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18/07/2018

On confond souvent le sens historique avec le culte de la tradition ou le goût du passé

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« La vie n'a pas pour essence et pour but la réconciliation totale, mais une action sans cesse renouvelée, un effort jamais achevé. La nouveauté du devenir n'est que la forme élémentaire, pour ainsi dire la condition de la liberté proprement humaine, qui se déploie à travers les contradictions et les luttes. Opposition qui se rattache à l'antinomie fondamentale entre durée et temps historique, définie non par l'actualité, mais par la tension entre un double au-delà.

On confond souvent le sens historique avec le culte de la tradition ou le goût du passé. En vérité, pour l'individu comme pour les collectivités, l'avenir est la catégorie première. Le vieillard qui n'a plus que des souvenirs est aussi étranger à l'histoire que l'enfant absorbé dans un présent sans mémoire. Pour se connaître soi-même comme pour connaître l'évolution collective, l'acte décisif est celui qui transcende le réel, qui rend à ce qui n'est plus une sorte de réalité en lui donnant une suite et un but.
Le présent historique n'a donc pas la richesse de la contemplation ou de l'accord total, mais il ne se réduit pas non plus au point insaisissable d'une représentation abstraite. Il se confond d'abord avec le vécu, ce qui n'est pas pensé et reste par nature inaccessible à toute pensée. Pour la réflexion, il est intermédiaire, le dernier terme de ce qui n'est plus, un acheminement vers ce qui sera. L'époque que nous vivons se définit à nos yeux par les tendances que nous y discernons : jadis peut-être, pour les peuples sans conscience historique, totalité close, aujourd'hui elle est moment d'une évolution, moyen d'une conquête, origine d'une volonté. Vivre historiquement, c'est se situer par rapport à une double transcendance. Chacune des dimensions temporelles est l'objet des sentiments les plus divers. Mon passé est encore partie intégrante de mon moi, non pas seulement parce qu'il m'a formé, mais parce qu'il est transfiguré par les sentiments que j'éprouve à son égard. Tantôt il me rappelle un autre être qu'à peine je reconnais, tantôt il éveille des émotions que je croyais éteintes ou des souffrances ensevelies. Appauvri, puisque je ne suis plus ce que j'ai été, ou enrichi par mes expériences, je n'apprends par le souvenir du temps perdu, ni la fuite, ni la permanence des choses, ni la fécondité de la durée ; ou du moins ces valeurs contradictoires dépendent de la vie actuelle.
Chaque dimension n'en est pas moins caractérisée et comme définie par une attitude humaine. Le passé relève du savoir, le futur de la volonté, il n'est pas à observer mais à créer. Une seule affection est essentiellement liée à notre destinée temporelle, le remords qui me montre mon acte à la fois comme un fait, c'est-à-dire réel définitivement, et comme un devoir, c'est-à-dire libre. En une impuissance tragique, j'éprouve encore l'obligation à laquelle je me suis soustrait. La faute appartient à ce qui n'est plus, puisqu'elle est objet de connaissance, et je continue à la nier comme si elle n'était pas encore. »

Raymond Aron, Introduction à la Philosophie de l'Histoire, 1948, édition augmentée 1981

 

 

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15/07/2018

Tourisme de masse...

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« Une rage froide nous prend à voir ces étrangers se chauffer au soleil sur nos places. Après quoi, il nous faut laver et lustrer les rayons pour en ôter la saleté et la rouille qu’y laissent ces gros sacs de suif, suants et poussiéreux. Et il nous semble chose impossible, il nous semble traîtrise que le soleil, au lieu de se retirer avec dégoût, touche de ses rayons ces étrangers, les réchauffe, les sèche, les dore.

(...)

Le premier mouvement de ces étrangers, c'était l'envie. Ils avaient laissé derrière eux des forêts sauvages, des campagnes boueuses, des ciels nébuleux, des villes mornes, renfermées, moisies, des lacs et des rivières embuées par le souffle de vents glacés, des paysans abrutis dans la crainte des seigneurs, de grasses femmes blondes sans piquant, des marchands gonflés de bière. Et à peine les montagnes franchies, ils trouvaient un pays ensoleillé, le ciel bleu, des champs pareils à des jardins, de belles maisons soignées, des merveilles d'églises luisantes d'ors et de marbres précieux, des places qu'on eût prises pour des salles de spectacles, avec de belles statues nues sur des piédestaux de porphyre, des fontaines aux eaux chantantes, des portiques peints à fresque par des peintres heureux et gais et, tout juste hors les murs, sur quelque petite hauteur à portée de main, les ruines d'un temple antique avec ses belles colonnes corinthiennes aux riches chapitaux de fleurs et de fruits, témoignage importun de la vieille noblesse de ces italiens, encore nobles et gracieux jusque dans le malheur. »

Curzio Malaparte, Ces chers italiens (Benedetti Italiani)

 

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Un exil intérieur

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« Que signifie l'apartheid volontaire? Un exil intérieur, une solitude absolue, un refus de mettre sur le même plan le sang et le droit. Je marche au milieu d'une multitude de néo-Français en m'abstrayant mentalement de leur nombre, sachant que je n'ai rien de commun avec ces gens, dont l'ignorance des qualités françaises rejoint celles des Français de souche : étrange communauté de destin que cette ignorance programmatique de la servitude volontaire… Dans ce climat d'apocalypse libérale, je me garde bien d'identifier l'ennemi et l'immigré ; moi qui n'ai pas d'amis et ne me compte que d'éphémères alliés, je sais que l'ennemi n'est pas un visage (une race, une ethnie, une religion) mais un état d'esprit, une condition: la servilité volontaire des masses occidentales, dans lesquelles il faut inclure celles du Tiers-Monde en tant que candidates à la servilité consumériste occidentale. Autrement dit, l'ennemi peut me ressembler, et c'est cette apparence (qui peut aller jusqu'au simulacre ou à la tentative de falsification de mes façons de penser) dont je dois me méfier, car elle s'avance masquée. Dans l'état de guerre civile où nous vivons (et dont l'apartheid volontaire constitue la révélation), le fait que celle-ci ne soit jamais reconnue pour telle constitue un argument en faveur de la guerre; n'étant pas déclarée, la terreur devient légitime parce qu'elle vise à préserver le consensus; d'où l'état d'urgence de l'apartheid volontaire. »

Richard Millet, Fatigue du sens

 

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14/07/2018

L'horloge du monde

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« Une habitude idiote s'est imposée dans le débat moderne, qui consiste à dire que telle ou telle croyance a sa raison d'être à une époque et non à une autre. Un dogme digne de foi au XIIème siècle, nous dit-on, ne l'est plus au XXème. Autant dire de telle philosophie qu'elle est plausible le lundi, mais pas le mardi. Autant dire qu'une certaine vision du cosmos convient à trois heures et demie, mais pas à quatre heures et demie. Ce qu'un homme peut croire dépend de sa philosophie et non de l'horloge du siècle. Si l'on croit que la loi naturelle est immuable, on ne peut croire à aucun miracle, quelle que soit l'époque. Si l'on croit à une volonté derrière la loi, on peut croire à tous les miracles, quelle que soit l'époque. Supposons, à titre d'exemple, que nous traitions d'un cas de guérison thaumaturgique. Un matérialiste du XIIème siècle n'y aurait pas cru davantage qu'un matérialiste du XXème siècle. Mais un scientifique chrétien du XXème siècle y croirait autant qu'un chrétien du XIIème siècle. Cela ne tient qu'à la théorie personelle que l'on met en application. C'est pourquoi, dans le cas d'une réponse historique, il ne s'agit pas de savoir si elle s'est présentée à notre époque, mais si elle nous a été donnée pour répondre à notre question. Et plus je songeais aux circonstances dans lesquelles le christianisme est venu au monde, plus je sentais qu'il était venu précisément pour répondre à cette question. »

Gilbert Keith Chesterton, Orthodoxie

 

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Être l'homme des racines

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« Je devais être sa "boussole", son "capteur", sa baguette de sourcier, le spécialiste de la tectonique des plaques électorales chargé de repérer les gisements de voix et d'évaluer la probabilité et la magnitude d'éventuelles secousses. Mais aussi et surtout l'homme de la radicalité, ce que j'entendais non pas au sens courant des médias, mais celui strict de l'étymologie : le latin "radix" désigne l'axe de la plante qui croît du sol au sommet pour mieux renvoyer figurativement au fondement sans lequel aucune existence ne saurait subsister. Avant même de passer au vocabulaire du jardinage et de la bouture, le désuet "raciner" ne s'employait-il pas, dés le XIIème siècle, pour décrire la manière dont un peuple se fixe en un lieu à partir duquel il s'ébauche en communauté de vie ? (Jean Rey, "Dictionnaire historique de la langue française", Le Robert, 1992) Être l'homme des racines, faire preuve de radicalité, c'était littéralement ne pas se satisfaire du paraître, ne pas donner quitus du phénomène, creuser pour plonger à la source. Rien à voir donc avec l'extrémisme ou l'ultraracisme. Il s'agissait au contraire de renouer les fils du temps, nécessité de toujours qui tournait désormais à l'urgence. »

Patrick Buisson, La cause du peuple

 

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13/07/2018

Radix...

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« L’extrémisme consiste à pousser jusqu’à l’absurde même les idées les plus justes… il est réducteur, simpliste, borné. […] La radicalité est tout autre chose. Elle implique de chercher toujours à comprendre plus loin, en remontant à la racine (radix) […]. Être radical, ce n’est pas seulement refuser le compromis, c’est s’intéresser aux causes lointaines […]. La recherche des principes premiers, la méditation sur les choses ultimes font partie de la radicalité. Ce qui exige d’être intellectuellement structuré. »

Alain de Benoist, Mémoire vive

 

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Ceux qui n'en finissaient pas de survivre n'en finissaient pas non plus de payer le prix de leur prudence

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« Le hussard bleu n'était pas un hussard de la mort, suicidé d'honneur de la ligue noire de Drieu, comme osait l'affirmer la dégueulasserie de Kanters, comme pouvait le donner à croire l'hommage ambigu d'un Chardonne sans mémoire, oublieux des anciennes gratitudes. Mauriac, bourgeois provincial et malingre, n'en revenait pas d'avoir survécu au dandy parisien, costaud comme un pilier de mêlée, qui éperonnait le pas de charge de ses heures et de ses mots. "C'est pourtant moi, si faible, qui avais dominé la vie et lui, si fort, qui paraissait déjà vaincu par elle.” L'arrogance de cette papelardise était intolérable. Nimier avait vécu comme il le devait, en esprit fort et en écrivain de race (les borniols qui l'avaient enterré furent surpris d'assister à sa résurrection, le critique - le premier de son temps, dira Sollers - prenant la relève du romancier) selon l'instinct de son enfance insurgée, de sa nature noble et de l'ordre rigoureux d'une civilisation. Ceux qui n'en finissaient pas de survivre n'en finissaient pas non plus de payer le prix de leur prudence, radotant les illusions de leur sécurité, s'enfonçant dans leur sommeil d'abouliques. Je me remémorais le mot de Nietzsche, qui justifiait l'honneur, la grâce et le risque d'exister de Nimier : “L'amour de la vie est presque toujours le contraire de l'amour d'une longue vie. »

Pol Vandromme, Bivouacs d'un hussard

 

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12/07/2018

Quand je vois peu à peu disparaître sur terre tout ce qui est charmant

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« Je doute du progrès, quand je vois peu à peu disparaître sur terre tout ce qui est charmant. Mais ces progrès ne me sont pas destinés : ils intéressent la foule des hommes de demain qui, sûrement, ne seront pas faits comme moi. »

Jacques Chardonne, Claire

 

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L’expo, on n’y va pas tellement pour y aller que pour y être allé...

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« Expos, musées, manifestations : on est saisi par le spectacle des spectateurs bien plus que par ce qu’il y a à voir ou à entendre. Ce qui rend presque impossible la jouissance des lieux et des oeuvres, car le non-sens innombrable de la masse s’y oppose - autrement plus significatif, mais de quoi ? (…) L’expo, on n’y va pas tellement pour y aller que pour y être allé. Certaines contrées lointaines, on les visite moins pour les voir que pour les avoir vues. Bien des choses, on ne les fait que pour les avoir faites. Et nombre d’entreprises visent moins à atteindre leur but qu’à se débarrasser de leur fin. We dit it ! »

Jean Baudrillard, Cool Memories IV

 

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10/07/2018

Hémiplégie

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« Je suis allergique à l’hémiplégie en matière de culture politique. Sur le plan des idées, j’ai d’abord acquis une culture de droite. Elle s’est ajoutée à ma culture philosophique, en se combinant plus ou moins bien avec elle. Je me suis ensuite employé à acquérir une culture de gauche. Une telle démarche me paraît toute naturelle : comment peut-on trancher autrement que de manière arbitraire quand on ne connaît pas les points de vue en présence ? Prendre position, c’est se situer par rapport aux arguments et aux contre-arguments, ce qui implique de les connaître. Avoir à la fois une culture de droite et de gauche permet en outre d’identifier dans toute doctrine ce qui peut être sa par de vérité (et aussi sa part d’erreur). L’esprit partisan veut ignorer cela. La plupart des gens ne lisent que ce avec quoi ils se sentent en accord. Cela leur donne du plaisir et cela les rassure. Ils ont besoin d’être confortés dans ce qu’ils pensent déjà. Il ne leur vient pas à l’idée de chercher à savoir, objectivement, ce que pensent leurs adversaires. Ils pressentent obscurément qu’ils ne sauraient pas quoi répondre. Cela risquerait d’entamer leurs certitudes, de contredire leur aspiration à de petits catéchismes simplificateurs. Combien de gens de droite connaissent le contenu du débat théorique engagé dans les années 1930 entre Walter Benjamin et Theodor W. Adorno sur la question du statut de l’art à l’époque de la technique ? Combien de gens de gauche savent en quoi les idées de Gobineau sont incompatibles avec celles de Houston Stewart Chamberlain ? Qui a lu Ernst Bloch et Gustav Landauer à droite ? Qui a lu Joseph de Maistre, Donoso Cortés et Moeller va den Bruck à gauche ? Je trouve détestable cette hémiplégie qu’avait déjà dénoncée José Ortega y Gasset. J’y vois, en dernière analyse, une indifférence à la vérité. »

Alain de Benoist, Mémoire vive

 

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Le Diable

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« La plus grande erreur moderne, ce n'est pas d'annoncer que Dieu est mort, mais de croire que le diable est mort. »

Nicolás Gómez Dávila, Les horreurs de la démocratie

 

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09/07/2018

Au profit de l'orthodoxie

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« Plus elle [la Russie] deviendra forte, plus elle prendra conscience de ses racines, dont, en une certaine manière, le marxisme l'aura éloignée ; après une cure forcée d'universalisme, elle se rerussifiera, au profit de l'orthodoxie. Du reste, elle a marqué d'une telle empreinte le marxisme qu'elle l'aura slavisé. Tout peuple de quelque envergure qui adopte une idéologie étrangère à ses traditions l'assimile et la dénature, l'infléchit dans le sens de sa destinée nationale, la fausse à son avantage, au point de la rendre indiscernable de son propre génie. »

E. M. Cioran, Histoire et utopie

 

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08/07/2018

Je construirai, et ensuite je détruirai  ce que j’ai construit

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« L’action et la non-action se rejoindront dans l’éternité, et elles s’y éteindront éternellement. Mais quid du présent ? Le moine-soldat ! C’est autour de cette figure un peu déroutante que tourne aujourd’hui ma pensée, dans la mesure où je pense. Soldat, il dresse l’action. Moine, il la sape. Aedificado et destruam : je construirai, et ensuite je détruirai  ce que j’ai construit. Une épigraphe pour ce livre. Une épigraphe pour ma vie. »

Henry de Montherlant, Service inutile — Avant-propos

 

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Nous sommes pris dans une alternative qui ne nous permet plus d’exister médiocrement

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« Quand nous parlons d’un temps dramatique, ce mot a un sens précis : il veut dire que nous sommes pris dans une alternative qui ne nous permet plus d’exister médiocrement ; il nous faut vivre plus puissamment, ou bien disparaître, nous surpasser ou nous abolir. (…) La tragédie essentielle n’est pas de savoir quels dangers nous menacent, mais de définir d’abord ce qu’ils menacent en nous, car il importerait assez peu que nous fussions détruits, si nous avions rendu cette destruction légitime en ne valant presque rien. »

Abel Bonnard, Les Modérés

 

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07/07/2018

Il y a d'ailleurs là un assemblage d'hommes plutôt qu'une cité

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« Paris est une place ouverte à ce genre d'envahisseur. Car le Parisien de Paris est peu nombreux. Le nouveau Parisien, venu de quelque coin de France, est trop affairé, trop sujet de ses idées fixes, pour opposer quelque résistance à qui que ce soit. Il y a d'ailleurs là un assemblage d'hommes plutôt qu'une cité. Le rongeur anonyme, le destructeur obscur y peut placer son paradis ; il arrive inconnu, il travaille inconnu et peut s'évader inconnu ou se fondre, tout semblablement ignoré, dans la masse indigène. »

Charles Maurras, L'Étang de Berre

 

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Plus on est haï, je trouve, plus on est tranquille

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« Il ne faut pas imaginer que tous ces gens sont des potes ou le furent… peut-être sans doute qu’ils me détestent… je ne tiens pas du tout à les voir, ni à leur plaire, au contraire. Ce sont les coiffeurs de la vie qui tiennent beaucoup à plaire, les putains. Plus on est haï, je trouve, plus on est tranquille… ça simplifie les choses, c’est plus la peine d’être poli, je ne tiens pas du tout à être aimé… je n’ai pas besoin de tendresse… c’est toujours les pires saloperies de l’existence que j’ai entendu soupirer après les tendresses. »

Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre

 

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Faire confiance...

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« Faire confiance aux hommes c'est déjà se faire tuer un peu. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

 

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06/07/2018

Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini.

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« Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde.
Hier à huit heures Madame Bérenge, la concierge, est morte. Une grande tempête s'élève de la nuit. Tout en haut, où nous sommes, la maison tremble. C'était une douce et gentille et fidèle amie. Demain on l'enterre rue des Saules. Elle était vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit dès le premier jour quand elle a toussé : “Ne vous allongez pas surtout !… Restez assise dans votre lit !” Je me méfiais. Et puis voilà… Et puis tant pis.
Je n'ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde. Je vais leur écrire qu'elle est morte Madame Bérenge à ceux qui m'ont connu, qui l'ont connue. Où sont-ils ?
Je voudrais que la tempête fasse encore plus de boucan, que les toits s'écroulent, que le printemps ne revienne plus, que notre maison disparaisse. Elle savait Madame Bérenge que tous les chagrins viennent dans les lettres. Je ne sais plus à qui écrire… Tous ces gens sont loin… Ils ont changé d'âme pour mieux trahir, mieux oublier, parler toujours d'autre chose…
Vieille Madame Bérenge, son chien qui louche on le prendra, on l'emmènera…
Tout le chagrin des lettres, depuis vingt ans bientôt, s'est arrêté chez elle. Il est là dans l'odeur de la mort récente, l'incroyable aigre goût… Il vient d'éclore… Il est là… Il rôde… Il nous connaît, nous le connaissons à présent. Il ne s'en ira plus jamais. Il faut éteindre le feu dans la loge. A qui vais-je écrire ? Je n'ai plus personne. Plus un être pour recueillir doucement l'esprit gentil des morts… pour parler après ça plus doucement aux choses… Courage pour soi tout seul !
Sur la fin ma vieille bignolle, elle ne pouvait plus rien dire. Elle étouffait, elle me retenait par la main… Le facteur est entré. Il l'a vue mourir. Un petit hoquet. C'est tout. Bien des gens sont venus chez elle autrefois pour me demander. Ils sont repartis loin, très loin dans l'oubli, se chercher une âme. Le facteur a ôté son képi. Je pourrais moi dire toute ma haine. Je sais. Je le ferai plus tard s'ils ne reviennent pas. J'aime mieux raconter des histoires. J'en raconterai de telles qu'ils reviendront, exprès, pour me tuer, des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content. »

Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit

 

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Tout est chaos

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« Comment ne pas sentir la parenté profonde de ces esprits (ndlr: les philosophes) ? Comment ne pas voir qu'ils se regroupent autour d'un lieu privilégié et amer où l'espérance n'a plus de place ? Je veux que tout me soit expliqué ou rien. Et la raison est impuissante devant ce cri du coeur. L'esprit éveillé par cette exigence cherche et ne trouve que contradictions et déraisonnemments. Ce que je ne comprends pas est sans raison. Le monde est peuplé de ces irrationnels. À lui seul dont je ne comprends pas la signification unique, il n'est qu'un immense irrationnel. Pouvoir dire une seule fois : "cela est clair" et tout serait sauvé. Mais ces hommes à l'envi proclament que rien n'est clair, tout est chaos, que l'homme garde seulement sa clairvoyance et la connaissance précise des murs qui l'entourent. »

Albert Camus, Le mythe de Sisyphe

 

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05/07/2018

L'attention...

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« En pratiquant la conscience attentive de la respiration, on constate la difficulté de maintenir une attention ininterrompue. Malgré la ferme détermination de garder l'attention fixée sur l'objet, le souffle, elle s'échappe mystérieusement, à notre insu. Nous voilà pareils à l'ivrogne tentant de marcher sur une ligne droite et titubant d'un côté à l'autre. En fait, nous sommes bien ivres de notre propre ignorance et de nos illusions, titubant dans le passé ou dans l'avenir, dans le désir ou l'aversion. Nous ne pouvons demeurer dans le droit chemin de l'attention soutenue. »

William Hart, L'art de vivre

 

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Ciel et Enfer...

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« Nous n'avons pas besoin d'attendre après la mort pour faire l'expérience du ciel et de l'enfer ; nous pouvons les vivre durant cette vie, en nous-mêmes. Quand nous commettons des actes négatifs, nous vivons le feu infernal du désir et de l'aversion. Quand nous accomplissons des actes positifs, nous vivons le ciel de la paix intérieure. Ce n'est donc pas seulement pour le bien d'autrui, mais pour notre propre bien, pour éviter de nous nuire, que nous nous abstenons d'actions et de paroles négatives. »

William Hart, L'art de vivre

 

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04/07/2018

Christian Bobin

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03/07/2018

La pitié ne peut pas éteindre en moi la colère

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« Quelques gifles retentissantes, sur les faces de quelques gourmets d'étrons, n'expliquent pas assez l'unanime détestation de la truandaille. Il y a des causes plus profondes, que j'ai dites et que je dirai sans cesse. On ne veut pas d'un personnage qui profère l'Absolu, fût-ce dans un clairon d'or. Vous êtes, je crois, parmi les rares qui peuvent comprendre...
Je n'ai pas votre tempérament. La pitié ne peut pas éteindre en moi la colère, parce que ma colère est fille d'un pressentiment infini. Je suis mangé par le besoin de la Justice, comme un dragon affamé depuis le Déluge.
Ma colère est l'effervescence de ma pitié. »

Léon Bloy, Le mendiant ingrat

 

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CRS = SS !

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« Si demain se refermaient les portes de vrais camps de concentration sur des cortèges de vrais Juifs, vous n’iriez pas en manif’ et drapeau noir en tête crier qu’on vous ouvre les portes. Je suis effrayé, ô étudiants, de vous entendre jouer avec des slogans si graves. CRS=SS ! Ou bien souhaitez-vous vraiment si fort que les CRS deviennent vraiment (en italique dans le texte) des SS ? Demandez-vous plutôt si, à force de définir l’Autre comme ce qu’il n’est pas, vous ne l’obligerez pas tôt ou tard à devenir ce que vous clamer qu’il est. »

Jean Cau, cité par Alain de Benoist in Vu de droite : anthologie critique des idées contemporaines

 

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02/07/2018

La fausse expressivité du slogan

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« Ainsi, la fausse expressivité du slogan constitue le nec plus ultra de la nouvelle langue technique qui remplace le discours humaniste. Elle symbolise la vie linguistique du futur, c’est-à-dire d’un monde inexpressif, sans particularismes ni diversités de cultures, un monde parfaitement normalisé et acculturé. Un monde qui, pour nous, ultimes dépositaires d’une vision multiple, magmatique, religieuse et rationnelle du monde, apparaît comme un monde de mort. »

Pier Paolo Pasolini, Écrits Corsaires

 

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