13/08/2018
"Il est plus tard que tu ne crois…"
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« Aujourd’hui que le rapport de force s’est diamétralement inversé et que notre vieil Occident, tragiquement minoritaire sur cette terre, reflue derrière ses murailles démantelées en perdant déjà des batailles sur son propre territoire et commence à percevoir, étonné, le vacarme sourd de la formidable marée qui menace de la submerger, il faut se souvenir de ce qu’annonçaient les anciens cadrans solaires : "Il est plus tard que tu ne crois…" »
Jean Raspail, Préface du "Camp des Saints"
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Quand tu ne rencontreras plus en toi aucun obstacle qui t’empêche d’être un
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« Rentre en toi-même et examine-toi. Si tu n’y trouves pas encore la beauté, fais comme l’artiste qui retranche, enlève, polit, épure, jusqu’à ce qu’il ait orné sa statue de tous les traits de la beauté. Retranche ainsi de ton âme tout ce qui est superflu, redresse ce qui n’est point droit, purifie et illumine ce qui est ténébreux, et ne cesse pas de perfectionner ta statue jusqu’à ce que la vertu brille à tes yeux de sa divine lumière, jusqu’à ce que tu voies la tempérance assise en ton sein dans sa sainte pureté. Quand tu auras acquis cette perfection, que tu la verras en toi, que tu habiteras pur avec toi-même, que tu ne rencontreras plus en toi aucun obstacle qui t’empêche d’être un, que rien d’étranger n’altérera plus par son mélange la simplicité de ton essence intime, que tu ne seras plus dans ton être tout entier qu’une lumière véritable, qui ne peut être mesurée par une grandeur, ni circonscrite par une figure dans d’étroites limites, ni s’accroître en étendue à l’infini, mais qui est tout à fait incommensurable parce qu’elle échappe à toute mesure et est au-dessus de toute quantité ; quand tu seras devenu tel, alors, puisque tu es la vue même, aie confiance en toi, parce que tu n’as plus besoin de guide ; regarde attentivement : car ce n’est que par l’œil qui s’ouvre alors en toi que tu peux apercevoir la Beauté suprême. Mais si tu essaies d’attacher sur elle un œil souillé par le vice, impur, et dépourvu d’énergie, ne pouvant supporter l’éclat d’un objet aussi brillant, cet œil ne verra rien, quand même on lui montrerait un spectacle naturellement facile à contempler. Il faut d’abord rendre l’organe de la vision analogue et semblable à l’objet qu’il doit contempler. Jamais l’œil n’eût aperçu le soleil, s’il n’en avait d’abord pris la forme : de même, l’âme ne saurait voir la Beauté si d’abord elle ne devenait belle elle-même. Tout homme doit commencer par se rendre beau et divin pour obtenir la vue du Beau et de la Divinité. »
Plotin, Ennéades, I, 6
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12/08/2018
Une immense machinerie
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« Le monde moderne est là devant nous comme une immense machinerie, et, sachant ce que celle-ci a gaspillé d'argent et de travail, nous calculons ce qu'il en coûte maintenant pour la démolir… Mais les civilisations ne sont nullement des machineries, elles ne se démontent pas comme des hangars de poutres d'acier, elles sont vivantes, elles obéissent aux lois de la vie ; pourquoi ne se résorberaient-elles pas ? Peut-être la liberté sera-t-elle sauvée par un très petit nombre d'hommes - petit au regard de la foule innombrable des lâches et des imbéciles ? »
Georges Bernanos, Lettre aux anglais
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11/08/2018
Au frigo...
