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19/06/2007

Athanor


De ce regard jeté en arrière, pour considérer un peu mon parcours, que puis-je conserver ? Où en suis-je ? Qui suis-je ? Qu’est-ce que j’ai créé ? Quelles sont mes convictions ? Suis-je prêt à mourir ? Qu’est-ce que je laisserai derrière moi si je partais ? Ai-je assez donné et reçu d’amour ?

Aurores lointaines je vous appelle.
Pointez vos ailes vers moi.
Baptisez-moi d’une Sainteté d’Or.
Je veux votre vertige. Je veux votre ferveur.
O souffrance d’être ou de n’être pas.
O souffrance d’égaré.

Je m’efforce de lutter à armes égales avec le temps, c’est-à-dire avec la mortalité inéluctable. Seul l’Art me donne cette capacité. Mille et une forces travaillent mon corps et semblent l’anéantir. La purge est de plus en plus difficile. Et je suis fatigué d’en être encore à la catharsis !

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18/06/2007

Vivre... et se tenir prêt...

« Hâte toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. »

Sénèque


Vivre chaque jour comme si c’etait le dernier. Vieille maxime Antique qui, des pré-Socratiques à l’Empire Romain, en passant par la bouche du Christ, nous invite à tenir nos affaires en ordre et à profiter du temps présent avant que la maladie, la guerre, la mort n’aient leurs mots à dire.

Je viens, justement, de visionner le film de Zack Snyder, "300" adapté de la bande dessinée de Frank Miller, lui-même inspiré par la Bataille des Thermopyles. Loin de jouer l'exactitude historique, le film met en avant le sens du sacrifice et la bravoure qui l'accompagne. Quelques sujets de réflexions auxquels devraient s'adonner les chiens qui nous font office d'hommes politiques... de "Drouâte" comme de "Gôche"... les extrêmes, de "Drouâte" comme de "Gôche", étant de pitoyables et vulgaires caricatures pseudo-traditionnalistes ou nationalistes bêlantes. Ce film, je vous conseille de le voir et puis votre intelligence en fera ce que bon lui semble. Quant à moi, je vais réouvrir "Paideia" de Werner Jaeger... et "Le Japon moderne et l'Éthique Samouraï" de Yukio Mishima.

Je m'en retourne à ma guitare.

 

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16/06/2007

United States of the World

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

A l’origine, un fait, un acte, une information qu’on se donnait la volonté de diffuser faisait créer une communication propice à l’expansion de l’information en question. De nos jours, c’est le contraire qui s’est installé dans les habitudes de ce qu’on nomme à présent les médias : la communication tend à créer une information. Oui, faut tout de même pas déconner,y’a la boutique à faire tourner pour pouvoir casser la croûte, si possible chez Maxim et pas au bistrot du coin, encore moins dans une petite kitchenette aménagée. Le spectaculaire est bien intégré et il règne.

Il est cependant encore donné, à qui veut bien se creuser la cervelle, d’apercevoir la magouille, souvent grossière, la combine, le mensonge trafiqué, rendu acceptable, la ligne de front, la frontière du risque, l’injustice masquée, l’inégalité et la différence qui nécessitent un considérable effort de compréhension ; car, si les distances se sont amenuisées et que le Monde est disponible et vacant par un simple « click » de souris, il y a encore et toujours une réalité Historique (même si les abrutis pensent que nous accédons en ce moment même à la Fin de l’Histoire), Géographique, Géo-politique même, une réalité Sociologique, Religieuse, Culturelle, Militaire… Et dans chaque cas aux lectures et interprétations multiples . Jadis Réalité Ethnologique lointaine qui n’intéressait pas beaucoup les simples et braves gens mais faisait beaucoup rêver l’adolescent Rimbaldien, l’Archéologue, le Scientifique, l’Ecrivain, le Monde nous laissait le temps de le comprendre, de l’ignorer, de le savourer ou de le vomir. A présent la complexité est omniprésente, oppressante et semble toujours grandir, comme un monstre qui nous échappe.

La Mondialisation n'oeuvre qu’à une seule chose : simplifier cette réalité, la rendre plus uniforme en façade… mais créer toujours un peu plus de troubles en coulisses pour qu’une sorte de dictatoriale omniprésence de l’autre devienne un violent facteur d’éloignement, de repli sur soi, d’incompréhension et d’ignorance. Or, pour parvenir à aimer le monde il faut le complexifier.

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15/06/2007

Point de dédain ou de condescendance...

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

Je lis vos commentaires avec intérêt... mais je n'ai pas du tout le temps de vous répondre car j'ai d'autres dragons à maîtriser en ce moment... et pour le peu de temps qu'il me reste je préfère encore venir sur vos blogs pour vous lire aussi... merci de votre compréhension... les choses rentreront dans l'ordre d'ici peu... ma guitare m'appelle.

Bien à Vous...

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Quelques réflexions spontanées sur L'Aristocratie

Les époques reculées qui ont donné naissance aux Aristocraties étaient des périodes de guerre constantes ! Les vieux mythes, tant que l’on ne cherche pas à les réinstaurer (car là on basculerait dans l’extrême-droite !) peuvent nous apprendre beaucoup de choses ! L’Aristocratie n’a pas été inventée par quelques brutes épaisses pour assoire leur domination sur le peuple ! C’est un mensonge que nous enseigne encore la République et qui fait sourire tout Historien un peu sérieux (même de gauche !) quand il sait par l’étude comment et pourquoi sont nées les Aristocraties ! Ainsi, sous la plume de Fabre d’Olivet, on peut trouver une explication de la naissance de l’Aristocratie chez les peuples Indo-Européens dont nous descendons tous ethniquement ou Culturellement sur notre Vieux Continent, qui me semble très juste ! Nietzsche aussi s’est penché sur ce problème dans sa « Généalogie de la morale ». Et je ne citerais pas Georges Dumézil.

Oui… que cela plaise ou non, nous descendons des Indo-Européens et de la Grèce, puis de Rome ! On peut même s’appeler Mohamed, Bakari ou N’Guyen… si notre culture a été Indo-Européenne nous ne sommes plus Arabe, Sénégalais ou Viet-Namien ! Ce n’est pas du Racisme puant, c’est une affaire de choix Culturel, de choix de Civilisation ! Mais c'est un autre débat...

D’après Fabre d’Olivet, les deux vieilles Races Mythiques qui s’affrontèrent pendant longtemps furent la Race Noire Sudéenne et la Race Blanche Boréenne ! Bien entendu, il ne s’agit pas là encore de « racisme » de bas étages, mais de deux peuples s’affrontant dans des temps primitifs avec en leurs seins certains individus sachant respecter l’adversaire et d’autres n’ayant pas ce niveau de conscience ! De tout temps il y a eu des Racistes et des non-Racistes !

A un moment, la menace des Sudéens sur les Boréens est très périlleuse ! Que se passe-t-il alors ?

Fabre d’Olivet : « Le péril commun éveilla la Volonté générale chez les Boréens. Cette volonté se manifesta et le décret qu'elle porta prit la forme d'un plébiciste ; mais son exécution ne fut plus aussi facile qu'elle l'avait été autrefois. Elle n'agissait plus sur elle-même. Le PEUPLE assemblé le sentit, et vit bien que l'intention de faire la guerre ne suffisait pas, et qu'il serait indubitalement vaincu s'il ne trouvait pas des moyens de la diriger. Là-dessus, un homme que la Nature avait doué d'une grande taille et d'une force extraordinaire, s'avança au milieu de l'assemblée, et déclara qu'il se chargeait d'indiquer ces moyens. Son aspect imposant, son assurance, électrisèrent l'assemblée. Un cri général s'éleva en sa faveur. Il fut proclamé le Herman ou Gherman, c'est-à-dire le chef des hommes. Tel fut le premier chef militaire. »

C'est de ce nom de Herman ou Gherman que dérivent les noms de Germains et de Germanie, que nous donnons encore aux Allemands et à l'Allemagne. La racine « her » signifie au propre une éminence, et au figuré un souverain, un maître.

Adolf Hitler et ses sbires ont récupéré ces aspects dans leur politique ignominieuse et depuis, dés qu’on parle d’ « Aristocratie », de « Mythe », etc… on passe pour un « Facho » ! Désolé ! Je ne marche pas et ne vais pas laisser ce territoire à l’extrême-droite ! Cela ne leur appartient pas ! Cela appartient à toute l’Humanité ! Et ce n’est pas parce que le « politiquement correcte » règne que je vais m’y plier et ne pas parler d’un aspect FONDAMENTAL de l’Histoire Humaine !

Fabre d’Olivet : « L'important décret qui établissait un homme au-dessus de tous n'avait nul besoin d'être écrit ni promulgué. Il était l'expression énergique de la Volonté générale. La force et la vérité du mouvement l'avaient gravé dans toutes les âmes. Lorsqu'il a été nécessaire d'écrire les lois, c'est que les lois n'étaient plus unanimes.»

Tiens ! CETTE ARISTOCRATIE PREMIÈRE AURAIT ÉTÉ … DÉMOCRATIQUE ????

Fabre d’Olivet : « Le Herman divisa d'abord les hommes en trois classes. Dans la première, il plaça tous les vieillards hors d'état par leur âge de supporter les fatigues de la guerre ; il appela dans la seconde tous les hommes jeunes et robustes, dont il composa son armée ; et plaça dans la troisième les hommes faibles et âgés, mais encore actifs, qu'il destina à pourvoir à ses besoins de toute espèce. Les femmes jeunes et les enfants furent renvoyés au loin, au-delà des fleuves ou dans la profondeur des forêts. Les femmes âgées et les jeunes garçons servirent à porter les vivres ou à garder les chariots. Comme les vieillards étaient chargés de distribuer à chacun des combattants sa ration journalière, et qu'ils veillaient sur les provisions, on leur donna le nom de Diète, c'est-à-dire la subsistance. »

Personnellement, vu les temps sombres et durs que vivaient les populations en ces temps reculés, l’Aristocratie et la hiérarchisation qui s’appliquèrent me semblent des exemples de JUSTICE !!! Vous ne trouvez pas ?

