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19/12/2020

La musique...

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« La musique m'accompagnera toujours, me disais-je, tant que je ne sortirai pas de cette langue, tant que je ne cesserai pas de respirer dans cette langue et par cette langue. C'était là une certitude. Le français était un instrument de musique - et il l'est toujours - que j'essayais de faire chanter et résonner au gré de mes émotions quotidiennes. »

Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs

 

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18/12/2020

Salutations...

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« Dans les boulangeries, les bureaux de tabac ou d’autres petits commerces, je fus frappé par le fait que des hommes (et, moins souvent, des femmes) entraient dans la boutique en disant à la cantonade, "Bonjour, messieurs-dames", ou tout simplement "bonjour" ou encore succinctement : "Messieurs-dames". Saluer des personnes inconnues ? Et oui, cela est fréquent en France ; il suffit de se promener dans les rues de Paris ou de prendre le métro, d’être attentif aux spectacles qui s’offrent çà et là dans les lieux publics. Tandis que dans mon pays, un tel geste, potentiellement créateur de liens, serait perçu comme une violence inacceptable tout au moins comme une incongruité suspecte. La vie sociale s’organise de telle manière qu’un individu (pas un groupe constitué comme militants politiques ou syndicalistes…) n’ait pas à s’adresser, autant que faire se peut, à un inconnu, c’est-à-dire à quelqu’un qui n’appartient pas aux mêmes groupes communautaires que lui. Les inconnus sont par définition suspects. »

Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs

 

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17/12/2020

J'ai appris à parler comme un étranger dans ma propre langue...

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« Le jour où je me suis emparé de la langue française, j'ai perdu le japonais pour toujours dans sa pureté originelle. Ma langue d'origine a perdu son statut de langue d'origine. J'ai appris à parler comme un étranger dans ma propre langue. Mon errance entre les deux langues a commencé... Je ne suis donc ni japonais ni français. Je ne cesse finalement de me rendre étranger à moi-même dans les deux langues, en allant et en revenant de l'une à l'autre, pour me sentir toujours décalé, "hors de place". Mais, justement, c'est de ce lieu écarté que j'accède à la parole ; c'est de ce lieu ou plutôt de ce "non-lieu" qie j'exprime tout mon amour du français, tout mon attachement au japonais.
Je suis étranger ici et là et je le demeure. »

Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs

 

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13/12/2020

Que ton ombre...

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« Ce n’est qu’en rêve,

ce n’est que dans l’autre monde du rêve que je te rejoins, à certaines heures,

quand je ferme les portes

derrière moi.

Moi qui ai tant méprisé ceux qui rêvent,

me voici à mon tour ensorcelé,

pris au filet.

Avec quelles délices morbides je te fais entrer

dans la maison abandonnée pour t’aimer mille fois

d’une même façon différente !

Ces endroits que nous connaissons tous deux

chaque nuit nous attendent comme un vieux lit

et dans l’obscurité il y a des choses qui nous sourient.

J’aime te le répéter,

mes mains adorent tes cheveux,

et je te presse doucement contre moi jusqu’à mon sang.

Frêle et douce, tu étreins mon étreinte.

Mes lèvres sur tes lèvres, je te cherche encore et encore.

Parfois, c’est un souvenir. Et parfois,

c’est la fatigue de mon corps qui m’en parle.

Quand vient l’aube cruelle, tu disparais

et je n’ai plus entre mes bras que ton ombre. »

Jaime Sabines, Tarumba

 

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12/12/2020

Il n'y a rien d'autre

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« Il n’y a rien d’autre. Seulement une femme pour le bonheur,
seulement des yeux de femme pour le réconfort,
seulement des corps nus,
territoires où l’homme ne se lasse jamais.
Si on ne peut se consacrer à Dieu
quand on grandit,
que peut-on accorder au coeur affligé
si ce n’est le cercle de mort nécessaire
de la femme ?

Nous sommes dans le sexe, beauté pure,
cœur solitaire et propre. »

Jaime Sabines, Tarumba

 

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11/12/2020

Que nous fondions, tel un seul être, dans le ciel intact...

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« Cours, femme insensée, cours - va-t'en ! Cette pièce, pour la foudre, est un terrain de jeu : où donc es-tu venue ? L'amour peut disparaître dans un souffle, nous réduisant tous deux en cendres et nous pulvérisant. Qui sait?  Il se peut maintenant que nous fondions, tel un seul être, dans le ciel intact ; il se peut aussi que cet aveu de l'inconcevable géant, perçant le coeur comme un épieu, éclate n'importe quand - n'importe quand ! Cours femme, cours ! Ceci, vers toi, est ma parole - pourtant adressée à moi-même. Et pas un son, bien sûr, ne s'échappe de mes lèvres. »

Lokenath Bhattacharya, Le danseur de cour

 

 

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10/12/2020

Un visage de femme

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« Ce n'était pas seulement ce rire qui faisait vibrer son corps : je vis encore une fois ses traits faiblir et se décomposer. Un visage de femme qui se met à nu alors que la personne est toute habillée a pour moi un attrait irrésistible. »

Stephen Vizinczey, Éloge des femmes mûres

 

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09/12/2020

Le désir

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« Avide je bois ton parfum et je prends ton visage
entre mes mains comme on serre
en son âme un miracle.
Si proche l’un de l’autre, tes yeux dans mes yeux, que c’en est brûlure.
Et pourtant tu murmures à mon oreille que je te manque.
Mystérieuse et hantée de désir tu m’appelles comme si je vivais exilé
sur une autre planète.

Femme,
quelle mer portes-tu dans le cœur et qui es-tu ?
Ô, que s’élève encore une fois le chant de ton désir,
j’écouterai ta voix
et chaque instant sera comme un bourgeon gonflé
où fleurit en vérité – l’éternité. »

Lucian Blaga, Le désir, in Les Poèmes de la lumière

 

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07/12/2020

L'homme sans plaisir

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« Cet homme qui sondait tout pour en extraire l’argent n’a jamais joué ni joui ; il n’aimait comme distraction que la marche, l’équitation, les sports violents. Sa seule fête était d’actionner l’opinion par des arguments et les hommes par leurs intérêts. C’est l’ambitieux, qu’on peut définir : l’homme sans plaisir. »

Maurice Barrès, Les déracinés

 

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05/12/2020

Il ne m’a pas uniquement appris à penser mais aussi à boire sans chercher une application immédiate

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« M. Picken illustrait à la perfection le processus osmotique par lequel un héritage culturel et intellectuel se transmet entre les murs d’une université. Pourvu qu’on l’aborde avec une humilité égale à celle dont il faisait preuve en toutes circonstances, on pouvait obtenir de lui autant de connaissances que l’on voulait, et sur n’importe quel sujet : depuis la structure de l’anneau de benzène jusqu’à la traduction de Dante, en passant par la théorie de la magie de Frazer, ou la chronologie des Upanishad. Et la parfaite inutilité de toutes ses connaissances leur donnait un surcroit de valeur. À mes yeux, il justifiait à lui seul le rigoureux ordre monastique qu’entretenaient les universités de Cambridge, en vivant dans un permanent retrait loin de l’éphémère. Son rapport au savoir était l’exact opposé de celui qui prévaut désormais dans les écoles et les universités. Selon lui, la connaissance n’a pas pour but d’aider l’étudiant. Au contraire. Pour M. Picken, l’étudiant doit aider la connaissance. Durant toute sa vie, il fut l’administrateur enthousiaste d’un héritage intellectuel pour lequel il était prêt à se sacrifier. Les jeunes gens lui importaient car il pouvait y déverser son réservoir de connaissances et de vins. Il nous regardait avec scepticisme, mais toujours avec l’espoir que chez tel ou tel élève indiscipliné se trouvait le signe d’un cerveau assez vaste et objectif pour saisir quelques bribes de la connaissance accumulée par l’humanité, et la transporter tout au long de sa vie sans la renverser jusqu’à temps de trouver un autre cerveau où la déverser.

