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14/01/2021

Les bons sentiments

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« Certaines âmes philanthropiques pourraient construire en rêve quelque miraculeuse façon de désarmer ou de terrasser l’adversaire, sans causer trop de souffrance, et croire que l’art de la guerre évolue dans cette direction. Aussi désirable qu’elle soit, cette vue de l’esprit doit être réfutée. Car dans un état aussi dangereux que la guerre, les pires erreurs sont celles que nourrissent les bons sentiments. »

Carl von Clausewitz, De la guerre

 

 

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13/01/2021

En fait, elles ne s’intéressent qu’aux femmes

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« Les producteurs de films découvrent enfin, mais lentement, que les femmes se contentent parfaitement d’artistes aussi laids que Belmondo, Walter Matthau ou Dustin Hoffman, au lieu des beaux acteurs de jadis. Puisqu’ils accordent peu de valeur à leur physique et ne se croient beaux qu’exceptionnellement (ils ne voient la beauté que chez les femmes), ils s’identifient plus facilement à des interprètes qui ne sont pas des Apollons. Pourvu que les principaux rôles féminins soient tenus par de belles vedettes, les femmes absorbent ces films avec autant de plaisir que ceux où jouerait un Rock Hudson ; en fait, elles ne s’intéressent qu’aux femmes qu’elles y voient. »

« Quoi que fassent les hommes pour en imposer aux femmes, dans le monde des femmes, ils ne comptent point. Dans le monde des femmes, seules comptent les autres femmes. Lorsqu’une d’elles remarque qu’un homme dans la rue se retourne sur elle, naturellement, elle s’en réjouit. Si l’homme est habillé de façon coûteuse ou roule dans une voiture de sport grand luxe, sa joie est d’autant plus grande, joie comparable à celle d’un porteur d’actions qui lit un rapport de bourse favorable. Pour la femme, que l’homme soit bien physiquement ou non, sympathique ou non, intelligent ou non, ne joue absolument aucun rôle. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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C’est avec de telles monotonies que sont faits les sentiments durables qui déterminent l’individualité d’une âme particulière

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« Un rythme qui continue inchangé est un présent qui a une durée ; ce présent qui dure est fait de multiples instants qui, à un point de vue particulier, sont assurés d’une parfaite monotonie. C’est avec de telles monotonies que sont faits les sentiments durables qui déterminent l’individualité d’une âme particulière. L’unification peut d’ailleurs s’établir au milieu de circonstances bien diverses. [...] Cependant l’être est un lieu de résonance pour les rythmes des instants et, comme tel, on pourrait dire qu’il a un passé comme on dit qu’un écho a une voix. Mais ce passé n’est qu’une habitude présente et cet état présent du passé est encore une métaphore. En effet, pour nous, l’habitude n’est pas inscrite dans une matière, dans un espace. [...]

L’habitude qui, pour nous, est pensée est trop aérienne pour s’enregistrer, trop immatérielle pour dormir dans la matière. Elle est un jeu qui continue [...] c’est de cette manière que nous tenterons de solidariser, par l’habitude, le passé et l’avenir. »

Gaston Bachelard, L’intuition de l’instant

 

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Réminiscence

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« Il est de fins ressorts dont la marche ignorée
— Ni savants, ni rêveurs, n’ont deviné comment —
Va dans un coin de l’âme éveiller brusquement
Le parfum d’une fleur autrefois respirée.

Autrefois, le céleste épanouissement
De ta bouche qui rit, cette rose pourprée,
M’avait tout embaumé l’âme... Chère adorée
Qui t’envolas si tôt, l’oubli vint lentement !

Voilà que, ravivant ton image effacée,
Ta grâce tout à coup me vient à la pensée,
Comme l’air qu’un hasard souffle aux musiciens.

