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06/05/2012

Dans l’histoire ce n’est pas l’idéalisme, la bonté ou la moralité qui règnent

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« Du peu que nous pouvons connaître des événements du futur, une chose est certaine : les forces du mouvement du futur ne seront rien d’autre que celles du passé : la volonté du plus fort, les instincts vitaux, la race, la volonté de posséder, et le pouvoir.

Il y a une immense différence, que la plupart des gens ne comprendront jamais, entre voir l’histoire future comme elle sera et la voir comme on aimerait qu’elle soit. La paix est un souhait, la guerre est un fait, et l’histoire n’a jamais prêté attention aux désirs et aux idéaux humains.

Parler de la paix dans le monde s’entend aujourd’hui seulement parmi les peuples blancs, et pas parmi les races de couleur, beaucoup plus nombreuses. Quand des penseurs individuels et des idéalistes parlent de paix, comme ils l’ont fait depuis des temps immémoriaux, l’effet est négligeable. Mais quand des peuples entiers deviennent pacifistes, c’est un symptôme de sénilité. Les races fortes et jeunes ne sont pas pacifistes. Adopter une telle position, c’est abandonner le futur, car l’idéal pacifiste est une condition terminale qui est contraire aux faits de base de l’existence. Aussi longtemps que l’homme continuera à évoluer, il y aura des guerres.

Le pacifisme signifie laisser les non-pacifistes prendre le contrôle. Le pacifisme restera un idéal, la guerre un fait. Même si le monde était unifié sous une seule autorité, il y aurait toujours des guerres, qu’on nommerait des rébellions : distinction purement verbale. Si les races blanches sont décidées à ne plus jamais faire la guerre, les races de couleur agiront différemment et deviendront les maîtresses du monde.

L’abondance des naissances dans les populations primitives est un phénomène naturel, dont l’existence même ne peut être remise en question, quels que soient ses avantages ou ses désavantages. Lorsque les raisons de s’interroger sur l’existence de la vie entrent dans la conscience humaine, la vie elle-même est déjà remise en question.

Dans l’histoire ce n’est pas l’idéalisme, la bonté ou la moralité qui règnent — leur royaume n’est pas de ce monde — mais plutôt la résolution, l’énergie, la présence d’esprit, et l’aptitude pratique. On ne peut pas effacer ce fait avec des lamentations et des jugements moraux. C’est la manière dont l’homme est fait ; c’est la manière dont la vie est faite, c’est la manière dont l’histoire est faite. »

Oswald Spengler, Années décisives

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05/05/2012

Mohammed Iqbal et la défense de l'Ego

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J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer les développements audacieux du philosophe, poète et réformateur de l'Islam Mohammed Iqbal via le livre que lui a consacré Abdennour Bidar, "L'Islam face à la Mort de Dieu", mais voici que je souhaite y revenir un court instant pour appuyer une ou deux choses.

Toujours, donc, dans le livre d'Abdennour Bidar, "L'Islam face à la mort de Dieu", d'abord une citation de Mohamed Iqbal, surprenante et, à sa lecture, on comprend que les imams, muftis et autres mollahs de notre temps (et de tout temps, à vrai dire) méprisent le soufisme :

« Les champs d'expérience les plus importants, examinés du point de vue de la synthèse, révèlent, comme base ultime de toute expérience, une volonté créatrice rationnellement dirigée que nous avons trouvé des raisons de décrire comme ego. Afin de mettre en relief l'individualité de l'Ego ultime, le Coran lui donne le nom d'Allah. » (Mohhamed Iqbal - Reconstruire III)

Relisez donc cette citation et comment elle se termine : "Afin de mettre en relief l'individualité de l'Ego ultime, le Coran lui donne le nom d'Allah." On voit bien, ici, les liens fondamentaux qui peuvent exister entre les diverses intuitions mystiques, tant juives que chrétiennes et musulmanes, si on entend par "musulmanes", en se faisant un peu violence, certes, autre chose que la soumission à un Démiurge écrasant qui n'apporte qu'une simple législation en guise de spiritualité, ou plutôt pseudo-spiritualité faisant bander le barbu qui se laisse pousser la barbe et porte la djelaba comme au temps du Prophète afin de se donner l'assurance d'être sur la bonne voie. Un bon totalitarisme fantasmant une Oumma massive et archaïque où seul compterait la lecture littérale et poussiéreuse de la parole du Prophète. Je mesure surtout l'effort intellectuel et spirituel pour des esprits libres de ne pas se réduire à ce sinistre écueil lorsqu'on parcours les sourates et qu'elles sont ce qu'elles sont. Je songe quand même aux kabbalistes qui affirment, au grand scandale des juifs orthodoxes, qu'il est du devoir de l'Homme de participer à la Création Divine en, disent-ils, "faisant Dieu".