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« Cette époque va mettre son âme au frigo. Moi, je crois aux héros et aux saints. Les autres m'emmerdent. Entre le monde du fric et celui de Mao, il doit bien y avoir un peu de place pour des hommes pauvres mais libres. »
Xavier Grall, Solo
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10/08/2018
Se tenir debout quoi qu'il arrive
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« La seule vérité est de se tenir debout quoi qu’il arrive, de faire face à l’absurdité du monde pour lui donner une forme et un sens, de travailler et de se battre si l’on est un homme, d’aimer si l’on est une femme. »
Dominique Venner, Le cœur rebelle
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Un murmure des temps anciens et du futur
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« La tradition est un choix, un murmure des temps anciens et du futur. Elle me dit qui je suis. Elle me dit que je suis de quelque part. Je suis du pays de l'arbre et de la forêt, du chêne et du sanglier, de la vigne et des toits pentus, des chansons de geste et des contes de fées, du solstice d'hiver et de la Saint-Jean d'été, des enfants blonds et des regards clairs, de l'action opiniâtre et des rêves fous, des conquêtes et de la sagesse. Je suis du pays où l'on fait ce que l'on doit parce qu'on se doit d'abord à soi-même. Voilà pourquoi je suis un cœur rebelle. Rebelle par fidélité. »
Dominique Venner, Le Coeur Rebelle
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09/08/2018
Faire revivre, en cette époque mécaniste, la faculté de l’âme de se détacher de tout
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« Ce qu’il nous faut faire revivre, en cette époque mécaniste, c’est la faculté de l’âme de se détacher de tout, et de jouir de la vie en dépit de tout. Sur les circonstances extérieures, il est rare que nous puissions quelque chose. Les soucis d’argent, les soucis amoureux, les soucis que nous cause de l’ambition, les soucis de santé, les soucis dus au chômage, aucun ne nous n’y échappe. Ils sont là, et nous aussi, nous sommes là ! Supporter la douleur physique, gaspiller nos journées à des corvées absurdes, devoir prendre des décisions, cajoler, menacer, duper autrui ou en être dupe à son tour, avoir de pénibles et stériles entrevues avec des gens plus éloignés de nous que des archanges ou des gyrins – tout cela, c’est la vie, tout simplement. Seul un nombre infinitésimal de créatures réussissent, grâce à la faveur divine, à échapper à tout cela. Subir telle ou telle douleur, avoir à affronter telle ou telle difficulté, c’est cela, vivre. La vie, ce n’est pas autre chose. Si vous déclarez forfait devant tout cela, déclarer forfait devant la vie. Si vous êtes incapable de ressentir une jubilation intime et secrète lorsque vous tentez de vous soustraire à tout cela, aussi bien que malgré tout cela, mieux vaudrait vous suicider. Mieux vaut cent fois être mort, plutôt que de mener une vie de souffrances. »
John Cowper Powys, Apologie des sens
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Quelques efforts spasmodiques et dérisoires
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« Il est grand temps maintenant de nous poser la question capitale et de chercher la cause de cette expression morne et tendue, cette expression de hâte et de fièvre – cette expression à la fois si apathique et si anxieuse, d’où sont absentes la joie de vivre et la paix – qui se lit sur le visage des passants que nous croisons dans les grandes métropoles occidentales. C’est une expression exactement semblable, en fait, à celle que l’on pourrait observer sur les traits des fourmis, les plus misérables des insectes asservis à la coutume. Si un film nous montrait des images de fourmis en gros plans géants, nous aurions à coup sûr l’impression de nous voir dans un miroir !
Et cette apathie perpétuelle, ce mélange de grisaille et de tension – quelle en est la cause psychique ? Tout simplement le manque d’intelligence, l’incapacité de reconnaître où il faut chercher le bonheur ! Car enfin on ne peut supposer que tous les individus désirent être ainsi mornes et misérables. Ils font, de fait, quelques efforts spasmodiques et dérisoires pour s’arracher à cette effroyable indifférence, à cette futilité poussiéreuse. Ils vont au “ciné” ; ils s’invitent les uns chez les autres ; ils boivent ; ils forniquent ; ils lisent les faits divers. Mais tous ces remèdes restent manifestement inefficaces – ou sont suivis d’effets si éphémères qu’ils ne valent pas la peine d’être mentionnés.
Certes, les plantes, les arbres, les animaux, les reptiles, les oiseaux et les poissons sont mortels, et connaissent, qui plus est, une mort tragique; mais tant qu’ils sont vivants – il suffit de les regarder pour en être certain ! – ils jouissent de longues périodes d’extase de vivre, alternant avec des périodes de paix profonde et de satisfaction indépendante. Ils sont la proie de mille terreurs, en butte à mille périls. Leur vie, tout comme la nôtre, n’est qu’un interminable combat pour se procurer de la nourriture. Mais parallèlement à ces dangers et souffrances tragiques dont leur vie abonde, ils connaissent – de façon répétée, bien qu’intermittente – la jouissance intense et magique que leur cause ce simple fait primordial qu’ils sont en vie, qu’ils ne sont pas encore morts ! Alors que tant d’habitants de nos grandes villes, quant à eux, pourraient tout aussi bien être morts, étant donné le peu de plaisir qu’ils tirent de ce fait essentiel qu’ils sont encore en vie. »
John Cowper Powys, Apologie des sens
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08/08/2018
Je suis le prince débile issu d’une lignée de colosses
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« Je suis le prince débile issu d’une lignée de colosses et qui va peut-être clore une race. Je mourrai sans postérité, stérilisé par l’atome ou égorgé par un fanatique. Et mes frères auront le même sort. Des géants nous précèdent, des héros et des savants, des explorateurs de la terre et des explorateurs de l’âme, des César et des Antoine, des monarques et des capitaines, des silhouettes sévères en robe de bure, de belles courtisanes ou des brutes implacables. Tout un cortège de grandes figures, resplendissantes de splendeur et de puissance, se déroule à nos yeux, immense fardeau pour nos contemporains dérisoires. Voici que s’amassent à l’Orient les nuages sinistres de la ruée païenne et barbare. »
Jean de Brem, Le Testament d'un Européen
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Taxez-moi de romantisme, qu’importe !
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« Chaque geste que vous ferez vers une Europe unifiée protègera un peu plus le trésor du monde. Taxez-moi de romantisme, qu’importe ! Pour moi, le trésor du monde, c’est une infante de Vélasquez, un opéra de Wagner ou une cathédrale gothique. C’est un calvaire breton ou une nécropole de Champagne. C’est le Romancero du Cid ou le visage hugolien de "l’enfant grec". C’est un tombeau des Invalides ou le Grand Aigle de Schönbrunn, l’Alcazar de Tolède ou le colisée de Rome, la Tour de Londres ou celle de Galata, le sang de Budapest ou le quadrige orgueilleux de la Porte de Brandebourg devenue le poste frontière de l’Europe mutilée. Pour toutes ces pierres, pour tous ces aigles et pour toutes ces croix, pour la mémoire de l’héroïsme et du génie de nos pères, pour notre terre menacée d’esclavage et le souvenir d’un grand passé, la lutte ne sera jamais vaine. Frêle Geneviève de Paris, patronne de l’Europe, seule contre les hordes mongoles, tu symbolises notre esprit de résistance. Et toi, vainqueur blond au visage de dieu, macédonien aux dix milles fidèles, Alexandre, toi qui conquis le monde oriental avec ta foi et ton épée, dressé contre le destin et le sens de l’Histoire, tu symboliseras peut-être un jour le triomphe de l’Europe impériale. »
Jean de Brem, Le Testament d'un Européen
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07/08/2018
Je sens peser sur mes épaules misérables le poids démesuré du plus glorieux des héritages...
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« Je sens peser sur mes épaules misérables le poids démesuré du plus glorieux des héritages. A moi, qui ne suis rien et qui n’apporte rien, la civilisation fait un cadeau gigantesque : le patrimoine de l’Europe. Il est fait de trésors et de souvenirs. Chacun de nous, je crois, à Londres et à Vienne, à Berlin et à Madrid, à Athènes et à Varsovie, à Rome et à Paris, à Sofia et à Belgrade, doit ressentir le même drame. Chacun de nous est le dernier des Européens. Je suis le prince débile issu d’une lignée de colosses et qui va peut-être clore une race. Je mourrai sans postérité, stérilisé par l’atome ou égorgé par un fanatique. Et mes frères auront le même sort. Des géants nous précèdent, des héros et des savants, des explorateurs de la terre et des explorateurs de l’âme, des César et des Antoine, des monarques et des capitaines, des silhouettes sévères en robe de bure, de belles courtisanes ou des brutes implacables. Tout un cortège de grandes figures, resplendissantes de splendeur et de puissance, se déroule à nos yeux, immense fardeau pour nos contemporains dérisoires. Voici que s’amassent à l’Orient les nuages sinistres de la ruée païenne et barbare. Je vais mourir. Je meurs. Et la race Europe avec moi. Avec nous. Je ne laisserai rien. Depuis cinquante ans j’ai dispersé l’héritage. Et laissé le royaume du ciel en friche. Je n’aurais pas d’héritiers dans ce monde hostile et chaotique. Je ne puis laisser qu’un message : l’histoire, la très belle histoire d’une civilisation mortelle, qui se croyait invincible. Une civilisation pour laquelle des milliards d’hommes ont lutté et vaincu pendant trente siècles. Personne ne sera là pour me lire. Qu’importe. Voici comme un dernier cri de rage et d’amertume. »
Jean de Brem, Testament d'un Européen
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31/07/2018
Se noyer dans une terne uniformité
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« Je suis convaincu, en effet, que les Nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d'autres ou se noyer dans une terne uniformité. "La Nation est en effet, pour reprendre les termes du Pape Jean-Paul II, la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation existe 'par' la culture et 'pour' la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu'ils puissent 'être davantage' dans la communauté" (Discours à l'UNESCO, 2 juin 1980, n. 14). Dans cette perspective, la mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des habitants de ce Pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va. »
Benoît XVI, Discours à la conférence des évêques de France, 14 septembre 2008
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Fascisme
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« Tenez, encore un qui, tout sincèrement démocrate qu'il est, a été remué par certains accents du fascisme, ceux qui correspondent d'ailleurs à une vérité humaine : fatigue du bavardage, de la discorde professionnelle, besoin de créer, de construire, désir d'être un chef, petit ou grand, mais qui a une tâche devant lui, et derrière lui une équipe solide. Vous savez, Jerphanion, le vieux syndicaliste que je suis, tout en condamnant le fascisme comme un énorme péril international, n'a jamais pu s'empêcher de reconnaître que certaines réactions fascistes sont normales et salubres. Le fascisme isolé est sûrement un poison. Mais une certaine dose de fascisme circule dans toute société qui se porte bien… Oui, mais essayez de dire cela à la tribune, ou même dans un journal de gauche ! On croira que vous êtes passé à l'ennemi, ce qui est exactement le contraire de la vérité. Ce n'est pas passer à l'ennemi que de lui chiper ce qu'il peut avoir de bien pour en faire profiter la bonne cause… Mais je m'égare. »
Jules Romains, Les hommes de bonne volonté, T25 : Le tapis magique
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26/07/2018
Le Sud Confédéré
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« Le Sud est un vaste domaine dont on pourrait parler indéfiniment. Je n’en ai pas dit grand-chose et pourtant le Sud — et le Sud-ouest qui est un monde totalement différent — sont deux régions de l’Amérique qui me touchent profondément. Le vieux Sud est plein de champs de batailles, c’est une des premières choses qui vous y frappent. Le Sud ne s’est jamais remis de sa défaite. C’était une défaite purement militaire, les plus dures à supporter. L’homme du Sud a un rythme à lui, une attitude à lui devant la vie. Rien ne le convaincra qu’il avait tort ; au fond, il a un souverain mépris pour l’homme du Nord. Il a son propre panthéon d’idoles, guerriers, hommes d’Etat, écrivains, dont nulle défaite n’a affaiblit la gloire ni la renommée. Sur tous les plans, le Sud demeure solidement hostile au Nord. Il mène un combat sans espoir, très semblable à celui que l’Irlandais mène contre l’Angleterre.
Si vous êtes du Nord, cette atmosphère vous affecte étrangement. Vous ne pourrez vivre longtemps dans le Sud sans finir par être miné. Le climat, les paysages, les mœurs, les coutumes, le doux parler dégagent un charme auquel il est difficile de résister. Ce monde du Sud est plus proche que tout le reste des Etats-Unis de la vie de rêve dont parlent les poêtes. Peu à peu ce monde de rêve est envahi et contaminé par l’esprit du Nord. Le Sud croule sous les pas du conquérant. De Rome à Savannah, au long des vieilles pistes, on peut retracer la marche de Sherman vers la mer. C’est la route du vandale, la route du soldat qui a dit que la guerre était un enfer et qui l’a démontré par le fer et par le feu. Le Sud ne pardonnera jamais à Sherman, jamais.
(...)
Dans le Mississipi, prés des rives du grand fleuve, j’ai vu les ruines de Windsor. Il ne reste plus rien maintenant de cette grande demeure que les hautes colonnes grecques couvertes de vigne vierge. On voit tant de ruines élégantes et mystérieuses dans le Sud, tant d’images de mort et de désolation, tant de spectacles fantomatiques. Et toujours dans les coins les plus beaux, comme si l’envahisseur, visant les centres vitaux, avait voulu frapper aussi l’orgueil et l’espoir de sa victime. On ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être cette terre bénie si les ravages de la guerre lui avaient été épargnés, car dans nos Etats du Sud, ce qu’on appelle la "culture esclavagiste" n’avait donné encore que ses toutes premières fleurs. Nous savons ce que les cultures esclavagistes de l’Inde, de Rome, de l’Egypte et de la Grèce ont légué au monde. Nous leurs sommes reconnaissants de cet héritage ; nous ne le repoussons pas sous prétexte qu’il a été bâti sur l’injustice. Qui donc a le courage devant ces merveilles du passé, de s’écrier : "Il aurait mieux valu que rien de tout cela n’eut été si pour créer ces chefs-d’œuvre il a fallu priver un seul être humain de sa liberté !" Qui sait quelles splendeurs auraient pu s’épanouir dans des foyers de culture comme Charleston, Savannah, New Orléans !
(...)
Il est des milliers de lieux de rêve dans le vieux Sud. On peut s’asseoir sur un banc dans un minuscule jardin confédéré, ou s’allonger sur les rives d’un canal ou se poster sur un remblai dominant une réserve Indienne : l’air est doux, lourd encore de parfums, le monde semble endormi, mais l’atmosphère est chargée de noms magiques, d’événements historiques, d’inventions, d’explorations, de découvertes. Riz, tabac, coton : à partir de ces trois éléments, seul le Sud a composé une grande symphonie d’activité humaine.
Tout cela est fini maintenant. Un nouveau Sud est né. On a retourné le sol du vieux Sud. Mais les cendres en sont encore tièdes. »
Henry Miller, Le cauchemar climatisé
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Ceux qui s'aimaient le plus triompheraient
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« L’homme n’a jamais aimé le genre humain en bloc, races, religions et cultures, mais seulement ceux qu’il reconnaît pour siens, ceux de son clan, si vaste soit-il. Pour le reste, il se force et on l'y a forcé et quand le mal est achevé, il ne lui reste qu'à se désagréger. Dans cette guerre étrange qui s'annonçait, ceux qui s'aimaient le plus triompheraient. »
Jean Raspail, Le camp des saints
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22/07/2018
L'intervention de l'intellectuel dans les affaires publiques...
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« Or l'intervention de l'intellectuel dans les affaires publiques se déroule sous l'empire de considérations, de pressions, d'intérêts, de passions, de lâchetés, de snobisme, d'arrivismes, de préjugés, d'hypocrisies en tout point semblables à ceux qui meuvent les autres hommes... Si, par exemple, entre les deux guerres, on retranche les intellectuels qui ont cédé ou bien à la tentation fasciste, ou bien à la tentation stalinienne, il ne reste plus grand monde. »
Jean-François Revel, La connaissance inutile
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Nombriliste et figé dans la langue de bois
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« L'isolement croissant des élites signifie entre autres choses que les idéologies politiques perdent tout contact avec les préoccupations du citoyen ordinaire. Le débat politique se restreignant la plupart du temps aux " classes qui détiennent la parole "( talking classes"), comme on a eu raison de les décrire, devient de plus en plus nombriliste et figé dans la langue de bois. Les idées circulent et recirculent sous formes de scies et de réflexes conditionnés. La vieille querelle droite-gauche a épuisé sa capacité à clarifier les problèmes et à fournir une carte fiable de la réalité. Dans certains secteurs, l'idée même de la réalité est mise en cause, peut-être parce que les classes qui détiennent la parole habitent un monde artificiel dans lequel des simulations de réalité remplacent la réalité proprement dite. »
Christopher Lasch, La Révolte des élites et la trahison de la démocratie
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21/07/2018
Un troupeau...