D’un soir déjà lointain je reconnais les fièvres :
Et mon cœur a senti refluer à mes lèvres
Une fraîche saveur de baisers anciens. »

Léon Valade, "Réminiscence" in Le Parnasse contemporain

 

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12/01/2021

Une vie d'homme libre

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« L’homme, qui aime la femme et souhaite passionnément, par-dessus tout, son bonheur, la suit encore sur ce terrain : il produit pour elle du rouge à lèvre qui ne tache pas, du noir aux yeux qui ne la fait pas pleurer, des bigoudis chauffants qui remplacent ses ondulations absentes, des blouses plissées qu’elle n’a plus à repasser, des sous-vêtements qu’elle jette au fur et à mesure qu’ils sont sales. Car il a toujours le même but, la délivrer de ces mesquineries une fois pour toutes, lui permettre de réaliser en elle ce qui est spécifiquement féminin et donc étranger à son esprit d’homme, satisfaire les aspirations "élevées" — à ce qu’il croit — de la nature plus délicate, plus sensible, de la femme, pour qu’enfin elle puisse mener la seule et unique existence qu’il considère digne d’être vécue : une vie d’homme libre. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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La prodigalité

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« La prodigalité est une vertu d'artiste.

[...]

Le don n'épuise pas la richesse qui le permet, car, dans cette logique de l'expansion, en forme de génération spontanée, la dépense est immédiatement suivie d'une nouvelle disponibilité pour un nouveau don. Le déploiement et la dissipation instaurent un rapport au temps éminemment singulier : l'instant suffit à la consumation, il acquiert de la sorte une densité ignorée en d'autres occasions. Là où il coule, sagement chronologique, sans variations d'intensité, [...] il n'est que durée mesurable, quantité appréciable. En revanche, dans la dilapidation, il est l'occasion de moments intenses, gonflés de sens. Des pics et des cimes. La qualité de l'émotion est sans pareille, l'éternité tout entière semble avoir pris place dans le fragment de temps qui s'est détaché en coïncidence avec le geste. [...] le dispendieux est un artiste du temps.

L'éthique de la dépense suppose l'éclatement et la production de fragments, le divers et le multiple. Ce sont des densités matérialisées, cristallisées qui font les points, mais l'ensemble de la démarche est dynamique. Elle suppose une volonté de mouvement, un consentement aux flux et aux fleuves. D'où l'héraclitéisme du dispendieux qui veut et aime la mobilité, qui sollicite la circulation dans le dessein de produire des opportunités pour une plus grande probabilité de dépenses. [...] il sait n'avoir pour seul capital que sa vie, qu'elle ne durera pas éternellement [...] La mort donne le prix, elle fixe le sens.[...]

Le probable devient effectif et réel par la dépense qui est mode de révélation. »

Michel Onfray, De la prodigalité ou l'excédent somptuaire, in La sculpture de soi : la morale esthétique

 

 

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11/01/2021

Système neutre programmé pour réaliser le maximum de gain

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« On peut parfaitement comparer la femme à une entreprise, système neutre programmé pour réaliser le maximum de gain : la femme se lie sans amour, sans méchanceté ni haine personnelle, à l’homme qui travaille pour elle. S’il l’abandonne, l’angoisse naturellement la saisit, car son existence économique est en jeu. Sous cette angoisse aux causes rationnelles ne s’ouvre aucun abîme infini, et sa compensation est elle aussi d’ordre logique : par exemple, il suffit de prendre un autre homme sous contrat. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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10/01/2021

L'un âgé et l'autre jeune

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« Lorsqu’une femme a le choix entre deux hommes, l’un âgé et l’autre jeune, dont le revenu est le même, elle choisit certes le plus jeune, non parce que sa jeunesse lui inspire un sentiment esthétique ou de la sympathie, mais uniquement parce qu’il pourra subvenir plus longtemps à ses besoins. Les femmes savent très bien ce qu’elles attendent d’un homme, aussi prennent-elles parfaitement leur décision : on n’en a probablement jamais vu préférer pour mari un pauvre diable de vingt ans à un quadragénaire fortuné. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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09/01/2021

Le dressage par l'éloge

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« Une fois habitué aux compliments, il suffit de n’en pas recevoir pour se sentir blâmé. Le dressage par l’éloge présente entre autres les avantages suivants : celui qui est loué tombe dans un état de dépendance par rapport au laudateur (pour que l’éloge vaille quelque chose, il doit provenir d’une instance supérieure ; c’est donc reconnaître au laudateur un niveau plus élevé). L’éloge agit comme une drogue (lorsqu’il en est privé, l’intoxiqué confond toutes les valeurs et perd la faculté de s’identifier à lui-même). L’éloge accroît les rendements (il suffit pour ce de cesser de l’appliquer à l’état de choses présent et de ne l’appliquer qu’au rendement supérieur). »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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08/01/2021

