27/06/2018
Le terrorisme islamiste est un problème importé
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C'est le Zemmour britannique. Son dernier essai, "L'étrange suicide de l'Europe", qui fait écho au "Suicide français", est resté près de vingt semaines dans le top 10 des meilleures ventes du "Sunday Times". L'essayiste y décrit les conséquences mortifères de l'immigration incontrôlée dans une Europe en voie de désintégration. A l'occasion de la parution de l'édition française de son best-seller, il a accordé un entretien exclusif au "Figaro Magazine"
Propos recueillis par Alexandre Devecchio
Alexandre Devecchio -- Votre livre « L’Etrange suicide de l’Europe » a été un énorme succès mondial. Comment l’expliquez-vous ?
Douglas Murray -- Selon moi, les gens voient partout les mêmes choses et s’inquiètent des mêmes phénomènes. Pourtant, leurs préoccupations et leurs questions les plus légitimes sont systématiquement réprimées. Mais, chaque fois que quelqu’un expose (en l’étayant de preuves solides) ce qu’un grand nombre de personnes pensent, ses propos finissent toujours par résonner.
Alexandre Devecchio -- Vous avez été surpris par la façon dont les politiques ont reçu votre livre. En aparté, ils n’ont pas hésité à accepter vos conclusions.
Douglas Murray -- Depuis toujours, il y a la réalité et ce qui peut être politiquement exprimable. J’ai parlé avec des fonctionnaires français, comme avec beaucoup d’autres sur tout le continent, et ce sont ceux qui m’ont dit en privé les choses les plus accablantes sur l’immigration, l’intégration et la sécurité. Ils connaissent les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés. Pourtant, en public, ils disent autre chose. Pourquoi? Parce que, pour relever le défi auquel nous sommes tous confrontés, il faudra admettre que plusieurs générations de décideurs politiques à travers l’Europe ont commis des erreurs historiques ou ont été totalement incompétentes.
Le plus simple, pour les politiques, est toujours de remettre cette question à plus tard, de mettre un terme à la discussion et de persécuter les gens parce qu’ils ont dit la vérité. Mais ce n’est pas une bonne stratégie à long terme. Le statu quo pourra tenir encore un cycle électoral ou deux. Mais pas plus.
Alexandre Devecchio -- Vous avez exprimé des préoccupations au sujet des associations antiracistes. Peut-on parler de dérive de l’antiracisme ?
Douglas Murray -- Ce qui m’inquiète, c’est que les « antiracistes » sont le plus souvent des racistes. C’est le même phénomène pour les soi-disant « antifascistes », qui sont presque toujours profondément fascistes. Il y a des moments où l’antifascisme et l’antiracisme sont nécessaires. Mais, ces derniers temps, les groupes qui se qualifient ainsi sont coupables de ce que le philosophe politique Kenneth Minogue a appelé « syndrome de saint George à la retraite ». Après avoir tué un dragon, ils errent autour de la terre à la recherche d’autres dragons à tuer, jusqu’à ce qu’ils finissent, délirant, par donner des coups d’épée dans l’air. La plupart des Européens souhaitent sans ambiguïté que les migrations de masse s’arrêtent ou diminuent beaucoup. Pourtant, tous les groupes « antiracistes » disent que ce point de vue est raciste. C’est une erreur historique. Si l’on abuse de mots comme « raciste » et « nazi », la probabilité est très forte que ces mots ne soient plus d’aucune utilité le jour où l’on pourrait en avoir réellement besoin. La question que je pose aux «antiracistes» est celle-ci: un citoyen français ou britannique qui voit son quartier et sa société changer radicalement peut-il ressentir de la tristesse à ce sujet ou exprimer une opposition sans être qualifié de raciste ? Si la réponse est «non», alors nous sommes vraiment très mal partis.
Alexandre Devecchio -- Cette dérive a-t-elle abouti au scandale de Telford, ces milliers de viols collectifs commis par des gangs pakistanais ?
Douglas Murray -- Telford est seulement le dernier cas. Des gangs de violeurs ont été découverts à Rotherham, Rochdale, dans l’Oxfordshire et plusieurs autres endroits au Royaume-Uni. Ce sont presque toujours des groupes d’hommes pakistanais (rejoints parfois par des Nord-Africains) qui ciblent des jeunes filles blanches vulnérables, souvent mineures, en tout cas extérieures à leur communauté. Mille cinq cents jeunes filles ont été violées dans une seule ville anglaise. Il y a des causes locales, tribales et religieuses spécifiques, liées en partie à la « culture de la honte » pakistanaise. La Grande-Bretagne a gardé le silence à ce sujet pendant des années. Pour une part à cause de cette sorte de politesse lâche qui existe partout, mais qui est particulièrement répandue chez nous. Mais aussi parce que ces horreurs ont toutes les caractéristiques d’un odieux crime raciste, et que personne ne voulait que cela se sache. Une classe entière de fonctionnaires locaux, de policiers et de politiciens a échoué.
Alexandre Devecchio -- Jeremy Corbyn, le chef de l’opposition, a parfois été accusé d’être complaisant envers l’islamisme et l’antisémitisme…
Douglas Murray -- Oubliez le mot « parfois » : « toujours » est celui que vous recherchez. Mr Corbyn voudrait nous faire croire que, ayant passé sa vie à patauger dans les égouts, il n’a jamais remarqué la puanteur. Je n’y crois pas. Que l’homme qui a passé sa vie à absoudre les islamistes ait toujours couvert les pires antisémites… ce doit être une pure coïncidence. Non, Mr Corbyn constitue un vrai problème. Le fait que, en 2018, nous ayons un Parti travailliste taraudé par l’antisémitisme devrait être une source de profonde honte nationale.
Alexandre Devecchio -- Selon vous, la montée de l’islamisme est la conséquence de la faillite des politiques migratoires européennes. La majorité des immigrants ne réussissent-ils pas à s’intégrer? C’est ce que tendrait à prouver l’élection de Sadiq Khan comme maire de Londres…
Douglas Murray -- Je suis fier que Londres puisse élire quelqu’un comme Sadiq Khan. Il n’est pas un maire particulièrement compétent, mais il aide à démontrer que la discrimination mise en avant par les communautés musulmanes est un mensonge raconté par de mauvais acteurs. En ce qui concerne l’intégration au sens large, cela dépend de l’endroit où vous regardez. Dans certains quartiers du centre de Paris et de Londres, tout peut sembler fonctionner. Mais, si l’on va juste un peu plus loin, à Saint-Denis ou à Tower Hamlets, c’est objectivement un désastre.
Alexandre Devecchio -- La vague d’attentats qui a frappé l’Angleterre en 2017 n’a-t-elle pas sonné le réveil de la classe politique ?
Douglas Murray -- J’ai abandonné cet espoir. Après les attentats du London Bridge, l’année dernière, Theresa May a dit « trop, c’est trop », mais cela ne voulait rien dire. Qu’a-t-elle fait depuis? Ils se contentent tous de vagues dispositifs bureaucratiques pour résoudre un problème bien plus profond. Sur la base de critères purement juridiques, au moins l’un des attaquants du London Bridge n’aurait jamais dû se trouver au Royaume-Uni. Le kamikaze du Manchester Arena n’aurait jamais dû se trouver au Royaume-Uni. Le jeune homme qui a déposé une bombe dans le métro de Londres en septembre dernier n’aurait jamais dû se trouver au Royaume-Uni. On aurait pu penser que ces questions auraient fait partie des sujets à traiter. Mais non. Une autre attaque se produit et les politiciens disent: « Les entreprises de technologie doivent faire plus pour détecter les contenus extrémistes en ligne. » Il s’agit là d’une question importante, à coup sûr, mais cela signifie qu’il y a des aspects du problème terroriste qui peuvent être abordés et des questions beaucoup plus vastes auxquelles il ne faut même pas faire allusion.
Nos sociétés ont toujours eu des problèmes de sécurité. Mais le terrorisme islamiste est un problème importé, et importé sous la responsabilité directe de nos politiciens.
Alexandre Devecchio -- Vous écrivez que l’opinion publique a très bien compris que « ce qui se cache derrière le terrorisme est une menace encore plus grande ». Qu’entendez-vous par là ?
Douglas Murray -- La question centrale à laquelle nous devons penser est la suivante: à qui s’adresse l’Europe? Est-ce une maison potentielle pour le monde entier? Ou simplement pour celui qui y fait sa vie? Si oui, où est la maison des peuples d’Europe? Nous avons glissé vers une conception étrange, où nous supposons que le reste du monde restera le reste du monde, mais où l’Europe deviendra les Nations unies. Cette manière de penser préside aux décisions de nos responsables, contre les souhaits constamment exprimés par les peuples européens. A long terme, je pense que ce changement total, cette fragmentation, cette ghettoïsation de notre continent constituent une menace existentielle bien plus grande que le terrorisme.
Alexandre Devecchio -- Vous adoptez un ton particulièrement véhément au sujet de la Suède, pourtant souvent citée en exemple. Pourquoi ?
Douglas Murray -- Parce que, en dehors de l’Allemagne, aucun pays en Europe n’a accepté autant de migrants ces dernières années que la Suède. Et personne n’a autant de problèmes. Il n’y a rien à faire pour les Suédois. Plus personne n’a une classe politique aussi ridiculement timide, autocensurée et volontairement aveugle. J’ai fait le tour des banlieues et j’ai vu des quartiers désormais envahis par les crimes, les gangs, les viols et les attaques à la grenade. Presque tous les journalistes sont là pour suivre la ligne du parti et régurgiter les mêmes mensonges. Ils semblent penser que leur travail est de maintenir les mauvaises nouvelles le plus loin possible du public. Donc, comme en Allemagne, le public doit apprendre à lire les nouvelles selon un dispositif de décodage interne, comme on le faisait sous le communisme. Ainsi, lorsqu’un viol est signalé, par exemple, si le nom de l’agresseur n’est pas mentionné, tout le monde sait qu’il s’agit d’un migrant.
Alexandre Devecchio -- Plus largement, vous expliquez la mort de l’Europe par une certaine forme de haine de soi…
Douglas Murray -- Nous n’avons pas eu un beau XXe siècle en Europe, et n’importe qui aurait besoin de temps pour s’en remettre. Personnellement, je suis pour une autocritique robuste, mais je descends du bus quand il est conduit par des gens qui veulent s’anéantir. J’aime l’Europe, et je pense que nous sommes – tout bien considéré – très chanceux. Nous avons produit une culture exceptionnelle et des droits que le monde n’a jamais connus. On me demande parfois si je suis patriote. Selon moi, c’est une mauvaise question. Je ne pense pas aux choses en ces termes. Ce que je ressens, c’est de la gratitude. Je suis reconnaissant pour ce dont nous avons hérité et je sens que je dois le conserver et essayer de le transmettre. Pourtant, des gouvernements aux universités et au-delà, nous sommes dirigés par des gens qui ne veulent pas transmettre ce qui est bon, mais le remplacer.
Alexandre Devecchio -- Certains pensent que la renaissance de l’Europe passera nécessairement par un renouveau du christianisme. Mais l’Eglise est très favorable à l’accueil des migrants…
Douglas Murray -- Il est certain que nous ne pourrons pas conserver ce que nous avons en nous querellant sur nos racines. Et prétendre que le christianisme n’est pas au cœur de ce qui fait de nous l’Europe, c’est faire preuve d’une terrible ignorance. Mais vous avez raison – le comportement de l’Eglise (et pas seulement l’Eglise de Rome, mais aussi les Eglises protestantes d’Europe du Nord) pendant toute cette crise a été très problématique. Certains (en particulier les Eglises protestantes) ont globalement remplacé la croyance en Dieu par la croyance en un activisme social d’extrême gauche. Le Pape a une position qui est insoutenable. Pourtant, je comprends pourquoi il le dit. Et peut-être qu’il remplit l’un des rôles de l’Eglise en le disant. Mais il doit être contredit par les responsables politiques et d’autres, qui doivent dire très clairement : « Nous souhaitons sauver le monde entier. Mais le fait est que nous ne pouvons pas. Et, si nous continuons, non seulement nous ne sauverons jamais Mogadiscio, mais nous pourrions commencer à lui ressembler. »
Alexandre Devecchio -- Diriez-vous que les « populismes » vont aggraver la situation ou, au contraire, qu’ils font partie de la solution ?
Douglas Murray -- Les courants politiques dominants continueront à souffrir jusqu’à ce qu’ils s’attaquent enfin aux préoccupations légitimes des peuples européens. Si la classe politique ne répond pas aux préoccupations des peuples, les extrémistes finiront par l’emporter. Comment un citoyen européen peut-il exprimer ses inquiétudes quant à la direction que prend sa société ? Quelle que soit sa manière, et surtout s’il n’a pas un doctorat, on le traitera de raciste et de xénophobe. Et, s’il vote pour le « mauvais » parti, il sera rejeté comme « populiste ». Pourtant, le vrai problème est clair: plusieurs générations de dirigeants politiques ont fondamentalement modifié nos sociétés sans le consentement et même contre le souhait des peuples. N’est-il pas temps de commencer à y faire face et à y remédier plutôt que d’inventer de nouvelles façons d’insulter le peuple ?
Alexandre Devecchio -- Que révèle la troisième victoire consécutive d'Orbán ?
Douglas Murray -- Beaucoup de gens critiquent Viktor Orbán. Pourtant, la question est très simple : qui avait raison en 2015 ? Orbán ou Merkel ? Cette dernière a été punie par son électorat et a maintenant l’AfD comme principal parti d’opposition. Le refus d’Orbán de souscrire à l’effondrement des frontières européennes et à la suspension de toutes les règles migratoires était, entre autres, le reflet des souhaits de l’immense majorité du peuple hongrois. C’est une arrogance extraordinaire que les politiciens et les commentateurs à travers l’Europe se permettent de réprimander Orbán, lui qui fait la volonté de son peuple. J’ai vu il y a quelques semaines une photo de lui en train de lire l’édition hongroise de mon livre. On m’a dit que cela pourrait dissuader votre Président de lire l’édition française. J’espère que non !
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SOURCE : Le Figaro Magazine du 20 Avril 2018
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22/02/2018
"Bat Ye’or, l’anticonformiste"...
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Par Alexis Lacroix pour L'Express
« Nul ne ment autant qu’un homme indigné. » Cet aphorisme de Nietzsche désigne assez bien les procédés de certains détracteurs de l’œuvre de Bat Ye’or ; depuis près d’un demi-siècle, avec une opiniâtreté méthodique, certains d’entre eux ont cherché à expulser cette historienne britannique hors du cercle de la scientificité, à l’entourer d’un halo sulfureux, à la déconsidérer comme un esprit irrationnel. Jusqu’à un certain point, ils y sont parvenus. Un paravent conjuratoire s’est dressé qui brouille la réception du travail de Bat Ye’or. Leur dénigrement vertueux a installé dans les esprits l’idée que la spécialiste de la « dhimmitude », c’est-à-dire du statut de citoyens des non musulmans en terre d’islam, aurait glissé vers un bord-à-bord avec les théories du complot.
À la lire, pourtant, on s’aperçoit qu’il n’en est rien. Et que Bat Ye’or n’a rien à voir avec la série X-Files. Nombre d’accusations adressées à sa démarche relèvent de l’allégation. On mesure ainsi, au passage, la bravoure de ceux qui, dans l’institution académique, ont toujours refusé de céder à ce « bashing » facile et ont proclamé la validité de ses travaux : le philosophe Jacques Ellul, dès le début des années 80, et, depuis, l’historien Martin Gilbert, les politologues et historiens des idées Pierre-André Taguieff et Robert Wistrich, qui ont souligné, l’un comme l’autre le caractère opératoire de ses concepts.
La publication, par les éditions les provinciales, de son autobiographie politique est peut-être l’occasion de réviser à la hausse le jugement porté sur ses découvertes. Tout commence dans un Orient jadis immortalisé par Lamartine et Chateaubriand. C’est au Caire, en 1933, que Bat Ye’or a vu le jour dans une famille de la bourgeoisie juive, d’origine française (par sa mère) et italienne (par son père). Il faut lire les pages, très belles, où elle restitue l’atmosphère de cette époque bénie, dans une mégalopole de l’Orient qui apparaît comme une Babel cosmopolite et insouciante. La jeune femme n’a pas encore forgé son pseudonyme et porte son nom d’état-civil : Gisèle Orebi. Se rémémore-t-on encore que les rives du Nil sous mandat britannique furent le havre d’un cosmopolitisme authentique, qui n’avait rien à envier à la Vienne de Freud et de Schnitzler ? De cette Atlantide l’auteur à venir se voudra tout ensemble, l’héritière et l’obligé. A sauts et à gambades, nous avançons vers le moment – l’année 1957 – où il ne sera plus possible à sa famille, en raison de la virulence du sentiment antijuif, de prolonger son séjour dans l’Egypte nassérienne. Avec franchise, Bat Ye’or raconte cette catastrophe intime, et le délitement progressif d’une socialité miraculeuse, celle des juifs égyptiens, suspendus entre une tradition déjà révolue et un avenir encore infigurable. Gamal Abdel Nasser, donc, ce champion laïque de l’utopie panarabe, dont elle dresse un portrait aigu, mais inquiétant ; la montée parallèle d’un mouvement fondamentaliste né dans les années 20 et promis à jouer un grand rôle dans les difficultés ultérieures de l’Egypte : la Confrérie des Frères musulmans. En historienne, la mémorialiste rend également présent ce que fut le dramatique tournant géopolitique de 1967, après la victoire éclair (et inespérée) de Tsahal, au début du mois de juin, face aux armées arabes. Elle se souvient des paroles prononcées alors par le premier magistrat de France, Charles de Gaulle, flétrissant « un peuple d’élite, sur de lui-même et dominateur ». Formule épochale pour l’auteur en ce sens qu’elle initie une nouvelle époque.
Bat Ye’or a alors trente-quatre ans. Elle est mariée à l’historien britannique David Littman et élève ses enfants. « Peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur »… Comme le sociologue Raymond Aron, elle pressent que ces trois qualificatifs donnent congé à son « monde d’hier » dont elle décide, à peu près simultanément, de demeurer le témoin fidèle. Mais la diatribe présidentielle résilie, aussi, le serment prêté par des hommes libres, au sortir de la Seconde guerre mondiale et de l’Extermination, de nouer avec l’expérience nationale des juifs un lien non négociable d’empathie. Une œuvre, aimait à dire Michelet, est pareille à un « réseau d’obsessions ». Les travaux de Bat Ye’or découleront de la recomposition traumatisante de l’année 1967, presque autant que de l’état de déréliction, à la suite des indépendances de chacun de ces pays, des communautés juives d’Egypte, d’Irak et du Yémen. Dans son autobiographie, Bat Ye’or n’hésite d’ailleurs pas à voir dans le revirement stratégique de la France, mis en œuvre par un commis de l’Etat comme Maurice Couve de Murville (1), l’un des théâtres où s’origine la dévitalisation de l’Europe face à l’islamisme. L’auteur, dont nul n’est forcé d’épouser les convictions politiques bien trempées, n’hésite pas à écrire que « le vieux rêve du Mufti de Jérusalem, unir l’Europe contre Israël, se réalisait dans “la politique arabe de la France” conçue par Couve de Murville, ex-fonctionnaire de Vichy. »
Amplification ? « La diabolisation de l’Occident dans son ensemble », précise l’historienne que nous rencontrons à Paris, est « consubstantielle à la vision du Dar al-Harb » (2). La structure de tant de discours actuels de démission, suggère-t-elle aussi, ne dissimule d’ailleurs aucun plan concerté et machiavélique, « mais plutôt une succession malheureuse de lâchetés » qui se sont poursuivies jusqu’à nos jours, « souvent motivées par l’intérêt économique » ; ces abdications expliqueraient, selon elle, la constitution de l’axe complice qu’elle nomme « Eurabia ». Prisonnière de ses ressassements, Bat Ye’or ? En fait sa vraie ambition, éloignée des théories du complot, est de dénoncer un engrenage de reculs. Et, malgré les apparences, elle ne souffle pas davantage sur les braises du clash des civilisations. Non. L’historienne en appelle plutôt aux « musulmans éclairés », contre l’islam politique et contre l’obscurantisme. « S’ils se joignent à nous, renchérit-elle, nous nous libérerons tous de la menace djihadiste… »
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"Une voiture électrique pollue autant qu'un diesel"...
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Si l'on englobe l'ensemble de son cycle de vie, une voiture électrique peut émettre plus de CO2 qu'un vulgaire diesel... Les batteries électriques ? Des réservoirs bourrés de métaux rares, très polluants et monopolisés par la Chine. Guillaume Pitron, ancien juriste devenu journaliste, a pendant huit ans parcouru la planète – Chine, Malaisie, Indonésie, Afrique du Sud, Amérique du Nord – pour enquêter sur la fameuse "transition écologique" qui n'est pas si verte. Le journaliste en relate les dessous dans "La Guerre des métaux rares", aux éditions Les Liens qui Libèrent. Ecoutez Guillaume Pitron...
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16/02/2018
Elisabeth Lévy : « Sur les réseaux sociaux, c'est la meute qui juge et obtient la mort sociale du "coupable" »
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A l'occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur, Réseaux sociaux : Big brother, c'est nous !, Elisabeth Lévy a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Elle y dénonce le tribunal numérique de twitter et revient notamment sur l'affaire Hulot.
Élisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. Dans son dernier numéro intitulé , Réseaux sociaux : Big brother, c'est nous, le magazine Causeur s'interroge sur le nouveau clergé numérique que représentent Facebook et Twitter.
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Le Figaro : En 2002, vous dénonciez la nouvelle censure du clergé médiatique dans Les Maîtres censeurs. Aujourd'hui, à en croire, la une de Causeur - Réseaux sociaux : Big brother, c'est nous ! -, nous sommes devenus nos propres censeurs ?
Elisabeth Lévy : Notre amusante et effrayante époque accomplit en quelque sorte les cauchemars de Tocqueville et d'Orwell réunis. Avec l'avènement des réseaux sociaux, la technologie numérique prétend réaliser simultanément deux aspirations des sociétés, l'égalité et la transparence intégrale. Mais loin de tenir sa grande promesse d'un monde pacifié par la connexion de tous avec tous et libéré par l'accès de tous à tout, l'âge des réseaux est celui de la surveillance de tous par tous et celui de l'intolérance de chacun à ce qui n'est pas lui. Il y a bien un village planétaire, et il est peuplé de commères qui épient leurs contemporains dans le but louable de faire leur bien. Si on ajoute l'omniprésence des téléphones-espions, la part de notre existence dont on peut dire qu'elle ne regarde nullement les autres se réduit sans cesse. L'homme numérique est le flic de son frère - dont il surveille les mœurs, le langage et les finances en attendant qu'un algorithme soit capable de déduire nos pensées de nos achats ou déplacements. Les réseaux sociaux ne sont pas le royaume du doux commerce: on y échange beaucoup plus d'invectives que d'arguments, et la rivalité mimétique y est un moteur plus puissant que le goût des autres. D'où le lynchage de toute personnalité avouant un gros salaire - sauf s'il s'agit de footballeurs ou de comédiens rachetant leurs privilèges par leur adhésion bruyante à de grandes causes. Enfin, Internet n'a nullement aboli les hiérarchies, il en crée de nouvelles encore plus injustes : sur les réseaux, c'est celui qui fait le plus de bruit qui l'emporte.
Le Figaro : L'homme connecté est-il un homme enchaîné ?
Elisabeth Lévy : Qu'il y ait une dimension d'aliénation dans la technologie, pardon mais cela n'est pas particulièrement nouveau. Ce qu'il faudrait comprendre, c'est la singularité de l'aliénation numérique et la façon dont elle affecte l'anthropologie humaine au sens le plus terre à terre du terme. On ne peut pas dire qu'il y ait profusion de travaux novateurs sur le sujet et de fait, il n'est pas facile de penser ce monde qui vient. En attendant de forger des concepts pour l'analyser, cette aliénation se voit à l'œil nu. N'importe qui le ressent, ces outils qui devaient nous libérer de toutes les pesanteurs du réel nous ont rendus moins libres et ces prothèses qui prétendent nous faciliter la vie en l'occupant intégralement nous rendent moins présents au monde et aux autres. Un ami vient de m'envoyer cette belle citation de Baudoin de Bodinat: «Voyez ce groupe amical au café, ce couple au restaurant, dont chacun a posé devant lui son interface tactile: il apparaît vite qu'aucun d'eux n'est vraiment tout à fait là avec les autres (…) Qui donc sont chacun à attendre visiblement autre chose que d'être là, à penser à autre chose et pour ainsi parler à faire antichambre et patienter avec les autres devant la porte de la multiplicité des possibles, qui pourrait s'entrebâiller pour eux à tout instant.» Cette observation vaut pour la lecture. Internet met la bibliothèque universelle à disposition de n'importe qui. Un ordinateur permet d'avoir accès à tous les chefs d'œuvre de l'art mondial et, en prime, à des centaines de thèses sur chacun d'entre eux, bref à ce qu'on appelle la grande culture. Mais quelle place occupe-celle-ci dans le flux torrentiel des connections, des achats et des likes? Comment s'arrêter pour lire quand on est sans cesse convoqué par « la multiplicité des possibles » ?
Le Figaro : Donc, notre servitude est vraiment volontaire…
Elisabeth Lévy : Autant que face à l'électricité: on peut choisir de s'en passer mais on ne vit pas complètement dans le monde commun. Vous avez raison, nous sommes volontaires et même nous redemandons de l'aliénation quand nous faisons la queue pour avoir le dernier I-ceci ou cela. Mais ce n'est pas la technologie qui nous asservit, c'est la célébration permanente dont elle est l'objet, le culte qu'on lui voue: le numérique n'est pas seulement une nouvelle branche de la science et de la technique qui ouvre de nouvelles possibilités, c'est une idéologie, une croyance qui tolère mal les hérétiques, une vision du monde qui exige un homme nouveau. Je ne suis pas technophobe, mais je ne veux pas devenir cet homme nouveau. La merveilleuse Petite poussette de Michel Serres ne me paraît pas être l'horizon enviable de l'humanité. Du reste, si la plupart des parents conséquents se gendarment contre la propension de leurs enfants à passer trop de temps devant des écrans, ce n'est peut-être pas par sadisme mais parce qu'ils ont constaté que cela ne les rendait ni meilleurs, ni plus heureux.
Le Figaro : Vous dénoncez la pression sociale exercée par les réseaux sociaux. C'est vrai dans le cas de #BalanceTonPorc, mais les réseaux sociaux ont aussi été un réel outil de libération de la parole sur bien des sujets tabous …
Elisabeth Lévy : Ah bon, lesquels ? Et toute parole est-elle digne d'intérêt parce qu'elle traite d'un sujet tabou? Nul ne peut prétendre que notre liberté d'expression est plus grande aujourd'hui qu'il y a dix ans, quand Facebook était embryonnaire et que Twitter n'existait pas. Comment expliquer que cette parole libérée engendre moins de liberté ? Par le fait que chacun est prêt à défendre avec autant de rage la libération de sa propre parole que la censure de celle des autres. Cependant, là encore, le problème ne vient pas des réseaux eux-mêmes mais du pouvoir que nous leur donnons. Si les médias traditionnels ne passaient pas leur temps à commenter ce que pensent ou disent les réseaux sociaux (qui ne pensent ni ne parlent), si les politiques ne faisaient pas de leur humeur le critère de leur action, ceux-ci n'auraient aucune influence. Mais tout le monde se comporte comme s'ils étaient une représentation légitime du peuple. Et plus grave encore, comme un tribunal appelé à juger en son nom. On l'a vu avec Balance ton porc : sur les réseaux sociaux, toutes les garanties, toutes les formes de la Justice sont suspendues. Pas de débat contradictoire, pas de présomption d'innocence, pas de droits de la défense, c'est la meute qui juge, sanctionne et, de plus en plus souvent, obtient la mort sociale du « coupable ».
Le Figaro : Facebook et surtout Twitter ne sont-ils pas plutôt le terrain de jeu privilégié de minorités militantes ?
Elisabeth Lévy : Ce qui est sûr, c'est qu'ils ne représentent pas la France. En dehors de certains milieux, dont celui des médias, je ne connais très peu de gens qui aient un compte twitter. Et ce qui compte, sur FB et Twitter, c'est ce qui fait masse, donc souvent des activistes organisés qui, par l'effet des retweets et des partages, donnent l'impression d'être de véritables armées virtuelles. Mais, comme dans le cas des pétitions numériques, les chiffres n'ont guère de signification, sinon celle que les médias leur donnent en les ressassant avec des airs pénétrés. Le militantisme en pyjama (expression de Nicolas Domenach) exige peu d'engagement mais n'a d'influence dans le monde réel que quand les médias et les politiques y croient. Essayez de faire reculer un patron à coups de clics! Où étaient les centaines de milliers de pétitionnaires contre la loi Travail dont se réclamait Caroline de Haas, militante intersectionnelle, quand il a fallu manifester? Quelque temps après le lancement de Balance ton porc, fortes des milliers de messages postés sous ce hashtag, certaines féministes ont appelé les victimes à descendre dans la rue: dans toute la France, il y a eu moins de 500 personnes, tu parles d'un mouvement de masse! Or, c'est le syndrome Nuit debout, tous les commentateurs parlent de ces révoltes numériques comme s'il s'agissait de vastes mobilisations populaires. Alors, peut-être ne connaît-on qu'une infime partie (et la moins intéressante) de ce qui se passe sur les réseaux. Il y a, me dit-on, dans les profondeurs de Facebook et même de Twitter des échanges passionnants, voire des joutes philosophiques. Reste que ce ne sont pas ces échanges, mais les sommations, invectives et délations repris par les journalistes et donnent le « la » du débat public. Rien ne terrifie plus un politique, un patron ou un artiste qu'un bad buzz. Quelques tweets ont suffi pour que Bruno Le Maire présente ses excuses pour avoir dénoncé la dénonciation. Et défendez une idée un brin choquante sur un plateau, on vous mettra en garde: « Attention, vous allez vous faire pourrir sur les réseaux ! » Il faut absolument faire savoir à tout le monde qu'on y survit très bien. En n'allant pas voir !
Le Figaro : N'est-ce pas cependant pour leur pouvoir subversif que les décodeurs du Monde détestent autant les réseaux sociaux ?
Elisabeth Lévy : Etre détesté par les décodeurs du Monde est un excellent point qui témoigne au minimum d'une certaine liberté d'esprit. Toutefois, cela ne garantit ni la moralité ni le talent. Mais soyons sérieux, si les décodeurs du Monde n'aiment pas les réseaux sociaux, c'est parce qu'ils constituent un clergé concurrent… Dans un article du Débat intitulé « la guerre des vérités », Marcel Gauchet écrit que « la post-vérité est le rejeton adultérin du politiquement correct »… Il a raison. Si on raconte souvent n'importe quoi sur les réseaux sociaux, c'est en grande partie parce qu'on ne peut rien dire sur le reste de la scène publique, les bornes de la bienséance étant de plus en plus étroites. Reste qu'on n'est pas obligé de choisir entre deux églises !
Le Figaro : Derrière la volonté du président de la République de lutter contre les « fake news », y a-t-il une volonté de l'Etat de reprendre le contrôle de l'opinion ?
Elisabeth Lévy : Je n'ose croire à une ambition aussi grotesque! Il y a surtout derrière cette nouvelle croisade la volonté de montrer qu'on fait quelque chose contre un phénomène qui n'a de nouveau que le nom anglais dont on l'a affublé. La propagande, la désinformation, la calomnie sont aussi anciennes que l'information elle-même et je ne suis pas sûre que la crédulité et la vulnérabilité aux bobards, que l'on appelle aujourd'hui complotisme, soient si nouvelles que cela. Cela nous inquiète parce que, précisément, dans un monde saturé d'informations, on a pu penser naïvement qu'une forme de vérité immanente s'imposerait à tous. Or, au-delà même du négationnisme délirant, de la Shoah au 11 septembre, on assiste à une prolifération de vérités qui entrent en concurrence les unes avec les autres. On ne remédiera pas à ce relativisme en érigeant une vérité officielle (à laquelle personne ne croit précisément parce qu'elle est officielle), mais en favorisant l'affrontement loyal des arguments et des opinions: à la loyale, c'est-à-dire au jeu de la raison, je veux croire que les « vraies vérités » l'emportent sur les fausses. Plus fondamentalement généralement, c'est l'esprit critique qui permet de distinguer le vrai du faux et c'est à l'école de développer l'esprit critique. La meilleure nouvelle du moment, c'est que Jean-Michel Blanquer sait tout cela.
Le Figaro : Nicolas Hulot est la dernière victime de cette ère du soupçon. Si l'on ne peut que déplorer que la rumeur remplace la justice, il faut rappeler que Macron a fait de la transparence et de la moralisation de la vie politique un chantier prioritaire de son quinquennat… Dès lors n'est-il pas un peu facile d'accuser la société et les réseaux sociaux…
Elisabeth Lévy : D'accord, Macron a eu tort de jouer l'air de la vertu. Mais cela n'arrangerait rien qu'il persiste dans l'erreur. Or, dans l'affaire Darmanin, comme dans l'affaire Hulot, alors que François Hollande se serait couché à la première brise numérique, le président n'a même pas pris la peine de réagir, il leur a tenu tête. Il n'a aucunement été question de sanctionner les deux ministres. On n'a même pas eu droit à une fofollerie de Marlène Schiappa (qui a refusé de réagir sur le sujet ce qui ne lui ressemble guère). Résultat: malgré plusieurs tentatives, dans les deux cas pour allumer la mèche numérique, ça n'a pas pris. Ce sont les réseaux qui se sont couchés. Reste à espérer que le président tiendra bon si le monstre se réveille.
Le Figaro : Vous avez, vous-même, un compte twitter (que vous utilisez peu il est vrai), envisagez-vous de vous déconnecter ?
Elisabeth Lévy : Je n'ai malheureusement pas le talent des aphorismes, et j'ai en outre l'esprit de l'escalier sinon je publierais beaucoup plus car c'est d'abord aux mots d'esprit que devrait servir Twitter. Quand il m'en vient un, c'est trop tard car le présentisme y est la règle, alors, j'écris des articles… Du reste, je me protège contre la tentation de twitter n'importe quoi sous l'effet de la colère ou de l'émotion, grâce à la médiation de mes excellents camarades Kevin et Daoud, qui gèrent physiquement mon compte. Il leur arrive souvent de me dissuader et ils ont raison. Dans ces conditions, je ne vois aucune raison de priver Causeur d'un compte Twitter qui nous permet d'informer nos abonnés et, parfois, de mettre les pieds dans le plat ou de lancer une petite blague. Avoir peur de Twitter, ce serait encore une façon de le fétichiser.
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SOURCE : Par Alexandre Devecchio pour Le Figaro
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04/02/2018
Denis Moreau : « Ce n'est pas parce que je suis croyant que je suis un imbécile ! »
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FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Peut-on être philosophe et catholique ? Pour Denis Moreau, la réponse est oui. Parce que croire en la vie éternelle n'interdit pas d'aimer la vie de ce monde, il encourage les chrétiens à être joyeusement de leur époque, et rappelle qu'il n'est pas interdit de réfléchir lorsque l'on croit en Dieu.
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Denis Moreau est professeur de philosophie à l'université de Nantes, et spécialiste notamment de Descartes. Il vient de publier Comment peut-on être catholique? (Editions du Seuil).
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FIGAROVOX- Votre livre s'intitule Comment peut-on être catholique? en référence à l'étonnement des parisiens du XVIIIe siècle devant le Persan de Montesquieu. N'est-ce pas aussi un témoignage que vous offrez comme pour montrer comment on peut, à votre façon, être à la fois philosophe et catholique ?
Denis MOREAU - Je vais commencer par une confidence: ce n'est pas le titre que j'avais initialement envisagé ! J'avais d'abord pensé à « Pourquoi je suis catholique ». Mais c'était déjà pris, par Chesterton... Je n'avais pas pensé au second sens que vous proposez, mais il me convient bien! Je pars surtout du constat qu'être catholique suscite souvent un étonnement, que j'accueille bien volontiers, et je tente d'y répondre dans ce livre. Mais c'est vrai que c'est aussi un livre qui explique comment être catholique. Quand on écrit sur la foi, il y a une façon raisonnante d'écrire, avec des arguments, et une façon existentielle qui apporte un témoignage. La première seule serait un peu sèche, mais le seul témoignage serait trop sentimental: j'ai donc essayé d'associer les deux. Et puisque j'aborde des questions comme la prière, la confession… je propose aussi, c'est vrai, une réflexion sur la manière d'être catholique, même si ce n'était pas mon projet premier.
FIGAROVOX- Votre livre est aussi celui d'un philosophe, avec son lot de discussions théologiques, de sémantique grecque ou latine… Faut-il donc être intello pour croire encore en Dieu ?
Denis MOREAU - Ah non, surtout pas ! Vous êtes un peu dur avec moi: il me semble que lorsque j'utilise un gros mot de philosophe ou un concept technique, je les traduis systématiquement ou bien je donne des exemples. J'ai fait un réel effort de pédagogie. Je suis le descendant, du côté maternel, de paysans berrichons qui ne sont pas spécialement des intellectuels, et pourtant je suis convaincu qu'il s'agit de grands chrétiens! J'ai un profond respect pour la «foi du charbonnier» et je ne veux pas donner l'impression de la mépriser. Après, on est dans un pays où 75 % d'une classe d'âge arrive au Bac, la plupart des catholiques aujourd'hui sont des gens qui ont fait au moins un peu de philo et qui réfléchissent. Je regrette que trop souvent, la foi reste cantonnée au stade des représentations naïves de l'enfance… Je défends, non pas la nécessité, mais la possibilité d'une foi intellectuelle, et je m'inscris ce faisant dans la grande et belle histoire de l'Église, qui commence dès le prologue de l'évangile de Jean lorsque Jésus est appelé le « Logos », ce qu'on peut, en un sens, traduire par « la Raison » ou, en forçant un peu, « l'Intellectuel » ; puis la patristique, la scolastique, etc.: un séculaire et fécond compagnonnage entre christianisme et philosophie. Je veux continuer dans cette voie, à réfléchir sur la foi, et proposer comme une « spiritualité de l'intelligence ». C'est d'autant plus nécessaire que l'université, où j'évolue, est un monde sans Dieu: selon une étude sociologique menée dans 99 universités anglo-saxonnes, seuls 14 % des philosophes interrogés ont la foi. Les universitaires forment une des catégories socio-professionnelles où il y a le plus d'athées.
FIGAROVOX- Vous écrivez qu'on «n'a jamais converti personne avec des arguments»: pourtant, votre livre participe de la tradition apologétique, qui consiste à étayer par des arguments rationnels la foi chrétienne. Quel est exactement votre projet ?
Denis MOREAU - En effet, ce n'est pas un livre prosélyte. Mon but n'est pas d'arracher des conversions mais, plus modestement, d'expliquer à mes lecteurs que ce n'est pas parce que je suis croyant que je suis un imbécile! Je destine ce livre à trois catégories de personnes: ceux qui se demandent honnêtement comment on peut encore être catholique, ceux de mes coreligionnaires qui sont parfois travaillés par le doute et désirent être affermis dans leur foi, et enfin les catholiques qui s'intéressent à l'articulation entre foi et raison. Mais je ne pense pas que la lecture de mon livre suffise à convertir un athée.
FIGAROVOX- Peut-être pas le convertir… mais déringardiser l'idée qu'il se fait de votre religion ?
Denis MOREAU - Oui, et la clarifier ! J'ai beaucoup aimé le roman d'Emmanuel Carrère, Le Royaume, qui contient de beaux passages sur le combat spirituel. Il avait eu le mérite de donner une image assez juste de ce qu'est la foi, un combat spirituel permanent entre la certitude et le doute… J'aime en particulier cette phrase, parce qu'elle m'interpelle: « C'est une chose étrange, quand on y pense, que des gens normaux, intelligents, puissent croire à un truc aussi insensé que la religion chrétienne. […] Quand ils vont à l'église, ils récitent le Credo dont chaque phrase est une insulte au bon sens ». Je ne suis évidemment pas du tout d'accord, mais j'en retiens qu'il faut donc s'expliquer, montrer comment il peut être fécond, pour des croyants, d'être confrontés, par l'intelligence, à leur propre foi.
FIGAROVOX- Vous désignez aussi des ennemis, qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit! Vous êtes plutôt « miséricordieux » avec les intellectuels athées, Onfray compris ; en revanche, vous combattez férocement vos deux bêtes noires, « catho-grognon » et « catho-puceau »…
Denis MOREAU - Pour « catho-puceau », ce ne sont que quelques lignes et si j'ai paru dur, je le regrette: c'était surtout pour rire. Les catholiques un peu « coincés » ne sont pas mes ennemis, j'ai beaucoup de respect et de tendresse à leur endroit! Seulement, pour aller convaincre nos contemporains d'une forme de vacuité des jouissances terrestres, on est plus persuasif en mobilisant des personnes qui sont d'abord passées par la débauche… comme saint Augustin ou Charles de Foucauld , qui savent de quoi ils parlent !
Pour les intellectuels athées, je suis quand même agacé par l'aplomb avec lequel certains, qui ne connaissent rien au christianisme, se permettent de le condamner. C'est un phénomène qui me paraît relativement neuf et qui n'existait pas il y a encore 20 ou 30 ans ; mais aujourd'hui, il n'est pas rare d'entendre des gens cultivés, ou prétendus tels, raconter absolument n'importe quoi à propos de la foi chrétienne. Cela ne m'empêche pas d'avoir par ailleurs une réelle admiration pour Michel Onfray, malgré ses outrances christianophobes. J'ai bien aimé ses premiers livres: il a une vraie générosité, et un désir de chercher la vérité. C'est assez rare pour être souligné.
En revanche, « catho-grognon », ça oui, je lui tape allègrement dessus ! Je sais bien que ce n'est probablement que la déclinaison catholique d'une humeur assez française, mais je ne le supporte plus. Les évangiles, saint Paul… C'est la joie ! Moralement parlant, d'un point de vue chrétien, c'est impossible d'être grognon, dans les relations avec les autres comme sur le fond. Ce serait tomber en plein sous le feu de la critique de Nietzsche: à cause de « catho-grognon », le christianisme paraît n'être qu'une doctrine réactive, et c'est une dérive. Être contre au lieu d'être pour, nier au lieu d'affirmer, râler au lieu d'être heureux: voilà bien une menace terrible pour la religion chrétienne. Nietzsche d'ailleurs frappait juste en disant : « Pour que j'apprenne à croire en leur sauveur, il faudrait que ses disciples aient un air plus sauvé ! »
FIGAROVOX- Et que vous inspire la formule « catho-décomplexé » ?
Denis MOREAU - On me place parfois dans cette catégorie. Je n'ai jamais été complexé d'être catho. Si cela veut dire accepter le dialogue et s'assumer joyeusement, le mot m'est plutôt sympathique. Le modèle de la « pastorale de l'enfouissement », qui a ses vertus dans le monde associatif où les catholiques sont très nombreux (Restos du Cœur, Secours catholique…), ne pouvait être promu que dans une société marquée encore sociologiquement par la présence du christianisme. Jacques Maritain distinguait ainsi « agir en chrétien », et « agir en tant que chrétien ». Mais aujourd'hui, devant la quasi-disparition des chrétiens, le modèle trouve ses limites: il est important de réaffirmer notre foi, y compris dans l'espace public. Il ne s'agit pas de remettre des croix partout, bien entendu, mais d'avoir le courage de ne pas dissimuler sa foi. Je ne l'ai jamais fait pour ma part, pas même à l'université, et cela n'a pas freiné ma carrière pour autant! Mes collègues sont des gens suffisamment ouverts d'esprit pour accepter que l'on puisse croire en Dieu. Et je suis d'ailleurs frappé par le nombre de chrétiens qui figurent au rang d'illustres philosophes de notre temps: Jean-Luc Marion ou Rémi Brague, déjà, pour ne citer qu'eux… Je suis pour ma part reconnaissant envers la République de m'avoir permis à moi, catholique revendiqué, de faire une carrière honorable et dans de bonnes conditions. Pour le reste, quant aux modalités sous lesquelles on se présente « en tant que chrétien », il appartient à chacun de faire preuve de discernement, car rechercher à tout prix le choc, le «scandale», n'est pas non plus une posture catholique. Réclamer qu'on installe une crèche dans chaque mairie, par exemple, n'est d'abord exigé par aucun texte émanant d'une quelconque autorité dans l'Église, mais en outre cela me semble contraire au bien commun, qui inclut la recherche et la préservation de la concorde civile. FIGAROVOX- Vous êtes plus virulent en revanche sur la question de l'argent. Sans être une contre-culture, vous affirmez néanmoins que le catholicisme porte en lui une contestation profonde d'un monde fondé seulement sur les relations matérielles entre individus ?
Denis MOREAU - Je n'aime pas en effet le terme de « contre-culture », devenu une sorte de slogan chez les catholiques depuis le début des années 2010. Je refuse catégoriquement que le catholicisme ne se pense que par opposition, et ne fasse qu'exister « contre » quelque chose ou quelqu'un. Je suis plutôt pour une inculturation: les chrétiens doivent s'affirmer au travers des formes culturelles de leur époque, plutôt que de chercher à en bâtir une culture « autre ».
Pour en revenir à l'argent, je cite à ce propos saint Paul, les Évangiles, Bossuet et presque tous les papes depuis Léon XIII. Depuis la première « encyclique sociale », Rerum Novarum en 1891, il y a une critique continue et massive du capitalisme dérégulé et du caractère toxique de l'argent lorsqu'il est mis au centre de nos vies. Le pape François ne dit rien de plus à ce propos que Paul VI, Benoît XVI ou Jean-Paul II… On en parle peut-être plus parce que les mots qu'il choisit sont neufs, mais sur le fond, il est en continuité avec toute la tradition de l'Église. C'est là qu'on trouve des points de rapprochement possible entre les catholiques et les altermondialistes. Depuis la chute du mur de Berlin, le modèle économique qui a triomphé ne me semble pas bon (quoique meilleur que celui dont il a triomphé…), et tout le monde en connaît la réalité. Un chrétien ne peut pas se satisfaire d'une telle concentration de richesses entre les mains des 1 % les plus riches du monde. Pour arrêter cette folle machine, nous devrons être nombreux: les ZAD ou autres Nuit Debout ne suffiront pas… Il existe une structure, pardon de la nommer comme cela, de 1,3 milliard de personnes, qui dispose d'un corpus anticapitaliste solide et séculaire: c'est l'Église catholique. Comme le disait déjà Pasolini, elle est la seule Internationale anticapitaliste qui fasse le poids - si la base suivait, car les fidèles sont souvent en retrait par rapport à la radicalité du discours du pape sur ces sujets.
FIGAROVOX- Lorsque vous reprochez à nos contemporains de vouloir se sauver par leurs propres forces, est-ce en creux une critique à l'encontre du transhumanisme ?
Denis MOREAU - Dans mon livre, le premier chapitre s'intitule « Salut à vous ! », et ce n'est pas pour rien : le thème du salut est ma porte d'entrée dans la religion chrétienne. Je constate que depuis 2500 ans, il y a des théories pour prôner un salut par soi-même: chez les stoïciens d'abord, puis chez Pélage et aujourd'hui chez des sortes de néo-païens… Le christianisme vient leur répondre : « tu n'y arriveras pas tout seul ». Quant à chercher à combattre la mort, cela ne date pas non plus d'aujourd'hui : chez Descartes, on lisait déjà l'annonce d'une victoire définitive contre la maladie et la vieillesse. Philosophiquement, les scientifiques qui nous promettent une forme d'immortalité me paraissent surtout grotesques. Ce fantasme travaille l'humanité depuis ses débuts. Le premier geste chrétien, c'est de se reconnaître faible, manquant, mortel aussi.
FIGAROVOX- Vous abordez beaucoup de sujets avec humour, et même en exergue du livre, une phrase de Pascal est superposée avec une citation de Motörhead. Est-ce que l'auteur des Pensées se retournerait dans sa tombe en vous lisant ?
Denis MOREAU - Non, je ne crois pas. Pascal est un auteur dont je me sens proche, je le cite beaucoup. Il projetait d'écrire une « apologie de la religion chrétienne » (dont nous sont parvenus les fragments qui composent les Pensées), et c'est exactement ce que j'ai voulu faire. Et il ne se privait pas de faire rire: relisez les Provinciales! Mais enfin, je n'ai jamais compris pourquoi la philosophie ne devrait pas être drôle: quel dommage! « Dieu aime celui qui donne en riant », dit saint Paul. Je me reconnais volontiers en compagnon de Voltaire, qui pourtant n'est pas mon ami intellectuellement, mais au moins son Dictionnaire philosophique a le mérite de faire rire. Sur le caractère hétéroclite des références, c'est surtout le reflet de ce que je suis, un peu bigarré: je vais par exemple à la messe le dimanche, et au Hellfest chaque année. Ce sont deux lieux qui comptent dans ma vie, j'en parle donc.
FIGAROVOX- Êtes-vous un chrétien hédoniste, sans morale ? Un « édeniste », en quelque sorte ?
Denis MOREAU - Hédoniste, oui, mais pas sans morale. Il y a un usage régulé des bonnes choses. En soi, tout chrétien en quête de la vie éternelle est un hédoniste, au sens où il veut pour lui-même le plus grand bien, le maximum de plaisir. Il y a eu une dérive dans la pensée chrétienne, lorsqu'on s'est mis à tenir pour suspecte, ou condamnable, tout forme d'usage des plaisirs de ce monde. Comme si le christianisme avait été contaminé par un dualisme caricatural qui n'est ni nécessaire, ni incontestable. Le côté « chrétien jouisseur », donc, je l'assume à condition de rester philosophe, c'est-à-dire modéré.
Par ailleurs, si par « morale » vous entendez une organisation détaillée, vétilleuse de l'existence qui irait jusqu'à prescrire le détail des façons de s'habiller ou de se nourrir, alors on a ça dans la Torah ou dans les Hadîths, mais pas dans le Nouveau Testament. Les leçons de morale que donnent parfois saint Paul ou encore saint Thomas d'Aquin ne relèvent pas tant du christianisme que d'une forme de morale naturelle, raisonnable, accessible à tous. Dire que « si Dieu n'existe pas, tout est permis » est insultant pour tous les athées. Ne méprisons pas la morale ordinaire des braves gens !
FIGAROVOX- Vous qualifiez Jean-Paul II et Benoît XVI de « papes philosophes ». Quel type de pape est François ?
Denis MOREAU - Par principe, comme catholique, j'écoute avec bienveillance et obéissance (au sens étymologique: ob-audire, prêter l'oreille, écouter) tout ce que le pape a à dire, et je suis inquiet de la façon dont certains catholiques conservateurs reçoivent depuis quelque temps, de manière agressive et irrespectueuse, les enseignements du pape François. Je l'appellerais le « pape des périphéries » : il touche peut-être plus que ses prédécesseurs des gens éloignés de l'Église ou même extérieurs à la religion chrétienne. Mais tous les trois sont à mes yeux de grands papes, et j'ai conscience d'avoir vécu une période faste de l'histoire de l'Église. Jean-Paul II a su la rétablir au cœur de la crise: c'est toujours facile de détruire une institution, beaucoup moins en revanche de la reconstruire. Benoît XVI est un peu mon préféré… peut-être parce que c'était le plus philosophe des trois, son pontificat a été pour moi une sorte de fête intellectuelle continue! Mais il ne faudrait pas que des papes pour intellectuels. François a su réaliser l'ouverture, reprendre le dialogue avec le monde.
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31/01/2018
« En tant qu'homosexuels, il est de notre devoir de prendre position contre la PMA et la GPA »...
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Jean-Mathias Sargologos est diplômé en science politique et de HEC-Montréal, étudiant aux cycles supérieurs en histoire de l'art, et journaliste.
Sébastien de Crèvecoeur est normalien (Ulm), ancien professeur de philosophie, chercheur en management, et consultant en art.
Jacques Duffourg-Müller est critique musical.
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Le jeudi 18 janvier se sont ouvert les États généraux sur la bioéthique où il sera officiellement discuté de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, c'est-à-dire une PMA sans père, et officieusement de la question de la légalisation de la GPA (qui, bien que concernant tous les couples, devrait aussi permettre aux couples homosexuels hommes de « concevoir » un enfant). C'est en tant qu'homosexuels que nous souhaitons aujourd'hui prendre position contre ce que nous estimons être de graves dérives, réalisées au nom d'un individualisme exacerbé et contre ce qui n'est rien d'autre qu'une tentative de briser l'interdit entourant la réification du corps humain. Notre démarche s'inscrit par ailleurs dans une volonté de briser le monopole des associations dites LGBT, représentantes autoproclamées des personnes homosexuelles, dans leur prétention à incarner l'ensemble des voix de celles-ci. Face à la gravité de la situation et des enjeux éthiques soulevés, nous estimons qu'il est de notre devoir de citoyens et de notre responsabilité morale de prendre publiquement position afin de faire entendre une voix alternative et raisonnable.
Homosexualité et procréation
Le désir d'enfant chez les personnes homosexuelles est éminemment légitime, mais ne peut cependant se réduire à une question d'accès à l'égalité, à des droits, et à la lutte contre les discriminations. Une telle vision simpliste implique en effet qu'il existerait une inégalité dans l'accès à la procréation pour les homosexuels, que cette inégalité serait le fruit d'une discrimination, et qu'il appartiendrait donc à l'État de corriger cette situation en ouvrant la PMA aux couples de femmes et en légalisant la GPA. Or, cet argument est fallacieux. En effet, deux hommes ou deux femmes ensemble ne peuvent intrinsèquement concevoir un enfant et cette impossibilité de procréer est une donnée objective qui n'est pas le fruit d'une quelconque action discriminante de la société ou de l'État ; elle est de nature, et propre à la condition homosexuelle. En ce sens, les personnes homosexuelles ne peuvent prétendre à une réparation de l'État afin de pallier une discrimination puisque cette dernière n'existe pas. Dire cela n'est pas de l'homophobie, mais simplement un rappel objectif des faits. Ce constat est peut-être difficile à entendre pour certains, mais nous pensons pour notre part qu'assumer pleinement son homosexualité revient aussi à accepter les limites qui en découlent.
Dans ce débat, nous remarquons que la plupart des arguments avancés par les défenseurs de ces pratiques sont du registre du subjectif et de l'émotion (désir d'enfant, souffrance de ne pas pouvoir en avoir, sentiment de discrimination, etc.). Or, nous pensons que face à l'ampleur des enjeux, l'État ne devrait pas fonder son action sur les émotions et les inclinaisons subjectives de chacun, mais devrait au contraire la fonder en raison. Or, celle-ci appelle clairement au maintien de l'interdiction de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA, que cette dernière s'adresse aux couples hétérosexuels ou homosexuels.
PMA pour couples de femmes et GPA pour tous
Certains avancent comme argument qu'il est discriminatoire d'autoriser la PMA aux couples hétérosexuels et de la refuser aux couples de femmes. Nous réfutons cet argument. En effet, la PMA pour les couples hétérosexuels entre dans le cadre de l'Assistance médicale à la procréation (AMP). Elle est donc un traitement médical qui permet de pallier une condition médicale d'infertilité d'un couple hétérosexuel. Effectivement, l'ordre naturel des choses implique qu'un couple hétérosexuel soit normalement fertile. L'infertilité peut donc s'assimiler dans ce cas-ci à une maladie, il est alors normal qu'un traitement médical soit offert. Or, un couple de femmes est objectivement et par définition infertile. Celles-ci ne souffrent donc d'aucune condition médicale ou maladie qui justifierait qu'elles aient accès à la PMA. Nous irons même plus loin en affirmant que, la PMA étant un traitement médical, permettre son accès aux couples de femmes reviendrait à sous-entendre que les femmes homosexuelles seraient malades, ce qui constituerait bien entendu un retour en arrière considérable.
Nous nous opposons aussi à la légalisation de la PMA pour les couples de femmes, car elle ouvre une boîte de Pandore qui mènera tout naturellement à la légalisation à terme de la GPA (bien que la GPA concerne tous les couples, homosexuels comme hétérosexuels, elle est notamment promue par des associations dites LGBT comme un moyen de permettre aux couples d'hommes de « concevoir » un enfant). En effet, bien que de natures différentes, la PMA pour les couples de femmes et la GPA sont revendiquées au nom d'un prétendu nouveau droit pour les couples homosexuels, le droit à l'enfant. Or, au nom du principe d'égalité, il sera impossible d'interdire la GPA une fois la PMA pour les couples de femmes légalisée. En effet, au nom de quoi les homosexuels hommes n'auraient-ils pas, eux aussi, le droit d'avoir accès à une nouvelle technique leur permettant de « concevoir » un enfant ?
L'enjeu principal ici est la réification de la femme vue comme «moyen» au service d'un couple qui louerait son utérus pour porter son enfant. Or, après des décennies de féminisme, il est difficilement concevable qu'aujourd'hui la réification du corps de la femme apparaisse par le biais du discours libéral. En ce sens, l'argument selon lequel la mise à disponibilité par certaines femmes de leur utérus serait éthique parce qu'elles le feraient de manière libre et consentie nous semble irrecevable. Ce serait en effet nier toute la dimension d'un principe moral fondamental et caractéristique de notre civilisation occidentale, résumé notamment par l'impératif pratique kantien: « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Cet impératif est au cœur du principe de dignité humaine que l'on est en droit d'exiger de l'autre, mais aussi de tout être humain envers lui-même. En ce sens, il existe une multitude d'exemples où la loi interdit certains comportements et pratiques, quand bien même cela ne concernerait personne d'autre que soi: ne pas porter sa ceinture de sécurité en voiture est dangereux seulement pour soi et pourtant illégal (on ne peut invoquer sa liberté individuelle pour ne pas la porter), le lancer de nains est interdit (indépendamment du consentement des intéressés), je n'ai pas le droit de consommer de la drogue (même si en le faisant je ne porterais atteinte qu'à moi-même), et si je porte atteinte à mon intégrité physique en m'automutilant, il est possible que je sois interné de force en hôpital psychiatrique. Ainsi, pourquoi la société devrait-elle accepter que certaines femmes réifient leur propre corps en louant leur utérus au prétexte qu'elles seraient consentantes ?
Ensuite, le caractère éthique de la GPA serait supposément garanti par l'interdiction de rémunérer la gestatrice et par le caractère altruiste qui motiverait sa décision de louer son utérus. Argument irrecevable, encore une fois, puisque l'absence de rémunération ou l'altruisme de la démarche n'enlèvent rien au fait que le corps serait tout de même réifié, la grossesse n'étant pas une activité, mais un état.
