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18/06/2018

Un moment où le besoin de repos, le besoin de paix, submerge la volonté de vie d'un moribond

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« Il y a presque toujours un moment où le besoin de repos, le besoin de paix, submerge la volonté de vie d'un moribond ; il est trop fatigué, il se rend, il s'arrête, comme un naufragé dans l'immensité de la mer cesse soudain de nager. De petites signes, une mollesse, l'ombre d'une veulerie passe sur le visage d'un combattant usé par la longue bataille : c'est fini, il accepte, il est déjà mort, mais la Mort, elle, a un rendez-vous et elle attend son heure. Il est plus rare — sauf chez les femmes — de voir le combat perdu se poursuivre jusqu'au bout, sans raison et sans espoir, et la Mort obligée d'arracher sa victoire de haute lutte. Chez Learoyd, il n'y avait pas un signe, rien, ni angoisse, ni doute, ni volonté, ni lassitude, rien. Toute l'énergie était tournée vers l'intérieur et je ne voyais qu'une carcasse décharnée.
Quand il se releva, huit jours plus tard, je pensais aux petits bouts de bois qui font éclater la pierre, à cette force invisible qui m'avait fait choisir d'être botaniste. »

Pierre Schoendoerffer, L'adieu au roi

 

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17/06/2018

Chaque fois qu'un être naît...

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« Je déclarai, péremptoire :
— Chaque fois qu'un être naît, c'est un monde entier, avec son soleil, ses étoiles, ses brins d'herbes, qui naît et prend peu à peu sa teinte particulière, sa nuance personnelle. Chaque fois qu'un être meurt, c'est son monde entier, avec son soleil, ses étoiles et ses brins d'herbes qui disparaît à jamais. La disparition de ces mondes est scandaleuse, mais plus le monde est riche et coloré, plus le scandale est grand. Alors faisons un scandale énorme et que Dieu aie honte.

La mort du huitième Japonais paralysé sur la piste du Golgotha me semblait déjà une injustice et un grand scandale parce que son monde était riche ; il voulait vivre son agonie quelques heures de plus, impuissant, dévoré vivant… Les couleurs du monde de Learoyd, qui avait conquis un royaume et qui avait chassé Dieu, étaient plus éclatantes que les miennes, son soleil était plus brûlant. Il avait réveillé un vieux peuple et annoncé le retour des temps aventureux. Il était le sel dans le riz, avait di Gwaï… Je fis part de ma décision au vieux missionnaire ébahi :
— Je ne vais pas rentrer. Je vais rester avec Learoyd. »

Pierre Schoendoerffer, L'adieu au roi

 

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Nous vivons sur la terre en tant qu’exilés de la patrie naturelle

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« Théologiquement, nous savons que nous vivons sur la terre en tant qu’exilés de la patrie naturelle. Tous, et en particulier nous les chrétiens, nous portons en nos âmes, plus fortes encore, la mémoire de notre divine patrie. Le sentiment que nous nous trouvons loin de sa beauté et de ses délices, notre nostalgie, composent notre tragédie "sur la terre étrangère", et c’est pourquoi nous "nous pressons de partir pour être avec le Christ" (Phil. 1,23). Nous appelons la délivrance. Aucune perversion ne lutte contre la nature humaine comme celle de l'âme sans religion. L'a-religieux est un être monstrueux. »

Propos du Père Chrysostome, dans Entre Ciel et Terre de Théoclète Dionysiatis

 

 

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16/06/2018

Au souvenir des temps heureux...

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« Vous connaissez tous cette intraitable mélancolie qui s'empare de nous au souvenir des temps heureux. Ils se sont enfuis sans retour ; quelque chose de plus impitoyable que l'espace nous tiens éloignés d'eux. Et les images de la vie, en ce lointain reflet qu'elles nous laissent, se font plus attirantes encore. »

Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre

 

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Se souvenir qu'on vient de ce monde trempé dans le bleu...

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« Dans toute la palette des nuances céruléennes, le roi des bluets c'est le bluet sauvage. Fleur des moissons anciennes, de la longue geste des hommes mangeurs de pain autant que buveurs de vin... Fleur virgilienne, fleur grecque, fleur iranienne, fleur des steppes où naquit l'agriculture. Se souvenir qu'on vient de ce monde trempé dans le bleu, nous qui vivons si souvent confinés dans le gris, c'est amplifier l'histoire et la rendre moins cadavéreuse, moins putréfiée. »

Guy Féquant, Les Blancs Chemins

 

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15/06/2018

De l'homme pécheur émane une odeur de mort...