J’ai appris de M. Picken que le vin n’est pas seulement un objet de plaisir, mais un objet de savoir, et que le plaisir dépend du savoir. Contrairement à d’autres produits de bouche, il existe autant de variétés de vin qu’il existe de gens pour le produire. Les variations dans la technique, le climat, le raisin, le sol et la culture, assurent au vin d’être la plus imprédictible des boissons pour le buveur ordinaire. Ces mêmes variations font en sorte qu’il soit pour le connaisseur finement instructif, répondant à ses origines comme une partie d’échecs à son mouvement d’ouverture. C’est précisément parce que la connaissance du vin ne sert à rien, à rien d’immédiat, que M. Picken l’avait acquise, tout comme il avait appris le gagaku japonais, la sémantique de la logique modale, la structure métrique du qasida andalou et les effets quantiques du cortex préfrontal. Il ne m’a pas uniquement appris à penser mais aussi à boire sans chercher une application immédiate. De cette manière seulement on peut subvertir la règle de l’opinion commune et redonner toute sa prééminence à la connaissance. »

Roger Scruton, Je bois donc je suis

 

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04/12/2020

Un cercle formidable autour de la pensée...

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« En Amérique, la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-dedans de ces limites, l'écrivain est libre; mais malheur à lui s'il ose en sortir. Ce n'est pas qu'il ait à craindre un autodafé, mais il est en butte à des dégoûts de tous genres et à des persécutions de tous les jours. La carrière politique lui est fermée : il a offensé la seule puissance qui ait la faculté de l'ouvrir. On lui refuse tout, jusqu'à la gloire. Avant de publier ses opinions, il croyait avoir des partisans; il lui semble qu'il n'en a plus, maintenant qu'il s'est découvert à tous; car ceux qui le blâment s'expriment hautement, et ceux qui pensent comme lui, sans avoir son courage, se taisent et s'éloignent. Il cède, il plie enfin sous l'effort de chaque jour, et rentre dans le silence, comme s'il éprouvait des remords d'avoir dit vrai. »

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

 

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03/12/2020

Incendiez vos vaisseaux

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« Quand vous serez certain de votre vocation, tenez-vous-y ferme, rompez sans hésitation avec tout ce qui prétend vous en détourner : règles mondaines, conformité aux usages de votre classe, pressions familiales. Brisez déterminément les chaînes des faux devoirs avec quoi la société espère vous entraver et, tel qu’Antoine ceux des Égyptiens à la veille de la bataille d’Actium, incendiez vos vaisseaux.
Car, ne vous y trompez pas, ce sera une bataille, et une rude. Un combat en vue duquel vous devrez bronzer votre cœur ; vous forger une âme de guerrier.
La rupture, c’est l’éveil, la tension, le renouvellement. La douleur, certes, mais aussi l’aventure.

Vive l’aventure, mon cher filleul ! Vive les passions ! Vive l’inconnu ! Vive le terrible ! »

Gabriel Matzneff, De la rupture

 

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Une hirondelle émigrante s’enfonce dans les airs

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« Pendant la première année, le délicat Sturel vint rarement au Café Voltaire. Il passait les soirées à la villa, auprès de mademoiselle Alison, ou rue de Chateaubriand, chez madame Astiné Aravian. Elle s’était installé un vrai salon oriental : un divan circulaire, avec un grand tapis de Smyrne, au centre un brasero, sous un lustre luxueux, de mauvais goût et chargé de cristaux. Elle avait fait creuser aux murs de petites niches présentant les courbes persanes, où elle plaçait ses bibelots, colliers de perles, de corail, reliques précieuses, poignards, et ceintures circassiennes ornées de turquoises. De ces mêmes objets, beaucoup étaient épars sur le divan, miroirs ronds, amulettes en forme de triangles pendues à des chaînes de cou, collections de voiles légers aux couleurs tendres. Sa fleur était le jasmin, qui toujours avec la rose enchanta l’Orient. Parfois, une longue tunique descendait jusqu’à ses pieds, ouverte devant sur une robe que serrait à la taille une ceinture en étoffe d’argent ornée de rubis. Des amis lui dirent, sans doute, que Paris est las des turqueries, car elle ferma presque aussitôt cette pièce à la fois singulière et banale, pour vivre — comme devrait raisonnablement faire avec ses intimes toute jolie femme — dans le plus élégant des cabinets de toilette.

Sturel était de ces gens qui, de propos délibéré, excluent absolument de leur imagination les réalités mesquines. Il avait en horreur les parties basses de la vie, toutes les nécessités physiques, et tenait pour de simples misérables ceux qui se plaisent à y faire allusion pour nourrir leurs plaisanteries. Cette délicatesse le conduisit à passer dans la chambre des femmes de plus longs moments de sa jeunesse qu’avec ses amis. Naturellement dédaigneux et exclusif, il exagérait encore ce caractère, parce qu’il se rappelait toujours que deux femmes raffinées l’appréciaient. Rœmerspacher, qui n’en était pas à se réjouir des trivialités, en tolérait pourtant de ses camarades, dont la moindre faisait souffrir l’ami de Thérèse Alison et d’Astiné Aravian. Aussi, les deux jeunes gens se voyaient-ils peu.

Mais l’Asiatique avait de romanesque tout ce que peut en contenir une âme sans tourner à la niaiserie. Elle avait fréquemment dit à son ami : "Vous allez me juger sévèrement ! Dès que je n’ai plus un très grand plaisir à voir celui que j’aime, soudain sa vue me devient pénible : il me fait souvenir qu’une chose heureuse est morte." En novembre 1883, après des vacances où il avait tant souffert de ne recevoir aucune lettre, Sturel, qui de la gare de l’Est s’était fait conduire rue de Chateaubriand, apprit que depuis deux mois la jeune femme avait disparu. Tous ses meubles déposés chez son tapissier, elle avait pris le train de Marseille, sans laisser d’adresse ni d’instructions. Une hirondelle émigrante s’enfonce dans les airs. Il fut mélancolique et fréquenta la table de Rœmerspacher. »

Maurice Barrès, Les déracinés

 

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01/12/2020

Yukio Mishima 4/4 : Pour en finir avec le japonisme (France Culture / La compagnie des auteurs)

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30/11/2020

Yukio Mishima 3/4 : Le noyau du fantasme (France Culture / La compagnie des auteurs)

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29/11/2020

Yukio Mishima 2/4 : L’Ange (France Culture / La compagnie des auteurs)

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28/11/2020

Yukio Mishima 1/4 : Vivre pour mourir (France Culture / La compagnie des auteurs)

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27/11/2020

Yukio Mishima (1925-1970), l’épée et le cerisier : Une vie, une œuvre (1990 / France Culture)

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24/11/2020

Dépasser la commune polygraphie

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« Disons-le en passant : des jeunes gens qui se croient doués pour écrire n’ont qu’à laisser les sentiments qui, cette semaine, avec le plus d’intensité les hantent, s’exprimer sous la forme qui, pour l’instant, leur paraît la plus aimable — et entasser le tout dans un tiroir. Se relisant après quelques mois, ils sentiront dans ce fouillis ce qui leur fait le plus de plaisir. Et si quelque page, une sur mille, est enveloppée d’un fluide, comme le visage émouvant d’une femme porte partout une atmosphère, c’est qu’ils sont nés pour dépasser la commune polygraphie… Plutôt que de faire le commis voyageur et de se perdre en vanteries à la table de Rœmerspacher, ces artistes débutants devraient en eux laisser agir la nature. Seule, cette puissance silencieuse saurait leur dire la direction de leur génie. À leur dam, parfois, dans la suite, ils se croiront obligés de se conformer aux images qu’à l’avance ils ont proposées d’eux-mêmes. »

Maurice Barrès, Les déracinés

 

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23/11/2020

L’ordre social

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« Parce qu’ils ne sont pas pauvres, Rœmerspacher et Saint-Phlin Jouissent de la plus noble des libertés : ils s’orientent vers le point où sont amassés leurs véritables matériaux de nutrition. Ils se passionnent pour la connaissance des phénomènes de l’esprit, c’est-à-dire pour les différents sentiments ou états de conscience. Reconnaissons-leur un don pour distinguer l’évolution des diverses formes de l’intelligence dans les individus, dans les peuples et dans les races ; ils discutent volontiers sur les moyens de servir le plus utilement la grandeur de l’humanité.

Saint-Phlin, en qui le vieux duché de Bar et M. Le Play unissent leurs voix, pensait que l’on aurait beaucoup à emprunter aux coutumes du passé. Rœmerspacher, en plus de la médecine, étudiait l’histoire, non l’histoire éloquente, mais l’érudite, à l’École des Hautes Études ; sa belle vigueur physique et morale le poussait à avoir confiance dans l’esprit de nouveauté. Leurs conclusions ne s’accordaient pas. Mais, comme les tireurs qui ont l’habitude de faire des armes ensemble, ils se rendaient hommage l’un à l’autre. Dans leurs discussions, ils goûtaient un grand plaisir : la franc-maçonnerie d’un langage commun ; — d’ailleurs, elle les amenait fréquemment à soupçonner les autres d’inintelligence, quand eux-mêmes n’avaient su ni comprendre, ni se faire comprendre. Enfin, ils étaient gourmands. C’est de chez Foyot qu’à certains jours ils se plaisaient à examiner les transformations insensibles des mœurs et la date où elles seront légalisées par un nouveau statut social. De là, fort échauffés, ils se rendaient au Café Voltaire.