Enfin, à la réification de la femme s'ajoute celle de l'enfant: objet d'une transaction contractuelle, ce dernier devient donc lui aussi un objet, et non plus une personne. Nous estimons, en outre, inadmissible que des individus contournent l'interdiction de la GPA en France en faisant appel à des gestatrices à l'étranger et demandent, une fois de retour en France, la reconnaissance par l'état civil de leurs droits parentaux sur l'enfant qu'ils ont obtenu. Nous voyons là une façon malhonnête et mesquine de mettre l'État français au pied du mur. Ces personnes se sont volontairement mises hors la loi, elles ne peuvent donc pas ensuite demander un accommodement à l'État français puisque la pratique de la GPA est illégale en France. En ce sens, l'existence en France d'enfants nés par GPA à l'étranger ne peut en aucun cas motiver une adaptation ou une modification de la législation française puisqu'on ne fonde pas la règle sur l'exception ni sur la légalité de tel ou tel acte à l'étranger. Nous reconnaissons cependant ici la précarité de la situation de ces enfants qui subissent les conséquences de l'irresponsabilité de leurs « parents » d'intention. Nous reconnaissons aussi l'importance de trouver des solutions dans l'intérêt supérieur de ces enfants. Nous refusons cependant que l'unique réponse à apporter soit celle d'une trahison par l'État français de l'esprit de ses propres lois en reconnaissant les droits parentaux d'individus ayant eu recours à une GPA à l'étranger.
Ainsi, le maintien de l'interdiction de la GPA en France (à l'instar de l'Allemagne, de l'Italie, de la Suisse, de l'Espagne, du Danemark, de la Suède, de la Finlande, des Pays baltes, du Québec, etc.) va dans l'intérêt de la protection d'une conception humaniste de la procréation, soucieuse de la défense des plus vulnérables, et qui respecte l'interdit de toute exploitation et réification de l'être humain. Dans cette perspective, le rôle de l'État n'est pas d'assurer l'accès à toujours plus de droits individuels, mais bien de protéger les plus faibles contre les excès de l'individualisme et de préserver une certaine conception de l'Homme.
Progrès technique et usage moral
La PMA pour les couples de femmes et la GPA, présentées faussement comme des avancées permettant aux femmes et aux hommes homosexuels de «concevoir» un enfant, ne sont que des avancées techniques. Or, des avancées techniques ne sont pas nécessairement des progrès sur le plan moral. En ce sens, elles sont axiologiquement neutres et ne nous disent rien de l'usage moral qui en sera fait. Les partisans de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA se parent de la vertu de la lutte contre l'homophobie pour les faire accepter. Nous refusons de servir de caution morale à une vision archaïque et régressive de l'humain, fût-ce au nom de la liberté.
Pour finir, face à ceux qui affirmeraient que nos positions empêchent toute possibilité pour les homosexuels de devenir parents, là encore nous répondons que cela est faux. En effet, il n'existe, aujourd'hui en France, aucune loi qui interdise aux personnes homosexuelles de devenir parents (ce ne sont que les moyens par lesquels elles souhaitent le devenir, c'est-à-dire la PMA pour les couples de femmes et la GPA, qui sont interdits). En ce sens, le maintien de l'interdiction de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA n'épuise pas, par ailleurs, la possibilité d'une réflexion de fond sur les alternatives éthiques dont disposent les homosexuels pour avoir des enfants.
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Source : Jean-Mathias Sargologos, Sébastien de Crèvecoeur et Jacques Duffourg-Müller pour Le Figaro
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29/01/2018
Jordan Peterson sur la crise de la masculinité, l’écart salarial, l’imposition des pronoms trans, la gauche radicale...
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Ce monsieur remet les pendules à l'heure et distribue du poil à gratter...
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12/01/2018
Politiquement incorrectes, les réformes de Trump sont un succès pour l'économie américaine
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Un an après l'arrivée fracassante du nouvel occupant de la Maison-Blanche, l'économie américaine est au beau fixe. Nicolas Lecaussin décrypte les réussites de la politique fiscale de Trump.
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Nicolas Lecaussin est directeur de l'IREF (Institut de Recherches Économiques et Fiscales, Paris).
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Dans un éditorial publié en 2016, avant le changement à la Maison Blanche, l'économiste Paul Krugman, titulaire du prix Nobel, écrivait: «Si Trump est élu, l'économie américaine va s'écrouler et les marchés financiers ne vont jamais s'en remettre». Un an après sa prise de fonction, le président Trump est à la tête d'un pays en plein boom économique, et dont l'indice boursier a battu tous les records.
On m'objectera que Trump est provocateur, imprévisible, irascible. Qu'il ne peut pas s'empêcher de tweeter tout (et surtout n'importe quoi). Mais si l'on regarde les faits, et uniquement les faits, un constat s'impose : on ne peut pas trouver dans l'histoire récente des Etats-Unis un président ayant mené à bien autant de réformes en un laps de temps si court. Même Reagan a mis trois ans à réformer la fiscalité américaine! Trump, lui, l'a fait en quelques mois.
Alors certes, « The Donald » n'a pas réussi à démanteler complètement l'Obamacare, suite aux oppositions rencontrées dans son propre parti ; mais sa réforme fiscale inclut la fin du «mandat individuel», cette fameuse obligation de souscrire à une assurance santé. Plus exactement, l'amende pour le non-respect de cette obligation est supprimée par la réforme.
Cette mesure était nécessaire. En 2009, les conséquences de cette mesure coercitive, emblématique de la présidence d'Obama, ne s'étaient pas fait attendre. Il y avait eu d'énormes bugs informatiques qui ont découragé des millions de personnes de souscrire en ligne. Puis des millions d'Américains ont été contraints de résilier leur assurance privée, alors que nombre d'entre eux n'en ressentaient nullement l'envie. Depuis 2009, plus de 2 400 pages de réglementations se sont accumulées pour réguler le fonctionnement du système. Le président Obama avait promis de baisser les franchises de santé grâce à ce programme, mais ce fut tout le contraire: elles ont augmenté de 60 % en moyenne. Les primes d'assurance ont bondi dans l'ensemble de 25 % (et même jusqu'à 119 % dans l'état d'Arizona).
Les assureurs ne s'en sortaient plus à cause des réglementations très strictes qui leur ont été imposées. Obama avait aussi promis de baisser le prix de l'assurance santé d'environ 2 500 dollars par famille et par an ; en réalité, le prix a augmenté de 2 100 dollars! Trump met fin à cette dérive en ouvrant le système un peu plus à la concurrence et en donnant aux Américains la liberté de choisir.
Ce n'est pas tout. La réforme fiscale adoptée par le Congrès des États-Unis contient de nombreuses mesures audacieuses, que les Américains attendaient. Par exemple la baisse de la taxe sur les bénéfices des entreprises (de 35 % à 21 %), qui s'accompagne d'une déduction fiscale généreuse pour les entreprises dont les profits ne sont déclarés qu'au travers des revenus de leurs propriétaires. Plusieurs taxes ont par ailleurs été supprimées, comme la taxe minimum de 20 % sur les bénéfices effectifs.
Surtout, le président Trump a entamé une vaste opération visant à rapatrier entre 2 000 et 4 000 milliards de dollars de profits placés à l'étranger, en diminuant la taxe sur ces profits de 35 % à moins de 15 %.
Autre mesure symbolique: la suppression de la taxe sur les héritages au-dessous de 10 millions de dollars satisfait une large partie de l'électorat républicain.
Certains Etats dont la fiscalité est particulièrement élevée, comme la Californie, seront également obligés de se réformer pour faire face à la suppression de certaines déductions fiscales. Leurs habitants ne pourront plus en effet déduire l'impôt sur le revenu local de leurs impôts fédéraux.
Plusieurs mesures abolissent l'interdiction des forages de pétrole en Alaska. À l'heure actuelle, Trump a ouvert toutes les possibilités d'exploitation sur le continent américain, ce qui fera du pays l'un des principaux exportateurs de matières premières. Trump se positionne ainsi en ennemi du politiquement correct et reste méfiant à l'égard des gourous du réchauffement climatique. Il a été le seul à avoir le courage de se retirer de la COP 21, cette mascarade coûteuse qui consiste à organiser de gigantesques réunions de chefs d'État aux frais des contribuables. Il a supprimé la prime à la voiture électrique (pour une économie de 7 milliards de dollars) ainsi que les subventions aux parcs d'éoliennes.
Enfin, Trump s'est attaqué aux réglementations. Entre janvier et décembre 2017, il a supprimé la moitié (45 000) des pages que contient le Code des réglementations. Plus de 1 500 réglementations importantes ont été abolies, dont beaucoup dans le domaine de l'environnement. Les économies obtenues sont estimées à plus de 9 milliards de dollars. Faisant fi des protestations, il a libéré le secteur d'internet de plusieurs contraintes anachroniques.
Au plan international, Trump s'oppose à la Chine dont les pratiques commerciales douteuses ont fait l'objet d'enquêtes de la part de Washington. Mais cette position juste face aux Chinois ne devrait pas conduire la Maison Blanche à cautionner des mesures restrictives de la liberté du commerce et des échanges, qui risqueraient de peser sur la croissance américaine et même mondiale. On songe ici à la proposition faite par la Chambre des Représentants de faire payer aux multinationales une taxe de 20 % sur les achats faits à des filiales étrangères de leur groupe. Ou encore, celle du Sénat de réimposer les sociétés américaines au taux de 13 % sur les services facturés de l'étranger par les sociétés du groupe.
En tout état de cause, en ce début janvier 2018, l'économie américaine semble partir sur des bases solides. Le troisième trimestre de croissance s'est élevé à plus de 3 %, et le taux de chômage est au plus bas, à seulement 4.1 % (2.1 millions d'emplois créés en une année, du jamais vu depuis 1990), et même à 6.8 % pour la population noire, un taux qui n'a jamais été si faible depuis 1973.
Les effets des baisses d'impôt se font d'ores et déjà sentir: des entreprises comme AT&T, Comcast, Wells Fargo, Boeing, Nexus Services ont annoncé des primes et des hausses de salaires.
Le pire ennemi de Trump est certainement lui-même. Cet homme d'affaires n'est pas un politicien professionnel. Saura-t-il alors se contrôler, pour continuer à remettre l'Amérique sur les rails et mépriser l'idéologiquement correct, sans se laisser aller à des provocations futiles ?
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Source : Nicolas Lecaussin pour Le Figaro le 09/01/2018
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11/01/2018
Un néo-féminisme victimaire, puritain et sexiste
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Renée Fregosi réagit aux dérives du féminisme contemporain. Elle s'insurge contre un « néo-féminisme » à rebours des luttes historiques et complaisant avec l'islamisme
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Renée Fregosi est une philosophe et politologue française. Directrice de recherche en Science politique à l'Université Paris-Sorbonne-Nouvelle, elle a récemment publié Les nouveaux autoritaires. Justiciers, censeurs et autocrates (éd. du Moment 2016)
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Nombre de féministes qui ont milité au MLF comme moi dès les débuts du mouvement en 1971 et qui se revendiquent toujours de cet engagement, ne se reconnaissent cependant pas dans l'expression dominante du féminisme d'aujourd'hui. Elles s'inscrivent en faux contre ce féminisme victimaire, puritain et essentiellement sexiste qui s'est manifesté récemment de façon spectaculaire avec la campagne contre le harcèlement sexuel, mais qui est à l'œuvre depuis plusieurs années notamment à travers la lutte dite « abolitionniste » contre la prostitution en général, à travers la pénalisation du client (considéré comme exclusivement masculin et prédateur).
Les deux courants historiques du féminisme
Le MLF dès le début des années 70 était divisé entre deux grands courants principaux (avec des variantes et des croisements multiples au demeurant). D'un côté, « les «Féministes révolutionnaires » (dont faisait partie Anne Zelensky qui a articulé luttes féministe et laïque) se revendiquaient à la fois héritières des suffragettes et provocatrices à travers des actions symboliques comme la cérémonie de la femme du soldat inconnu à l'Arc de Triomphe ou le Manifeste des 343 Salopes en faveur de l'avortement. Le mouvement des Gouines rouges, fondé par Marie-Jo Bonnet était également de ce courant militant libertaire qui revendiquait une pluralité de sexualités pour les femmes comme pour les hommes. D'un autre côté, le groupe «Psychanalyse et Politique» qui s'enfermait dans un cénacle féminin et développait l'idée d'une nature féminine irréductible centrée sur la maternité et un type de sexualité caractérisé par la douceur. Son chef de file Antoinette Fouque affirmait ainsi l'existence d'une libido spécifiquement féminine « située à un stade génital post-phallique, de type oral-vaginal, opposée à la sexualité masculine génitale phallique-anale ».
C'est dans cette logique plutôt «féminine» ou que l'on pourrait appeler « féminiciste », que s'inscrivent les différentes luttes contemporaines contre « le mâle blanc dominant » a priori potentiellement violeur, harceleur, usager violent de prostituées. Le qualificatif de «néo-féministe» est alors justifié pour caractériser ce courant punitif, dans la mesure où tout phénomène « néo » réalise à la fois une filiation et une trahison du passé. Le courant féministe auquel se rattachent les néo-féministes existe bien en effet au sein de la nébuleuse féministe depuis la naissance du MLF, mais ce féminisme devenu justicier occupe aujourd'hui une position hégémonique et tend à réduire au silence d'autres conceptions de la libération des femmes.
Le droit à la différence contre l'égalité des droits
Refusant de prendre en compte la réduction certes trop lente mais inconstatable des inégalités de sexes en occident depuis plusieurs décennies, les néo-féministes renoncent à l'égalité des droits au profit du droit à la différence. Plutôt que de revendiquer et de pratiquer l'égalité hommes/femmes dans l'excellence, la bravoure ou l'intelligence comme dans la bêtise, la médiocrité et la méchanceté, ces étranges féministes vantent une féminité de la douceur et de la faiblesse physique, qui irait de pair avec une prétendue supériorité de l'âme des femmes. A rebours des luttes passées, elles préconisent volontiers le refus de la pilule au motif qu'elle déresponsabiliserait les hommes plutôt que libérer les femmes, et la contrainte de l'allaitement qui consoliderait le lien entre la mère et l'enfant et renforcerait le rôle des femmes.
Pour les néo-féministes, point de femmes dominantes, dominatrices voire prédatrices et agressives (comme en témoigne cependant par exemple le nombre important d'hommes battus: chaque année en France, 80.000 hommes souffrent de violences conjugales), point de femmes à l'activité sexuelle affirmée, aux désirs revendiqués (comme en témoigne par exemple l'augmentation de la consommation de sexe commercial par des femmes : en 2015 le nombre d'escort boys au Royaume-Uni était estimé à 15.000), point non plus d'admiration pour les splendides combattantes kurdes engagées contre Daech et les brillantes militaires françaises de plus en plus nombreuses dans toutes les armées.
Convergence des réactionnaires
En faisant glisser le concept de genre (construit) sur la différenciation radicale des sexes (nature essentialisée) le néo-féminisme contribue insidieusement à la promotion d'une nouvelle forme d'infantilisation des femmes qui seraient a priori des proies pour les hommes, dans les rues et au travail comme dans l'espace domestique. Au prétexte de lutter contre les archétypes de la virilité dominante, on renonce alors à éduquer les filles «comme des garçons» pour favoriser leur émancipation. Et en promouvant la répression des hommes et de leurs « bas instincts » comme seul moyen pour protéger les femmes, le néo-féminisme rejoint les défenseurs les plus réactionnaires de la distinction des rôles genrés et de la séparation des sexes.
Par ailleurs, en « naturalisant » LA femme et les relations homme/femme, les néo-féministes en arrivent à nier les dimensions historique et culturelle de l'oppression des femmes et toutes les différences entre les situations des femmes à travers le monde et les sociétés. Elles soutiennent ainsi une position relativisante à l'égard des atteintes aux droits des femmes que sont le voilement partiel ou total du corps des femmes par l'islamisme, la réclusion domestique, la réduction du rôle des femmes à la reproduction, et même l'excision. La complaisance se fait même complicité lorsque certaines des néo-féministes acceptent comme des leurs les « féministes islamiques » en lutte contre « le féminisme occidental », et considèrent que le voile est bien une protection des femmes contre la concupiscence des hommes.
Pourtant, comme l'affirmait une jeune égyptienne qui participait à la manifestation de femmes enlevant leurs foulards Place Tahir en mai 2015 en signe de libération : « J'ai des amies qui ont retiré leur voile et qui depuis se font moins harceler dans la rue. Croyez-moi, certains hommes ont des femmes voilées l'image de femmes faibles, fragiles, et ils en profitent pour les harceler plus ». Le féminisme d'émancipation et de libération s'oppose en effet bien plus efficacement à l'offensive islamiste foncièrement misogyne et aux réactionnaires de tout poil, que le néo-féminisme de victimisation.
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Source : Renée Fregosi pour Le Figaro le 28/11/2017
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10/01/2018
Chantal Delsol : « Le problème religieux vis-à-vis de la laïcité française est spécifique aux musulmans »
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La philosophe rappelle que la laïcité est un produit de la tradition grecque et judéo-chrétienne. Dire que toutes les religions sont également hostiles à ce principe est faux et réducteur.
La volonté des gouvernants et des médias est constante de tenter de mettre le judéo-christianisme et l’islam sur un pied d’égalité, afin de diluer dans un grand chaudron étiqueté «religion» les comportements parfois si archaïques et inacceptables de l’islam. Certains de nos gouvernants sont tentés d’éradiquer tout signe religieux d’où qu’il vienne, afin de ne pas faire preuve de « discrimination » envers l’islam – idée simplissime, et contre-productive dans sa pathétique sottise.
Un soupçon d’honnêteté nous impose pourtant de distinguer ce qui est tellement différent. Nos contemporains n’aiment pas distinguer, ils voient là des discriminations, et leur désir inaltérable d’égalité les emmène vers toujours plus d’indifférenciation. C’est ainsi qu’on se livre à longueur de médias à des amalgames assez monstrueux: il suffirait d’être un peu patient avec l’islam, puisque le catholicisme aussi a mis des siècles à devenir tolérant et à abandonner ses prétentions au pouvoir temporel.
Comme si la laïcité était un cadeau du temps, un simple produit de l’habitude. Alors que la laïcité est, en réalité, la manière française de dire cette séparation du politique et du sacré qui s’appelle sécularisation chez tous les Européens et apparaît très anciennement chez les Grecs (au VIIe siècle avant J.-C. avec la création de l’Archontat à Athènes), et surtout chez les chrétiens avec le « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Il n’y a ni séparation entre le politique et le sacré, donc ni sécularisation ni laïcité, dans la religion musulmane.
Cela ne veut pas dire que nombre de musulmans de France, français ou non, ne peuvent adopter notre laïcité et la vivre même avec ferveur, en modernisant ou si l’on veut en «protestantisant» leur propre religion. C’est bien d’ailleurs parce que cette évolution vers la laïcité exige un changement profond, parce qu’elle ne correspond pas à la tradition islamique, qu’elle suscite la constitution de groupes intégristes bientôt terroristes.
La laïcité est à l’origine (sous forme de sécularisation), notre invention et notre produit: celui des peuples grecs et judéo-chrétiens. Elle découle directement, et même abruptement, des caractéristiques spécifiques de ce Dieu, qui donne la liberté à l’homme et par conséquent le laisse agir dans sa sphère, celle immanente – celle du politique. Un Dieu qui laisse sa créature faire et assumer ses propres errements. Il n’en va pas du tout de même avec l’islam, qui n’est pas une religion de liberté, mais d’inclusion et de soumission – c’est le mot même.
Aussi l’importance, et l’obligation, de respecter la laïcité, ne signifie pas du tout la même chose en France pour des judéo-chrétiens et pour des musulmans. Pour les premiers elle est la suite légitime de toute leur histoire, qu’ils n’ont pas toujours, loin de là, respectée correctement, mais qu’ils n’ont pas de raison de ne pas respecter à moins de se nier eux-mêmes: on demande juste à l’inventeur de reconnaître son invention… Pour les musulmans, c’est autre chose, puisque toute leur histoire dit précisément le contraire.
On tient, et on a raison, à ce que toutes les religions sans exception se sentent concernées par la laïcité et obéissent à ses exigences. Cependant on n’a pas besoin d’empêcher les juifs et les chrétiens d’organiser des prières de rue ni de brandir le voile intégral dans l’espace public: ils ne le font pas. Le problème religieux vis-à-vis de la laïcité française est spécifique aux musulmans. Pour pouvoir se permettre de s’opposer aux usages musulmans qui vont à l’encontre de la laïcité, on se croit alors obligé d’aller reprocher aux chrétiens jusqu’à leurs legs culturels, comme l’exposition des crèches.
Rappel d’un événement vrai et fondateur pour les croyants, la crèche est devenue pour les non-croyants un mythe signifiant de l’histoire de l’Occident. Toute grande croyance établie sur le long terme laisse des mythes à ses bords, comme la vague de la mer laisse l’écume. En Occident, les mythes, histoires ni vraies ni fausses mais signifiantes et édifiantes, proviennent du judéo-christianisme, ce qui est normal puisque c’est cette religion qui nous a structurés.
S’il y a aujourd’hui un islam de France, puisque 10 % des Français sont musulmans (selon les chiffres d’Hakim El Karoui), pour autant nous ne sommes pas habités par les croyances/mythes des razzias de Mahomet ni la vision des femmes de Mahomet. […]
Depuis les premiers attentats meurtriers, il a été demandé avec force et bien légitimement d’éviter les amalgames entre les terroristes musulmans et la population musulmane largement modérée (c’est d’ailleurs cette population qui prend le risque de s’amalgamer elle-même aux terroristes quand elle garde un silence assourdissant – un des traits qui marque notre différence culturelle: il est clair que si un groupe de catholiques cinglés se mettaient à tuer ainsi en commandos, nous cesserions illico de dormir tant que nous n’aurions pas réussi à nous démarquer d’eux par tous arguments imaginables). Mais il est étrange de voir l’amalgame qui est fait dans le même temps, et d’aussi bon cœur, entre le judéo-christianisme et l’islam – comme si ces deux religions avaient autant de mal l’une que l’autre à assumer la nécessaire laïcité.
Alors que la première est simplement la mère nourricière de la laïcité, bien avant les républicains bruyants, et connaît la chanson mieux que tous ses successeurs donneurs de leçons. Et que la seconde, qui n’est pas née dans le même chaudron, doit tout apprendre de cette séparation du politique et du sacré. Ce qui est loin d’être acquis. Il faut arrêter de sanctuariser l’islam pour se racheter face à d’anciens colonisés. Ce n’est pas seulement l’islamisme, c’est l’islam tout court qui doit tout apprendre sur la laïcité, la tolérance et l’émancipation des femmes. Les 10 % (selon Hakim El Karoui) de musulmans français, ou installés en France, sont bienvenus s’ils acceptent notre art de vivre, et en premier lieu la laïcité avec tout ce qu’elle comporte. Mais ce n’est pas en nous inventant des vices que nous les porterons à notre niveau. C’est en les respectant tels qu’ils sont puis en leur donnant envie de nous ressembler – ce qui suppose que nous cessions de nous mépriser nous-mêmes.
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Source : Chantal Delsol pour Le Figaro, le 09/01/2018
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Où est passée la France « d'en bas » ?
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« Tout cela va très mal finir » aurait déclaré en privé le président Sarkozy. Que voulait-il dire par là ? Deux France évoluent en parallèle et l'abîme entre elles, ne cesse jour après jour de se creuser un peu plus.
La France dite « d'en haut », ses milieux dirigeants, ses responsables publics et politiques, ses réseaux d'influence, ses médias radio-télévision, ses experts, ses milieux financiers, se porte plutôt bien.
La personnalisation médiatique du pouvoir, autour du plus jeune président de l'histoire, atteint un niveau vertigineux, jamais égalé, oscillant entre l'exaltation et l'exaspération, dans un monde factice, illusoire, surmédiatisé, où le culte du chef est l'écran de fumée qui recouvre, de quinquennat en quinquennat, l'impuissance publique à régler les problèmes des Français.
De même, les crises d'hystérie s'enchaînent à un rythme endiablé, venues des Etats-Unis, après l'affaire des statues dites racistes, la dernière en date autour des scandales sexuels et du « #balancetonporc » comme le montre si bien M. Gilles-William Goldnadel.
La course aux lynchages bat son plein comme dans un jeu de « soft terreur » ayant le déshonneur public pour guillotine. Dernier « suspect », dernier lynché : le député M. Lassale, longtemps coqueluche des médias. Nul n'échappe désormais au syndrome de l'arroseur arrosé, au spectre d'une dénonciation, pas même les bourreaux eux-mêmes, comme le couperet s'est un jour abattu sur la nuque des Robespierre, Saint Just et Fouquier-Tinville.
La fuite dans les commémorations solennelles est elle aussi de routine. Il est logique que cette France dite d'en haut s'apprête à célébrer mai 1968, son acte de naissance, avec son culte du nivellement et de la table rase, son « interdit d'interdire », ses « CRS=SS » et son individu-roi qui s'exprime dans le célèbre — et ambigu — « jouissez sans entraves ». De même, la France dite d'en haut s'enivre par avance dans l'éblouissement des jeux olympiques de Paris 2024, comme pour oublier le présent et le monde des réalités.
Mais au-dessous du grand maelström hystérique, où en est la France dite « d'en bas », celle de la majorité silencieuse et des tracas de la vie réelle ?
Où sont passés les 5 à 6 millions de chômeurs ? Les 2 millions de bénéficiaires du RSA ?, les 8 à 9 millions de pauvres et les 3,2 millions de mal logés ?
Que ne ferait-on pas pour noyer dans un tumulte stérile la pire tragédie de l'histoire de notre pays depuis 1945, celle d'une France ensanglantée par le terrorisme islamiste ?
Et qui parle encore des squats et des bidonvilles qui prolifèrent sur le territoire ? Où en est la crise migratoire, les arrivées incontrôlées en Europe de centaines de milliers de personnes victimes des passeurs criminels ? Où en est l'aéroport de Nantes, voulu par l'Etat, confirmé par référendum, mais bloqué par les zadistes ?
Et la situation des cités sensibles, les territoires perdus de la République, les trafics qui y règnent, les phénomènes de communautarisme et de repli identitaire, la tragédie de leurs habitants surexposés à la violence et qui ne demandent qu'à vivre en paix ?
Où en sont les milliers de collèges et de lycées en crise, où les professeurs débordés par le chaos, insultés, giflés, ne parviennent plus à faire leur métier de transmission des savoirs fondamentaux ?
En 2017 s'est déroulé un événement politique d'une portée capitale, historique, passé quasi inaperçu : le taux d'abstention aux élections législatives, le cœur de toute démocratie, pour la première fois dans l'histoire, a dépassé les 50% signant ainsi le naufrage de la démocratie française, dans l'indifférence générale.
Cette fracture entre les deux France, la France dite d'en haut qui se noie dans les gesticulations de sa bulle médiatique et la France dite d'en bas confrontée à la tragédie du monde réel, est la source de tensions explosives, qui peuvent s'enflammer à tout moment, sous une forme ou sous une autre, dans la rue ou par un vote de destruction en 2022. Certes, aucun signe d'une explosion imminente n'est aujourd'hui décelable mais rien n'est plus calme qu'un magasin de poudre, une demi-seconde avant l'étincelle.
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Source : par Maxime Tandonnet, pour Le Figaro, le 24/10/2017
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03/01/2018
Qu'on ne me prenne surtout pas pour un amnésique
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« La liberté d’expression n’aura jamais été aussi à la fête que depuis le projet de dissolution des ligues d'extrême-droite. Il y a là, ne trouvez-vous pas, comme un hiatus, quelque chose d'apparemment contradictoire et qui gène. Si j'ai bien compris - et je crois que j'ai bien compris - nous jouirons dorénavant d'une complète liberté d'expression à condition que cette expression soit de gauche, voire d’extrême-gauche, mais pas pas d'extrême-droite. Pourquoi ?
Qu'on ne me prenne surtout pas pour un amnésique. J'ai parfois en tête les images abominables de “Nuit et Brouillard”, les chiffres effarants de l'Holocauste. Sans posséder un quotient intellectuel fabuleux, je ne suis tout de même pas assez bête pour être raciste, ni par ailleurs musicien pour croire qu'un Blanc vaut deux Noirs, mais quand je vois l'étau de la discrimination menacer quelques milliers (mais ne seraient-ils que quelques centaines que ça ne changerait rien) de compatriotes n'ayant pas les mêmes idées que moi, je pose la question: en quel honneur, s'il vous plaît ?
Pour avoir assez braillé “nous sommes tous des juifs allemands” à l'époque de l'expulsion de Cohn-Bendit, j'ai bien l'honneur et l'avantage de gueuler “nous sommes tous des fascistes chiliens” à la plus infime rumeur d'autoritarisme intellectuel, politique ou religieux. Les foulards rouges et les chemises brunes doivent avoir le même droit de défiler sur les avenues démocratiques. Ou alors ne me faites pas chier avec cette démocratie-là ! C'est la démocratie de Khomeiny, la démocratie d'Amin Dada, la démocratie de Castro ! La démocratie qui “casse du facho” ne vaut guère mieux que celle qui “casse du fellouze” parce que c'est cette démocratie qui construit les fours crématoires.
On l'a vue à l’œuvre, on la connait. »
Michel Audiard, inédit pour Le Matin de Paris, 1980
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20/11/2017
"Faire passer les classes populaires pour fascisées est très pratique"
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De l'Amérique de Trump à la France périphérique, il n'y a qu'un pas. Le géographe Christophe Guilluy nous explique pourquoi. Interview.
PROPOS RECUEILLIS PAR CLÉMENT PÉTREAULT
« Trumpisation » de la société, « lepénisation des esprits », « jeanpierrepernaultisation de l'information », les éditorialistes ne savent plus qui accabler pour expliquer la montée des populismes. Il existe pourtant une autre lecture du phénomène. Christophe Guilluy est le géographe maudit de la gauche française. Ses torts ? Une analyse qui prend les réformistes à rebrousse-poil et des livres qui décortiquent les rouages inconscients de notre ordre social. Si Manuel Valls considère qu'expliquer, c'est déjà vouloir excuser, Christophe Guilluy préfère comprendre plutôt que condamner.
Le Point.fr : L'élection d'un populiste comme Donald Trump ne semble pas vous étonner. Un tel scénario pourrait-il advenir en France ?
Christophe Guilluy : Étant donné l'état de fragilisation sociale de la classe moyenne majoritaire française, tout est possible. Sur les plans géographique, culturel et social, il existe bien des points communs entre les situations françaises et américaines, à commencer par le déclassement de la classe moyenne. C'est « l'Amérique périphérique » qui a voté Trump, celle des territoires désindustrialisés et ruraux qui est aussi celle des ouvriers, employés, travailleurs indépendants ou paysans. Ceux qui étaient hier au cœur de la machine économique en sont aujourd'hui bannis. Le parallèle avec la situation américaine existe aussi sur le plan culturel, nous avons adopté un modèle économique mondialisé. Fort logiquement, nous devons affronter les conséquences de ce modèle économique mondialisé : l'ouvrier – hier à gauche –, le paysan – hier à droite –, l'employé – à gauche et à droite – ont aujourd'hui une perception commune des effets de la mondialisation et rompent avec ceux qui n'ont pas su les protéger. La France est en train de devenir une société américaine, il n'y a aucune raison pour que l'on échappe aux effets indésirables du modèle.
Le Point.fr : Vous considérez que personne n'a vu venir le phénomène Trump ou le Brexit, car les représentations des classes populaires sont erronées…
Christophe Guilluy : Dans l'ensemble des pays développés, le modèle mondialisé produit la même contestation. Elle émane des mêmes territoires (Amérique périphérique, France périphérique, Angleterre périphérique… ) et de catégories qui constituaient hier la classe moyenne, largement perdue de vue par le monde d'en haut.
Oui, la perception que des catégories dominantes – journalistes en tête – ont des classes populaires se réduit à leur champ de vision immédiat. Je m'explique : ce qui reste aujourd'hui de classes populaires dans les grandes métropoles sont les classes populaires immigrées qui vivent dans les banlieues c'est-à-dire les minorités : en France elles sont issues de l'immigration maghrébine et africaine, aux États-Unis plutôt blacks et latinos. Les classes supérieures, qui sont les seules à pouvoir vivre au cœur des grandes métropoles, là où se concentrent aussi les minorités, n'ont comme perception du pauvre que ces quartiers ethnicisés, les ghettos et banlieues... Tout le reste a disparu des représentations. Aujourd'hui, 59 % des ménages pauvres, 60 % des chômeurs et 66 % des classes populaires vivent dans la « France périphérique », celle des petites villes, des villes moyennes et des espaces ruraux.
Le Point.fr : Pour expliquer l'élection de Trump, les médias américains évoquent « la vengeance du petit blanc ». Un même désir de vengeance pourrait-il peser dans la prochaine élection française ?
Christophe Guilluy : Faire passer les classes moyennes et populaires pour « réactionnaires », « fascisées », « pétinisées » est très pratique. Cela permet d'éviter de se poser des questions cruciales. Lorsque l'on diagnostique quelqu'un comme fasciste, la priorité devient de le rééduquer, pas de s'interroger sur l'organisation économique du territoire où il vit. L'antifascisme est une arme de classe. Pasolini expliquait déjà dans ses Écrits corsaires que depuis que la gauche a adopté l'économie de marché, il ne lui reste qu'une chose à faire pour garder sa posture de gauche : lutter contre un fascisme qui n'existe pas. C'est exactement ce qui est en train de se passer.
Le Point.fr : C'est-à-dire ?
Christophe Guilluy : Il y a un mépris de classe presque inconscient véhiculé par les médias, le cinéma, les politiques, c'est énorme. On l'a vu pour l'élection de Trump comme pour le Brexit, seule une opinion est présentée comme bonne ou souhaitable. On disait que gagner une élection sans relais politique ou médiatique était impossible, Trump nous a prouvé qu'au contraire, c'était faux. Ce qui compte, c'est la réalité des gens depuis leur point de vue à eux. Nous sommes à un moment très particulier de désaffiliation politique et culturel des classes populaires, c'est vrai dans la France périphérique, mais aussi dans les banlieues où les milieux populaires cherchent à préserver ce qui leur reste : un capital social et culturel protecteur qui permet l'entraide et le lien social. Cette volonté explique les logiques séparatistes au sein même des milieux modestes. Une dynamique, qui n'interdit pas la cohabitation, et qui répond à la volonté de ne pas devenir minoritaire.
Le Point.fr : Donc pour vous les élites essaieraient de « rééduquer le peuple » plutôt que de le régler ses problèmes ?
Christophe Guilluy : La bourgeoisie d'aujourd'hui a bien compris qu'il était inutile de s'opposer frontalement au peuple. C'est là qu'intervient le « brouillage de classe », un phénomène, qui permet de ne pas avoir à assumer sa position. Entretenue du bobo à Steve Jobs, l'idéologie du cool encourage l'ouverture et la diversité, en apparence. Le discours de l'ouverture à l'autre permet de maintenir la bourgeoisie dans une posture de supériorité morale sans remettre en cause sa position de classe (ce qui permet au bobo qui contourne la carte scolaire, et qui a donc la même demande de mise à distance de l'autre que le prolétaire qui vote FN, de condamner le rejet de l'autre). Le discours de bienveillance avec les minorités offre ainsi une caution sociale à la nouvelle bourgeoisie qui n'est en réalité ni diverse ni ouverte : les milieux sociaux qui prônent le plus d'ouverture à l'autre font parallèlement preuve d'un grégarisme social et d'un entre-soi inégalé.
Le Point.fr : Vous décrivez le modèle économique libéral comme « prédateur » du modèle républicain… Vous y allez un peu fort !
Christophe Guilluy : Nous, terre des lumières et patrie des droits de l'homme, avons choisi le modèle libéral mondialisé sans ses effets sociétaux : multiculturalisme et renforcement des communautarismes. Or, en la matière, nous n'avons pas fait mieux que les autres pays.
Le Point.fr : Seul le FN semble trouver un écho dans cette France périphérique...
Christophe Guilluy : Le FN n'est pas le bon indicateur, les gens n'attendent pas les discours politiques ou les analyses d'en haut pour se déterminer. Les classes populaires font un diagnostic des effets de plusieurs décennies d'adaptation aux normes de l'économie mondiale et utilisent des candidats ou des référendums, ce fut le cas en 2005, pour l'exprimer.
Le Point.fr : Comment percevez-vous le phénomène Macron ?
Christophe Guilluy : Il y a au moins une chose qu'on ne peut pas lui reprocher : il n'avance pas masqué ! Il ne cherche pas à faire semblant de tenir un discours « de gauche ». Il dit : « pour s'en sortir, il faut encore plus de libéralisme » ce qui est assez cohérent intellectuellement et assez représentatif de ce qu'est devenue la gauche.
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Bon, un commentaire personnel... on se demande juste où est le Libéralisme de Macron ? Où ? Pour que les analyses pertinentes de Guilly ou Michéa prennent une réelle profondeur, il leur faudrait réaliser qu'il n'y a pas la moindre once de Libéralisme en France. Mais pour cela il leur faudrait lire, sans à priori, Bastiat, Hayek... bref...
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19/11/2017
Juifs, chrétiens et musulmans: l’Espagne médiévale ne fut pas l’éden multiculturel qu’on croit
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Entretien avec l'historien espagnol Serafín Fanjul, par Daoud Boughezala
Professeur de littérature arabe et historien, Serafin Fanjul vient de publier une somme magistrale, Al-Andalus. L’invention d’un mythe (L’Artilleur, 2017). En développant une réflexion poussée sur l’identité nationale espagnole, il bat en brèche le mythe d’un paradis multiculturel mis en place par les huit siècles de domination musulmane. Loin d’une symbiose entre chrétiens, juifs et musulmans, Al-Andalus formait une société foncièrement inégalitaire, guerroyant contre les royaumes chrétiens du Nord, soumettant les minorités en son sein.
Entretien...
Averroès faisant amende honorable devant la mosquée de Fès, vers 1195
Causeur -- Dans votre essai Al-Andalus. L’invention d’un mythe (L’Artilleur, 2017), vous déconstruisez l’image idyllique de l’Espagne musulmane que certains intellectuels espagnols ont construite a posteriori. En comparant certaines périodes d’Al-Andalus à l’Afrique du Sud sous l’Apartheid, ne commettez-vous pas un anachronisme ?
Serafin Fanjul -- Je n’établis pas un parallèle entre al-Andalus et l’apartheid sud-africain, je dis seulement qu’il y a une certaine similitude entre les deux. Et en vérité, cette similitude existe en raison de la séparation des communautés religieuses et raciales, des droits très supérieurs accordés aux musulmans et au-contraire des statuts inférieurs qu’avaient les membres des deux autres communautés. Il y avait aussi entre les musulmans des différences de degré de noblesse et de prééminence selon leur appartenance au groupe des berbères, des muladis (les chrétiens d’origine hispanique convertis à l’islam), des arabes « baladis » (les premiers à avoir pénétré dans la péninsule, en 711) et des arabes commandés par Baldj, arrivés en 740.
Dans al-Andalus, les personnes n’avaient de valeur et n’étaient des sujets de droit qu’en tant que membres d’une communauté et non pas en tant qu’individus. La pierre de touche était évidemment les mariages mixtes. Il était impossible pour une musulmane de se marier avec un chrétien ou un juif, et il était même difficile pour une femme « arabe d’origine » de se marier avec un muladi (un chrétien converti à l’islam) en vertu du concept de Kafa’a (proportionnalité), et dans la mesure ou celle-ci était considérée comme ayant un sang de niveau supérieur. Quand la domination politique et militaire a été inversée et que les musulmans sont devenus minoritaires, la situation a été maintenue mais cette fois au détriment de ces derniers.
Les textes écrits dans al-Andalus abondent en allusions discriminatoires et insultantes contre les chrétiens et les juifs. Ces derniers se sont matérialisées, pour ne citer que quelques exemples, par la persécution antichrétienne du IXe siècle à Cordoue, par le pogrom de 1066 à Grenade, par les déportations de juifs au Maroc au XIIe siècle, ou par les fuites massives de chrétiens et de juifs vers l’Espagne chrétienne dès le IXe siècle.
Causeur -- Vous décrivez un choc des civilisations et d’un état de guerre quasi-permanents entre chrétiens, juifs et musulmans…
Serafin Fanjul -- La première fois que j’ai lu l’expression « choc des civilisations » ce n’est pas sous la plume d’Huntington, mais dans l’œuvre majeure de Fernand Braudel La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, dont la publication remonte à 1949. Je crois interpréter correctement Braudel en affirmant pour ma part, en accord avec lui, que la langue nous égare en suggérant derrière le syntagme « choc des civilisations » l’idée de grandes confrontations guerrières. Il ne s’agit pas du tout de cela, mais plutôt de confrontations quotidiennes à petite échelle, réitératives, dans la vie courante, entre des cosmogonies différentes, des notions de base, des conceptions du monde dissemblables, des morales civiques ou sexuelles, des concepts politiques élémentaires, mais qui sont déterminants dans la relation des êtres humains avec le pouvoir : la soumission totale ou l’exercice de droits et la conscience de posséder des droits. Et cela sans entrer dans des questions plus concrètes comme la position de la femme ou celle des minorités religieuses, qui heureusement ont été depuis longtemps dépassées en Europe, alors que dans les pays musulmans elles demeurent intactes ou suscitent des convulsions graves lorsqu’elles sont débattues.
Je n’ai jamais écrit qu’il y avait un état de guerre permanent dans la péninsule ibérique médiévale entre deux blocs antagoniques et irréductibles. Et cela parce que je sais parfaitement que cela n’a pas été le cas jusqu’à ce que la Reconquête se consolide comme grand projet national au XIIe et XIIIe siècles. Je sais aussi, bien sûr, qu’il y a encore eu par la suite des alliances croisées avec des royaumes de taïfas musulmans, des interventions de troupes chrétiennes (même franques) ou musulmanes contre des princes chrétiens comme cela avait été le cas depuis le IXe siècle.
Causeur -- Le monde d’Averroès et Maimonide était-il si apocalyptique ?
Serafin Fanjul -- Je ne crois pas qu’il soit très heureux de citer Averroès et Maïmonide comme deux exemples de liberté de pensée et de confraternité des communautés dans al-Andalus. Averroès était un néoplatonicien qui a été persécuté en tant que libre penseur par les Almohades. Quant au juif Maïmonide, il a été obligé de s’islamiser. Exilé au Maroc avec sa famille, il est allé ensuite en Égypte où il est retourné au judaïsme. Découvert et dénoncé par un habitant d’al-Andalus, il a été accusé d’apostasie et n’a pu finalement sauver sa vie que grâce à l’intervention du cadi Ayyad. Maïmonide expose bien sa position et son état d’esprit à l’égard des chrétiens et des musulmans dans son Épitre au Yémen.
Causeur -- Comment en arrivez-vous à justifier politiquement l’expulsion des juifs et des morisques (maures convertis au christianisme) de l’Espagne chrétienne ?
Serafin Fanjul -- J’essaie seulement d’expliquer ces événements. Nous ne pouvons pas nous limiter à voir les événements du passé comme bons ou mauvais, alors qu’ils sont tout simplement irréversibles. La seule chose que nous puissions faire, c’est de nous en rapprocher le plus honnêtement possible pour essayer de les comprendre. Et dans le cas ou notre bonne foi et notre volonté régénératrice sont sincères, il nous faut essayer de ne pas les répéter.
C’est malheureusement toute l’Europe médiévale qui s’est appliquée à marginaliser et persécuter les juifs, avec de fréquents massacres et des mises à sac de quartiers juifs. Dans l’Espagne chrétienne, ce mouvement s’est produit plus tard. Si en 1212 les troupes castillanes d’Alphonse VIII ont protégé les juifs de Tolède contre les francs venus à cette occasion, en revanche, en 1348 et 1391, la situation était radicalement différente. Il y a eu alors une grande quantité de morts, d’exactions et de conversions forcées. Les juifs convertis au christianisme et ceux qui avaient maintenu leur foi, après les tentatives de conversion massive des années 1408-1415, ont cependant coexisté tout au long du XVe siècle. Au début, les Rois catholiques ont essayé de faire en sorte que les juifs et les mudéjares (musulmans) demeurent sur les lieux où ils vivaient et conservent leurs fonctions. Ils dépendaient directement du roi, payaient un impôt spécial de capitation et recevaient en échange une protection face a la société, mais toujours avec l’idée qu’à long terme on parviendrait à les convertir. Au XIIe et XIIIe siècles les communautés juives de l’Espagne chrétienne avaient augmenté considérablement alors que celles d’al-Andalus en étaient venues à disparaitre en raison de l’action des Almohades. A la même époque, la persécution des juifs redoublait en Europe. Cette attitude générale a fini par atteindre l’Espagne, stimulée par le fait que quelques juifs se livraient à l’usure et participaient au recouvrement des impôts, motifs qui irritaient les populations exploitées les plus pauvres et les incitaient à des réactions aussi brutales que totalement injustes. Jean Ier, en 1390, et Isabelle Ière, en 1477, avaient dû freiner les ardeurs belliqueuses des membres les plus exaltés du clergé.
Causeur -- Quelle était la situation des sujets juifs du royaume catholique de Castille ?
Serafin Fanjul -- À la veille de l’expulsion de 1492, il y avait environ cent mille juifs dans la couronne de Castille et une vingtaine de mille en Aragon. Une minorité était riche, mais la majorité ne l’était pas (il s’agissait d’agriculteurs, d’éleveurs, d’horticulteurs, d’artisans du textile, du cuir et des métaux). La protection dans les terres des seigneurs de la noblesse était plus directe et plus efficace que celle du domaine royal. Les juifs y exerçaient des professions libérales comme la médecine en dépit des interdits. Parmi les juifs proches des Rois catholiques il y avait notamment Abraham Seneor, grand rabbin de Castille, Mayr Melamed, Isaac Abravanel, Abraham et Vidal Bienveniste. L’attitude des Rois catholiques n’était pas antijuive mais elle ne contribua pas non plus à éliminer l’hostilité populaire ni à contredire les arguments doctrinaux contre les juifs. Le plus grand connaisseur actuel de l’Espagne des Rois catholiques, Miguel Ángel Ladero Quesada, écarte les motifs économiques pour expliquer l’expulsion (qui était en fait plutôt préjudiciable pour les revenus de la Couronne). Il l’attribue plutôt à la volonté de résoudre le problème des convertis judaïsant, problème qui avait déjà justifié l’établissement de la nouvelle inquisition en 1478. On croyait alors que les juifs, par leur seule présence et en raison des liens familiaux qui les unissaient avec de nombreux convertis, contribuaient à empêcher l’assimilation ou l’absorption. D’autre part, comme les juifs n’étaient pas chrétiens, ils ne pouvaient pas faire l’objet d’enquêtes de la part de l’Inquisition. Le climat d’euphorie de la chrétienté triomphante après la prise de Grenade en 1492, aida les inquisiteurs à convaincre les Rois catholiques de la nécessité de l’expulsion. D’autant qu’à cette époque de plein affermissement du pouvoir royal, une idée se répandait de plus en plus: celle selon laquelle seule l’homogénéité de la foi pouvait garantir la cohésion du corps social, indispensable au bon fonctionnement de la monarchie. Nous savons aujourd’hui que ces idées étaient injustes et erronées, mais elles avaient alors cours dans toute l’Europe. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler l’antisémitisme féroce de Luther, la persécution des huguenots, des protestants en Espagne, en Italie et en France, ou des catholiques dans les différents pays d’Europe du nord au cours des siècles suivants.
Causeur -- Quant aux musulmans, je crois savoir qu’ils n’ont pas été épargnés par l’Espagne catholique…
Serafin Fanjul -- La politique de la Couronne envers les musulmans a été erratique et souvent contradictoire. Les mudéjares (musulmans sous la domination des chrétiens) avaient subsisté depuis le XIIIe siècle bien qu’en nombre décroissant. L’expulsion comme châtiment pour rébellion (1264) à Niebla et Murcie, l’exil volontaire pour ne pas être soumis au pouvoir chrétien et l’attraction qu’exerçait le royaume de Grenade, avaient finalement vidé l’Andalousie occidentale de ses musulmans. Après la prise de Grenade, les mudéjares ont été autorisés à émigrer ou à rester en conservant leur religion, mais en 1498 les pressions pour qu’ils se convertissent ont été tellement fortes qu’elles ont provoqué la rébellion des Alpujarras (1499-1502) avec pour conséquence le décret de baptême forcé ou l’expulsion. La fuite volontaire et clandestine de morisques s’est ensuite accrue en raison des fatwas et des exhortations des jurisconsultes musulmans (al-Wansharisi, ibn Yuma’a) qui condamnaient la permanence en territoire chrétien pour ne pas s’exposer au danger de perdre la foi et de finir christianisé. En 1526, une nouvelle rébellion de morisques (crypto-musulmans officiellement chrétiens) a éclaté dans la Sierra d’Espadan et l’explosion finale, le grand soulèvement de Grenade, Almeria et Malaga, s’est produit en 1568. Dès le début du XVIe siècle, il a été interdit aux morisques de quitter l’Espagne en raison des effets négatifs que cela pouvait avoir sur les caisses de la Couronne. Il leur a été également interdit de s’approcher des côtes à moins de dix kilomètres pour éviter leur fuite ou les empêcher de collaborer activement avec les pirates barbaresques et turcs qui dévastaient le littoral espagnol.
Causeur -- Et la population catholique, était-elle aussi hostile que la Couronne aux ex-musulmans devenus morisques ?
Serafin Fanjul -- L’hostilité de la population chrétienne à l’égard des morisques n’a fait qu’augmenter au cours des événements. Elle a culminé avec la prise de conscience de leur refus de s’intégrer dans la société majoritaire. A nouveau, le peuple et le bas clergé ont exacerbé leur antipathie pour les morisques, ce qui en retour a renforcé la haine et le rejet par ces derniers de la majorité dominante, un cercle vicieux qui ne pouvait être rompu que par le maillon le plus faible, en dépit des opinions contraires des autorités politiques les plus hautes, de la noblesse de certaines régions (qui avait des travailleurs morisques comme en Aragon et à Valence), voire du roi lui-même. Entre 1609 et 1614, environ trois cent mille morisques qui ont quitté l’Espagne surtout en direction du nord de l’Afrique.
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19/08/2017
"Lettre ouverte à un soldat d’Allah" par Karim Akouche
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Ce texte, publié sur Causeur, en Janvier 2016, résonne fortement avec les récents évènements...
Prépare ta valise. Achète un billet. Change de pays. Cesse d’être schizophrène. Tu ne le regretteras pas. Ici, tu n’es pas en paix avec ton âme. Tu te racles tout le temps la gorge. L’Occident n’est pas fait pour toi. Ses valeurs t’agressent. Tu ne supportes pas la mixité. Ici, les filles sont libres. Elles ne cachent pas leurs cheveux. Elles portent des jupes. Elles se maquillent dans le métro. Elles courent dans les parcs. Elles boivent du whisky. Ici, on ne coupe pas la main au voleur. On ne lapide pas les femmes adultères. La polygamie est interdite. C’est la justice qui le dit. C’est la démocratie qui le fait. Ce sont les citoyens qui votent les lois. L’État est un navire que pilote le peuple. Ce n’est pas Allah qui en tient le gouvernail.
Tu pries beaucoup. Tu tapes trop ta tête contre le tapis. C’est quoi cette tache noire que tu as sur le front ? Tu pousses la piété jusqu’au fanatisme. Des poils ont mangé ton menton. Tu fréquentes souvent la mosquée. Tu lis des livres dangereux. Tu regardes des vidéos suspectes. Il y a trop de violence dans ton regard. Il y a trop d’aigreur dans tes mots. Ton cœur est un caillou. Tu ne sens plus les choses. On t’a lessivé le cerveau. Ton visage est froid. Tes mâchoires sont acérées. Tes bras sont prêts à frapper. Calme-toi. La violence ne résout pas les problèmes.
Je sais d’où tu viens. Tu habites trop dans le passé. Sors et affronte le présent. Accroche-toi à l’avenir. On ne vit qu’une fois. Pourquoi offrir sa jeunesse à la perdition? Pourquoi cracher sur le visage de la beauté?
Je sais qui tu es. Tu es l’homme du ressentiment. La vérité est amère. Elle fait souvent gerber les imbéciles. Mais aujourd’hui j’ai envie de te la dire. Quitte à faire saigner tes yeux.
Ouvre grand tes tympans. J’ai des choses à te raconter. Tu n’as rien inventé. Tu n’as rien édifié. Tu n’as rien apporté à la civilisation du monde. On t’a tout donné : lumière, papier, pantalon, avion, auto, ordinateur… C’est pour ça que tu es vexé. La rancœur te ronge les tripes.
Gonfle tes poumons. Respire. La civilisation est une œuvre collective. Il n’y a pas de surhomme ni de sous-homme. Tous égaux devant les mystères de la vie. Tous misérables devant les catastrophes. On ne peut pas habiter la haine longtemps. Elle enfante des cadavres et du sang.
Questionne les morts. Fouille dans les ruines. Décortique les manuscrits. Tu es en retard de plusieurs révolutions. Tu ne cesses d’évoquer l’âge d’or de l’islam. Tu parles du chiffre zéro que tes ancêtres auraient inventé. Tu parles des philosophes grecs qu’ils auraient traduits. Tu parles de l’astronomie et des maths qu’ils auraient révolutionnées. Tant de mythes fondés sur l’approximation. Arrête de berner le monde. Les mille et une nuits est une œuvre persane. L’histoire ne se lit pas avec les bons sentiments. Rends à Mani ce qui appartient à Mani et à Mohammed ce qui découle de Mohammed. Cesse de te glorifier. Cesse de te victimiser. Cesse de réclamer la repentance. Ceux qui ont tué tes grands-parents sont morts depuis bien longtemps. Leurs petits-enfants n’ont rien à voir avec le colonialisme. C’est injuste de leur demander des excuses pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.
Tes ancêtres ont aussi conquis des peuples. Ils ont colonisé les Berbères, les Kurdes, les Ouzbeks, les Coptes, les Phéniciens, les Perses… Ils ont décapité des hommes et violé des femmes. C’est avec le sabre et le coran qu’ils ont exterminé des cultures. En Afrique, ils étaient esclavagistes bien avant l’île de Gorée.
Pourquoi fais-tu cette tête ? Je ne fais que dérouler le fil tragique du récit. Tout est authentique. Tu n’as qu’à confronter les sources. La terre est ronde comme une toupie, même s’il y a un hadith où il est écrit qu’elle est plate. Tu aurais dû lire l’histoire de Galilée. Tu as beaucoup à apprendre de sa science. Tu préfères el-Qaradawi. Tu aimes Abul Ala Maududi. Tu écoutes Tarik Ramadan. Change un peu de routine. Il y a des œuvres plus puissantes que les religions.
Essaie Dostoïevski. Ouvre Crime et châtiment. Joue Shakespeare. Ose Nietzche. Quand bien même avait-il annoncé la mort de Dieu, on a le droit de convier Allah au tribunal de la raison. Il jouera dans un vaudeville. Il fera du théâtre avec nous. On lui donnera un rôle à la hauteur de son message. Ses enfants sont fous. Ils commettent des carnages en son nom. On veut l’interroger. Il ne peut pas se dérober. Il doit apaiser ses textes.
Tu trouves que j’exagère ? Mais je suis libre de penser comme tu es libre de prier. J’ai le droit de blasphémer comme tu as le droit de t’agenouiller. Chacun sa Mecque et chacun ses repères. Chacun son dieu et à chaque fidèle ses versets. Les prophètes se fustigent et la vérité n’est pas unique. Qui a raison et qui a tort ? Qui est sot et qui est lucide ? Le soleil est assez haut pour nous éclairer. La démocratie est assez vaste pour contenir nos folies.
On n’est pas en Arabie saoudite ni au Yémen. Ici, la religion d’État, c’est la liberté. On peut dire ce qu’on pense et on peut rire du sacré comme du sacrilège. On doit laisser sa divinité sur le seuil de sa demeure. La croyance, c’est la foi et la foi est une flamme qu’on doit éteindre en public.
Dans ton pays d’origine, les chrétiens et les juifs rasent les cloisons. Les athées y sont chassés. Les apostats y sont massacrés. Lorsque les soldats d’Allah ont tué les journalistes, tes frères ont explosé de joie. Ils ont brûlé des étendards et des bâtiments. Ils ont appelé au djihad. Ils ont promis à l’Occident des représailles. L’un d’eux a même prénommé son nouveau-né Kouachi.
Je ne comprends pas tes frères. Il y a trop de contradictions dans leur tête. Il y a trop de balles dans leurs mitraillettes. Ils regardent La Mecque, mais ils rêvent de Hollywood. Ils conduisent des Chrysler. Ils chaussent des Nike. Ils ont des IPhone. Ils bouffent des hamburgers. Ils aiment les marques américaines. Ils combattent « l’empire », mais ils ont un faible pour ses produits.
Et puis, arrête de m’appeler « frère ». On n’a ni la même mère, ni les mêmes repères. Tu t’es trop éloigné de moi. Tu as pris un chemin tordu. J’en ai assez de tes fourberies. J’ai trop enduré tes sottises. Nos liens se sont brisés. Je ne te fais plus confiance. Tu respires le chaos. Tu es un enfant de la vengeance. Tu es en mission. Tu travailles pour le royaume d’Allah. La vie d’ici-bas ne t’intéresse pas. Tu es quelqu’un d’autre. Tu es un monstre. Je ne te saisis pas. Tu m’échappes. Aujourd’hui tu es intégriste, demain tu seras terroriste. Tu iras grossir les rangs de l’État Islamique.
Un jour, tu tueras des innocents. Un autre, tu seras un martyr. Puis tu seras en enfer. Les vierges ne viendront pas à ton chevet. Tu seras bouffé par les vers. Tu seras dévoré par les flammes. Tu seras noyé dans la rivière de vin qu’on t’a promise. Tu seras torturé par les démons de ta bêtise. Tu seras cendre. Tu seras poussière. Tu seras fiente. Tu seras salive. Tu seras honte. Tu seras chien. Tu seras rien. Tu seras misère.
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18/08/2017
"Procès de l'Occident : deux anciens esclaves témoignent en faveur de l'accusé"... par Aristide
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Alors voilà... ça s'passe du côté de chez Aristide, ça date d'il y a quelques années mais c'est à lire d'urgence toute affaire cessante et à conseiller, en priorité, aux "anti-racistes" primaires de Charlottesville et d'ailleurs qui voudraient que l'homme blanc poursuive son auto-flagellation jusqu'à la fin des temps.
C'est moi qui me suis permis de linker ou de souligner certains passages...
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Une grande partie des maux dont nous souffrons actuellement peut être attribuée à une cause unique : les occidentaux ont perdu confiance dans la bonté de leur civilisation. Cette perte de confiance n’est pas nouvelle. La première guerre mondiale peut, rétrospectivement, être considérée comme le moment où cette perte de confiance commença à atteindre le grand public. Toutefois ses racines sont plus anciennes encore, et le germe qui leur a donné naissance doit sans doute être recherché du côté de la philosophie politique.
Frederick Douglass (1818-1895), né esclave, d’une mère noire et d’un père inconnu mais vraisemblablement blanc. A l’adolescence il appris tout seul à lire et à écrire (la loi, dans les Etats du Sud, défendait formellement d’apprendre à lire et à écrire aux esclaves), puis s’enfuit vers le Nord à l’âge de vingt ans. Une fois libre (mais toujours sous la menace d’être ramené dans le Sud si son ancien maître le réclamait) Douglass devint rapidement l’un des abolitionnistes les plus célèbres et, peu à peu, l’un des hommes politiques américains les plus remarquables de son temps.
