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02/11/2019

La torpeur moderne

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« Tu me parles de la mine triste de Delisle et de la mine triomphante de Bouilhet. Effets différents de causes pareilles, à savoir : l'amour, le tendre amour, etc., comme dit Pangloss. Si Delisle prenait la vie (ou pouvait la prendre) par le même bout que l'autre, il aurait ce teint frais et cet aimable aspect qui t'ébahit. Mais je lui crois l'esprit empêtré de graisse. Il est gêné par des superfluités sentimentales, bonnes ou mauvaises, inutiles à son métier. Je l'ai vu s'indigner contre des oeuvres à cause des moeurs de l'auteur. Il en est encore à rêver l'amour, la vertu, etc., ou tout au moins la vengeance. Une chose lui manque : le sens comique. Je défie ce garçon de me faire rire, et c'est quelque chose, le rire : c'est le dédain et la compréhension mêlés, et en somme la plus haute manière de voir la vie, "le propre de l'homme", comme dit Rabelais. Car les chiens, les loups, les chats et généralement toutes les bêtes à poils, pleurent. Je suis de l'avis de Montaigne, mon père nourricier : il me semble que nous ne pouvons jamais être assez méprisés selon notre mérite. J'aime à voir l'humanité et tout ce qu'elle respecte, ravalé, bafoué, honni, sifflé. C'est par là que j'ai quelque tendresse pour les ascétiques. La torpeur moderne vient du respect illimité que l'homme a pour lui-même. Quand je dis respect... non : culte, fétichisme. Le rêve du socialisme, n'est-ce pas de pouvoir faire asseoir l'humanité, monstrueuse d'obésité, dans une niche toute peinte en jaune, comme dans les gares de chemin de fer, et qu'elle soit là à se dandiner sur ses couilles, ivre, béate, les yeux clos, digérant son déjeuner, attendant le dîner et faisant sous elle ? Ah ! je ne crèverai pas sans lui avoir craché à la figure de toute la force de mon gosier. »

Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet. Croisset, Nuit de jeudi 2-3 mars 1854

 

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28/10/2019

Lourd à porter

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« Je n’aimais pas moins ; j’aimais plus. Mais le poids de l’amour, comme celui d’un bras tendrement posé au travers d’une poitrine, devenait peu à peu lourd à porter. »

Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien

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27/10/2019

Avec ta chair, avec tes plaintes

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« Je ne peux pas me détacher de toi. Je ne peux pas. Toi, quand c'est fini, tu te lèves, tu t'habilles, tu siffles, tu pars, tu disparais. Pour moi c'est la nostalgie qui commence. Je ne cesse jamais de te vouloir, toi, avec ta chair, avec tes plaintes. »

Violette Leduc, Ravages

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26/10/2019

L'odieux poinçon de la croix et du lys

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« Qu'on le veuille ou non la France est née royaume, elle ne tient que par ses ruines encore debout, et la république y loge non sans malaise : l'héritage lui fait mal, lui fait honte, elle voudrait pouvoir s'en passer, le balancer dans les ténèbres de la préhistoire. Elle en a contracté une sorte de délire contagieux qui nous précipite vers la vérité des autres, n'importe quelle vérité pourvu qu'elle ne porte pas l'odieux poinçon de la croix et du lys. Feu de tout bois pour le bûcher où se consument trop lentement les vérités reçues et demandons à l'hérétique, au barbare, au druide, à l'étrusque, au généticien, au yogui, au bambara, au spoutnik, au zoulou, au lama, au rabbin, au marabout, au maçon, au fakir, au cyclotron, à l'iroquois, au rotary, au physiocrate, au samoyède, au chimpanzé s'il le faut les leçons et lumières qui renverront une bonne fois l'ordre classique au folklore de grand-papa, cet ordre dont nous n'avons plus qu'à rougir et qui voudrait encore qu'on mourût pour lui. »

Jacques Perret, Du tac au tac

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Le délire

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« L'amour déçu dans son excès, l'amour surtout trompé par la fatalité de la mort n'a d'autre issue que la démence. Tant qu'il avait un objet, le fol amour était plus amour que folie ; laissé seul à lui-même, il se poursuit dans le vide du délire. »

Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique

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25/10/2019

Un songe

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« Un songe (me devrais-je inquiéter d'un songe ?)
Entretient dans mon cœur un chagrin qui le ronge.
Je l'évite partout, partout il me poursuit. »

Jean Racine, Athalie

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Ils ont tous les signes et ils n'en tiennent pas compte

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« J'aurais pu rendre une femme heureuse. Enfin, deux ; j'ai dit lesquelles. Tout était clair, extrêmement clair, dès le début ; mais nous n'en avons pas tenu compte. Avons-nous cédé à des illusions de liberté individuelle, de vie ouverte, d'infini des possibles ? Cela se peut, ces idées étaient dans l'esprit du temps ; nous ne les avons pas formalisées, nous n'en avions pas le goût ; nous nous sommes contentés de nous y conformer, de nous laisser détruire par elles ; et puis, très longuement, d'en souffrir.

Dieu s'occupe de nous en réalité, il pense à nous à chaque instant, et il nous donne des directives parfois très précises. Ces élans d'amour qui affluent dans nos poitrines jusqu'à nous couper le souffle, ces illuminations, ces extases, inexplicables si l'on considère notre nature biologique, notre statut de simples primates, sont des signes extrêmement clairs.
Et je comprends, aujourd'hui, le point de vue du Christ, son agacement répété devant l'endurcissement des coeurs : ils ont tous les signes et ils n'en tiennent pas compte. Est-ce qu'il faut vraiment, en supplément, que je donne ma vie pour ces minables ? Est-ce qu'il faut vraiment être, à ce point, explicite ?

Il semblerait que oui. »

Michel Houellebecq, Sérotonine

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14/10/2019

Solitude...

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07/10/2019

Islamophobe...

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20/08/2019

Un lieu scandaleusement inexploité : le corps lui-même

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« Il reste encore un lieu scandaleusement inexploité : le corps lui-même. Voilà le nouveau marché à investir, la "nouvelle frontière à conquérir". Pour cela, il est nécessaire de nous convaincre au préalable que notre corps est déficient, ridiculement peu performant, que nous sommes de pauvres choses qui réclament de toute urgence à être améliorées. Par chance, cela ne s'avère pas trop difficile. D'abord du fait de notre dépendance déjà immense à l'égard de la technologie, qui nous a fait perdre confiance en nos facultés propres. Ensuite, à cause du morcellement de la personnalité induit par les modes de vies contemporains, qui nous prédisposent aux appareillages de toutes sortes. »

« Tel est donc notre lot : vivre dans un monde où certains hommes, pressés et jaloux, veulent que les humains laissent place à des êtres plus performants. Et dans cette galère, tout le monde se trouve bon gré mal gré embarqué. Sans doute sommes-nous nombreux qui préférions rester à quai. Mais, enrôlés de force, nous ne pouvons traiter de mépris les tempêtes qui s’annoncent. Ce n’est pas par joie que nous nous préoccupons du transhumanisme, nous y sommes contraints. »

« La technologie, au fur et à mesure qu'elle se complexifie et que le rythme de l'innovation augmente, marginalise et élimine nécessairement la démocratie. Plus la technologie est sophistiquée, plus la démocratie doit céder le pas à la technocratie. Et plus le rythme de l'innovation croît, moins la démocratie, qui a besoin de temps pour que les débats s'organisent, mûrissent et aboutissent, a de prise sur les événements : elle en est réduite, dans les faits, à entériner ce qui se produit sans elle. Voilà pourquoi, prôner le développement technologique sans limite, tout en prétendant que la démocratie saura prévenir les dérives et veiller à ce que les avancées profitent à toutes-et-tous, est une plaisanterie sinistre. Il est difficile de savoir ce qui domine dans ce genre de propos, entre un raffinement dans le cynisme, afin de désarmer par de belles paroles les oppositions, ou une stupéfiante niaiserie. »

Olivier Rey, Leurre et malheur du transhumansime

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19/08/2019

Une obligation sous peine de bannissement du monde

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« Qu’est-ce que le transhumanisme, tel qu’il se présente à nous ? Rien d’autre que le prolongement d’une logique de découpage de la vie en fonctions, chacune susceptibles d’être "augmentée" par implémentation du dispositif adéquat. On en peut même plus exclure que l’évolution de l’environnement social rende de tels dispositifs nécessaires, et que des prothèses incorporées deviennent aussi indispensables à la vie en société que le sont devenues en très peu de temps ces prothèses encore détachables que sont la carte de crédit ou le téléphone portable. Ce qui est proposé à l’individu comme une possibilité supplémentaire, propre à lui faciliter la vie, pourrait rapidement se révéler une obligation, sous peine de bannissement du monde commun. En témoigne la part grandissante, "contrainte", de la technologie dans le "budget des ménages", au détriment de l’alimentation qui s’ajuste à la baisse : le branchement au réseau se fait plus vital que la nourriture elle-même. Le transhumanisme ne cesse d’en appeler à l’imaginaire de la souveraineté individuelle, mais ne laisse présager qu’une radicalisation de l’aliénation. Il promet d’étendre les pouvoirs de l’individu mais, en réalité, il est porteur d’une exigence d’adaptation à un environnement technologique si hégémonique qu’il ne respecte même plus l’intégrité corporelle. »

Olivier Rey, Leurre et malheur du transhumansime

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18/08/2019

Un chantier permanant

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« Si c'est au nom d'un futur toujours meilleur que le monde a été transformé en un chantier permanent, nous sommes arrivés à un stade où le rapport entre les bénéfices du "développement" et ses nuisances s'avère de plus en plus défavorable. La perte de confiance dans le progrès doit alors être compensé par une inflation de ce qu'il est censé apporter : plus le monde va mal et menace de s'écrouler, plus il faut abreuver les populations de promesses exorbitantes.

Tel est le rôle du transhumanisme -- et peu importe que ce qu'il annonce ne soit pas destiné à se réaliser. Lui accorder trop d'importance, c'est donc se laisser captiver par un leurre. Faudrait-il refuser d'y prêter attention ? Cela n'est pas si simple. Le transhumanisme nous trompe parce qu'il joue en nous sur des ressorts puissants. Se donner une chance de désamorcer la fascination qu'il exerce et le malheur qu'il propage, réclame de mettre à jour ce qui nous rend si vulnérable à ses illusions. »

Olivier Rey, Leurre et malheur du transhumansime

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17/08/2019

Toute activité humaine...

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« Convenons enfin que le régime dans lequel nous évoluons maintenant ne menace plus la démocratie, mais a mis ses menaces à exécution. Nommons-là ploutocratie, oligarchie, tyrannie parlementaire, totalitarisme financier... Que ce soit chanter, se consacrer à la philatélie, frapper dans un ballon, lire Balzac ou fabriquer des moteurs, l'oligarchie s'assure que la moindre opération socialisée s'insère dans une gestion des inscriptions et des codes qui favorisent au sommet la concentration du pouvoir. Toute activité humaine s'organise de façon à ce qu'augmente le capital de ceux qui surplombent l'agrégat d'opérations. Cela nous rend pauvres, à tous égards. »

Alain Deneault, La Médiocratie

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HOWL

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« J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés

     hystériques nus,

se traînant à l’aube  dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre,

initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo

     étoilée dans la mécanique nocturne,

qui pauvreté et haillons et œil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans

     l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet

     des villes en contemplant du jazz,

qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro Aérien et vu des anges

     d’Islam titubant illuminés sur les toits des taudis,

qui ont passé à travers des universités avec des yeux radieux froids hallucinant

     l’Arkansas et des tragédies à la Blake parmi les érudits de la guerre,

qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publications d’odes obscènes

     sur les fenêtres du crâne,

qui se sont blottis en sous-vêtements dans des chambres pas rasés brûlant leur argent

     dans des corbeilles à papier et écoutant la Terreur à travers le mur,

qui furent arrêtés dans leurs barbes pubiennes en revenant de Laredo avec une ceinture

     de marihuana pour New-York,

qui mangèrent du feu dans des hôtels à peinture ou burent de la térébenthine dans

     Paradise Alley, la mort, ou leurs torses purgatoirés nuit après nuit,

avec des rêves, avec de la drogue, avec des cauchemars qui marchent, l’alcool la

     queue les baisades sans fin

incomparables rues aveugles de nuage frémissant et d’éclair dans l’esprit bondissant

     vers les pôles du Canada et de Paterson, illuminant tout le monde immobile du

     Temps-intervalle,

solidités de peyotl des halls, aurores de jardinets arbre vert cimetière, ivresse de

     vin par-dessus les toits, banlieues de vitrines de magasins de fumeurs de haschisch

     de ballade en auto défoncés néon feux rouges clignotants, vibrations de soleil et lune

     et arbre dans rugissants crépuscules d’hivers de Brooklyn, imprécations de poubelle

     et aimable souveraine lumière de l’esprit,

qui s’enchaînèrent pleins de benzédrine sur les rames de métro pour le voyage sans fin

     de Battery au Bronx sacré jusqu’à ce que le bruit des roues et des enfants les firent

     redescendre tremblants débris de bouche et mornes cerveaux cognés toute brillance