Ils donnent à cet asservissement le nom d'amour

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« Le marxisme, l’amour du prochain, le racisme, le nationalisme, sont des exemples de ces systèmes qui sont l’œuvre de l’homme. Et l’homme qui, grâce à eux, parvient à satisfaire son besoin de religion, est en grande partie immunisé contre l’asservissement à un individu unique (la femme). Mais, dans leur très grande majorité, les hommes préfèrent consciemment se soumettre à cette divinité exclusive que sont les femmes (ils donnent à cet asservissement le nom d’amour), car elle présente toutes les conditions requises pour satisfaire leur besoin de religion. Toujours à leurs côtés, elle n’éprouve aucune inquiétude métaphysique, et en cela elle est réellement “divine”... Du fait qu’elle a sans cesse des exigences nouvelles, l’homme ne se sent jamais abandonné (comme Dieu, elle est omniprésente). Elle le délivre de sa dépendance des dieux collectifs qu’il doit partager avec ses concurrents. Elle lui semble digne de confiance puisqu’elle ressemble au Dieu de son enfance, à sa mère, et elle confère à son existence un sens artificiel puisque tout ce qu’il fait a pour objectif son confort à elle (et plus tard le confort de ses enfants), et non pas le sien. Déesse, elle peut non seulement châtier (en retirant sa protection), mais récompenser (en lui accordant des satisfactions sexuelles). Mais les plus importantes des conditions requises pour cette déification sont la tendance qu’a la femme à se déguiser, et sa sottise. Tout système doit impressionner ses croyants par la supériorité de ses connaissances ou les confondre par son incompréhensibilité. Comme il n’est pas question pour la femme de la première éventualité, elle tire profit de la seconde. Grâce à sa mascarade, l’homme voit en elle un être qui lui est étranger et plein de mystère, et toutes ses tentatives de contrôle échoueront devant une sottise telle qu’elle en est imprévisible. Car tandis que l’intelligence s’exprime par des actes logiques et compréhensibles, donc mesurables, calculables, contrôlables, les faits et gestes des imbéciles, manquent de toute rationalité, ne peuvent être ni prévus ni contrôlés. Ainsi, exactement comme les papes et les dictateurs, la femme se dissimule constamment derrière une muraille de pompe, de carnaval et de mystères de quatre sous pour éviter qu’on lui arrache son masque. Renouvelant sans cesse son empire, elle peut donc à tout moment garantir à l’homme la satisfaction de ses besoins religieux. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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07/01/2021

Il n’y a rien, absolument rien, dans une femme

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« L’homme, aveugle volontaire, continue à rechercher son bonheur dans l’asservissement. Cette servitude aurait quelque justification d’ordre poétique si la femme était vraiment ce qu’il croit être, un être tendre, charmant, une fée bienfaisante, un ange venu d’un monde meilleur, trop bonne pour lui et pour notre terre. Comment est il possible que les hommes, qui dans tous les autres domaines veulent tout savoir, se bouchent les yeux pour ignorer précisément ce simple fait ? Comment ne remarquent ils pas qu’en dehors d’un vagin, de deux seins, et d’une paire de cartes perforées qui débitent toujours la même série d’insanités stéréotypée, il n’y a rien, absolument rien, dans une femme ; qu’elle ne se compose que de matière, qu’elle n’est, sous de la peau humaine, qu’un rembourrage qui se donne pour un être pensant ? Si les hommes, une fois seulement, s’arrêtaient de produire aveuglément pour réfléchir, ils démasqueraient en un tour de main les femmes avec leurs colliers au cou, leurs petites blouses gaufrées et leurs sandalettes dorées, et il leur suffirait de se servir de l’intelligence, de l’imagination et de l’esprit de suite qui sont les leurs pour réaliser en quelques jours l’instrument, la machine humanoïde, qui remplacerait avantageusement un être qui manque à jamais de toute originalité extérieure et intérieure. Mais pourquoi les hommes craignent ils donc tant la vérité ? »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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06/01/2021

Par gentillesse de coeur, il voudrait la tirer de son embarras...