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« "Une bête n'ose pas dévorer un homme, pourvu que transparaisse en lui l'image divine." (Rabbi Adin Steinsaltz "Laisse mon peuple savoir")

Dans la forêt, saint Séraphim de Sarov s'était lié d'amitié avec toutes sortes de bêtes sauvages, en particulier un ours, qui ne lui firent jamais aucun mal. De l'homme pécheur émane une odeur de mort qui excite chez les animaux leur propre instinct de mort. Mais celui qui par ses prières et son ascèse a dépassé par la grâce du Seigneur l'angoisse primordiale, est délivré de cette odeur de mort. Il revient alors à l'état paradisiaque, l'état "naturel" de l'homme d'avant la chute, celui d'Adam qui était lié sans confrontation aucune avec toutes les bêtes, auxquelles il devait donner un nom. »

Père Michel Evdokimov, Préface de L'entretien avec Motovilov de Saint Séraphim de Sarov

 

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Participer à la nature de Dieu

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« Exempt d'égoïsme, de violence, d'orgueil, d'amours, de colère, privé de tout cortège, ne pensant pas à lui-même, pacifié, l'homme devient participant de la nature de Dieu. »

La Bhagavad-Gîtâ, Le Chant du Bienheureux, Chapitre XVIII, Yoga du Renoncement et de la Délivrance, verset 53

 

« L'homme se déifie progressivement, devenant participant à la nature de Dieu par le moyen des vertus. »

Saint Justin Popović, Philosophie orthodoxe de la vérité ; dogmatique de l'Eglise orthodoxe, Volume 5

 

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14/06/2018

Une civilisation de la perte

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« À quoi se réduit désormais l'examen de la condition de l'homme, si ce n'est à l'énumération, stoïque ou terrifiée, de ses pertes ? Du silence à l'oxygène, du temps à l'équilibre mental, de l'eau à la pudeur, de la culture au règne des Cieux. En vérité, il n'est pas grand-chose qui se puisse opposer aux inventaires de l'horreur. Le tableau semble tout entier celui d'une civilisation de la perte, à moins d'oser l'appeler encore civilisation de la survie, car même dans cet âge d'après le déluge, même dans ce règne de l'indigence démesurée, on ne saurait exclure un miracle : la persistance d'un insulaire de l'esprit, capable de dresser la carte des continents engloutis. »

Cristina Campo, Les Impardonnables

 

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Dans chaque civilisation, il existe des optimums d’ouverture et de fermeture...

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Dans le Figaro-Magazine du 3 septembre 1988, Guy Sorman interroge Claude Lévi-Strauss à propos de sa conférence intitulée Race et Culture qu'il prononça devant l'UNESCO en 1971 et qui provoqua, alors, un énorme scandale. Guy Sorman essaye, dix-sept ans après la Conférence en question, de comprendre ce qui s'est passé...

« J’avais transgressé trois interdits. » lui répondit Lévi-Strauss « Tout d’abord, j’avais observé que la génétique moderne permettait désormais de parler de races en termes scientifiques et de comprendre sur quelles données objectives reposaient les distinctions. J’avais dit ensuite que les bons sentiments ne servent en rien à lutter contre le racisme, puisque le racisme repose sur des faits objectifs : il est, par exemple, établi que des populations différentes mises en contact sur des territoires contigus ou qui se chevauchent génèrent des réactions d’agressivité. Les “primitifs” savent cela très bien. Enfin — troisième transgression — j’estimais que les cultures sont créatives lorsqu’elles ne s’isolent pas trop, mais il faut qu’elles s’isolent quand même un peu. Dans chaque civilisation, il existe des optimums d’ouverture et de fermeture, entre isolement et communication, qui correspondent aux périodes les plus fécondes de leur histoire. Si les cultures ne communiquent pas elles sont sclérosées, mais il ne faut pas qu’elles communiquent trop vite pour se donner le temps d’assimiler ce qu’elles empruntent au dehors. Aujourd’hui, lui dit Lévi-Strauss, le Japon me paraît le seul pays à atteindre cet optimum : il absorbe beaucoup de l’extérieur et refuse beaucoup. »

 

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13/06/2018

Il était de ces êtres, si incompréhensibles aujourd’hui...

