24/04/2012
Le sentiment toujours fuyant de sa propre existence.
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Dans une lettre très intime et très sincère, adressée à un de ses amis, il disait : "Les dernières années de ma vie ont été une lutte continuelle contre les sentiments qui en ont rendu la première partie si amère; bien que je me flatte de les avoir en partie vaincus, il y a encore des moments où je suis aussi naïf qu'auparavant; Je n'en ai jamais tant dit, et ne l'aurais même pas dit à vous, si je ne craignais d'avoir été un peu brutal et ne désirais vous en donner la cause. Mais vous savez que je ne suis pas un de vos gentlemen doloristes : donc, maintenant, rions." En effet, il n'en avait jamais tant dit, mais là était bien la clef de ses contradictions apparentes. Depuis plusieurs années il luttait pour tuer en lui un Sentimental qui l'avait fait cruellement souffrir. Trop brave pour se complaire dans le rôle de "gentleman doloriste", mais croyant avoir perdu toute confiance dans les femmes et dans les hommes, il essayait de vivre en Corsaire du plaisir, sans amour et sans amitié. Le malheur était que, dans le silence des passions, il s'ennuyait à crier.
Il y a, chez les êtres qui ont souffert et dont l'habitude ou l'oubli ont guéri la souffrance, une prodigieuse aptitude à l'ennui, parce que la douleur, tout en rendant notre vie insupportable, la remplit de sentiments si vifs qu'ils en masquent le néant. Byron avait commencé la vie par un grand amour. Cet amour avait été un échec, mais avait donné à cet enfant le besoin d'une agitation sentimentale qui lui était devenue nécessaire. Comme un voyageur au palais gâté par les épices trouve fade toute nourriture saine, Byron dans le calme du cœur ne percevait plus le goût de la vie. Il se croyait prêt à poursuivre toute passion violente, même criminelle, pourvu qu'elle lui rendît le sentiment toujours fuyant de sa propre existence. »
André Maurois, Don Juan ou la vie de Byron
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
23/04/2012
Solitude et société doivent se composer et se succéder
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude. »
Sénèque, De la tranquillité de l'âme
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
22/04/2012
Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Parce que Kipling s’identifie à la classe des officiels, il possède une chose qui fait presque toujours défaut aux esprits "éclairés"- et c’est le sens de la responsabilité. Les bourgeois de gauche le détestent presque autant pour cela que pour sa cruauté et sa vulgarité. Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie, car ils affichent de combattre quelque chose dont, en profondeur, ils ne souhaitent pas la destruction. Ils ont des objectifs internationalistes, et en même temps ils sont bien décidés à maintenir un niveau de vie qui est incompatible avec ces objectifs. Nous vivons tous de l’exploitation des coolies asiatiques, et ceux d’entre nous qui sont "éclairés" soutiennent que ces coolies devraient être libérés ; mais notre niveau de vie et donc aussi notre capacité de développer des opinions "éclairées" exigent que le pillage continue. L’attitude humanitaire est donc nécessairement le fait d’un hypocrite, et c’est parce qu’il comprenait cette vérité que Kipling possédait ce pouvoir unique de créer des expressions qui frappent. Il serait difficile de river le clou au pacifisme niais des Anglais en moins de mots que dans la phrase : "Vous vous moquez des uniformes qui veillent sur votre sommeil !" Kipling, il est vrai, ne comprenait pas les aspects économiques des relations entre l’élite intellectuelle et les vieilles culottes de peau ; il ne voyait pas que si le planisphère est peint en rose, c’est essentiellement afin de pouvoir exploiter le coolie. Au lieu de considérer le coolie, il ne voyait que le fonctionnaire du gouvernement indien, mais même sur ce plan là, il saisissait exactement le mécanisme des relations : qui protège qui. Il percevait clairement que, si certains peuvent être hautement civilisés, c’est seulement parce que d’autres, qui sont inévitablement moins civilisés, sont là pour les défendre et les nourrir. (Georges Orwell, Œuvres complètes, p186-187) »
Cité par Simon Leys, in Orwell ou l’horreur de la politique
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
21/04/2012
Vichyssois, gaullistes et bolchéviques
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Les vichyssois furent beaucoup moins les complices des nazis que les gaullistes ne furent les alliés objectifs du bolchevisme. »
Raymond Abellio, Sol invictus
15:15 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Une vision du monde qui s'est objectivée
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Le spectacle ne peut être compris comme l'abus d'un mode de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une Weltanschauung devenue effective, matériellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objectivée. »
Guy Debord, La société du spectacle
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
20/04/2012
Un manque d'imagination
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« (...) Quand nous relisons les écrits des dissidents et des exilés soviétiques et est européens, nous sommes frappés par un thème récurrent : leur stupeur, leur indignation et leur colère face à la stupidité, à l’ignorance et à l’indifférence de l’opinion occidentale, tout particulièrement de la classe intellectuelle, qui resta largement incapable de saisir la criante réalité de cette peste totalitaire qui affectait l’existence d’une moitié du genre humain. Et pourtant, les pays occidentaux employaient de vaste ressources à rassembler des informations sur les divers régimes communistes, tant en finançant la recherche universitaire qu’en organisant de coûteux réseaux d’espionnage. Ces énormes efforts ne produisaient guère de résultats. Robert Conquest, un des très rares soviétologues a avoir vu clair dés le début, éprouva d’extrêmes frustrations chaque fois qu’il tenta de communiquer son savoir ; après la désintégration de l’URSS, son éditeur lui suggéra de rééditer un recueil de ses anciens écrits et lui demanda quel titre on pourrait donner à ce volume. Conquest réfléchit une seconde et dit : "Je vous l’avais bien dit, foutus crétins !"