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« L’homme aime sa femme, mais tout en la méprisant, parce qu’un être qui sort chaque matin de chez lui, plein d’énergie, pour conquérir un monde nouveau — ce qui évidemment n’arrive que rarement puisqu’il doit peiner pour gagner sa vie — ne peut que mépriser l’être qui refuse de le faire. C’est peut être la raison de tous ses efforts pour favoriser le développement spirituel et intellectuel de la femme : ayant honte pour elle, il croit qu’elle a aussi honte. Par gentillesse de cœur, il voudrait la tirer de son embarras. Ce qu’il ignore c’est que les femmes ne connaissent pas cette curiosité, cette ambition, ce besoin d’agir qui lui paraissent si naturels. Elles ne participent pas à l’univers masculin parce qu’elles ne le veulent pas: elles n’ont aucun besoin de lui. Le type d’autonomie de l’homme serait pour elles dépourvu de toute valeur, elles ne ressentent pas leur dépendance. La supériorité spirituelle et intellectuelle de l’homme ne les choque nullement : dans ce domaine elles n’ont aucune ambition. La femme peut choisir, et c’est ce qui lui assure une telle supériorité, une supériorité infinie, sur l’homme : elle a le choix entre la forme de vie de l’homme, et celle d’une sotte créature de luxe, d’un parasite ; presque toujours, elle choisit la seconde possibilité. L’homme, lui, n’a pas ce choix. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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05/01/2021

Purement matérielles, jamais spirituelles

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« Les vieilles façades — obligation du ménage, soins des enfants — derrière lesquelles elles dissimulent leur refus d’une vie spirituelle, sont encore debout malgré leur délabrement, et elles leur servent à justifier, ne serait ce qu’un peu ou pour la forme, leur fuite prématurée de l’université et leur répudiation de toute carrière où il faut vraiment assumer une responsabilité. Que se passera t-il lorsque le travail ménager sera encore plus automatisé, qu’il y aura pléthores de garderies d’enfants, ou quand les hommes découvriront — ce qu’ils auraient pu faire il y a longtemps — que pour vivre on a absolument pas besoin d’enfants ? Il suffirait que l’homme s’arrête, interrompe une fois seulement son activité aveugle et en fasse le bilan, pour qu’il s’aperçoive que tous ses efforts pour la promotion spirituelle de la femme sont restés vains. Certes, elle est de jour en jour plus toilettée, plus soignée, plus “cultivée”, mais ses exigences croissantes demeurent purement matérielles, jamais spirituelles. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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04/01/2021

Vagin

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« Or on considère comme prouvé qu’hommes et femmes naissent doués de facultés égales et qu’il n’y a aucune différence d’intelligence, à l’origine, entre les deux sexes. Mais il est établi de même que les facultés qu’on ne développe pas dépérissent : les femmes, faute d’exercer leur intellect et leur esprit, démantèlent de gaieté de cœur cet appareillage et, après quelques années d’entraînement sporadique, s’immobilisent au stade inférieur d’une bêtise incurable. Pourquoi la femme n’emploie t-elle pas son cerveau ? Parce que, pour rester en vie, elle n’a besoin d’aucune faculté d’ordre spirituel. Théoriquement, une jolie femme qui n’aurait que l’intelligence d’un chimpanzé réussirait parfaitement dans une société humaine. En général, son intelligence se bloque au plus tard à douze ans, c’est à dire à l’âge où elle décide de se livrer un jour à la prostitution en trouvant un homme qui travaille pour elle contre le prêt, à intervalles réguliers, de son vagin. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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03/01/2021

Louanges masculines

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« Ainsi, avant d'être à même de choisir de façon autonome une manière de vivre quelconque, l'homme, intoxiqué à force d'éloges, se sent seulement à l'aise dans les domaines d'activité qui lui valent l'approbation de la femme. Et comme, du fait de cette intoxication, il a besoin de plus en plus de louanges, il ressent l'obligation d'augmenter sans cesse ses cadences et son rendement dans les directions qui lui sont imposées. En principe, cette approbation pourrait évidemment venir d'un autre homme, mais pour les raisons exposées ci dessus, les hommes, continuellement occupés, se trouvent plongés dans une concurrence qui fait de chacun l'ennemi de tous. Aussi, dès qu'un homme peut se le permettre, cherche t'il à avoir à domicile son laudateur personnel, un thuriféraire exclusif, quelqu'un à qui il peut à tout instant demander s'il est vraiment un brave type, un type bien, et à quel point il est brave et bien. Comme par hasard, la femme est là, représentante idéale du rôle. Mais c'est elle qui d'avance a tout mis en scène, si bien qu'elle n'a plus qu'à y faire son entrée. Il arrive très rarement qu'un homme, savant ou artiste qui a réussi, parvienne à rompre ce charme et à tirer des autres hommes l'approbation dont il a tellement besoin. Toutefois, il a beau se libérer de la femme, il demeure toujours esclave de son besoin d'éloges. La preuve en est que l'homme qui s'est assuré sa sécurité matérielle par une réussite dans un certain domaine, n'en change plus: il ne tentera jamais d'éprouver ses capacités dans une autre branche d'activité, il ne satisfera jamais sa curiosité. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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02/01/2021