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« Germain Millet était de ces êtres, si incompréhensibles aujourd’hui, qui ont le goût de la solitude : une solitude qui était plus un accomplissement que de la misanthropie ou la contestation de l’ordre social qu’elle est devenue dans une société qui a fait du vivre-ensemble, de la transparence, du festif, de la convivialité, une des figures de la démocratie où les solitaires sont suspects aux vertueux hédonistes du nouvel ordre moral. »

Richard Millet, Petit éloge d'un solitaire

 

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Un homme...

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« — Qu'est-ce qu'un homme, capitaine Brünner ?
— Celui qui reste fidèle à sa parole, à ses idées, s'il en a, à la femme qu'il aime s'il en aime une, à ses amis ; celui qui ne se dérobe pas, qui ne cherche pas d'excuses à ses fautes, qui sait se lever d'une table de jeu et partir sans un mot quand il a perdu. »

Jean Lartéguy, Tout homme est une guerre civile

 

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12/06/2018

Le refuge des rêves et des vanités anonymes

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« La religion, qu'embrasse la majorité des hommes d’aujourd’hui, est le refuge des rêves et des vanités anonymes. On la pratique en fonctionnaire et tendant son carnet d’autographes. Elle ne s’efforce pas de valoriser notre part divine, ni même notre part personnelle ; elle cherche à niveler, à abêtir, à creuser une immense fosse commune. Au-dessus de cette fourmilière, quelques étoiles maigres et tristes : des titres de journaux, des photos de magazines. Les insectes à tête humaine, — chétifs, lâches, — se pâment devant ces belles de jour et ces bonheurs du soir. Pas un geste, pas un cri, pas un murmure. Rien. L'aboulie fait oraison en silence. Elle a ses visions : elle visionne ses films. Dans ces couvents, où la chapelle est une salle obscure, les ouvreuses, Tarcisius enjuponnées, portent l'eucharistie : bonbons, caramels, esquimaux, chocolats. La digestion tient lieu d’action de grâce, et le sommeil d’extase. Le soleil de la chrétienté a disparu. A sa place, une lumière pâle, laiteuse et ballottée sur des nuages captifs circule dans la nuit non plus comme un astre mais comme un lumignon. Des images truquées et fantomales se gonflent comme des voiles. Il faut crever ces baudruches errantes. Quand elles éclatent, la sanie qui les remplissait éclabousse. Cette souillure a un nom : l'imposture, la colonisation par la bêtise publicitaire des vérités de l’ancienne France. "Sans un fond de noblesse au cœur de la plus humble chaumière, la civilisation de l'âge classique n'aurait pas tenu. La religion et la morale de l'honneur venaient confirmer cet accord. Aujourd'hui, les statistiques, le cinéma, les journaux cimentent l'union, perfectionnent un peu plus chaque jour le parfait citoyen : il se battrait comme Joë Louis, il aimerait comme Gary Cooper, il penserait comme France-Dimanche — mais de tout cela on ne peut parler qu’au conditionnel, car le parfait citoyen ne se bat, n'aime, ni ne pense, il se contente de regarder l'image de sa perfection. Contrairement aux apparences, la religion du monde moderne est contemplative". L'univers se dérobe jusqu'à s’évanouir. Disparaissent l'envie même du soupir et la transparence de certaines ténèbres. Aucun cristal, aucune fêlure, aucune bannière pour la croisade, aucun autel pour le sacrifice des héros ; mais la moiteur des soirs d'automne, les corps lisses des nymphettes de cinéma, le désir à portée de regard, une interminable domination, la gratitude des esclaves dans leurs chaînes, le septième ciel parmi les vapeurs de l'opium. L'humanité est ivre-morte. Cet état signale la fin de l'ivresse roborative et le commencement de la mort. »

Pol Vandromme, Roger Nimier, Le Grand d’Espagne

 

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Le progrès de l’automatisme et ceux de la peur sont très étroitement liés