     écoulée dans un éclairage lugubre de Zoo,

qui sombrèrent toute la nuit dans la lumière de sous-marin de chez Bickford flottèrent

     à la dérive et restèrent assis durant l’après-midi de bière plate dans le désert de Chez

     Fugazzi écoutant le craquement d’apocalypse du juke-box à hydrogène,

qui parlèrent sans discontinuer  pendant 70 heures du parc à la piaule au bar à l’asile

     au musée au pont de Brooklyn,

un bataillon perdu de platoniques maniaques du dialogue sautant les pentes en bas

     des escaliers de secours en bas des rebords de fenêtres en bas de l’Empire State

     Building hors de la lune,

blablateurs hurlant vomissant murmurant des faits des souvenirs des anecdotes des

     orgasmes visuels et des traumatismes des hôpitaux et des prisons et des guerres,

des intellects entiers dégorgés en mémoire intégrale pour sept jour et sept nuits avec

     des yeux scintillants, viande pour la synagogue jetée sur le pavé,

qui disparurent dans le nulle-part Zen de New Jersey laissant une traînée de cartes

     postales ambiguës d’Atlantic City Hall,

souffrant des sueurs de l’Est et des os sous la meule de Tanger, et des migraines de

     Chine sous le repli de la drogue dans la lugubre chambre meublée de Newark

qui errèrent et errèrent en tournant à minuit dans la cour du chemin de fer en se

     demandant où aller, et s’en allèrent s’en laisser de cœurs brisés,

qui allumèrent des cigarettes dans des wagons à bestiaux wagons à bestiaux wagons

     à bestiaux wagons à bestiaux cahotant à travers neige vers des fermes désolées

     dans la nuit de grand-père.

qui au Kansas étudièrent Plotin Poe Saint Jean de la Croix  la télépathie et la

     cabale bop parce que le Cosmos vibrait instinctivement à leurs pieds,

qui se sont esseulés le long des rues de l’Idaho, cherchant des anges indiens

     visionnaires qui étaient des anges indiens visionnaires

qui ont pensé qu’ils étaient seulement fous quand Baltimore luisait en extase

     surnaturelle,

qui ont sauté dans des limousines avec les Chinois de l’Oklahoma sous

     l’impulsion de la pluie de minuit d’hiver réverbère petite-ville,

qui flânèrent affamés  et tout seuls dans Houston cherchant du jazz, sexe, soupe,

      suivirent l’espagnol brillant pour converser au sujet de l’Amérique et de

     l’Eternité, tâche sans espoir, et ainsi embarquèrent pour l’Afrique,

qui disparurent à l’intérieur des volcans mexicains ne laissant derrière eux que

     l’ombres des blue-jeans et la lave et la cendre de poésie éparpillée dans la

     cheminée de Chicago,

qui réapparurent sur la Côte Ouest enquêtant sur le F.B.I. en barbe et en culottes

     courtes avec de grands yeux de pacifistes sensuels dans leur peau sombre,

     distribuant des tracts incompréhensibles,

qui ont brûlé des trous de cigarettes dans leurs bras en protestant contre la brume

     de tabac narcotique du capitalisme,

qui distribuèrent des brochures sur-communistes à Union Square en pleurant et

     en se déshabillant pendant que les sirènes de Los Alamos les rattrapèrent en

     hurlant, et descendirent Wall Street en hurlant, et  le ferry-boat de Staten Island

     hurlait aussi,

qui s’écroulèrent en pleurant dans des gymnases blancs nus et tremblants devant

     la mécanique d’autres squelettes,

qui mordirent les détectives au cou et poussèrent un cri aigu de plaisir dans les

     paniers à salade pour n’avoir commis aucun crime sauf celui de leur propre

     cuisine et sauvage pédérastie et de leurs intoxication,     

qui hurlèrent à genoux dans le métro et furent traînés du toit en agitant parties

     génitales et manuscrits,

qui se laissèrent enculer par des saints motocyclistes et hurlèrent de joie,

qui sucèrent et furent sucés par ces séraphins humains, les marins, caresses

     d’amour atlantique et caraïbe,

qui baisèrent le matin et le soir dans les roseraies et sur le gazon des jardins

     publics et des cimetières  répandant leur semence à qui que ce soit, jouisse

     qui pourra,

qui secouèrent des hoquets interminables en essayant de rigoler mais qui se

     retrouvèrent en sanglots derrière la paroi du Bain Turc quand l’ange nu

     et blond vint les percer avec une épée,

qui perdirent leurs boys d’amour à trois vieilles mégères du destin la mégère

     borgne du dollar hétérosexuel la mégère borgne qui cligne de l’œil dans

     la matrice et la mégère borgne qui ne fait rien d’autre que de rester assise

     sur son cul et de couper les fils d’or intellectuels du métier  à tisser de     

     l’artisan,

qui copulèrent en extase et insatiables avec une bouteille de bière une fiancée

     un paquet de cigarettes une bougie et tombèrent du lit et continuèrent le

     long du plancher et dans le couloir et s’arrêtèrent au mur évanouis avec

     une vision de vagin et de jouissance suprêmes éludant la dernière éjaculation

     de conscience,

qui sucèrent le con d’un million de filles tremblantes dans le soleil couchant, et

     ils avaient les yeux rouges au matin mais prêts à sucer le con du soleil levant,

     étincelant des fesses dans les granges et nus dans le lac,

qui sortirent draguer à travers le Colorado, dans des myriades de voiture de nuit

     volées, N.C., héros secret de ces poèmes-ci, baiseur et Adonis de Denver –

     joie à sa mémoire d’innombrables baisages de filles dans des terrains vagues et

     dans la cour des restaurants, dans les rangées boiteuses de cinémas, au sommet

     des montagnes dans des grottes ou avec des serveuses maigres dans des

     soulèvements familiers de combinaison solitaire au bord de la route et joie

     spécialement aux solipsismes et aux Toilettes secrètes des stations-services  et

     aussi dans les ruelles de la ville natale,      

qui se dissolvèrent dans de vastes cinémas sordides, furent transférés en rêve, se

     réveillèrent sur un brusque Manhattan, et sortirent des caves se ramassant avec

     une gueule de bois de Tokay-sans-cœur et les horreurs des songes en fer de la

     Troisième Avenue et trébuchèrent vers les bureaux de chômage,

qui marchèrent toute la nuit avec leurs chaussures pleines de sang le long des docks

     enneigés pour attendre qu’une porte sur l’East River s’ouvre sur une chambre

     pleine de chaleur vaporeuse et d’opium,

qui sur les appartements des bords de l’eau de l’Hudson River créèrent de grands

     drames-suicides sous le projecteur bleu du temps de guerre de la lune et leurs têtes

     seront couronnées de laurier dans l’oubli,

qui mangèrent le ragoût de mouton imaginaire ou digérèrent le crabe au fond boueux

     des rivières de la Bowery,

qui sanglotèrent à la romance des rues avec leurs voitures à bras pleines d’oignons et

     de mauvaises musiques,

qui restèrent assis dans des boîtes, respirant dans l’obscurité sous le pont, et se

     relevèrent pour construire des harpes dans leurs greniers,

qui toussèrent au sixième étage de Harlem couronnés de feu  sous le ciel tuberculeux

     entourés par les caisses d’oranges de la théologie,

qui gribouillèrent toute la nuit dans un rock and roll par-dessus des incantations

     éthérées qui dans le matin jaune devenaient des strophes de charabia,

qui firent cuire des poumons cœur pieds queue borsht et tortillas d’animaux pourris

     en rêvant de royaume de pur légume,

qui plongèrent sous un camion à viande cherchant un œuf,

qui jetèrent leurs montres par-dessus le toit pour remplir leur bulletin de vote en

     faveur de l’Eternité hors du Temps, et des réveils leur tombèrent sur la tête tous

     les jours pour les dix années à suivre,

qui se tailladèrent les poignets trois fois de suite sans succès, renoncèrent et furent

     obligés d’ouvrir des magasins d’antiquité, où ils crurent qu’ils devenaient vieux

     et sanglotèrent,

qui furent brûlés vivant dans leurs innocents complet-vestons en flanelle sur la

     Madison Avenue parmi des éclatements de vers en plomb et le fracas emmagasiné

     des régiments de fer de la haute couture et les cris de nitro-glycérine des pédés

     de la publicité et la suffocante moutarde des rédacteurs en chef intelligents, ou

     qui furent écrasés par les taxis ivres de la Réalité Absolue,

qui se jetèrent en bas du Brooklyn Bridge ceci est vraiment arrivé et s’en allèrent à

     pied inconnus et oubliés dans l’hébétement fantôme de la soupe des ruelles et des

     voitures de pompier de Chinatown et pas même une bière à l’œil,

qui chantèrent de désespoir par la fenêtre, tombèrent par la fenêtre du métro, sautèrent

     dans le crasseux Passaic, se jetèrent sur les nègres, pleurèrent partout dans la rue, 

     dansèrent nu-pieds sur des verres de vin brisés et brisèrent des disques de jazz

     allemand nostalgiques de 1930 burent tout le whisky et vomirent en grognant dans

     les W.C. ensanglantés, des râles dans les oreilles et l’explosion de sifflets à vapeur

     géants,

qui descendirent à tombeau ouvert les autoroutes du passé voyageant à la ronde

     solitude-prison Golgotha-stock-car des uns et des autres ou incarnation de jazz

     à Birmingham,

qui traversèrent le pays en voiture pendant soixante-douze heures pour savoir si

     j’avais une vision ou si tu avais une vision ou s’il avait une vision pour savoir

     l’Eternité,

qui se rendirent à Denver, qui moururent à Denver, qui revinrent à Denver, et

     attendirent en vain, qui montèrent la garde à Denver qui broyèrent du noir et

     restèrent tout seul à Denver et finalement s’en allèrent pour savoir le Temps,

     et combien Denver est triste et solitaire pour ses héros,

qui tombèrent à genoux dans des cathédrales sans espoir en priant pour le salut

     des uns et des autres et la lumière et les poitrines, jusqu’à ce que l’âme illumine

     sa chevelure pendant une seconde,

qui en prison se fracassèrent à travers leur cerveau attendant des criminels impossibles

     avec des têtes d’or et le charme de la réalité dans leurs cœurs et chantèrent le doux

     blues d’Alcatraz,

qui se sont retirés au Mexique pour nourrir une intoxication, ou au Rocky Mount au

     tendre Boudha ou à Tanger aux garçons ou sur la ligne du Pacifique Sud à la

     locomotive noire ou à Harvard ou à Narcisse ou à Woodlawn à la guirlande de

     marguerites ou à la tombe,

qui exigèrent qu’un tribunal statue sur la santé mentale accusant la radio d’hypnotisme

     et qui se retrouvèrent avec leur insanité et leurs mains et la décision des jurés en

     suspens,

qui jetèrent de la salade de pomme de terre sur des conférenciers traitant du dadaïsme

     à l’ Université de New-York et par la suite se présentèrent sur les marches en

     granit de l’asile d’aliénés avec leurs têtes rasées et dans un discours d’arlequin de

     suicide exigèrent une immédiate lobotomie,

et à qui fut administré en échange le vide concret de l’insuline du métrasol de

     l’électricité de l’hydrothérapie de la psychothérapie de la thérapie rééducative

     du ping-pong et de l’amnésie,

qui dans une protestation sans humour ne renversèrent qu’une table de ping-pong

     symbolique, tombèrent brièvement en catatonie, revenant des années plus tard

     vraiment chauve sauf une perruque de sang, et des larmes, et des doigts à

     l’apocalypse visible du fou des dortoirs des villes de folie de l’Est,

 asiles fétides de Pilgrim State de Rockland et de Greystone, se querellant avec

     l’écho de l’esprit, dansant le rock and roll dans les royaumes dolmens blancs de

     solitude de minuit de l’amour, rêve de vie un cauchemar, corps transformés

     en pierre aussi lourde que la lune,

avec la mère*****, et le dernier livre fantastique jeté par la fenêtre du taudis, et

     la dernière porte fermée à quatre heures du matin et le dernier téléphone jeté au

     mur sans réponse et la dernière chambre meublée évacuée jusqu’au dernier morceau

     du mobilier mental, un papier jaune se dressait tordu sur le cintre métallique dans le

     placard, et même cela dans l’imagination, rien qu’un petit bout d’hallucination

     encourageant –

ah ! Carl, quand tu n’es pas en sûreté je ne suis pas en sûreté, et maintenant tu es

     vraiment dans la soupe totale animale du temps –

et qui traversèrent donc en courant les rues glacées obsédés par l’éclair brusque de

     l’alchimie de l’usage de l’ellipse le catalogue le mètre et le plan vibratoire,

qui rêvèrent et qui pratiquèrent des brèches incarnées dans le Temps et l’Espace

     par images juxtaposées, et piégèrent l’archange de l’âme entre deux images

     visuelles et joignirent les verbes élémentaires et disposèrent le nom et l’ – de

     conscience ensemble bondissant avec la sensation de Pater Omnipotens

     Aeterna Deus

pour recréer la syntaxe et la mesure de la pauvre prose humaine et rester debout

     devant vous silencieux et intelligent et tremblant de honte, rejeté et pourtant

     confessant l’âme pour s’astreindre au rythme de la pensée dans sa tête nue

     et infinie,

le momo fou et angélique béat dans le Temps, inconnu, et pourtant inscrivant ici

     ce qui pourrait rester à dire au moment venu après la mort,

et se dressèrent réincarnés dans les vêtements fantômes du jazz à l’ombre des

     trompes d’or de l’orchestre et jouèrent la souffrance de l’esprit nu de

     l’Amérique pour l’amour dans un eli eli lamma lamma sabacthani cri de

     saxophone qui fit trembler les villes jusqu’à leur dernière radio

avec le cœur absolu du poème de la vie arraché à leurs propres corps bon à

     manger pour un millénaire.

 

II

Quel sphinx de ciment et d’aluminium a défoncé leurs crânes et dévoré leurs

     cervelles et leur imagination ?

Moloch ! Solitude ! Saleté ! Laideur! Poubelles et dollars impossibles à obtenir!

     Enfants hurlant sous les escaliers ! Garçons sanglotant sous les drapeaux !

     Vieillard pleurant dans les parcs !

Moloch ! Moloch ! Cauchemar de Moloch ! Moloch le sans-amour ! Moloch

     mental ! Moloch le lourd juge des hommes!

Moloch en prison incompréhensible ! Moloch les os croisés de la geôle sans

     âme  et du Congrès des afflictions ! Moloch dont les buildings sont jugements !

     Moloch la vaste roche de la guerre ! Moloch les gouvernements hébétés !

Moloch dont la pensée est mécanique pure ! Moloch dont le sang est de l’argent

     qui coule ! Moloch dont les doigts sont dix armées ! Moloch dont la poitrine

     est une dynamo cannibale ! Moloch dont l’oreille est une tombe fumante !

Moloch dont les yeux sont mille fenêtres aveugles ! Moloch dont les gratte-ciel

     se dressent dans les longues rues comme des Jéhovahs infinis ! Moloch dont

     les usines rêvent et croassent dans la brume ! Moloch dont les cheminées et

     les antennes couronnent les villes !

Moloch dont l’amour est pétrole et pierre sans fin ! Moloch dont l’âme est

     électricité et banques ! Moloch dont la pauvreté est le spectre du génie ! Moloch

     dont le sort est un nuage d’hydrogène asexué ! Moloch dont le nom est Pensée !

Moloch en qui je m’asseois et me sens seul ! Moloch où je rêve d’Anges ! Fou dans

     Moloch ! Suceur de bite en Moloch ! Sans amour et sans homme dans Moloch !

Moloch qui me pénétra tôt ! Moloch en qui je suis une conscience sans corps !

     Moloch qui me fit fuir de peur hors de mon extase naturelle ! Moloch que

     j’abandonne ! Réveil dans Moloch ! lumière coulant du ciel !

Moloch ! Moloch ! Appartements robots ! banlieues invisibles ! trésors squelettiques !

     capitales aveugles ! industries démoniaques ! nations spectres ! asiles invincibles !

     queues de granit ! bombes monstres !

Ils se sont pliés en quatre pour soulever Moloch au Ciel ! Pavés, arbres, radios, tonnes !

     soulevant la ville au Ciel qui existe et nous entoure partout !

Visons ! augures ! hallucinations ! miracles ! extases ! disparus dans le cours du

     fleuve américain !

Rêves ! adorations ! illuminations ! religions ! tout le tremblement de conneries

     sensibles !

Percées ! par-dessus le fleuve ! démences et crucifixions ! disparus dans la crue !

     Envolées ! Epiphanies ! Détresses ! Décades des cris animaux et de suicides !

     Mentalités ! Amours neuves ! Génération folle ! en bas sur les rochers du Temps !

Vrai rire sacré dans le fleuve ! ils ont vu cela ! les yeux fous ! les hurlements sacrés !

     Ils ont dit adieu ! ils ont sauté du toit ! vers la solitude ! gesticulant ! portant des

     fleurs ! En bas dans le fleuve ! dans la rue !

 

III

Carl Solomon ! je suis avec toi à Rockland

          où tu es plus fou que moi

Je suis avec toi à Rockland

          où tu dois te sentir très bizarre

Je suis avec toi à Rockland

          où tu imites l’ombre de ma mère

Je suis avec toi à Rockland

          où tu as assassiné tes douze secrétaires

Je suis avec toi à Rockland

          où tu ris de cet humour invisible

Je suis avec toi à Rockland

          où nous sommes de grands écrivains sur la même machine à écrire

          épouvantable

Je suis avec toi à Rockland

          où ton état devient grave et on en parle à la radio

 

Je suis avec toi à Rockland

          où les facultés du crâne n’admettent plus les parasites des sens

Je suis avec toi à Rockland

          où tu bois le thé au sein des vieilles filles d’Utica

 

Je suis avec toi à Rockland

          où tu fais des calembours sur le corps de tes infirmières les harpies du

          Bronx

Je suis avec toi à Rockland

          où tu hurles dans une camisole de force que tu perds la partie du vrai

          ping-pong de l’abîme

Je suis avec toi à Rockland

          où tu tapes sur le piano catatonique l’âme est innocente et immortelle

          et elle ne devrait jamais mourir sans divinité dans un asile en armes

Je suis avec toi à Rockland

          où cinquante électrochocs supplémentaires ne restitueront pas ton âme

          à ton corps après le pèlerinage à la croix dans le vide

Je suis avec toi à Rockland

          où tu accuses de folie tes médecins et complote la révolution socialiste

          hébraïque contre le Golgotha national fasciste

Je suis avec toi à Rockland

          où tu couperas en deux les cieux de Long Island et où tu opéreras la

          résurrection de ton Christ humain vivant hors de la tombe surhumaine

Je suis avec toi à Rockland

          où il y a vingt-cinq mille camarades fous chantant tous ensemble les

          dernières strophes de l’Internationale

Je suis avec toi à Rockland

          où nous embrassons et caressons les Etats-Unis sous  nos draps les

          Etats-Unis qui toussent toute la nuit et nous empêche de dormir

Je suis avec toi à Rockland

          où nous nous réveillons électrifiés  du coma des avions de notre âme

          vrombissant par-dessus le toit ils viennent lâcher des bombes angéliques

          l’hôpital s’illumine des murs imaginaires s’écroulent Oh ! sortez frêles

          légions en courant Oh ! trauma étoilé de la miséricorde la guerre éternelle

          est là Oh ! victoire oublie tes sous-vêtements nous sommes libres

Je suis avec toi à Rockland

          dans mes rêves tu marches ruisselant d’un voyage en mer sur l’autoroute

          à travers l’Amérique en pleurs à la porte de mon cottage dans la nuit

          occidentale

 

San Francisco, 1955 – 1956

 

 

 

Howl, post-scriptum

 

     Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré !

     Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré ! Sacré !

Le monde est sacré ! L’âme est sacrée ! La peau est sacrée ! Le nez est sacré ! La

     langue et la queue  et la main et l’anus sacrés !

Tout est sacré ! tout le monde est sacré ! partout est sacré ! toute journée est dans

     l’éternité ! tout homme est un ange !

Le clochard est aussi sacré que le séraphin ! le fou est sacré comme tu es sacrée

     mon âme !

La machine à écrire est sacrée le poème est sacré la voix est sacrée les écouteurs

     sont sacrés l’extase est sacrée !

Sacré Peter sacré Allen sacré Solomon sacré Lucien sacré Kerouac sacré Huncke

     sacré Burroughs sacré Cassady sacré l’inconnu sodomisé et les mendiants

     souffrants sacrés les hideux anges humains !

Sacrée ma mère à l’hôpital psychiatrique ! Sacrées les bites des grands-pères du

     Kansas !

Sacré le saxophone rugissant ! Sacrée l’apocalypse bop ! Sacrés les orchestres de

     jazz la marihuana les initiés  la paix et la came et la batterie !

Sacrées les solitudes des gratte-ciels et des trottoirs ! Sacrées les cafeterias remplies

     de multitudes ! Sacrées les mystérieuses rivières de larmes sous les rues !

Sacré le juggernaut solitaire ! Sacré l’immense agneau des classes moyennes !

     Sacrés les bergers fous de la rébellion ! Celui qui aime Los Angeles EST Los

     Angeles !

Sacré New York Sacré San Francisco Sacré Peoria et Seattle Sacré Paris Sacré

     Tanger Sacré Moscou Sacré Istamboul!

Sacré le temps dans l’éternité sacrée l’éternité dans le temps sacrées les horloges

     dans l’espace sacrée la quatrième dimension sacrée la cinquième Internationale sacré

     l’Ange dans Moloch !

Sacrée la mer sacré le désert sacré le chemin de fer sacrée la locomotive sacrée

     les visions sacrées les hallucinations sacrés les miracles sacré le bulbe de

     l’œil sacré l’abîme !

Sacrée la Clémence ! le Pardon ! la Charité ! la Foi ! Sacrés ! nos Corps !

     souffrant ! magnanimité !

Sacrée la surnaturelle intelligence extrêmement brillante bonté de l’âme ! »

 

Allen Ginsberg, Howl et autres poèmes

 

 

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16/08/2019

Il faut penser mou et le montrer

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« Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l'affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l'aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout aucune "bonne idée", la déchiqueteuse en est plein. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et décontractez vos lèvres -- il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé. Il n'y a aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l'incendie du Reischstag, et l'Aurore n'a encore tiré aucun coup de feu. Pourtant l'assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir. »

Alain Deneault, La Médiocratie

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15/08/2019

Des microcosmes d'utopies inversant les rapports d'autorité

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« Impuissante à transformer le grand monde, la critique s'est aussi parfois ingéniée à en construire de petits, des microcosmes d'utopie inversant les rapports d'autorité en se marginalisant du monde dont il n'y a plus rien à attendre, pour se placer soi-même au centre d'un petit tout. Ces mondes plébéiens, féconds en idées et en initiatives, parfois exemplaires dans leur renouvellement gracieux de moments démocratiques, peuvent aussi se développer comme des repaires de confusion où on réinvente l'eau chaude, recompose des "contrats sociaux" qui comportent tous les travers des anciens et se livre à la violence des fondations originelles qui, à leur échelle, n'ont rien d'étranger à certains régimes totalitaires. A la critique succèdent alors le prosélytisme et le manichéisme. »

Alain Deneault, La Médiocratie

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03/08/2019

Christiane Singer

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Christiane Singer

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02/08/2019

Eros et Liberté

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Le Père Philippe Dautais est Prêtre Orthodoxe...

 


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29/05/2019

Adversité

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« Il y a d’abord ceux qui sont mes adversaires par sottise ; ce sont ceux qui ne m’ont pas compris et qui m’ont blâmé sans me connaître. Cette foule considérable m’a causé dans ma vie beaucoup d’ennuis, mais cependant il faut leur pardonner ; ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient.

Une seconde classe très-nombreuse se compose ensuite de mes envieux. Ceux-là ne m’accordent pas volontiers la fortune et la position honorable que j’ai su acquérir par mon talent. Ils s’occupent à harceler ma réputation et auraient bien voulu m’annihiler. Si j’avais été malheureux et pauvre, ils auraient cessé.

Puis arrivent, en grand nombre encore, ceux qui sont devenus mes adversaires parce qu’ils n’ont pas réussi eux-mêmes. Il y a parmi eux de vrais talents, mais ils ne peuvent me pardonner l’ombre que je jette sur eux.

En quatrième lieu, je nommerai mes adversaires raisonnés. Je suis un homme, comme tel j’ai les défauts et les faiblesses de l’homme, et mes écrits peuvent les avoir comme moi-même. Mais comme mon développement était pour moi une affaire sérieuse, comme j’ai travaillé sans relâche à faire de moi une plus noble créature, j’ai sans cesse marché en avant, et il est arrivé souvent que l’on m’a blâmé pour un défaut dont je m’étais débarrassé depuis longtemps. Ces bons adversaires ne m’ont pas du tout blessé ; ils tiraient sur moi, quand j’étais déjà éloigné d’eux de plusieurs lieues. Et puis en général un ouvrage fini m’était assez indifférent ; je ne m’en occupais plus et pensais à quelque chose de nouveau.