Fabre d’Olivet : « Et ce nom (le nom de « DIETE ») s'est conservé jusqu'à nos jours dans celui de la Diète germanique, non pas qu'elle s'occupe comme autrefois de la subsistance proprement dite, mais de l'existence du corps politique. Cette Diète fut le modèle de tous les sénats qui furent institués par la suite en Europe, pour représenter la volonté générale. Quant aux deux autres classes établies dans la masse de la population, on donna à l'une, à celle qui contenait les guerriers, le nom de Leyt, c'est-à-dire l'Elite ; et à l'autre, celui de Folk ou Volg, c'est-à-dire ce qui suit, ce qui sert, la foule, le vulgaire. Voilà l'origine tant cherchée de l'inégalité des conditions, établie de si bonne heure parmi les nations septentrionales. Cette inégalité ne fut ni le résultat du caprice, ni celui de l'oppression ; il fut la suite nécessaire de l'état de guerre dans lequel se trouvaient engagées ces nations. Le Destin qui provoquait cet état, en déterminait toutes les conséquences. Il partageait irrésistiblement le peuple en deux classes : celle des forts et celle des faibles : celle des forts, appelée à combattre, et celle des faibles, réservée pour nourrir et servir les combattants.

Cet état de guerre, qui, par sa longue durée, devait devenir l'état habituel de la Race boréenne, consolida ces deux classes, et en rendit, par la suite des temps, la démarcation fixe et les emplois héréditaires. De là naquirent au sein même de cette Race, la noblesse et la roture avec tous leurs privilèges et tous leurs attributs ; et lorsque après avoir été longtemps asservie ou comprimée, cette même Race prit enfin le dessus sur la Race sudéenne, et qu'elle en subjugua les diverses nations, elle y consigna encore l'existence de ces deux classes, dans les titres de Boréens et d'Hyperboréens, ou de Barons et de Hauts-Barons, que s'attribuèrent les vainqueurs, devenus maîtres souverains, ou féodaux. »


De même, les Sidéens attribuèrent un titre d'honneur en Asie et en Afrique, avec le mot Sidi, ou Syd, et qu'on retrouve dans « le Cid ». Seigneur Espagnol au sang Arabe probablement !

Je me souviens lorsque, commençant ce BLOG, je me demandais par quel moyen, de quelle façon je pouvais parvenir à me refaire une conscience Politique ! Je ne sais toujours pas. Cependant, seule une hiérarchie authentique avec un sens profond de la Justice, de la Paix comme de la Guerre, une connexion avec des valeurs spirituelles supérieures pourront nous faire accéder à plus de Souveraineté, donc à plus de Liberté.


On ne comprend un problème que si on y réfléchit bien ! OK ?

Définition de l'aristocratie au sens étymologique: « gouvernement des meilleurs » .

Pour Nietzsche, c'est le dépassement de l'homme par l'homme (DÉPASSEMENT de l’Homme par lui-même) qui se distingue de la hiérarchie de classe qui repose, elle, sur des rapports entre maîtres de la finance et esclaves prolétaires.

« Tout ce qui a son prix est de peu de valeur. » Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

Le maître est avant tout CELUI QUI SE MAÎTRISE LUI-MÊME !

Le Maître, selon Nietzsche, ne cherche pas à DOMINER AUTRUI… mais à l’ECLAIRER !

Le Maître, selon Nietzsche, se contente de peu de choses dans la vie : SON PAIN ET SON ART …


Ceux qui nous gouvernent ne sont pas l’Élite VERITABLE… Nietzsche les appelle « les hommes supérieurs »… il les critique avec beaucoup d’IRONIE dans « Ainsi parlait Zarathoustra ».

Le premier Roi Capétien de France fut ÉLU par les Seigneurs, parce qu’ils estimèrent qu’il était à ce moment donné : LE MEILLEUR ! L’Aristocratie « héréditaire » est une décadence qui s’est installée par la suite conduisant, à JUSTE TITRE, vers les Révolutions (dont la Révolution Française qui était NÉCESSAIRE même si elle a très mal tourné) !

LES REVOLUTIONS N’ONT PAS ABOUTIES ! Elles ont rapidement été récupérées par les Bourgeois qui nous ont imposé leurs valeurs mercantiles.

Qu’est ce qui règne dans l’idéologie Libérale ? LE MATERIEL !!

Qu’est ce qui règne dans les idéologies de gauche dites progressistes ? LE MATERIEL !

LE FRIC ET LE SOCIAL ! UNIQUEMENT !

En effet, les uns comme les autres ne conçoivent de SOLUTIONS (pour mener l’Homme vers le bonheur) que MATERIELLES !!!! Les uns comme les autres ne considèrent que les symptômes au lieu de chercher Le Lieu et La Formule.

LE SPIRITUEL, LE PHILOSOPHIQUE, LE CULTUREL, SONT ÉRADIQUÉS D’UN REVERS DE LA MAIN ! PFFFT !

« Le but de toute culture est de former une élite d'hommes indépendants de toute nature. » Nietzsche

Voilà, ami lecteur, amie lectrice, les choses qui me traversent l’Esprit ces temps derniers et que je vous communique dans une note spontanée un peu plus longue que d'habitude !

 

07:00 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (8) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/06/2007

La Paix ?

=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=

Dans Nietzsche encore. Ce superbe Texte qui exige qu’au bout de l’Horreur, la paix soit encore trouvée. Mais c’est toujours sous le couvert d’une Aristocratie que cette Paix pourra être trouvée...

Car la foule lâchée sans bride ne peut que semer confusion et massacres.

« Beaucoup trop d'hommes viennent au monde : l'Etat a été inventé pour ceux qui sont superflus. »
Friedrich Nietzsche

« L'homme a besoin de ce qu'il y a de pire en lui s'il veut parvenir à ce qu'il a de meilleur. »
Friedrich Nietzsche


L’Homme se doit d’être dépassé ! Il se doit de se dépasser.

« L'homme est une corde tendue entre l'animal et le Surhomme, une corde au-dessus d'un abîme. »
Friedrich Nietzsche

Et bien-sûr cet abîme est plus qu’inquiétant.

Dans ce livret paru il y a à peine une petite poignée d’années et regroupant des bribes attribuées à Nietzsche dans sa période de Folie durant les 11 dernières années de sa vie, il y a cette phrase comique mais saisissante : « La foule est une somme d'erreurs qu'il faut corriger. » Friedrich Nietzsche, Mort parce que bête

Donc, ce texte dont je parlais à l'ouverture de ma note, le voici, à l’heure où l’Irak est ensanglanté par la force de frappe Américaine :

« Aucun gouvernement n'avoue aujourd'hui qu'il entretient son armée pour satisfaire à l'occasion ses envies de conquête. L'armée doit, au contraire, servir à la défense. Pour justifier cet état de choses, on invoque une morale qui approuve la légitime défense. On se réserve ainsi, pour sa part, la moralité, et on attribue au voisin l'immoralité, car il faut imaginer celui-ci prêt à l'attaque et à la conquête si l'État dont on fait partie doit être dans la nécessité de songer aux moyens de défense. De plus on accuse l'autre qui, de même que notre État, nie l'intention d'attaquer et n'entretient, lui aussi, son armée que pour des raisons de défense. pour les mêmes motifs que nous, on l'accuse, dis-je, d'être un hypocrite et un criminel rusé qui voudrait se jeter, sans aucune espèce de lutte, sur une victime inoffensive et maladroite. Dans ces conditions, tous les États se trouvent aujourd'hui les uns en face des autres ; ils admettent les mauvaises intentions chez le voisin et se targuent de bonnes intentions. Mais c'est une inhumanité aussi néfaste et pire encore que la guerre, c'est déjà une provocation et même un motif de guerre, car on prête l'immoralité au voisin et, de ce fait, on semble appeler les sentiments hostiles. II faut renier la doctrine de l'armée conçue comme moyen de défense tout aussi catégoriquement que les désirs de conquête. Et viendra peut-être le jour grandiose où un peuple, distingué dans la guerre et la victoire, par le plus haut développement de la discipline et de l'intelligence militaires, habitué à faire les plus lourds sacrifices à ces choses, s'écriera librement : " Nous brisons l'épée ! " - détruisant ainsi toute son organisation militaire jusqu'en ses fondements. Guidé par l'élévation du sentiment, se rendre inoffensif, tandis qu'on est le plus redoutable - c'est le moyen d'arriver à la paix véritable qui doit toujours reposer sur une disposition d'esprit paisible, tandis que ce que l'on appelle la paix armée, telle qu'elle est pratiquée maintenant dans tous les pays, répond à un sentiment de discorde, à un manque de confiance en soi et dans le voisin et empêche de déposer les armes, soit par haine, soit par crainte. Plutôt périr que de haïr et que de craindre, et plutôt périr deux fois que de se laisser haïr et craindre, - il faudra que cela devienne un jour la maxime supérieure de toute société établie ! - On sait que nos représentants du peuple libéraux manquent de temps pour réfléchir à la nature de l'homme : autrement, ils sauraient qu'ils travaillent en vain s'ils s'appliquent à une diminution graduelle des charges militaires. Au contraire, ce n'est que lorsque ce genre de misère sera le plus grand que le genre de dieu qui seul puisse aider sera le plus près. L'arbre de la gloire militaire ne pourra être détruit qu'en une seule fois, par un coup de foudre : mais la foudre, vous le savez, vient des hauteurs. »
Friedrich Nietzsche, « Le voyageur et son ombre », aphorisme 284

Et j'y rajoute ce qui suit...

« La perspective certaine de la mort pourrait mêler à la vie une goutte délicieuse et parfumée d'insouciance - mais, âmes bizarres d'apothicaires, vous avez fait de cette goutte un poison infect, qui rend répugnante la vie toute entière ! » Friedrich Nietzsche

Voici, ami lecteur, amie lectrice, le philosophe que l’on fait encore passer pour le précurseur du Nazisme !

07:15 Publié dans Friedrich Nietzsche | Lien permanent | Commentaires (4) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

12/06/2007

"You're a Devil in disguise..."

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

Ah! Le diable ! C’est une affaire de questions/réponses ! Ping-pong avec nos couilles dans les Sphères Méta-physiques ! Il fait de nous selon ce que nous faisons de lui ! Il n'est que notre projection « humaine trop humaine » et nous devenons bien vite la sienne. Il est vrai que lorsqu’ il nous échappe il prend ses aises qui s'avèrent souvent dévastatrices ! Mais c'est un Prince, disent les Saintes Écritures, et il faut lui rendre les honneurs d'un Prince, nous précisent-elles encore !

Je préfère de loin Dieu... même en tant qu'idée... pauvre agnostique que je suis. C'est le grand "Clandestin" de notre époque, comme dirait Sollers. Il se cache plus chez Rimbaud, Artaud et Picasso que dans les hosties et l'eau bénite !

20:45 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/06/2007

Antenne brisée...

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

Que ne donnerai-je pas pour être au meilleur de moi-même, afin d’avaler d’une bouchée, une seule, ce foutoir qui m’obsède, me torture et me fait me dresser dignement en de rares occasions où « quelque chose » de profond et de supérieur, s’empare de moi à son gré, malgré moi, sans me demander mon avis. Heureusement !

J’ai perdu le fil de ces instants particuliers que j’ai vécu maintes fois de par le passé, il n’y a pas si longtemps que ça d’ailleurs, mais qui me semblent aussi éloignées que le jour de ma naissance !

02:50 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (5) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/06/2007

Spleen

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

 

Le désespoir me tombe dessus sans aucune raison consciente. Il me faut l’accueillir tel quel. Que faire ?

« C’est peut-être cela que l’on cherche toute sa vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible, pour devenir soi-même avant de mourir. » Louis-Ferdinand CELINE

Toute la journée à demeurer sur le fil tranchant du rasoir. Il aurait suffi d’un léger vent pour que je bascule du mauvais côté. Un Spleen effroyable, toute la journée durant, m’a pilonné le cœur et la cervelle. Cette sensation désagréable m’a progressivement quitté en début de soirée sans aucune raison consciente. Ma séance d’enregistrement a dû jouer son rôle de catharsis. Cependant, comme toujours, une langueur morbide demeure. Me serre dans sa gangue. Me maintiens dans mes limites. Curieux comme je peux traverser divers cycles, très rapidement, au cours d’une simple journée. Soleil. Ténèbres. Crépuscule. Aurore lointaine et indistincte, à grande peine discernable.

19:55 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/06/2007

Angoisse Métaphysique...

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=



Dog's life is Tough, brothers and sisters...

18:47 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : angoisse, métaphysique, fun | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Distance

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

Tant de cons et de connes tout autour de nous... et en plus dans une promiscuité outrageuse ! Personne ne sait aimer... ou alors ce qu'ils nomment « amour » s'avère être bien souvent du CANNIBALISME couronné de NÉVROSES et décoré d'HYSTÉRIE ! De la joie ? NENNI ! De la légèreté ? NENNI ! De la tendresse ? Mon cul !!!! Rien que du PHAGOCYTAGE SANS HUMOUR! Même les plus chouettes des filles, femmes, amantes que je croise se dévoilent vite comme des POSSÉSSIVES, DOMINATRICES auxquelles il faut RENDRE DES COMPTES comme à des MAMANS !

Reproduction constante et éternelle des vieux schémas familiaux !

Destructeur !

Viendront un jour les dépressions, les chutes dans les gouffres, les cancers !


C’est triste, je trouve…

Avec le temps une distance s’impose à moi comme de toute première nécessité et de plus en plus et de plus en plus loin…
Être tranquille et en paix loin du remue-ménage quotidien…

L’écriture m’y aide, m’y invite constamment.
La chair des mots qui fait frémir les lettres du corps ?
Sans doute !

04:25 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (8) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/06/2007

"Le Bonheur sur fond noir..."

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

Un équilibre, en somme, que l'on cherche toute sa vie durant...avec plus ou moins de chance! Paraître ou être? Certes, certes, ÊTRE ! Mais... paraître, parfois, un certain temps, par stratégie... peut révéler une part de l'Être enfoui en nous ! Que la joie demeure !

Que les particules élémentaires tourbillonnent et circulent !
Déployons notre Verve Vivante…nos bénédictions ultimes en ces instants où le monde perd la tête.


Si épanchements d’âmes il y a…et bien, dans ce cas, qu’ils soient charnels ! Si les corps chancèlent…et bien, alors, que l’esprit demeure ! Mais que le plaisir règne…sinon… à quoi bon notre pitoyable incarnation ???!!! Je me le demande ! Une ascèse n’a de valeur que si elle est jouissive comme une danse au sabre… une maîtrise en somme de ce qui est et doit être et… sera… quelque chose qui conduit à une expansion de l’Être ! Un courant continu depuis la nuit des temps ! Energie Eternelle !

De l’allégresse…de la légèreté… de la douceur au terme d’une guerre ! La douceur est impossible pendant la guerre, car il faut compter ses balles ! Surtout quand on est encerclés par les cow-boys !

Un verre de Sauternes glacé… J’ouvre un livre (« La vie des femmes mariées » de Pierre Arétin- XVI ème Siècle)… L’aimée est là, à proximité, pleine de voluptueuses langueurs océanes… Jean Sébastien Bach par Pablo Casals en fond musical…

Oui… il faut jouir et être heureux, envers et contre tout…

…et parfois il faut faire la guerre ! Si possible sans haine…mais la faire !

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06/06/2007

Catacombes

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

Pascal Quignard, dans « Les ombres errantes » : « Les sociétés secrètes d’hommes libres sont portées à devenir de plus en plus minuscules. Elles sont presque individuelles. Mes amis me sont de plus en plus chers et de moins en moins nombreux. »

Oui, certains jours je suis apprenti, compagnon et maître de loge à moi tout seul ! Une confrérie entière se tient dans ma bouche, au bout de ma queue et dans mon coeur !

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05/06/2007

Hurlement

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

C’est comme si la terre entière, autour de moi, laissait échapper un hurlement lugubre et final de sa plaie béante. Comme si le point de non-retour était atteint. Comme si absolument tout s’écroulait. La confusion est générale et telle qu’on se demande, en ce monde, s’il y a une sortie. Ca se masturbe le bulbe de tous côtés !

J’ai bien envie, le moment est propice, de retourner à Montaigne.

Montesquieu écrivait : « Dans la plupart des auteurs, je vois l’homme qui écrit. Dans Montaigne, je vois l’homme qui pense. »

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04/06/2007

Sanctuaire

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires"=--=

Ma démarche est Spirituelle aussi. C’est une pénétration toute personnelle, un engagement (désengagé !) pour dire, formuler (dans l’exultation si possible) des liens supérieurs, la fracture intérieure vis-à-vis du monde, l’ouverture exacte et authentique, le dépassement de soi et de tout. Je suis seul face au monde et je peux m’y perdre. Je le désire probablement ! Il est vrai que c’est une errance. Bien entendu, je suis aussi structuré, bâti, étayé par ma relation au monde. Je cherche juste à pénétrer le sanctuaire d’une liturgie nouvelle. Son cœur.

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03/06/2007

Observance de la Parole...

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« Je trouve ma joie dans l’observance de la parole. » (Psaumes,119-14)

La texture du réel est là. La suivre de ma main comme une superbe étoffe en une caresse ou m’affirmer comme EN procédant est ce qui m’importe le plus. L’observance de la parole n’est pas pour les chiens obéissants. C’est une prière incarnée quand suinte autant le désastre. Les prêtres masqués ainsi que leurs dévots veillent. La guerre est bien-sûr déclarée.

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02/06/2007

Vivre et aimer...

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Un coup de dés qu’on lance. La fièvre dicte bien plus que la raison. Il reste l’Être et son expansion. La solitude est un Royaume béni des dieux. La transe souvent me devance dans mes découvertes. Toute cette réalité qu’on vit au quotidien est un gigantesque mensonge. Esclaves d’une totalité où règne la confusion. L’ordinateur n’aura pas de prise sur moi, ce n’est qu’un outil. La rébellion n’est pas dans la marge, elle est HORS LA MARGE, HORS LIMITES. La jouissance devrait être un bon cru tiré quotidiennement. Ecrire est peu de chose, s’incarner est beaucoup. Dire est plus essentiel que choisir ses mots, mais choisir ses mots est important quand on veut dire l’essentiel. La décadence est totale, multiple et unie. Le spectacle aveuglant est une constance de l’ère post-moderne. Nous tournons en rond dans une cage dorée où le pain et les jeux nous sont fournis presque à loisirs. D’un « click » de souris le monde ne s’ouvre pas à nous, il nous enferme.

A présent vivons et aimons si c’est possible.

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14/05/2007

Les Mots et les Maux

« Si l’on étudie volontiers aujourd’hui les structures linguistiques propres à une période historique révolue, en essayant de démontrer à quel point elles ont marqué le mode de pensée de l’époque en question, rien ne nous empêche de considérer de même notre siècle avec circonspection. » Czeslaw Milosz, Témoignage de la poésie.