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« Il est de fait que le progrès de l’automatisme et ceux de la peur sont très étroitement liés, en ce que l’homme, pour prix d’allégements techniques, limite sa capacité de décision. Il y gagne toute sorte de commodités. Mais, en contrepartie, la perte de sa liberté ne peut que s’aggraver. La personne n’est plus dans la société comme un arbre dans la forêt ; elle ressemble au passager d’un navire rapide, qui porte le nom de Titanic, ou encore de Léviathan. Tant que le ciel demeure serein et le coup d’œil agréable, il ne remarque guère l’état de moindre liberté dans lequel il est tombé. Au contraire : l’optimisme éclate, la conscience d’une toute-puissance que procure la vitesse. Tout change lorsqu’on signale des îles qui crachent des flammes, ou des icebergs. Alors, ce n’est pas seulement la technique qui passe du confort à d’autres domaines : le manque de liberté se fait sentir, soit que triomphent les pouvoirs élémentaires, soit que des solitaires, ayant gardé leur force, exercent une autorité absolue. »

Ernst Jünger, Traité du rebelle ou le recours aux forêts

 

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11/06/2018

C'est impossible, cela n'a pu avoir lieu

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« Un guetteur s'écroule tout d'une masse, ruisselant de sang. Balle dans la tête. Les copains lui arrachent de sa capote le paquet de pansement et le bandent. "C'est plus la peine, Willem !
— Mais quoi, vieux, y respire encore !"
Arrivent les brancardiers pour l'emporter au poste de secours. La civière cogne rudement contre les traverses disposées en chicane. A peine a-t-elle disparu que tout reprend son cours habituel. On jette quelques pelletées de terre sur la flaque rouge, et chacun retourne à ses occupations. Seul, un bleu s'appuie encore, tout blême, au revêtement de bois. Il essaie de comprendre ce qui s'est passé. Tout a été si soudain, si affreusement surprenant, un attentat d'une indicible brutalité. C'est impossible, cela n'a pu avoir lieu. Pauvre type, tu en verras d'autres »

Ernst Jünger, Orages d’acier

 

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Sur l’autel de l’humanisme exacerbé

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« Ce que je ne parviens pas à admettre, et qui me plonge dans un abîme de perplexité furieuse et désolée, c’est pourquoi tant de Français avertis concourent aveuglément, méthodiquement, voire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France — évitons le qualificatif d’éternelle, qui les révulse — sur l’autel de l’humanisme exacerbé.
Je me pose la même question à propos de toutes ces associations de droit à ceci, à cela, de toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l’Etat, ces pétitionnaires machinaux, ces médias si correctement consensuels et tous ces "intelligents" qui, jour après jour, inoculent leurs discours corrosif dans le subconscient de la nation française. Big Other…
S’il se peut, à la limite, qu’on les crédite d’une certaine part de sincérité — pour ma part, je ne vais pas jusque-là : dans "Le Camp des saints", ce sont les premiers à s’enfuir — n’empêche que j’éprouve un profond malaise à l’idée qu’ils sont mes compatriotes. Pourquoi s’obstinent-ils à détruire le socle de ce pays ? En vérité, sont-ils encore français ?
Pourquoi déclinent-il à l’infini, jusqu’à satiété, en les dissociant de la France, leurs "valeurs républicaines", à l’image de Laurent Fabius, l’un de nos ex-Premiers ministres, déclarant, en 2003, au Congrès du Parti socialiste : "Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune Française issue de l’immigration, ce jour-là nous aurons franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République… ?" Pourquoi s’acharnent-ils tous ainsi à nier le caractère intangible — et sacré, mais cela, ils sont hors d’état de le concevoir — de la patrie charnelle ? C’est le chemin de la trahison. Big Other a sonné. On s’empresse : "Ils sont chez eux chez moi" (Mitterrand), au sein d’une "Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes" (Chirac). A regarder l’avenir en face, tel qu’il se présente, tel qu’il sera, Sarkozy hésite encore, un petit pas en avant, un grand à reculons. »

Jean Raspail, Big other, Nouvelle Préface pour Le camp des saints

 

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10/06/2018

La reconnaissance et l’exaltation de l’individuité sont consubstantielles à l’Europe de toujours...

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« La reconnaissance et l’exaltation de l’individuité (le fait d’être porteur d’une individualité) sont consubstantielles à l’Europe de toujours, alors que la plupart des autres grandes cultures ignorent l’individu et ne connaissent que le groupe. Les poèmes fondateurs de la tradition européenne, l’Iliade et l’Odyssée, exaltent tous les deux l’individuité des héros aux prises avec le destin. Ces poèmes n’ont d’équivalent dans aucune autre civilisation. Ils chantent les héros sur le mode épique (l’Iliade est la première des épopées) et sur celui du roman (l’Odyssée est le premier de tous les romans). Par définition, les héros sont l’expression d’une forte individuité. Ce sont des personnes au sens grec du mot. Non des personnes de naissance (à sa naissance, le petit individu n’est rien, sinon à l’état potentiel). Devenir une personne se mérite par effort continu et formation de soi (se donner une forme intérieure). Avant d’avoir des droits, la personne a d’abord des devoirs à l’égard d’ elle même, de sa lignée, de son clan, de sa cité, de son idéal de vie. Les Européens qui portent en eux l’héritage grec par atavisme et par imprégnation culturelle, ont reçu en partage ce legs. Il fut ultérieurement dénaturé pour devenir l’individualisme exacerbé des sociétés occidentales contemporaines, une sorte de narcissisme hégémonique.

Historiquement, l’expression première de l’individualisme moderne date de la Réforme calviniste qui est elle même à l’origine de ce que Max Weber a défini comme l’essence du capitalisme. Cette forme d’individualisme fut ensuite célébrée de multiples façons à l’époque des Lumières. Elle reçut une consécration idéologique avec la déclaration des droits de l’homme de la révolution américaine et de la Révolution française, tandis que le Code civil (code Napoléon) lui donnait une consécration juridique. Le mouvement des idées s’était associé à l’évolution de la société, à l’affirmation sociale et politique de la bourgeoisie et de son individualisme intrinsèque, pour produire la grande révolution des comportements qui ne triompha vraiment en Europe qu’après les catastrophes de 1914-1945. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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L’exploitation du sentiment de culpabilité collective des Européens

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« Pour assurer l’emprise cosmocratique, l’un de ses instruments privilégiés est l’exploitation du sentiment de culpabilité collective des Européens et de leur penchant compassionnel provenant de leur héritage chrétien. La "Victimologie" est devenue le système de légitimation d’une société peu légitime. Pour faire oublier ce qu’elle a de contestable, elle s’instaure en tribunal permanent d’un passé criminalisé. Ainsi fait elle coup double. Dénonçant les "crimes" du passé ou ceux de dictatures exotiques, elle s'attribue à bon compte un brevet de moralité. Par comparaison, elle suggère que, malgré sa corruption et ses tares, elle est quand même la plus morale, donc la meilleure. Comme se manifestent cependant des résistances appelées "populisme" dans la novlangue cosmocratique, le trait de génie fut d’utiliser les anciens communistes, les ex-soixante-huitards et leurs successeurs, recyclés dans la glorification du marché ou de l’altermondialisme, version archéo-gauchiste. Ils fournissent le clergé inquisitorial de la religion de l’Humanité, ce nouvel opium du peuple, dont le foot charpente les grand-messes. C’est une religion qui a ses tables de la loi avec les droits de l’homme, autrement dit les droits du zombi. Elle a ses dogmes et ses bras séculiers. Elle pourchasse le Mal : être différent, cultiver l’esprit critique ou ne pas être dupe de l’humanisme moralisateur. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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09/06/2018

Le zombi, l’homme nouveau, vidé de contenu

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« La cosmocratie fabrique l’homo oeconomicus de l’avenir, le zombi, l’homme nouveau, vidé de contenu, possédé par l’esprit du marché. Le zombi se multiplie sous nos yeux. Il est apparemment heureux. "L’esprit du marché lui souffle que le bonheur consiste à satisfaire tous ses désirs." Et ses désirs étant ceux du marché ne sont suscités que pour être satisfaits. Le zombi est heureux tant qu’il ne pense pas et ne souffre pas. S’il pense, ce n’est plus un zombi. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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L’élan du cœur et la poésie

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« Au tournant du siècle, l’Allemagne voit se lever en elle un vaste mouvement de la jeunesse qui témoigne de sa vigueur, la Jugendbewegung, dont les Wandervogel (oiseaux migrateurs) ne sont qu’un des aspects particuliers. L’idéal de la Jugendbewegung, avant 1914, peut se résumer dans le mot d’unité. Unité d’une commune appartenance (Volk), qui fait éprouver à chacun qu’il n’est libre qu’en obéissant à la loi qu’il s’est prescrite. La loi n’asservit pas l’individu, mais le lie à la communauté en instituant l’égalité, comprise au sens où la définit Aristote, comme « égalité dans le commandement et dans l’obéissance ». Une idée typiquement prussienne que développeront peu après sur des registres différents Spengler et Heidegger.

Réagissant contre l’expansion des grandes villes, la tristesse du monde industriel, le formalisme bourgeois et le culte de l’argent, les adolescents des lycées et des écoles s’élancent au tournant du siècle sur les routes et les chemins à la reconquête d’eux-mêmes, de l’unité et de la nature. Un mythe explosif en sortira que reprendront les générations suivantes. Au credo rationaliste, il oppose l’élan du cœur et la poésie. Dès que revient le printemps, quand la nature s’éveille, les Wandervogel vagabondent par petites bandes, sac au dos, garçons et filles, jambes nues dans les culottes de cuir, cheveux blonds et peau hâlée. Ils reprennent à plusieurs voix des chansons de marins et de soldats. Ils déclament des aphorismes de Nietzsche ou des poèmes de Stefan George qui exaltent la vie héroïque et dangereuse, la beauté des corps libérés. Pour eux, la guerre semblera l’occasion d’une explication décisive entre ce qu’ils refusent et leur volonté de purification. Elle deviendra le symbole même de la jeunesse par son activisme, son optimisme et son héroïsme. La bataille de Langemark (novembre 1914), où furent fauchés par milliers les membres de la Jugendbewegung, représentera pour les Allemands de ce temps le mythe héroïque par excellence, celui de la fleur de la nation marchant à la mort en chantant. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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08/06/2018

Une très ancienne communauté de civilisation

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« Que l’Europe fût une très ancienne communauté de civilisation toute l’histoire en témoigne. Sans remonter aux peintures rupestres et à la culture mégalithique, il n’y a pas un seul grand phénomène historique vécu par l’un des pays de l’espace franc qui n’ait été commun à tous les autres. La chevalerie médiévale, la poésie épique, l’amour courtois, le monarchisme, les libertés féodales, les croisades, l’émergence des villes, la révolution du gothique, la Renaissance, la Réforme et son contraire, l’expansion au-delà des mers, la naissance des États-nations, le baroque profane et religieux, la polyphonie musicale, les Lumières, le romantisme, l’univers prométhéen de la technique ou l’éveil des nationalités… Oui, tout cela est commun à l’Europe et à elle seule. Au cours de l’histoire, tout grand mouvement né dans un pays d’Europe a trouvé immédiatement son équivalent chez les peuples frères et nulle part ailleurs. Quant à nos conflits qui ont longtemps contribué à notre dynamisme, ils furent dictés par la compétition des princes ou des États, nullement par des oppositions de culture et de civilisation. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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En opposition au renoncement

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« Les temps troublés, dont le XXe siècle européen ne fut pas avare, sont riches en situations permettant au courage et à l'énergie de s'affirmer en opposition au renoncement, à la résignation, à l'opportunisme ou à la couardise. C'est un attrait des périodes d'exception. Elles révèlent la vérité des hommes et donnent un sens à la vie jusque dans la mort. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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07/06/2018

La tradition est un "moi" qui traverse le temps

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« La conscience d'une appartenance européenne, donc d'une européanité, est très antérieure au concept moderne d’Europe. Elle s’est manifestée sous les noms successifs de l’hellénisme, de la celtitude, de la romanité, de l’empire franc ou de la chrétienté. Conçue comme une tradition immémoriale, l’Europe est issue d’une communauté de culture multimillenaire tirant sa spécificité et son unicité de ses peuples constitutifs, d’un héritage spirituel qui trouve son expression primordiale dans les poèmes homériques.

Comme les autres grandes civilisations, Chine, Japon, Inde ou Orient sémitique, la nôtre plongeait loin dans la Préhistoire. Elle reposait sur une tradition spécifique qui traverse le temps sous des apparences changeantes. Elle était faite de valeurs spirituelles qui structurent nos comportements et nourrissent nos représentations même quand nous les avons oubliées. Si, par exemple, la simple sexualité est universelle au même titre que l’action de se nourrir, l’amour, lui, est différent dans chaque civilisation, comme est différente la représentation de la féminité, l’art pictural, la gastronomie ou la musique. Ce sont les reflets d’une certaine morphologie spirituelle, mystérieusement transmise par atavisme, structure du langage et mémoire diffuse de la communauté. Ces spécificités nous font ce que nous sommes, à nul autre pareils, même quand la conscience en a été perdue. Comprise dans ce sens, la tradition est ce qui façonne et prolonge l’individualité, fondant l’identité, donnant sa signification à la vie. Ce n’est pas une transcendance extérieure à soi. La tradition est un "moi" qui traverse le temps, une expression vivante du particulier au sein de l’universel. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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Une seule idéologie domine les représentations

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« En réalité, notre monde est idéologiquement saturé. Mais cela n’est pas perçu pour la raison qu’en Europe et aux États-Unis, depuis l’effondrement du communisme, une seule idéologie domine les représentations, bénéficiant d’un monopole qui l’a transformée en norme. Et cette norme est d’autant moins discutée qu’elle utilise à son profit une rhétorique moralement gratifiante de tolérance qui masque sa très réelle intolérance à l’encontre de ce qui n’est pas elle-même. Elle se voudrait sans rivale et assurée de la pérennité. Mais dans un monde qui change rapidement, un système d’idées qui ne répond plus aux attentes du devenir ne peut survivre longtemps. C’est une des leçons qu’enseigne l’histoire des cent dernières années, une histoire qui commence en 1914. »

Dominique Venner, Le siècle de 1914

 

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06/06/2018

Civilisation...

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« L’individu qui vient au monde dans une "civilisation" trouve incomparablement plus qu’il n’apporte. Une disproportion qu’il faut appeler infinie s’est établie entre la propre valeur de chaque individu et l’accumulation des valeurs au milieu desquelles il surgit. Le civilisé, parce qu’il est civilisé, a beaucoup plus d’obligations envers la société que celle-ci ne saurait en avoir jamais envers lui. »

Charles Maurras, Mes idées politiques

 

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05/06/2018

Des fantaisies...

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« "N’empêche, lui ai-je dit, je regrette maintenant mon passage à la Milice, elle va revenir lentement à la mode. Ce qui était dans mon esprit la plus facile des révoltes, sera le comble de la prudence. Mon père n’en sera même plus emmerdé dans sa tombe, d’ici deux ans."
Mon oncle a fait un petit geste : "Il est mort de chagrin quand il l’a su.
— N’exagérons pas : il est mort quand on l’a su et qu’il a vu que cela le gênerait pour passer en général d’armée. Non, croyez-moi, on ne peut rien faire de stable. L’avenir remet tout en question. Si Robespierre s’était douté qu’il n’était en réalité qu’un petit bourgeois étriqué, un fonctionnaire de la révolution, il serait resté dans son coin.
— Vous savez, m’a-t-il dit, que je vous ai toujours approuvé au fond de mon cœur : c’est-à-dire platoniquement. Aujourd’hui je m’amuse beaucoup de ce qui vous arrive. Vous allez épouser une jeune fille très riche dont un oncle est cardinal et dont le père est député — mais trop bête pour tremper jamais dans un scandale épouvantable. De même pour le cardinal, trop peureux pour forniquer avec des enfants de chœur comme il en a sans doute envie. Rien à craindre par conséquent du côté honneur. Vous-même sortez de la première armée française ; il me semble me rappeler qu’on vous a donné la croix de guerre. Vous êtes parfait. Depuis quelque temps vous portez des chapeaux à bord roulé. Des chapeaux bleu marine, si je ne me trompe pas. De sorte que vos aventures passées reviennent à leur place naturelle et retrouvent le nom qu’elles n’auraient jamais dû quitter : des fantaisies. Le soir où je vous entendrai parler du cours de la livre en réchauffant un verre de cognac entre vos mains, je me réjouirai intérieurement de cette victoire de l’ordre. Bien entendu, je vous blâmerai au fond de mon cœur romantique. »

Roger Nimier, Les épées

 

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