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« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.
L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »
Günther Anders, L’obsolescence de l’homme
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Ils ne sentent plus leurs corps
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« Vous voyez, madame, ce qui perd les français, c'est qu'ils ne sentent plus leurs corps, ils sont tout en cervelle maintenant. On peut tout dire, mais comme ça ne tire pas à conséquence, apparemment on ne dit rien. Autrefois, une parole c'était un coup d'épée ou la guillotine, à donner ou à recevoir. Et chez vous c'est encore un coup de poing peut-être. »
Pierre Drieu la Rochelle, Gilles
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20/07/2018
Plus ils s'agglutinent, plus ils s'éloignent de nous et moins ils nous paraissent humains
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« Plus ils sont individualisés, plus ils sont humains et mieux nous pouvons les comprendre ; plus ils s'agglutinent, plus ils s'éloignent de nous et moins ils nous paraissent humains. J'ai eu entre les mains le recueil de cantiques d'une société de morale humanitaire très soigneusement expurgé de tout élément divin, qui proposait une version ainsi humanisé du cantqiue fameux : "Plus près de toi, Humanité, plus près de toi". Je suppose qu'elle avait le plus vif succès dans le métro aux heures d'affluence — Dieu sait pourtant si l'âme de notre prochain nous semble alors lointaine. »
G. K. Chesterton, L'homme éternel
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L'obscurcissement du monde
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« En un temps où le dernier petit coin du globe terrestre a été soumis à la domination de la technique, et est devenu exploitable économiquement, où toute occurrence qu'on voudra, en tout lieu qu'on voudra, à tout moment qu'on voudra, est devenue accessible aussi vite qu'on voudra, et où l'on peut vivre simultanément un attentat contre un roi en France et un concert symphonique à Tokyo, lorsque le temps n'est plus que vitesse, instantanéité et simultanéité, et que le temps comme pro-venance a disparu de l'être-Là de tous les peuples, lorsque le boxeur est considéré comme le grand homme d'un peuple, et que le rassemblement en masses de millions d'hommes constitue un triomphe ; alors vraiment, à une telle époque, la question : "Pour quel but ? — où allons nous ? — et quoi ensuite ?" est toujours présente et, à la façon d'un spectre, traverse toute cette sorcellerie.
La décadence spirituelle de la terre est déjà si avancée que les peuples sont menacés de perdre la dernière force spirituelle, celle qui leur permettrait du moins de voir et d'estimer comme telle cette dé-cadence (conçue dans sa relation au destin de "l'être"). Cette simple constatation n'a rien à voir avec un pessimisme concernant la civilisation, rien non plus, bien sûr, avec un optimisme ; car l'obscurcissement du monde, la fuite des dieux, la destruction de la terre, la grégarisation de l'homme, la suspicion haineuse envers tout ce qui est créateur et libre, tout cela a déjà été atteint, sur toute la terre, de telles proportions, que des catégories aussi enfantines que pessimisme et optimisme sont depuis longtemps devenues ridicules.