Chose remarquable, le nom d’un écrivain occidental est fréquemment mentionné dans les écrits des grands dissidents des pays de l’Est ; ils lui rendent hommage comme au seul auteur à avoir aperçu la réalité concrète de leur condition, jusque dans ses bruits et ses odeurs – et c’est Georges Orwell. Aleksander Nekrich résume bien cette opinion : "Georges Orwell fut peut-être le seul écrivain occidental qui ait réussi à comprendre la nature profonde du monde soviétique." Czeslaw Milosz et beaucoup d’autres formulèrent un jugement semblable. Et pourtant, 1984 est un ouvrage de fiction – une projection imaginaire, avec une Angleterre future comme toile de fond.
L’incapacité occidentale à comprendre la réalité soviétique et toutes ses variantes asiatiques n’étaient pas due à un manque d’information (celle-ci fut toujours abondante) : ce fut un manque d’imagination.(...) »
Simon Leys, Revue "Commentaire", printemps 2008
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
19/04/2012
Non à l’intronisation de l’Islam en France, par Jacques Ellul (1989)
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Ce n’est pas une marque d’intolérance religieuse : je dirais "oui", aisément, au bouddhisme, au brahmanisme, à l’animisme..., mais l’islam, c’est autre chose. C’est la seule religion au monde qui prétende imposer par la violence sa foi au monde entier.
Je sais qu’aussitôt on me répondra : "Le christianisme aussi !"
Et l’on citera les croisades, les conquistadors, les Saxons de Charlemagne, etc. Eh bien il y a une différence radicale.
Lorsque les chrétiens agissaient par la violence et convertissaient par force, ils allaient à l’inverse de toute la Bible, et particulièrement des Evangiles. Ils faisaient le contraire des commandements de Jésus, alors que lorsque les musulmans conquièrent par la guerre des peuples qu’ils contraignent à l’Islam sous peine de mort, ils obéissent à l’ordre de Mahomet.
Le djihad est la première obligation du croyant. Et le monde entier doit entrer, par tous les moyens, dans la communauté islamique.
Je sais que l’on objectera : "Mais ce ne sont que les 'intégristes' qui veulent cette guerre."
Malheureusement, au cours de l’histoire complexe de l’Islam, ce sont toujours les "intégristes", c’est-à-dire les fidèles à la lettre du Coran, qui l’ont emporté sur les courants modérés, sur les mystiques, etc.
Déclarer sérieusement qu’en France l’adhésion de "certains musulmans" à l’intégrisme est le résultat d’une crise d’identité est une désastreuse interprétation.
L'intégrisme en Iran, en Syrie, au Soudan, en Arabie Saoudite, maintenant en Algérie est-il une réaction à une crise d’identité ?
Non, l’intégrisme est seulement le réveil de la conscience religieuse musulmane chez des hommes qui sont musulmans mais devenus plus ou moins "tièdes".
Maintenant, le réveil farouche et orthodoxe est un phénomène mondial. Il faut vivre dans la lune pour croire que l’on pourra "intégrer" des musulmans pacifiques et non conquérants. Il faut oublier ce qu’est la rémanence du sentiment religieux (ce que je ne puis développer ici). Il faut oublier la référence obligée au Coran. Il faut oublier que jamais pour un musulman l’Etat ne peut être laïque et la société sécularisée: c’est impensable.
Il faut enfin oublier comment s’est faite l’expansion de l’Islam du VIe au IXe siècle. Une étude des historiens arabes des VIIe et IXe siècles, que l’on commence à connaître, est très instructive : elle apprend que l’islam s’est répandu en trois étapes dans les pays chrétiens d’Afrique du Nord et de l’Empire byzantin. Dans une première étape, une infiltration pacifique de groupes arabes isolés, s’installant en paix. Puis une sorte d’acclimatation religieuse: on faisait pacifiquement admettre la validité de la religion coranique. Et ce qui est ici particulièrement instructif, c’est que ce sont les chrétiens qui ouvraient les bras à la religion soeur, sur le fondement du monothéisme et de la religion du Livre, et enfin lorsque l’opinion publique était bien accoutumée, alors arrivait l’armée qui installait le pouvoir islamique — et qui aussitôt éliminait les Eglises chrétiennes en employant la violence pour convertir.
Nous commençons à assister à ce processus en France (les autres pays européens se défendent mieux). Mais c’est du rêve éveillé que de présenter un programme de fédération islamique en France, pour mieux intégrer les musulmans. Ce sera au contraire le début de l’intégration des Français dans l’islam.
La seule mesure juridique valable, c’est de passer avec tous les immigrés un contrat comportant : la reconnaissance de la laïcité du pouvoir, la promesse de ne jamais recourir au djihad (en particulier sous forme individuelle — terrorisme, etc.), le renoncement à la diffusion de l’islam en France. Et si un immigré, beur ou pas, désobéit à ces trois principes, alors, qu’il soit immédiatement rapatrié dans son pays. »
Jacques Ellul, Article paru dans l'hebdomadaire "Réforme" le 15 juillet 1989
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
18/04/2012
La recomposition du paysage humain
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Les Français observent la rue, le métro, les salles de classe, surtout dans les quartiers populaires, et constatent l’évidence, ce que Tahar Ben Jelloun appelle joliment "la recomposition du paysage humain". Et que d’autres, plus amers, qualifient de "grand remplacement". Les experts protestent encore : "Ce sont des Français." Argument imparable, mais qui prouve qu’un biais idéologique, certes moral et légitime - ne pas remettre en question la nationalité des "nouveaux Français" - altère la présentation des chiffres. La France est le seul pays d’Europe où l’ancienneté continue de l’immigration de masse, le droit du sol, et l’interdiction des statistiques ethniques se conjuguent pour rendre toute discussion scientifiquement impossible. Tout le reste est idéologique.
"Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer tout ce qu’on veut leur faire dire", ironisait le grand démographe Alfred Sauvy. La part des étrangers dans la population française est restée stable depuis 1975 et même les années 1930 : 10 %. Chiffre invariablement brandi depuis trente ans. Chiffre indiscutable. Chiffre d’une rare mauvaise foi pourtant. Imaginons que surviennent cent millions d’Africains (ou de Chinois ou de Brésiliens) dans notre beau pays ; on donne aussitôt une carte d’identité à chacun ; la part d’étrangers dans la population française n’aura pas bougé d’un millième de point. C’est ainsi que l’on a agi depuis trente ans : aux cent mille étrangers, solde annuel entre les entrants et les sortants (deux cent mille depuis dix ans), sans tenir compte des irréguliers, ont correspondu autant de naturalisations. »
Eric Zemmour, Mélancolie française
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
17/04/2012
La seule bataille qui compte, la démographique
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Tu sais, l’islam a toujours accepté la présence de ce que nous appelons les dhimmi sur son territoire. Il y a une maison de la foi, il y a une maison de la guerre, mais il y a aussi une maison du compromis. Je ne vais pas te demander de prononcer la chahada là, d’un seul coup, devant moi, mais je voudrais que tu comprennes que nous respectons aussi les autres religions du Livre, que nous avons la Bible en commun, et que, finalement, nos "valeurs", comme disent les crétins, sont les mêmes. Je voudrais simplement que tu me fasses confiance quand je te dis que 732 est la date la plus noire de l’histoire de France, que, si seulement, Charles Martel avait été battu à Poitiers, la France serait probablement la maîtresse de l’Europe à l’heure qu’il est, qu’elle aurait déjà construit mille mosquées plus belles que Cordoue, que c’est elle, plutôt que l’Italie, qui aurait inventé la Renaissance, et qu’aujourd’hui, grâce à la présence de l’immigration maghrébine, la France est enfin en train de rattraper un retard de treize cents ans. Tous les musulmans de France sont contre le désordre et contre le PACS ! Crée en France un État musulman et la criminalité y disparaîtra en quelques semaines. Comprends donc, 2K, qu’aujourd’hui, en France, ce sont les musulmans qui défendent tes "valeurs". J’ai été frappé par ce que me disait un brave toubib français, probablement un peu réactionnaire. II me disait : "J’en ai marre d’avorter des Françaises et d’accoucher des Maghrébines." Ne te fais pas d’illusions, 2K, nous avons déjà gagné la seule bataille qui compte, la démographique. »
Vladimir Volkoff, L'enlèvement
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
16/04/2012
L’Islam ne veut qu’une chose : gagner, triompher, extirper le cancer d’Israël du corps du monde islamique.
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« L’Arabe attend de vous coincer en état de faiblesse, et là, il déchire le parchemin, et il attaque. »
« Le Juif passe son temps à s’accuser de ce qui se passe au Caire. Il s’accuse de ce qui se passe à Bagdad. Mais à Bagdad, croyez-moi, on ne s’accuse pas de ce qui se passe à Jérusalem. Leur civilisation ne repose pas sur le doute, mais sur les certitudes. L’Islam ne connaît pas le fléau de ces braves gens bien intentionnés qui veulent être sûrs de ne pas mal agir. L’Islam ne veut qu’une chose : gagner, triompher, extirper le cancer d’Israël du corps du monde islamique. »
« On ne rend pas justice à la colère ; c’est parfois distrayant, un vrai bonheur. »
Philip Roth, La Contrevie
13:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'Art de ne rien faire
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« En effet, rien de ce qui touche aux vacances ne m’est étranger : incompétent dans la quasi-totalité des domaines, il est en revanche un art où j’excelle, qui est celui de ne rien faire.
Les cuistres publient des livres sur la civilisation des loisirs que sera, paraît-il, celle de l’an 2000. Pour moi, je pense au contraire qu’il n’y aura pas de valeur plus étrangère à la termitière de l’an 2000 que le loisir. La termitière de l’an 2000 - plus encore que celle de l’an 1964 - sera démocratique et collectiviste. Le loisir, lui, est d’essence aristocratique ; il est le privilège des meilleurs, donc du petit nombre.
Si j’aime tant les anciens Romains, ce n’est pas parce qu’ils furent de bons soldats et d’éminents juristes : je me moque de l’armée et du droit. Si je les aime, c’est parce que la civilisation antique fut une civilisation de l’art de vivre, une civilisation de la paresse. L’idéal du monde antique fut l’otium cum dignitate. La formule est de Cicéron, mais les vers de Lucrèce sur les "divins loisirs", le traité de Sénèque sur l’oisiveté, l’œuvre d’Horace, le Satiricon de Pétrone et de nombreux autres textes témoignent qu’elle fut la devise de toute l’Antiquité classique.
Ce qui, au contraire, caractérise notre temps, c’est l’obsession de la distraction et du divertissement, qui ne sont que des formes camouflées du travail : qu’il soit au bureau ou en "voyage organisé", l’homme moderne recherche toujours la même chose, qui est l’oubli de son vide intérieur. Avoir peur de s’ennuyer et peur d’être seul, répugner à ne rien faire, aimer l’action pour l’action, autant de signes irréfragables de médiocrité et de bassesse d’âme.
N’en déplaise à nos technocrates, la civilisation de demain ne sera pas celle des loisirs, mais celle de l’image, du bruit et de la dispersion qui sont les instruments diaboliques de la fausse culture et de la crétinisation massive. Toutefois, ne nous lamentons pas sur cette crétinisation : ceux qui se laissent crétiniser ont par nature de singulières dispositions à l’être. Félicitons-nous plutôt du nombre croissant d’imbéciles : parmi eux, les gens d’esprit n’en brilleront que mieux. »
Gabriel Matzneff, Sur l’art du farniente. Journal "Combat", mars 1964
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
15/04/2012
Христос Bоскресе ! Christ est ressuscité !
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
C'est la Pâque Orthodoxe ! Ô mes frères ! Réjouissez-vous !
Christ est ressuscité !!!
Il est assurément ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Louanges au Très-Haut ! Louanges à Dieu l'Unique ! Louanges au Créateur de l'Univers !
« 1 Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur; et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre.
2 Elle courut vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l'ont mis.
3 Pierre et l'autre disciple sortirent, et allèrent au sépulcre.
4 Ils couraient tous deux ensemble. Mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ;
5 s'étant baissé, il vit les bandes qui étaient à terre, cependant il n'entra pas.
6 Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le sépulcre; il vit les bandes qui étaient à terre,
7 et le linge qu'on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandes, mais plié dans un lieu à part.
8 Alors l'autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi; et il vit, et il crut.
9 Car ils ne comprenaient pas encore que, selon l'Ecriture, Jésus devait ressusciter des morts.
10 Et les disciples s'en retournèrent chez eux.
11 Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre ;
12 et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds.
13 Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis.
14 En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout; mais elle ne savait pas que c'était Jésus.
15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai.
16 Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu: Rabbouni ! c'est-à-dire, Maître !
17 Jésus lui dit : Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. 18
Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses.
19 Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec vous !
20 Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur.
21 Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.
22 Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.
23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.
24 Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
25 Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.
26 Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux.
27 Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois.
28 Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu !
29 Jésus lui dit : Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru !
30 Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. »
Evangile de Jean, Chapitre 20
05:30 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
14/04/2012
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ?
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ?
Exceptionnellement, oui.
D'une manière générale, non.
Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du medhi, il n'y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à l'approche du jugement dernier le medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans.
Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l'engage à subir avec calme son épreuve ; « l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération », disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du medhi, en lequel ils soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ?
Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du medhi... »
Père Charles de Foucauld, Lettre à René Bazin, de l'Académie française, le 29 juillet 1916
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
13/04/2012
L’homme n’est plus aujourd’hui maître ni possesseur
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« L’homme n’est plus aujourd’hui maître ni possesseur de quoi que ce soit, il est tout au contraire asservi et dépossédé par une machinerie planétaire qui dévaste méthodiquement une nature réduite (...) Seule la machination détient aujourd’hui la puissance de décèlement et de constitution du tout de l’étant, elle le dévoile comme matière première de son propre fonctionnement, et l’homme lui-même, "devenu matériel humain, se voit assimilé aux matières premières et à l’outillage" (Heidegger, Nietzsche II, GA 6.2, p. 351). »
Jean Vioulac, L’époque de la technique. Marx, Heidegger et l’accomplissement de la métaphysique
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
11/04/2012
Putes et soumises
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Les femmes qui se connaissent elles-mêmes savent qu’elles sont fondamentalement "putes et soumises" et que toute leur vie est un combat contre cette putasserie et cette soumission. Alors tant mieux si ça les a fait évoluer sur le plan social, mais fondamentalement, quand une femme est excitée dans votre lit, elle est et pute et soumise, et ça la fait jouir, je ne parle pas de l’homme qui jouira de ça, c’est elle qui jouira d’être pute et soumise. C’est la nature féminine qui est comme ça, et tant mieux, c’est ça qui est magnifique, splendide. »
Marc-Edouard Nabe, Entretien avec Hot Vidéo, janvier 2012
Lisez l'entrevue intégrale ci-dessous...
01/04 - Cliquez sur la photo
02/04 - Cliquez sur la photo
03/04 - Cliquez sur la photo
04/04 - Cliquez sur la photo
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
10/04/2012
Ceux qui ne se connaissent pas avec respect, avec amour et avec crainte comme la continuité de leurs parents, comment trouveront-ils leur direction ?
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Long travail de forage ! Après une analyse aiguë et profonde je trouvai dans mon petit jardin la source jaillissante. Elle vient de la vaste nappe qui fournit toutes les fontaines de ma cité. Ceux qui n’atteignent point à ces réservoirs sous-jacents, ceux qui ne se connaissent pas avec respect, avec amour et avec crainte comme la continuité de leurs parents, comment trouveront-ils leur direction ?
C’est ma filiation qui me donne l’axe autour duquel tourne ma conception totale, sphérique de la vie.
Tant que je demeurerai, ni mes ascendants ni mes bienfaiteurs ne seront tombés en poussière. Et j’ai confiance que moi-même, quand je ne pourrai plus me protéger, je serai abrité par quelques-uns de ceux que j’éveille.
Ainsi je possède mes points fixes, mes repérages dans le passé et dans la postérité. Si je les relie, j’obtiens une des grandes lignes du classicisme français. Comment ne serais-je point prêt à tous les sacrifices pour la protection de ce classicisme qui fait mon épine dorsale ? »
Maurice Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
09/04/2012
Des spécialistes en prolétariat
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Presque tous les écrivains français qui prétendent aujourd’hui parler au nom du prolétariat sont nés de parents aisés ou fortunés. Ce n’est pas une tare, il y a du hasard dans la naissance, et je ne trouve à cela ni du bien ni du mal. Je me borne de signaler au sociologue une anomalie et un objet d’études. On peut d’ailleurs essayer d’expliquer ce paradoxe en soutenant, avec un sage de mes amis, que parler de ce qu’on ignore finit par vous l’apprendre. Il reste qu’on peut avoir ses préférences. Et pour moi, j’ai toujours préféré qu’on témoignât, si j’ose dire, après avoir été égorgé. La pauvreté, par exemple, laisse à ceux qui l’ont vécu une intolérance qui supporte mal qu’on parle d’un certain dénuement autrement qu’en connaissance de cause. Dans les périodiques et les livres rédigés par les spécialistes du prolétariat, on traite souvent du prolétariat comme d’une tribu aux étranges coutumes et on en parle alors d’une manière qui donnerait aux prolétaires la nausée si seulement ils avaient le temps de lire les spécialistes pour s’informer de la bonne marche du progrès. De la flatterie dégoutante au mépris ingénu, il est difficile de savoir ce qui, dans ces homélies, est le plus insultant. Ne peut-on vraiment se priver d’utiliser et de dégrader ce qu’on prétend défendre ? Faut-il que la misère toujours soit volée deux fois ? Je ne le pense pas. Quelques hommes au moins, avec Vallès et Dabit, ont su trouver le seul langage qui convenait. Voilà pourquoi j’admire et j’aime l’œuvre de Louis Guilloux, qui ne flatte ni ne méprise le peuple dont il parle et qui lui restitue la seule grandeur qu’on ne puisse lui arracher, celle de la vérité. »
Albert Camus, Préface de "La Maison du Peuple" de Louis Guilloux
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
08/04/2012
Certains théologiens affirment que, sans avoir la foi, on peut être croyant "par le désir"
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Pierre Gripari était l’un des rares hommes (ils doivent se compter sur les doigts d’une main) que je tutoyais, et je lui disais souvent : "Pierre - ou Pierrot, Pétroucha, Pétrouchka... -, tu n’as aucun talent, mais tu as du génie." Je le croyais. Je le crois toujours. Cela ne lui déplaisait pas.
Pierre avait été stalinien - ce qui est tout de même mieux que communiste - avant de devenir ce qu’on appelle "fasciste". Dieu vomit les tièdes.
Pierre lisait le slavon dans le texte et il adorait les contrepèteries. Le premier talent ne lui était guère utile dans le monde (sauf chez moi), le second me créait quelques difficultés avec ma mère. Heureusement, elle n’en comprenait pas la plupart. Un jour, se frottant littéralement les mains de satisfaction, il me dit (il devait avoir la cinquantaine) : "J’ai changé d’adresse. Je ne suis plus dans une pension de famille. Pour la première fois de ma vie, je suis dans mes meubles." Or, pour tout meuble, il n’avait qu’un lit et quelques cartons soigneusement étiquetés: "chaussettes", "chandails", "caleçons". Plus tard, il eut deux tabourets et une chaise. La chaise était toujours "pour les dames".
C’est que Pierre vivait sa vocation d’écrivain dans un désintéressement total, sans la moindre compromission. Pour subsister, il écrivait des adresses sur des enveloppes, après avoir tenu la caisse du Grand Guignol.
Certains théologiens affirment que, sans avoir la foi, on peut être croyant "par le désir". Pierre n’était pas croyant "par le désir". Le blasphème sans cesse à la bouche et au bout de la plume, obsédé par les thèmes juifs et les thèmes chrétiens qu’il rejetait avec la même frénésie, théophobe plutôt qu’athée, il était, me semble-t-il, croyant "par la haine".
Et, ajoutée à sa passion non seulement de rendre toujours service, mais aussi, simplement, de faire constamment plaisir à autrui, cette haine-là devait, aux yeux de Dieu, valoir mille fois plus que la petite foi tremblotante qui anime la plupart de nous autres, soi-disant chrétiens. »
Vladimir Volkoff, La Garde des Ombres
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
07/04/2012
Des Rebelles
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Dans le monde postmoderne, le changement ne se produit plus par explosion, mais par implosion. La vie commence à changer lorsqu’un nombre suffisant de citoyens se détournent du jeu institutionnel parce qu’ils considèrent que "la vraie vie est ailleurs". Ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui, ce n’est pas de révolutionnaires - ces figures emblématiques de la modernité -, mais de rebelles. D’hommes et de femmes sur qui les slogans à la mode glissent comme la pluie sur les canards, tout simplement parce qu’ils ont choisi de penser et de vivre autrement. »
Alain de Benoist, Entretien à Zinnober
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
06/04/2012
Un séminaire de sensibilisation
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Pour appréhender le sens de cette période [les années soixante] il faut commencer avec sa promesse de libération sexuelle, la promesse qui a rencontré à la fois le plus et le moins de succès. Elle est celle qui a rencontré le plus de succès car elle est celle qui a été la plus avidement adoptée et qui a eu le plus de conséquences. Cette promesse est née d’une union illicite et forcée entre Freud et Marx, dans laquelle monsieur Marx a été contraint d’abandonner le principe selon lequel l’économie, et non pas la sexualité, est le point central de la libération, et monsieur Freud a dû renoncer à son affirmation qu’il est impossible de se libérer de la nature humaine. L’importance du sexe a donc été grossièrement magnifiée, comme s’il était l’alpha et l’oméga de la vie, et puisque cela ne suffisait pas, cette amplification a été combinée avec l’idée que toute restriction en matière de sexualité n’est rien d’autre qu’une inhibition irrationnelle, sans aucun lien avec la protection de quoique ce soit de bon dans la nature humaine. La modération ou la pudeur n’est ni bonne en elle-même, ni une source de bien en nous permettant de rechercher des plaisirs plus élevés que ceux de la sexualité. Au contraire, l’idéal de la libération sexuelle fait apparaitre la modération ou la pudeur comme stupide, pudibonde et ridicule.
Bien que la libération sexuelle ait eu le pouvoir d’égarer, elle a entièrement échoué à créer plus de libération ou une sexualité plus satisfaisante. Elle n’a pas produit davantage de plaisir, ni corporel ni psychique. Aucune modalité nouvelle ou aucune position nouvelle n’ont été découvertes, comme en témoigne l’identité de la pornographie avant et après l’avènement de la nouvelle ère. La principale difficulté en matière de pornographie est maintenant de recréer les conventions victoriennes de manière à avoir quelque règle à transgresser. Ce n’est pas amusant de toujours rencontrer, en imagination, quelqu’un qui en sait autant que vous. Puisque l’innocence est perdue, le seul obstacle à vaincre est d’obtenir le consentement du partenaire, mais puisque tous deux sont libérés, pourquoi ce consentement serait-il refusé ? Il n’est pas étonnant, par conséquent, qu’une sexualité plus libre ait produit plus de viols, exactement comme les prudes auraient pu le prédire. Il n’est pas étonnant non plus que cela ait fonctionné à l’avantage des hommes et au détriment des femmes, le sexe le moins agressif. La libération sexuelle a libéré la volonté de puissance plutôt que le sexe.
Le sexe sans inhibition est sans amour aussi bien que sans pudeur, car l’amour est ressenti comme une contrainte. Aimer limite vos options. Il est bien préférable de s’endurcir un peu, de manière à pouvoir partir lorsque vient le matin. Avec cette attitude, vous oubliez que si vous désirez le sexe plutôt que la conquête, vous pouvez égaler le record de Don Giovanni en étant heureusement marié. Et pour y parvenir il n’est nul besoin d’être riche ou d’être un aristocrate. En fait, il est plutôt préférable de n’être ni l’un ni l’autre. Mais Don Giovanni chantait magnifiquement pour duper ses conquêtes. Avec la libération sexuelle il n’y a plus de tromperie, plus de séduction, plus de jeu, plus de nuance, plus de galanterie, plus de romance, et Mick Jagger à la place de Mozart.
Le féminisme commença partiellement comme une réaction contre la révolution sexuelle, qui était en effet, comme nous l’avons vu, avant tout pour les mâles, ou plutôt pour les mâles prédateurs. Les femmes devaient être délivrées de la cuisine et de la nurserie, uniquement pour se retrouver confinées dans la chambre à coucher. Quel est notre intérêt dans tout ça ? demandèrent raisonnablement les femmes. Dans la mesure où les femmes désiraient être délivrées de la féminité, elles trouvèrent quelques avantages théoriques dans l’idéologie de la libération sexuelle. De manière plus pratique, les femmes qui faisaient des études, s’emparèrent avidement de l’idée nouvelle qu’il était acceptable, et même désirable, pour une jeune fille comme il faut d’avoir des relations sexuelles avant le mariage. Puisque le mariage était repoussé par le besoin de commencer une carrière professionnelle (= "trouver sa propre identité"), attendre jusque là était, en dehors de toute idéologie, simplement trop long.
Ce que le féminisme veut c’est que les femmes soient interchangeables avec les hommes. Comme l’indique l’usage du il/elle à la place du pronom impersonnel, partout où il y a un "il" il peut y avoir une "elle" ; et partout où il y a une "elle" il peut y avoir un "il". De cette manière une femme peut créer sa propre identité, libérée des attentes qui vont avec le fait d’être "femme", pour ne rien dire de celles qui vont avec le fait d’être "une dame". Elle peut devenir indépendante, tout comme un homme. Ce qui commence comme une contestation de la virilité, du machisme, et de la phallocratie se termine par une soumission complète à toutes ces choses, dès lors qu’il s’avère que ce qui motivait leur dénonciation était simplement la jalousie de ne pas y participer. Les féministes s’abandonnent donc au carriérisme et à la réussite, la même "autonomie " bidon, ou le même conformisme social qui se fait passer pour de la créativité individuelle, qui était rejeté avec mépris lorsqu’on lui appliquait le qualificatif de "bourgeois".
Disparues, ou du moins oubliées, les qualités féminines de loyauté, de tendresse, d’affection, d’amour maternel, et de séduction – qualités qui toutes supposent une certaine prise de distance avec les ambitions professionnelles mesquines. Disparu également le traditionnel scepticisme des femmes vis-à-vis des réalisations masculines, qui avait toujours servi de salutaire contrepoids à la vanité des mâles dominants. Si les femmes n’ont pas de nature, les hommes non plus. La complémentarité des hommes et des femmes, qui leur rend nécessaire et possible le fait de vivre ensemble et qui les récompense lorsqu’ils le font, est niée ou ignorée. Ce que nous avons à la place est un mélange confus de femmes arrivistes en compétition avec des mâles agressifs, et d’hommes sensibles qui s’inclinent devant des femmes récriminatrices, sans aucune conscience que quelque chose pourrait être détraqué.
Et qu’en est-il des hommes ? Les féministes ont lancé une attaque contre la virilité et ont tenté, par des méthodes qui rappellent le "despotisme doux" de Tocqueville, de la transformer en sensibilité. "Allons-allons !", disent-elles, vous devez apprendre à vous conduire comme une femme, ou bien nous vous enverrons dans un séminaire de sensibilisation ("sensibiliser" [consciousness raising] est un terme d’origine néo-marxiste). Savoir si de telles mauviettes se révèleront satisfaisantes pour les femmes est peut-être la question de notre temps. Le féminisme est maintenant si bien établi que les femmes ne ressentent plus le besoin de se dire féministes. Mais le rejetteront-elles jamais ? Seules les femmes peuvent défaire ce qu’elles ont fait pour créer les hommes sensibles. Aujourd’hui la virilité n’est plus tolérée que chez les noirs, mais sous une forme tellement exagérée qu’elle en devient ridicule. »
Harvey Mansfield, Extraits d’un article de Harvey Mansfield, intitulé "L’héritage de la fin des années soixante - (The legacy of the late Sixties)"Publié en 1997 dans l'ouvrage collectif "Réévaluer les années soixante - (Reassessing the Sixties)"
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
04/04/2012
L'état d'insatisfaction qui est leur loi
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Cette idée positive que les femmes se font du bonheur, et cette exigence qu'elles ont vis-à-vis de lui, viennent sans doute de l'état d'insatisfaction qui est leur loi. Oh! ce n'est pas que toutes les femmes soient des martyres. Néanmoins, lorsqu'on pense à la condition des sexes dans la société, pour les femmes on pense plutôt malheur, pour les hommes on pense plutôt embêtements. Il y a dans le mariage musulman, tel qu'il est célébré à Alger, une coutume saisissante. La coiffeuse s'avance vers les jeunes mariés et verse de l'eau de jasmin dans les deux mains réunies de la mariée;le mari se baisse et boit cette eau; la coiffeuse procède de même pour le mari, mais lorsque la mariée se prépare à boire dans les mains du mari, celui-ci ouvre les mains et le liquide s'échappe. Voilà une coutume atroce : il est posé en principe que l'homme doit être heureux, et que la femme ne doit pas l'être. Il y a dans ce geste de la petite fille qui se penche pour boire l'eau, et à qui son époux la refuse, quelque chose qui fait frissonner. Il est bien sûr que c'est ici le monde musulman, et qu'en Europe le malheur de la femme n'est pas posé à l'avance comme un principe sacré. Mais enfin, en Europe même, alors que la femme fait son bonheur du bonheur de l'homme, les hommes ne s'occupent guère de rendre les femmes heureuses.
[…] Le rêves naissent de l'insatisfaction : quelqu'un de comblé ne rêve pas (ou ne rêve que de façon concertée s'il est un artiste). Ou rêve-t-on au bonheur (même les hommes)? Dans les taudis, dans les hôpitaux, dans les prisons. La femme rêve au bonheur, et y réfléchit, parce qu'elle ne l'a pas. Si l'homme souffre par la femme, il a tout le reste pour se consoler. Mais elle, quoi? Une femme ne peut jamais se réaliser complètement : elle dépend trop de l'homme. Aussi rêve-t-elle sans cesse à ce qui lui est impossible. Une poétesse a écrit un livre sous le titre "Attente"; c'était un titre aussi féminin que nos "Quatorze jours de bonheur". Une femme attend toujours, avec espoir jusqu'à un certain âge, sans espoir au delà. Ce rêve propre à la femme, l'homme ne le comprend pas. Il l'appelle naïveté, exaltation, romanesque, bovarysme, toujours avec une nuance de supériorité et de dédain; il a un mot plus méprisant encore : vague à l'âme. Qu'une femme avoue qu'elle est heureuse, un homme lui dira que c'est de l'exhibitionnisme. Qu'elle chante toute la journée, un homme dira :"je crois qu'elle est un peu simple d'esprit" ; pour lui, elle ne saurait être heureuse, sans être simple.
[…] Cette conception féminine du bonheur subit le sort de toutes les conceptions féminines : elle n'intéresse pas l'homme. L'homme ne s'intéresse pas à la femme quand ses sens sont satisfaits, et c'est une des tragédies de la vie d'une femme, le jour où elle en prend conscience pour la première fois. La femme ennuie ou agace l'homme aussitôt qu'il ne jouit plus d'elle, comme la cigarette dont nous aspirions avec plaisir la fumée il y a un instant, cette même fumée nous incommode lorsqu'elle sort d'une cigarette aux trois quarts consumés, que nous avions posée pour ne plus la reprendre.
[…] La femme est faite pour un homme, l'homme est fait pour la vie, et notamment pour toutes les femmes. La femme est faite pour être arrivée, et rivée; l'homme est fait pour entreprendre, et se détacher : elle commence à aimer, quand, lui, il a fini; on parle d'allumeuses, que ne parlent-on plus souvent d'allumeurs! L'homme prend et rejette; la femme se donne, et on ne reprend, ou on reprend mal, ce qu'on a une fois donné. »
Henry de Montherlant, Les jeunes filles
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
03/04/2012
Là où tout est permis s’implante tout d’abord l’anarchie, puis un ordre plus sévère
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Les adversaires n’attendent pas de quartier l’un de l’autre, et cette opinion, la propagande la renforce encore. C’est ainsi que, l’hiver dernier, un traîneau chargé d’officiers russes passa par erreur dans les lignes allemandes. A l’instant même où ils s’en aperçurent, les Russes firent éclater au milieu d’eux des grenades à main. Quoi qu’il en soit, on fait toujours des prisonniers, aussi bien pour se procurer de la main-d’oeuvre que pour attirer des déserteurs. Mais les partisans restent complètement à l’écart des lois de la guerre – dans la mesure où il est encore permis d’en parler. Semblables à des hordes de loups, ils sont traqués dans leurs forêts pour y être exterminés jusqu’au dernier. J’ai appris ici des choses qui relèvent purement et simplement de la zoologie.
Sur le chemin du retour, j’y réfléchissais encore. Dans ces régions s’avère une pensée que j’avais déjà examinée sous différents aspects : là où tout est permis s’implante tout d’abord l’anarchie, puis un ordre plus sévère. Celui qui tue son adversaire selon son bon plaisir ne peut pas, non plus, attendre de pardon ; ainsi se forment de nouvelles règles de combat, beaucoup plus dures. Théoriquement, cela semble tentant, mais en pratique, on ne peut éluder le moment où il faut lever la main sur des hommes sans défense. Une telle chose n’est possible, de sang-froid, que dans un combat avec des bêtes, ou dans des guerres menées entre athées. Dans ce cas, la Croix Rouge n’est plus qu’un objectif spécialement visible. »
Ernst Jünger, Notes du Caucase, in "Premier journal parisien"
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
02/04/2012
La presse
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Le Journal au lieu d’être un sacerdoce est devenu un moyen pour les partis ; de moyen, il s’est fait commerce ; et comme tous les commerces, il est sans foi ni loi. Tout journal est, comme […] une boutique où l’on vend au public des paroles de la couleur dont il les veut. S’il existait un journal des bossus, il prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la nécessité des bossus. Un journal n’est plus fait pour éclairer, mais pour flatter les opinions. Ainsi, tous les journaux seront dans un temps donné, lâches, hypocrites, infâmes, menteurs, assassins ; ils tueront les idées, les systèmes, les hommes, et fleuriront par cela même. Ils auront le bénéfice de tous les êtres de raison : le mal sera fait sans que personne en soit coupable. »
Honoré de Balzac, Les illusions perdues
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
01/04/2012
L’urbanisation contemporaine est essentiellement décentralisation et dé-localisation
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Le phénomène contemporain de l’urbanisation ne peut pas se penser dans l’opposition entre ville et campagne, ni comme passage d’un "monde rural" à un "monde citadin", mais disparition des deux dans leur fusion et leur indifférenciation. L’urbanisation contemporaine du monde constitue un phénomène nouveau, irréductible à la ville ancienne ; sa caractéristique la plus immédiate est précisément la suppression de la limite : la ville cesse d’être une entité spatiale bien délimitée, et se métastase indéfiniment dans ses territoires environnants. La question de la définition de la ville est d’ailleurs devenue une question insoluble, et il a fallu au XXè siècle créer des termes nouveaux tels "conurbation", "agglomération" ou "mégapole", pour désigner ces réalités nouvelles : la définition est alors toujours artificielle, et doit introduire des distinctions administratives au sein d’un continuum urbain qui se développe indépendamment d’elles ; la part du centre dans l’ensemble de la zone de peuplement se réduit ainsi sans cesse, au profit d’un accroissement continu de la banlieue. L’urbanisation du monde n’est donc pas en réalité une généralisation du modèle de la ville, mais une extension à l’infini de la banlieue, phénomène urbain majeur de notre époque, dans lequel il faut intégrer la prolifération massive du bidonville (Le constat de l’urbanisation contemporaine du monde doit tenir compte du fait que plus du tiers des citadins vit aujourd’hui en réalité dans des bidonvilles : plus de 920 millions d’hommes vivaient dans des bidonvilles en 2001, plus de 1 milliard en 2007 ; ils seront selon les projections 1,4 milliard en 2020).
Ce processus s’avère fondamental en ce qu’il met à nu la véritable nature de l’urbanisation du monde, qui n’est plus installation de l’homme dans le site de la ville, c'est-à-dire dans un centre, un pole à partir duquel le monde puisse se déployer et faire sens. La banlieue se définit par l’absence de pole, elle est un espace urbain qui a rompu les amarres avec son ancien centre sans pour autant se reconstituer elle-même à partir d’un centre. La ban-lieue est bannie de tout lieu, elle est le bannissement même du lieu (le mot "banlieue" désigne originairement le territoire d’environ une lieue autour d’une ville sur lequel s’étendait le ban, c'est-à-dire la loi du suzerain : mais la banlieue contemporaine se définit au contraire à la fois par son extension indéfinie, sur des dizaines de lieues, et par son indépendance par rapport à la loi du centre. D’où cette interprétation, fausse quant à l’étymologie mais vraie quant au sens), elle n’est pas site, mais zone, c'est-à-dire étendue urbaine non aménagée : la banlieue est hors-lieu, dé-centréen dé-localisée – elle est l’apolis redoutée par Sophocle. Le règne de l’urbain est en réalité la mort de la ville ; c’est la conclusion que Françoise Choay a tiré de sa longue réflexion sur l’urbanisme contemporain : "Nous assistons à la dédifférenciation et à l’effacement du type d’agglomération que l’Occident a appelé ville et dont, en dépit de ses banlieues, la métropole de la seconde moitié du XXè siècle fut le dernier avatar. Support mouvant se sociétés mobiles, cet espace indifférencié qui refuse centrement et circonscription, demeure inassumé par ses producteurs, méconnu tant par ceux qui le peuplent que par les analystes professionnels" (F. Choay, "Le règne de l’urbain et la mort de la ville", Pour une anthropologie de l’espace, Paris, 2006, p. 165 sq.). La technique est originairement production et configuration de lieu, de ces lieux ainsi édifiés et bâtis ont pris le nom de ville, mais l’urbanisation contemporaine est essentiellement décentralisation et dé-localisation, elle est un zonage à l’infini qui n’institue plus de lieux mais étend de l’espace. »
Jean Vioulac, L’époque de la technique. Marx, Heidegger et l’accomplissement de la métaphysique
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
31/03/2012
Quand ils disent "à la maison" ou "chez nous", ce n’est pas qu’ils pensent à une quelconque tache de couleur sur la carte
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Voilà qu’ils en viennent au pays. C’est leur grand thème de conversation numéro deux. Comme d’autres divisent l’univers entre la vie et l’écriture, la clarté et la ténèbre, le bien et le mal, le beau et le laid, ils divisent leur univers entre la guerre et le pays. Quand ils disent "à la maison" ou "chez nous", ce n’est pas qu’ils pensent à une quelconque tache de couleur sur la carte. Le pays, c’est le coin où ils jouaient étant enfants, le gâteau du dimanche que la mère a mis au four, la petite chambre sur le derrière, les gravures au-dessus du divan, un rayon de soleil par la fenêtre, le jeu de quilles chaque jeudi que Dieu fait, la mort dans son lit avec nécrologie dans les journaux, cortège funèbre et hauts-de-forme dodelinant derrière. Le pays n’est pas un slogan : ce n’est qu’un petit mot modeste, mais c’est aussi la poignée de terre où leur âme s’enracine. L’Etat, la nation sont des concepts flous, mais ils savent ce que pays veut dire. Le pays, c’est le sentiment que la plante est capable d’éprouver. »
Ernst Jünger, La guerre comme expérience intérieure
23:15 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook