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14/01/2014

Quand nous nous sommes une fois "fait une idée" d’un écrivain...

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« Quand nous nous sommes une fois "fait une idée" d’un écrivain (et tout l’effort de notre critique écrite et parlée vise à ce qu’une telle sclérose intervienne très vite), nous devenons paresseux à en changer – nous marchons en terrain sûr et nous lisons de confiance, d’un œil dressé d’avance à ramener les hauts et les bas, les accidents singuliers de ce qui s’imprime, à la moyenne d’une "production" sur laquelle nous savons à quoi nous en tenir. »

Julien Gracq, La Littérature à l’estomac

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Il n’est pas assez coiffé du genre humain

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« Quiconque a passé son enfance chez les chrétiens, plus tard, chaque fois qu’il sera lâche, il y a de grandes chances pour que ce christianisme remonte en lui ; jusqu’au jour où, de toute la puissance de son âge mur, il aura éliminé définitivement le poison. Costals ne hait pas le christianisme. Pour qu’il haïsse cette croyance, il faudrait qu’elle eût contaminé un être qu’il aime. Or, tous ceux qu’il aime en sont indemnes. Quant à la haïr d’être la religion des "ennemis du genre humain" (Tacite), il n’est pas assez coiffé du genre humain pour cela. Le christianisme, il le méprise, sans plus. »

Henry de Montherlant, Les lépreuses

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13/01/2014

Marginalité sociale intégrée

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Intéressante analyse de Michéa, sauf que ça n'est pas le Capitalisme ni le Libéralisme qui sont les responsables de cette sinistre situation, mais bel et bien une idéologie souterraine gauchiste qui s'appuierait sur n'importe quel système porteur afin de faire aboutir ses idées "progressistes", quitte à utiliser des éléments du libéralisme et du capitalisme pour toucher aux buts qui sont les siennes.

 

« À la question posée, il convient donc de répondre clairement que si la Caillera est, visiblement, très peu disposée à s'intégrer à la société, c'est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société. C'est évidemment à ce titre qu'elle ne manque pas de fasciner les intellectuels et les cinéastes de la classe dominante, dont la mauvaise conscience constitutive les dispose toujours à espérer qu'il existe une façon romantique d'extorquer la plus-value. Une telle fascination intellectuelle pour la "fièvre généreuse du délinquant" (Foucault) serait, cependant, difficile à légitimer sans le concours bienveillant de la sociologie d'Etat. Cette étrange sociologie, en effet, afin de conférer aux pratiques, légales et illégales, du système qui l'emploie cette couleur "rebelle" qui les rend à la fois politiquement correctes et économiquement rentables, recourt à deux procédés principaux qui, quand on y réfléchit, sont assez peu compatibles.

Tout d'abord, elle s'efforce d'inscrire ce qu'Orwell nommait "le crime moderne" dans la continuité des délits et des crimes d'autrefois. Or ce sont là deux univers très différents. Le bandit d'honneur des sociétés traditionnelles (le cas des pirates est plus complexe) puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée ; et, en général, il s'en prenait d'abord à l'État et aux divers possédants. Le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l'économie pour "dépouiller" et achever de détruire les communautés et les quartiers dont il est issu. Définir sa pratique comme "rebelle", ou encore comme une "révolte morale" (Harlem Désir) voire, pour les plus imaginatifs, comme "un réveil, un appel, une réinvention de l'histoire" (Félix Guattari), revient, par conséquent, à parer du prestige de Robin des Bois les exactions commises par les hommes du Sheriff de Nottingham. Cette activité peu honorable définit, en somme, assez bien le champ d'opérations de la sociologie politiquement correcte.

