Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/12/2013

"Maman ! maman !..."

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Mais le cri le plus affreux que l'on puisse entendre et qui n'a pas besoin de s'armer d'une machine pour vous percer le cœur, c'est l'appel tout nu d'un petit enfant au berceau: "Maman ! maman !..." que poussent les hommes blessés à mort qui tombent et que l'on abandonne entre les lignes après une attaque qui a échoué et que l'on reflue en désordre. "Maman ! maman !..." crient ils... Et cela dure des nuits et des nuits car dans la journée ils se taisent ou interpellent leurs copains par leur nom, ce qui est pathétique mais beaucoup moins effrayant que cette plainte enfantine dans la nuit : "Maman ! maman !..." Et cela va en s'atténuant car chaque nuit ils sont moins nombreux... et cela va en s'affaiblissant car chaque nuit leurs forces diminuent, les blessés se vident... jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un seul qui gémit sur le champs de bataille, à bout de souffle: "Maman ! maman !...", car le blessé à mort ne veut pas encore mourir, et surtout pas là, ni comme ça abandonné de tous... et ce petit cri instinctif qui sort du plus profond de la chair angoissée et que l'on guette pour voir s'il va encore une dernière fois se renouveler est si épouvantable à entendre que l'on tire des feux de salve sur cette voix pour la faire taire, pour la faire taire pour toujours... par pitié... par rage... par désespoir... par impuissance... par dégoût... par amour, Ô ma maman ! »

Blaise Cendrars, La main coupée

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/12/2013

La souffrance ne donne pas de droits

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Si on est bien persuadé de son désespoir, il faut agir comme si on espérait — ou se tuer. La souffrance ne donne pas de droits. »

Albert Camus, Carnets

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Rien à embrasser

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Quand la journée décline, la qualité étrange de l’air au-dessus de la ville. Les bruits qui montent et s’y perdent comme des ballons. Immobilité des arbres et des hommes. Sur les terrasses, mauresques qui devisent en attendant le soir. Café qu’on grille et dont l’odeur monte aussi. Heure tendre et désespérée. Rien à embrasser. Rien où se jeter à genoux, éperdu de reconnaissance. »

Albert Camus, Carnets

14:25 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ne pas céder : tout est là

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ne pas céder : tout est là. Ne pas consentir, ne pas trahir. Toute ma violence m’y aide et le point où elle me porte mon amour m’y rejoint et, avec lui, la furieuse passion de vivre qui fait le sens de mes journées. »

Albert Camus, Carnets

10:05 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Chaque fois que j'entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Chaque fois que j’entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s’en accommodent, que la colère du peuple n’ait pas encore brisé les fantoches, j’y vois la preuve que les hommes n’accordent aucune importance à leur gouvernement et qu’ils jouent, vraiment oui, qu’ils jouent avec toute une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-disant vitaux. »

Albert Camus, Carnets

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/12/2013

Que d’efforts démesurés pour être seulement normal !

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La pente la plus naturelle de l’homme c’est de se ruiner et tout le monde avec lui. Que d’efforts démesurés pour être seulement normal ! Et quel plus grand effort encore pour qui a l’ambition de se dominer et de dominer l’esprit. L’homme n’est rien de lui-même. Il n’est qu’une chance infinie. Mais il est le responsable infini de cette chance. De lui-même, l’homme est prêt à se diluer. »

Albert Camus, Carnets

16:14 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le silence et le geste quotidien

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ma tendance est de rouler à l’immobilité. Ma pente la plus profonde, la plus sûre, c’est le silence et le geste quotidien. Pour échapper au divertissement, à la fascination du machinal, il m’a fallu des années d’obstination. Mais je sais que je me tiens debout par cet effort même et que si je cessais un seul instant d’y croire je roulerais dans le précipice. C’est ainsi que je me tiens hors de la maladie et du renoncement, dressant la tête de toutes mes forces pour respirer et pour vaincre. C’est ma façon de désespérer et c’est ma façon d’en guérir. »

Albert Camus, Carnets

14:01 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Je me regarde naître...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Je ne me plains plus puisque je me regarde naître. Je suis heureux dans ce monde car mon royaume est de ce monde. Nuage qui passe et instant qui pâlit. Mort de moi-même à moi-même. »

Albert Camus, Carnets

10:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La beauté...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« C’est que la beauté est insupportable. Elle nous désespère, éternité d’une minute que nous voudrions pourtant étirer tout le long du temps. »

Albert Camus, Carnets

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/12/2013

La fièvre...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Sans doute avait-il la fièvre. Mais peut-être la fièvre permet-elle de voir et d’entendre ce qu’autrement on ne voit et n’entend pas. »