Chaque époque finit toujours par être rongée par un mal qu’elle se plaît à accoucher elle-même jusqu’au bout, malgré toutes les attentions dont font preuve les esprits éclairés pour la mettre en garde. Ce n’est qu’au moment où, les siècles étant passés, l’historien se penche sur les berceaux des règnes et de leurs décadences que les reliefs apparaissent et participent à l’émergence d’un tableau qui nous indique ce qui fut, ce qui arriva et, d’une certaine manière, contribua aussi à faire de nous ce que nous sommes aujourd’hui.

Ainsi, on s’accordera pour dire que le fourmillement des idées dans la Grèce antique, s’il a concouru à poser des axes de pensées encore valables de nos jours s’est vu, sur sa fin, partir en d’insondables bavardages pleins de contradictions, ce qui participa à sa décadence, car quand la parlotte s’empare des esprits, les Légions en profitent.

Ce furent les Romains qui tirèrent leur épingle du jeu en fondant leur Empire non pas par le biais des idées et du commerce, mais par une organisation plus proche de Sparte que d’Athènes, autrement dit : par les armes. Puis, à leur tour, le relâchement hédoniste sans contrôle de Rome, affirma le début de sa fin par la division de l’Empire en deux entités dont le monde occidental souffre encore de nos jours et qui n’a pas été sans conséquences dans nos rapports avec la partie asiatique et méditerranéenne du monde.

Par la suite, le moyen-âge eut de belles heures de gloire, la scolastique prit part à cette gloire, mais très vite se heurta à des gloses incessantes qui diminuèrent les savoirs en engouffrant le monde intellectuel d’alors dans des excès de paroles, l’usage des mots pour les mots… ainsi, l’histoire est connue, à l’ouest, par Rome, le fanatisme religieux en imposa à la multitude, la chrétienté devint conquérante (Dante ne place pas pour rien, dans sa sublime « Divine Comédie » des papes en enfer, pas si loin de « Mahomet l’hérétique » d’ailleurs), alors qu’à l’est, Byzance tomba aux mains des Turcs le 29 mai 1459, tandis qu’à l’intérieur de la ville se tenait un concile où la dispute allait bon train à propos du sexe des anges. De là vient d’ailleurs l’expression : « Querelles Byzantines » pour indiquer le gouffre qu’il peut y avoir entre des discussions irraisonnées et les exigences de la réalité.

Mais je ne vais pas parcourir tous les détours de l’Histoire, tas de fainéants, et je vais en venir directement à notre temps. Je m’avance trop même. Pas en 2007. Mais disons : tout de suite après 1789. Le stupide 19ème Siècle que vomissaient Flaubert, Baudelaire, Rimbaud et duquel, selon ce qu’en ont dit Philippe Muray ou Philippe Sollers, nous ne sommes pas encore sortis, alors que nous sommes à l’ère des computers, des téléphones portables, du câble télévisuel, des satellites espions, des guerres propres, de l’énergie nucléaire et… des pensées quantiques. Quel est le mal dont souffre notre civilisation de décennies en décennies depuis le temps des révolutions politiques, industrielles et techniques ?

J’use volontiers des termes de « canular », « tromperie », « mystification », « charlatanisme », « escroquerie », « imposture », « falsification ». Mieux : « Subversion ».

Bah, me direz-vous, les faux dévots ont existé de tout temps et ont toujours cherché à régenter la vie de leurs semblables. Voilà qui est acquis. L’hypocrisie et l’affection de dévotion et de vertu, les calculs sociaux et politiques ne datent pas d’hier. Oui. Vous avez raison. Or, la nouvelle donne, à partir de la terreur de Robespierre, fut bien la collectivisation de l’imposture. Paré de sa vertu sanglante, Maximilien nous imposa les louanges à l’Être Suprême, sous le couvert de la déesse Raison. Syncrétismes et carnavals. Orgies populacières et hypnotisme général. De ce temps, à grands coups de têtes tranchées, s’est imposé à nous, puis au reste du monde (la France a eu quelque rayonnement suffisant pour impressionner le reste du monde par des influences bonnes comme néfastes) l’érection en règle d’une certaine pensée, une certaine manière d’être qui s’est progressivement, mais sûrement distillée dans les consciences occidentales par des cheminements divers et variés pour aboutir, au lendemain de la seconde guerre mondiale, au « politiquement correct » qui souligne à merveille notre sinistre époque d’un trait faussement bariolé.

Car j’ai toujours à l’esprit ce souvenir : Enfant, avec de fines tiges de pâte à modeler de multiples couleurs, je m’étais aperçu qu’il n’y avait que deux façon de mélanger les coloris ;

- En enroulant tout d’abord les tiges judicieusement choisies entre elles je parvenais à créer des mariages qui me charmaient, où les nuances de « rouge » et de « vert » s’agençaient en des colonnes antiques imaginaires que je voulais Atlantes ou martiennes. Des guerriers apocalyptiques, sombres ou lumineux, charpentés en couleurs roses et claires, ou ocres et noires. Puis je les habillais d’une armure blanche ou bleue. Casque avec pic. Cheval de fortune gris, tacheté de noir. Épées grises. Lances d’or. Je confectionnais même des étendards avec des armoiries.

- Ou alors, les jours où l’inspiration me manquait, énervé par une vie enfantine grisâtre et ennuyeuse, je malaxais toutes les couleurs ensemble, par dépit, pour obtenir à chaque fois, systématiquement un amas kaki sans vie, uniforme, sans détails, sans nuances.

Et je savais déjà, bien que je n’étais point capable de le formuler, que ces deux manières d’effectuer des mélanges se faisaient d’un côté avec bon sens, raison, amour et rigueur, qui n’excluaient nullement la légèreté enfantine, la fantaisie, l’extravagance et la convocation de la créativité sous le couvert de l’inspiration ; de l’autre côté, sans retenue, sans contrôle, avec dégoût, abdication, renoncement mortifère, névrose juste évacuée sur une réalité qui, à son tour, nourrit la suite des évènements.

Ordre et Volupté ou désordre macabre et purge tripale.

Bref, un nouveau langage s’est infiltré dans les brèches successives s’appliquant à évincer des mots, des faits par des sens voilés, indirects et obliques parfois, allusifs toujours, en tout cas dissemblables ou divergents. Les mots, bien entendu, sont en première ligne.

La signification initiale d’un mot n’a parfois plus le même sens, une fois qu’il est passé au filtre de la censure merdeuse de nos marxistes affichés ou masqués.

Pour nous faire un beau mélange kaki, nos bien-pensants aiment à manipuler les signifiants et les signifiés.

Ainsi le beau mot de « libération » fut utilisé pour célébrer les massacres et les déportations du Cambodge, sous les auspices de feu Jean-Paul Sartre, dans un quotidien qui avait le même nom.
« Jean-Sol Patre » disaient, à juste titre, Boris Vian et Louis Ferdinand Céline.

Il nous faut réapprendre à lire entre les lignes. Prendre avec précaution les nouvelles propagées par nos quotidiens très sérieux. Les enjeux de l’avenir se trouvent en grande partie liés au langage. C’est dans le domaine culturel et idéologique que les prémices de l’affrontement final prennent leurs racines. Car les chamboulements ou les révolutions, les guérillas ou les guerres ouvertes ne se gagnent pas par les urnes et les magouilles politiciennes aux calculs hypocrites et machiavéliques, ils se fraient leur voie de façon nébuleuse dans les âmes. Il ne faut pas perdre ce fait de vue et il faut tenter toujours d’y répondre à sa juste mesure.

La liberté meurt de la séduction qu’exerce sur nous la subversion.

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Bande son du moment : Living Out Of Time par Robin Trower

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citations du jour : « Les mots faisaient primitivement partie de la magie, et de nos jours encore le mot garde beaucoup de sa puissance de jadis. Avec des mots un homme peut rendre son semblable heureux ou le pousser au désespoir, et c'est à l'aide de mots que le maître transmet son savoir à ses élèves, qu'un orateur entraîne ses auditeurs et détermine leurs jugements et décisions. Les mots provoquent des émotions et constituent pour les hommes le moyen général de s'influencer réciproquement. » Sigmund Freud (Introduction à la psychanalyse)

« Nous nous servons des mots avec l'habileté mais aussi l'imprudence des ouvriers qui manipulent chaque jour des explosifs. Il faut avoir peur des mots. » Gilbert CESBRON (Journal sans date)

Humeur du moment : En Retrait...

14:23 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (14) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/05/2007

Théorie/pratique et Nihilisme...

Il a été démontré que des membres de la LCR étaient impliqués comme "meneurs" dans certaines des agitations qui ont secoué notre pays suite aux résultats électoraux du 6 mai dernier. Nos chers communistes révolutionnaires devraient connaître leurs "classiques" avant que de chercher à passer à un semblant de pratique sans avoir de connaissance quant à la théorie.

Voici ce que dit Karl Marx à Wilhelm Weitling , un penseur socialiste concurrent (pour faire court) lors d'une réunion de travail houleuse... (Source : Karl Marx ou l'esprit du monde par Jacques Attali)... :

"Dites-nous, Weitling, vous qui avez fait tant de bruit en Allemagne avec vos prêches communistes, quels sont les fondements théoriques de vos activités social-révolutionnaires ? Sur quelle théorie espérez-vous les fonder à l'avenir ? Sans une doctrine claire, le peuple ne peut rien faire, sinon du bruit et des révoltes vouées à l'échec, qui sapent notre cause !"... "L'ignorance n'a jamais aidé personne."

Olivier Besancenot et ses potes devraient en prendre de la graine.

20:35 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Sarkozy, Besancenot, Communiste, Karl Marx, Wilhem Weitling | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

26/04/2007

Jeanne d'Arc

Luc Besson a fait un film sur elle…



… un film qui est ce qu’il est. J’ai apprécié personnellement l’interprétation de Mila Jovovich, mais c’est tout. Il n'empêche cependant que le personnage historique est dorénavant lié à Jean-Marie Le Pen, POINT ! Si vous avez le culot, comme moi, d'aimer le parcours lumineux et plein de grâce de Jeanne d'Arc, on vous traitera systématiquement de Fasciste. Les médias, au lieu d'expliquer, d'éduquer, d'analyser, jouent simplement le jeu de cette diabolisation anti-Le Pen, diabolisant du coup une grande figure historique issue des hautes heures flamboyantes du moyen-âge français.

Mais mieux vaut deux petites chansons qu’un long discours.

Comme chacun le sait, Luc Besson est un fasciste ! Bob Dylan et Leonard Cohen le sont également. Patti Smith aussi. Et votre serviteur n’en parlons pas.

Voici deux superbes chansons. « Changing of the Guards » de Bob Dylan, reprise ici par Patti Smith. Et « Joan of Arc » de et par Leonard Cohen. Les fichiers sont très compressés mais vous vous ferez une idée. Achetez les disques…

À vos dicos...

"Patti Smith : Changing of the Guards.mp3 (Bob Dylan)



Sixteen years,
Sixteen banners united over the field
Where the good shepherd grieves.
Desperate men, desperate women divided,
Spreading their wings 'neath the falling leaves.

Fortune calls.
I stepped forth from the shadows, to the marketplace,
Merchants and thieves, hungry for power, my last deal gone down.
She's smelling sweet like the meadows where she was born,
On midsummer's eve, near the tower.

The cold-blooded moon.
The captain waits above the celebration
Sending his thoughts to a beloved maid
Whose ebony face is beyond communication.
The captain is down but still believing that his love will be repaid.

They shaved her head.
She was torn between Jupiter and Apollo.
A messenger arrived with a black nightingale.
I seen her on the stairs and I couldn't help but follow,
Follow her down past the fountain where they lifted her veil.

I stumbled to my feet.
I rode past destruction in the ditches
With the stitches still mending 'neath a heart-shaped tattoo.
Renegade priests and treacherous young witches
Were handing out the flowers that I'd given to you.

The palace of mirrors
Where dog soldiers are reflected,
The endless road and the wailing of chimes,
The empty rooms where her memory is protected,
Where the angels' voices whisper to the souls of previous times.

She wakes him up
Forty-eight hours later, the sun is breaking
Near broken chains, mountain laurel and rolling rocks.
She's begging to know what measures he now will be taking.
He's pulling her down and she's clutching on to his long golden locks.

Gentlemen, he said,
I don't need your organization, I've shined your shoes,
I've moved your mountains and marked your cards
But Eden is burning, either brace yourself for elimination
Or else your hearts must have the courage for the changing of the guards.

Peace will come
With tranquility and splendor on the wheels of fire
But will bring us no reward when her false idols fall
And cruel death surrenders with its pale ghost retreating
Between the King and the Queen of Swords."



... et...

"Leonard Cohen : Joan Of Arc.mp3 (Leonard Cohen)



Now the flames they followed joan of arc
As she came riding through the dark;
No moon to keep her armour bright,
No man to get her through this very smoky night.
She said, Im tired of the war,
I want the kind of work I had before,
A wedding dress or something white
To wear upon my swollen appetite.

Well, Im glad to hear you talk this way,
You know Ive watched you riding every day
And something in me yearns to win
Such a cold and lonesome heroine.
And who are you? she sternly spoke
To the one beneath the smoke.
Why, Im fire, he replied,
And I love your solitude, I love your pride.

Then fire, make your body cold,
Im going to give you mine to hold,
Saying this she climbed inside
To be his one, to be his only bride.
And deep into his fiery heart
He took the dust of joan of arc,
And high above the wedding guests
He hung the ashes of her wedding dress.

It was deep into his fiery heart
He took the dust of joan of arc,
And then she clearly understood
If he was fire, oh then she must be wood.
I saw her wince, I saw her cry,
I saw the glory in her eye.
Myself I long for love and light,
But must it come so cruel, and oh so bright ? "


Vous me direz, Bob Dylan doit être "douteux" puisque depuis un certain accident en moto il y a presque 40 ans, il a vu le Christ et s'est converti !

En tout cas, l'image de la pucelle de France a frappé suffisament l'imagination de ces deux poètes, Dylan (alias Robert Zimmerman) et Cohen, issus de la communauté juive ( !!!) pour qu'ils en fassent au moins deux belles chansons... assez révélatrices. Deux chansons en toute Liberté.

Heureusement qu'il existe encore quelques esprits libres comme eux ici-bas.

19/04/2007

Seul contre tous… la beauté du geste…

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

Léon Bloy : « Tous les fétides et tous les lâches contre un seul qui ne tremble pas. »



Misère rance et moisie de notre temps. Qu’un œil lumineux surgisse du lot nauséabond et lavasse de la quotidienneté politiquement correcte et tous les frileux à la posture morale irréprochable évacuent tout débat, avec l’heureux élu, par l’insulte suprême, celle qui colle le dos de celui qui la reçoit au mur sanglant du 20ème Siècle, ou le fait s’agenouiller devant les monceaux de cadavres que la propagande utilise sans aucun respect pour les victimes de l’Histoire afin d’assoire sa primauté : « Sale Fasciste ! » La belle affaire. Au son de ce mot, les têtes se tournent vers le désigné, les regards pointent du menton vers le malheureux en même temps que les doigts et le pauvre type, ou la pauvre fille, n’a plus qu’à baisser les yeux et à suivre son chemin, pour peu qu’on en reste là avec elle ou lui.

Pourtant, la personne en question n’a pas d’admiration pour Hitler. Non plus pour Mao ou Staline. Elle se fait un point d’honneur, sans état d’âme particulier, à renvoyer dos à dos ces enculés génocidaires. Elle les vomit. Quant aux nationalistes, aventuriers du champ politique puant de notre démocratie en état de décomposition avancée, la personne en question ne soutient ni leurs thèses ni leurs formules. Quelques saines lectures lui ont fait réaliser que le véritable champ politique de l’avenir se trouve dans une transcendance, un sursaut presque quantique, une danse dessus la plèbe, une rigolade au-dessus du troupeau. Ce qui cogne, comme une Légion aux portails de notre civilisation appelle une vision politique supérieure, un au-delà les petits projets étriqués, un changement radical, un dépassement supposé offrir une postérité à notre culture, pour peu que cela ait encore un sens dans la petite tête du citoyen producteur-consommateur moyen qui se précipite le soir chez lui pour assoire sa panse libidineuse devant la télévision, en digne sujet de l’endoctrinement généralisé. Minus habens.

La personne en question considère l’Avenir, use des technologies nouvelles, ne s’empêche nullement d’être fière de ses racines, de sa langue, de son histoire. Elle sait regarder les épiphénomènes dont les médias l’abreuvent avec un certain sens critique. Si des larmes lui viennent à l’audition solennelle de la Grand-Messe en Ut mineur de Mozart, elle tape aussi du pied sur une chanson d’AC/DC ou d’Elvis Costello, se fige sur la Voix de Björk ou de Siouxie Sioux, contemple avec émoi un tableau de Picasso ou George Mathieu, échange à l’occasion un joint avec un frère d’arme, comme au temps du bivouac autour du feu, dans les temps antédiluviens. Ni Bush ni Ben Laden ne trouvent grâce à ses yeux. Les Anarchistes encore moins. Cette personne est, tout simplement, hors du système en place. Trop Libertaire pour les anars eux-mêmes. Trop amoureuse de la terre où dorment ses ancêtres pour les idéologues simplistes en mal de frontières fermées. Trop Libertine pour les mauvais baiseurs consuméristes de culs tristes et de phallus névrosés.

Autant le dire tout de suite, cette personne est inclassable, donc dangereuse.

Elle a lu Marx et en a retenu la teneur prophétique.

Elle s’est aventurée sur la pente glissante des méditations mystiques.

Elle a sondé avec détermination les penseurs pré-socratiques, s’est délectée de Goethe ou Huysmans, a jubilé sur la 5ème Symphonie de Beethoven en même temps que sur la guitare de Jimi Hendrix, a bu les mots de Lautréamont et de Rimbaud comme des liqueurs fortes, s’est enivrée d’Oum Kalsoum et Farid El Attrache comme de poisons aux goûts de miel extatiques. Alcools forts. Eau de Feu.

Elle a été violée, pour son salut, par la pensée de Max Stirner et Friedrich Nietzsche, a été renversée, anéantie, avant que de mieux sentir les parfums, mieux voir les couleurs et les contrastes, mieux toucher les épidermes, mieux goûter le miel, le lait et le vin, mieux entendre la musique du silence et se redresser plus fort et plus altier. En quête de nuances. Elle a réalisé, un jour, qu’elle était un Corps, une pensée en actes, un être libre, souverain de sa voie. Aussi, aspire-t-elle à renverser, de même, le statu quo insultant, pour rétablir la situation selon des arcanes nouveaux. Elle n’est pas de droite. Elle n’est pas de gauche. Elle aspire à l’Homme Total, celui qui sait danser sur ses deux jambes, la droite et la gauche, afin qu’il n’y ait plus d’ère Totalitaire. Elle est jeunesse et vivacité. N’appartient à personne. Personne ne peut la soumettre à sa botte, même dans la Mort. La Mort, justement, à aucun moment elle ne l’esquive, elle la considère bien dans les yeux car elle a lu Pascal. Elle aime la terre, ses forêts, ses déserts de sable et de glace, ses océans, ses champs fertiles, ses minéraux, ses végétaux, la faune et la flore. Elle aime le danger parce qu’elle est animale. Mais elle transcende le danger parce qu’elle pense et jouit d’être vivante avant que de mourir. L’artifice culturel est une bénédiction. D’ici et Maintenant elle pense au-delà. De ce Lieu vers la perspective ouverte. Michel Onfray ou Maurice G. Dantec, Philippe Sollers ou Alain Soral, les complémentarités qu’elle y trouve en emmerdent plus d’un, à commencer par les défenseurs idéologiques des chapelles, les dévots consternés, les pétasses accrochées à leur eau bénite. Un frémissement jouissif se saisit d’elle lorsqu’elle entend les discours de Malraux ou relit « L’étranger » d’Albert Camus. Elle aime les chants de guerre des indiens des plaines en même temps que la musique des gnawas ou celle de Nusrat Fateh Ali Khan. Écoute Léo Ferré et Jacques Brel, en même temps que Noir Désir ou le groupe Marquis de Sade. Trace sa voie sans se préoccuper des affamés jaloux qui ne comprennent pas le sens d’une vision à 360°. Cure et Joy Division l’inspirent. Stravinsky et Mahler également. Elle relit la Bible, même quand elle est agnostique, éprouve toujours de la reconnaissance au moment du repas, et à chaque orgasme pense « Hosanna, au plus haut des Cieux ». Ernst Jünger lui a appris « le recours aux forêts », Proudhon et Bakounine qu’une nouvelle donne économique était possible. Tocqueville, qu’elle se devait de posséder un sens profond de l’observation et de l’analyse avant tout. Guy Debord, que plus que jamais elle se devait de s’arracher à la fausse représentation pour enlacer la Vie. Cette personne est une terroriste métaphysique en puissance.