Au terme de leurs colloques, ils s’apercevaient qu’ils étaient nés pour conclure à des vérités différentes, mais que, sur la méthode, ils s’accordaient. Depuis le lycée, ils n’avaient pas perdu leur temps ; le caractère scrupuleux de Saint-Phlin, qui jadis faisait rire, forçait maintenant l’estime ; et tous deux, ils avaient compris une chose très importante : nous pouvons admirer ou blâmer l’ordre social, — c’est un agréable exercice de conversation, et pourquoi s’en priver ! — mais, si nous prétendons le rectifier, il faut d’abord que nous le prenions très au sérieux par ce fait seul qu’il existe. Attachons-nous à reconnaître ce qu’il a d’excellent parmi des défauts qui nous ont facilement frappés. Sans posséder une force d’analyse qui leur permît de fixer leur attention sur Gambetta et son équipe, assez longtemps pour saisir en quoi le système a modifié le milieu préexistant, ces jeunes gens entrevoyaient que le clan gambettiste a fourni à la France un gouvernement, une administration, des moyens et un état d’esprit qui durent.

— Quoi que puisse faire notre intelligence pour se dégager, disait Rœmerspacher, nous réagissons selon le gambettisme, où nous sommes plongés.

— Oui, dit Saint-Phlin, Bouteiller nous a ouvert les fenêtres sur la France,

"Quum gœtula ducem portaret hellua luscum…"
"quand l’énorme bête de Gétulie portait sur son dos le général borgne !…"

Le poète Léon Valade, à une table voisine, leva la tête et regarda avec douceur ces jeunes gens qui aimaient les vers pittoresques. »

Maurice Barrès, Les déracinés

 

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21/11/2020

Michel Onfray : "Ce que j'ai vu dans le Haut-Karabakh"

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De retour du Haut-Karabakh, Michel Onfray était avant-hier l'invité de la TV arménienne, où il a pu livrer son sentiment sur l'invasion de la région par les forces azerbaïdjanaises et leur allié turc.

La vidéo intégrale sur ce lien, ici... à regarder toute affaire cessante... 

 


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Haut-Karabakh : Sylvain Tesson regrette le "silence assourdissant" de l'Europe

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20/11/2020

Le prétendu pouvoir illimité des tyrans est une pure illusion

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« Expliquer comment, sur la base d'un volontariat intégral, il peut se développer la contrainte la plus complète et la plus débridée que connaisse un pouvoir, voilà une tâche pour ceux qui se plaisent à résoudre des paradoxes. L'oppression est une résultante des libres volontés des individus et non un dessein maléfique des tyrans. Aux mains de ce pouvoir, les tyrans sont tout autant des pions que leurs victimes. Le prétendu pouvoir illimité des tyrans est une pure illusion, produite par une situation où les victimes du pouvoir sont en fait toutes-puissantes. »

Alexandre Zinoviev, Les hauteurs béantes

 

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Approbation...

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« Les masses approuvent massivement la déclaration de leurs chères autorités et stigmatisent l'exclu volontaire, tout en exigeant que des mesures sévères pour que notre société déjà si saine le soit encore plus et se débarrasse de semblables dégénérés. Certains exigent qu'on le mette dehors. Mais il s'agit d'une minorité. La majorité, elle, exige qu'on le coffre immédiatement. Car le mettre dehors, c'est comme une récompense capitale. Où le mettre dehors ? En Occident ? À ce compte, nous aussi aimerions bien être exclus en direction de l'Europe. Non, il n'en est pas question. Faut le coffrer sans attendre, parce qu'il y en a vraiment qui se croient tout permis. »

Alexandre Zinoviev, Notes d'un veilleur de nuit

 

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18/11/2020

Xavier Bougarel : La division Handschar - Waffen-SS de Bosnie, 1943-1945

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