Marguerite Yourcenar, Anna Soror

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

En un point où la contradiction éclate

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« S’il se livre en moi-même un combat, c’est pour être en un point la frange d’écume où la contradiction des vagues éclate. Ma conscience d’être, au milieu d’autres, un point de rupture et de communication demande encore que je rie de mes douleurs et de mes rages. Je ne puis rester étranger à ces rages : si même j’en ris, ce sont les miennes… »

Georges Bataille, Le Coupable

12:18 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

C’est à l’homme total, et non à l’homme social, que le Théâtre s’adressera

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Renonçant à l’homme psychologique, au caractère et aux sentiments bien tranchés, c’est à l’homme total, et non à l’homme social, soumis aux lois et déformé par les religions et les préceptes, que [le Théâtre] s’adressera.
Et dans l’homme il fera entrer non seulement le recto mais aussi le verso de l’esprit ; la réalité de l’imagination et des rêves y apparaîtra de plain-pied avec la vie.
Au point de vue de la forme, (…) nous demanderons à la mise en scène et non au texte le soin de matérialiser et surtout d’actualiser ces vieux conflits, c’est à dire que ces thèmes seront transportés directement sur le théâtre et matérialisés en mouvements, en expressions, et en gestes avant d’être coulés dans les mots. »

Antonin Artaud, Le Théâtre et son double

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

19/12/2013

L’artiste donne souvent l’impression d’un être faible

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le plus souvent, on dit de l’artiste qu’il trouve dans son travail un moyen commode de vivre en se soustrayant au sérieux de la vie. Il se protégerait du monde où agir est difficile, en s’établissant dans un monde irréel sur lequel il règne souverainement. C’est en effet l’un des risques de l’activité artistique : s’exiler des difficultés du temps et du travail dans le temps sans toutefois renoncer au confort du monde ni aux facilités apparentes d’un travail hors du temps. L’artiste donne souvent l’impression d’un être faible qui se blottit peureusement dans la sphère close de son oeuvre, là où, parlant en maître et agissant sans entrave, il peut prendre la revanche de ses échecs dans la société. (…) Mais cette vue n’exprime qu'un côté de l’expérience. L’autre côté, c’est que l’artiste qui s’offre aux risques de l’expérience qui est la sienne, ne se sent pas libre du monde, mais privé du monde, non pas maître de soi, mais absent à soi, et exposé à une exigence qui, le rejetant hors de la vie et de toute vie, l’ouvre à ce moment où il ne peut rien faire et où il n’est plus lui-même. »

Maurice Blanchot, L’Espace littéraire

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Mes rêves sont avant tout une liqueur

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Mes rêves sont avant tout une liqueur, une sorte d'eau de nausée où je plonge et qui roule de sanglants micas. Ni dans la vie de mes rêves, ni dans la vie de ma vie je n'atteins à la hauteur de certaines images, je ne m'installe dans ma continuité. Tous mes rêves sont sans issue, sans château-fort, sans plan de ville. Un vrai remugle de membres coupés.

Je suis, d'ailleurs, trop renseigné sur ma pensée pour que rien de ce qui s'y passe m'intéresse : je ne demande qu'une chose, c'est qu'on m'enferme définitivement dans ma pensée.

Et quant à l'apparence physique de mes rêves, je vous l'ai dit: une liqueur. »

Antonin Artaud, Ce texte a été publié en réponse à une enquête sur les rêves et la psychanalyse menée par la revue "Le Disque vert" (3e année, no 3, 4e série, 1925), in Œuvres complètes, Paris : Gallimard, 1972

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

18/12/2013

L’identité par excellence

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Être moi, c’est, par-delà toute individuation qu’on peut tenir d’un système de références, avoir l’identité comme contenu. Le moi, ce n’est pas un être qui reste toujours le même, mais l’être dont l’exister consiste à s’identifier, à retrouver son identité à travers tout ce qui lui arrive. Il est l’identité par excellence, l’oeuvre originelle de l’identification. 

Le Moi est identique jusque dans ses altérations. Il se les représente et les pense. L’identité universelle où l’hétérogène peut être embrassé, a l’ossature d’un sujet, de la première personne. Pensée universelle est “je pense”. 

Le Moi est identique jusque dans ses altérations, dans un autre sens encore. En effet, le moi qui pense s’écoute penser ou s’effraie de ses profondeurs et, à soi, est un autre. Il découvre ainsi la fameuse naïveté de sa pensée qui pense “devant elle”, comme on marche “devant soi”. Il s’écoute penser et se surprend dogmatique, étranger à soi. Mais le Moi est le Même devant cette altérité, se confond avec soi, incapable d’apostasie à l’égard de ce “soi” surprenant. »

Emmanuel Levinas, Totalité et Infini

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Il est dangereux d’ouvrir un livre

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Le bonheur d’avoir dans son assiette le poisson qu’on a pêché, dans sa tasse l’eau qu’on a tirée et dans son poêle le bois qu’on a fendu : l’ermite puise à la source. La chair, l’eau et le bois sont encore frémissants.

Je me souviens de mes journées dans la ville. Le soir, je descendais faire les courses. Je déambulais entre les étals du supermarché. D’un geste morne, je saisissais le produit et le jetais dans le caddie : nous sommes devenus les chasseurs-cueilleurs d’un monde dénaturé.

En ville, le libéral, le gauchiste, le révolutionnaire et le grand bourgeois paient leur pain, leur essence et leurs taxes. L’ermite, lui, ne demande ni ne donne rien à l’État. Il s’enfouit dans les bois, en tire subsistance. Son retrait constitue un manque à gagner pour le gouvernement. Devenir un manque à gagner devrait constituer l’objectif des révolutionnaires. Un repas de poisson grillé et de myrtilles cueillies dans la forêt est plus anti-étatique qu’une manifestation hérissée de drapeaux noirs. Les dynamiteurs de la citadelle ont besoin de la citadelle. Ils sont contre l’État au sens où ils s’y appuient. Walt Whitman : "je n’ai rien à voir avec ce système, pas même assez pour m’y opposer." En ce jour d’octobre où je découvris les "Feuilles d’herbe" du vieux Walt, il y a cinq ans, je ne savais pas que cette lecture me mènerait en cabane. Il est dangereux d’ouvrir un livre. »

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/12/2013

Ce que nous ne voulons plus, c’est la littérature-monument...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Ce que nous voulons, c’est la littérature qui bouge, et saisie dans le moment même où elle semble bouger encore, tout comme nous préférons une esquisse de Corot ou de Delacroix à des tableaux finis. Ce que nous ne voulons plus, c’est la littérature-monument, c’est tout ce qui a senti le besoin de se mettre en règle avec les permis de construire de son époque. »

Julien Gracq, En lisant, en écrivant

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Seul importe le livre

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Seul importe le livre, tel qu’il est, loin des genres, en-dehors des rubriques, prose, poésie, roman, témoignage, sous lesquelles il refuse de se ranger et auxquelles il dénie le pouvoir de lui fixer sa place et de déterminer sa forme. Un livre n’appartient plus à un genre, tout livre relève de la seule littérature, comme si celle-ci détenait par avance, dans leur généralité, les secrets et les formules qui permettent seuls de donner à ce qui s’écrit réalité de livre. Tout se passerait donc comme si, les genres s’étant dissipés, la littérature brillait seule dans la clarté mystérieuse qu’elle propage et que chaque création littéraire lui renvoie en la multipliant – comme si il y avait une "essence" de la littérature. »

Maurice Blanchot, Le Livre à venir

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

16/12/2013

Ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Parce que les actes humains pour lesquels on établit des lois consistent en des cas singuliers et contingents, variables à l'infini, il a toujours été impossible d'instituer une règle légale qui ne serait jamais en défaut. Mais les législateurs, attentifs à ce qui se produit le plus souvent, ont établi des lois en ce sens. Cependant, en certains cas, les observer va contre l'égalité de la justice, et contre le bien commun, visés par la loi. Ainsi, la loi statue que les dépôts doivent être rendus, parce que cela est juste dans la plupart des cas. Il arrive pourtant parfois que ce soit dangereux, par exemple si un fou a mis une épée en dépôt et la réclame pendant une crise, ou encore si quelqu'un réclame une somme qui lui permettra de combattre sa patrie. En ces cas et d'autres semblables, le mal serait de suivre la loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d'obéir aux exigences de la justice et du bien public. C'est à cela que sert l'équité. Aussi est-il clair que l'équité est une vertu. L'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice déterminée par la loi. Et même, quand il le faut, elle ne s'oppose pas à la sévérité qui est fidèle à l'exigence de la loi ; ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas. Aussi est-il dit dans le Code1 : "II n'y a pas de doute qu'on pèche contre la loi si, en s'attachant à sa lettre, on contredit la volonté du législateur". II juge de la loi celui qui dit qu'elle est mal faite. Mais celui qui dit que dans tel cas il ne faut pas suivre la loi à la lettre, ne juge pas de la loi, mais d'un cas déterminé qui se présente. »

Thomas d'Aquin, Somme théologique

23:33 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

15/12/2013

Nous sommes délibérément conservateurs en ce sens que nous voulons sauver ce qu’il y a d’immuable dans l’homme