Nous sommes pris dans l'étau. Notre peuple, en tant qu'il se trouve au milieu, subit la pression de l'étau la plus violente, lui qui est le peuple le plus riche en voisins, et aussi le plus en danger, et avec tout cela le peuple métaphysique. »
Martin Heidegger, Introduction à la métaphysique
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19/07/2018
Quelques vestiges de la solidité du passé
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« Nos pères détruisirent joyeusement, parce qu'ils vivaient à une époque qui conservait quelques vestiges de la solidité du passé. C'était cela même qu'ils détruisaient qui donnait assez de force à la société pour qu'ils puissent détruire sans sentir l'édifice se disjoindre. Nous héritons de la destruction et de ses résultats. De nos jours, le monde appartient aux imbéciles, aux cœurs secs et aux agités. Le droit de vivre et de triompher s'acquiert aujourd'hui par les mêmes moyens que s'obtient un internement à l'asile : l'incapacité de penser, l'amoralité et l'hyperexcitation. »
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité
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L’Intelligence, elle, sera avilie pour longtemps
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« Le Sang et l'Or seront recombinés dans une proportion inconnue. Mais l'Intelligence, elle, sera avilie pour longtemps ; notre monde lettré, qui paraît si haut aujourd'hui, aura fait la chute complète, et, devant la puissante oligarchie qui syndiquera les énergies de l'ordre matériel, un immense prolétariat intellectuel, une classe de mendiants lettrés comme en a vu le moyen âge, traînera sur les routes de malheureux lambeaux ce qu'auront été notre pensée, nos littératures, nos arts. »
Charles Maurras, L'avenir de l'Intelligence
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18/07/2018
Le mal et la souffrance
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« Dieu existe justement parce que le mal et la souffrance existent dans le monde, l'existence du mal est une preuve de l'existence de Dieu. Si le monde consistait uniquement dans le bon et dans le bien, alors Dieu ne serait plus utile, le monde lui-même serait Dieu. Dieu est parce que le mal est. Ce qui signifie que Dieu est parce que la liberté est. »
Nicolas Berdiaev, L'esprit de Dostoïevski
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On confond souvent le sens historique avec le culte de la tradition ou le goût du passé
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« La vie n'a pas pour essence et pour but la réconciliation totale, mais une action sans cesse renouvelée, un effort jamais achevé. La nouveauté du devenir n'est que la forme élémentaire, pour ainsi dire la condition de la liberté proprement humaine, qui se déploie à travers les contradictions et les luttes. Opposition qui se rattache à l'antinomie fondamentale entre durée et temps historique, définie non par l'actualité, mais par la tension entre un double au-delà.
On confond souvent le sens historique avec le culte de la tradition ou le goût du passé. En vérité, pour l'individu comme pour les collectivités, l'avenir est la catégorie première. Le vieillard qui n'a plus que des souvenirs est aussi étranger à l'histoire que l'enfant absorbé dans un présent sans mémoire. Pour se connaître soi-même comme pour connaître l'évolution collective, l'acte décisif est celui qui transcende le réel, qui rend à ce qui n'est plus une sorte de réalité en lui donnant une suite et un but.
Le présent historique n'a donc pas la richesse de la contemplation ou de l'accord total, mais il ne se réduit pas non plus au point insaisissable d'une représentation abstraite. Il se confond d'abord avec le vécu, ce qui n'est pas pensé et reste par nature inaccessible à toute pensée. Pour la réflexion, il est intermédiaire, le dernier terme de ce qui n'est plus, un acheminement vers ce qui sera. L'époque que nous vivons se définit à nos yeux par les tendances que nous y discernons : jadis peut-être, pour les peuples sans conscience historique, totalité close, aujourd'hui elle est moment d'une évolution, moyen d'une conquête, origine d'une volonté. Vivre historiquement, c'est se situer par rapport à une double transcendance. Chacune des dimensions temporelles est l'objet des sentiments les plus divers. Mon passé est encore partie intégrante de mon moi, non pas seulement parce qu'il m'a formé, mais parce qu'il est transfiguré par les sentiments que j'éprouve à son égard. Tantôt il me rappelle un autre être qu'à peine je reconnais, tantôt il éveille des émotions que je croyais éteintes ou des souffrances ensevelies. Appauvri, puisque je ne suis plus ce que j'ai été, ou enrichi par mes expériences, je n'apprends par le souvenir du temps perdu, ni la fuite, ni la permanence des choses, ni la fécondité de la durée ; ou du moins ces valeurs contradictoires dépendent de la vie actuelle.
Chaque dimension n'en est pas moins caractérisée et comme définie par une attitude humaine. Le passé relève du savoir, le futur de la volonté, il n'est pas à observer mais à créer. Une seule affection est essentiellement liée à notre destinée temporelle, le remords qui me montre mon acte à la fois comme un fait, c'est-à-dire réel définitivement, et comme un devoir, c'est-à-dire libre. En une impuissance tragique, j'éprouve encore l'obligation à laquelle je me suis soustrait. La faute appartient à ce qui n'est plus, puisqu'elle est objet de connaissance, et je continue à la nier comme si elle n'était pas encore. »
Raymond Aron, Introduction à la Philosophie de l'Histoire, 1948, édition augmentée 1981
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