Booker T. Washington (1856-1915). Né esclave d’une mère noire et d’un planteur blanc des environs. Après l’émancipation des esclaves en 1865, Washington parvint à faire des études tout en exerçant divers métiers manuels. Devenu enseignant à l’université de Hampton (Virginie) il fut nommé en 1881 directeur du Tuskegee Institute (Alabama), la première école normale destinée aux populations noires, dans le Sud des Etats-Unis. Il présida cette école jusqu’à sa mort et fut en même temps l’un des porte parole les plus influents de la communauté noire américaine.
Deux hommes hors du commun donc, tant par leur intelligence que par leur caractère et par leur histoire personnelle. Deux hommes qui ont porté les fers de l’esclavage et qui auraient eu les plus justes titres à proférer l’accusation que nous examinons aujourd’hui. Pourtant, mesdames et messieurs les jurés, si mes témoins ont parfois durement reproché aux Etats-Unis de trahir leurs propres principes, en autorisant la possession d’esclaves ou en refusant aux noirs l’exercice de leurs droits fondamentaux, ils ont aussi toujours exonéré la civilisation occidentale dont les Etats-Unis sont d’éminents représentants. Bien mieux, Frederick Douglass et Booker T. Washington n’ont pas hésité à affirmer la supériorité intrinsèque de la civilisation occidentale. Oui, la supériorité.
Mes témoins, il faut leur pardonner mesdames messieurs, ne s’embarrassent pas de nos scrupules relativistes.
Ecoutons Booker T. Washington s’adressant à une assemblée de noirs américains pour leur expliquer ce que malgré tout, en dépit de toutes les souffrances subies, leur avait apporté leur déportation sur le sol des Etats-Unis :
« Pensez-y : nous étions païens lorsque nous sommes entrés en esclavage ; nous en sommes sortis chrétiens. Nous étions des marchandises lorsque nous sommes entrés en esclavage ; nous en sommes sortis citoyens américains. Nous n’avions pas de langage lorsque nous sommes entrés en esclavage ; nous en sommes sortis parlant la fière langue anglo-saxonne. Nous avions la chaîne des esclaves qui cliquetait à nos poignets lorsque nous sommes entrés en esclavage ; nous en sommes sortis avec le bulletin de vote américain dans nos mains. »
Dans des Etats-Unis où, après l’émancipation, régnait encore la ségrégation raciale la plus dure, Booker T. Washington n’hésitait pas à rappeler à ses compatriotes de couleur le privilège inestimable que représentait le fait d’être citoyen américain ; et à ceux qui rêvaient d’un retour vers l’Afrique de leurs ancêtres, il affirmait tranquillement :
« Les dix millions de nègres qui habitent ce pays, qui sont eux-mêmes passés ou dont les ancêtres sont passés par l’école américaine de l’esclavage, sont dans une condition plus saine et plus porteuse d’espérance, matériellement, intellectuellement, moralement, religieusement, qu’un nombre égal de noirs dans n’importe quelle partie du globe. »
Quelle extraordinaire magnanimité, quel jugement sûr et dépourvu de préjugés ! Mais écoutons à son tour Frederick Douglass, bien plus bouillant que Booker T. Washington, bien moins indulgent aussi, et cependant, finalement, du même avis que lui :
« La condition de notre race a été améliorée par leur situation en tant qu’esclaves [les noirs américains], dans la mesure où elle les a mis en contact avec un peuple supérieur, et leur a offert des facilités pour s’instruire. »
Ceci, bien entendu, ne justifiait aucunement l’esclavage ni n’excusait la brutalité des maitres, et pas davantage les innombrables vexations, légales ou illégales, auxquelles étaient encore soumis les noirs au moment où Frederick Douglass prononçait ces paroles. Mais cela justifiait le fait que les noirs restent sur le sol américain après leur libération.
Rappelons, pour rendre la question intelligible, que l’émancipation des esclaves et leur intégration au sein de la nation américaine étaient deux choses bien distinctes. Pour un grand nombre d’abolitionnistes, au Nord comme au Sud, l’émancipation des esclaves devait s’accompagner de leur départ des Etats-Unis. L’esclavage des noirs était une violation évidente de leurs droits naturels, mais le fait que les noirs aient un droit naturel à être libres n’impliquait pas que ceux-ci, une fois libres, aient un droit à devenir citoyens des Etats-Unis. En fait, la plupart des abolitionnistes étaient à peu près de l’avis de Jefferson en 1787 :
« Rien n’est écrit plus clairement dans le livre du destin que le fait que ces deux peuples seront libres ; il n’est pas moins certain que les deux races, également libres, ne sauraient vivre sous le même gouvernement. »
Abraham Lincoln lui-même, vers la fin de la guerre civile, examina sérieusement la possibilité d’établir les anciens esclaves en Amérique centrale, avant de renoncer devant l’impossibilité matérielle d’un tel projet.
C’est à cette perspective que Frederick Douglass s’opposait de toutes ses forces car, disait-il :
« Nous croyons que le contact avec la race blanche, même accompagné des nombreuses restrictions injustes et douloureuses dont nous faisons l’objet, contribue davantage à notre élévation et à notre amélioration que ne pourrait le faire la simple séparation d’avec eux [les blancs]. »
Frederick Douglass était suffisamment lucide pour voir que le contact n’était pas nécessairement également avantageux des deux côtés. En parlant de son enfance et de ses jeux avec le fils de son ancien maître, il remarquait :
« La loi de la compensation s’applique ici comme partout. De la même manière que ce garçon ne pouvait pas s’associer à l’ignorance sans en être affecté, il ne pouvait pas donner sa compagnie à ses camarades de jeu noirs sans leur donner en même temps son intelligence supérieure. »
Mais Frederick Douglass, de manière bien compréhensible, se plaçait avant tout du point de vue des noirs, et il affirmait en substance que ceux-ci devaient absolument refuser de lâcher la prise qui leur avait été donnée sur « la civilisation de l’homme blanc ». Parce que cette civilisation était, en dépit de ses défauts, infiniment supérieure à tout ce qu’ils auraient pu trouver ailleurs, et notamment sur la terre de leurs lointains ancêtres.
Supérieure en quoi me direz-vous, mesdames et messieurs les jurés ?
Supérieure en savoir, bien sûr. L’homme blanc s’était avancé plus loin qu’aucun autre sur la voie de la connaissance de la nature et de la nature humaine. Mais aussi, en définitive, supérieure en humanité et en justice. Frederick Douglass, Booker T. Washington, nés esclaves sur le sol des Etats-Unis, n’ont pourtant jamais cessé d’affirmer la vérité des principes de justice énoncés dans la déclaration d’indépendance, ni de respecter et de célébrer la Constitution des Etats-Unis qui assurait, autant qu’il est humainement possible, « les bienfaits de la liberté » à tous ceux qui vivaient sous sa loi. Etre des citoyens américains à part entière, participer à la civilisation occidentale en tant que citoyens américains, sans restrictions et sans privilèges, était la seule chose qu’ils demandaient pour les noirs et pour l'obtention de laquelle ils se sont battus toute leur vie.
Ma plaidoirie pour aujourd’hui s’achève, mesdames et messieurs les jurés. Le procès de mon client n’est pas fini, je le sais bien, et beaucoup d’autres choses resteraient à dire. Mais au moment où il vous faudra rendre votre verdict, je vous demanderai seulement de garder cette question à l’esprit : « Vous croyez vous plus impartial, plus clairvoyant et mieux informé que Frederick Douglass et Booker T. Washington ? »
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Je voudrais en profiter pour apporter quelque autre clarification afin de complexifier les choses, ce qui va déplaire à nos spécialistes en simplification de la réalité... et Maîtres en anachronisme historiques...
Abraham Lincoln a vaincu le Sud esclavagiste mais il a dit des choses comme celles-ci :
« Pourquoi les gens d’ascendance africaine doivent-ils partir et coloniser un autre pays ? Je vais vous le dire. Vous et moi appartenons à des races différentes. Il y a entre nous plus de différence qu’entre aucune autre race. Que cela soit juste ou non, je n’ai pas à en discuter, mais cette différence physique est un grand problème pour nous tous, car je pense que votre race en souffre grandement en vivant avec nous, tandis que la nôtre souffre de votre présence. En un mot, nous souffrons des deux côtés… Si on admet cela, voilà au moins une bonne raison de nous séparer… »
(Issu du livre "Les secrets de la Maison Blanche" de Nicole Bacharan et Dominique Simonnet)
et aussi...
« Je dirai donc que je ne suis pas ni n’ai jamais été pour l’égalité politique et sociale des noirs et des blancs, que je ne suis pas, ni n’ai jamais été, pour le fait d’avoir des électeurs ni des jurés noirs, ni pour le fait de les former à exercer ces fonctions, ni en faveur des mariages mixtes; et je dirai en plus de ceci, qu’il y a une différence physique entre la race blanche et la race noire qui interdira pour toujours aux deux races de vivre ensemble dans des conditions d’égalité sociale et politique. Et dans la mesure où ils ne peuvent pas vivre ensemble mais qu’ils coexistent, il faut qu’il y ait une position de supériorité et d’infériorité, et moi-même, autant que n’importe quel autre homme, je suis pour le fait que la position de supériorité soit attribuée à la race blanche. »
Abraham Lincoln (Discours à Columbus, Ohio – 4ème débat Lincoln/Douglas, 18 Septembre 1858)
En même temps, voici ce qu'affirmait le Général Sudiste Robert E. Lee que les gauchistes passent leur temps, en ce moment, aux Etats-Unis, à déboulonner de ses socles de statues commémoratives...
« En cette époque éclairée il en est peu, je crois, qui ne reconnaîtront pas que l’esclavage en tant qu’institution est un mal moral et politique dans n’importe quel pays. Il est inutile de s’étendre sur ses désavantages. Je pense, cependant, qu’il est un mal plus grand pour l’homme blanc que pour la race noire et, tandis que mes sentiments vont vers la première, ma sympathie est plus grande pour la deuxième. Les Noirs sont incomparablement mieux ici qu’en Afrique, moralement, socialement et physiquement. La douloureuse discipline à laquelle ils sont soumis est nécessaire à leur instruction en tant que race et, je l’espère, les préparera et les mènera à des choses meilleures. »
Rapporté dans "Lee Considered : General Robert E. Lee and Civil War History" par Alan T. Nolan
Je pourrais, également, évoquer le grand Général Sudiste d'origine française, Pierre Gustave Toutant de Beauregard, qui s'est battu du côté des Confédérés afin de préserver l'identité spécifique du Sud des Etats-Unis qu'il ne voulait pas voir assujéti au Nord, mais qui une fois la guerre terminée a oeuvré afin que les noirs aient les mêmes droits, la même dignité que les blancs (ce qui n'était, alors, même pas gagné au Nord) et le droit de vote... mais je ne voudrais pas en rajouter et, après tout, Google est votre ami.
Et je ferais, également, frissonner de dégoût bien du monde en mettant sur la table le cas de ces anciens esclaves noirs qui étant parvenus à racheter leur liberté et, s'étant installés comme fermiers ou petits proprétaires terriens, firent l'acquisition à leur tour... d'esclaves noirs importés d'Afrique !
Rien qu'en 1830, il a été établi que quelques 13,7 % des noirs présents aux USA (319 599 d'individus) étaient libres, dont 3776 possédaient 12 907 esclaves sur un total de 2 009 043 esclaves présents sur tout le continent nord américain. Tel que rapporté par l'historien américain Joel A. Rogers dans son livre "100 Amazing Facts About the Negro With Complete Proof" (1934). Mais je ne voudrais pas exagérer... cela ferait un peu trop pour nos coeurs mielleux de gauche. Cela ferait beaucoup trop de statues à déboulonner...
Nicolas Augustin Metoyer, en Louisiane, possédait à lui seul 13 esclaves en 1830, et sa famille de 12 membres en possédait un total de 215...
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01/04/2017
Anarchy in the UK : un Sex Pistol défend Trump et le Brexit !
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et
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Dans les années 70 du siècle dernier, quand on en avait assez des solos de flûte traversière de Ian Anderson, du groupe Jethro Tull, de la pignolade guitaristique d’un Steve Hackett, du gang Genesis, ou des polyphonies centristes des Républicains indépendants (formation un peu tombée dans l’oubli depuis), demeurait au moins ce havre de paix : les Sex Pistols. Des gamins qui ne respectaient rien, même pas la reine d’Angleterre. Bref, des punks. Ou des « ponts », comme disait alors VGE.
2017, Tout a changé. John Lydon, chanteur des pistolets sexuels en question, alors plus connu sous le sobriquet de Johnny Rotten – Johnny le Pourri –, donne une nouvelle fois de la voix, mais pas dans celle (de voie) qu’on pouvait forcément attendre. Il a passé la soixantaine, s’occupe de sa famille, a pris du bide ; ce qui ne l’empêche pas de demeurer le rebelle qu’il a toujours été. Mais d’une autre manière, toutefois.
À propos du Brexit et de l’élection de Donald Trump aux USA, il assure ainsi : « Je crois que de temps en temps, le monde a besoin d’être secoué. La léthargie finit toujours pas récolter ce qu’elle mérite. […] Donald Trump est le genre de coup de pied aux fesses dont les gens avaient besoin. »
Le président en question a maintenant les cheveux teints en orange tandis que ceux du chanteur étaient jadis peints de vert ? Qu’importe ! John Lydon, toujours : « Donald Trump est très problématique en tant qu’être humain [avis de connaisseur, NDLR], mais il n’est pas raciste et il y a de fortes chances que quelque chose de bon sorte de cette situation, parce qu’il fout la trouille aux hommes politiques. » Punk un jour, punk toujours !
Et, histoire de mettre un peu de sable dans les rouages, l’artiste persiste et signe : « L’idée de faire de la politique sans rien changer, c’est fini, maintenant ! […] J’ai toujours vu l’anarchie comme un jeu de l’esprit des classes moyennes, les quelques privilégiés gâtés qui peuvent se permettre de s’adonner à ce genre de philosophie absurde. […] Quelqu’un doit construire des routes et ça ne sera certainement pas les anarchistes. »
À Libération et chez Les Inrockuptibles, il doit y avoir du « nerveux breakdown » dans l’air. Pauvres petits bouchons. Lesquels estiment de longue date que le monde du rock serait assujetti, comme par une sorte de droit divin, à la sainte gauche… Si les mêmes avaient mieux lu Rock & Folk, période Philippe Manœuvre, ou les écrits de Lester Bangs, époque Creem, ils devraient pourtant savoir que les pionniers du rock qui dérange et tape là où ça fait mal viennent rarement du cercle fermé des gommeux issus des grandes écoles.
Car John Lydon, issu d’une famille irlandaise et catholique, a connu la débine, la vraie, la crasseuse. Celle du prolétariat des bas quartiers de Londres, désormais submergés par un autre quart-monde issu de l’immigration : invisible, vu des bancs d’Eton ou de Cambridge. Pourtant, même rangé et fidèle à ses origines, Johnny le Pourri continue à brandir un doigt d’honneur à la face de la high society.
Son dernier coup en date ? Révéler que son récent entretien privé avec Nigel Farage, chef de file du Brexit, a tout bonnement été « fantastique ». Et de se féliciter en ces termes du verdict des urnes : « La classe ouvrière a parlé et je suis l’un d’entre eux et je suis avec eux. Voici le résultat ! »
« Never Mind the Bollocks », titre du premier et dernier album officiel des Sex Pistols ? « On s’en bat les roupettes ! » translated en french. Bravo, donc : Johnny Be Good et vive l’Irlande libre !
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SOURCE : Nicolas Gauthier pour Boulevard Voltaire
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Yeah ! Let's Celebrate Johnny "Fucking" Rotten !
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09/11/2016
Jouissance...
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Les commentateurs du système...
Les idéologues professionnels...
Les militants PS...
Cheikh Juppette...
Les délicats centristes...
Les donneurs de leçons du matin, de l'après-midi et du Grand Soir toujours repoussé...
Les spécialistes en chefs de toutes sortes suceurs de babouches...
Hollande sur BFM TV... un peu avant midi...
Les défoncés à la bien-pensance... sûrs de leur Vertu et du monde merveilleux qu'ils appellent de leurs voeux...
Les sondeurs (qui viennent de se faire sonder la rondelle)...
Les progressistes va-t-en-guerre qui se chient dessus sitôt que l'on prononce le nom de Poutine...
Les soutiens inconditionnels aux résistants d' "Al Nosra" (parce que Bachar est un salaud) qui refusent de voir qu' "Al Nosra" n'est que la branche irako-syrienne d'Al Qaïda...
Les No-Borders qui aiment les gentils mexicains mais dorment au chaud chez eux volets baissés et portes blindées loin de toutes les merdes que le bas-peuple doit subir grâce à leur morgue...
J'ai une pensée émue pour vous tous, bande de blaireaux... si si si...
Anne Hidalgo a gagné une Grosse carotte (Bio... of course) dans son p'tit sec socialiste bien entendu... elle pourra toujours la manger après si ça lui dit... pour pas gâcher...
30% des afro-américains, 27% des hispaniques américains et 47% des femmes américaines ont voté pour Trump ! Heureusement qu'il est raciste et misogyne sinon il aurait été élu avec un score de République Bananière ! Z'imaginez le scandale ?
Hillary ? Ah ben non, il a pas ri.
Comme dit une de mes connaissances : Hastaaa la Vista Baby !
Les p'tiots bichounets à leur mémère !!!
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28/07/2016
C’est un bon Français. Il est doux...
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Entre l'enfance, l'adolescence et le passage à l'acte il y a l'épaisseur d'un cheveu... Il fut un temps où n'importe qui savait cela.
"Je connais mon gamin, il est gentil. Je n'ai pas fait un diable moi", a déclaré au micro de BFMTV la mère d'une des deux crapules islamistes, Abdel Malik Petitjean (ces prénoms accolés à ce nom de famille nous plongent à eux seuls dans la perplexité).
"Il ne parlait jamais de Daesh (…) On est positifs nous, on parle des trucs biens", a-t-elle assuré...
"C’est un bon Français. Il est doux. Je connais mon gamin, je connais mon fils, il n’est pas impliqué du tout, a-t-elle confié, mercredi, à France 2. Il n’est pas du tout le monstre qu’on essaye de nous faire croire."
"On est des musulmans normaux."
C'était avant l'identification du cadavre de son enfant qui avait reçu une balle en plein visage...
Jamais à court de nouvelles initiatives pour combattre le terrorisme islamiste chez nous, nos grands intellectuels et Mé(R)dias souhaitent dissimuler les visages des protagonistes, ne pas divulguer leurs noms et leurs parcours. Pour éviter toute glorification disent-ils. Bien que le mot d'Ordre semble être "PADAMALGAM"... Parce que des Mohamed Merah, Coulibaly et autre Abdel Malik même Petitjean... ça commence à peser lourd sur le "Bien Vivre Ensemble", le concept de "Chances pour la France" et je ne sais plus quel histoire de "Pote" qu'on nous enfonce dans la gueule depuis presque 40 ans maintenant.
Ils sont drôles nos grands intellectuels et nos Mé(R)dias... ils oublient un peu vite qu'à l'heure d'INTERNET, de l'accès aux Médias étrangers en deux coups de clicks sur le clavier et par souris interposée on a accès à tout...
Entre cette pauvre mère dépassée par les événements et ce désir de flouter les faces criminelles, on se retrouve dans une France qui sanctifie la Banalité du Mal tout en continuant à être dans un hallucinant déni formel de réalité. C'est la caution d'une démarche indéfendable...
Un ami sur Facebook a parfaitement résumé la chose... : "Dans une société civilisée, la figure de l’assassin fait normalement l’objet d’une détestation universelle. Elle sera d'autant plus grande s’il s’en prend à des victimes innocentes et réputées incapables de se défendre : enfants, vieillards...
Un pays où l’on propose donc de ne plus publier les photos et noms de ce type d’assassins, afin d’éviter de favoriser un EFFET DE GLORIFICATION POSTHUME, ne peut plus être qualifié de pays civilisé.
Voilà où en est la France. C’est ahurissant."
Un autre ami virtuel a très bien conclu de son côté : "Ne vous inquiétez pas : quand le tueur sera bien blanc et chrétien on aura le nom, la photo et l'adresse de sa famille."
Tremble DAESH !
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17/05/2016
Deux mois ferme !
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C'est pas bien de casser une vitre et de rentrer voler chez des gens... même de simples pâtes et une boîte de sardines... Si je tombais nez à nez avec ce jeune con chez moi, j'aurais envie de lui botter le cul. Une fois son cul botté (à supposer que le bottage de cul se soit bien passé et que personne ne soit mort), le lui laisserais les pâtes et les sardines... je lui rajouterais même, peut-être, quelques denrées supplémentaires parce que j'ai bon coeur et que je ne suis pas un salaud...
En revanche... il faudrait que notre justice m'explique comment elle s'y prend pour condamner un pauvre type à la dérive, qui a juste cassé un carreau et volé quelques maigres denrées alimentaires sans rien emporter de plus, à de la prison ferme... alors que toute la sale racaille de mon quartier fait sans cesse des allers/retours devant les divers Tribunaux de la Région sans rien risquer et est toujours au coin de la rue à dealer son shit merdique coupé au Michelin ZX, à s'en prendre aux petits blancs qui ont une belle gueule parce qu'ils refusent de se fondre dans le troupeau de branquignolles dangereux, et qu'elle fait preuve d'une violence et d'une crasse mentale qui n'a rien à envier aux pires SA ou petits Kapos...
La racaille en bas de chez moi... ou la racaille politique tout en haut des très hautes sphères...
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09/04/2016
A quand la lutte contre les enfers fiscaux?
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C'est à nouveau une belle unanimité que l'on constate dans les milieux politiques pour fustiger sans nuances ceux qui ont eu recours à des structures offshore, dénoncées par les Panama Papers. La politiquement très correcte "lutte contre les paradis fiscaux" n'est remise en question par personne et les moyens donnés au fisc sont toujours jugés insuffisants.
On n'a pas de mots assez durs pour qualifier les "très riches" qui recourent à l'évasion fiscale, tout en relevant par ailleurs que la plupart des bénéficiaires économiques de ces sociétés ressemblent plutôt au boucher et au boulanger du coin...
Il est évidemment exact que nombre de comptes offshore appartenaient à des dictateurs présents ou passés, ou à des criminels. L'évolution rapide des législations internationales a toutefois eu comme conséquence que la plupart des banques sérieuses ont évincé depuis longtemps ce genre de clients, et d'ailleurs aussi ceux qui utilisent des sociétés de paradis fiscaux exclusivement dans un but de fraude.
Mais c'est un coupable amalgame que de présenter comme comparables ces situations et celles de nombreuses personnes ou familles qui n'ont enfreint aucune loi, fiscale ou autre.
Lorsque, plutôt que de jeter en pâture, sans distinction, des noms, comme le font certains journaux, des administrations approfondiront leurs recherches, elles constateront souvent qu'il n'y a rien à reprocher. Aujourd'hui, beaucoup de gens craignent, à tort ou à raison, que la situation politique ou économique instable en Europe constitue un danger pour leur patrimoine, et choisissent de l'investir ailleurs, ce qui rend parfois utile ou nécessaire l'utilisation de structures exotiques. D'autres ne font plus confiance au système financier européen et préfèrent investir une partie de leurs avoirs dans d'autres pays. Ces choix ne sont peut-être pas économiquement fondés, mais sont légitimes, et ils n'impliquent une obligation de déclarer au fisc belge les structures utilisées que depuis 2013.
D'autres recourent à ce type de sociétés uniquement en raison de conflits familiaux ou commerciaux ; s'ils les déclarent au fisc, ainsi que les revenus, il n'y a rien à leur reprocher.
Enfin, il est fort probable qu'après les opérations de DLU ("Déclaration Libératoire Unique") I, II et III, la plupart des structures litigieuses, et non déclarées dans le passé, ont été régularisées, avec le paiement des impôts et des pénalités requises par la loi. Les règles de l'OCDE en matière d'échange automatique d'informations bancaires impliquent de toute façon que le fisc belge connaîtra en 2017 la situation bancaire de tous les résidents belges pour les comptes dans plusieurs pays (tels le Luxembourg ou le Liechtenstein), et que pour la quasi-totalité des autres, y compris la Suisse, il en sera de même en 2018. Ceux qui n'ont pas encore régularisé leur situation auront donc tout intérêt à le faire en bénéficiant de la nouvelle DLU IV qui est annoncée.
Pour le reste, il est étonnant que tous les commentaires sur cette situation stigmatisent l'évasion, licite ou non, de capitaux, comme une espèce de nuisance universelle. Il semble qu'aux yeux de certains, les lois fiscales, de quelque pays que ce soit, soient parées de vertus morales indiscutables. Lorsqu'elles sont fiscales, les lois de la Chine communiste, de la dictature du Zimbabwe, du Venezuela totalitaire, et de nombre de tyrannies africaines, deviennent brusquement l'expression d'une morale planétaire, comme si les prisons, les chambres de torture, et les membres de polices politiques n'étaient pas payés au moyen d'impôts...
Les normes fiscales sont partout édictées par les groupes qui exercent le pouvoir (tyrans, oligarques, ou majorités parlementaires), et répondent aux intérêts de ceux qui soutiennent ce pouvoir. Dans les Etats démocratiques, elles doivent être respectées comme les autres lois, mais il faut les prendre pour ce qu'elles sont : l'expression d'un pouvoir, et non nécessairement celle de la justice.
Et dans ce contexte, il ne faut pas perdre de vue que les paradis fiscaux ne sont pas dirigés par des gouvernements moins légitimes que les autres. Il suffit de consulter leur liste pour constater qu'à de très rares exceptions près, ces Etats s'appuient sur des majorités démocratiquement élues et permettent à leur population de bénéficier d'un niveau de vie que nombre de pays très taxés devraient leur envier. On vit mieux et avec plus de liberté aux Bahamas ou à Saint- Vincent que dans les Dom-Tom français voisins des Caraïbes...
Ne serait-il pas temps de se demander pourquoi il en est ainsi, et de songer à lutter contre... les enfers fiscaux ?
THIERRY AFSCHRIFT
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SOURCE : TENDANCES TREND - LE VIF
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L’apologie du goulag et de Staline, on a le droit
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Lire Drieu, c'est toujours autant "douteux" qu'avant... mais ce brave Louis Aragon (grand écrivain, au demeurant), lui, a toujours la cote !
Alors que vous ne trouvez pas un seul lycée Céline, qui fut pourtant également un géant de la littérature, et peut-être bien plus qu’Aragon, vous trouvez une floppée de lycée Aragon. Aragon signait aussi des pétitions demandant une plus grande liberté sexuelle pour les enfants (donc pour les pédophiles), en compagnie d’une grande partie de la gauche. Nous reproduisons ci-après sa prose totalitaire, rassemblée pour le Livre noir de la gauche, pour rafraîchir un peu les mémoires.
Mais rappelons-nous...
Louis Aragon a fait l’apologie du goulag
« Je veux parler de la science prodigieuse de la rééducation de l’homme, qui fait du criminel un homme utile, de l’individu déformé par la société d’hier, par les forces des ténèbres, un homme du monde de demain, un homme selon l’Histoire. L’extraordinaire expérience du canal de la mer Blanche à la Baltique, où des milliers d’hommes et de femmes, les bas-fonds d’une société, ont compris, devant la tâche à accomplir, par l’effet de persuasion d’un petit nombre de tchékistes qui les dirigeaient, leur parlaient, les convainquaient que le temps est venu où un voleur, par exemple, doit se requalifier, dans une autre profession – Cette extraordinaire expérience joue par rapport à la nouvelle science le rôle de l’histoire de la pomme qui tombe devant Newton par rapport à la physique. Nous sommes à un moment de l’histoire de l’humanité qui ressemble en quelque chose à la période du passage du singe à l’homme. Nous sommes au moment où une classe nouvelle, le prolétariat, vient d’entreprendre cette tâche historique d’une grandeur sans précédent : la rééducation de l’homme par l’homme. »
Louis Aragon, Pour un réalisme socialiste (1935)
Louis Aragon fut un chantre de Staline
« Merci à Staline pour ces hommes qui se sont forgés à son exemple, selon sa pensée, la théorie et la pratique stalinienne ! Merci à Staline qui a rendu possible la formation de ces hommes, garants de l’indépendance française, de la volonté de paix de notre peuple, de l’avenir d’une classe ouvrière, la première dans le monde montée à l’assaut du ciel et que l’on ne détournera pas de sa destinée en lui faisant voir trente-six étoiles étrangères, quand elle a de tels hommes à sa tête. »
Louis Aragon, Les lettres françaises, mars 1953
Le 12 mars 1953, Les Lettres françaises publient en première page un portrait de Staline par Picasso qui provoque la polémique de Aragon et du PCF. Aragon : « On peut inventer des fleurs, des chèvres, des taureaux, et même des hommes, des femmes – mais notre Staline, on ne peut pas l’inventer. Parce que, pour Staline, l’invention – même si Picasso est l’inventeur – est forcément inférieure à la réalité. Incomplète et par conséquent infidèle. »
Pour Aragon, on ne touche pas à l'IMAGE DIVINE de Staline !
Un dernier petit poème pour la route...
« Pliez les réverbères comme des fétus de pailles
Faites valser les kiosques les bancs les fontaines Wallace
Descendez les flics
Camarades
Descendez les flics
Plus loin plus loin vers l’ouest où dorment
les enfants riches et les putains de première classe
Dépasse la Madeleine Prolétariat
Que ta fureur balaye l’Élysée
Tu as bien droit au Bois de Boulogne en semaine
Un jour tu feras sauter l’Arc de triomphe
Prolétariat connais ta force
connais ta force et déchaîne-la
II prépare son jour il attend son heure sa minute la seconde
où le coup porté sera mortel et la balle à ce point sûre
que tous les médecins social-fascistes
Penchés sur le corps de la victime
Auront beau promener leur doigts chercheurs sous la chemise de dentelle
ausculter avec les appareils de précision son cœur déjà pourrissant
ils ne trouveront pas le remède habituel
et tomberont aux mains des émeutiers qui les colleront au mur
Feu sur Léon Blum
Feu sur Boncour Frossard Déat
Feu sur les ours savants de la social-démocratie
Feu feu j’entends passer
la mort qui se jette sur Garchery Feu vous dis-je
Sous la conduite du parti communiste SFIC
Vous attendez le feu sous la gâchette
Que ce ne soit plus moi qui vous crie
Feu
Mais Lénine
Le Lénine du juste moment »
Louis Aragon, Le Front Rouge (1931)
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07/01/2016
9 Facts about Slavery
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06/12/2015
Matzneff - Les trois petits cochons
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Des attentats de Paris est née une "génération Bataclan" dont le manque de spiritualité, de courage et de profondeur fait horreur à Gabriel Matzneff...
PAR GABRIEL MATZNEFF
Trafalgar Square et la gare de Waterloo sont à Londres. La gare d'Austerlitz et la rue d'Arcole sont, elles, à Paris. Aux lieux, aux monuments, on donne des noms de victoires, non de défaites. De même, dans les écoles militaires les promotions de jeunes officiers prennent les noms de soldats victorieux : « Maréchal de Turenne », « Général Lassalle », « Lieutenant-Colonel Amilakvari ». Quand, par extraordinaire, il s'agit de vaincus, ce sont des vaincus qui se sont battus héroïquement jusqu'au bout, ont été vaincus avec tous les honneurs de la guerre : une des promotions de Saint-Cyr se nomme « Ceux de Diên Biên Phu ».
Quel est le suicidaire crétin qui a donné le nom de « génération Bataclan » aux jeunes femmes et jeunes hommes qui ont l'âge des victimes du vendredi 13 novembre 2015 ? C'est l'État islamique qui doit donner ce nom à ses jeunes citoyens, non la France, pour qui ce vendredi 13 novembre 2015 demeurera la date d'une de ses plus spectaculaires et déprimantes défaites.
La médiocrité de cette « génération Bataclan »
Ce choix de « génération Bataclan » exprime un masochisme, un mépris de soi ahurissant. Et l'on est accablé par la médiocrité petite-bourgeoise, l'insignifiance des propos tenus par les survivants de cette « génération Bataclan » lorsqu'ils sont interrogés par les journalistes ou s'expriment sur les réseaux sociaux. Le zozo qui s'est mis une ceinture de cœurs autour de la taille, l'autre imbécile qui se balade avec une pancarte « Vous êtes tous super ! », le troisième qui déclare fièrement que son but dans la vie est de continuer à se distraire, à voir les copains, ces petits bourgeois qui tiennent pour un acte de courage de dîner au restaurant le vendredi soir.
S'il s'agissait de gamins de douze ans, ce serait admissible. Hélas, ce n'est pas le cas. Ceux qui se comportent de manière si niaise, si médiocre sont des adultes, des barbus. J'ai dit « ahurissant », mais le mot juste est « consternant ». Comme a été consternante la cérémonie d'hommage aux victimes dans la cour des Invalides. J'adore Barbara et je connais par cœur certaines de ses chansons, mais ce jour-là, c'est le « Dies irae » qui, après La Marseillaise, devait retentir en ce haut lieu, non une gentille chansonnette, et nous aurions été autrement saisis aux tripes si, à la place du discours fadasse de M. Hollande, un acteur de la Comédie-Française nous avait lu le Sermon sur la mort de Bossuet.
Ils ne vivent pas, ils existent
Cette niaiserie, cette médiocrité s'expliquent par le total vide spirituel de tant de nos compatriotes. Ils ne vivent pas, ils existent, ils ont une vue horizontale des êtres et des choses. Ce sont les trois petits cochons d'une chanson que M. Hollande aurait dû faire chanter aux Invalides, elle lui va comme un gant : « Qui a peur du grand méchant loup ? C'est pas nous, c'est pas nous ! Nous sommes les trois petits cochons qui dansons en rond. »
À part le pape de Rome et le patriarche de Moscou, qui, en Europe, fait appel aux forces de l'Esprit, invite les gens à la transcendance ? Personne. En tout cas, personne en France où les responsables politiques pleurnichent contre la montée de l'islamisme, mais leur unique réponse, pour endiguer cette montée, est d'interdire les crèches de Noël dans les mairies. Bientôt, j'en fais le pari, la passionnante fête de la Nativité, du mystère de l'incarnation, du Verbe qui se fait Chair, du Christ Dieu et homme, sera, comme en Union soviétique à l'époque de la persécution antichrétienne, remplacée par une fête du Bonhomme Hiver, Diadia Moroz, mouture léniniste du père Noël.
Ce qu'ils désirent, c'est continuer à boire des bocks de bière
Jadis, du général de Gaulle à François Mitterrand, certains chefs d'État surent parler de transcendance aux petits cochons à béret basque et baguette de pain, les inviter à se dépasser, à lire Sénèque, Plutarque et Pascal. Aujourd'hui, l'État n'invite pas les Français à renouer avec les vivifiants trésors de leur patrimoine gréco-romain et chrétien, il en est incapable. L'État ne parle jamais de leur âme aux Français de la « génération Bataclan », et ceux-ci persistent à n'avoir d'autre souci que de gagner de l'argent, en foutre le moins possible, partir en vacances et s'amuser. Les trois petits cochons tiennent à leur vie pépère, le tragique leur fait horreur, ils ne veulent pas entendre parler de la mort, ni de l'éternité, ni du salut de leurs âmes, ni de l'ascèse, ni du jeûne, ni de Dieu ; ce qu'ils désirent, c'est continuer à boire des bocks de bière et surtout, surtout, que les vilains terroristes du méchant calife Abou Bakr al-Baghdadi les laissent tranquilles, na !
Pendant ce temps-là, dans nos banlieues où l'on s'ennuie, où au lieu d'inviter les jeunes Français d'origine maghrébine à – comme le firent naguère les jeunes Français d'origine arménienne, russe, espagnole, italienne, polonaise – lire Les Trois Mousquetaires, visiter le Louvre, voir Les Enfants du paradis, l'État n'enseigne que le football et d'abstraites « vertus républicaines » qui ne font bander personne, c'est le méchant calife qui leur parle de leur âme ; leur enseigne la transcendance ; leur explique que ce qui fait la grandeur de l'homme, comme l'enseignèrent jadis le Bouddha, Épicure, le Christ, ce n'est pas le Sum, mais le Sursum ; non pas le soi, mais le dépassement de soi ; non pas le confort, mais le sacrifice. C'est ce que ces adolescents rebelles, écorchés vifs, comme le sont depuis toujours les adolescents sensibles, ont soif d'entendre. Éduqués, instruits, ils pourraient devenir de lumineux Aliocha Karamazov, mais, grandissant parmi des adultes plats comme des limandes, ils basculent du côté du calife, de l'archange noir de la mort, du grand méchant loup. Il faut être très bête, ou d'une extraordinaire mauvaise foi, pour s'en étonner.
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15/11/2015
La Manipulation islamique typique...
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
Une photo se répand sur Facebook et chacun y va de son partage avec les mots naïfs qui vont avec...
C’est beau comme un lavabo… Voilà ce que j’ai répondu aux différentes personnes qui ont posté cette photo… je fais, ici, un copier/coller :
Typique...
Alors voyons un peu plus l'ensemble de cette citation tirée de son contexte écrit (je ne parle même pas du contexte temporel, mais juste de ce que ça dit en vérité)...
Sourate 5, donc... donnée après l'Hégire... c'est-à-dire, l'immigration de Mahomet de la Mecque vers Médine et qui marque, en vérité, l'ouverture des Sourates dures, celles de l'épée et de la guerre sainte :
"32. C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre ."
Donc c'est une prescription faite aux juifs... et aussitôt après, Mahomet s'appuie sur cette prescription de la Torah pour interdire aux juifs de rejeter son Message Coranique :"En effet Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre ."
La solution ? Mahomet la donne dés les versets suivants, du 33 au 36 :
"33. La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s'efforcent de semer la corruption sur la terre, c'est qu'ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l'ignominie ici-bas; et dans l'au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment,
34. excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir : sachez qu'alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux.
35. Ô les croyants! Craignez Allah, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent !
36. Si les mécréants possédaient tout ce qui est sur la terre et autant encore, pour se racheter du châtiment du Jour de la Résurrection, on ne l'accepterait pas d'eux. Et pour eux il y aura un châtiment douloureux."
Hamdoullah !
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Pour la Sourate VI, verset 151... Voici le passage complet...
"Dis : "Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N'approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu'en toute justice la vie qu'Allah a fait sacrée. Voilà ce qu'[Allah] vous a recommandé de faire; peut-être comprendrez-vous."
Tuez en toute justice... Quand on lit ce qu'est la justice dans le Coran, autrement dit la Charia, on frémit d'avance...
Par ailleurs, bien que venant après la Sourate V que j'ai évoquée précédemment, cette Sourate est pré-Hégire, elle a été donnée à la Mecque, avant la période du Sabre... donc, elle fait partie des Sourates les plus douces, car au début Mahomet a tenté de convertir les habitants de la Mecque par la simple prédication... mais ça n'a pas vraiment marché... il s'est donc, par la suite, fâché...
Le Coran n'est pas compilé (comme la Bible) dans un ordre chronologique (de la Création de l'Univers et l'aménagement de la terre... à l'Apocalypse chrétienne), mais il part de la Sourate la plus longue (à part la courte Sourate d'introduction) et se termine par la plus courte... c'est sans queue ni tête pour celui qui ne se penche pas sur la trame interne de la constitution du texte.
De plus, chaque fois qu'un texte donné à Médine contredit celui donné à la Mecque, c'est que celui de la Mecque est abrogé, purement et simplement... Les versets abrogés sont les "mansukh", et les versets abrogeants sont les "nasikh"…
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