Quant au second procédé, il consiste à présenter l'apparition du paradigme délinquant moderne - et notamment son rapport très spécifique à la violence et au plaisir qu'elle procure - comme l'effet mécanique de la misère et du chômage et donc, à ce titre, comme une réponse légitime des exclus à leur situation. Or s'il est évident que la misère et le chômage ne peuvent qu'accélérer en retour la généralisation du modèle délinquant moderne, aucun observateur sérieux - ou simplement honnête - ne peut ignorer que ce modèle a d'abord été célébré dans l'ordre culturel, en même temps qu'il trouvait ses bases pratiques dans la prospérité économique des "trente Glorieuses". En France, par exemple, toutes les statistiques établissent que le décollage des pratiques délinquantes modernes (de même que la constitution des mythologies de la drogue) a lieu vers 1970, tandis qu'en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas il est perceptible dès 1964-1965. Expliquer le développement de la délinquance moderne (développement qui, dans un premier temps - on s'en souvient - avait été tenu par la sociologie officielle pour un pur "fantasme" des classes populaires) comme un effet conjoncturel du chômage est évidemment une procédure gagnante pour le système capitaliste. D'une part, elle conduit à présenter la "reprise économique" - c'est-à-dire l'aide accrue de l'État aux grandes firmes - comme la clé principale du problème ; de l'autre, elle dispense d'interroger ce qui, dans la logique même du capitalisme de consommation, et la culture libérale-libertaire qui lui correspond, détermine les conditions symboliques et imaginaires d'un nouveau rapport des sujets à la Loi. »

Jean-Claude Michéa, L'enseignement de l'ignorance

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Le centre de la personne vivante

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« L’amour ne sélectionne pas de caractères, il adopte la personne tout entière par une élection massive et indivise. L’amour ne veut rien savoir sur ce qu’il aime ; ce qu’il aime c’est le centre de la personne vivante, parce que cette personne est pour lui une fin en soi, ipséité incomparable, mystère unique au monde. J’imagine un amant qui aurait vécu toute sa vie auprès d’une femme, qui l’aurait aimée passionnément, et ne lui aurait jamais rien demandé et mourrait sans rien savoir d’elle. Peut-être parce qu’il savait depuis le commencement tout ce qu’il y avait à savoir. »

Vladimir Jankélévitch et Béatrice Berlowitz, Quelque part dans l’inachevé

 

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12/01/2014

L'Esprit est la lumière, la vie et la paix...

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« L'Esprit est la lumière, la vie et la paix. Si en conséquence vous êtes illuminé par l'Esprit, votre propre vie est imprégnée de paix et de sérénité. En conséquence de quoi vous êtes remplis de la connaissance spirituelle des êtres créés et de la sagesse du Logos ; vous est accordée l'intelligence du Christ ( cf. 1 Cor 2:16 . ) , et vous en venez à connaître les mystères du royaume de Dieu ( cf. Luc 8:10 ).
Ainsi, vous pénétrez dans les profondeurs du Divin et quotidiennement à partir d'un coeur serein et illuminé vous prononcez des mots de vie pour le bénéfice des autres ; car vous-même êtes empli de bénédiction, puisque vous avez en vous la bonté elle-même qui produit de son trésor des choses nouvelles et anciennes ( cf. Mt 13:52). »

Nicétas Stéthatos, La philocalie

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Les rayons de la lumière primordiale...

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« Les rayons de la lumière primordiale qui illuminent les âmes purifiées avec la connaissance spirituelle non seulement les remplissent de bénédiction et de luminosité ; mais également, par le biais de la contemplation des essences intérieures des choses créées, ils les conduisent vers les cieux noétiques. Les effets de l'énergie divine, cependant, ne s'arrêtent pas là, ils continuent jusqu'à ce que par la sagesse et par la connaissance des choses indescriptibles, ils unissent les âmes purifiées avec l'Un, pour les faire sortir de l'état de la multiplicité dans un état ​​d'unité en Lui. »

Nicétas Stéthatos, La philocalie

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La nature des choses change en fonction de l'humeur intérieure de l'âme...

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« La nature des choses change en fonction de l'humeur intérieure de l'âme, c'est-à-dire que chacun détermine ce que sont les autres en fonction de ce qu'il est lui-même. »

« Celui qui est parvenu à la prière véritable, celui-ci ne fait pas de différence entre les choses. Il ne distingue pas le juste du pécheur, il les aime tous pareillement et ne juge pas, de même que Dieu envoie le soleil et la pluie sur les hommes justes et injustes. »

Nicétas Stéthatos, La philocalie

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10/01/2014

Se perdre pour oublier

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« Le producteur lui retira l’antenne et le remplaça par ce qu’il avait sous la main, une pub Berkeley Boo, marque très populaire de cigarettes de marijuana à bout filtre : "Un petit rayon de soleil californien". »

« Se perdre, se perdre pour oublier, c’est ce qu’ils appellent de tous leurs voeux.

Comment faire, me direz-vous ? Seule la mort apporte l’oubli absolu. Mais la mort est un objectif infiniment lointain. Alors, on se défonce. Qui cherche l’oubli espère étancher par la drogue, l’alcool, la folie, la simulation, sa soif d’inexistence. Mais c’est un leurre. Tous ces subterfuges ne provoquent qu’une illusion, un avant-goût de l’oubli, juste ce qu’il faut pour exciter l’appétit. »

Philip K. Dick, Les machines à illusions

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Le mot culture intervient comme "formule magique"

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« Thomas Macho, chercheur en anthropologie culturelle ("Kulturwissenschaftler") à Berlin, l’écrivait récemment : le mot culture intervient comme "formule magique" pour décrire les modes et tendances en matière politique, économique, technologique ou sociétale. Ce n’est donc pas fortuitement qu’il entre avec succès dans la composition d’innombrables expressions et néologismes (…)

Le mot culture est devenu à l’évidence une sorte de charpente conceptuelle, sous laquelle on peut faire cohabiter des événements aussi disparates que le mégaconcert des "trois ténors", la guerre en Afghanistan, la guerre au Kosovo, la finale du mondial de football ou les cérémonies d’adieu à la Reine des Coeurs Lady Diana Spencer - sans oublier le concert du Nouvel An en direct de Vienne ni la Love Parade berlinoise. (…)

Il y a un an, sortait chez Reclam un livre joliment intitulé "Philosophiephilosophie" : "Philosophie de la philosophie". Et peut-être, par analogie, faudrait-il parler, là où il n’est vraiment question que de culture, d’une "Kulturkultur" ou "culture de la culture". On se démarquerait au moins de cette déferlante des cultures à rallonge qui contribuent à désamorcer le concept même de culture et à le rendre arbitraire, alors qu’avant tout il est censé être créateur de sens et de repères identitaires.

Si tout est culture ou peut le devenir, à quoi sert d’intervenir en matière de politique ou d’éducation culturelle ? Le réflexe d’éduquer et d’instruire, enfin ce qui en reste et continue sans doute d’être à l’oeuvre dans tout discours sur la culture, tourne à vide quand la culture n’a plus en face d’elle son contraire. »

Ulrich Fuchs, De l’(in)utilité de l’art du théâtre in Masques, Théâtre et Modalité de la Représentation

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Obscénités

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« Mais les mots lui manquaient pour traduire ses sentiments. Il y suppléait à grand renfort d’obscénités : la vulgarité lui était nécessaire sans doute pour calmer la violence de son émotion. »

William Somerset Maugham, Le Roi de Talua in L’Archipel aux Sirènes

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09/01/2014

Bientôt ce vide emplit l’âme d’un vague pressentiment

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« Le Pacifique est incertain et changeant comme le coeur de l’homme. La houle parfois le soulève en lourdes vagues, gris comme la Manche au large de Beachy Head ; d’autres jours, sous l’orage, il se hérisse de crêtes blanches. On ne le voit pas souvent calme et bleu. Mais, alors, il est d’un bleu insolent. Dans un ciel sans nuages flamboie le soleil implacable. A la douce caresse des vents alizés, vous vous sentez saisi par la nostalgie de l’inconnu, et, au roulement magnifique des flots qui se déploient à l’infini, vous oubliez, dans un désir exaspéré de vivre, la jeunesse évanouie et son cortège de souvenirs cruels et doux. C’est sur une pareille mer que se gonflait la voile d’Ulysse, à la recherche des Iles Fortunées.
Mais il y a aussi des jours où le Pacifique ressemble à un lac. L’eau est lumineuse et lisse. Les poissons volants - reflets d’ombre sur l’éclat d’un miroir - font jaillir en plongeant de petites gouttes diaprées. Des nuages floconneux traînent à l’horizon. Au crépuscule, leurs formes étranges donnent l’illusion de hautes cimes neigeuses. Ce sont les montagnes du pays de vos rêves. Dans un silence invraisemblable, vous glissez sur une mer enchantée. Parfois des mouettes annoncent que la terre est proche - île oubliée, perdue dans le désert immense des flots. Mais les mouettes, les mouettes mélancoliques, en sont le seul indice. Jamais un bateau à la fumée amie ; ni paquebot majestueux, ni légère goélette, pas même une barque de pêcheurs. C’est le désert, le vide.

Et bientôt ce vide emplit l’âme d’un vague pressentiment. »

William Somerset Maugham, Le Pacifique in L’Archipel aux Sirènes

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Le gaucho-humanitarisme, comme tou­jours, pas plus qu’il n’attaque vrai­ment ce qu’il pré­tend atta­quer, ne défend vrai­ment ce qu’il pré­tend défendre

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« Un soci­o­logue soucieux d’intégration et d’éducation human­i­taire plaidera habituelle­ment les cir­con­stances atténu­antes : certes ces jeunes brutes sont peu ragoû­tantes, mais la pro­pa­gande "sécu­ri­taire" exagère beau­coup, et puis, de toute façon, quelle chance leur a-t-on donné d’être de braves garçons, tra­vailleurs et bien éduqués ? Le gaucho-humanitarisme, comme tou­jours, pas plus qu’il n’attaque vrai­ment ce qu’il pré­tend atta­quer, ne défend vrai­ment ce qu’il pré­tend défendre. Si l’on veut dire que les vio­lences exer­cées par les jeunes déshérités ne doivent pas faire oublier les vio­lences qu’ils ont subies, il ne faut pas dénon­cer seule­ment la vio­lence poli­cière, la "répres­sion", mais tous les mau­vais traite­ments que la dom­i­na­tion tech­nique inflige à la nature des hommes. Il faut donc cesser de croire qu’existerait encore quelque chose comme une société civil­isée, à la quelle on n’aurait pas donné à ces jeunes bar­bares la chance de s’intégrer. Il faut donc voir en quoi les déshérités le sont effec­tive­ment, et plus cru­elle­ment que ceux du passé, en étant expro­priés de la rai­son, enfer­més dans leur novlangue au moins autant que dans leur ghet­tos, et ne pou­vant même plus fonder leur droit à hériter du monde sur leur capac­ité à le reconstruire.
Et donc, enfin, plutôt que de verser des larmes de croc­o­diles sur les "exclus" et autres "inutiles au monde", il con­viendrait d’examiner sérieuse­ment en quoi le monde du salariat et de la marchan­dise est utile à quiconque n’en tire pas de prof­its, et si l’on peut s’y inclure sans renier son human­ité. Tout cela fait évidem­ment beau­coup pour des soci­o­logues, aussi gauchistes soient-ils : ces gens ont après tout pour fonc­tion, non de cri­ti­quer la société, mais de fournir des argu­ments et des jus­ti­fi­ca­tions au pléthorique per­son­nel d’encadrement de la mis­ère, à ceux que l’on appelle les "tra­vailleurs soci­aux". Il est donc logique que leurs efforts por­tent surtout sur la sat­is­fac­tion de sup­posées reven­di­ca­tions "iden­ti­taires", aux­quelles ils offrent de choisir un rôle au décrochez-moi-ça des appar­te­nances mimé­tiques, friperie de l’illusion où l’on trouve de tout, de la cas­quette de rappeur mar­quée du X de Mal­colm X à la gan­doura islamiste. »

Jaime Sem­prun, L’abîme se repe­u­ple

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08/01/2014

Technique...

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« Les régimes jadis opposés par l’idéologie sont maintenant étroitement unis par la technique. »

« Un monde gagné pour la technique est perdu pour la liberté. »

Georges Bernanos, La France contre les robots

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Ta sensualité, prise au piège de l’habitude

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« C’est là où je veux en venir. Tu ne m’as jamais trompé et je ne t’ai jamais trompée. Misérable mot pour une misérable conception. Comme si deux êtres qui ont vraiment vécu l’un dans l’autre pouvaient se tromper. Ne se trompent que ceux qui s’ignorent. Jamais nous n’aurions pu nous tromper : chacun sentait le moindre frisson chez l’autre. Et c’est pourquoi cette lettre est inutile et je la déchirerai peut-être au moment de mourir – puisque tu sais tout cela, ma bien-aimée.

Mais ainsi chacun de nous était prisonnier de la connaissance que de lui avait l’autre. Sous ce regard inévitable, il n’osait pas bouger, parce qu’il savait que le moindre geste aurait chez son compagnon l’ultime répercussion.

Dès le début, nous avons tremblé. Du moins passé les premiers jours d’enchantement – car nous avons eu une nuit de noces et une lune de miel, et vraiment quand, l’autre année, nous avons entendu "Noces" de Stravinsky, il n’y en avait pas beaucoup dans la salle qui pouvaient applaudir aussi naturellement que nous –, quand nous sommes rentrés à Paris et que nos yeux clignotaient sous la lumière cruelle des regards, nous avons eu une première peur. Mais elle a assez vite passé, chacun ayant été témoin des magnifiques indifférences, des évidentes distractions de l’autre devant la beauté et le génie, il a fallu nous abandonner sans réserve au bonheur.

Mais la peur est revenue depuis trois ans. Et chez nous deux en même temps, comme tout sentiment. Une peur subtile, point dérobée mais pudique, si prévoyante, lancée si avant aux limites du possible qu’il me semble aujourd’hui la voir se confondre avec le sentiment de la mort, qui veille ainsi comme une exquise preuve de vie dans les cœurs bien battants.

Il y a deux ou trois hommes et deux ou trois femmes que nous avons toujours écartés – tu sais bien lesquels – avant même qu’ils ne s’approchent.

Mais notre couple n’a-t-il pas rôdé de très loin autour de ces êtres ? Avons-nous été tentés ? Certes, et au premier coup d’œil. Car combien de jours dure l’hallucination totale du désir ? Combien de jours dure le grand soleil tourbillonnant ? Très peu de jours.

Évidemment, en répondant : très peu, je me force par raison, ne voulant pas m’en tenir à ma seule expérience. Car je n’ai vu que toi pendant des années et à travers d’autres femmes qu’il m’arrivait de désirer une minute je retrouvais toujours le type de ta beauté en filigrane. Mais je me dis que je n’y avais aucun mérite : j’avais eu tant de femmes avant toi, et, dans mon premier élan vers toi, il y avait un parti pris de les oublier toutes, qui n’attendait qu’une bonne occasion de se déployer.

Et quand je suis seul l’été ou l’hiver, je sens surtout la fatigue montante des quarante-cinq ans. J’ai fait la guerre et j’ai beaucoup travaillé, beaucoup aimé. Mais toi. Toi, si jeune – et qui n’as connu que moi. Voilà une pensée qui a traversé bien souvent mon cœur depuis quelque temps. Elle n’était pas nouvelle toutefois – car, lorsque je t’ai prise, ayant trente-cinq ans, j’avais jeté déjà cette pensée vers l’avenir, "Salut à tous ceux qu’aimera Gisèle." J’ai toujours repoussé avec horreur l’idée d’épuiser ta vie. Je n’ai jamais voulu que tu me donnes toute ta vie. Car dans le don total, il y a tôt ou tard du sacrifice et je ne veux pas qu’il ait de sacrifices pour toi.

Il n’y en a déjà eu que trop – ces peurs à grande distance que tu as nourries comme moi, ces fuites à perte de vue.

Mais si je me retourne sur moi-même, – cela s’impose dans cette case percée de moustiques, où je meurs de soif cloué sur un lit de camp –, je vois bien qu’après le don, il faut en venir au sacrifice, et ce sacrifice que je voudrais aujourd’hui faire de ma vie pour ta vie, c’est une part inséparable de mon don de toujours. Moi plutôt que toi.

Je remercie le ciel de ne m’avoir donné aucun talent irremplaçable qui me force à opposer mon moi au tien. (Tu rirais de cette expression dans ma bouche d’athée, mais nous savons que "remercier le ciel" dans le langage des hommes, c’est une façon de reconnaître la nécessité.) Si j’étais grand homme dans les affaires ou la politique ou les arts, je n’aurais pas sans réticence l’envie de mourir que j’ai maintenant et de faire place nette auprès de toi. Mais je ne suis pas un grand homme.

Je n’ai rien à perdre que moi, car toi, je t’ai déjà perdue. Tu ne peux plus me donner ce que tu m’as donné si longtemps. Tu m’avais donné et sans cesse redonné tout ce qu’on peut donner à l’autre. Mais, depuis quelques temps, tu commençais à laisser voir des signes d’usure – c’est pourquoi je m’en vais au bon moment. Tu commençais à me donner autre chose que l’élan de ton amour, de ta passion, de ton désir. Tu commençais à me donner de la tendresse, de l’amitié, de la gratitude. Et aussi ta sensualité, prise au piège de l’habitude, s’en venait vers moi par une pente plus molle, ou bien c’étaient des saccades de vice. Or, il est insupportable de voir un être, dont on estime infiniment les dons, vous les faire plus petits.

Ce changement dans la nature de tes sentiments ne s’échappait pas – car, c’est la loi de notre couple, rien ne nous échappe ; mais tu l’acceptais, comme l’inévitable changement des saisons. Il te semblait que du même mouvement tu vieillissais et m’aimais moins, et que tout cela était bien.

Gisèle, allais-tu donc mentir si tôt à ta jeunesse ? Pouvais-tu ainsi accepter d’être jouée par le temps ? Non, je ne peux pas croire qu’il faille mon aide pour que tu te retiennes sur la pente de la résignation. Dis-moi que tu allais, de toi-même, te détourner de moi, te révolter contre cette figure définitive que mes mérites imposaient à ton destin.

Crois à cette parole que je viens de te dire, qui n’est pas folle, qui est grave. Je t’assure que si mon premier mouvement en t’écrivant cette lettre a été d’un naturel égoïsme, et de vouloir ajouter mon sceau sur ton éloignement de moi, d’en faire ma propre initiative et ma propre aventure, la réflexion, après quelques heures qui comptent au centuple, m’épure, et je souhaite du plus profond de moi enfin atteint, par amour pour la beauté et pour la santé, qu’au lendemain de ma mort, tu reconnaisses en toi la force d’une métamorphose qui allait éclore en tout cas. »

Pierre Drieu la Rochelle, Journal d'un homme trompé

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07/01/2014

Le feu est l'ultra-vivant

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« Le feu est l'ultra-vivant. Le feu est intime et il est universel. Il vit dans notre cœur. Il vit dans le ciel. Il monte des profondeurs de la substance et s'offre comme un amour. Il redescend dans la matière et se cache, latent, contenu comme la haine et la vengeance. Parmi tous les phénomènes, il est vraiment le seul qui puisse recevoir aussi nettement les deux valorisations contraires : le bien et le mal. Il brille au Paradis. Il brûle à l'Enfer. Il est douceur et torture. Il est cuisine et apocalypse. Il est plaisir pour l'enfant assis sagement près du foyer ; il punit cependant de toute désobéissance quand on veut jouer de trop près avec les flammes. Il est bien-être et il est respect. C'est un dieu tutélaire et terrible, bon et mauvais. Il peut se contredire : il est donc un des principes d'explication universelle. »

Gaston Bachelard, Psychanalyse du Feu

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Mes ancêtres n’ont pas travaillé à une civilisation pour que soudain nous n’y puissions plus rien et que le mouvement se perde machinal, aveugle, absurde ?

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« Qu’est-ce que je fais là ? Je suis un homme. J’ai été promis à un monde d’hommes et d’animaux. Mes ancêtres n’ont pas travaillé à une civilisation pour que soudain nous n’y puissions plus rien et que le mouvement se perde machinal, aveugle, absurde ? Une machine, un canon qui tire sans arrêt, tout seul. Qu’est-ce que cela ? Ce n’est ni un homme, ni un animal, ni un dieu. C’est un calcul oublié qui poursuit seul sa trajectoire à travers le monde, c’est un résidu incroyable. Quelle est cette reprise étrange de la matière sur la vie ? Quel est ce déroulement mécanique de la matière ? Des mots absurdes deviennent vrais : mécanisme, matérialisme. C’était un déchaînement inattendu, épouvantable. L’homme au moment d’inventer les premières machines avait vendu son âme au diable et maintenant le diable le faisait payer. Je regarde, je n’ai rien à faire. Cela se passe entre deux usines, ces deux artilleries. L’infanterie, pauvre humanité mourante, entre l’industrie, le commerce, la science. Les hommes qui ne savent plus créer des statues, des opéras, ne sont bons qu’à découper du fer en petits morceaux. Ils se jettent des orages et des tremblements de terre à la tête, mais ils ne deviennent pas des dieux. Et ils ne sont plus des hommes. »

Pierre Drieu la Rochelle, Le Lieutenant des tirailleurs

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06/01/2014

Il comprit l'incroyable beauté que peut dégager l'observance méditée du sacrifice

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« Un enfant de choeur parut, précédant un vieux prêtre et, pour la première fois, Durtal vit servir réellement une messe, comprit l'incroyable beauté que peut dégager l'observance méditée du sacrifice.
Cet enfant agenouillé, l'âme tendue et les mains jointes, parlait, à haute voix, lentement, débitait avec tant d'attention, avec tant de respect, les répons du psaume, que le sens de cet admirable liturgie, qui ne nous étonne plus, parce que nous ne la percevons depuis longtemps que bredouillée et expédiée, tout bas, en hâte, se révéla brusquement à Durtal. Et le prêtre, même inconsciemment, qu'il le voulût ou non, suivait le ton de l'enfant, se modelait sur lui, récitait avec lenteur, ne proférant plus simplement les versets du bout des lèvres, mais il se pénétrait des paroles qu'il devait dire, haletait, saisi, comme à sa première messe, par le grandeur de l'acte qu'il allait accomplir.
Durtal sentait, en effet, frémir la voix de l'officiant, debout devant l'autel, ainsi que les Fils même qu'il représentait devant le Père, demandant grâce pour tous les péchés du monde qu'il apportait, secouru, dans son affliction et dans son espoir, par l'innocence de l'enfant dont l'amoureuse crainte était moins réfléchie que la sienne et moins vive.
Et lorsqu'il prononçait cette phrase désolée: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mon âme est-elle triste et pourquoi me troublez-vous?" le prêtre était bien la figure de Jésus souffrant sur le Calvaire, mais l'homme restait aussi dans le célébrant, l'homme faisant retour sur lui-même et s'appliquant naturellement, en raison de ses délits personnels, de ses propres fautes, les impressions de détresse notées par le texte inspiré du psaume. »

Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale

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Cette morne obscurité contre cette lumière céleste ?

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« Est-ce ici la région, le sol, le climat, dit alors l’archange perdu, est-ce ici le séjour que nous devons changer contre le Ciel, cette morne obscurité contre cette lumière céleste ? Soit ! puisque celui qui maintenant est souverain peut disposer et décider de ce qui sera justice. Le plus loin de lui est le mieux, de lui qui, égalé en raison, s’est élevé au-dessus de ses égaux par la force. Adieu, champs fortunés où la joie habite pour toujours ! Salut, horreurs ! salut, monde infernal ! Et toi, profond Enfer, reçois ton nouveau possesseur. Il t’apporte un esprit que ne changeront ni le temps ni le lieu. L’esprit est à soi-même sa propre demeure ; il peut faire en soi un Ciel de l’Enfer, un Enfer du Ciel. Qu’importe où je serai, si je suis toujours le même et ce que je dois être, tout, quoique moindre que celui que le tonnerre a fait plus grand ? Ici du moins nous serons libres. Le Tout-Puissant n’a pas bâti ce lieu pour nous l’envier ; il ne voudra pas nous en chasser. Ici nous pourrons régner en sûreté ; et, à mon avis, régner est digne d’ambition, même en Enfer ; mieux vaut régner dans l’Enfer que servir dans le Ciel. »

John Milton, Le Paradis perdu, Livre I, Traduction de François-René de Chateaubriand

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05/01/2014

L’énergie est l’éternel délice...

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« Toutes les Bibles, ou codes sacrés, ont été cause des erreurs suivantes :

1° Que l’homme a deux réels principes existants, à savoir : un corps et une âme.

2° Que l’Énergie, appelée le Mal, ne procède que du corps, et que la Raison appelée Bien ne procède que de l’âme.

3° Que Dieu torturera l’homme durant l’Éternité pour avoir suivi ses énergies.

Mais contraires à celles-ci, les choses suivantes sont vraies :

1° L’homme n’a pas un corps distinct de son âme, car ce qu’on appelle corps est une partie de l’âme perçue par les cinq sens, principaux débouchés de l’âme dans cette période de vie.

2° L’énergie est la seule vie ; elle procède du corps, et la Raison est la borne de l’encerclement de l’Énergie.

3° L’énergie est l’éternel délice.

Ceux qui répriment leur désir, sont ceux dont le désir est faible assez pour être réprimé ; et l’élément restricteur ou raison usurpe alors la place du désir et gouverne celui dont la volonté abdique.

Et le désir réprimé peu à peu devient passif jusqu’à n’être plus que l’ombre du désir. »

William Blake, Le mariage du Ciel et de l'Enfer

 

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04/01/2014

L’adversaire et moi habitions le même monde

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«  La chair et l’esprit, le sens et l’intellect, l’au-dehors et l’au-dedans, prennent d’un pas leurs distances d’avec la terre, et là-haut, plus haut même qu’où se boucle la ronde des nuages blancs qui serpentent autour de la terre, eux aussi vont se rejoindre. »

« Ce sont les mots qui vinrent en premier ; ensuite, tardivement, selon toute apparence avec répugnance et déjà habillée de concepts, vint la chair. »

« L’adversaire et moi habitions le même monde. Quand je regardais, l’adversaire était vu ; quand l’adversaire regardait, moi-même j’étais vu ; nous nous faisions face, qui plus est, sans imagination intermédiaire, tous deux appartenant au même monde d’action et de force - autrement dit, le monde de "ce qui est vu". »

Yukio Mishima, Le Soleil et l’acier


 

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03/01/2014

S’il y avait davantage d’hommes d’affaires mettant tout leur coeur à se livrer à leurs activités en les tenant pour sacrées...

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« S’il y avait davantage d’hommes d’affaires ne visant pas leur profit personnel mais mettant tout leur coeur à se livrer à leurs activités lucratives en les tenant pour sacrées, ne doutez pas qu’une lumière se lèverait sur notre pauvre planète ! »

Giei Satô, Journal d’un apprenti moine zen

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Ce qui rend le monde également insupportable

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« Vers la fin de l’adolescence on pense que la plupart des êtres et des choses n’ont pas le droit d’exister (à l’exception des plus belles). Dans un âge plus avancé, on entre dans une confusion inverse : tout à le droit d’exister - ce qui rend le monde également insupportable. »

Jean Baudrillard, Cool Memories IV

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Il y a trois hommes en moi

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et

 

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« - En d’autres termes, il y a trois hommes en moi. L’un d’eux occupe toujours le milieux : indifférent, impassible, il observe, il attend que les deux autres le laissent s’exprimer et leur dire ce qu’il voit. Le deuxième est comme un animal apeuré qui attaque de crainte d’être attaqué. Et puis il y a un homme doux et aimant, trop aimant, qui laisse autrui pénétrer jusque dans le saint des saints de son être, encaisse les insultes, fait confiance et signe les contrats sans les lire, se laisse convaincre de travailler au rabais ou gratis et qui, lorsqu’il s’aperçoit qu’on l’a possédé, a envie de tuer et de détruire tout ce qui l’entoure, y compris lui-même, pour se punir d’avoir été aussi stupide. Mais il ne s’y résout pas - et il retourne s’enfermer en lui-même.

- Lequel est vrai ?

- Tous les trois. »

Charles Mingus, Moins qu’un chien - Autobiographie


 

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02/01/2014

J’avais eu vingt ans en 1940, dans la débâcle

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« J’avais eu vingt ans en 1940, dans la débâcle. J’appartenais à une génération charnière qui avait vu s’écrouler un monde, était coupé du passé et doutait de l’avenir. Que l’époque accablée fût digne de respect et qu’il faille la pénétrer de notre amour, j’étais fort loin d’y croire. Il me semblait plutôt que la lucidité menait à refuser de jouer à un jeu où tout le monde triche. »

Louis Pauwels et Jacques Bergier, La matin des magiciens


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Un vieil original qui s’habillait en bourgeois du XVIIème siècle

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« Pendant l’occupation vivait à Paris, dans le quartier des Ecoles, un vieil original qui s’habillait en bourgeois du XVIIème siècle, ne lisait que Saint-Simon, dînait aux flambeaux et jouait de l’épinette. Il ne sortait que pour aller chez l’épicier et le boulanger, un capuchon sur sa perruque poudrée, la houppelande laissant voir les bas noirs et les souliers à boucles. Le tumulte de la Libération, les coups de feu, les mouvements populaires le troublèrent. Sans rien comprendre, mais agité par la crainte et la fureur, il sortit un matin sur son balcon, la plume d’oie à la main, le jabot dans la vent, et il cria, d’une forte et étrange voix solitaire :

"Vive Coblenz !"

On ne saisit pas, on vit la singularité, les voisins excités sentirent d’instinct qu’un bonhomme vivant dans un autre monde avait partie liée avec le mal, le cri parut allemand, on monta, on défonça la porte, on l’assomma, il mourut. »

Louis Pauwels et Jacques Bergier, La matin des magiciens

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