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Nous sommes délibérément conservateurs en ce sens que nous voulons sauver ce qu’il y a d’immuable dans l’homme : sa nature créée et l’élection surnaturelle par laquelle il participe à la solitude de l’être incréé. Le monde unidimensionnel décrit par Marcuse – cette prison intérieure où l’être est dévoré par l’avoir et l’âme aliénée au profit des choses – est un monde où l’homme, de plus en plus séparé de sa nature et de ses limites est sourd aux appels de l’infini, ne trouve d’aliment que dans ses oeuvres et dans ses songes. "Dans quelle mesure un monde fait par l’homme est-il encore un monde fait pour l’homme? " – cette question que m’a posée un jour un étudiant résume la crise de notre époque. Ce monde fait par l’homme prolonge l’homme sans le compléter et, par-là, il confirme son isolement dans la nature où il ne voit qu’un instrument de sa puissance usurpée et truquée, et devant Dieu dont il prend la place au lieu de l’adorer. Et nous sommes révolutionnaires dans ce sens que, loin de confondre la fidélité à l’immuable avec le respect inconditionnel du statu quo temporel, nous concevons la révolution comme un incessant mouvement de retour vers ces sources intarissables dont notre soif, dénaturée par les breuvages factices, laisse se perdre les eaux. »

Gustave Thibon, L’ignorance étoilée

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

12/12/2013

Dieu pourrait bien se réfugier au plus haut des cieux, notre misère l'en précipiterait

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Madame, lui dis-je, si notre Dieu était celui des païens ou des philosophes (pour moi, c'est la même chose) il pourrait bien se réfugier au plus haut des cieux, notre misère l'en précipiterait. Mais vous savez que le nôtre est venu au-devant. Vous pourriez lui montrer le poing, lui cracher au visage, le fouetter de verges et finalement le clouer sur un croix, qu'importe ! Cela est déjà fait ma fille... »

Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ce n'est pas la faute des immigrés si les Européens ne sont plus capables de donner au monde l'exemple d'un mode de vie qui leur soit propre !

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Les partis politiques spécialisés dans la dénonciation anti-immigrés ne sont rien d'autre que des partis démagogiques petits-bourgeois, qui essaient de capitaliser sur les peurs et les misères du monde actuel en pratiquant la politique du bouc émissaire. L'expérience historique nous a montré vers quoi conduisent de pareils joueurs de flûte ! Il faut ici distinguer l'immigration et les immigrés. L'immigration est un phénomène négatif, puisqu'elle est elle-même le fruit de la misère et de la nécessité, et les sérieux problèmes qu'elle pose sont bien connus. Il est donc nécessaire de chercher, sinon à la supprimer, du moins à lui enlever le caractère trop rapide et trop massif qui la caractérise actuellement. Il est bien évident qu'on ne résoudra pas les problèmes du Tiers-monde en conviant ses populations à venir en masse s'installer dans les pays occidentaux ! En même temps, il faut avoir une vue plus globale des problèmes. Croire que c'est l'immigration qui porte principalement atteinte à l'identité collective des pays d'accueil est une erreur. Ce qui porte atteinte aux identités collectives, c'est d'abord la forme d'existence qui prévaut aujourd'hui dans les pays occidentaux et qui menace de s'étendre progressivement au monde entier. Ce n'est pas la faute des immigrés si les Européens ne sont plus capables de donner au monde l'exemple d'un mode de vie qui leur soit propre ! L'immigration, de ce point de vue, est une conséquence avant d'être une cause : elle constitue un problème parce que, face à des immigrés qui ont souvent su conserver leurs traditions, les Occidentaux ont déjà choisi de renoncer aux leurs. L'américanisation du monde, l'homogénéité des modes de production et de consommation, le règne de la marchandise, l'extension du marché planétaire, l'érosion systématique des cultures sous l'effet de la mondialisation entament l'identité des peuples beaucoup plus encore que l'immigration. »

Alain de Benoist, C'est-à-dire

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/12/2013

Un dont la tête était si chargée de merde

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« En bas dans la fosse
Je vis des gens plongés dans des excréments
Qui semblaient venir de latrines humaines
Et pendant que des yeux j’examinais le fond
J’en vis un dont la tête était si chargée de merde
Qu’on ne pouvait voir s’il était laïque ou bien clerc. »

Dante Alighieri, La Divine Comédie, L'Enfer, Chant XVIII

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Henri Michaux : Chant Seizième

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Aujourd'hui, aujourd'hui de catafalque !
Voici qu'est venue l'époque du bafouement.
Le battu reçoit un chapeau, le chapeau Roi-Esclave.
L'albatros au large vol.
La corde à la patte, attend près d'un seau d'eau.

On a cousu nos frères dans des peaux d'anes.
On a cousu nos frères dans des peaux de porcs.
On a cousu nos frères dans des peaux de porcs.
Et on nous les a renvoyés pour demeurer avec nous.

Oh étranglement... »

Henri Michaux, Epreuves, Exorcismes, Marche sous le tunnel

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/12/2013

Rester seul...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Rester seul, délibérément, dans une société où chaque jour davantage votre intérêt évident est de vous agréger, c’est cette forme d’héroïsme que je vous convie ici à saluer. »

Henry de Montherlant, Textes sous une Occupation

16:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook