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02/10/2012

Là où ça sent la merde ça sent l'être

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« Là où ça sent la merde ça sent l'être. »

« Tout vrai sentiment est en réalité intraduisible. L’exprimer, c’est le trahir. Mais le traduire, c’est le dissimuler. L’expression vraie cache ce qu’elle manifeste. Elle oppose l’esprit au vide réel de la nature…. Tout sentiment puissant provoque en nous l’idée du vide. Et le langage clair qui empêche ce vide, empêche aussi la poésie d’apparaître dans la pensée. C’est pourquoi une image, une allégorie, une figure qui masque ce qu’elle voudrait révéler ont plus de signification pour l’esprit que les clartés apportées par l’analyse de la parole. »

Antonin Artaud, Le Théâtre et son double

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01/10/2012

Provincialisme...

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« Le provincialisme réside dans l’incapacité (ou le refus) d’envisager sa culture dans le grand contexte. Il y a quelques années, un journal parisien fit une enquête auprès de trente personnalités appartenant à une sorte d’establishment intellectuel du moment, journalistes, historiens, sociologues, éditeurs et quelques écrivains. Chacun devait citer, par ordre d’importance, les dix livres les plus remarquables de toute l’histoire de France ; de ces trente listes de dix livres fut ensuite tiré un palmarès de cent livres (…) et le résultat donne une image assez juste de ce qu’une élite intellectuelle française considère aujourd’hui comme important dans la littérature de son pays. De cette compétition, "Les Misérables" de Victor Hugo sont sortis vainqueurs. Un écrivain étranger sera surpris. N’ayant jamais considéré ce livre important pour lui ni pour l’histoire de la littérature, il comprendra que la littérature française qu’il adore n’est pas celle qu’on adore en France. En onzième place, "Les Mémoires de guerre" de De Gaulle. Accorder au livre d’un homme d’Etat, d’un militaire, une telle valeur, cela pourrait difficilement arriver hors de France. Pourtant, ce n’est pas cela qui est déconcertant, mais le fait que les plus grands chefs-d’oeuvre n’arrivent qu’après. Rabelais n’est cité qu’en quatorzième place ! (…) Et le XXème siècle ? (…) Comme si l’immense influence de la France sur l’art moderne n’avait jamais eu lieu ! (…) Plus étonnant encore : l’absence de Beckett et Ionesco. Combien de dramaturges du siècle dernier ont eu leur force ? Un ? Deux ? Pas plus. (…) L’indifférence envers la valeur esthétique repousse fatalement toute la culture dans le provincialisme. »

Milan Kundera, Le Rideau

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30/09/2012

Me sachant condamné à l'horrible solitude

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« Quant à moi, maintenant, j'ai fermé mon âme. Je ne dis plus à personne ce que je crois, ce que je pense et ce que j'aime. Me sachant condamné à l'horrible solitude, je regarde les choses, sans jamais émettre mon avis. Que m'importent les opinions, les querelles, les plaisirs, les croyances ! Ne pouvant rien partager avec personne, je me suis désintéressé de tout. Ma pensée, invisible, demeure inexplorée. J'ai des phrases banales pour répondre aux interrogations de chaque jour, et un sourire qui dit oui, quand je ne veux même pas prendre la peine de parler. »

Guy de Maupassant, Le Horla et autres nouvelles fantastiques

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29/09/2012

Cette demeure...

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« Le soleil incitait mes pensées, presque en les arrachant, à se détacher de leur nuit de sensations viscérales, pour suivre le gonflement des muscles sertis sous le hâle de l' épiderme. Le voici qui m' ordonnait d' édifier une demeure nouvelle et robuste où l' esprit, à mesure qu' il s' élèverait peu à peu vers la surface, pourrait vivre en sûreté. Cette demeure, c'était une peau bronzée et luisante, des muscles puissants, délicatement ondulés. »

Yukio Mishima, Le soleil et l' acier

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28/09/2012

Vous les allégerez du poids des remords

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« Par un sévère châtiment, par la prison, par le bagne, vous sauverez peut-être la moitié de ces pauvres êtres. Vous les allégerez du poids des remords. La purification par la souffrance est, croyez-moi, moins douloureuse que la situation que vous faites à des coupables par des acquittements inconsidérés. Vous ne ferez naître que le cynisme dans l’âme d’un criminel trop facilement renvoyé indemne. Il se moquera de vous et vous le laisserez travaillé d’un espoir dangereux. Vous ne me croyez pas ? Tâchez de connaître l’état d’âme de l’un de ces acquittés. Je suis certain, moi, qu’il sort du tribunal en se disant : "À la bonne heure ! On est maintenant moins sévère et sans doute plus intelligent. Peut-être bien qu’on a peur, aussi. Alors je pourrai recommencer impunément une autre fois. Je suis dans une telle misère qu’on ne saurait vraiment exiger que je ne vole pas."

Vous figurez-vous qu’en passant l’éponge sur tout méfait vous donniez au malfaiteur une chance de se racheter ? Il croira que tout lui est permis. Voilà ce que vous y gagnerez, à la fin des fins. Vous en viendrez même à ce que le sentiment du juste et de ce qui est honnête disparaisse complètement de l’âme du peuple. »

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, Journal d’un écrivain

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L'Amour est irrationnel

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« Quand tu sais pourquoi tu aimes quelqu'un, c'est que tu ne l'aimes pas. »

Frédéric Beigbeder, L'Égoïste Romantique

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27/09/2012

Une vie simple et très belle

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« J’écris ce livre pour tous ces gens qui ont une vie simple et très belle... Mais qui finissent par en douter parce qu'on ne leur propose que du spectaculaire... »

Christian Bobin, Prisonnier du berceau

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Etroitesse et Infini

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« Il y a ce que l'on connaît, qui est étroit. Il y a ce que l'on sent, qui est infini. »

Christian Bobin, Lettres d'or

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Sa route

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« Il est des routes qui vont au feu, d’autres aux cimes, d’autres aux villages. À chacun la sienne. J’ignore ce qu’est la pureté, mais je sais que la folie est de ne pas suivre sa route. »

Henri Gougaud, L’Inquisiteur

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26/09/2012

Le miel de l'orgueil

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« Quiconque a vécu consciemment, en tant qu'Allemand, les années suivant la Première Guerre mondiale, a dû se convaincre que jamais dans l'histoire un peuple n'a été injurié avec autant d'excès, d'unanimité et de continuité. On accumula sur les Allemands une culpabilité si démesurée que toute tentative de se disculper devait paraître futile. Il ne restait aux Allemands qu'à faire profession de cette mentalité et à tirer de cet aveu le miel de l'orgueil. »

Ernst Von Salomon, Le destin de A.D

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25/09/2012

L'Art est un volcan...

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« L’art est un volcan, ses amateurs doivent atteindre des températures élevées ou ne pas s’en approcher. »

Louis Calaferte, Carnets XI - Circonstances

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24/09/2012

En se féminisant, les hommes se stérilisent

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« Les femmes conduisent quand la vitesse est limitée ; elles fument quand le tabac tue ; elles obtiennent la parité quand la politique ne sert plus à grand-chose ; elles votent à gauche quand la Révolution est finie ; elles deviennent un argument de marketing littéraire quand la littérature se meurt ; elles découvrent le football quand la magie de mon enfance est devenue un tiroir-caisse. Il y a une malédiction féminine qui est l'envers d'une bénédiction. Elles ne détruisent pas, elles protègent. Elles ne créent pas, elles entretiennent. Elles n'i­ventent pas, elles conservent. Elles ne forcent pas, elles préservent. Elles ne transgressent pas, elles civilisent. Elles ne régnent pas, elles régentent. En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s'interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. Ils se contentent de conserver. On explique en général la stagnation intellectuelle et économique de l'Europe par le vieillissement de sa population. Mais Cervantes écrivit Don Quichotte à soixante-quinze ans ; de Gaulle revint au pouvoir à soixante-huit, et le chancelier allemand Adenauer à plus de soixante-dix. On ne songe jamais — ou on n'ose jamais songer — à sa féminisation.

Les rares hommes qui veulent conserver la réalité phallique du pouvoir se barricadent efficacement contre la féminisation de leur profession. Ils agissent comme s'ils étaient des îlots de virilité dans un monde féminisé. On les traite de « machos », ils n'en ont cure. Ils approuvent les lois sur la parité que votent les politiques en se gardant bien de faire de même au sein des conseils d'administration. Parce que le pouvoir, c'est la capacité au moment ultime de tuer l'adversaire. C'est, au final, l'instinct de mort. C'est pourquoi le pouvoir est le grand tabou de notre époque. »

Eric Zemmour, Le premier sexe

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23/09/2012

Une interminable défaite

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« - Quand je suis entré dans ce métier, je l’ai fait abstraitement, en quelque sorte, parce que j’en avais besoin, parce que c’était une situation comme les autres, une de celles que les jeunes gens se proposent. Peut-être aussi parce que c’était particulièrement difficile pour un fils d’ouvrier comme moi. Et puis il a fallu voir mourir. Savez-vous qu’il y a des gens qui refusent de mourir ? Avez-vous jamais entendu une femme crier : « Jamais ! » au moment de mourir ? Moi, oui. Et je me suis aperçu alors que je ne pouvais pas m’y habituer. J’étais jeune et mon dégoût croyait s’adresser à l’ordre même du monde. Depuis, je suis devenu plus modeste. Simplement, je ne suis toujours pas habitué à voir mourir. Je ne sais rien de plus. Mais après tout...
Rieux se tut et se rassit. Il se sentait la bouche sèche.
- Après tout ? dit doucement Tarrou.
- Après tout..., reprit le docteur, et il hésita encore, regardant Tarrou avec attention, c’est une chose qu’un homme comme vous peut comprendre, n’est-ce pas, mais puisque l’ordre de monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers le ciel où il se tait.
- Oui, approuva Tarrou, je peux comprendre. Mais vos victoires seront toujours provisoires, voilà tout.
Rieux parut s’assombrir.
- Toujours, je le sais. Ce n’est pas une raison pour cesser de lutter.
- Non, ce n’est pas une raison. Mais j’imagine alors ce que doit être cette peste pour vous.
- Oui, dit Rieux. Une interminable défaite. »

Albert Camus, La Peste

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22/09/2012

"L'obsession de la moisson et l'indifférence à l'histoire sont les deux extrémités de mon arc."

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« "L'obsession de la moisson et l'indifférence à l'histoire, écrit ad-mirablement René Char, sont les deux extrémités de mon arc." Si le temps de l'histoire n'est pas fait du temps de la moisson, l'histoire n'est en effet qu'une ombre fugace et cruelle où l'homme n'a plus sa part. Qui se donne à cette histoire ne se donne à rien et à son tour n'est rien. Mais qui se donne au temps de sa vie, à la maison qu'il dé-fend, à la dignité des vivants, celui-là se donne à la terre et en reçoit la moisson qui ensemence et nourrit à nouveau. Pour finir, ceux-là font avancer l'histoire qui savent, au moment voulu, se révolter contre elle aussi. Cela suppose une interminable tension et la sérénité crispée dont Parle le même poète. Mais la vraie vie est présente au coeur de ce déchirement. Elle est ce déchirement lui-même, l'esprit qui plane sur des volcans de lumière, la folie de l'équité, l'intransigean-ce exténuante de la mesure. Ce qui retentit pour nous aux confins de cette longue aventure révoltée, ce ne sont pas des formules d'opti-misme, dont nous n'avons que faire dans l'extrémité de notre malheur, mais des paroles de courage et d'intelligence qui, près de la mer, sont même vertu. »

Albert Camus, L'Homme Révolté

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21/09/2012

Le moi est prononcé

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« À partir du moment où l'on reconnaît que le monde ne poursuit aucune fin, Nietzsche propose d'admettre son innocence, d'affirmer qu'il ne relève pas du jugement puisqu'on ne peut le juger sur aucune intention, et de remplacer par conséquent tous les jugements de valeur par un seul oui, une adhésion entière et exaltée à ce monde. Ainsi, du désespoir absolu jaillira la joie infinie, de la servitude aveugle, la liberté sans merci. Etre libre, c'est justement abolir les fins. L'innocence du devenir, dès qu'on y consent, figure le maximum de li-berté. L'esprit libre aime ce qui est nécessaire. La pensée profonde de Nietzsche est que la nécessité des phénomènes, si elle est absolue, sans fissures, n'implique aucune sorte de contrainte. L'adhésion totale à une nécessité totale, telle est sa définition paradoxale de la liberté. La question 'libre de quoi ?' est alors remplacée par 'libre pour quoi ?' La liberté coïncide avec l'héroïsme. Elle est l'ascétisme du grand homme, 'l'arc le plus tendu qui soit'. Cette approbation supérieure, née de l'abondance et de la plénitude, est l'affirmation sans restrictions de la faute elle-même et de la souffrance, du mal et du meurtre, de tout ce que l'existence a de problématique et d'étrange. Elle naît d'une volonté arrêtée d'être ce que l'on est dans un monde qui soit ce qu'il est, 'Se considérer soi-même comme une fatalité, ne pas vouloir se faire autrement que l'on est...' Le moi est prononcé. »

Albert Camus, L'Homme Révolté

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20/09/2012

Contre ces doctrinaires qui se déclarent affranchis de toute règle et de tout scrupule

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« Si j'ai essayé de définir quelque chose, ce n'est rien d'autre, au contraire, que l'existence commune de l'histoire et de l'homme, la vie de tous les jours à édifier dans le plus de lumière possible, la lutte obstinée contre sa propre dégradation et celle des autres.
C'est aussi de l'idéalisme, et du pire, que de finir par surprendre toute action et toute vérité à un sens de l'histoire qui n'est pas inscrit dans les événements et qui, de toutes manières, suppose une fin my-thique. Serait-ce donc du réalisme que de prendre pour loi de l'histoi-re l'avenir, c'est-à-dire justement ce qui n'est pas encore l'histoire, et dont nous ne savons rien de ce qu'il sera ?

Il me semble au contraire que je plaide pour un vrai réalisme contre une mythologie à la fois illogique et meurtrière, et contre le nihilisme romantique, qu'il soit bourgeois ou prétendument révolutionnaire. Pour tout dire, loin d'être romantique, je crois à la nécessité d'une règle et d'un ordre. Je dis simplement qu'il ne peut s'agir de n'importe quelle règle. Et qu'il serait surprenant que la règle dont nous avons besoin nous fût donnée par cette société déréglée, ou, au contraire, par ces doctrinaires qui se déclarent affranchis de toute règle et de tout scrupule. »

Albert Camus, L'artiste et son temps, in Actuelles II - Chroniques, 1948-1953

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19/09/2012

Ce sont là des joies saines

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« Ce sont là des joies saines. Il faut bien croire qu'elles constituent l'idéal de ces jeunes gens puisque la plupart continuent cette vie pendant l'hiver et, tous les jours à midi, se mettent nus au soleil pour un déjeuner frugal. Non qu'ils aient lu les prêches ennuyeux des naturistes, ces protestants de la chair (il y a une systématique du corps qui est aussi exaspérante que celle de l'esprit). Mais c'est qu'ils sont « bien au soleil ». On ne mesurera jamais assez haut l'importance de cette coutume pour notre époque. Pour la première fois depuis deux mille ans, le corps a été mis nu sur des plages. Depuis vingt siècles, les hommes se sont attachés à rendre décentes l'insolence et la naïveté grecques, à diminuer la chair et compliquer l'habit. Aujourd'hui et par-dessus cette histoire, la course des jeunes gens sur les plages de la Méditerranée rejoint les gestes magnifiques des athlètes de Délos. Et à vivre ainsi près des corps et par le corps, on s'aperçoit qu'il a ses nuances, sa vie et, pour hasarder un non-sens, une psychologie, qui lui est propre. »

Albert Camus, L'été à Alger, in Noces

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18/09/2012

Le Fascisme et l'Antifascisme par Pier Paolo Pasolini

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J'ai choisi la justice pour rester fidèle à la terre

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« J'ai choisi la justice au contraire, pour rester fidèle à la terre. Je continue à croire que ce monde n'a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens et c'est l'homme, parce qu'il est le seul être à exiger d'en avoir. Ce monde a du moins la vérité de l'hom-me et notre tâche est de lui donner ses raisons contre le destin lui-même. Et il n'a pas d'autres raisons que l'homme et c'est celui-ci qu'il faut sauver si l'on veut sauver l'idée qu'on se fait de la vie. Votre sourire et votre dédain me diront : qu'est-ce que sauver l'homme ? Mais je vous le crie de tout moi-même, c'est ne pas le mutiler et c'est donner ses chances à la justice qu'il est le seul à concevoir.
Voilà pourquoi nous sommes en lutte. Voilà pourquoi nous avons dû vous suivre d'abord dans un chemin dont nous ne voulions pas et au bout duquel nous avons, pour finir, trouvé la défaite. Car votre déses-poir faisait votre force. Dès l'instant où il est seul, pur, sûr de lui, im-pitoyable dans ses conséquences, le désespoir a une puissance sans merci. C'est celle qui nous a écrasés pendant que nous hésitions et que nous avions encore un regard sur des images heureuses. Nous pensions que le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu'on fait contre le destin qui nous est impose. Même dans la défaite, ce regret ne nous quittait pas. » (Juillet 1944)

Albert Camus, Lettres à un ami allemand

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17/09/2012

L'Europe

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« Vous parlez de l'Europe mais la différence est que l'Europe, pour vous, est une propriété tandis que nous nous sentons dans sa dé-pendance. Vous n'avez parlé ainsi de l'Europe qu'à partir du jour où vous avez perdu l'Afrique. Cette sorte d'amour n'est pas la bonne. Cette terre où tant de siècles ont laissé leurs exemples n'est pour vous qu'une retraite forcée tandis qu'elle a toujours été notre meil-leur espoir. Votre trop soudaine passion est faite de dépit et de né-cessité. C'est un sentiment qui n'honore personne et vous compren-drez alors pourquoi aucun Européen digne de ce nom n'en a plus voulu.
Vous dites Europe, mais vous pensez terre à soldats, grenier à blé, industries domestiquées, intelligence dirigée. Vais-je trop loin ? Mais du moins je sais que lorsque vous dites Europe, même à vos meilleurs moments, lorsque vous vous laissez entraîner par vos propres menson-ges, vous ne pouvez vous empêcher de penser à une cohorte de nations dociles menée par une Allemagne de seigneurs, vers un avenir fa-buleux et ensanglanté. je voudrais que vous sentiez bien cette diffé-rence, l'Europe est pour vous cet espace cerclé de mers et de monta-gnes, coupé de barrages, fouillé de mines, couvert de moissons, où l'Al-lemagne joue une partie, dont son seul destin est l'enjeu. Mais elle est pour nous cette terre de l'esprit où depuis vingt siècles se poursuit la plus étonnante aventure de l'esprit humain. Elle est cette arène privi-légiée où la lutte de l'homme d'Occident contre le monde, contre les dieux, contre lui-même, atteint aujourd'hui son moment le plus boule-versé. Vous le voyez, il n'y a pas de commune mesure. » (Avril 1944)

Albert Camus, Lettres à un ami allemand

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16/09/2012

Votre défaite est inévitable

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« Car nous serons vainqueurs, vous n'en doutez pas. Mais nous serons vainqueurs grâce à cette défaite même, à ce long cheminement qui nous a fait trouver nos raisons, à cette souffrance dont nous avons senti l'injustice et tiré la leçon. Nous y avons appris le secret de toute victoire et si nous ne le perdons pas un jour, nous connaîtrons la victoire définitive. Nous y avons appris que contrairement à ce que nous pensions parfois, l'esprit ne peut rien contre l'épée, mais que l'esprit uni à l'épée est le vainqueur éternel de l'épée tirée pour elle-même. Voilà pourquoi nous avons accepté maintenant l'épée, après nous être assurés que l'esprit était avec nous. Il nous a fallu pour cela voir mourir et risquer de mourir, il nous a fallu la promenade matinale d'un ouvrier français marchant à la guillotine, dans les couloirs de sa prison, et exhortant ses camarades, de porte en porte, à montrer leur coura-ge. Il nous a fallu enfin, pour nous emparer de l'esprit, la torture de notre chair. On ne possède bien que ce qu'on a payé. Nous avons payé chèrement et nous paierons encore. Mais nous avons nos certitudes, nos raisons, [30] notre justice : votre défaite est inévitable. » (Juillet 1943)

Albert Camus, Lettres à un ami allemand

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15/09/2012

Et c'est pourquoi l'espoir ne me quitte pas

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« Mais je veux être clair avec vous. Je crois que la France a perdu sa puissance et son règne pour longtemps et qu'il lui faudra pendant longtemps une patience désespérée, une révolte attentive pour retrouver la part de prestige nécessaire à toute culture. Mais je crois qu'elle a perdu tout cela pour des raisons pures. Et c'est pourquoi l'espoir ne me quitte pas. Voilà tout le sens de ma lettre. Cet homme que vous avez plaint, il y a cinq ans, d'être si réticent à l'égard de son pays, c'est le même qui veut vous dire aujourd'hui, à vous et à tous ceux de notre âge en Europe et dans le monde : "J'appartiens à une nation admirable et persévérante qui, par-dessus son lot d'erreurs et de faiblesses, n'a pas laissé perdre l'idée qui fait toute sa grandeur et que son peuple toujours, ses élites quelquefois, cherchent sans cesse à formuler de mieux en mieux. J'appartiens à une nation qui depuis quatre ans a recommencé le parcours de toute son histoire et qui, dans les décombres, se prépare tranquillement, sûrement, à en refaire une autre et à courir sa chance dans un jeu où elle part sans atouts. Ce pays vaut que je l'aime du difficile et exigeant amour qui est le mien. Et je crois qu'il vaut bien maintenant qu'on lutte pour lui puisqu'il est digne d'un amour supérieur. Et je dis qu'au contraire votre nation n'a eu de ses fils que l'amour qu'elle méritait, et qui était aveugle. On n’est pas justifié par n'importe quel amour. C'est cela qui vous perd. Et vous qui étiez déjà vaincus dans vos plus grandes victoires, que sera-ce dans la défaite qui s'avance ?" » (Juillet 1943)

Albert Camus, Lettres à un ami allemand

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Dans un monde sans liberté

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« Le seul moyen d'affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre qu'on fasse de sa propre existence un acte de révolte. »

Albert Camus, L'Homme révolté

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14/09/2012

Rétablir l'ordre...

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« Quand le monde nous semble vaciller sur ses bases, un regard jeté sur une fleur peut rétablir l'ordre. »

Ernst Jünger, La Cabane dans la vigne

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Sois fort, tu seras libre

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« Sois fort, tu seras libre ; accepte la souffrance
Qui grandit ton courage et t’épure ; sois roi
Du monde intérieur, et suis ta conscience,
Cet infaillible dieu que chacun porte en soi.

Espères-tu que ceux qui, par leur providence
Guident les sphères d’or, vont violer pour toi
L’ordre de l’univers ? Allons, souffre en silence,
Et tâche d’être un homme et d’accomplir ta loi.

Les grands dieux savent seuls si l’âme est immortelle ;
Mais le juste travaille à leur œuvre éternelle,
Fût-ce un jour, leur laissant le soin de l’avenir,

Sans rien leur envier, car lui, pour la justice
Il offre librement sa vie en sacrifice,
Tandis qu’un dieu ne peut ni souffrir ni mourir. »

Louis Ménard, "Stoïcisme", in "Rêveries d’un païen mystique"

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