03/01/2019
Fatalité
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« Les dragons sont vulnérables et mortels. Les héros et les dieux peuvent toujours revenir. Il n’y a de fatalité que dans l’esprit des hommes. »
Dominique Venner, Le cœur rebelle
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02/01/2019
C'est probablement là qu'il faudrait chercher
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« "Je n'arrive pas à saisir ce que l'enfance a laissé en chacun d'entre nous, ni même si elle a laissé quelque chose. Et pourtant, elle ne cesse de nous faire avouer à nous-mêmes ce qu'à la vérité, nous sommes..." C'est probablement là qu'il faudrait chercher. Laideurs, lâcheté, promesses non tenues à soi-même, camouflages commodes, attitudes usurpées, j'avais dû souvent me conduire à l'opposé de mes fiertés et comme je n'avais pas voulu en changer pour me conserver une flatteuse image de moi-même, j'oubliais... »
Jean Raspail, L’île bleue
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Sortir de l'enfance...
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« Sortir de l’enfance, c’est franchir un mur. On se hisse plus ou moins adroitement. On passe la tête. On découvre un paysage différent et saute de l’autre côté parce qu’il n’y a rien d’autre à faire que de sauter. On se reçoit plus ou moins bien. Certains se blessent et s’en remettent mal. D’autres peuvent même en mourir, au propre ou au figuré. »
Jean Raspail, L’île bleue
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01/01/2019
L'un est blanc et l'autre noir
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« Aucun remède : on ne change pas l'homme blanc, on ne change pas l'homme noir tant que l'un est blanc et l'autre noir et que tout, absolument tout ne s'est pas fondu dans du café au lait. L'un détestait. L'autre méprisait. Égaux, ils se haïssent. »
Jean Raspail, Le Camp des saints
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Plein le dos de la France, surtout plein le dos de l’Europe, plein le dos de la terre
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« 1er janvier 1945.
La tentation revient, très forte. Peut-être ai-je ce qu’il faut pour le faire : un peu de laudanum mélangé à quelques pilules de dialeate (?). Je le ferai dans un bois, ou près d’une rivière, et tomberai dans la rivière endormi. J’ai peur du froid de la rivière. Mais j’en ai plein le dos de ce nouveau roman, plein le dos de la maison, plein le dos de la France, surtout plein le dos de l’Europe, plein le dos de la terre. Je n’arrive plus à m’intéresser aux "choses", aux "gens", aux "problèmes".
Je lis un vieux manuel de psychopathie : Maniaques, fous, mélancoliques, vous êtes frères. Quelle petite différence entre vous et nous : peut-être dira-t-on que j’étais fou.
Et je suis si calme, si lucide.
— Il y a aussi un point d’honneur : "Quand on a commencé une telle chose, il faut la finir", dit le samouraï.
— À d’autres moments, je pense à mes "camarades" en prison. Pas un seul, au cours du procès, ne semble avoir montré de la fierté. Ils étaient abattus, nous l’étions tous : j’irais et je montrerais qu’il y avait des gens bien à avoir ces idées. Un et deux. 1 et 2 prouvent que je suis encore, dans mes parties les plus faibles, plein de pensées frivoles.
Je n’ai fait aucun progrès dans la concentration. La raison en est ce roman qui me distrait. Et, aussi, je ne suis pas un homme capable de se concentrer, je suis le dernier à pouvoir le faire. Je suis un homme de rêve, ce qui est autre chose. »
Pierre Drieu la Rochelle, Journal (1944-1945)
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19/11/2018
De Gaulle, Pétain, la France : Finkielkraut reçoit Eric Zemmour et Paul Thibaud
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05/11/2018
Un moyen d’abréger miséricordieusement le massacre en Orient
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« Jusqu’alors nous avions envisagé l’assaut de l’archipel nippon sous forme de bombardements aériens effroyables et de débarquements de très grandes armées. Nous nous attendions à ce que les Japonais résistent jusqu’à la mort, dans la tradition des samouraïs, non seulement lors de batailles rangées, mais aussi dans chaque souterrain et chaque fossé. J’avais toujours présent à l’esprit le spectacle de l’ile d’Okinawa, où des milliers de Japonais, refusant de se rendre, s’étaient alignés et suicidés avec des grenades après que leurs chefs eurent solennellement accompli les rites du hara-kiri. Réduire cette résistance homme par homme et conquérir le pays mètre par mètre pouvait coûter le sacrifice d’un million de soldats américains et d’un demi-million de Britanniques – voire davantage si nous pouvions les acheminer jusque-là, car nous étions résolus à partager l’épreuve. Or, voici que s’évanouissaient ces visions dantesques, remplacées par la perspective – apparemment séduisante et lumineuse – de mettre fin à la guerre en une ou deux violentes secousses. Je pensai immédiatement que le peuple japonais, dont j’avais toujours admiré le courage, pouvait trouver dans l’apparition de cette arme presque surnaturelle un prétexte pour sauver l’honneur et se libérer de l’obligation de se faire tuer jusqu’au dernier combattant.
De plus, nous n’aurions plus besoin des Russes : la fin de la guerre contre le Japon ne dépendait plus du déferlement de leurs armées pour participer au massacre final et sans doute prolongé ; nous n’avions plus de faveur à leur demander. L’ensemble des problèmes européens pouvait donc être traité indépendamment et conformément aux grands principes des Nations unies. Nous paraissions être soudainement entrés en possession d’un moyen d’abréger miséricordieusement le massacre en Orient et de voir s’ouvrir des perspectives bien plus souriantes en Europe. Je ne doutais pas que ces mêmes pensées habitaient l’esprit de nos amis américains. En tout cas la question de savoir s’il fallait ou non utiliser la bombe atomique ne se posa pas un seul instant ; prévenir une immense et interminable boucherie, terminer la guerre, apporter la paix au monde, imposer des mains apaisantes sur les blessures de ses populations torturées grâce à la démonstration de puissance irrésistible de quelques explosions, voilà qui apparaissait comme un miracle de délivrance survenant après tous nos tourments et tous nos périls.
Les Britanniques avaient donné leur consentement de principe à l’emploi de l’arme dès le 4 juillet, avant que l’essai n’eut été effectué. Il appartenait désormais au président Truman, qui disposait de l’engin, de prendre la décision définitive ; mais je ne doutais pas un seul instant de ce qu’elle serait, pas plus que je n’ai douté depuis lors de sa justesse. Il demeure historiquement établi, et il faudra en juger avec le recul, que la question de l’utilisation de la bombe atomique pour contraindre le Japon à capituler ne s’est pas même posée. Autour de notre table, l’accord fut unanime, automatique et incontesté, et je n’ai jamais entendu personne laisser entendre le moins du monde que nous aurions dû agir autrement. »
Winston Churchill, Mémoires de Guerre, 1941-1945
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03/11/2018
Couples...
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« À quel point le registre des caresses est limité, cela est lugubre. Ces couples, aussi identiques l’un à l’autre dans ce qu’ils ressentaient, qu’ils l’étaient dans leur posture, finirent par l’excéder, avec leur conviction qu’il n’y avait qu’eux au monde, les sourires qu’ils vous adressaient pour vous convier à admirer leur bonheur, tout cela pour finir par le vitriol et les intraveineuses. Vraiment, une masse cyclopéenne de vulgarité (littérature, cinéma, journaux, romances…) pesait sur ce pauvre couple homme-femme ; il était amer de ne pouvoir sortir de là. »
Henry de Montherlant, Les jeunes filles
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02/11/2018
Il rend les hommes idolâtres d'eux-mêmes
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« L’amour-propre est l’amour de soi-même et de toutes choses pour soi (*1*) ; il rend les hommes idolâtres d'eux-mêmes, et les rendrait les tyrans des autres, si la fortune leur en donnait les moyens. Il ne se repose jamais hors de soi, et ne s’arrête dans les sujets étrangers que comme les abeilles sur les fleurs, pour en tirer ce qui lui est propre. Rien n’est si impétueux que ses désirs ; rien de si caché que ses desseins, rien de si habile que ses conduites ; ses souplesses ne se peuvent représenter, ses transformations passent celles des métamorphoses, et ses raffinements ceux de la chimie. On ne peut sonder la profondeur, ni percer les ténèbres de ses abîmes : là il est à couvert des yeux les plus pénétrants; il y fait mille insensibles tours et retours ; là il est souvent invisible à lui-même; il y conçoit, il y nourrit et il y élève, sans le savoir, un grand nombre d’affections et de haines; il en forme de si monstrueuses que, lorsqu’il les a mises au jour, il les méconnaît, ou il ne peut se résoudre à les avouer. De cette nuit qui le couvre naissent les ridicules persuasions qu’il a de lui-même : de là viennent ses erreurs, ses ignorances, ses grossièretés et ses niaiseries sur son sujet ; de là vient qu’il croit que ses sentiments sont morts lorsqu’ils ne sont qu’endormis, qu’il s’imagine n’avoir plus envie de courir dès qu’il se repose, et qu'il pense avoir perdu tous les goûts qu'il a rassasiés. Mais cette obscurité épaisse qui le cache à lui-même, n’empêche pas qu’il ne voie parfaitement ce qui est hors de lui : en quoi il est semblable à nos yeux, qui découvrent tout et sont aveugles seulement pour eux-mêmes. »
(*1*) Pascal (Pensées, article II, 8) : "La nature de l'amour-propre et de ce moi humain est de n’aimer que soi et de ne considérer que soi " — Meré (maxime 531) : "C’est quelque chose de si commun et de si fin que l’intérêt, qu’il est toujours le premier mobile de nos actions, le dernier point de vue de nos entreprises..."
François de La Rochefoucauld, Réflexions ou sentences et maximes morales
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29/10/2018
Athènes et Jérusalem
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« Les Grecs sont, avec les Juifs, la race du monde la plus férue de politique. Si désespérée que soit leur situation, si grave que soit le péril menaçant leur pays, ils restent divisés en maints partis, avec de nombreux chefs qui se combattent avec acharnement. On a dit très justement que partout où il y avait trois Juifs, on trouve deux premiers ministres et un chef de l’opposition ; il en est de même pour cette autre race ancienne et célèbre, dont la lutte pour la vie, tumultueuse et sans fin, remonte aux origines de la pensée humaine. Il ne s’est pas trouvé deux autres races pour marquer le monde d’une empreinte si profonde. Elles ont montré toutes deux une capacité de survie, malgré les périls incessants et les souffrances infligées par des oppresseurs étrangers, qui n’avait d’égale que leur pouvoir de fomenter éternellement des vengeances, des discordes et des convulsions intestines.
Le passage des millénaires n’a en rien modifié leur caractère ni diminué leurs épreuves ou leur vitalité ; elles ont survécu en dépit de toute l’hostilité du monde à leur égard, de tout le mal qu’elles ont pu s’infliger, et l’une comme l’autre, sous des aspects si différents, nous a légué l’héritage de son génie et de sa sagesse. Il n’y a pas deux autres cités qui aient compté autant pour l’humanité qu’Athènes et Jérusalem ; leurs messages religieux, philosophiques et artistiques ont été les phares dominants de la foi et de la culture modernes. Malgré des siècles de domination étrangère et d’une oppression aussi indescriptible qu’inimaginable elles restent dans le monde moderne des collectivités et des forces vivantes, actives, se disputant entre elles avec une insatiable ardeur. Pour ma part, j’ai toujours pris le parti de l’une comme de l’autre et je crois à leur invincible pouvoir de survivre à toutes les querelles internes et à toutes les tourmentes du monde qui menacent de les anéantir. »
Winston Churchill, Mémoires de Guerre, 1941-1945
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23/10/2018
Eric Zemmour : La France (Sud Radio)
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22/10/2018
Stéphane Zagdanski sur l'antisémitisme de Louis-Ferdinand Céline
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19/10/2018
André Bercoff reçoit Michel Onfray
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15/10/2018
Conférence de Laurent Obertone à Orange
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11/10/2018
Éric Zemmour : "Destin français"
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07/10/2018
Laurent Obertone lève le tabou de l'immigration !
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06/10/2018
Maxence Caron, "L'Homo Festivus de Philippe Muray"
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05/10/2018
Eric Zemmour, brillant...
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L'action
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« Lassé des mots, lassé des livres,
Qui tiédissent la volonté,
Je cherche, au fond de ma fierté,
L’acte qui sauve et qui délivre.
Lassé des mots, lassé des livres,
Je veux le glaive enfin qui taille
Ma victoire, dans la bataille.
La vie, elle est là-bas violente et féconde,
Qui mord, à galops fous, les grands chemins du monde,
Dans le tumulte et la poussière ;
Les forts se sont pendus à sa crinière
Et soulevés, par elle et par ses bonds,
De prodige en prodige,
Ils ont gravi, à travers pluie et vent, les monts
Des démences et des vertiges.
J’en sais qui la dressent dans l’air
Les crins volant, sur ciel d’orage,
Avec des bras en sang et des affres de rage.
D’autres qui la rêvent profonde,
Comme une mer,
Dont l’abîme repousse et rejette les ondes.
J’en sais qui la veulent froide, mais obstinée,
Jaugeant, à coup de calculs clairs,
Le vague amas des destinées.
J’en sais qui l’espèrent vêtue
Du silence charmeur des fleurs et des statues.
J’en sais qui l’évoquent, partout,
Où la douleur se crispe, où la colère bout.
J’en sais qui la cherchent encore,
Après la nuit, pendant l’aurore,
Lorsque déjà elle est assise, au seuil
Abandonné de leur orgueil.
La vie en cris ou en silence,
La vie en lutte ou en accord,
Avec la vie, avec la mort,
Avec le bruit ou le silence,
Elle est là bas, sous des pôles de cristal blanc,
Où l’homme innove un chemin lent ;
Elle est, ici, dans la ferveur ou dans la haine,
De l’ascendante et rouge ardeur humaine ;
Elle est, parmi les flots des mers et leur terreur,
Sur des plages, dont nul n’a exploré l’horreur,
Elle est dans les forêts, aux floraisons lyriques,
Dont s’exaltent les monts et les fleuves d’Afrique,
Elle est, où chaque effort grandit
Onde à onde, vers l’infini,
Où le génie extermine les gloses,
Criant les faits, montrant les causes
Et préparant l’élan des géantes métamorphoses.
Lassé des mots, lassé des livres,
Je cherche en ma fierté,
L’acte qui sauve et qui délivre.
Et je le veux puissant et entêté,
Lucide et pur, comme un beau bloc de glace ;
Sans crainte et sans fallace,
Digne de ceux
Qui n’arborent l’orgueil silencieux
Loin du monde, que pour eux-mêmes.
Et je le veux trempé, dans un baptème
De nette et claire humanité,
Montrant à tous sa totale sincérité
Et reculant, en un geste suprême,
Les frontières de la bonté.
Ô vivre et vivre et se sentir meilleur
À mesure que bout plus violent mon cœur ;
Vivre plus clair, dès qu’on marche, en conquête,
Vivre plus haut encor, dès que le sort s’entête
À dessécher la force et l’audace des bras ;
Rêver, les yeux hardis, à tout ce qu’on fera
De pur, de grand, de juste, en ces Chanaans d’or,
Qui surgiront, quand même, au bout du saint effort,
Ô vivre et vivre, éperdument,
En ces heures de solennel isolement,
Où le désir attise, où la pensée anime,
Avec leurs espoirs fous, l’existence sublime.
Lassé des mots, lassé des livres,
Je veux le glaive enfin qui taille
Ma victoire, dans la bataille.
Et je songe, comme on prie, à tous ceux
Qui jaillissent, héros ou Dieux,
À l’horizon de la famille humaine ;
Comme des arcs-en-ciel prodigieux,
Ils se posent, sur les domaines
De la misère et de la haine ;
Les effluves de leur exemple
Pénètrent l’air, les murs, les clos, les temples,
Si bien que la foule, soudain,
Voulant aimer, voulant connaître
Le sens nouveau qu’impose, avec hauteur, leur être,
Aux attitudes du destin,
Déjà sculpte son âme à leur image,
Pendant que disputent et s’embrouillent encor,
À coups de textes morts
Et de dogmes, les sages.
Alors, on voit les paroles armées
Planer sur les luttes et les exploits
Et, clairs, monter les fronts et vibrantes, les voix
Et — foudre et or — voler au loin les Renommées ;
Alors, aussi, ceux qui réchauffent leur âme,
À l’incendie épars des souvenirs,
Tendent les mains et saisissent l’épée en flamme
Et en éclairs vers l’avenir ! »
Émile Verhaeren, "L'action" in Les visages de la vie
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04/10/2018
Ma race
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« Je suis le fils de cette race
Dont les cerveaux plus que les dents
Sont solides et sont ardents
Et sont voraces.
Je suis le fils de cette race
Dont les desseins ont prévalu
Dans les luttes profondes
De monde à monde,
Je suis le fils de cette race
Tenace
Qui veut, après avoir voulu,
Encore, encore et encore plus !