Le grand nombre ? Les autres ? Ils se résignent au pacte... persuadés que leur mensonge qu’ils prennent pour la vérité perce l'aurore... fiers, solides, décidés et vaillants en groupe... emplis de cet orgueil qui nomme le clan et assure l'avenir de mille feux sereins.

Se résignant au pacte, ils encerclent le pauvre bougre et lancent leurs litanies, assurés qu'il finira par lâcher prise et se joindre peut-être à eux, finalement, quel réconfort ce serait, la légion s'en trouverait renforcée, comme accomplie.

C'est qu’il a beau écrire, jubiler avec les mots, jouir de dire quelque chose qui le dépasse, mettre sa pensée en spirale, les talents lui manquent, ils le lui affirment sans arrêt avec une détermination convaincue et convaincante, les yeux injectés de sang.

Ils viennent comme au temps jadis on venait chercher la sorcière, le diabolique ou l'hérétique, la torche à la main, la fourche brandie comme un crucifix improvisé...

Ils viennent avec leur haine fétide, leur souffle revanchard, leur ressentiment incurvé... cette haine d'eux-mêmes qu'ils retournent envers autrui pour ne pas s'autodétruire... mais tôt ou tard finissent par se détruire tout de même.

Ils viennent au grand jour, ils chantent, joyeux d'être ensemble, entassés les uns sur les autres avec leurs néfastes certitudes de pleutres et de chiens. Ils dansent, gais comme des ivrognes refaisant enfin le monde, à leur image, bien-sûr. Ils tournoient sur leurs flasques évidences, se persuadent que chacun est leur raté réciproque, élaborant de très sérieuses théories sur l'art, la morale, la collectivité, le prochain, la politique et la sacro-sainte tolérance... la merde sociale purulente. Ils se persuadent autant qu'ils cherchent à persuader autrui qu'ils n'ont pas de vocation, de prédisposition, que personne n'en a ou si peu, que l'exception est une invention, que nous sommes tous kif-kif-bouricaut-démerdez-vous-avec-ça. Car absolument tout se vaut. C’est là leur profonde résolution.

Lui porte sur ses semblables un regard tantôt hagard, tantôt acide. Souvent placide. Il est dans l'étrangeté de ses notes intimes. Dans un autre temps, une respiration parallèle, un cerveau profond, un influx détourné, un laboratoire, une épuration des mots pour capter le plus adéquat... toujours. Il tient un compte de ses visions, de ses larmes. Son carnet vivant. Ses notes intimes : cauchemars, rêves, idées, pensées, coup de grisou interne, éboulements, apparitions, éclaboussures, contractions, crispations, convulsions, soubresauts.
Un spasme intrinsèque, impossible à déterminer, à cause d’une odeur, d’une caresse d’air, d’une couleur particulière et le fond le touche avant même qu’il n’ait songé à le toucher lui-même.
Les disparus en viennent à le visiter, portant leur requête au seuil de sa conscience. Ce ne sont pas des fantômes. Ce ne sont pas des flux surnaturels. C’est le code intérieur. Le programme inévitable. La mémoire concrète qui mène sa propre danse. L’écrivain ne fait que surfer sur ses vagues de magma en fusion. C’est là la grande énigme. C’est là la grande ivresse. La vitesse dans une immobilité sereine. Le souffle de l’Esprit du monde, des astres, de la poussière cosmique. L’Univers vibre et tout se met à parler. Paysages. Visages. Corps. Le quotidien que défendent les couchés, les aplatis, la meute, est balayé, relégué aux oubliettes, pour toute conscience qui se veut telle. L’actualité et son flot de malaises sinistres. Chômage. Sang sous les titres. Explosions terroristes. Viols en tournantes. Soudain, les racines plongées dans le suc fiévreux des ancêtres exigent leur déploiement vers l’avenir. L’Arbre veut pousser, ses feuilles veulent jouir. Et la lumière est si belle. Le Roman est un processus. Le Récit est une obligation. La cohorte peut aboyer autant qu’elle le désire, le Verbe poursuit sa route.

Il les reçoit d’ailleurs tous sans baisser la tête. Fixité de ses yeux.

C’est qu’on accepte de mourir quand on est dans la Vérité. On accepte de mourir quand on a expérimenté la douleur, la jouissance, la ténèbres et la lumière. Quand on a vu. Même si la souffrance se présente à la porte de sortie il y a un sourire intérieur qui vaut toutes les morts violentes.

Quant à eux, ils trouvent toujours un mot à dire, surtout quand ils n’ont rien à dire. C’est plus fort que tout. Il faut que ÇA parle. Il faut que ÇA éructe. Il faut que ÇA se rassure. Le néant veut demeurer comme tel. De temps à autre ils se doivent d’édifier leur crasse, leur néfaste malédiction qu’ils considèrent toujours comme la bénédiction ultime. Et l’anonymat est la parure adéquate pour se déplacer dans leur tourmente. Compromettre, déconsidérer, porter atteinte dans l’intime, ruiner pour être vraiment dans la jouissance collective. Pour être à l’unisson, vraiment, ne former qu’un seul bloc monolithique, lourd et banal : nuire, éprouver la singularité pour la réduire. Vomir, gueuler de la criticaille, trouver toujours quelque chose à dire. Molarder du foutre de séniles petites frappes ou des pertes blanches d’hystériques mal-baisées. Délation. Complot officieux. Inutile d’officialiser quoi que ce soit. L’officieux fonctionne à merveille depuis la nuit des temps. Et l’officieux aime à border l’Être dans ses attestations, ses certificats, ses normes. Car à sa manière, l’officieux est chicaneur, pinailleur, pointilleux, mais le dandysme en moins. C’est-à-dire : obsédé. Son obsession est une vertu à ses yeux. Sa maladie une éthique. « Sus à l’extrémiste ! Sus au paranoïaque ! Celui qui nous rappelle ce que nous sommes, à mort ! À bas ! »

Les tontons macoutes de notre douce métropole veillent. Ils font tourner leurs zombies dans les sphères où l’on pense pour une surveillance de premier ordre. Et leur pensée est une pensée de porcs. À l’écoute, l’attention en alerte, le doigt sur la détente, ils flinguent à bonne distance, prêts pour la mitraille. Ils sont tellement nains, tellement « beaufs », tellement dénués de tact qu’ils ne se cachent même plus ou si peu, fiers d’approcher leurs cibles avec le système entier en paravent pour leur protection, sans qu’ils n’aient même pas besoin de se cacher. Leurs basses besognes se pratiquent de plus en plus au grand jour. D’officieux on passera bientôt à Officiel. Une fois que les cerveaux bien lavés seront aptes à recevoir les doses de came nécessaires à la bienséance globale. Ils le sont déjà dans une large mesure.

La tactique est notoire. Toute pensée non validée se doit d’être expurgée de toute proposition néfaste, si on y parvient pas, purgeons-la purement et simplement. « Pour que la purge soit efficiente discréditons, tous ensemble, en masse, en horde, en LÉGION, le sinistre paltoquet qui ose péter plus haut que notre cul, qui ose se proclamer Souverain (pourquoi pas Seigneur pendant qu’il y est !) en l’acculant au précipice de l’Histoire, en l’obligeant à se soumettre devant les monceaux de cadavres. Il est d’extrême droite, c’est sûr. » Les déviationnistes d’aujourd’hui seront lapidés. Les exécuteurs n’ont pas d’état d’âme. Que celui d’entre vous qui est sans péché jette la première pierre ? Il n’y a pas de péché. Il n’y a pas de hiérarchie. Le seul ordre qui vaille est celui de l’égalité. Le nivellement est une idée neuve en Europe. Mieux : une idée neuve dans le monde. D’ailleurs le Monde est une idée neuve et indéfiniment renouvelée. Voici une foi qui n’a rien au-dessus d’elle. Ces inquisiteurs qui s’ignorent ont le vent en poupe. Subsides, allocations et contributions les arment et gonflent leur espoir. Et leur espoir est redoutable. Il mord. Il mord tout ce qui cherche à propager une singularité altière. Il mord et met en pièces toute critique qui ne rentre pas dans le cadre de la livide bidoche qui lui fait office de cervelle. Car la tripaille est sa satisfaction. Fast-food littéraire. Fast-food philosophique. Fast-food et loisirs. L’Institution veille au grain. L’institution a fait rentrer dans son giron les rebelles. Les originaux ont droit de cité. L’Originalité est acceptée… tant qu’elle est « éthique ». Tant que la Matriarchie Républicaine peut s’y mirer comme en un miroir. Comprendre que c’est là son « éthique ». Et son « éthique » exige une surveillance générale, digne des pays de l’ex-bloc de l’Est au sein desquels tout le monde surveillait tout le monde.

Si votre originalité n’est pas conforme la horde viendra. La meute tribale. Les porcs désincarnés aux ordres de la nouvelle nomenklatura. Prêts au sale turbin moral.

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Bande son du moment : Le Groupe Murderer's Row

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « Dans "Cosmos Incorporated" la référence fondamentale est une vieille querelle scolastique du XIVème siècle, quand saint Thomas d'Aquin se dresse contre les tenants des théories d'Averroes, qui avait inventé le monopsychisme. Ça consiste à dire qu'il n'y a qu'un seul psychisme qui est une sorte de force démiurgique, ce qu'il appelle "l'intellect agent séparé", donc séparé aussi bien de Dieu que de l'âme humaine. Une sorte de force autonome, qui se pense à travers nous et qui nous pense. Cette théorie trouve alors écho à la Sorbonne auprès d'un certain nombre de théologiens catholiques de l'époque, et saint Thomas se dresse contre en disant que l'homme est un être pensant, un être libre. Pour moi, le monopsychisme, c'est le point d'ancrage en Occident du nihilisme, le moment où ça va déraper. Ça va donner ce que j'appelle les "fausses lumières", puisque pour moi, les vraies lumières ont lieu au Moyen-Age. Ça va se confirmer avec l'émergence des idéologies modernes, à partir de la Renaissance, c'est-à-dire le libéralisme, le nationalisme, la destruction de l'Europe, les guerres de religion, la Révolution française, le stupide XIXème siècle, comme disait Léon Daudet, les guerres mondiales, le XXème siècle, et puis là où on en est maintenant. » Maurice G. Dantec

Humeur du moment : Actif dans la Pensée... Pensif dans l'Action...

19:35 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

01/04/2007

Hop !

Quantique... ce premier avril...


23:31 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (6) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

31/03/2007

Sida, "Act Up" et autres Cancers...

Il y a une semaine nous étions encore une fois dans un week-end « Sidaction ». Vous avez porté votre petit ruban rouge ? Vous vous êtes branchés sur cette vingtaine de chaînes de télévision et stations de radios qui d’un commun accord avaient décidé de tenir tête à la maladie avec votre concours ? Tant mieux. Il nous faut nous serrer les coudes afin de pouvoir à nouveau un jour plonger dans des culs sans combinaison Cousteau !

Mais, vous connaissez mon cynisme salvateur (en tout cas il nous sauve au moins moi, moi-même et je) et vous vous demandez à la lecture de ces premières lignes si c’est du lard ou du cochon ? « Mais où veut-il en venir ? »

Tout d’abord, je veux être précis : j’ai perdu quelques potes à cause de cette saloperie de maladie. Ça m’a rongé à chaque fois les sangs. J’ai trouvé ces morts injustes, d’autant plus que j’étais plus jeune quand elles sont survenues et que je n’avais pas forcément l’expérience que j’ai aujourd’hui pour affronter les épreuves douloureuses. Dans la cité des années 70 et 80 l’héroïne circulait comme les joints de nos jours. Je ne sais si c’est toujours le cas aujourd’hui, ayant presque entièrement coupé les liens avec cet univers glauque, mais ça m’a permis de voir partir un sacré paquet de potes et de connaissances, qui d’une overdose, qui d’un empoisonnement de substitut afin de palier au manque, qui du Sida. Et quelques-uns survivent encore, porteurs du virus, en espérant des jours meilleurs.

Ce qui me révulse, cependant, c’est le Lobbying propagé par des groupuscules pseudo-situationnistes comme « Act Up » qui font se propager dans les mentalités, de par leur militantisme violent et sans concession, l’idée selon laquelle le Sida serait la seule maladie du siècle digne de notre attention. Posez la question autour de vous : « Quelle est la maladie, selon vous, qui aura marqué la fin du siècle précédent et l’entrée dans le nouveau millénaire ? » Je suis prêt à parier que presque tout le monde répondra : « Le Sida ».

Or, malgré les chiffres annoncés par les tenants de l’information selon la propagande aux rouages bien connus, le Sida demeure par son rang relativement modeste parmi les causes de décès dans le monde.

Toute maladie est à combattre, la mort, quelle qu’elle soit, doit nous mobiliser. Ma future mort me mobilise chaque jour que Dieu fait, puisque je tente de la considérer intellectuellement, spirituellement pour me préparer au grand saut, au grand départ. Je vous conseille de lire ou relire Pascal et d’y réfléchir à votre tour. Mais la vérité doit être dite lorsqu’on a affaire à une telle débauche de mobilisations diverses au niveau social, thérapeutique et curatif, monétaire et budgétaire.

Les chiffres de l’année 2000 disaient que 278 253 cas de CANCERS étaient répertoriés en France cette année-là, dont quelque 150 000 promis à la mort.

Quelques 19 000 à 20 000 morts dus uniquement au CANCER de la prostate meurent chaque année dans ce pays.


Les maladies cardio-vasculaires, elles seules, font quelque 170 000 décès par an juste en France.

Le Sida : en 2003 le nombre de décès cumulés depuis le début de l’épidémie en France était de 33 745. Depuis le début de l’épidémie.


Mais les pays pauvres avec, en premier lieu, l’Afrique, n’est-ce pas là le point culminant de l’épidémie ? C’est bien exact. Mais rien que la malaria tue entre 1 million et 3 millions de personnes par an, selon les années, dont 90% en Afrique sub-saharienne. La malaria est à l’origine de quelque 400 millions de cas de maladies aiguës à travers le monde.
Le Président d’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, rappelle ces faits que je viens d’évoquer et met la malaria en tête de liste des causes de morts en Afrique et il ajoute que la malaria n'est pas un problème ni en Amérique, ni en Europe. Mais on ne l’écoute pas.

En Europe Occidentale l’information circule et je ne connais pas, pour ma part, de personnes ne connaissant pas les moyens de se protéger du virus si elles en viennent à épouser des comportements à risques : changements de partenaires sexuels, toxicomanie. Sans être des experts du Virus de l’Immunodéficience Humaine, mettre une capote ou changer de seringue et d’aiguille avant de se shooter est à la portée de tous. Mis à part les malheureux ayant été victimes du virus par négligence (transfusés sans précaution, contamination par un conjoint n’osant pas avouer sa séropositivité contractée ailleurs) on ne peut pas dire que la prévention connue de tous soit difficile à appliquer. Elle est même simple et efficace. C’est une campagne radicale de prévention qu’il faut faire dans ces pays en voie de développement au lieu de s’en prendre au Pape, par exemple, en exigeant de lui qu’il remette en cause une des bases de son credo religieux en invitant nos frères africains à se protéger d’une capote avant de gambader de partenaire en partenaire. Ce n’est pas son rôle, mais c’est peut-être le nôtre.

Le virus du sida (H.I.V. ou V.I.H.) entraîne une chute des défenses immunitaires qui finit par rendre l’organisme incapable de se défendre contre la moindre infection. Ainsi, un de mes potes d’enfance porteur du virus du Sida depuis quelques années, mais dans un état assez stable, est mort en trois semaines après avoir mangé une mauvaise merguez qui lui développa une jaunisse fulgurante.

Le virus du Sida se transmet soit au cours de rapports sexuels avec des personnes qui en sont porteuses, d’où l’intérêt de l’emploi des préservatifs, soit par voie sanguine : lors d’une transfusion si le sang transfusé en contient (en France, la recherche d’anticorps révélant sa présence est, depuis l’affaire du sang contaminé, systématique), ou du fait de l’usage d’une seringue infectée (les toxicomanes par injection intraveineuse sont particulièrement exposés).

Au cours des années 1990, on a constaté que le virus présentait plusieurs formes, ce qui rend très difficile la réalisation d’un vaccin, alors que le nombre de malades progresse.

Bien entendu, il faut soigner les malades, et nous ne sommes pas dispensés de les soutenir et de faire preuve d’empathie et d’humanité à leur égard, quelles que soient les tendances à risques qui les ont conduits à être contaminés.

La recherche travaille. L’état fait ce qu’il peut. Mais « ACT UP » et consorts ont tendance à me révulser.
Jamais pour le CANCER, les maladies cardio-vasculaires, ou la malaria une telle débauche d’énergie médiatique n’a été enclenchée pour recueillir des fonds et, cependant, on a jamais vu un malade du cœur ou du CANCER venir insulter un ministre comme ce fut le cas il y a une dizaine d’année en direct à la télévision. Qu’est-ce qui légitime l’attitude d’ « « ACT UP » dans le maelström médiatique ambiant ?

Depuis 1968 les homosexuels ont su s’organiser afin d’obtenir l’abrogation d’une législation passéiste et abusivement discriminatoire à leur égard. Ils ont contribué à faire évoluer les mentalités vers une plus grande tolérance les concernant. Je ne trouve rien à dire à tout cela. Mais ils ont croisé sur leur chemin, pour leur malheur, le V.I.H. C’est à ce moment-là que les plus radicaux d’entre eux ont projeté sur cette fatale malédiction leurs fantasmes névrotiques les plus extrêmes, y voyant même comme une sorte de complot destiné à les exterminer tous. Je ne rentrerais pas dans le débat conspirationniste qui ne nous conduirait que vers une nébuleuse impasse. Cependant, je suis scandalisé lorsque je lis dans tel article écrit par un de leurs thuriféraires que l’épidémie du Sida équivaut à la Shoah, ou qu’un militant convaincu de sa cause (con vaincu ?) en appelle à un communautarisme refermé sur lui-même en même temps que fortement offensif. Ils en viennent à déclarer même avec une grande assurance que le combat contre le Sida cristallise tous les combats pour les droits de l’homme. Voilà comment on passe d’une promulgation juste, les droits de l’homme, à son négatif actif convaincant : le droit-de-l’hommisme. C’est au nom des droit de l’homme, par exemple, qu’on est parvenu à créer des cités dénuées de droits. Droit-de-l’hommisme. C’est au nom des droits de l’homme que les cerbères roses et en colère d’ « ACT UP » exigent que la situation des malades soit prise en considération. Comme si elle ne l’était pas. Cette attitude communautariste est digne de celle des musulmans de l’UOIF réclamant des horaires de piscine non-mixtes ou l’interdiction du porc dans les cantines de la République.

La faculté et l’autorisation d’assumer et de revendiquer sa différence est une chose, mais l’apparition de la volonté de distinction des droits indique la négation de notre démocratie lorsque les uns et les autres ne veulent plus s’intégrer à nos mœurs mais désirent nous intégrer aux leurs.

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Citation du jour : « Si vous êtes malade, ne le soyez pas trop longtemps. Tâchez de ne pas dépasser les 21 jours réglementaires, car, la patience des meilleurs amis est assez courte et vous auriez vite l'impression d'être délaissé.» Sacha Guitry

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03:00 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Sida, Sidaction, Act-up, propagande, désinformation | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

30/03/2007

Vivre et Écrire - III

Dans les grandes lignes, Écrire n’a pas la moindre importance. De nos jours, le risque est de petite envergure. Affirmer qu’on trempe sa plume même dans du sang, c’est souvent prendre la posture qui convient. Le spectacle en société vaut le détour. Vous aurez beau, emprunté d’une pouézie moderniste-expérimentale, recouvrir votre page de haut en bas de mots du type « massacre », « holocauste », « génocide », « viol », « tuerie », pas une goutte de sang ne viendra poindre sur votre papier… ou sur l’écran de votre PC. L’écrivain poussera son cri en vain. Même dévoré par le démon de sa névrose, il pourra, une fois le cahier rangé dans son tiroir ou laissé en vrac sur sa table de travail, son écran éteint, aller aux putes se faire sucer la queue, au supermarché le plus proche s’acheter une bouteille de Whiskey, se mettre à table en compagnie de sa fratrie, pointer à l’ASSEDIC, se promener dans la ville, dans la campagne, ou dans le trou du cul du monde. Un œil jeté aux livres qui encombrent les étagères des librairies le confirme à merveille. « Ça » ne trempe sa plume nulle part. « Ça » trompe sa plume et « Ça » trompe son monde en se trompant soi-même. Là, « Je » n’est même pas un autre. Trifouillage de mots. Masque sur les maux. Les profondeurs de l’Être sont merdiques aussi. Mais « Ça » se révèle à qui sait lire. Phrases pauvres ou pompeuses et architecturales, emphase, dérèglement nerveux et distance d’avec les missives. Et « Ça » a des théories sur les autres toutes faites mais bon sang c’est bien-sûr !

Écrire. J’en viens à éprouver du dégoût pour cet Acte et à ne plus même en mesurer le sens initial. Aussi je sors à mon tour dans la fraîcheur du soir et pars trouver un meilleur usage de mon corps pour ne pas ressembler aux usurpateurs. Car Écrire devrait être le risque par excellence, celui par lequel on se confronte en premier lieu à soi-même et aux autres toujours à travers soi-même. Quand la douleur se présente et qu’on ne désire pas l’esquiver, mais la regarder bien en face dans la noirceur de ses yeux au lieu de contaminer les autres de son poison néfaste. Car l’exigence qui compte est celle de la Vérité. Mais il faut se mêler aux faits, y inscrire sa persévérance au lieu de s’enfoncer dans une logorrhéique surabondance de foutre verbal qui n’est qu’une catharsis arrêtée sur elle-même. Appliquer des formules sans cesse. Brasser des mots, juste pour faire de jolies phrases. Déployer sa syntaxe, son vocabulaire pour que sa basse-cour prenne soudain des airs de cour royale. On peut, avec un peu de chance et beaucoup de culot devenir chef de meute. Mais « Celui qui veut apprendre à voler, celui-là doit d'abord apprendre à se tenir debout et à marcher et à courir, à grimper et à danser. Ce n'est pas du premier coup d'aile que l'on conquiert l'envol ! »*

Oui. Écrire est autre chose. Ce n’est, en tout cas, pas se draper de dentelle, se calfeutrer de distance, même si pour survivre, parfois, souvent, l’homme doté de raison pratique avec délectation l’Art du détachement. « Écris avec ton sang et tu verras que le sang est esprit. »* C’est qu’il convient d’observer les phénomènes « à mi-pente »* selon cette « morale de la pente »** que Saint-Exupéry exprimait avec une grande lucidité pour la « Terre des hommes »**. « Ce pour quoi tu acceptes de mourir, c'est cela seul dont tu peux vivre. »**

Contre l'improbable abstraction, facile et seulement musicale se doivent de prévaloir l'appréciation, l’évaluation, le jugement qui font surgir l’idée qui nous fait maintenir le fil d’Ariane qui en vient à élargir notre vue qui honore notre sentiment qui nous couronne de la pensée. Cependant, loin d’être docile face au cortège d'émotions surannées, Écrire instaure le face-à-face de l'homme avec le monde, le duel propitiatoire, la confrontation légitime de l’individu avec la Cité. Joute éternellement recommencée depuis l’Antiquité lointaine.

Vient la Vision. L’œil révèle la représentation passée au prisme de la subjectivité. Le « Moi » se voit affiné, débarrassé de ses scories grossières il devient une loupe frontale, un scalpel méticuleux. L’Impression est le trésor à capter pour dire le flux énergétique qui transperce le monde. L’objectivité naît-elle de la rencontre de la rencontre de plusieurs subjectivités ? Car ce qui importe, dans l’acte d’écrire, c’est (avant l’effet exprimé) la vue, le sentiment, l’intuition, la sensation, les cinq sens et le sixième naissant du parfait équilibre des cinq premiers. C’est une perception de plus en plus fine, aiguë, cinglante, de la réalité cachant le Réel de l’Être.

Écrire est une rencontre avec le monde. Et le monde ne vient au monde que parce que l’écrivain le regarde, le conquiert, le saisit, le comprend. Le monde obtient ainsi son unité dans la diversité qui est la sienne. Il y a le futur qui appelle. Il y a la grâce lumineuse de l’Origine. Il y a l’Instant, le Lieu et la Formule. Ici et Maintenant. L’écriture peut-être sobre, directe, travaillée, journalistique, classique, mais la chose observée, le phénomène appréhendé se doit d’être transcendé par l’absolutisme de la Vision qui s’impose et que la Raison sait étreindre. Sinon c’est du verbiage. Du nombrilisme. De la posture.


Se contenter de décrire la nature ? Écrire automatiquement ? Jeter des phrases en l’air en mimant la maîtrise ? Le jeu peut découvrir des parts de nous obscures, mais cela ne suffit pas. Écrire nous fait toucher les secrets du monde et nous les fait livrer sur la page comme des offrandes. La Raison guide, mais il ne s’agit nullement de faire du rationalisme car, n’en déplaise aux scientistes et aux scribouillards prosaïques l’énigme, la profondeur, l’obscurité, l’Ombre Silencieuse qui hurle, l’arcane secrète, l’intangible et le sacré percent vers nous sans cesse. Les captons-nous ? L'essence de l’écriture est la poésie : un émerveillement, une admiration, une extase dans le frimas percé par une lumière que nous croyons d'ailleurs mais qui est d’ici. C’est le démesuré, l’incalculable qui nous anime. C’est un souffle de feu, une palpitation de tellurique, une pluie de larmes de joie ou de souffrance. On l’approche tout au plus. S'en emparer est impossible. Écrire est cette parole que ce souffle nourrit et manifeste, d'où son pouvoir sur nous.

En lecteur enchanté de la « Paideia » de Werner Jaeger, je peux vous confirmer que « Poïésis » signifie, en Grec ancien, « faire en fonction et à partir d’un savoir ». C’est une action qui transmue, tout en l’affirmant, le monde. Cependant, ce n’est pas une fabrication limitée à ses données techniques, ni un simple rendement, un vulgaire ouvrage. C’est le suc substantifique. L'œuvre issue de la « poïésis » réconcilie l’intelligence, la Raison, l’entendement, la méditation, la réflexion, la rêverie, la fantaisie, autant dire l’Esprit avec la substance et l’étoffe de nos carnes sur ce vieux caillou et avec le temps qui nous est imparti, et l'homme avec l’Univers sous l’œil malicieux des dieux… ou l’œil scrutateur du Dieu unique. Elle est le partage d’un bien commun, des corps se croisant et embrassant un chant dans une étreinte de l’esprit, une éclosion commune dans le cercle de l’engagement, de la rencontre, les juteuses harmoniques issues de l’altercation entre la matière, le temps et les hommes. De cet Athanor naquirent les Cités de la Grèce ancienne, les œuvres des poètes et penseurs pré-Socratiques. Même le sinistre Platon. Sur la scène du monde. La Poésie est cette action dans le monde qui fonde sans cesse le monde. Écrire n’est rien d’autre que cela. Par nous le monde s’accouche continuellement. Supprimez la Poésie et le monde implose sur lui-même. Supprimez la Poésie… ou exaltez-vous de mauvaise littérature.
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*Friedrich Nietzsche
**Antoine de Saint-Exupéry

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Citation du jour : « Bien écrire, c'est le contraire d'écrire bien. » Paul Morand (Venises)

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29/03/2007

Votage pour la France !



Sa spécialité, à elle et à ses sbires, nous enfiler tout un tube de vaseline entièrement dans le cul, pour nous enculer sans qu'on le sente. Mais ayant réglé mes problèmes avec papa et maman et étant hétéro à 1000%, autant le préciser tout de suite : j'ai le trou du cul sensible. Bon vote !

15:55 Publié dans Franc-tireur | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Ségolène Royal, Bravitude, Voter | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook