solidarité, de générosité et de partage. Voilà ce qui est l’incarnation de l’absolu dans la vie courante. On ne peut plus être, simplement, enfermé dans la forteresse de son « chez soi ». On n’existe qu’avec l’autre, que par l’autre. Altérité que l’injonction du confinement ne manque pas d’oublier.

 



 

La mascarade des masques.

Amusons-nous avec une autre caricature : la mascarade des masques.

Souvenons-nous que tout comme la Réforme protestante fut un des fondements de la modernité sous l’aspect religieux, Descartes le fut sous la dimension philosophique. Qu’ils en soient ou non conscients, c’est bien sous son égide que les tenants du progressisme développent leurs théories de l’émancipation, leurs diverses transgressions des limites et autres thématiques de la libération.

Descartes donc, par prudence, annonçait qu’il avançait masqué (« larvato prodeo »). Mais ce qui n’était qu’une élégante boutade devient une impérative injonction grâce à laquelle l’élite pense conforter son pouvoir. Resucée de l’antique, et souvent délétère, theatrum mundi !

On ne dira jamais assez que la dégénérescence de la cité est corrélative de la « théâtrocratie ». Qui est le propre de ceux que Platon nomme dans le mythe de la Caverne, « les montreurs de marionnettes » (République, VII). Ce sont les maîtres de la parole, faisant voir des merveilles aux prisonniers enchaînés au fond d’une caverne. La merveille de nos jours ce sera la fin d’une épidémie si l’on sait respecter la pantomime généralisée : avancer masqué. Le spectaculaire généralisé.

N’est-ce point cela que Guy Debord annonçait lorsqu’après la « Société du spectacle » (1967) dans un commentaire ultérieur, il parlait du « spectacle intégré ». Sa thèse, connue ? comprise ? c’est l’aliénation, c’est-à-dire devenir étranger à soi-même à partir du consumérisme et ce grâce au spectacle généralisé. Ce qui aboutit à la généralisation du mensonge : le vrai est un moment du faux.

Dans la théâtralité de la Caste politique, cela ne vous rappelle-t-il rien ? Le faux se présente masqué, comme étant un bien. Ce que Jean Baudrillard nommait le « simulacre » (1981) : masque du réel, ce qui masque la profonde réalité du Réel. Ce que Joseph de Maistre nommait la « réité » !

Comme ce que fut la série américaine « Holocauste », le masque consiste à susciter des frissons dissuasifs (de nos jours, la peur de l’épidémie, voire de la pandémie) comme « bonne conscience de la catastrophe ». En la matière, implosion de l’économicisme dominant où la valeur d’usage telle qu’Aristote l’analyse (Le Politique ch. III, par 11) est remplacée par la valeur d’échange.

C’est ce que les montreurs de marionnettes, inconsciemment (ils sont tellement incultes) promeuvent. Le masque, symbole d’une apparence, ici de la protection, ne renvoyant à aucune « réité », mais se présentant comme la réalité elle-même.

La finitude humaine.

Pour donner une référence entre Platon et Baudrillard, n’est-ce pas cela le « divertissement » de Pascal ? Cette recherche des biens matériels, l’appétence pour les activités futiles, le faire savoir plutôt qu’un savoir authentique, toutes choses qui, éléments de langage aidant, constituent l’essentiel du discours politique et des rabacheries médiatiques. Toutes choses puant le mensonge à plein nez, et essayant de masquer que ce qui fait la grandeur de l’espèce humaine, c’est la reconnaissance et l’acceptation de la mort.

Car pour le Big Brother le « crime-pensée » par excellence est bien la reconnaissance de la finitude humaine. De ce point de vue, le confinement et la mascarade généralisée sont, dans la droite ligne du véritable danger de toute société humaine : l’aseptie de la vie sociale. Protection généralisée, évacuation totale des maladies transmissibles, lutte constante contre les germes pathogènes.

Cette « pasteurisation » est, à bien des égards, tout à fait louable. C’est quand elle devient une idéologie technocratique qu’elle ne manque pas d’être elle-même pathogène. Très précisément en ce qu’elle nie ou dénie cette structure essentielle de l’existence humaine, la finitude. Ce que résume Heidegger en rappelant que « l’être est vers la mort » (Sein zum Tode). À l’opposé de la mort écartée, la mort doit être assumée, ritualisée, voire homéopathisée. Ce que dans sa sagesse la tradition catholique avait fort bien cristallisé en rendant un culte à « Notre Dame de la bonne Mort ».

 



 

Une communion nécessaire.

Si l’on comprend bien que, dans les cas de soins donnés à des personnes contagieuses, les soignants observent toutes les règles d’hygiène, masque, distanciation et protections diverses, ces mêmes règles appliquées urbi et orbi à des personnes soupçonnées a priori d’être contaminantes ne peuvent qu’être vécues comme un déni de l’animalité de l’espèce humaine. Réduire tous les contacts, tous les échanges aux seules paroles, voire aux paroles étouffées par un masque, c’est en quelque sorte renoncer à l’usage des sens, au partage des sens, à la socialité reposant sur le fait d’être en contact, de toucher l’autre : embrassades, câlins et autres formes de tactilité. Et refuser l’animalité expose au risque de bestialité : les diverses violences intra-familiales ponctuant le confinement comme les délations diverses en sont un témoignage probant.

Le confinement comme négation de l’être-ensemble, la mascarade comme forme paroxystique de la théâtralité, tout cela tente, pour assurer la perdurance du pouvoir économiciste et politique, de faire oublier le sens de la limite et de l’indépassable fragilité de l’humain. En bref l’acceptation de ce que Miguel de Unamuno nommait le « sentiment tragique de l’existence ».

C’est ce sentiment qui assure, sur la longue durée, la perdurance du lien social. C’est cela même qui est le fondement de la bonhomie populaire : solidarité, entraide, partage, que la suradministration propre à la technocratie est incapable de comprendre. C’est ce sentiment, également, qui au-delà de l’idéologie progressiste, dont l’aspect dévastateur est de plus en plus évident, tend à privilégier une démarche « progressive ». Celle de l’enracinement, du localisme, de l’espace que l’on partage avec d’autres. Sagesse écosophique. Sagesse attentive à l’importance des limites acceptées et sereinement vécues. C’est tout cela qui permet de comprendre la mystérieuse communion issue des épreuves non pas déniées, mais partagées. Elle traduit la fécondité spirituelle, l’exigence spirituelle propres aux jeunes générations. Ce qu’exprime cette image de Huysmans : « coalition de cervelles, d’une fonte d’âmes » !

C’est bien cette communion, qui, parfois s’exprime sous forme paroxystique. Les soulèvements passés ou à venir en sont l’expression achevée. À ces moments-là, le mensonge ne fait plus recette. Qui plus est, il se retourne contre ceux qui le profèrent. N’est-ce point cela que relève Boccace dans le Decameron : « Le trompeur est bien souvent à la merci de celui qu’il a trompé. » Acceptons-en l’augure.

Michel Maffesoli

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SOURCE : L'Inactuelle

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Camélia Jordana et le marketing des origines

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Par Lucas Bretonnier
Rédacteur en chef du service Société

Quel est le point commun entre la chanteuse Camélia Jordana et le site Myheritage.com ? Le marketing des origines. Quand un petit test ADN vaut toutes les publicités du monde…

Camélia Jordana a pris le problème à la racine... Pour la promotion de son nouvel album, Lost, elle est apparue coiffée de tresses. Simple coquetterie ? Que nenni. L’ancienne candidate de la Nouvelle Star quitte les habits de la gentille chanteuse à grosses lunettes pour un come back to the roots. « On avait très envie que cette musique prenne racine en les miennes, dit-elle à Fraîches, « le media pour les femmes libérées » (sic), hébergé par Minutebuzz. A savoir que mon ADN musical, et que mon ADN tout court d’ailleurs, viennent imprimer cette identité musicale… Mes origines, c’est quelque chose que j’avais envie de cacher mais avec le temps, je me suis rendu compte que c’était ma force et qu’il fallait que je la défende et que je l’assume et que je le crie haut et fort ! ».

Chacun a le droit d’assumer ses origines. A fortiori quand, à l’instar de Camélia Jordana, il ou elle a été victime de racisme. Mais pourquoi passer d’un extrême (la honte) à un autre (la revendication criarde) ? Surtout si c’est pour nous assommer avec des clichés aussi lourds qu’un album de famille : « C’est un vrai pouvoir d’avoir une double culture. C’est plus de traditions, plus d’amour, plus d’héritages, plus de langues, plus de vie… Ça m’a permis d’avoir cet appétit pour la différence et l’inconnu ». Bah oui, si vous n’avez pas une tante kabyle, un grand-père antillais et un peu de sang mongol, vous êtes hermétique à l’altérité.

Le risque de creuser le sillon de l’essentialisme

Cela dit, on comprend l’intérêt de brasser large quand on veut vendre des disques : « J’aime me définir comme une jeune femme arabe, française, parisienne, du sud de la France », poursuit la chanteuse, avant de se lancer dans l’inventaire de ses origines - algériennes, marocaines, berbères, kabyles et chinoises. Elle pêche le client dans les eaux internationales.

Dernière carte, l’antiracisme : « Il y a aujourd’hui beaucoup de jeunes gens qui ne se sentent pas forcément compris et concernés par cette société dans laquelle on vit aujourd’hui en France parce que celle-ci est dirigée par des gens vieux, blancs et riches ». Nul ne doute de la sincérité de Camélia Jordana. Ni de la nécessité de lutter contre le racisme. Mais la récupération marketing du multiculturalisme glorifié risque, insidieusement, de creuser le sillon de l’essentialisme. Et ce pendant artistique de l’antiracisme d’enfermer certains jeunes dans des stéréotypes ethniques caricaturaux, définitifs et aliénants. Au lieu, au contraire, de leur offrir la possibilité d’arracher les chaînes de l’assignation pour se réaliser.

On voit bien comment se referme le piège de l’assignation

Le chantier n’est pas mince. Surtout lorsque l’on remarque, après cette ode intéressée au sang mêlé, trois post plus loin sur Facebook, une publicité pour un site Internet au nom évocateur : « MyHeritage.com ». Le projet de ce site et de ses cousins (23andme ou african Ancestry) ? Sonder, à partir d’une goutte de salive, les origines de votre ADN.

Dans leurs publicités, une femme s’esbaudit : « Je croyais que j’étais quelqu’un, et je suis quelqu’un d’autre ». Levsky, Youtubeuse prof de Yoga, découvre, elle, qu’elle est à 44,4% issue de « peuples d’Asie du sud » et à 19,1% « Juive ashkénaze »… Outre les doutes exprimés par des scientifiques sur la véracité de ces tests, et les dangers qu’ils représentent pour la protection de nos données personnelles, cette mode fait le bonheur des racistes qui traquent la moindre cellule allogène, et des antiracistes qui exhibent fièrement chaque preuve d’ascendances exotiques. On voit bien comment se referme le piège de l’assignation. Et l’on pense au salvateur petit livre de Tania de Montaigne, « Les Noirs n’existent pas ». Un précieux antidote contre les communautarismes.

 

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SOURCE : Marianne

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30/05/2020

Guilluy : « La société multiculturelle est profondément paranoïaque »

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ENTRETIEN. Pour le géographe, le repli identitaire est une conséquence logique du modèle multiculturel, arrivé dans les bagages de la mondialisation.

Propos recueillis par Clément Pétreault

Et si l'on pouvait expliquer la réorganisation affinitaire du pays en étudiant la question du logement ? C'est l'exercice auquel se livre depuis plusieurs années Christophe Guilluy, géographe et essayiste qui a théorisé l'idée d'une France périphérique, ces citoyens que l'on a retrouvés sur les ronds-points avec un gilet jaune fin novembre, en guerre contre la hausse du carburant. Pour le géographe, cette France populaire serait aujourd'hui condamnée à être amère, car enfermée en dehors des grandes métropoles, tenue à l'écart des marchés de l'emploi et culturellement ringardisée, comme reléguée au rang de part inutile de la société. Ses thèses, combattues par une partie de la gauche française, sont aujourd'hui traduites aux États-Unis.

Le Point : L'absence de mixité sociale et ethnique est souvent désignée comme la principale cause des replis qui fracturent le pays…

 

Christophe Guilluy : Ce n'est pas parce qu'un quartier est multiethnique que les réseaux de sociabilité sont mixtes. Lorsqu'un quartier se gentrifie, on observe un vrai phénomène de séparatisme social. Prenons l'exemple des collèges dans l'Est parisien. On a constaté que le processus de gentrification des quartiers s'accompagnait toujours d'une ethnicisation des collèges. Cela signifie que des gens plutôt ouverts au modèle multiculturel peuvent aussi être acteurs de la ghettoïsation des quartiers. Je ne crois pas qu'ils soient cyniques, ils sont sincères. Simplement, ils mettent en place, consciemment ou non, des dynamiques qui vont aboutir à des organisations sociales encore plus clivées... J'insiste sur le terme d'acteurs ; ils sont des acteurs dans la mesure où ils font des choix et peuvent changer le cours des choses, les catégories aisées ont toujours la possibilité de bouger, ce qui n'est pas le cas des milieux populaires, banlieues comme France périphérique.

Le Point : Les élites cultivent aussi leurs replis identitaires ?

Christophe Guilluy : Oui ! Le monde d'en haut a fait sécession, il s'est métamorphosé en citadelle médiévale et a abandonné toute notion de bien commun. Une fois encore, je ne crois pas que cela se soit fait par cynisme, mais je crois plus à un oubli. On a oublié qu'il existait un peuple. Sauf que la disparition de la classe moyenne et la disparition des valeurs de la société ont fait exploser le modèle. Les élites abandonnent le bien commun en laissant planer un gros risque sur l'État providence. Il ne faut pas s'étonner de ce que les classes populaires s'interrogent et cherchent à préserver ce qu'il leur reste, leur capital social et culturel. Nous sommes dans un modèle mondialisé, ce que nous vivons, d'autres le vivent aussi.

Le Point : Le modèle d'intégration français peut-il constituer une barrière contre ce phénomène de repli ?

Christophe Guilluy : On peut discuter à l'infini du modèle assimilationniste républicain que l'on a cru être le meilleur modèle au monde… Nous ne serions pas comme ces Anglo-Saxons communautaristes, nous serions capables d'assimiler ! Pourquoi pas, sauf que ça dysfonctionne partout. Pourquoi ? D'une part, en raison de l'importance des flux et, d'autre part, en raison de la disparition des classes moyennes. L'intégration se faisait d'abord par un effet miroir. On voulait ressembler à son voisin qui avait du boulot, à ce voisin dont les enfants allaient à l'école qui leur promettait une ascension sociale, à ce voisin courtisé par les partis politiques et culturellement « respecté » par l'intermédiaire de grandes figures dans le cinéma, par exemple… L'American way of life, c'était arriver aux États-Unis et avoir envie de ressembler au mec d'à côté, tout simplement !

 



 

Le Point : Ne cultivez-vous pas la nostalgie d'un peuple mythifié ?

Christophe Guilluy : Je ne mythifie pas le peuple, il y a des racistes, des salauds, des homophobes et des antisémites un peu partout, sauf que ceux d'en haut sont plus discrets. Les débats sur l'intégration ou l'assimilation peuvent tourner à l'infini, car les agents d'intégration sont absents. Ils sont partis. On les traite de « losers », de « perdants de la mondialisation », de « déplorables », et j'en passe. Qui a envie de ressembler à un « déplorable » ? Personne.

Le Point : Pensez-vous que le séparatisme culturel soit devenu inéluctable ?

Christophe Guilluy : La société multiculturelle est profondément paranoïaque et le séparatisme s'inscrit naturellement en mouvement de fond des sociétés inégalitaires multiculturelles. Tout le monde pense être victime de tout le monde, mais il n'y aura jamais de satisfaction générale. Dans un monde où l'autre ne devient pas soi, on a besoin de savoir combien va être « l'autre ». La question du rapport entre majorité et minorités joue à plein. Pourquoi ? L'histoire juive est éclairante : quand on est minoritaires, on dépend de la bienveillance de la majorité.

Le Point : Comment expliquer cette flambée des discours identitaires ?

Christophe Guilluy : Une société paranoïaque où personne ne sera jamais complètement satisfait de son sort est une société où tout le monde se croira toujours en danger culturel. Cela crée des angoisses. Il y a une forme d'utopie de la société « united colors of Benetton ». Ce mythe est plein de naïveté. Une société multiculturelle, c'est tendu à cause de la polarisation de l'emploi. À l'échelle mondiale, on voit bien que l'on détruit plus d'emplois que l'on en crée. Les gens ont bien compris que ce qui se joue, c'est le réseau. Cette compréhension va renforcer le grégarisme social et culturel. La question du racisme est intrinsèque à l'être humain, l'enjeu, c'est de faire baisser les tensions.

Le Point : Pour vous le populisme semble être la conséquence logique de la mondialisation…

Christophe Guilluy : Les manifestations de Gilets jaunes disaient : « Nous voulons faire société. Nous voulons être économiquement intégrés. Nous voulons du boulot, un iPhone et abonnement Netflix. » Ces gens font partie de la mondialisation comme tout le monde. La classe ouvrière a joué le jeu de la mondialisation, elle a voté pour l'Europe, et se retrouve aujourd'hui en concurrence frontale avec les ouvriers chinois. On ne peut pas lui en vouloir de douter. De la même manière, je ne crois pas que les brexiters soient « contre l'Europe », simplement, ils ont voulu signifier leur existence et préserver ce qui leur restait, un capital social et culturel capable de faire baisser le niveau d'insécurité sociale et culturelle.

 

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SOURCE : Le Point

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Cours d'étude Biblique Orthodoxe

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Une belle introduction à la Théologie Orthodoxe. Cours d'exégèse biblique animé par Laurent Kloeble, titulaire d'une licence en théologie de l'Institut Saint-Serge et connaisseur des exégèses rabbiniques.

 

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29/05/2020

Professeur Didier Raoult : mise au point

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Quand on le laisse parler...

 

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28/05/2020

Louis-Ferdinand CÉLINE par Philippe MURAY & Michel PICCOLI (2011)

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26/05/2020

Stefan Zweig, histoire d'un européen

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Et la vie je ne m'en lasse pas

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25/05/2020

Professeur Didier Raoult - 4000 patients traités VS Big Data : qui croire ?

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Armel GUERNE – Qui est-il ? (France Culture, 1984)

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Spéciale Dédicace à mon ami Larkens...

 

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24/05/2020

Armel Guerne

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23/05/2020

Armel Guerne parle du romantisme allemand

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22/05/2020

Annick de Souzenelle : Covid 19

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Les Romantiques contre les Lumières...

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21/05/2020

Annick de Souzenelle : Comment trouver la Foi ?

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Philippe Jaccottet – Le Romantisme Allemand (RTS, 1977)

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20/05/2020

Annick de Souzenelle : La relation a Dieu

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Paul Celan - Écrire pour rester humain

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19/05/2020

Professeur Didier Raoult : Comparaison des courbes épidémiques selon villes et pays

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Léon Bloy : Une mystique de la douleur avec François Angelier

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Appel contre un retour à la normale : « "Nous consommons trop", disent en chœur les icônes de Dior et de Chanel »

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"Et dire que nous ne savions pas qu'il y avait du pangolin infecté dans les burgers, kebabs et autres pizzas dont se gavent les masses ! Ils sont inconscients, ces gens qui retournent à la normale, au métro, au boulot et au casse-dalle de la pause. Heureusement, les stars pensent à eux."

 

Guy Konopnicki
Journaliste

 


 

Né après, du côté de La Place de la Nation, sur la Ligne 9 du métro parisien, sensible Au chic ouvrier, ce qui n’interdit pas l’Eloge de la fourrure et moins encore celui de La France du Tiercé, Guy Konopnicki redoute Le silence de la ville, s’inquiète de La gauche en folie, assume La faute des juifs et avoue avoir un peu évolué depuis Le jour où De Gaulle est parti… Ces titres et quelques autres le définissent, romancier et journaliste, Konop dans la Série Noire et chroniqueur à Marianne.

 

Privés de la montée des marches au Festival de Cannes, en même temps que de la barbe à papa des fêtes foraines, nous pouvons nous consoler en lisant les belles pétitions réunissant un éblouissant casting autour d’une pensée aussi dense et aussi collante que les filaments de sucre coloré. Et il ne se passe pas un jour sans un nouvel appel fracassant ! Un même élan se manifeste, des villas de Beverly Hills aux bastides rénovées de Provence, relayé par smartphone de chaise longue en chaise longue. Les artistes disent non à un retour à la normale.

Les braves gens qui reprennent le métro, après avoir passé deux mois confinés dans un HLM, en sont encore à espérer un retour à la normale sur la ligne « net à payer » de leur bulletin de salaire. Ils n’ont rien compris. Associés à quelques scientifiques, les artistes tentent de leur expliquer que la pandémie n’est qu’un signe avant-coureur de la destruction de l’humanité et, ce qui est beaucoup plus grave, des autres espèces vivantes. Nous consommons trop, disent en choeur les icônes de Dior et de Chanel, au bord de leurs piscines privées qui consomment chacune plus d’eau qu’il n’en faudrait pour irriguer un hectare de cultures vivrières au Sahel. Le Covid, c’est certain, doit tout aux ravages dus aux excès alimentaires et à la consommation de masse. Et dire que nous ne savions pas qu’il y avait du pangolin infecté dans les burgers, kebabs et autres pizzas dont se gavent les masses ! Ils sont inconscients, ces gens qui retournent à la normale, au métro, au boulot et au casse-dalle de la pause. Heureusement, les stars pensent à eux. Une partie des signataires de l’appel à refuser le retour à la normale s’engage également à donner l’exemple. Ils pratiqueront désormais le lundi vert. Et dire que Claude François n’est plus là pour chanter ce lundi au soleil, ni Jacques Prévert avec son plombier-zingueur qui proclame que lundi, c’est dimanche ! Le lundi, nos sauveurs planétaires s’engagent à ne consommer ni viande ni poisson. Le lundi sans rien simplifiera la vie de ceux qui, en attendant la réouverture des bistrots, hésitent chaque midi entre poulet-crudités et thon-mayonnaise. Il ne restera que quatre jours ouvrables, il sera facile d’alterner. Donc le lundi, des patates, ça va de soi. L’élevage intensif et la surpêche ne se remettront jamais de ce boycott.

Au temps de la consommation de masse, il était parfois onéreux de suivre les modes lancées par les stars. Maintenant, tout est simple. Une signature pour sauver la planète et dire non au retour à la normale. Une petite privation le lundi, histoire de commencer la semaine, ça ne sauvera pas la planète, mais ce sera très fashion.

 

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SOURCE : Marianne

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18/05/2020

Discovery : les experts français qui cherchent un traitement contre le Covid sont-ils sous l'influence des labos ?

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Par Etienne Campion

REACTing, c'est le nom du consortium de chercheurs qui dirige l'essai Discovery chargé de trouver un traitement anti-Covid-19. Notre enquête interroge notamment le rôle de son président, Yazdan Yazdanpanah, qui a montré un attrait particulier pour l'une des molécules testées, le remdésivir, produite par le laboratoire Gilead.

Voilà plusieurs semaines qu'on l'attend avec impatience. Le verdict de l'essai clinique Discovery qui doit déterminer notre traitement contre le Covid-19 risque d'arriver après la bataille, mais le gouvernement lui confère toujours le rôle du juge de paix. Ce dernier a en effet mis un point d'honneur à s'en remettre à ses résultats : Emmanuel Macron a par exemple annoncé les attendre pour... le 14 mai, de même qu'Édouard Philippe a tenu une conférence de presse le 19 avril avec Florence Ader, l'infectiologue qui coordonne l'étude, afin qu'elle en expose le fonctionnement.

Mais la relation entre notre gouvernement et cet essai clinique ne se limite pas à cela. Sur les dix membres du Conseil scientifique installé par le chef de l'Etat, huit sont liés au consortium de chercheurs qui supervise Discovery : REACTing. Le gouvernement a donc acté de remettre non seulement sa politique sanitaire mais aussi son choix futur de traitements au même réseau de chercheurs.

L'étude Discovery doit nous donner un avis objectif et indépendant sur les traitements à utiliser. Mais d'où vient le choix des molécules testées lors de l'essai Discovery ? S'il est présenté comme impartial, car établi sous l'égide de l'OMS, notre enquête montre que Yazdan Yazdanpanah, président de REACTing qui coordonne Discovery, a lui-même participé à superviser les recherches de traitement de l'OMS. Elle montre par ailleurs chez lui un attrait pour une molécule : le remdésivir. Ce qui interroge quand on a connaissance des liens d'intérêts qu'il a avec le laboratoire américain qui la fabrique, Gilead*.

REACTING, L'AUTRE NOM DU CONSEIL SCIENTIFIQUE

Reprenons depuis le départ. Si l'on présente Discovery comme européenne, elle est avant tout un pur produit de la recherche médicale française. Bien que son nom ne l'indique pas (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases), REACTing est une initiative hexagonale diligentée en juin 2013 par l'Inserm et Aviesan, l'alliance pour la recherche scientifique dirigée alors par Yves Lévy (dont nous avons évoqué par le passé les rapports conflictuels avec Didier Raoult). Yves Lévy a créé REACTing avec Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19. Quant à Yazdan Yazdanpanah, qui est membre des deux structures censées éclairer nos gouvernants (le Conseil scientifique ainsi que le Comité analyse, recherche et expertise), il est donc président de REACTing.

Mais Jean-François Delfraissy et Yazdan Yazdanpanah sont loin d'être les seuls représentants de REACTing au sein du Conseil scientifique, comme les CV de ses membres nous l'indiquent. Laëtitia Atlani Druault, l'anthropologue du Conseil scientifique, est membre fondatrice de REACTing, et fait partie de son comité d'organisation. Elle pilote par ailleurs l'un des vingt projets sélectionnés par le consortium pour lutter contre l’épidémie. Daniel Benamouzig, l'autre représentant des sciences sociales au Conseil scientifique, dirige aussi l'un des projets de REACTing. Tout comme Denis Malvy, qui gère le projet baptisé "Coverage". Ou bien Bruno Lina, qui supervise Discovery aux côtés de Florence Ader. Arnaud Fontanet est membre du comité d'organisation de REACTing. Lila Bouadma est réanimatrice à l’hôpital Bichat, l'un des centres où se déroule Discovery, et a signé une étude au nom de REACTing. Au sein du Conseil scientifique, il apparaît donc que seuls Pierre Louis Druais et Simon Cauchemez n'ont pas de liens directs avec le consortium.

 



Jean-François Delfraissy, le 5 mars dernier à l’Élysée.

 

De quoi placer toutes ces têtes pensantes en position de juge et partie ? Interrogé par Marianne, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy relativise : "Certains membres ne font pas parties de REACTing. Les membres du Conseil scientifique ne sont jamais intervenus sur la question des traitements, hormis via notre avis concernant la conduite de la recherche en situation d'urgence." Cet "avis" n'est pourtant pas anodin puisqu'il a accompagné celui du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) du 23 mars, ayant conduit à formuler la politique gouvernementale toujours en vigueur sur la réglementation des traitements. Reste surtout que si Discovery n'a toujours pas rendu son verdict, ce sont les molécules actuellement testées dans le cadre de cet essai qui sont autorisées en France, dans un usage dit "compassionnel", c'est-à-dire sans effet clinique prouvé. Yazdan Yazdanpanah le prévoyait le 12 mars en présentant l'étude : "Nous n'excluons pas la possibilité de recours à l'usage compassionnel de ces traitements". Comment a été décidée l'autorisation des molécules de Discovery, dans cet usage compassionnel ? Nous expliquions récemment que Christian Chidiac, en tant que président de la commission spécialisée "maladies infectieuses et maladies émergentes" au sein du HCSP, a sans doute joué un rôle important. Rappelons que Christian Chidiac est chef de service à l’hôpital la Croix-Rousse de Florence Ader, l'infectiologue qui dirige Discovery, et sujet à d'importants liens d'intérêts avec Gilead, qui fabrique l'une des molécules testées dans Discovery : le remdésivir.

LE CHOIX DÉLICAT DES MOLÉCULES TESTÉES

Mais quelles sont les autres molécules testées dans Discovery, et quel rôle ont bien pu jouer les membres de REACTing au Conseil scientifique sur le choix de celles-ci ? Hormis le remdésivir, on retrouve le kaletra (une association lopinavir-ritonavir), et ce médicament associé à un interféron. D'abord écartée, l'hydroxychloroquine a été intégrée le 22 mars dernier, mais sans l'antibiotique azithromycine.

Interrogé, Yazdan Yazdanpanah, président de REACTing et membre du Conseil scientifique, explique à Marianne que le consortium n'a pas choisi les molécules testées : "Le choix des médicaments, ce n'est pas du tout nous qui l'avons fait. Nous nous sommes basés sur le choix de l'OMS et les molécules déjà utilisées pendant les autres épidémies." Un infectiologue parisien contredit cette hypothèse auprès de Marianne : "L'argument consistant à dire “ce n'est pas nous, c'est l'OMS” n'enlève rien au fait que les membres du consortium REACTing avaient la souveraineté sur le choix des molécules."

 



Yazdan Yazdanpanah.

 

Finalement, est-ce bien l'OMS qui a tranché ? Si un panel d'experts, proches de l'OMS et dont la majorité ont déjà officié auprès de Yazdan Yazdanpanah, a bien présenté le remdésivir et l'association lopinavir/riitonavir comme des pistes de traitement, un fait interpelle. Parmi ses multiples casquettes, Yazdanpanah a aussi celle d'être lui-même expert auprès de l'OMS. Et ce en tant que président de GloPID-R. GloPID-R est un réseau chargé d'orienter rapidement les financements mondiaux en cas d'épidémie, une institution à la fois alliance de groupes scientifiques et bailleur de fonds mondial, auquel participe par exemple la fondation de Bill Gates. En qualité de directeur de GloPID-R, Yazdan Yazdanpanah a lui-même participé à élaborer l'avis de l'OMS puisqu'il a dirigé avec l'organisation mondiale les 11 et 12 février dernier un forum pour définir les priorités de recherche, notamment sur la question des traitements.

Le 12 février, Yazdan Yazdanpanah affirme notamment : "Cette réunion nous a permis de définir les priorités absolues de la recherche. En tant que bailleurs de fonds, nous continuerons à mobiliser, coordonner et harmoniser notre financement (...) en partenariat avec l’OMS." Les priorités de recherches que décide de suivre l'OMS ce 12 février ? C'est Yazdan Yazdanpanah qui supervise la feuille de route pour l'Organisation mondiale de la santé et le GloPID-R. Accessible en ligne, on peut constater qu'il présente le remdésivir et l'association lopinavir/ritonavir comme prioritaires (diapositive numéro 84) à l’OMS.

 



Feuille de route de la recherche scientifique publiée à l'issue du forum international consacré aux moyens de réagir au coronavirus, organisé par l'OMS en collaboration avec le GloPID-R.

 

Dès le 31 janvier, lors d'une conférence de presse depuis son hôpital (Bichat), Yazdan Yazdanpanah s'exprime en tant qu'expert auprès de l'OMS et évoque "trois stratégies à un niveau avancé" en parlant de pistes de recherches à l'époque plus que parcellaires. Ces "trois stratégies" ? Il s'agit des trois traitements que teste aujourd'hui Discovery (remdésivir, kaletra, kaletra et interféron). Autrement dit, les grandes lignes de l'essai Discovery voient le jour ce 31 janvier, sans en avoir encore le nom.

Dans la foulée de cette conférence de presse, bien qu'il ait reconnu qu'"on a très peu de données sur son efficacité", Yazdan Yazdanpanah testera lui-même le remdésivir sur le patient chinois de 80 ans qu'il suivait à l’hôpital Bichat dans l'espoir de voir des résultats. Ce dernier décèdera le 14 février (le premier décès hors d'Asie), soit deux jours après avoir présenté le remdésivir comme prometteur à l'OMS.

Le 27 mars, Yazdan Yazdanpanah publie un article dans la revue The Lancet évoquant le remdésivir comme "candidat potentiel". Cet article s'appuie sur un panel composé des cinq premiers patients atteints de Covid-19 en Europe, dont ce patient décédé. Parmi les 23 autres signataires, on trouve plusieurs chercheurs siégeant au "board" - un comité d’experts qui conseillent la firme - de Gilead, mais aussi d'autres membres du Conseil scientifique et de REACTing comme Lila Bouadma, Denis Malvy et Bruno Lina.

LES LIENS D'INTÉRÊTS DE YAZDAN YAZDANPANAH

Si Yazdan Yazdanpanah a joué un rôle déterminant dans le déroulé des recherches thérapeutiques, qu'en est-il de ses liens avec les laboratoires qui fabriquent les molécules en jeu ? La base de données Transparence Santé nous renseigne sur des liens d'intérêts de Yazdan Yazdanpanah avec les labos dont les molécules sont testées dans Discovery : AbbVie - qui fabrique le kaletra - et Gilead - qui fabrique le remdésivir - lui ont respectivement versé 20.949 et 3.158 euros en avantages.

Mais plus que ces avantages matériels (transports, repas, hôtels...), d'autres liens d'intérêts interpellent. Yazdanpanah a lui aussi siégé au "board" de Gilead entre septembre 2014 et juin 2016. Rappelons qu'au cours de cette période, Gilead a développé le remdésivir pour tenter de lutter contre Ebola - 2014 -, médicament que Yazdan Yazdanpanah expérimentera en 2018, en tant que président de REACTing, sur la maladie africaine, sans résultat significatif.

 



Contrats de convention de Yazdan Yazdanpanah avec Gilead. Source : Base Transparence Santé.

 

"J'ai décidé d'arrêter mes liens d'intérêts pour être nommé directeur de l'ITMO I3M de l'Inserm en 2017. Cela fait trois ans que je n'ai plus de liens d'intérêts avec Gilead", se défend-il auprès de Marianne. Pourquoi ce délai de trois ans est-il important quand on parle de liens d'intérêts avec les labos ? Car la Haute Autorité de Santé considère que le "déclassement d’un lien d'intérêts majeur en autre lien d'intérêts peut se produire quand le lien d’intérêts a disparu depuis au moins trois ans". Traduction : si la collaboration avec un labo, peu importe sa nature et son montant, date de plus de trois ans, vous êtes autorisé à rendre un avis impliquant l'intérêt général en faveur d'une de ses molécules. Trois années écoulés et voilà donc l'objectivité et l'intérêt général retrouvés ? "Ce n'est pas à moi de répondre, en tous cas je déclare mes liens d'intérêts", nous assure Yazdan Yazdanpanah. "Disons les choses : Yazdan Yazdanpanah a eu des liens avec l'industrie pharmaceutique, et je ne dis pas que ces trois ans valent prescription, mais il n'en a pas eu depuis. Et ce qui est important avec les liens d'intérêts, c'est de les rendre publics", ajoute Jean-François Delfraissy.

BRUNO HOEN, ET LE "BOARD" DE GILEAD

Lors de la conférence de presse du 31 janvier au cours de laquelle il a exposé avant l'heure l'armature de Discovery, Yazdan Yazdanpanah développait son propos en compagnie de Bruno Hoen, qui occupe aussi une position stratégique car il est également membre du GloPID-R, qui a participé à l'élaboration du choix des molécules pour l'OMS. Bruno Hoen fait aussi partie de la commission spécialisée du HCSP qui a statué pour encadrer la politique française en termes de traitements, et autorisé le remdésivir en usage compassionnel.

Ce 31 janvier, Bruno Hoen affirmait que les premiers patients français infectés étaient traités au remdésivir "même en l'absence d'efficacité démontrée aujourd'hui", car "on estime que le rapport bénéfice/risque est favorable". Comme Yazdan Yazdanpanah, il est sujet à des liens d'intérêts stratégiques avec Gilead. D'une ampleur plus élevée : plus de 52.000 euros en avantages, rémunérations et contrats d'expertise ayant eu lieu jusqu'à fin 2019. Soit depuis moins longtemps que les fameux trois ans valant autorisation de la Haute Autorité de Santé. De 2011 à 2019, il s'est ainsi mis à disposition plusieurs fois par an pour des contrats d'expertise et d'orateur pour Gilead et d'interventions à son "board". Également au moment où le remdésivir a été développé.

 



Contrats de collaboration scientifique de Bruno Hoen avec Gilead. Source : Base Transparence Santé, via eurofordocs.fr

 

On observe que d'autres experts émettent des avis, notamment dans des médias, sur des molécules présentes dans Discovery et participent à cette étude tout en étant sujet à des liens d'intérêts avec les labos, plus récents que les trois ans valant autorisation de la Haute Autorité de Santé. Interrogée sur ses liens avec Gilead, Karine Lacombe se défendait de tout conflit d'intérêts en affirmant qu'elle ne participait pas à Discovery le 1er avril dernier. Elle y participe pourtant désormais avec son service de l’hôpital Saint-Antoine, et évoquait ce 30 avril des effets "prometteurs" à propos du remdésivir, qu'il "va falloir utiliser". Karine Lacombe entretient des liens d'intérêts avec Gilead qui déclare 17.000 euros de versements la concernant, entre février 2017 et fin 2019, pour des recherches portant sur le VIH. Mais aussi, de 2014 à 2019, pas moins de 40 contrats de collaboration scientifique, la majorité sans montant déclaré, et la participation au "board" du labo au moment où le remdésivir a été élaboré (2014). Elle est également consultante et membre du "board" d'AbbVie - fabriquant le kaletra - qui déclare 23.111 euros de liens d'intérêts à son sujet depuis 2014, notamment pour des collaborations portant sur l'hépatite C.

DES MILLIONS VERSÉS EN FRANCE

En France, depuis 2013, Abbvie et Gilead ont déclaré 152.684.219 et 63.401.102 euros de liens d'intérêts toutes catégories de bénéficiaires confondues : professionnels de santé, hôpitaux, académies, fondations... Parmi ces fonds, sans compter les contrats sans montant déclaré, nos professionnels de santé ont entretenu 44.833.977 euros de liens d'intérêts avec Abbvie, et 18.502.109 avec Gilead. En France, Gilead est même en mesure de mener ses propres études cliniques : au CHU de Montpellier, Jacques Reynes est coordinateur national de deux études thérapeutiques internationales sur le remdésivir... initiées directement par Gilead lui-même et pour lesquelles il a inclut 22 patients, alors qu'il dirige dans le même temps l'essai "Covidoc" (hydroxychloroquine et azithromycine), qui manque de patients. Les liens d'intérêts de Jacques Reynes ? 48.006 euros avec Gilead entre 2014 et 2019, dont de nombreux "boards".

"Ce n'est pas aberrant d'avoir des liens avec l'industrie, le problème c'est que tous les “jeunes” experts foncent les yeux fermés dans les “boards” des labos alors qu'ils siègent dans des commissions qui prennent des décisions politiques, surtout en temps de pandémie...", affirme à Marianne un ancien président d'une commission de santé publique qui connaît parfaitement les mœurs du milieu. Il précise : "Les sommes que payent les firmes sont bien plus élevées qu'il y a vingt ans, forcément, ça pousse à des dérives." Deux autres experts interrogés s'accordent à dire que l'on se dirige vers le "modèle américain""pourvu que vous ayez déclaré vos liens d'intérêts, même s'ils atteignent des millions, vous pouvez siéger dans une commission politique pour défendre la molécule de votre labo." En somme, vous voulez de la transparence, vous en aurez, mais pas question de se mettre en retrait. Un grand infectiologue parisien témoigne : "Gilead a atteint un tel pouvoir qu'il peut compter sur certains grands professeurs pour faire office de lobbyistes officieux, ce qui a fait que le remdésivir s'est retrouvé en haut de l'affiche, sans aucune preuve de son efficacité." Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, lui, se veut pourtant très rassurant : "La question du conflit d'intérêts, explique-t-il, ne se pose pas spécialement à l'occasion du Covid-19."

Reste maintenant le plus important : quand les premiers résultats de Discovery pointeront-ils leur nez ? Yazdan Yazdanpanah nous répond : "C'est très compliqué de dire quand." Dans un entretien au Monde le 1er mai dernier, il expliquait le retard des résultats de Discovery par celui des autres pays européens y ayant pris part : "Chaque pays a travaillé pour lui, et on a beaucoup de mal à coopérer. Seul le Luxembourg nous a rejoints... Le premier patient luxembourgeois, sur 60 espérés, n’a été recruté que le 30 avril..." Ces résultats devront ensuite être analysés par un comité indépendant et international. Un de ses confrères parisiens conclut : "Dans la recherche médicale, quand on s'est trompé, on retarde l'échéance de la sortie des résultats, ça permet de gagner du temps."

 

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SOURCE : Marianne

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"La Société du Spectacle" de Guy Debord avec Gérard Berréby

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17/05/2020

Michel Evdokimov : Pèlerins russes et vagabonds mystiques

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