Races d'Europe et des soudaines Amériques,
- Ma race ! - Oh ! que vos pas sont beaux
Quand ils portent sur les sommets lyriques
Toujours plus haut
Les feux maintenus clairs des antiques flambeaux !
Le monde entier est ce jardin des Hespérides
Où vous cueillez, parmi des arbres tors,
Avec des bras fougueux, avec des mains torrides,
La force et le savoir, la volonté et l'or.
S'ils furent lourds, vos coups, dans les luttes fatales,
Du moins votre oeuvre immortelle et mentale
Recouvre, avec ses ailes de clarté,
L'oeuvre basse de cruauté.
Vos noms ? Qu'importent ceux dont l'histoire vous nomme ;
Vous vous reconnaissez toutes, au même sceau
Empreint sur vos berceaux,
D'où se lèvent les plus purs des hommes.
Avec des regards nets, puissants et ingénus,
Vous explorez la terre entière ;
Toute lueur qui filtre, à travers l'inconnu,
Devient, entre vos mains, une énorme lumière.
L'urgence d'innover vous étreint le cerveau
Et vous multipliez les escaliers mobiles
Et les rampes et les paliers nouveaux,
Là-haut, autour des vérités indélébiles.
Trouver, grouper, régler, choisir et réformer.
Vos voyages, vos recherches, votre science,
Tout se ligue pour vous armer
D'une plus lucide conscience.
Vous vous servez de l'air, de l'eau, du sol, du feu,
Vous les exorcisez de leurs terreurs dardées ;
Ceux qui furent, aux temps liturgiques, les Dieux,
S'humanisent et ne sont plus que vos idées.
Tout se règle, tout se déduit, tout se prévoit.
Le hasard, fol et vieux, sous vos calculs, se dompte ;
L'action vibre en vous, mais sans geste, sans voix,
Et ne fait qu'un avec l'intelligence prompte.
Ô les races magnifiques ! L'Est, l'Ouest, le Nord,
Terre et cieux, pôles et mers sont vos domaines.
Régnez : puisque par vous la volonté du sort
Devient de plus en plus la volonté humaine. »
Émile Verhaeren, "Ma race" in Les Forces tumultueuses
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Méditation
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« Heureux, ceux-là, Seigneur, qui demeurent en toi,
Le mal des jours mauvais n’a point rongé leur âme,
La mort leur est soleil et le terrible drame
Du siècle athée et noir n’entame point leur foi.
Obscurs pour nos regards, ils sont pour toi les lampes,
Que les anges sur terre, avec leurs doigts tremblants,
Allument dans les soirs mortuaires et blancs
Et rangent comme un nimbe à l’entour de tes tempes.
Heureux le moine doux, pour qui l’orgueil n’est point,
Dont les yeux n’ont jamais, si ce n’est en prière,
Comme des braises d’or avivé leur lumière
Et dont l’amour retient le cœur à ton cœur joint.
Son esprit lumineux, telle une aube pascale,
Jette des feux pieux comme des fleurs de ciel ;
Il marche sans péché, ni désir véniel,
Comme en une fraîcheur de paix dominicale.
Heureux le moine saint s’abattant à genoux,
Devant ta croix, dressant au ciel ses larges charmes,
Et qui lave ton nom avec les mêmes larmes
Que nous prostituons à nos douleurs à nous.
Son cœur est tel qu’un lac dans la montagne blanche,
Qui réverbère en ses pâles miroirs dormants
Et ses vagues de prisme emplis de diamants
Toute clarté de Dieu qui sur terre s’épanche.
Heureux le moine rude, ardent, terrible, amer,
Dont le sang se déperd aux larmes des supplices,
Dont la peau se lacère aux griffes des cilices
Et qui traîne vers toi les loques de sa chair.
Pour en tordre le mal, ses mains tortionnaires
Ont d’un si noir effort étreint son corps pâmé,
Qu’il n’est plus qu’âme enfin et qu’il vit sublimé,
Tout seul, comme un rocher meurtri par les tonnerres.
Heureux les moines grands, heureux tous ceux qui vont
Là-bas, en des chemins de paix et de prière,
Les regards aimantés par la vague lumière
Qui se fait deviner par delà l’horizon. »
Émile Verhaeren, "Méditation" in Les moines
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20/09/2018
De plus en plus difficile de ne pas être un salaud
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« Plus que jamais on n'est "motivé" dans son travail que quand on est ambitieux socialement, quand on a envie de faire gagner beaucoup d'argent à son entreprise, et d'en gagner beaucoup soi-même. Pour les autres, ceux qui ne sont pas spontanément acquis à la cause de l'Economie déchaînée, il n'est pas facile d'échapper au constat que travailler sans contribuer d'une façon plus ou moins intolérable au scandale qu'est notre société relève de l'exploit. Il y a dans notre génération comme une conscience diffuse et douloureuse qu'il est de plus en plus difficile de ne pas être un salaud, dans ce qu'on fait au quotidien et qui nous fait vivre. »
Matthieu Amiech, Le cauchemar de Don Quichotte. Sur l'impuissance de la jeunesse d'aujourd'hui
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12/09/2018
Finkielkraut : A la recherche du temps présent
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&
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Merci à Paglop...
Qu'est ce que le roman en particulier, et la littérature en général, ont à dire sur le monde contemporain qui ne peut se résumer aux enquêtes et statistiques des sciences sociales.
Sans les sciences sociales nous ne saurions pas comment la société fonctionne. Elle nous ouvre les yeux sur le monde dans lequel nous baignons et nous évoluons. Elle nous révèle en outre notre propre fonctionnement. Elle montre, impitoyable, ce qui pense en nous quand nous croyons naïvement agir et penser par nous même. On peut leur savoir gré de cette démystification salutaire sans leur abandonner pour autant tout le terrain. Le mot de science est certes intimidant mais il ne confère pas aux sciences sociales le monopole du vrai. Il y a d'autres accès à la réalité que celui que leurs enquêtes et leurs statistiques nous ménagent. L'étude du temps est aussi affaire de la littérature.
Avec Benoît Duteurtre, pour son livre "Pourquoi je préfère rester chez moi" et Patrice Jean pour "L'homme surnuméraire"...
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11/09/2018
La force
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« La peur du péché semble à beaucoup, par une dangereuse illusion, la peur d’une responsabilité, le refus de courir un risque, comme s’il fallait plus de courage pour commettre le péché que pour y renoncer. En vérité le péché tente, il attire, on y tombe. La force demanderait plutôt que l’on surmonte la tentation. »
Claude Jean-Nesmy, Saint Benoit et la vie monastique
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L’option fondamentale entre Dieu et Satan.
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« Qui éprouverait à présent de l’angoisse à l’idée qu’il se bat réellement contre Satan ? Tel est pourtant un des aspects essentiels d’une spiritualité qui n’est pas seulement celle de Saint Benoit, mais de tous les Pères du désert, et de Saint Paul lui-même qui, le premier, nous parle du dur combat contre le Prince de ce monde. Est-il d’ailleurs tellement inattendu qua la paix soit le prix d’une lutte sans concession ? La sagesse des nations nous l’enseigne autant que l’existence du Patriarche des moines : la véritable paix ne résulte jamais d’une démission ou d’une fuite devant nos responsabilité ; elle s’achète au prix d’un choix. Que l’on prenne avec Saint Augustin l’image des deux cités, ou avec Saint Ignace celle des deux étendards, c’est toujours, plus simplement, l’option fondamentale entre Dieu et Satan.
L’illusion serait pourtant d’imaginer que l’on puisse prendre parti une fois pour toutes, en entrant au monastère par exemple. Ainsi pense naïvement tous ceux qui voit dans cette décision la fin du combat et l’établissement dans une paix désormais inaltérable. Que l’on en félicite les moines ou que l’on leur reproche comme une trahison, et comme l’acquisition à trop bon compte d’une félicité sans ombre, c’est la même erreur. Quiconque, au contraire, se jette résolument à la poursuite des réalités surnaturelles, doit bientôt sentir s’affronter en lui Dieu et le diable. Tout engagement pour Dieu entraîne ainsi la nécessité de s’armer contre l’ange déchu. Cela est bien visible dès le premier engagement chrétien, que sanctionne le sacrement du baptême : la renonciation à Satan va de pair avec l’enrôlement dans l’Eglise. Il n’en est point autrement dans la vie monastique. »
Claude Jean-Nesmy, Saint Benoit et la vie monastique
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