Du travail féminin

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« Évidemment, si l'homme voulait dévoiler ce que cache cette terminologie féminine, il n'aurait qu'à employer les mots "facile" et "difficile". Les tâches de l'homme sont en effet très difficiles, tandis que les travaux ménagers sont d'une extrême facilité. Avec la machinerie que l'homme a inventé dans ce but, le ménage disons de quatre personnes s'expédie sans grand peine en deux heures de matinée. Tout ce que la femme fait en plus est du superflu et ne sert qu'à son plaisir ou au maintien de symboles absurdes du statut de sa coterie (rideau dentelles, parterres de fleurs, encaustique partout). Lorsqu'elle prétend que c'est du travail, ce n'est qu'un mensonge, une tromperie éhontée. Le ménage est chose si facile que dans les hôpitaux, on le confie traditionnellement aux faibles d'esprit incapables de toute autre activité. Lorsque les femmes se plaignent que ce "travail" ne leur rapporte aucun salaire (elles n'exigent pas beaucoup, à peine ce que gagne un mécanicien automobile !), ce n'est qu'une preuve de plus de l'attirance qu'il exerce sur elles. Ce genre de revendications est d'ailleurs bien à courte vue, car il pourrait arriver qu'on évalue un jour la femme à sa valeur de main-d'oeuvre et qu'on la rétribue proportionnellement à ce qu'elle fait. On découvrirait alors à quel point les femmes vivent aux dépens des hommes et au dessus de leur rendement. Mais l'homme s'est tellement habitué, étant enfant, à la terminologie de la femme, qu'il ne ressent pas l'envie de dévoiler le vide qu'elle recouvre. Il faut qu'il croit, en gagnant de l'argent pour elle, qu'il accomplit quelque chose de noble et qu'il se livre ainsi à une activité dont elle n'est pas capable. S'il n'était mû par ce complexe de supériorité, la stupidité de son travail le désespérerait. Dès qu'il a l'impression que ce qu'il fait est à la portée de l'autre sexe, (et les femmes ne manquent pas de temps à autre d'éveiller chez lui ce sentiment), il s'efforce d'accroître son rendement et de rétablir la distance habituelle entre lui et le sexe "faible", distance indispensable à la haute idée qu'il doit avoir de lui. L'analyse de ce cercle infernal est simple: la femme invente des règles qui lui servent à dresser l'homme afin de pouvoir le subjuguer. Ces règles, elle les ignore dès qu'il s'agit d'elle. L'honneur masculin, par exemple, est l'un des systèmes inventé par la femme ; elle-même, s'en dégageant à priori, ne respecte aucune sorte d'honneur pour manipuler d'autant mieux les hommes. Dans la célèbre émission de télévision chapeau melon et bottes de cuir où figure Emma Peel, une scène représente deux adversaires que séparent une table de billard. Chacun d'eux a devant lui un revolver. Ils conviennent de se battre loyalement et de saisir leur arme après avoir compté à haute voix jusqu'à trois. Le héros prend la sienne a "deux" et sauve ainsi sa vie. En ce dégageant d'un système, on est toujours capable de manipuler celui qui tient davantage à un système qu'à la raison. »

Esther Vilar, L’homme subjugué

 

 

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29/12/2020

Mille délicatesses dont ils ignorent l’usage

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« Et on se venge du luxe ; ceux qui ne savent pas lire déchirent les livres ; d’autres cassent, abîment les statues, les peintures, les meubles, les coffrets, mille délicatesses dont ils ignorent l’usage et qui, à cause de cela, les exaspèrent. »

Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine

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28/12/2020

Une expérience éternelle...

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« C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites [...] Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »

Montesquieu, De l'esprit des lois

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27/12/2020

Des poux...

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« Certes, notre époque réserve une petite place aux écrivains. En ce qui concerne la France, ceux-ci, pour être admis, doivent avoir œuvré à l’extension des valeurs du progrès, de la justice, de la transparence et de l’égalité. Ce qui épargne Voltaire, Hugo, Zola, Sartre ou Camus, et personne d’autre ; mais, bien entendu, pas Céline ; et sans doute, à d’autres titres, ni Baudelaire, ni Sade, ni Bossuet, ni Flaubert, ni Bloy, ni Saint-Simon, ni Balzac, ni Proust, ni Claudel, ni Racine, ni Villon, ni Bataille, ni Chateaubriand, ni beaucoup d’autres encore ; et en fin de compte, peut être même pas Voltaire, Hugo, Zola, Sartre ou Camus, dans la tête desquels il sera toujours possible, en cherchant bien, de trouver des poux d’un ordre ou d’un autre, autrement dit ce qu’ils appellent des dérapages. »

Philippe Muray, Céline

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26/12/2020

Le passage de l’absolu au relatif

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« — Êtes-vous enthousiasmé par une idée ? Voudriez-vous faire triompher une conviction philosophique ?

— Sans doute, dit Rœmerspacher assez froidement, il y a des maîtres que nous admirons…

— Enfin, poursuivit M. Taine, quelles sont les idées philosophiques et politiques des jeunes gens ?

Et, comme l’autre hésitait, il ajouta :

— Voyez-vous qu’ils aient un principe directeur, ou qu’ils se préoccupent plus spécialement de quelque problème ?… Nous, par exemple, à votre âge, dans nos causeries indéfinies, nous revenions toujours sur les mêmes points.

— Je sais, dit le jeune homme, ce sont des problèmes fameux : la grande crise de M. Renan à Saint-Sulpice, et son adhésion à la science ; votre protestation contre la philosophie spiritualiste, quand vous réhabilitiez le sensualisme de Condillac… D’une façon plus générale, la grande affaire pour votre génération aura été le passage de l’absolu au relatif… Permettez-moi de vous le dire, monsieur, c’est une étape franchie, et nous sommes sur le point de ne plus comprendre l’angoisse de nos aînés accomplissant cette évolution. Ce n’est pas que nous voulions restaurer des liens que vous avez coupés, mais enfin nous ne pouvons pas plus être matérialistes que spiritualistes. Qu’est-ce que la matière ?… Il faut vous dire que nous avions pour professeur de philosophie un kantien : il nous a exposé avec une force admirable la critique de toute certitude. Dès lors, comment parler des propriétés de la substance universelle ? ses qualités ne sont rien de plus que des états de notre sensibilité ; nous ne connaissons en soi ni les corps, ni les esprits, mais seulement nos rapports avec les mouvements d’une réalité inconnue et à jamais inconnaissable. Le matérialisme est devenu pour nous une doctrine absolument incompréhensible. Ce n’est plus qu’une conception de la vie dont les parlementaires de toutes nuances et leurs journalistes — je suis renseigné par un de mes camarades, rédacteur à la Vraie République, — sont les représentants. »

Maurice Barrès, Les déracinés

 

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24/12/2020

C'est que des pauvres culs coincés…

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« Souvent j'en croise, à présent, des indignés qui ramènent… C'est que des pauvres culs coincés… des petits potes, des ratés jouisseurs… C'est de la révolte d'enfifrés… c'est pas payé, c'est gratuit… Des vraies godilles…

Ça vient de nulle part… du Lycée peut-être… C'est de la parlouille, c'est du vent. La vraie haine, elle vient du fond, elle vient de la jeunesse, perdue au boulot sans défense. Alors celle-là qu'on en crève. Y en aura encore si profond qu'il en restera tout de même partout. Il en jutera sur la terre assez pour qu'elle empoisonne, qu'il pousse plus dessus que des vacheries, entre des morts, entre les hommes. »

Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit

 

 

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23/12/2020

Le système...

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« Lorsqu'on pense aux moyens chaque fois plus puissants dont dispose le système, un esprit ne peut évidemment rester libre qu'au prix d'un effort continuel. Qui de nous peut se vanter de poursuivre cet effort jusqu'au bout ? Qui de nous est sûr, non seulement de résister à tous les slogans, mais aussi à la tentation d'opposer un slogan à un autre ? »

Georges Bernanos, La France contre les Robots

 

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22/12/2020

Controverse...

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« La seule parade infaillible est donc celle déjà recommandée par Aristote au dernier chapitre des "Topiques" : ne pas s'engager dans une controverse avec le premier venu, mais seulement avec ceux que l'on connaît et dont on sait qu'ils ont assez de raison pour ne pas étaler au jour des absurdités et se rendre ainsi ridicules ; afin de discuter au moyen de bonnes raisons, et non à coups de rodomontades ; afin d'écouter ces raisons et de leur répliquer ; et de qui l'on sait enfin, qu'ils font grand cas de la vérité, qu'ils aiment entendre de bonnes raisons, même dans la bouche de leur adversaire, et ont assez le sens de la justice pour pouvoir admettre de perdre la partie, si la vérité est dans l'autre camp. Il en résulte que de cent hommes, on en trouvera à peine un seul qui soit digne que l'on discute avec lui. Quant aux autres, qu'on les laisse dire ce qui leur passe par la tête, car "desipere est juris gentium" (c'est un droit de l'homme que d'être un idiot), et qu'on médite ce conseil de Voltaire : "la paix vaut encore mieux que la vérité". Et un proverbe arabe dit : "C'est à l'arbre du silence que pend son fruit : la paix". Il est vrai que la controverse est souvent bénéfique à l'un comme à l'autre, du fait qu'ils frottent leurs têtes entre elles, et lui sert à rectifier ses propres pensées, et aussi à concevoir des vues nouvelles. Simplement, il faut que les deux duellistes soient à peu près égaux en savoir et en intelligence. Si le premier fait défaut à l'un d'eux, il ne comprend pas tout, n'est pas au niveau. Si la seconde lui fait défaut, l'aigreur qu'il en ressentira l'amènera à faire usage de faux-fuyants, d'astuces et de grossièreté. »

Arthur Schopenhauer, L'art d'avoir toujours raison

 

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21/12/2020

Un instrument de musique...

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« Oui, le français est un instrument de musique pour moi. C’est le sentiment que j’ai depuis longtemps, depuis, tout compte fait, le début de mon apprentissage. Pour devenir un bon instrumentiste, il faut de la discipline, je dirai même le sens de l’ascèse. Et c’est ce que je dis à mes étudiants aujourd’hui : maîtriser le français, c’est en jouer comme jouer du violon ou du piano. Chez un bon musicien, l’instrument fait partie de son corps. Eh bien, le français doit faire partie de son corps chez un locuteur qui choisit de s’exprimer en français. En musique, il y a tous les niveaux, du niveau débutant au professionnel en passant par le niveau amateur. C’est pareil en langues. Le niveau professionnel ne s’acquiert pas en deux ou trois ans. Il faut des années de travail et toute une vie pour l’entretenir… Vous aimez le français. D’accord. Mais qu’est-ce que ça veut dire pour vous, "aimer le français" ? Êtes-vous prêt à faire du français comme pour devenir un vrai musicien ? »

Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs

 

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20/12/2020

Esclaves...

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« Les élèves avaient toute liberté, mais ils ne savaient pas que cette liberté était l’autre nom de l’aveuglement esclave. On leur disait : "Vous écrivez librement ce que vous en pensez." Mais on ne leur donnait aucun outil pour être libre, pour penser, c’est-à-dire pour penser contre, pour penser par soi-même, autrement dit pour se libérer de l’emprise des forces obscures qui les empêchaient d’être libres, de penser, ou, cela revient au même, qui les obligeaient à ne pas penser ; bref on ne leur donnait aucun moyen qui leur permît d’accéder à l’autonomie. Est-ce à dire que l’expérience des Lumières n’avait pas pénétré jusqu’au cœur de l’école japonaise ? En tout cas, les élèves se croyaient libres, mais ils étaient esclaves de leur propre ignorance. Certes, ils se bourraient le crâne, mais ils s’enfermaient et se complaisaient par là même dans la non-pensée. Et l’institution scolaire faisait tout pour entretenir cette ignorance et cet état d’esclavage. »

Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs

 

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