22/04/2019
Le bonheur...
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« Un jour, Camus nous avait dit : "Le bonheur, ça existe, ça compte ; pourquoi le refuser ? En l’acceptant, on n’aggrave pas le malheur des autres ; et même, ça aide à lutter pour eux. Oui, avait-il conclu, je trouve regrettable cette honte qu’on éprouve aujourd’hui à se sentir heureux."»
Simone de Beauvoir, La force des choses I
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Heureux ou malheureux ?
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« Suis-je heureux ou malheureux ? La question a peu d’importance. Je vis avec un tel emportement. Des choses, des êtres m’attendent et sans doute je les attends aussi et les désire de toute ma force et ma tristesse. »
Albert Camus, Carnets I
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21/04/2019
Posséder...
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« On dispose de tout ce qu'il faut lorsque l'on organise sa vie autour de l'idée de ne rien posséder. »
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie
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Découragement...
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« Ceux qui seraient tentés de céder au découragement doivent penser que rien de ce qui est accompli dans cet ordre ne peut jamais être perdu, que le désordre, l'erreur et l'obscurité ne peuvent l'emporter qu'en apparence... »
René Guénon, La crise du monde moderne
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05/04/2019
Un inconditionnel des pétasses
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« Ô combien de fois ai-je arpenté ainsi cette longue artère du sang parfait, combien ai-je bien assisté à toutes les danses, avec les négresses qui ne racolent jamais, les jeunes éteintes, les bovines, les ovines, les porcines, les nitroglycérines ! Les ballonnées, celles qui ont beaucoup vécu, pas assez, les salopes fatiguées, les mépriseuses, les attachées de détresse, un vrai décor... Un jour, assez jeune, je n'y tenais plus, il a fallu que je goûte: une brune nue sous sa robe rose avec une peau d'éléphant... Quelle déception ! Vous montez l'escalier ça va encore, arrivé en haut, ça commence à flancher, dans la pièce vous êtes foutu, elle vous lave la pine, c'est fini. Rien de plus froid : on aurait dit une infirmière : elle m'a couché sur la serviette du matelas, elle m'a branlé, la tête ailleurs, comme une mayonnaise, avec interdiction de lui toucher les nibards... Très fonctionnaire, garde-malade, cuisinière presque. Une fois stable, elle vous exige une capote et vous introduit elle-même dans un vagin qui semble ne pas lui appartenir, sec et acide, immobile... Vous ahanez jusqu'à ce que sperme s'ensuive. C'est bien pitoyable... Quinze sacs pour me faire laver le bout ! C'est exagéré !
Pourtant, je suis comme Michel Simon un inconditionnel des pétasses. Ce sont mes fées. Tout ce qui peut rabaisser l'homme me plaît. Tout ce qui peut faire trembler d'un geste le plus grand crâneur m'enchante. J'aime chez les putes ce qu'elles doivent penser des hommes. »
Marc-Edouard Nabe, Au régal des vermines
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Le sommet de la Création
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« Il faut se souvenir que, pour le judaïsme, la matière n'est pas considérée comme inférieure ; dans une certaine mesure, elle constitue même, tout au contraire, le sommet de la Création. Elle est source d'émerveillement parce que, paradoxalement, son existence même semble occulter le divin ; c'est donc nécessairement lui qui a voulu la créer. On peut la comparer à une onde née de la rencontre de la révélation et de l'occultation ; c'est pourquoi, en dépit de sa finitude, la matière est le lieu de la plus grande concentration de la révélation de l'Infini dans le monde. Notre monde est le plus limité de tous les mondes. Cependant, pour subsister comme être séparé et indépendant, il faut nécessairement qu'une énergie infinie s'exerce sur chacune de ses particules. C'est bien pourquoi toute action qui oriente la matière en direction de la sainteté a une valeur bien plus grande qu'une action entreprise dans le monde de l'esprit. Du fait que tous les mondes se focalisent sur la matière, chaque geste, chaque mouvement qui s'y produit, si infime soit-il, a plus d'effet que les mouvements de la vie de l'esprit ou même des mondes supérieurs à l'esprit. C'est que la fonction de la Mitsvah, en s'efforçant d'informer le monde matériel, de le changer, de le tourner vers la sainteté, consiste à libérer d'immenses forces qui produisent des ondes de choc depuis notre monde jusqu'aux mondes supérieurs. Voila pourquoi la signification d'une action sainte qui s'exerce sur le monde matériel dépasse largement tout ce qui serait accompli dans le strict domaine de la pensée et de l'émotion. Ainsi s'explique que la Torah et les Mitsvot se référent essentiellement au monde matériel : il est le véritable secret de la Création, la concrétisation de la quintessence de l'idée divine. Aussi bien, toute modification, ou toute correction, du monde de la matière entraîne-t-elle des mutations sans fin dans l'ensemble des mondes. »
Adin Steinsaltz, La rose aux treize pétales
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04/04/2019
Ethnomasochisme et collaboration
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« Le principal projet politique des Verts en Europe, c'est l'ouverture généralisée à toute immigration. En Allemagne, ils ont obtenu en 1998 du gouvernement du triste Schröder la naturalisation quasi-automatique, avec droit de double nationalité, des étrangers installés depuis huit ans, remplaçant ainsi le droit du sang par la dangereuse formule française, supposée supérieure, du droit du sol. "Les Verts allemands déplorent surtout, note Jean-Paul Picaper dans Le Figaro (16/11/1999), que les socialistes limitent l'immigration".
En matière d'ethnomasochisme et de collaboration avec les colonisateurs de l'Europe, les Verts allemands sont les meilleurs. Mais grâce au trotskiste Cohn-Bendit, Dany-le-Rouge repeint en vert, ils ont fait des émules en France.
Au cours de la campagne pour les européennes de 1999, l'ouverture des frontières à toute immigration et la régularisation des clandestins étaient au centre des exigences de Cohn-Bendit, Noël Mamère et Dominique Voynet, des pressions qu'ils exerçaient sur Jospin, et de leur stratégie de "fascisation" du pauvre Chevènement. 10% de propositions pour défendre l'environnement, 90% pour défendre les immigrés, 0% contre le chômage et la paupérisation. »
Guillaume Faye, La colonisation de l'Europe
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Le nucléaire, l'énergie à ce jour la moins polluante
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« Le désastre du pétrolier Erika nous le rappelle : l'énergie pétrolière est la plus polluante du monde. Pourtant, les pseudos-écologistes réservent leurs foudres au nucléaire, l'énergie à ce jour la moins polluante ! La raison : le pétrole est une des bases économiques de l'hégémonie américaine et des moyens financiers des Etats musulmans; et puis le nucléaire assurerait l'autonomie énergétique européenne, qui est vue d'un très mauvais oeil. Il y a donc alliance objective entre Verts trotskistes, intérêts américains et Etats musulmans.
L'énergie nucléaire a été diabolisée en Europe, parce qu'elle évoque la "bombe atomique" et Hiroshima. Encore un des syndromes de la pensée magique. Pourtant, cette énergie s'avère la moins sale de toutes, la moins dangereuse, contrairement au babil des propagandes et ... malgré Tchernobyl.
L'énergie nucléaire est parfaitement respectueuse de l'environnement, si elle est bien maîtrisée. Les centrales thermiques classiques ou les barrages hydroélectriques (comme celui qu'on édifie en Guyane) polluent massivement l'atmosphère ou détruisent forêts et couvertures naturelles.
Sauf accident, une centrale nucléaire n'est pas nocive. Depuis 1950, les très rares accidents nucléaires (Three Miles Island, Tchernobyl, Fukuyawa, etc) ont causé mille fois moins de dégâts que les accidents pétroliers. Un seul exemple: les Verts allemands se sont massivement mobilisés contre le transport de produits nucléaires de France vers l'Allemagne ou vers le Japon, alors qu'aucun incident ne fut jamais signalé. Mais silence radio sur les accidents et dégâts innombrables provoqués par le transport par route ou par oléoduc des produits pétroliers! Les précautions qui entourent la production nucléaire sont dix fois plus rigoureuses que celles prises par les pétroliers. Mais l'industrie pétrolière est au centre de la logique militaro-industrielle américaine et elle génère d'énormes sources financières dont bien des gens bénéficient, y compris objectivement Greenpeace et les Verts.
A la suite de la stupide décision allemande, sous pression des trotsko-écolos américanophiles et islamophiles du gouvernement Schröder, d'abandonner l'énergie nucléaire, Claude Allègre, ancien ministre de l'Education nationale, déclarait (Le Figaro, 20/07/2000) : "Une fois levée l'hypothèque des déchets, ce que nous ferons d'ici à dix ans, je maintiens qu'au jour d'aujourd'hui, l'énergie nucléaire est la plus sûre et la moins polluante. Car les Allemands ne nous disent pas comment ils vont produire leur énergie. Toutes les sources d'énergie statique recensées rejettent du CO2 dans l'atmosphère, entraînant à terme une dangereuse modification du climat. Je tiens, en ce qui me concerne, à l'indépendance énergétique de la France".
Les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) rejettent dans l'atmosphère des millions de tonnes d'oxyde de carbone et d'oxyde d'azote, à la fois cancérigènes (bien plus que les mythiques "radiations" !) et coupables de la destruction de la couche d'ozone comme de l'effet de serre (réchauffement du climat et multiplication des catastrophes climatiques). Rien qu'en France, l'électronucléaire évite le rejet atmosphérique de 78 000 tonnes de poussières, de 1,1 millions de tonnes de NaO2 (dioxyde d'azote), de 2 millions de tonnes de SO2 (dioxyde de soufre) et de 337 millions de tonnes de Co2 (dioxyde de carbone), le gaz le plus polluant et le plus dangereux pour la santé. Grâce au nucléaire, la France a réduit de 70 % les rejets de gaz polluants dus à la production électrique, le reste n'étant plus le fait que des transports automobiles à moteur thermique au pétrole, qui polluent à eux seuls davantage que tous les rejets industriels! Grâce au nucléaire, la France (dont la part de cette énergie dans la production électrique est la plus importante du monde) dégrade moins l'atmosphère que ses partenaires de l'UE: 6,9 tonnes de CO2 par habitant, contre une moyenne européenne de 8,15 tonnes et de 11 en Allemagne.
Or, le lobby écolo, les "Verts", ont curieusement toujours joué la carte du pétrole, donc de la pollution maximale ! Le premier exemple, c'est évidemment celui du projet, hélas réussi en Allemagne, en Suède et en Italie de l'arrêt de toutes les centrales nucléaires. On les remplacera évidemment par des unités électrogènes au gaz et au fuel, très polluantes. Et les "économies d'énergie", démagogiquement promises par les Verts, ne limiteraient que symboliquement ces émissions. Un deuxième exemple : les Verts -- la catastrophique Mme Voynet -- ont réussi à faire capoter le canal Rhin-Rhône, soi-disant nuisible aux ... paysages. Résultat des courses : pour assurer l'acheminement du fret en croissance de 4% par an entre les bassins rhodanien et rhénan, il faudra recourir aux camions sur autoroutes, le mode de transport le plus polluant, le plus coûteux, le plus dangereux, le plus fragilisant pour la nature. D'ailleurs, jamais les Verts n'ont levé le petit doigt contre le percement d'axes autoroutiers systématiques et souvent inutiles (l'A3 Paris-Troyes, l'A28 Rouen-Tours, toujours vides); en revanche, ils ont protesté contre la ligne TGV Valence-Marseille ... Jamais ils n'ont manifesté le moindre soutien aux projets de "ferroutage" (camions sur les trains). Le transport et l'électricité fondés sur le pétrole : voilà ce que soutiennent objectivement les Verts, imposteurs patentés.
Il semble probable que les Verts et les lobbies écolos "roulent" pour l'industrie pétrolière et pour les intérêts américains qui y sont étroitement liés. Car les USA comme leurs alliés musulmans producteurs de pétrole ont intérêt à ce que l'Europe abandonne le nucléaire.
Le lobby pétrolier mondial est globalement menacé par le nucléaire, comme par les modes de transports fondés sur l'électricité. Or l'industrie pétrolière est détenue à 80% par des sociétés anglo-saxonnes. N'oublions pas non plus les champs pétroliers britanniques de la Mer du Nord ... Autre chose: le soutien américain objectif, comme celui de la gauche européenne pro-US, aux musulmans tchétchènes est lié à la volonté américaine de contrôler la route pétrolière des champs de la Caspienne. De même, les principaux producteurs de gaz (Algérie, Indonésie, Asie centrale) sont des pays musulmans. La production pétro-gazière est entre les mains des intérêts américano-musulmans. La généralisation de l'électricité nucléaire en Europe serait pour eux une catastrophe économique. Tant pis pour l'environnement. Et ce, avec la bénédiction des pseudo-écolos, très probablement achetés.
Leur hargne antinucléaire s'explique aussi par une vision mondialiste de l'économie, qui sert là encore les intérêts américains et permet de fragiliser l'Europe. En effet, le pétrole suppose la dépendance de l'Europe envers des sources extérieures, tandis que le nucléaire repose sur la fourniture de faibles quantités d'uranium aisément disponibles (et dont la Russie regorge). L'idée d'indépendance énergétique de l'Europe leur est insupportable. De même, priver l'Europe d'une compétence nucléaire civile, c'est aussi lui interdire (et notamment à la France) de produire du combustible militaire! Donc de la priver de dissuasion indépendante. Ce qui arrange là encore la géopolitique américaine, mais aussi ses alliés arabo-musulmans. Comme en bien d'autres domaines: écolo-trotskistes-Pentagone-Islam, même combat contre l'Europe.
Ce qui inquiète nos néo-gauchistes écolos, c'est bien la puissance objective (militaire et économique) comme l'indépendance que le nucléaire offre à l'Europe, ainsi que les retombées technologiques qu'il autorise. Leur combat est cohérent: affaiblir le diable européen (et de nos jours eurosibérien), interdire sa renaissance, censurer ses traditions et sa mémoire ancestrale, désamorcer sa puissance technoscientifique et militaire, noyer son indépendance, corrompre ses moeurs, détruire son germen ethnique par l'immigration. Le volet anti-nucléaire et pro-pétrolier n'est qu'un aspect de cette stratégie très cohérente et multiple dont l'objectif est tout simplement la destruction de l'identité et de la continuité de la civilisation européenne. Les préoccupations écologiques et la protection concrète de la santé publique ne sont que des prétextes en forme de grosses ficelles huileuses de fuel.
(...) Pour les transports ... on ne peut pas échapper aux moteurs thermiques (avions, navires, locos diesel, etc) mais on peut les limiter. Ce qui n'a jamais été fait sérieusement. Tout s'est passé comme si, faute de recherche et d'investissements sérieux, les énergies de transports alternatives au pétrole, notamment celles qui concernent l'automobile, avaient été systématiquement découragées en dépit de leur évident avenir.
(...) En cinquante ans d'exploitations des centrales, on n'a connu qu'un seul Tchernobyl, dont les effets négatifs sur la santé publique furent beaucoup moins importants que les colossales émissions de gaz cancérigènes de l'énergie pétrolière, sans compter les marées noires et les dégazages sauvages en haute mer des pétrocargos. L'énergie nucléaire est globalement maîtrisable et améliorable, pas l'énergie pétrolière.
(...) Pour la production d'énergie électrique, le socle doit donc être le nucléaire, ce qui n'existe pour l'instant qu'en France. Un nouveau type de centrale franco-allemande, encore dans les cartons, permettrait de diminuer d'un quart le coût de l'électricité. Les Verts font tout pour faire capoter ce projet.
(...) Un peu de bon sens: les pluies acides qui détruisent les forêts, les mineurs engloutis par les coups de grisous, les marées noires qui ravagent les côtes, les cathédrales et les monuments historiques rongés et noircis par les gaz de combustion automobiles, les maladies respiratoires et les cancers provoqués par les aérosols carboniques ou soufreux, la dépendance européenne envers les fournitures et intérêts pétroliers et gaziers américano-musulmans, tout cela ne pèse-t-il pas beaucoup plus lourd que les fantasmatiques dangers de l'électronucléaire ?
L'écologie est la science de l'environnement naturel et le souci de le préserver dans l'intérêt des sociétés humaines. L'écologisme est une doctrine politique qui a pris prétexte de l'écologie pour poursuivre de tout autres buts.
Le mot [écologie] vient du grec oïkos, "maison", "habitat". L'impératif écologique est fondamental, non pas tant pour préserver Gaïa, la Planète bleue, (elle a encore quatre milliards d'années devant elle et en a vu d'autres), que pour éviter à l'espèce humaine de se détruire en polluant la biosphère, son cadre de vie. Ce n'est pas la "nature en soi", comme une sorte de concept métaphysique brumeux (et qui, dans l'immensité de l'univers, n'a rien à craindre de l'homme) qu'il convient de protéger, mais l'oekoumène de notre espèce. Celle-ci, et tout spécialement la civilisation européenne, s'est employée dans les temps historiques à dominer et à domestiquer la nature proche, c'est-à-dire l'écosystème terrestre. Mais un bon jardinier ne doit pas faire n'importe quoi, poussé par l'orgueil et l'avidité. Le proverbe : imperat naturam nisi parendo ("on ne commande à la nature qu'en lui obéissant") est bien connu. Le réchauffement de la planète et les catastrophes qu'il provoque déjà prouvent les effets néfastes de la méconnaissance de ce précepte.
(...) L'écologisme, quant à lui, est une pseudo-écologie. C'est un paravent qui dissimule les idées du cosmopolitisme trotskiste. Les "Verts" s'opposent à l'industrie nucléaire, qui est la moins dangereuse et la moins polluante ; en France comme en Allemagne leur politique globale joue objectivement le jeu du lobby pétrolier. Leur principal souci est de favoriser l'immigration de peuplement en Europe. Imposteurs professionnels.
(...) Le véritable souci écologique n'est pas de se demander : "comment moins produire pour moins polluer ?", mais : "comment produire mieux en polluant moins ? ».
(...) La puissance économique européenne est parfaitement compatible avec le respect de l'environnement. A condition qu'une volonté politique sache imposer le choix de l'électronucléaire (source d'énergie la moins polluante), l'abandon progressif de l'économie pétrolière, le ferroutage, l'électrification du transport automobile, le recours aux canaux et à tous les modes de transports non polluants. »
Guillaume Faye, Pourquoi nous combattons
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03/04/2019
La jeunesse irréparable
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« Au mois de juin, lorsqu'il m'arrive de traverser le Luxembourg, je regarde toujours les jeunes gens et les jeunes filles assis sur les chaises de fer, sous les statues des reines de pierre. Nous avons été pareils à eux, nous avons traîné, par les journées tièdes, nos cahiers d'histoire sous les arbres, nous avons travaillé en plein air, amollis soudain par une bouffée d'air parfumé, devant les enfants autour du bassin, les voiliers, les marchands de coco. Il nous fallait trois, quatre chaises. Nous nous ruinions. Il nous arrivait même d'y dormir à poings fermés, au scandale des gardes municipaux, écrasés par le travail plus que par la chaleur. Mais c'était la jeunesse, la jeunesse irréparable, et les visages ronds et purs, et la buée de la jeunesse autour de nos traits, et toutes les querelles du temps, toutes les curiosités du passé, qui se dissolvaient sous les arbres verts et les statues grises. Je ne passe jamais dans ces lieux enchantés, au long des grosses balustrades, sans me rappeler ces rares après-midi où nous fuyions la classe pour un peu d'air, de liberté et d'étude. Puis, sous les arcades de la cour en puits, nous tournions, en nous tenant par le bras, et en parlant de toute chose connaissable et inconnaissable. Au début du “Protagoras”, alors au programme, Platon décrit les allées et venues des jeunes gens qui écoutent Socrate, à cette heure du point du jour que les Grecs nomment “le matin profond”. Je n'ai jamais oublié ce mot, ni l'exquise description des mouvements d'une jeunesse libre. Nous n'avions pas de Socrate parmi nous, nous n'avions pas le soleil, mais c'était le matin profond pourtant, l'éternel matin profond de la jeunesse. »
Robert Brasillach, Notre avant-guerre
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Léthargie...
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« Mon cher ami, les gens vraiment superficiels sont ceux qui aiment une seule fois dans leur vie. Ce qu’ils appellent leur loyauté, leur fidélité, je l’appelle, moi, léthargie, routine ou manque d’imagination. La fidélité est dans la vie sentimentale ce qu’est la fixité des idées dans la vie intellectuelle : un pur aveu de faillite. La fidélité ! Il faudra pourtant que je l’analyse un jour. L’amour de la propriété y entre pour une part. Que de choses nous mettrions au rebut, si nous ne craignions pas de les voir ramassées par autrui. »
Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray
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02/04/2019
Dans le même cercle, on ne sait jamais que les mêmes choses
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« Tout est chimère, la famille, le bureau, les amis, la rue, tout est chimère, et chimère plus ou moins lointaine, la femme.
Mais la vérité la plus proche, c’est que tu te cognes la tête contre le mur d’une cellule sans porte ni fenêtre.
Sans ancêtres, sans mariage, sans descendants, avec un violent désir d’ancêtres, de mariage, de descendants.
Hésitation devant la naissance. Ma vie est hésitation devant la naissance.
On ignore complètement les intentions des personnes qui marchent vite le soir dans une petite ville.
Sa gravité me tue. La tête dans le faux-col, les cheveux disposés dans un ordre invariable sur le crâne, les muscles tendus à leur place au bas des joues…
La danseuse Eduardowa, fervente de musique, circule, en tramway comme partout, accompagnée de deux violonistes qu’elle fait jouer souvent. Car on ne voit pas pour quelle raison il serait interdit de jouer dans un tramway, si toutefois la musique est bonne, agréable aux voyageurs et gratuite, c’est-à-dire si elle n’est pas suivie de quête. Il faut avouer qu’au début, cela ne laisse pas de surprendre un peu et, pendant un petit moment, tout le monde juge cela déplacé. Mais en pleine marche, quand il y a un fort courant d’air et que la rue est silencieuse, l’effet est charmant.
Dans la paix, tu n’avances pas. Dans la guerre, tu perds ton sang jusqu’à la dernière goutte. L’éducation condidérée comme un complot fomenté par les adultes.
Les difficultés que j’ai à parler aux gens viennent de ce que le contenu de ma conscience est absolument nébuleux.
La conque de mon oreille était fraîche au toucher, rugueuse, froide, pleine de sève comme une feuille.
Celui qui, vivant, ne vient pas à bout de la vie, a besoin d’une main pour écarter un peu le désespoir que lui cause son destin -il n’y arrive que très imparfaitement-, mais de l’autre main, il peut écrire ce qu’il voit sous les décombres, car il voit autrement et plus de choses que les autres, n’est-il pas mort de son vivant, n’est-il pas l’authentique survivant? Ce qui suppose toutefois qu’il n’ait pas besoin de ses deux mains et de plus de choses qu’il n’en possède pour lutter contre le désespoir.
Qu’ai-je de commun avec les Juifs ? C’est à peine si j’ai quelque chose de commun avec moi-même.
La vie de société se fait en rond. Dans le même cercle, on ne sait jamais que les mêmes choses.
Mais le bonheur, je ne pourrai l’avoir que si je réussis à soulever le monde pour le faire entrer dans le vrai, dans le pur, dans l’immuable.
Enfin, après cinq mois de ma vie pendant lesquels je n’ai rien pu écrire dont je fusse satisfait, cinq mois qu’aucun pouvoir ne me rendra bien qu’ils fussent tous dans l’obligation de le faire, l’idée me vient de m’adresser à nouveau la parole. Toutes les fois que je me suis réellement interrogé, j’ai toujours répondu à cet appel, il y avait toujours quelque chose à faire sortir de moi, de ce tas de paille que je suis depuis cinq mois et dont il semble que le destin soit d’être allumé en été et de se consumer, plus vite que le spectateur ne cligne les yeux. Si seulement cela pouvait m’arriver ! Et cela devrait m’arriver dix fois, car je ne regrette même pas cette époque malheureuse. Mon état n’est pas le malheur, mais ce n’est pas non plus le bonheur, ce n’est ni de l’indifférence, ni de la faiblesse, ni de la fatigue, ni de l’intérêt pour autre chose, mais alors qu’est-ce donc ? Le fait de ne pas le savoir est sans doute lié à mon incapacité d’écrire. Et cette dernière, je crois la comprendre sans en connaître la cause. C’est qu’en effet, toutes les choses qui me viennent à l’esprit se présentent à moi non par leur racine, mais par un point quelconque situé vers leur milieu. Essayez donc de les retenir, essayez donc de retenir un brin d’herbe qui ne commence à croître qu’au milieu de la tige, et de vous tenir à lui.
Tout ce qui n’est pas littérature m’ennuie et je le hais. »
Franz Kafka, Journal
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Les soûlards dégringolaient aux enfers
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« Dans un fracas de démons qui s'auréolaient de flammes, de Méduses, et qui vomissaient des monstruosités, les soûlards dégringolaient aux enfers, la tête la première, égoïstes et rougeauds, les uns en des plongeons abrupts, les autres, avec de grotesques bonds en arrière, les uns et les autres parmi une pluie de bouteilles et de symboles des espoirs détruits ; haut, très haut, en un vol presque blanc, dans la lumière qui mène vers le paradis, s'essorant par couples sublimes, l'homme protégeant la femme, protégés eux-même par des anges aux ailes d'abnégation, s'élevaient les sobres. Cependant, tous n'allaient pas par couples, remarqua le Consul. Quelques femmes seules, tout en haut, n'étaient protégées que par des anges. Il lui sembla que ces femmes jetaient des regards à demi jaloux vers le bas, vers leurs maris à la verticale, et que, parmi les visages de ces derniers, certains exprimaient un soulagement évident. »
Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan
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01/04/2019
Un point sacré
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« La Suisse est là pour rappeler d’abord que l’Europe n’est pas une juxtaposition de germanisme et de latinisme, mais une interpénétration inextricable de ces deux courants mythiques… Cette puissance de transfiguration qui, jointe à la puissance de synthèse, fait de la Suisse un symbole insistant des fortunes de l’Europe, un réceptacle abondant des secrets alliages qui assurent sa vitalité. La Suisse est le point de l’Europe, le point de tous les croisements physiques et métaphysiques, le point crucial – ce n’est pas en vain que son emblème est une croix ; c’est donc un point sacré. (…) [il faut] quelque chose qui dépasserait et la Suisse et le Saint-Empire, quelque chose qui conjoindrait avec autant de souplesse et de complexité les esprits germanique, latin et slave-occidental, le génie de l’aristocratie et le génie de la démocratie, le génie fédératif et le génie unitaire … L’Europe est aussi difficile à faire que le fut la Suisse. »
Pierre Drieu la Rochelle, Le Français d’Europe
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Des animaux naturellement politiques
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« On ne fait pas une société avec des individus, mais avec des animaux naturellement politiques, unis préalablement entre eux par le désir de vivre et par l’aspiration de bien vivre, et dont la prudence et l’art institutionnalisent les tendances. La société est antérieure à la personne qui ne peut pratiquement en être que l’effet. Si le christianisme est parvenu à édifier une société de personnes, c’est parce que ces personnes ont reçu la grâce de participer à la vie divine, qui fonde surnaturellement leurs relations mutuelles. En ce sens, l’Eglise est la seule société qui soit postérieure à la personne. Il n’y en a pas d’autre. Il ne peut y en avoir d’autre. Elle seule est ordonnée au salut surnaturel de la personne qui possède la grâce. »
Marcel De Corte, De la prudence, la plus humaine des vertus
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15/03/2019
L'antisémitisme justifié mis à la portée de tous...
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10/03/2019
Tous ces fous...
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Le mépris...
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26/02/2019
Lorsqu'ils vous disent n'avoir aucune morale, il faut les croire
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« Le ricanement nigaud aura vraiment été notre grande affaire, le ricanement en tant que valeur démoniaque. A côté de ceux qui feignent d'être cyniques, ce qui est déjà un peu pénible, il y a ceux qui ne feignent pas de l'être, ceux qui le sont vraiment, en toute simplicité nihiliste ; leur sentiment d'impunité autant que d'irresponsabilité est total, et porté si haut que lorsqu'ils vous disent n'avoir aucune morale, il faut les croire, ils ne mentent pas : dès que vous aurez le dos tourné, ils seront douze à vous poignarder ; et vous serez à peine mort qu'ils sableront le champagne. voilà les seules valeurs que notre époque aura aimées et défendues, voilà les types au-dessus desquels elle aura dextrement manié le brûle-parfum ; on peut dire que le siècle aura fait une grande consomption d'encens pour masquer l'odeur de sa pourriture. »
Bruno Lafourcade, L'ordre
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25/02/2019
Un voisin perpétuel...
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« Ce petit instrument a inventé le voisinage incessant. Vous êtes seul ? Vous avez tort, et vous ne le serez plus : vous serez incessamment relié aux autres, les auriez-vous en horreur ; rejoint par la voix des autres, serait-elle d'une maritorne ; contraint, quelle que soit l'heure, quel que soit le lieu, par la vie des autres, serait-elle insignifiante. Vous êtes menacé d'être un voisin perpétuel, de vivre une mitoyenneté ininterrompue où la familiarité remplace l'intimité, et le bavardage le chuchotement. »
Bruno Lafourcade, Sur le suicide
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24/02/2019
Seule existe cette bêtise si heureusement satisfaite
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« Cependant, le bruit, ce fléau de Dieu, rien ne l'a décuplé comme le téléphone mobile. Cet instrument du diable, en donnant à l'impolitesse, à l'inélégance, à la bêtise, l'occasion de s'exprimer à loisir, et surtout publiquement, a tué la honte ; et avec elle sont morts les autres, tous les autres, vous, moi, le voisin de table, le voisin de chambre, le voisin de fauteuil, le voisin de lit. Ils n'existent plus : le téléphoneur les oublie, les raye de sa vue. Désormais, la vie en société n'existe pas, n'a jamais existé : seule existe cette bêtise si heureusement satisfaite de tenir des conversations que, naguère encore, chacun aurait jugé dégradantes qu'elles fussent entendues. »
Bruno Lafourcade, Sur le suicide
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23/02/2019
François Gervais : « On met cette histoire du réchauffement climatique à toutes les sauces. »
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Écologie. Le physicien, ancien membre du GIEC, dénonce le discours alarmiste sur l’urgence climatique.
C’est un livre d’actualité : tandis que les Gilets jaunes s’insurgent contre les taxes écologiques, le physicien François Gervais, ancien membre du GIEC, publie un ouvrage dans lequel il dénonce la propagande autour de l’urgence climatique. Selon lui, « la lutte contre le réchauffement climatique est vaine et l’impact de ces lois n’est pas mesurable pour la planète ». De plus, « toutes les annonces du GIEC ne reposent que sur des modélisations informatiques qui sont régulièrement démenties par les observations ». Ainsi, « la lutte contre le réchauffement climatique est une aubaine extraordinaire, la Banque mondiale a calculé le montant global des investissements destinés à la « lutte contre le réchauffement » : 89 000 milliards de dollars d’ici à 2030, qui seront payés par les contribuables. Le « green business » est déjà une très juteuse affaire pour tous ceux qui ont investi dans des « fermes » éoliennes et solaires dont le surcoût des prix de production est facturé aux consommateurs d’électricité ». François Gervais signale aussi que le CO2 n’est pas un poison, mais qu’il s’agit d’un composant essentiel du cycle de la vie et il souligne que l’augmentation du taux de CO2 constitue donc une chance pour tous les affamés de la planète, laquelle a déjà connu des taux de CO2 très supérieurs dans le passé.
François Gervais est physicien, professeur émérite à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Tours et expert reviewer du 5e rapport sur les changements climatiques du GIEC. Alors, pourquoi ne s’exprime-t-il que maintenant ? Il apparaît que le poids du politiquement correct et les pressions politiques empêchent de nombreux spécialistes de prendre la parole et, si lui-même peut le faire, c’est parce qu’il est professeur émérite. Son livre, qui n’a pas été beaucoup présenté par les médias institutionnels, se retrouve pourtant en ce début d’année en tête des ventes sur Amazon.
« L’urgence climatique est un leurre » de François Gervais est publié aux Éditions L’Artilleur.
Kernews : De plus en plus de scientifiques démontent le mythe de l’urgence climatique, mais souvent en off, en confiant qu’ils ne peuvent pas le déclarer publiquement, par crainte des pressions qu’ils pourraient subir après… Alors, pourquoi avez-vous pris un tel risque ?
François Gervais : L’essentiel des scientifiques qui peuvent s’exprimer sur cette question sont souvent des professeurs émérites : c’est-à-dire qu’ils sont déjà retraités, ils continuent de travailler bénévolement et ils n’ont plus à se soucier, comme cela a été mon cas pendant plusieurs années, de mettre leur laboratoire en danger. J’imagine que bien d’autres scientifiques sont dans le même cas de figure car, hélas, il est très difficile de s’exprimer sur ce sujet si vous n’êtes pas déjà dégagé des contraintes budgétaires et de toutes les autres contraintes que l’on peut avoir quand on dirige un laboratoire. Quelques jeunes courageux qui ont fait l’impasse sur un certain nombre de choses – je pense à mon collègue Benoît Rittaud, qui est maître de conférences et mathématicien, qui s’est vraiment engagé, mais en sachant que c’est au détriment d’un certain nombre de choses – constituent une exception. Il y a le courage vis-à-vis de soi-même, c’est à chacun de l’apprécier, mais je parle surtout du fait d’engager un laboratoire, c’est-à-dire toute une communauté.
On a le sentiment que tout ce que l’on nous raconte dans les médias sur ce sujet est souvent fantaisiste. D’abord, un premier point : vous ne niez pas le réchauffement climatique…
Il y a une variabilité naturelle du climat dont l’amplitude est plus importante que les faits anthropiques liés aux activités humaines. C’est surtout depuis la sortie du quatrième rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) que les choses ont commencé. Auparavant, le GIEC était quand même plus prudent, mais à partir du quatrième rapport, qui a valu au GIEC un prix Nobel de la paix, en même temps qu’Al Gore, effectivement les choses ont commencé et je me demande si les journalistes des médias institutionnels pratiquent vraiment l’investigation, car il y a un défaut de culture scientifique dans notre pays qui explique pourquoi on en arrive là. Les journalistes se contentent de répéter ce que disent l’Agence France Presse, Reuters ou d’autres, sans la moindre investigation. J’invite tous les journalistes à consulter le corpus de plus de 3000 publications dans les revues internationales qui tiennent justement un discours qui n’a rien d’alarmiste et qui n’adhèrent pas au prétendu consensus catastrophiste : à ce moment-là, ils commenceraient à faire œuvre utile…
On nous assène à longueur de temps qu’il faut économiser du CO2. Dans les transports en commun, on vous dit que notre voyage a permis d’économiser tant de taux de CO2 par rapport à l’automobile, mais vous nous expliquez que cela ne sert à rien puisque le CO2 n’est pas nuisible…
Le CO2 n’est pas nuisible. Toutes les politiques qui visent à implanter des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, avec plusieurs milliards de subventions chaque année, quand on fait le calcul, même en reprenant le chiffre du GIEC sur le doublement du taux de CO2 dans l’atmosphère qui entraînerait une hausse de la température entre 1 et 2,5 degrés, c’est déjà une énorme incertitude qui est avouée et, même si on fait le calcul avec cela, toutes les politiques françaises ne changeraient pas la température de la planète de plus de l’ordre d’un millième de degré. Donc, tout cela ne sert strictement à rien puisque, dans le même temps, l’Inde et la Chine, qui ont besoin de ressources fossiles, construisent pratiquement une centrale à charbon chaque semaine et ils investissent dans ce dont ils ont besoin pour développer leur économie. De toute façon, toutes les réductions que l’on peut imaginer en France, non seulement ne changeront pas la température de la planète de plus de l’ordre d’un millième de degré mais, en plus, ces mesures se retrouvent contrariées par un facteur 100 par les politiques indiennes, chinoises et d’autres pays.
Ainsi, même si nous étions les meilleurs élèves du monde, cela ne changerait rien au sort de la planète… N’est-ce pas là une forme de prétention très française ?
Oui, on prétend donner le « bon exemple » aux autres ! Il faut aussi rappeler que le CO2 que nous expirons, cela fait tout de même partie de la vie, pour tous les animaux et tous les êtres humains. Nous inspirons de l’oxygène et nous expirons du gaz carbonique et, dans notre haleine, au moment de l’expiration, il y a une trentaine de fois plus de CO2 que dans l’air ! Sur l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère, si l’on fait un micro-trottoir, rares sont les gens qui connaissent la réponse, il faut savoir que le taux de CO2 dans l’air est passé en un siècle de 0,03 % à 0,04 % ! Enfin, il faut savoir que s’il n’y avait pas de CO2 dans l’atmosphère, il n’y aurait pas de végétation sur Terre… C’est aussi simple que cela.
Vous démontrez dans votre livre, non seulement l’inefficacité des éoliennes, mais vous allez plus loin en estimant qu’elles sont même nuisibles et qu’elles ne visent qu’à servir quelques intérêts financiers…
Tout à fait, nous en sommes là… Dans l’énergie dépensée pour se déplacer, pour se chauffer et avoir une activité économique basée sur l’énergie, il faut bien savoir que l’on utilise l’énergie électrique à hauteur d’un quart. Or, les éoliennes et les panneaux photovoltaïques ne fabriquent que de l’énergie électrique. Cette énergie est fournie à 85 % environ par le nucléaire et l’hydroélectrique. Donc, la part de l’éolien et du photovoltaïque n’est pas près de devenir dominante. En plus, cela ne représente qu’un quart de l’énergie. D’ailleurs, la Cour des comptes a dénoncé cela dans un rapport d’avril dernier, en expliquant que ce n’est pas là qu’il faut mettre l’effort, mais ailleurs.
Votre livre a été boycotté par de nombreux médias institutionnels, or il figure pratiquement en tête des ventes de ce début d’année… Alors, on nous raconte tout cela pour augmenter la fiscalité et nous faire investir dans des énergies vertes. À qui profite le crime ?
C’est une question que je me pose depuis plus d’une dizaine d’années et je ne pense pas qu’il y ait une réponse unique. Il y a bien évidemment, derrière, un énorme business économique, mais il ne faut pas oublier, en ce qui concerne la France, que les éoliennes sont importées d’Allemagne et que les panneaux photovoltaïques sont essentiellement importés de Chine. Derrière, il y a un énorme business financier. Je reçois un papier de ma banque qui m’incite à acheter des obligations vertes, je ne vois pas ce qu’elles peuvent avoir de vert en l’occurrence, mais il s’agit d’investir toujours plus d’argent dans ces choses alors que l’on sait déjà que c’est plus que discutable. Mais cela dépasse ma compétence de physicien.
Vous dénoncez le discours alarmiste sur la montée des océans. On nous présente toujours des films avec des îles qui disparaissent, or vous estimez que, contrairement aux idées reçues, l’élévation du niveau des mers n’est pas mesurable et, par ailleurs, que la planète est de plus en plus verte…
Tout à fait. On peut le chiffrer au cours de ces 33 dernières années. On a observé un verdissement de la planète qui a été évalué à l’équivalent d’un sixième continent vert de 18 millions de kilomètres carrés, c’est-à-dire plus de 30 fois la superficie de la France métropolitaine, d’autre part, cela se recoupe très bien, puisqu’une partie du CO2 que nous émettons va dans la végétation qui se jette là-dessus avec avidité. Dans l’histoire de la planète, il y a des époques où il y a eu beaucoup plus de CO2, la végétation était luxuriante et c’est ce qui a créé ce que l’on appelle aujourd’hui les gisements fossiles. Il y avait plus de CO2 dans l’air à ce moment-là et cela a pu permettre cette végétation luxuriante.
Dans le contexte de l’immigration, on évoque maintenant le réchauffement climatique : est-ce aussi un prétexte, selon vous ?
On met cette histoire du réchauffement climatique à toutes les sauces. Depuis le début de l’accélération des émissions de CO2, que l’on peut situer à 1945, la température de la planète a augmenté de 0,4 degré ! Est-ce que 0,4 degré provoque des migrations ? Il y a des tas de raisons économiques, mais dire que c’est la faute de 0,4 degré, permettez-moi d’en douter ! De la même façon, il y a eu une hausse des océans il y a 12 000 ans, avec une fonte des glaces et le niveau des mers qui a augmenté de 120 mètres. Cela a beaucoup ralenti depuis. Maintenant, quand on regarde tous les marégraphes, sur toutes les côtes de la planète, on observe une hausse de 1 millimètre par an ! Cela représente 8 centimètres d’ici à la fin du siècle… Là encore, quand on regarde l’amplitude des marées au moment des grandes marées, c’est complètement noyé… On monte en épingle quelque chose qui est un non-événement.
Vous rappelez que l’on nous parle aujourd’hui du réchauffement climatique, mais qu’il y a 40 ans, les scientifiques se plaignaient du refroidissement climatique… Vous avez même retrouvé une couverture de Time Magazine annonçant, dans les années 70, que la Terre allait mourir de froid…
Il y a eu plusieurs couvertures… Cela montre bien qu’à l’époque, le catastrophisme allait dans le sens inverse et c’est ce qui est intéressant. Lorsqu’en 1945 les émissions de CO2 se sont mises à accélérer, la température de la planète a baissé pendant 30 ans, de 1945 à 1975. Cela procède de la variabilité naturelle, bien sûr.
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20/02/2019
"Que les nations arabo-musulmanes se penchent enfin sur leurs traites négrières"...
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Chercheur, anthropologue, économiste et écrivain franco-sénégalais, Tidiane N’Diaye a publié de nombreux essais sur l’esclavage des Noirs. L’un d’eux, Le Génocide voilé (2008), est une brillante enquête historique sur les traites négrières arabo-musulmanes
Entretien avec l'auteur du "Génocide voilé", Tidiane N'diaye
par Alexis Brunet
-- Dans Mémoire d’errance (1998), vous aviez écrit que « malgré son isolement, l’Afrique a vu de grandes civilisations se développer sur son sol. Mais elle est longtemps restée méconnue de l’Europe et plus généralement du monde ». En savons-nous maintenant plus sur ces civilisations ?
-- Tidiane N’Diaye : Avant d’être asservie, l’Afrique fut le siège de civilisations grandioses. Selon certains scientifiques, qui font de l’Afrique le berceau de l’humanité, l’histoire des peuples noirs commence même bien avant celle des peuples indo-européens. Il est temps de revisiter ces remarquables civilisations que sont les royaumes du Grand Zimbabwe, de l’Egypte négro-africaine (25ème dynastie nubienne des pharaons noirs), d’Ethiopie, du Ghana, du Mali. L’Empire du Ghana est considéré comme le premier Etat structuré de l’Afrique de l’Ouest. L’Empire du Mali a été fondé au XIIe siècle. Tombouctou, ville du Mali, a connu un âge d’or au cours duquel des milliers de livres auraient été écrits. Ces livres, près de 100 000 manuscrits qui commencent à être exhumés, vont permettre de mieux connaître l’histoire de l’Afrique. Leurs contenus, qui couvrent les domaines de l’astronomie, de la musique, de la botanique, du droit, des sciences, de l’histoire, de la religion, du commerce, témoignent d’une Afrique qui écrit sa propre histoire. Hélas, l’histoire des royaumes subsahariens des deux derniers millénaires, est mal connue par manque de sources écrites ou de vestiges archéologiques.
-- Au début du VIIe siècle, dans quel état se trouve l’Afrique ?
-- Tidiane N’Diaye : Pendant plusieurs siècles, le continent noir a vécu en quasi-autarcie. Il fut coupé du reste du monde du néolithique à l’âge de fer. Grecs et Romains n’avaient visité que les régions de la partie nord, sans pousser plus en avant leurs entreprises. L’usage de l’oralité n’a jamais empêché la pratique de bon nombre de disciplines scientifiques au sein des civilisations africaines. Pendant très longtemps, cette tradition orale a également servi de vecteur naturel dans la transmission des connaissances en Europe où, jusqu’au XIIIe siècle, seule une minorité d’aristocrates savait lire et écrire. À Tombouctou, haut lieu de culture, dès le XIIe siècle l’université de Sankoré soutenait avantageusement la comparaison avec les universités européennes. Là s’enseignait depuis bien longtemps la géométrie, l’astronomie et l’arithmétique.
-- Dans Le Génocide voilé (2008), vous situez le début de la traite négrière arabo-musulmane au moment de l’islamisation du continent. Vous évoquez l’année 711, où les Arabes reviennent de la péninsule ibérique pour islamiser les peuples africains…
-- Tidiane N’Diaye : La conquête arabe du continent s’était déroulée à l’Est et au Nord. Selon des sources orales que nous avons difficilement vérifiées, il semblerait qu’au moment où, sous le commandement du gouverneur Hasan, les Arabes occupaient l’Afrique du Nord en 703, une autre tentative d’invasion militaire ait eu lieu vers le Sud du continent. Mais elle fut stoppée par la mouche tsé-tsé, qui sévit dans les forêts. Si cette bestiole a la particularité de transmettre la maladie du sommeil à l’homme, elle tue les chevaux. Ainsi, l’action des forces d’invasion arabes s’arrêtera, dans un premier temps, aux territoires situés à la limite du Sahara et, d’une façon marginale, à l’Est africain. Par la suite, les Arabes, ayant conquis l’Égypte, allaient y asservir de nombreux peuples venant de la Nubie, de Somalie et du Mozambique ou d’ailleurs, au cours de la première expansion islamique.
Pour les soldats de la guerre sainte islamique, le monde est divisé en deux parties : il y a les territoires de l’Islam et le reste. Pour ces fous de Dieux, il était du devoir des musulmans de soumettre et de convertir tous ceux qui ne l’étaient pas. Aussi, devant les assauts répétés des « djihadistes » arabes, les Nubiens préférèrent négocier la paix en concluant en 652 un traité connu sous le nom de « Bakht ». Ce traité inaugurait une traite négrière en grand, car l’émir et général Abdallah ben Saïd imposa aux Nubiens, par ce « Bakht », la livraison annuelle et forcée de 360 esclaves. La majorité des hommes objets de ce contrat, était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d’une énorme ponction humaine, qui sera effectuée non seulement dans toute la bande soudanaise, mais aussi de l’océan Atlantique à la mer Rouge passant par l’Afrique orientale. Cette ponction se répartira soit localement, soit beaucoup plus loin que toutes les régions du monde musulman et ce, du VIIe au XXe siècle.
-- Dix-sept millions de victimes tuées, castrées ou asservies pendant plus de treize siècles sans interruption. Le Génocide voilé contient de nombreuses horreurs qui font froid dans le dos. Comment se fait-il que cette page sombre de l’Histoire reste encore peu connue ?
-- Tidiane N’Diaye : Un tel génocide, chose curieuse, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient le voir recouvert à jamais du voile de l’oubli, souvent au nom d’une certaine solidarité religieuse voire politique. L’Afrique compte aujourd’hui entre 500 et 600 millions de musulmans. Raison pour laquelle la plupart des historiens africains ou autres, ont restreint le champ de leurs recherches sur les traites négrières à celle pratiquée par les nations occidentales. Notre propos n’a rien de moralisateur, car comment comparer ce qui fut, compte tenu des mentalités et des sensibilités de l’époque, avec notre présent. Le souhait est que les générations futures soient informées de l’antériorité et de la dimension de la traite transsaharienne et orientale. Et que les nations arabo-musulmanes se penchent enfin sur cette sinistre page de leur histoire, assument leur responsabilité pleine, entière et prononcent un jour leur aggiornamento comme les autres et c’est cela aussi, l’Histoire.
-- Vous avez écrit trois ouvrages sur la traite transatlantique. On ne peut donc absolument pas vous soupçonner de complaisance envers cette dernière. Mais vous racontez dans Le Génocide voilé que c’est la colonisation européenne, notamment française, qui a mis fin à la traite arabo-musulmane…
-- Tidiane N’Diaye : Après les abolitions occidentales, des traités furent signés pour éradiquer cette ignominie. Au congrès de Vienne, en 1815, et à celui de Vérone, en 1822, l’horreur de la traite négrière fut dénoncée comme « un fléau qui a longtemps désolé l’Afrique, dégradé l’Europe et affligé l’humanité ». Par la suite, la publication des récits de voyages de David Livingstone et de Henry Stanley incita sans doute le roi des Belges, Léopold II, à agir. Du moment que la traite arabe ne pouvait plus trouver de débouchés sur l’océan Indien, le souverain belge se proposait d’en extirper les dernières racines dans l’Est du Congo. Il entreprit d’inviter à Bruxelles la Conférence internationale de Géographie. Préparée par Émile Banning, cette rencontre se déroula du 12 au 19 septembre 1876 et rassemblait des personnalités aussi éminentes que Georg Schweinfurth (Allemagne), Verney Cameron (Grande-Bretagne) et le vice-amiral de la Roncière-le Noury (France). Une « Association Internationale pour l’Exploration et la Civilisation de l’Afrique centrale » fut créée. Les Arabes seront battus et chassés du Congo. Le 1er aout 1890, les Anglais poussèrent officiellement – comme les Français en Afrique du Nord – le sultan de Zanzibar à promulguer un décret, interdisant la traite et l’esclavage.
-- Ceci étant, l’abolition de la traite transatlantique n’a pas mis fin à des rapports pervers et déshumanisants entre colons français et colonisés africains. Sans même se référer à des études historiques, il suffit de relire l’aventure coloniale de Céline en Afrique relatée dans Voyage au bout de la nuit pour en avoir le cœur net…
-- Tidiane N’Diaye : Au XIXe siècle, l’Europe était en pleine révolution industrielle et urbaine. Ses puissances tentaient de convaincre qu’un tel tournant dans l’histoire de l’humanité était lié au triomphe de leur civilisation. Du fait de la toute nouvelle industrialisation, comme des avancées scientifiques et techniques, elles prétendaient apporter le progrès à des « peuples attardés ». Alors qu’après l’abolition de l’esclavage, l’intérêt que ces pays portaient encore à l’Afrique, était éminemment mercantile. L’horreur passée, que des raisons économiques avaient engendrée, les mêmes raisons aidèrent tout simplement à la défaire. L’abolition de l’esclavage devait beaucoup plus à l’économie qu’à la morale. Elle intervenait, à un moment où la révolution industrielle opérait une grande mutation. Et les industries de transformations nées de cette révolution avaient besoin d’autres choses que de bras serviles à mener par le fouet. Elles étaient tributaires d’un nouveau type de main-d’œuvre, de matières premières et de débouchés. Comme par malédiction, tous ces éléments indispensables à la nouvelle économie se trouvaient encore en Afrique. Les rapports entre Européens et Africains seront donc pendant longtemps ceux de dominants à dominés.
-- L’actuel racisme anti-noirs des pays du Maghreb est-il lié aux très longues traites arabo-musulmane auxquelles ces pays ont participé ?
-- Tidiane N’Diaye : Dans l’inconscient des Maghrébins, cette histoire a laissé tellement de traces que, pour eux, un « nègre » reste un esclave. Ils ne peuvent pas concevoir de noirs chez eux. Regardons ce qui se passe en Lybie, au Maroc ou ailleurs dans les pays du Golfe. On retrouve des marchés d’esclaves en Libye ! Seul le débat permettrait de dépasser cette situation-là. En France, pendant la traite et l’esclavage, il y a eu des philosophes des Lumières, comme l’abbé Grégoire ou même Montesquieu, qui ont pris la défense des noirs alors que, dans le monde arabo-musulman, les intellectuels les plus respectés, comme Ibn Khaldoun, étaient aussi des plus obscurantistes et affirmaient que les « nègres » étaient des animaux. Cette posture a survécu au temps et dans l’esprit des arabo-musulmans en général.
-- Revenons chez nous : le 7 novembre 2018, la Cour de Cassation de Paris a rejeté une demande de réparation et d’indemnisation des descendants d’esclaves de la traite transatlantique. Que vous inspire le rejet de cette demande ?
-- Tidiane N’Diaye : Les Antilles françaises ont enregistré un boom économique sans précédent grâce aux esclaves africains. Le travail de ces déportés a fait la fortune des colons et des maîtres créoles mais aussi de la France. À la fin du XVIIIe siècle, les échanges de la Martinique, de la Guadeloupe et de Saint-Domingue avec l’étranger, constituaient les deux tiers du commerce extérieur français. Grâce à l’économie des îles antillaises, la France des négociants de 1787 était le plus grand distributeur d’Europe de produits exotiques. Après l’abolition, en compensation de leur « perte de main d’œuvre », la France a versé aux anciens maîtres esclavagistes, la somme de 6 millions de francs, ce qui, en franc constant converti à l’Euro actuel, est énorme. Dans le même temps, les noirs ou « nouveaux libres », seront jetés dans la rue comme si la liberté seule pouvait gommer toutes les horreurs du passé. A ces esclaves libérés, rien ne fut accordé. Au demeurant, si réparations il doit y avoir, cela devrait concerner avant tout les descendants de ces enfants, de ces femmes et de ces hommes, dont la vie a basculé sans retour dans l’horreur et la désolation. Ils vivent aujourd’hui aux Antilles, en Guyane et à la Réunion. Quelles formes pourraient prendre ces réparations ? Aux autorités françaises d’examiner un jour la question.
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19/02/2019
Annick de Souzenelle : "Le Seigneur et le Satan - Au-delà du Bien et du Mal
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17/02/2019
Eurêka !
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« Avant toute chose, je dois vous faire un aveu, un aveu peut-être étrange mais sincère. Depuis que je suis monté dans l’avion pour venir ici, à Stockholm, recevoir le prix Nobel qui m’a été décerné cette année, je sens dans mon dos le regard scrutateur d’un observateur impassible ; et en cet instant solennel qui me place au centre de l’attention générale, je m’identifie plutôt à ce témoin imperturbable qu’à l’écrivain soudain révélé au monde entier. Et j’espère seulement que le discours que je vais prononcer pour cette occasion m’aidera à mettre fin à cette dualité, à réunir ces deux personnes qui vivent en moi.
Pour l’instant, moi-même, je ne comprends pas assez clairement l’aporie que je sens entre cette haute distinction et mon œuvre, ou plutôt ma vie. J’ai peut-être vécu trop longtemps dans des dictatures, dans un environnement intellectuel hostile et désespérément étranger, pour pouvoir prendre conscience de mon éventuelle valeur littéraire : la question ne valait tout simplement pas la peine d’être posée. De surcroît, on me faisait comprendre de toutes parts que le "sujet" qui occupait mes pensées, qui m’habitait, était dépassé et inintéressant. Voilà pourquoi(,) j’ai toujours considéré l’écriture comme une affaire strictement privée, ce qui rejoignait d’ailleurs mes plus intimes convictions.
Dire qu’il s’agit d’une affaire privée n’exclut nullement le sérieux, même si ce dernier semblait quelque peu ridicule dans un monde où seul le mensonge était pris au sérieux. Or, l’axiome philosophique définissait le monde comme réalité existant indépendamment de nous. Mais moi, en 1955, par un beau jour de printemps, j’ai compris d’un coup qu’il n’existait qu’une seule réalité, et que cette réalité, c’était moi, ma vie, ce cadeau fragile et d’une durée incertaine que des puissances étrangères et inconnues s’étaient approprié, avaient nationalisé, déterminé et scellé, et j’ai su que je devais la reprendre à ce monstrueux Moloch qu’on appelle l’histoire, car elle n’appartenait qu’à moi et je devais en disposer en tant que telle.
En tout cas, cela m’opposait radicalement à tout ce qui m’entourait, à cette réalité qui n’était peut-être pas objective, mais certainement indéniable. Je parle de la Hongrie communiste, du socialisme qui promettait un avenir radieux. Si le monde est une réalité objective qui existe indépendamment de nous, alors l’individu n’est qu’un objet – y compris pour lui-même, et l’histoire de sa vie n’est qu’une suite incohérente de hasards historiques qu’il peut certes contempler, mais qui ne le concernent pas. Il ne lui sert à rien de les ordonner en un ensemble cohérent, car son moi subjectif ne saurait assumer la responsabilité des éléments trop objectifs qui pourraient s’y trouver.
Un an plus tard, en 1956, a éclaté la révolution hongroise. Pour un seul et bref instant, le pays est devenu subjectif. Mais les chars soviétiques ont bien vite rétabli l’objectivité.
S’il vous semble que je fais de l’ironie, alors pensez, je vous prie, à ce que sont devenus la langue et les mots au cours du 20e siècle. Selon moi, il est vraisemblable que la plus importante, la plus bouleversante découverte des écrivains de notre temps est que la langue, telle que nous l’avons héritée d’une culture ancienne, est tout simplement incapable de représenter les processus réels, les concepts autrefois simples. Pensez à Kafka, pensez à Orwell qui ont vu la langue ancienne fondre dans leurs mains, comme s’ils l’avaient mise au feu pour ensuite en montrer les cendres où apparaissaient des images nouvelles et jusqu’alors inconnues.
Mais je voudrais revenir à mon affaire strictement personnelle, c’est-à-dire à l’écriture. Il y a là quelques questions que tout homme dans ma situation ne se pose même pas. Jean-Paul Sartre, par exemple, a consacré tout un opuscule à la question de savoir pour qui on écrit. La question est intéressante, mais elle peut également être dangereuse et je suis en tout cas reconnaissant à la vie de n’avoir jamais eu à y réfléchir. Voyons en quoi consiste le danger. Par exemple, si on vise une classe sociale qu’on voudrait non seulement divertir mais aussi influencer, il faut avant tout prendre en considération son propre style et se demander s’il est adapté à l’objectif qu’on s’est fixé. L’écrivain est bientôt assailli de doutes : le problème est qu’il est dès lors occupé à s’observer lui-même. De plus, comment pourrait-il savoir quelles sont les vraies attentes de son public, ce qui lui plaît vraiment ? Il ne peut tout de même pas interroger chaque individu. D’ailleurs, cela ne servirait à rien. En définitive, son seul point de départ possible est l’idée qu’il a lui-même de son public, les exigences que lui-même lui attribue, l’effet qu’aura sur lui-même l’influence qu’il souhaite exercer. Pour qui donc l’écrivain écrit-il ? La réponse est évidente : pour lui-même.
Moi au moins, je peux dire que j’étais arrivé à cette réponse sans aucun détour. Il est vrai que mon cas était plus simple : je n’avais pas de public et ne voulais influencer personne. Je n’avais pas de but précis quand j’ai commencé à écrire et ce que j’écrivais ne s’adressait à personne. Si mon écriture n’avait pas d’objectif clairement exprimable, elle consistait néanmoins à garder une fidélité formelle et linguistique à mon sujet, rien d’autre. Il importait de le préciser à cette époque ridicule mais triste où la littérature dite engagée était dirigée par l’Etat.
Il m’aurait en revanche été plus difficile de répondre à la question, posée à juste titre et non sans un certain scepticisme, de savoir pourquoi on écrit. A nouveau, j’ai eu de la chance, car je n’ai jamais eu l’occasion de trancher cette question. J’ai d’ailleurs relaté fidèlement cet événement dans mon roman intitulé Le refus. Je me trouvais dans le couloir désert d’un immeuble administratif et j’entendais des pas résonner dans un couloir perpendiculaire, c’est tout. J’ai été pris d’une sorte d’agitation particulière, les pas venaient dans ma direction, c’étaient ceux d’une seule personne que je ne voyais pas, et brusquement, j’ai eu l’impression d’en entendre marcher des centaines de milliers, une véritable colonne dont les pas retentissaient et alors j’ai saisi la force d’attraction de ce défilé, de ces pas. Là, dans ce couloir, j’ai compris en une seule seconde l’ivresse de l’abandon de soi, le plaisir vertigineux de se fondre dans la masse, ce que Nietzsche – dans un autre contexte, certes, mais avec pertinence – nomme l’extase dionysiaque. Une force quasi physique me poussait et m’attirait dans les rangs, je sentais que je devais m’appuyer et m’aplatir contre le mur, pour ne pas céder à cette attraction.
Je rends compte de cet instant intense comme je l’ai vécu ; la source d’où il avait jailli telle une vision semblait se trouver en dehors de moi et non en moi-même. Tout artiste connaît de tels instants. Autrefois, on les s’appelait des inspirations soudaines. Mais je ne mettrais pas ce que j’ai vécu au nombre des expériences artistiques. Je parlerais plutôt d’une prise de conscience existentielle, laquelle ne m’a pas donné la maîtrise de mon art, car j’ai dû encore longtemps en chercher les outils, mais celle de ma vie, alors que je l’avais presque perdue. Il y était question de la solitude, d’une vie plus difficile, de ce dont j’ai parlé au début : il s’agissait de sortir du cortège enivrant, de l’histoire qui dépouille l’homme de sa personnalité et de son destin. J’avais constaté avec effroi que dix ans après être revenu des camps nazis et avec pour ainsi dire un pied dans la fascination de la terreur stalinienne, il ne me restait plus de tout cela qu’une vague impression et quelques anecdotes. Comme si c’était arrivé à quelqu’un d’autre.
Il est évident que ces instants visionnaires ont une longue histoire que Sigmund Freud déduirait peut-être du refoulement de quelque traumatisme. Qui sait, peut-être aurait-il raison. Or moi aussi, je penche plutôt pour la rationalité et suis loin de tout mysticisme ou enthousiasme : quand je parle de vision, j’entends une réalité qui a pris la forme du surnaturel – à savoir la révélation soudaine, on pourrait dire révolutionnaire, d’une idée qui mûrissait en moi, une chose qu’exprime l’antique exclamation "eurêka !". "J’ai trouvé !" Certes, mais quoi ?
J’ai dit un jour que pour moi, ce qu’on appelle le socialisme avait la même signification qu’eut pour Marcel Proust la madeleine qui, trempée dans le thé, avait ressuscité en lui les saveurs du temps passé. Après la défaite de la révolution de 1956, j’ai décidé, essentiellement pour des raisons linguistiques, de rester en Hongrie. Ainsi j’ai pu observer, non plus en tant qu’enfant, mais avec ma tête d’adulte, le fonctionnement d’une dictature. J’ai vu comment un peuple est amené à nier ses idéaux, j’ai vu les débuts de l’adaptation, les gestes prudents, j’ai compris que l’espoir était un instrument du mal et que l’impératif catégorique de Kant, l’éthique, n’étaient que les valets dociles de la subsistance.
Peut-on imaginer liberté plus grande que celle dont jouit un écrivain dans une dictature relativement limitée, pour ainsi dire fatiguée voire décadente ? Dans les années soixante, la dictature hongroise était arrivée à un point de consolidation qu’on peut appeler consensus social et auquel le monde occidental donnerait plus tard, avec condescendance, le petit nom de "communisme de goulache" : après l’animosité du début, le communisme hongrois était devenu d’un coup le communisme préféré de l’Occident. Dans le bourbier de ce consensus, il ne restait qu’une alternative : ou bien renoncer définitivement au combat, ou bien chercher les chemins tortueux de la liberté intérieure. Un écrivain n’a pas de grands besoins, un crayon et du papier suffisent à l’exercice de son art. Le dégoût et la dépression avec lesquels je me réveillais chaque matin m’introduisaient vite dans le monde que je voulais décrire. Je me suis rendu compte que je décrivais un homme broyé par la logique d’un totalitarisme en vivant moi-même dans un autre totalitarisme, et cela a sans aucun doute fait de la langue de mon roman un moyen de communication suggestif. Si j’évalue en toute sincérité ma situation à cette époque-là, je ne sais pas si en Occident, dans une société libre, j’aurais été capable d’écrire le même roman que celui qui est connu aujourd’hui sous le titre d’Etre sans destin et qui a obtenu la plus haute distinction de l’Académie Suédoise.
Non, car j’aurais certainement eu d’autres préoccupations. Je n’aurais certes pas renoncé à chercher la vérité, mais c’eût été peut-être une autre vérité. Dans le marché libre des livres et des esprits, je me serais peut-être efforcé de trouver une forme romanesque plus brillante : j’aurais pu, par exemple, fragmenter la narration pour ne raconter que les moments frappants. Sauf que dans les camps de concentration, mon héros ne vit pas son propre temps, puisqu’il est dépossédé de son temps, de sa langue, de sa personnalité. Il n’a pas de mémoire, il est dans l’instant. Si bien que le pauvre doit dépérir dans le piège morne de la linéarité et ne peut se libérer des détails pénibles. Au lieu d’une succession spectaculaire de grands moments tragiques, il doit vivre le tout, ce qui est pesant et offre peu de variété, comme la vie.
Mais cela m’a permis de tirer des enseignements étonnants. La linéarité exige que chaque situation s’accomplisse intégralement. Elle m’a interdit, par exemple, de sauter élégamment une vingtaine de minutes pour la seule raison que ces vingt minutes béaient devant moi tel un gouffre noir, inconnu et effrayant comme une fosse commune. Je parle de ces vingt minutes qui se sont écoulées sur le quai du camp d’extermination de Birkenau avant que les personnes descendues des wagons ne se retrouvent devant l’officier qui faisait la sélection. Moi-même, j’avais un souvenir approximatif de ces vingt minutes, mais le roman m’interdisait de me fier à mes réminiscences. Presque tous les témoignages, confessions et souvenirs de survivants que j’avais lus étaient d’accord sur le fait que tout s’était déroulé très vite et dans la plus grande confusion : les portes des wagons s’ouvraient violemment au milieu des cris et des aboiements, les hommes étaient séparés des femmes, dans une cohue démentielle ils se retrouvaient devant un officier qui leur jetait un rapide coup d’œil, montrait quelque chose en tendant le bras, puis ils se retrouvaient en tenue de prisonnier.
Moi, j’avais un autre souvenir de ces vingt minutes. En cherchant des sources authentiques, j’ai commencé par lire Tadeusz Borowski, ses récits limpides, d’une cruauté masochiste, dont celui qui s’intitule "Au gaz, messieurs-dames !" Ensuite, j’ai eu entre les mains une série de photos qu’un SS avait prises sur le quai de Birkenau lors de l’arrivée des convois et que les soldats américains ont retrouvées à Dachau, dans l’ancienne caserne des SS. J’ai été sidéré par ces photos : beaux visages souriants de femmes, de jeunes hommes au regard intelligent, pleins de bonne volonté, prêts à coopérer. Alors j’ai compris comment et pourquoi ces vingt minutes humiliantes d’inaction et d’impuissance s’étaient estompées dans leur mémoire. Et quand en pensant que tout cela s’était répété jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, durant de longues années, j’ai pu entrevoir la technique de l’horreur, j’ai compris comment on pouvait retourner la nature humaine contre la vie humaine.
J’avançais ainsi, pas à pas, sur la voie linéaire des découvertes ; c’était, si on veut, ma méthode heuristique. J’ai vite compris que les questions de savoir pour qui et pour quoi j’écrivais ne m’intéressaient pas. Une seule question me travaillait : qu’avais-je encore en commun avec la littérature ? Car il était clair qu’une ligne infranchissable me séparait de la littérature et de ses idéaux, de son esprit, et cette ligne – comme tant d’autres choses – s’appelle Auschwitz. Quand on écrit sur Auschwitz, il faut savoir que, du moins dans un certain sens, Auschwitz a mis la littérature en suspens. A propos d’Auschwitz, on ne peut écrire qu’un roman noir ou, sauf votre respect, un roman-feuilleton dont l’action commence à Auschwitz et dure jusqu’à nos jours. Je veux dire par là qu’il ne s’est rien passé depuis Auschwitz qui ait annulé Auschwitz, qui ait réfuté Auschwitz. Dans mes écrits, l’Holocauste n’a jamais pu apparaître au passé.
On dit à mon propos – pour m’en féliciter ou pour me le reprocher – que je suis l’écrivain d’un seul thème, l’Holocauste. Je ne trouve rien à y redire, pourquoi n’accepterais-je pas, avec quelques réserves, la place qui m’a été attribuée sur l’étagère idoine des bibliothèques ? En effet, quel écrivain aujourd’hui n’est pas un écrivain de l’Holocauste ? Je veux dire qu’il n’est pas nécessaire de choisir expressément l’Holocauste comme sujet pour remarquer la dissonance qui règne depuis des décennies dans l’art contemporain en Europe. De plus : il n’y a, à ma connaissance, pas d’art valable ou authentique où on ne sente pas la cassure qu’on éprouve en regardant le monde après une nuit de cauchemars, brisé et perplexe. Je n’ai jamais eu la tentation de considérer les questions relatives à l’Holocauste comme un conflit inextricable entre les Allemands et les Juifs ; je n’ai jamais cru que c’était l’un des chapitres du martyre juif qui succède logiquement aux épreuves précédentes ; je n’y ai jamais vu un déraillement soudain de l’histoire, un pogrome d’une ampleur plus importante que les autres ou encore les conditions de la fondation d’un Etat juif. Dans l’Holocauste, j’ai découvert la condition humaine, le terminus d’une grande aventure où les Européens sont arrivés au bout de deux mille ans de culture et de morale.
A présent il faut réfléchir au moyen d’aller plus loin. Le problème d’Auschwitz n’est pas de savoir s’il faut tirer un trait dessus ou non, si nous devons en garder la mémoire ou plutôt le jeter dans le tiroir approprié de l’histoire, s’il faut ériger des monuments aux millions de victimes et quel doit être ce monument. Le véritable problème d’Auschwitz est qu’il a eu lieu, et avec la meilleure ou la plus méchante volonté du monde, nous ne pouvons rien y changer. En parlant de "scandale", le poète hongrois catholique János Pilinszky a sans doute trouvé la meilleure dénomination de ce pénible état de fait ; et par là, il voulait à l’évidence dire qu’Auschwitz a eu lieu dans la culture chrétienne et constitue ainsi pour un esprit métaphysique une plaie ouverte.
D’anciennes prophéties disent que Dieu est mort. Il ne fait aucun doute, qu’après Auschwitz, nous sommes restés livrés à nous-mêmes. Il nous a fallu créer nos valeurs, jour après jour, par un travail éthique opiniâtre mais invisible qui finira par produire les valeurs qui donneront peut-être naissance à la nouvelle culture européenne. Que l’Académie Suédoise ait jugé bon de distinguer précisément mon œuvre prouve à mes yeux que l’Europe éprouve à nouveau le besoin que les survivants d’Auschwitz et de l’Holocauste lui rappellent l’expérience qu’ils ont été obligés d’acquérir. A mes yeux, permettez-moi de le dire, c’est une marque de courage, voire d’une certaine détermination ; car on a souhaité me voir venir ici tout en se doutant de ce que j’allais dire. Mais ce qui a été révélé à travers la solution finale et "l’univers concentrationnaire" ne peut pas prêter à confusion, et la seule possibilité de survivre, de conserver des forces créatrices est de découvrir ce point zéro. Pourquoi cette lucidité ne serait-elle pas fertile ? Au fond des grandes découvertes, même si elles se fondent sur des tragédies extrêmes, réside toujours la plus admirable valeur européenne, à savoir le frémissement de la liberté qui confère à notre vie une certaine plus-value, une certaine richesse en nous faisant prendre conscience de la réalité de notre existence et de notre responsabilité envers celle-ci.
C’est pour moi une joie particulière de pouvoir exprimer ces pensées en hongrois, ma langue maternelle. Je suis né à Budapest, dans une famille juive, ma mère était originaire de Kolozsvár en Transylvanie, mon père, du sud-ouest du Balaton. Mes grands-parents allumaient encore les bougies le vendredi soir pour saluer le sabbat, mais ils avaient déjà changé leur nom pour lui donner une consonance hongroise et il était naturel pour eux d’avoir le judaïsme comme religion et de considérer la Hongrie comme leur patrie. Mes grands-parents maternels ont trouvé la mort durant l’Holocauste, mes grands-parents paternels ont été anéantis par le pouvoir communiste de Rákosi, après que la maison de retraite des Juifs a été transférée de Budapest vers la frontière du nord. Il me semble que cette brève histoire familiale résume et symbolise à la fois les souffrances récentes de ce pays. Tout cela m’apprend que le deuil ne recèle pas que de l’amertume, mais aussi des réserves morales extraordinaires. Etre juif : je pense qu’aujourd’hui, c’est redevenu avant tout un devoir moral. Si l’Holocauste a créé une culture – ce qui est incontestablement le cas – le but de celle-ci peut être seulement que la réalité irréparable enfante spirituellement la réparation, c’est-à-dire la catharsis. Ce désir a inspiré tout ce que j’ai jamais réalisé.
Bien que mon discours touche à sa fin, j’avoue sincèrement que je n’ai toujours pas trouvé d’équilibre apaisant entre ma vie, mon œuvre et le prix Nobel. Pour l’instant, je ne sens qu’une profonde reconnaissance – pour l’amour qui m’a sauvé et me maintient encore en vie. Mais admettons que dans le parcours à peine visible, la "carrière", si j’ose m’exprimer ainsi, qui est la mienne, il y a quelque chose de troublant, d’absurde ; une chose qu’on peut difficilement penser sans être tenté de croire en un ordre surnaturel, une providence, une justice métaphysique, c’est-à-dire sans se leurrer, et donc s’engager dans une impasse, se détruire et perdre le contact profond et douloureux avec les millions d’êtres qui sont morts et n’ont jamais connu la miséricorde. Il n’est pas simple d’être une exception ; et si le sort a fait de nous des exceptions, il faut se résigner à l’ordre absurde du hasard qui, pareil aux caprices d’un peloton d’exécution, règne sur nos vies soumises à des puissances inhumaines et à de terribles dictatures.
Pourtant, pendant que je préparais ce discours, il m’est arrivé une chose très étrange qui, en un certain sens, m’a rendu ma sérénité. Un jour, j’ai reçu par la poste une grande enveloppe en papier kraft. Elle m’avait été envoyée par le directeur du mémorial de Buchenwald, M. Volkhard Knigge. Il avait joint à ses cordiales félicitations une autre enveloppe, plus petite, dont il précisait le contenu, pour le cas où je n’aurais pas la force de l’affronter. A l’intérieur, il y avait une copie du registre journalier des détenus du 18 février 1945. Dans la colonne "Abgänge", c’est-à-dire "pertes", j’ai appris la mort du détenu numéro soixante-quatre mille neuf cent vingt et un, Imre Kertész, né en 1927, juif, ouvrier. Les deux données fausses, à savoir ma date de naissance et ma profession, s’expliquent par le fait que lors de leur enregistrement par l’administration du camp de concentration de Buchenwald, je m’étais vieilli de deux ans pour ne pas être mis parmi les enfants et avais prétendu être ouvrier plutôt que lycéen pour paraître plus utile.
Je suis donc mort une fois pour pouvoir continuer à vivre – et c’est peut-être là ma véritable histoire. Puisque c’est ainsi, je dédie mon œuvre née de la mort de cet enfant aux millions de morts et à tous ceux qui se souviennent encore de ces morts. Mais comme en définitive il s’agit de littérature, d’une littérature qui est aussi, selon l’argumentation de votre Académie, un acte de témoignage, peut-être sera-t-elle utile à l’avenir, et si j’écoutais mon cœur, je dirais même plus : elle servira l’avenir. Car j’ai l’impression qu’en pensant à l’effet traumatisant d’Auschwitz, je touche les questions fondamentales de la vitalité et de la créativité humaines ; et en pensant ainsi à Auschwitz, d’une manière peut-être paradoxale, je pense plutôt à l’avenir qu’au passé. »
Imre Kertész, Discours de réception du prix Nobel, 2002
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16/02/2019
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