Une quantité considérable d’adversaires se compose aussi de ceux qui ont une manière de penser autre que la mienne et un point de vue différent. On dit des feuilles d’un arbre que l’on n’en trouverait pas deux absolument semblables ; de même dans un millier d’hommes on n’en trouverait pas deux entre lesquels il y eût harmonie complète pour les pensées et les opinions. Cela posé, il me semble que, si j’ai à m’étonner, c’est, non pas d’avoir tant de contradicteurs, mais au contraire tant d’amis et de partisans. Mon siècle tout entier différait de moi, car l’esprit humain, de mon temps, s’est surtout occupé de lui-même, tandis que mes travaux, à moi, étaient tournés surtout vers la nature extérieure [37] ; j’avais ainsi le désavantage de me trouver entièrement seul. À ce point de vue, Schiller avait sur moi de grands avantages. Aussi, un général plein de bonnes intentions m’a un jour assez clairement fait entendre que je devrais faire comme Schiller. Je me contentai de lui développer tous les mérites qui distinguaient Schiller, mérites que je connaissais à coup sûr mieux que lui ; mais je continuai à marcher tranquillement sur ma route, sans plus m’inquiéter du succès, et je me suis occupé de mes adversaires le moins possible. »

Johann Wolfgang von Goethe à J. P. Eckermann, Mercredi, 14 avril 1824 ; in "Conversations de Goethe avec Eckermann"

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28/05/2019

Une grande âme

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« La spéculation philosophique est en général mauvaise pour les Allemands, en ce qu’elle rend souvent leur style abstrait, obscur, lâche et délayé. — Plus ils se donnent tout entiers à certaines écoles, plus ils écrivent mal. Au contraire, les Allemands qui écrivent le mieux sont ceux qui, hommes d’affaires, hommes du monde, ne connaissent que les idées pratiques. C’est ainsi que le style de Schiller a toute sa beauté et toute son énergie dès qu’il ne philosophe plus ; je le voyais encore aujourd’hui en lisant ses lettres si remarquables, dont je m’occupe dans ce moment. De même il y a parmi nos femmes allemandes des génies qui écrivent dans un style tout à fait excellent, et qui même surpassent par là plusieurs de nos écrivains estimés. En général les Anglais écrivent tous bien, ils naissent éloquents, et, étant des gens pratiques, ils cherchent la réalité. Les Français ne démentent pas dans leur style leur caractère général. Ils sont de nature sociable, et, à ce titre, n’oublient jamais le public auquel ils parlent ; ils s’efforcent d’être clairs pour convaincre leur lecteur et agréables pour lui plaire. Le style d’un écrivain est la contre-épreuve de son caractère ; si quelqu’un veut écrire clairement, il faut d’abord qu’il fasse clair dans son esprit, et si quelqu’un veut avoir un style grandiose, il faut d’abord qu’il ait une grande âme. »

Johann Wolfgang von Goethe à J. P. Eckermann, Mercredi, 14 avril 1824 ; in "Conversations de Goethe avec Eckermann"

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27/05/2019

J’étais pleinement convaincu que toute révolution est la faute non du peuple, mais du gouvernement

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« Oui, on a raison, je ne pouvais pas être un ami de la Révolution française, parce que j’étais trop touché de ses horreurs, qui, à chaque jour, à chaque heure me révoltaient, tandis qu’on ne pouvait pas encore prévoir ses suites bienfaisantes. Je ne pouvais pas voir avec indifférence que l’on cherchât à reproduire artificiellement en Allemagne les scènes qui, en France, étaient amenées par une nécessité puissante. Mais j’étais aussi peu l’ami d’une souveraineté arbitraire. J’étais pleinement convaincu que toute révolution est la faute non du peuple, mais du gouvernement. Les révolutions seront absolument impossibles, dès que les gouvernements seront constamment équitables, et toujours en éveil, de manière à prévenir les révolutions par des améliorations opportunes ; dès qu’on ne les verra plus se roidir jusqu’à ce que les réformes nécessaires leur soient arrachées par une force jaillissant d’en bas. À cause de ma haine pour les révolutions, on m’appelait un ami du fait existant. C’est là un titre très-ambigu, que l’on aurait pu m’épargner. Si tout ce qui existe était excellent, bon et juste, je l’accepterais très-volontiers. Mais à côté de beaucoup de bonnes choses il en existe beaucoup de mauvaises, d’injustes, d’imparfaites, et un ami du fait existant est souvent un ami de ce qui est vieilli, de ce qui ne vaut rien. Les temps sont dans un progrès éternel ; les choses humaines changent d’aspect tous les cinquante ans, et une disposition qui, en 1800, sera parfaite est déjà peut-être vicieuse en 1850. — Mais il n’y a de bon pour chaque peuple que ce qui est produit par sa propre essence, que ce qui répond à ses propres besoins, sans singerie des autres nations ! Ce qui serait un aliment bienfaisant pour un peuple d’un certain âge sera peut-être un poison pour un autre. Tous les essais pour introduire des nouveautés étrangères sont des folies, si les besoins de changement n’ont pas leurs racines dans les profondeurs mêmes de la nation, et toutes les révolutions de ce genre resteront sans résultats, parce qu’elles se font sans Dieu ; il n’a aucune part à une aussi mauvaise besogne. Si, au contraire, il y a chez un peuple besoin réel d’une grande réforme, Dieu est avec elle, et elle réussit. »

Johann Wolfgang von Goethe à J. P. Eckermann, Dimanche, 4 janvier 1824 ; in "Conversations de Goethe avec Eckermann"

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26/05/2019

Le Démoniaque

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« Dans la poésie, il y a quelque chose de tout à fait démoniaque, et surtout dans cette poésie dont on n’a pas conscience, qui dépasse l’intelligence et la raison, et qui par suite a des effets si merveilleux. Il y a aussi beaucoup de démoniaque dans la musique, car elle est si élevée, qu’elle reste au-dessus de toute intelligence, et elle sait produire des effets qui dominent tout le monde, et dont personne ne peut rendre compte. Aussi le culte religieux ne peut s’en passer ; elle est un des premiers moyens pour exercer sur l’homme des influences merveilleuses.

Le démoniaque se jette aussi volontiers sur les grands individus, surtout quand ils occupent des rangs élevés, comme Frédéric et Pierre le Grand. Il se montrait chez le feu grand-duc à un tel point, que personne ne pouvait lui résister. Sa simple présence exerçait de l’attrait sur les hommes, sans qu’il lui fût nécessaire de se montrer bienveillant et amical. Tout ce que j’ai entrepris sur son conseil m’a réussi ; aussi, lorsque j’étais embarrassé, j’avais l’habitude de lui demander ce qu’il me fallait faire ; il me le disait instinctivement, et je pouvais être sûr d’une heureuse issue. — Il eût été à souhaiter qu’il pût se mettre en possession de mes idées et de mes grands projets, car lorsque l’esprit démoniaque le quittait, resté avec ses seules facultés humaines, il était embarrassé. Dans Byron aussi le démoniaque a été très-énergique, c’est là ce qui explique ses qualités attractives, auxquelles les femmes surtout ne pouvaient résister. »

Johann Wolfgang von Goethe à J. P. Eckermann, Mardi, 8 mars 1831 ; in "Conversations de Goethe avec Eckermann"

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25/05/2019

Un grand souverain

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« Pour être populaire, un grand souverain n’a besoin que de sa grandeur même. A-t-il fait de telle sorte que son État soit heureux à l’intérieur, considéré à l’extérieur, il peut alors paraître dans un carrosse officiel avec ses décorations, ou dans un mauvais droschky, enveloppé d’une peau d’ours, le cigare à la bouche ; tout est indifférent ; il a gagné l’affection de son peuple, et on conserve toujours le même respect pour lui. — Si, au contraire, un prince manque de grandeur personnelle et s’il ne sait pas, par ses bienfaits, gagner l’amour des siens, alors il sera obligé de chercher un autre moyen d’union, et il n’y en a pas de meilleur et de plus efficace que la religion, la jouissance et l’usage commun des mêmes pratiques. Paraître tous les dimanches à la messe, regarder de la tribune la paroisse et s’en laisser voir pendant une petite heure, voilà un excellent moyen de popularité que l’on pourrait indiquer à tout jeune souverain et que Napoléon lui-même, malgré toute sa grandeur personnelle, n’a pas dédaigné. »

Johann Wolfgang von Goethe à J. P. Eckermann, vendredi 3 avril 1829 ; in "Conversations de Goethe avec Eckermann"

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24/05/2019

L’embryon

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« Le monde est si grand et si riche, la vie si variée, que jamais les sujets pour des poésies ne manqueront. Mais toutes les poésies doivent être des poésies de circonstance, c’est-à-dire que c’est la réalité qui doit en avoir donné l’occasion et fourni le motif. Un sujet particulier prend un caractère général et poétique, précisément parce qu’il est traité par un poëte. Toutes mes poésies sont des poésies de circonstance ; c’est la vie réelle qui les a fait naître, c’est en elle qu’ils trouvent leur fonds et leur appui. Pour les poésies en l’air, je n’en fais aucun cas.

Que l’on ne dise pas que l’intérêt poétique manque à la vie réelle, car justement on prouve que l’on est poëte lorsqu’on a l’esprit de découvrir un aspect intéressant dans un objet vulgaire. La réalité donne le motif, les points principaux, en un mot l’embryon ; mais c’est l’affaire du poëte de faire sortir de là un ensemble plein de vie et de beauté. Vous connaissez Fürnstein, que l’on appelle le poète de nature. Il a fait un poème sur la culture du houblon ; et il n’y a rien de plus joli. Je lui ai conseillé de faire des chansons d’ouvrier, et surtout des chansons de tisserand, et je suis persuadé qu’il réussira, car il a vécu depuis sa jeunesse parmi des tisserands ; il connaît à fond son sujet, et il sera maître de sa matière. Et c’est justement là l’avantage des petits sujets ; on n’a besoin de choisir et on ne choisira que des matières que l’on connaît et dont on est maître. Mais dans une grande machine poétique, il n’en est pas ainsi ; on ne peut pas reculer ; tout ce qui est compris dans l’ensemble du poëme, tout ce qui fait partie du plan conçu doit être peint, et cela avec une vérité frappante. Or, quand on est jeune, on ne connaît qu’un seul côté des choses, et il faut les connaître tous pour une grande œuvre ; aussi on échoue.

(...)

Surtout je veux vous mettre en garde contre les grandes inventions puisées en vous-même, car alors on cherche à exposer un point de vue des choses, et quand on est jeune, ce point de vue est rarement juste. Il est trop tôt. Et puis le poëte, avec les caractères qu’il invente et les idées qu’il développe, perd une partie de son être, et plus tard, dans les autres productions, il n’a plus la même riche abondance ; il s’est dépouillé lui-même. Et enfin, pour imaginer, pour ordonner, combiner, nouer, que de temps consumé dont personne ne nous sait gré, en supposant que nous arrivions au bout de notre travail ! Au contraire, si l’on n’invente pas son sujet, si on le prend tout donné, tout est bien différent, tout est bien plus facile. Les faits, les caractères existent déjà, le poëte n’a que la vie à répandre partout. De plus, il reste possesseur de ses propres richesses intérieures, car il n’a à fournir que peu de lui-même. Sa dépense de temps et de force est aussi bien moindre, car il n’a que la peine de l’exécution. Je conseille, oui, même des sujets déjà traités. Combien d’Iphigénies n’a-t-on pas faites, et cependant toutes sont différentes ; chacun a vu et disposé les choses différemment, parce que chacun a suivi ses instincts.

Ainsi laissez maintenant de côté toute grande entreprise. Vous travaillez péniblement depuis assez de temps ; il faut que vous connaissiez maintenant ce que la vie renferme de joies, et pour cela le meilleur moyen, c’est de vous occuper de petites poésies. »

Johann Wolfgang von Goethe à J. P. Eckermann, Iéna, jeudi, 18 septembre 1823 ; in "Conversations de Goethe avec Eckermann"

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Maestria

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« Qui ne connaît la clé peut avoir toutes les intuitions possibles, il demeure en marge de la culture. Le style est la maestria de la parole. Et cette maestria est tout. Dans le monde de l’esprit, les vérités platement exprimées ne persistent pas, alors que les erreurs et les paradoxes enveloppés de charme et de doute s’installent dans la quasi éternité des valeurs – on sait que ces dernières ne sont que des paroles auxquelles nous consentons avec un sentiment de respect vague ou précis, selon les circonstances et notre humeur. »

Emil Cioran, De la France

 

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