Et Abdennour Bidar poursuit :

« Il est temps ici d'explorer plus en profondeur cette proposition. Elle a en effet des implications verigineuses dont nous n'avons encore rien dit, mais qu'il faut explorer pour bien réaliser à quels confins peut nous conduire la pensée de Mohammed Iqbal. Elle signifie que le mot "Allah", que la culture islamique n'arrive toujours pas à comprendre autrement qu'au sens littéral d'un Dieu transcendant à l'homme, n'est en réalité que le nom de l'homme parfait. Allah est notre soi pure. L'Homme n'est pas destiné à la vocation à laquelle le réduit la tradition religieuse et mystique de l'islam. »

Ici, dans son commentaire, Abdennour Bidar place presque dans le même sac la tradition de l'islam comme sa face mystique. Cela suggère qu'il estime que Mohammed Iqbal est allé au-delà. En tout cas il est allé suffisamment loin pour inquiéter et les uns et les autres et je suppose qu'il jouit encore d'une forte réputation dans son pays d'origine essentiellement pour avoir fait partie des penseurs qui ont pensé la future création du Pakistan. Je doute bien, cependant, qu'il ait voulu du Pakistan tel qu'il est après avoir écrit les choses qu'il a écrites.

Bidar termine : « A cette religion qui le condamne à rester le serviteur de Dieu, et à la mystique "soufie" qui lui commande de faire disparaître son "moi" dans l'océan du divin, Iqbal rétorque QUE LA VIE SPIRITUELLE N'EST NI SOUMISSION NI DISPARITION. ELLE EST ACCES A NOTRE PROPRE EGO CREATEUR. » (C'est moi qui souligne !)

Allez prêchez ça dans le monde musulman d'aujourd'hui, de la Mauritanie à l'Indonésie et jusqu'en Chine. Grosses rigolades en perspective !

C'est avec un certain amusement, pour ne pas dire avec un amusement certain, que je réalise combien ici Abdennour Bidar par l'entremise de Mohammed Iqbal tente, sur la voie tracée par ce saint homme que fut Hallaj, de réformer leur religion de façon drastique. Le combat est d'emblée rude et je doute que malgré la bonne volonté d'intellectuels du calibre de Bidar il parvienne à son but.

La différence avec le Christianisme est énorme en comparaison, pour une simple raison : Dieu, dans le Christianisme, par Jésus Christ, s'est fait Homme afin de permettre à ce dernier de devenir Dieu. Postulat de base de la mystique Orthodoxe Chrétienne, par exemple, inscrite dés les exégèses des pères de l'Eglise, chez Saint-Athanase, 4ème siècle de notre ère, et dans le cheminement des herméneutiques qui y furent consacrées. Ce qui explique l'essor considérable que notre civilisation judéo-chrétienne a pu prendre en comparaison à la civilisation arabo-musulmane dont le triste état parle pour lui-même et qui n'a jamais su faire autre chose que nier l'individu en le fondant dans un ensemble dont il se devait de ne devenir qu'un simple rouage. A des lieux de ce que commente avec grand intérêt Abdennour Bidar.
En cherchant à réhabiliter "l'Ego créateur", Mohammed Iqbal veut redonner une place centrale à l'individu parce que son bon sens d'être humain lui indique bien secrêtement que sa société est sclérosée et que, tout musulman qu'il est, son intime conviction lui interdit de l'accepter.

Je terminerai par une citation de Clément d'Alexandrie, un des Pères de l'Eglise (150-220) qui annonce : « Baptisés, nous sommes illuminés ; illuminés, nous sommes faits fils ; faits fils, nous sommes rendus parfaits ; "je", disait-il, "dis vous êtes des dieux et des fils de la plus grande Lumière, vous tous." Cette oeuvre a beaucoup de noms ; elle est appelée cadeau (grâce), illumination, perfection, baptême... la volonté parfaite donne ce qui est parfait. »

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L'Or de Venise

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« Ni Venise matinale, d’argent et de myosotis ; ni le soir, de sang et d’or rouge ; ni le soleil levant sur la Salute, quand ce palais de la Vierge a l’air d’une perle sur un cristal de lait ; ni le soleil couchant sur la rive des Esclavons, quand le Palais Ducal s’allume en lanterne, à tribord d’une galère de carmin : ici et là, Venise glorieuse n’est point encore sans pareille dans la gloire de la lumière. Mais une église est la châsse de son triomphe, l’écrin de la Sirène. Il est un vaisseau où toute sa splendeur est captive. L’Orient et le soleil du crépuscule sur la lagune, ils l’ont enfermé dans une basilique ronde, où le Seigneur est sur l’autel, et la dédicace au voyageur saint Marc.

L’or, le dieu temporel à la solde des insulaires, ne les trahira plus. Il est à Saint-Marc ; ils en ont fait le cœur magnifique de Venise : non pas un or inerte, un lingot avare dans un coffre ; mais l’or le plus vivant, qui bat, qui se nourrit de lumière, qui suit toutes les heures du jour, qui chante dans l’ombre, et qui est, en vérité, l’espèce solaire du sang. Et ainsi, la Pala d’Oro brille au tabernacle, dans Saint-Marc d’Or. Et le nom même de Marc pèse tout poids d’or.

Saint-Marc est l’église sublime. Par la vertu de l’harmonie, elle atteint la perfection du style. La richesse inouïe de la matière n’est qu’un moyen sonore, qui sert docilement de génie musical. Comme la fugue de Bach, avec ses nefs conjuguées et ses coupoles, elle est une et multiple. La plénitude de Saint-Marc est divine.

Byzance y triomphe avec une ardeur splendide ; mais Byzance asservie aux rythmes de la couleur. Toute la richesse antique se consomme dans Saint-Marc, depuis Crésus jusqu’aux oratoires des satrapes ; mais au lieu d’y être une charge charnelle, elle y est toute vive, en mystère et en esprit. »

André Suarès, Le Voyage du condottiere

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04/05/2012

Je dus observer combien les plus laides physionomies offraient une expression de vivacité intelligente et réfléchie

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« Tel était, dans une forme un peu exaltée, mon premier sentiment. Mais je dus observer combien les plus laides physionomies que je rencontrais dans la rue offraient pourtant une expression de vivacité intelligente et réfléchie. Je sentis, en particulier, le luxe étonnant des nuances dans les signes de la finesse, depuis la bonhomie à peine maligne jusqu'à la ruse et la perfidie déclarée. Même variété dans les tours que donne au visage la passion. Pas un trait de ces boutiquiers et de ces ouvrières qui ne fût significatif ; pas une déformation qui ne fût éloquente et, en quelque sorte, historique, si les airs du visage racontent l'histoire de l'homme. Nos mots de laideur spirituelle et de laideur passionnée sont ici de situation.

Un regard plus profond m'embarrassa bien davantage. Comment faisaient donc ces gens-là pour être laids ? Vus d'un peu près, ils ressemblaient parfaitement aux chefs-d'œuvre de leur peinture et de leur sculpture locales. L'application, l'étude me découvraient ces ressemblances. Je m'en pénétrais chaque jour. Avec quelque stigmate de surcroît, je reconnaissais les mentons aiguisés en fourche de Botticelli ; plus loin, exagérée ou comiquement déviée, la ligne ondulée et serpentine de ses beaux corps. Je remarquais ici les maigreurs allongées des têtes faméliques dont s'inspira si fréquemment le triste et attentif Donatello, ailleurs ces larges faces, osseuses et musclées, parfois doublées d'une couche de graisse rose, que nous ramène Ghirlandajo. J'en déduisais que tout ce que Florence présente de vivant répète en laid, mais répète distinctement les choses éternelles qu'elle garde sur ses murailles. Levez le masque qui grimace et la similitude des visages éclate aussitôt.

Ce vilain masque d'où vient-il ? Croirons-nous simplement à la dégénérescence du type depuis le XVIe siècle ? J'ai parfois admiré chez des petites filles de dix ou douze ans, qui jouent dans le ruisseau en sortant de l'école, chez les garçons, jusque vers quatorze ou quinze ans, un caractère qui les oppose à leurs père et mère comme à leurs grands frères et à leurs grandes sœurs. Ces grands enfants ou ces jeunes adolescents sont très beaux. En eux, le modèle de l'art florentin apparaît dans sa fraîcheur, dans sa nouveauté sans une ombre, quelques types tellement purs qu'on les croirait descendus vifs d'une fresque du Dôme, d'un cadre du palais Pitti. Il n'y a d'un peu avivé que la couleur. On saluerait une fillette de la rue : "Bonjour, ange de Botticelli", et telle autre : "Salut, madone de Lippi".

Ange féminin ou madone, il ne faut pas beaucoup de saisons pour les défleurir. Longtemps avant d'être nubiles, toute grâce les a quittées. Dès le premier moment de leur maturité, la ligne se corrompt et le teint se fane. J'en ai cherché et peut-être trouvé la cause dans la vive précocité de toute la race. Ai-je dit que cette beauté des petits enfants a, comme la laideur chez l'adulte, une ardente expression de passion et d'intelligence ? Cet air, commun à toute créature florentine, est peut-être le signe du génie même du pays.

Une passion, une intelligence trop prompte, voilà ce qui dévore, brûle, réduit en cendres le charme délicat des petits Florentins. Sans doute qu'ils soutiennent une vie trop active pour le commun de jeunes êtres. Trop sentir, trop penser les dessèche, les contrefait ou les empâte. Seules, de rares créatures, comme celles que j'ai aperçues aux Cascines, affinées mais fortifiées par l'hérédité du bonheur, savent briller du feu qui ravage toutes les autres. Au combat que les deux plus dures forces de la vie livrent à leur beauté, aux offenses dont la pensée et le désir les accable et les ruine, naît en elles, ou du moins dans l'aspect de leur face pâle, un air de fièvre et de langueur qui compose un charme nouveau.

Par là, tout compte fait, l'art florentin et la nature florentine ne se contrarient plus. Il est superflu de penser que le physique de la race ait perdu grand chose depuis trois siècles. Les meilleurs artistes de la meilleure époque ont, du reste, laissé une collection copieuse de laideurs caractéristiques. Ces ouvrages d'un réalisme aigu sont à considérer. Celui qui les a médités s'aperçoit qu'ils ne diffèrent point, quant aux marques du type, d'avec les œuvres les plus idéalistes. Celles-ci montrent seulement ce type simplifié, remis d'accord avec lui-même et décoré des prestiges de la jeunesse. L'essentiel des traits qu'éternisent tous les artistes florentins leur est venu du populaire de leur ville ; pour le surplus, les enfants et les grandes dames l'apportèrent aux contemplateurs de génie. »

Charles Maurras, Anthinéa, d'Athènes à Florence - (Livre V "Le Génie toscan")

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03/05/2012

On a grand besoin de personnes qui ne bavardent pas

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« Au sens classique, la "culture" (pensons à Cicéron ou à Sénèque) n'eut pas le sens d'érudition, ni d'intellectualisme, mais le sens de formation de l'esprit et du caractère de la personne. Si elle recouvrait ce sens, alors se présenterait, pour une culture de Droite, le devoir d'indiquer des modèles ou idéaux humains, et ce dans une formulation susceptible de leur conférer une valeur normative et une réelle force de suggestion. On a vraiment grand besoin, aujourd'hui, de personnes qui ne bavardent pas, qui n' "écrivent" pas, qui ne discutent pas, mais qui commencent par être. Ces personnes en tireraient une autorité et un prestige, et cela produirait des effets difficilement réalisables par d'autres voies. »

Julius Evola, Explorations (Editions Pardès)

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01/05/2012

Le despotisme dévore en cent ans au plus non pas cent mais cinq cents millions de têtes

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« Monsieur Chigalev se consacre trop sérieusement à sa tâche et de plus il est trop modeste. Je connais son livre. Il propose, à titre de solution définitive du problème, le partage de l’humanité en deux parties inégales. Un dixième obtient la liberté individuelle et des droits illimités sur les neuf autres dixièmes. Ceux-ci doivent perdre leur individualité et devenir une sorte de troupeau et, par une obéissance absolue, parvenir au moyen d’une série de transformations, à l’innocence primitive, quelque chose comme le paradis primitif, quoiqu’ils doivent cependant travailler. Les mesures que préconise l’auteur pour enlever la volonté aux neuf dixièmes de l’humanité et pour les transformer en troupeau, au moyen de la rééducation de générations entières, sont très remarquables, fondées sur des données naturelles et fort logiques.


(…)


On nous propose, au moyen de différentes feuilles clandestines de fabrication étrangère, de nous unir et de créer des groupes dans l’unique dessein de destruction universelle, sous prétexte que, quoi qu’on fasse pour soigner le monde, on ne le guérira jamais, tandis qu’en coupant radicalement cent millions de têtes et en nous allégeant ainsi nous-mêmes, on pourrait plus sûrement sauter le fossé.


(…)


… je vous demande ce que vous aimez mieux : la manière lente qui consiste à écrire des romans sociaux et à régler de façon académique sur le papier les destinées humaines pour les mille ans à venir, tandis que le despotisme avalera les morceaux rôtis qui vous tombent d’eux-mêmes dans la bouche et que vous laissez échapper, ou préférez-vous une solution rapide, quelle qu’elle soit, mais qui déliera enfin les mains et permettra à l’humanité tout à son aise de s’organiser socialement elle-même, et cette fois en fait et non sur le papier ? On crie : "cent millions de têtes" ; ce n’est peut-être qu’une métaphore, mais pourquoi en avoir peur si, avec les lentes rêveries sur le papier, le despotisme dévore en cent ans au plus non pas cent mais cinq cents millions de têtes ? »

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski , Les Possédés

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30/04/2012

Du Vietnam, Je portais dans mon paquetage des fleurs séchées, des cicatrices amères et des rêves qui ne voulaient pas s’éteindre

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« Lorsqu’il fallut quitter le Vietnam, nous étions cette armée de sentinelles que le ciel découpe au lointain : chacun veillait sur ses souvenirs. Que faire de la guerre lorsqu’elle est finie ? Nous sommes devenus des orphelins. Aujourd’hui encore, nous souffrons de savoir le Vietnam sous le joug : son peuple n’en a pas fini avec la dictature. "Le chagrin de la guerre, dans le cœur d’un soldat, est semblable à celui de l’amour : une sorte de nostalgie, d’infinie tristesse, dans un monde qu’il ne reconnaît plus. Il ne lui reste plus que le chagrin d’avoir survécu", a écrit l’écrivain vietnamien Bao Ninh. Mais l’arrachement ne doit pas faire oublier ce que l’Indochine nous a donné. A nous qui devions donner la mort, cette guerre a enseigné l’éblouissement de la vie. Elle nous a appris la fragilité de l’instant, l’ordre parallèle des choses. Elle a uni notre sang à celui des Vietnamiens. Il appartient désormais à chacun de transmettre ce témoin à ceux qui lui succèdent, comme les petites offrandes que les paysans déposaient devant l’autel des ancêtres : deux fleurs, une mangue, une prière enroulée dans une feuille de riz.



Je portais dans mon paquetage des fleurs séchées, des cicatrices amères et des rêves qui ne voulaient pas s’éteindre. J’allais devoir vivre la suite de mon existence avec cette blessure. »

Hélie de Saint Marc, Toute une Vie

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29/04/2012

Louis-Ferdinand et les Aryens

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« Question Juifs, il y a beau temps qu’ils me sont devenus sympathiques : depuis que j’ai vu les Aryens à l’oeuvre, fritz et français.
Quels larbins ! Abrutis, éperdument serviles. Ils en rajoutent. Et putains ! Et fourbes - Quelle sale clique - Ah j’étais fait pour m’entendre avec les Youtres. Eux seuls sont curieux, mystiques, messianiques à ma manière. Les autres sont trop dégénérés. [...]
Vive les Juifs bon Dieu ! Certainement j’irai avec plaisir à Tel-Aviv avec les Juifs. On se comprendrait. Dans ma prison il y avait 500 gardiens tous aryens. 500 millions d’Aryens en Europe. On me fait crever pour antisémitisme ils applaudissent ! Où sont les traîtres, les ordures ! Tu voudrais que je pleure sur le sort de l’immonde bâtarde racaille sans orgueil et sans foi ! Merci ! Je pense des Aryens ce qu’en ont pensé au supplice Vercingétorix et Jeanne d’Arc. De belles saloperies ! Vive les Youtres ! Les Fritz n’ont jamais été pro-aryens, seulement antisémites, ce qui est absolument idiot. J’en voulais à certains clans juifs de nous lancer dans une guerre perdue d’avance. Je n’ai jamais désiré la mort du Juif ou des Juifs. Je voulais simplement qu’ils freinent leur hystérie et ne nous poussent pas à l’abattoir.
L’hystérie est le vice du Juif, mais au moins il est une idée, une passion messianique, leur excuse.
L’Aryen c’est une tirelire et une panse. Et une légion d’honneur.
(...)
Les aryens, même les plus impertinents, n'ont plus de pensées, ils demandent seulement où "on sert"? où la table est la meilleure? où ça paye le mieux de larbiner? »

Louis-Ferdinand Céline, Lettre à Albert Paraz du 17 mars 1948

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28/04/2012

La vocifération Hitlérienne, ce néo-romantisme hurlant, ce satanisme wagnérien m’a toujours semblé énormément obscène et insupportable

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Outre que Milton Hindus fut professeur de littérature à la Brandeis University dans le Massachussets, il fut l'auteur de la Préface de la première édition américaine de "Mort à crédit". Milton Hindus se présentait lui-même comme un intellectuel Juif, incarnant ainsi, à tous égards, ce que Céline détestait le plus et ne cessait de fustiger avec violence dans ses écrits antisémites.
"Rencontre à Conpenhague" regroupe la correspondance entre les deux hommes ainsi que les notes prises par Milton Hindus durant la visite qu'il fit à Céline en son exil à Copenhague, au cours de l’été 1947. Ce livre ambigu est non seulement le reflet de l'amitié trouble mais néanmoins réelle entre les deux hommes, d'une part, mais d'autre part Milton Hindus y livre un portrait singulier de l'écrivain sulfureux, de par la particularité même du rapport qu’il entretenait avec Céline : mélange paradoxal d’admiration ressentie pour l’œuvre et le génie de l'écrivain et de dégoût éprouvé pour l’homme et sa mauvaise foi antisémite.

« Aucune gêne à vous avouer que je n’ai jamais lu "Mein Kampf " ! Tout ce que pensent, ou racontent ou écrivent les Allemands m’assomme – Celte dans chaque pouce de ma misérable personne tout ce qui vient d’Outre Rhin me coagule (...)
(...) je ne suis pas comme Romain Rolland, Renan et tant d’autres – pas germanisant pour un sou – le moins germanisant des Français, le plus Français celte des Français – Je ne me suis lancé (comme un con) dans cette effroyable aventure et quelle misère ! que dans un but, un seul UNIQUE : éviter une autre guerre – Que le sang français ne coule plus – Hélas ! Voyez comme j’ai réussi ! Alors ce que déconnait Hitler m’a toujours semblé futile. D’ailleurs son entourage me détestait – La vocifération Hitlérienne, ce néo-romantisme hurlant, ce satanisme wagnérien m’a toujours semblé énormément obscène et insupportable – Je suis pour Couperin, Rameau – Jaquin (le connaissez-vous ?) RonsardRabelais ? oui – certes mais bien pourri d’académisme, d’Humanisme, etc… Dreiser évidemment il est le premier de vos auteurs – toutefois cher Hindus – il y a dans vos burlesk – dans "Dinner at Eight" – dans la félinité de vos filles… un philtre de vie tout à fait original, divin, qui ne se trouve pas dans Dreiser – Dreiser ne nous apprend rien – "Dinner at Eight" – "42nd Street", nous apprend beaucoup… »

Louis-Ferdinand Céline à Milton Hindus, Rencontre à Conpenhague

Voir : Le Juif qui aimait Céline

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27/04/2012

Il n'en sort jamais rien

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« En général, nous ne sommes pas faits, semble-t-il, pour les assemblées représentatives. Qu'il s'agisse d'une réunion de paysans, de savants ou de quelque autre comité, il y règne toujours une grande confusion  s'il ne s'y trouve pas un chef pour conduire les débats. Il est difficile d'expliquer pourquoi il en est ainsi. Nous sommes comme ça, il faut croire. Mais s'agit-il de se réunir pour bien dîner ou faire la noce, nous y réussissons parfaitement. Et cependant, nous sommes toujours disposés à entreprendre n'importe quoi, selon que le vent souffle dans telle ou telle direction, nous fondons des sociétés de bienfaisance, d'encouragement et Dieu sait quelles sociétés encore ! Leur but est toujours magnifique, et pourtant, il n'en sort jamais rien. Peut-être cela vient-il de ce que nous sommes trop vite satisfaits, croyant avoir tout fait aussitôt la décision prise. Ayant fondé, par exemple, une société de bienfaisance, et réuni des sommes considérables, nous organisons aussitôt un banquet en l'honneur des autorités locales et y dépensons naturellement  la moitié des sommes recueillies. Avec ce qu'il reste, on loue immédiatement un splendide appartement pour le comité, avec chauffage et gardiens. Finalement il ne reste plus en tout et pour tout que cinq roubles cinquante à distribuer aux pauvres ; mais le comité ne parvient même pas à se mettre d'accord sur la répartition de cette somme chacun des membres poussant en avant son protégé. »

Nikolaï Gogol, Les âmes mortes

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La guerre n’est plus la guerre

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« La guerre n’est plus la guerre. Vous le verrez un jour, fascistes de tous les pays quand vous serez planqués contre terre, plats, avec la chiasse dans le pantalon. Alors, il n’y aura plus de plumets, d’ors, d’éperons, de chevaux, de trompettes, de mots, mais simplement une odeur industrielle qui vous mange les poumons. »

Pierre Drieu la Rochelle, La Comédie de Charleroi

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26/04/2012

S’attirer les bonnes grâces de l’Islam pétrolier

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« Evoquant cette opération au Kosovo, le Journal Du Dimanche du 6 juin 1999 exultait : "C’est la première victoire de la première guerre sans arrière pensée économique, sans odeur de pétrole, sans dispute de territoires, sans volonté impérialiste, sans idéologie, sans Dieu. La première guerre désintéressée." Il est difficile d’aligner plus de contre vérités, car aucune de ces affirmations n’est conforme à la réalité. Ce ne fut pas une victoire des coalisés puisque ceux-ci s’inclinèrent devant la résistance de Belgrade en renonçant aux exigences qu’ils avaient formulées à Rambouillet. Et nombreuses ont été les arrières pensées à l’origine de la balkanisation des Balkans. En Allemagne, il s’agissait de faire payer aux Serbes leur attachement à la cause des Alliés et leur contribution aux défaites de la Wehrmacht devant Moscou et Leningrad. Et aussi récompenser les Croates et le Bosniaques musulmans qui s’étaient rangés aux cotés du troisième Reich, tout en étendant au sud-est de l’Europe l’influence politique et économique Allemande. Aux Etats-Unis, l’occasion avait été offerte de démontrer la faiblesse des états européens, incapables de régler les affaires de leur continent, ce qui justifiait le maintien de l’OTAN, et même son extension vers l’est et le sud de l’Europe. Washington y gagnait également d’installer ses troupes en Macédoine et au Kosovo, non loin du tracé d’un futur oléoduc acheminant en mer Egée le pétrole de la Caspienne... Autre avantage, s’attirer les bonnes grâces de l’Islam pétrolier en ré islamisant une vaste portion des Balkans par le soutien accordé aux Bosniaques musulmans et aux Albanais. Mises à part ces démarches convergentes, toutes intéressées, cette guerre aurait été humanitaire, désintéressée ! Il arrive trop souvent, en France, qu’il faille se contenter d’une désinformation dont on ne sait si elle relève de l’ignorance ou du calcul, si elle est naïvement stupide ou si elle rapporte à ceux qui la propagent. »

Général Pierre-Marie Gallois, Réquisitoire

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25/04/2012

Je fus un sot de ne pas lui pardonner

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« Il avait eu un autre amour en Italie dont il évitait de parler. Cependant, il me raconta lui-même la fin tragique de cet amour. La dame avait un mari fort jaloux, à ce qu’elle prétendait, et qui l’obligeait à prendre de grandes précautions. Les entrevues ne pouvaient être que rares et accompagnées du plus profond mystère. Pour déjouer tous les soupçons, Beyle se résigna à se cacher dans une petite ville éloignée de dix lieues du séjour de la belle. Lorsqu’on lui donnait rendez-vous, il partait incognito, changeait plusieurs fois de voiture pour dérouter les espions dont il se croyait entouré ; enfin, arrivant à la nuit close, bien enveloppé dans un manteau couleur de muraille, il était introduit dans la maison de sa maîtresse par une femme de chambre d’une discrétion éprouvée.
Tout alla bien pendant quelque temps, jusqu’à ce que la femme de chambre, querellée par sa maîtresse ou gagnée par la générosité de Beyle, lui fit une révélation foudroyante : Monsieur n’était pas jaloux ; Madame, malgré la bonne foi des dames italiennes, qu’il opposait sans cesse à la coquetterie des nôtres, n’exigeait tant de mystère que pour éviter que Beyle ne se rencontrât avec un rival ou, pour mieux dire, avec des rivaux, car il y en avait plusieurs, et la femme de chambre offrit d’en donner la preuve. Beyle accepta. Il vint à la ville un jour qu’il n’était pas attendu et, caché par la femme de chambre dans un petit cabinet noir, il vit, des yeux de la tête, par un trou ménagé dans la cloison, la trahison qu’on lui faisait à trois pieds de sa cachette.
"Vous croirez peut-être, ajoutait Beyle, que je sortis du cabinet pour les poignarder ? Nullement. Il me sembla que j’assistais à la scène la plus bouffonne, et mon unique préoccupation fut de ne pas éclater de rire pour ne pas gâter le mystère. Je sortis de mon cabinet noir aussi discrètement que j’y étais entré, ne pensant qu’au ridicule de l’aventure, en riant tout seul ; au demeurant plein de mépris pour la dame, et fort aise, après tout, d’avoir ainsi recouvré ma liberté. J’allai prendre une glace, et je rencontrai des gens de ma connaissance qui jurent frappés de mon air gai, accompagné de quelque distraction ; ils me dirent que j’avais l’air d’un homme qui vient d’avoir une bonne fortune. Tout en causant avec eux et prenant ma glace, il me venait des envies de rire irrésistibles, et les marionnettes que j’avais vues une heure avant dansaient devant mes yeux. Rentré chez moi, je dormis comme à l’ordinaire. Le lendemain matin, la vision du cabinet noir avait cessé de m’apparaître sous son aspect bouffon. Cela me sembla vilain, triste et sale. Chaque jour, cette image devint de plus en plus triste et odieuse, chaque jour ajoutait un nouveau poids à mon malheur. Pendant dix-huit mois, je demeurai comme abruti, incapable de tout travail, hors d’état d’écrire, de parler et de penser. Je me sentais oppressé d’un mal insupportable, sans pouvoir me rendre compte nettement de ce que j’éprouvais. Il n’y a pas de malheur plus grand, car il ôte toute énergie. Depuis, un peu remis de cette langueur accablante, j’éprouvais une curiosité singulière à connaître toutes les infidélités qu’on m’avait faites. Cela me faisait un mal affreux ; mais pourtant, j’avais un certain plaisir physique à me la représenter dans le cours de ses nombreuses trahisons. Je me suis vengé, mais bêtement, par du persiflage. Elle s’affligea de notre rupture et me demanda pardon avec larmes. J’eus le ridicule orgueil de la repousser avec dédain. Il me semble encore la voir me suivre s’attachant à mon habit et se traînant à genoux le long d’une grande galerie. Je fus un sot de ne pas lui pardonner, car assurément elle ne m’a jamais tant aimé que ce jour-là." »

Prosper Mérimée, Portraits historiques et littéraires

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24/04/2012

Le sentiment toujours fuyant de sa propre existence.

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« Dans une lettre très intime et très sincère, adressée à un de ses amis, il disait : "Les dernières années de ma vie ont été une lutte continuelle contre les sentiments qui en ont rendu la première partie si amère; bien que je me flatte de les avoir en partie vaincus, il y a encore des moments où je suis aussi naïf qu'auparavant; Je n'en ai jamais tant dit, et ne l'aurais même pas dit à vous, si je ne craignais d'avoir été un peu brutal et ne désirais vous en donner la cause. Mais vous savez que je ne suis pas un de vos gentlemen doloristes : donc, maintenant, rions." En effet, il n'en avait jamais tant dit, mais là était bien la clef de ses contradictions apparentes. Depuis plusieurs années il luttait pour tuer en lui un Sentimental qui l'avait fait cruellement souffrir. Trop brave pour se complaire dans le rôle de "gentleman doloriste", mais croyant avoir perdu toute confiance dans les femmes et dans les hommes, il essayait de vivre en Corsaire du plaisir, sans amour et sans amitié. Le malheur était que, dans le silence des passions, il s'ennuyait à crier.
Il y a, chez les êtres qui ont souffert et dont l'habitude ou l'oubli ont guéri la souffrance, une prodigieuse aptitude à l'ennui, parce que la douleur, tout en rendant notre vie insupportable, la remplit de sentiments si vifs qu'ils en masquent le néant. Byron avait commencé la vie par un grand amour. Cet amour avait été un échec, mais avait donné à cet enfant le besoin d'une agitation sentimentale qui lui était devenue nécessaire. Comme un voyageur au palais gâté par les épices trouve fade toute nourriture saine, Byron dans le calme du cœur ne percevait plus le goût de la vie. Il se croyait prêt à poursuivre toute passion violente, même criminelle, pourvu qu'elle lui rendît le sentiment toujours fuyant de sa propre existence. »

André Maurois, Don Juan ou la vie de Byron

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23/04/2012

Solitude et société doivent se composer et se succéder

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« Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude. »

Sénèque, De la tranquillité de l'âme

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22/04/2012

Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie

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« Parce que Kipling s’identifie à la classe des officiels, il possède une chose qui fait presque toujours défaut aux esprits "éclairés"- et c’est le sens de la responsabilité. Les bourgeois de gauche le détestent presque autant pour cela que pour sa cruauté et sa vulgarité. Tous les partis de gauche dans les pays industrialisés reposent fondamentalement sur une hypocrisie, car ils affichent de combattre quelque chose dont, en profondeur, ils ne souhaitent pas la destruction. Ils ont des objectifs internationalistes, et en même temps ils sont bien décidés à maintenir un niveau de vie qui est incompatible avec ces objectifs. Nous vivons tous de l’exploitation des coolies asiatiques, et ceux d’entre nous qui sont "éclairés" soutiennent que ces coolies devraient être libérés ; mais notre niveau de vie et donc aussi notre capacité de développer des opinions "éclairées" exigent que le pillage continue. L’attitude humanitaire est donc nécessairement le fait d’un hypocrite, et c’est parce qu’il comprenait cette vérité que Kipling possédait ce pouvoir unique de créer des expressions qui frappent. Il serait difficile de river le clou au pacifisme niais des Anglais en moins de mots que dans la phrase : "Vous vous moquez des uniformes qui veillent sur votre sommeil !" Kipling, il est vrai, ne comprenait pas les aspects économiques des relations entre l’élite intellectuelle et les vieilles culottes de peau ; il ne voyait pas que si le planisphère est peint en rose, c’est essentiellement afin de pouvoir exploiter le coolie. Au lieu de considérer le coolie, il ne voyait que le fonctionnaire du gouvernement indien, mais même sur ce plan là, il saisissait exactement le mécanisme des relations : qui protège qui. Il percevait clairement que, si certains peuvent être hautement civilisés, c’est seulement parce que d’autres, qui sont inévitablement moins civilisés, sont là pour les défendre et les nourrir. (Georges Orwell, Œuvres complètes, p186-187) »

Cité par Simon Leys, in Orwell ou l’horreur de la politique

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21/04/2012

Vichyssois, gaullistes et bolchéviques

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« Les vichyssois furent beaucoup moins les complices des nazis que les gaullistes ne furent les alliés objectifs du bolchevisme. »

Raymond Abellio, Sol invictus

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Une vision du monde qui s'est objectivée

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« Le spectacle ne peut être compris comme l'abus d'un mode de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une Weltanschauung devenue effective, matériellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objectivée. »

Guy Debord, La société du spectacle

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20/04/2012

Un manque d'imagination

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« (...) Quand nous relisons les écrits des dissidents et des exilés soviétiques et est européens, nous sommes frappés par un thème récurrent : leur stupeur, leur indignation et leur colère face à la stupidité, à l’ignorance et à l’indifférence de l’opinion occidentale, tout particulièrement de la classe intellectuelle, qui resta largement incapable de saisir la criante réalité de cette peste totalitaire qui affectait l’existence d’une moitié du genre humain. Et pourtant, les pays occidentaux employaient de vaste ressources à rassembler des informations sur les divers régimes communistes, tant en finançant la recherche universitaire qu’en organisant de coûteux réseaux d’espionnage. Ces énormes efforts ne produisaient guère de résultats. Robert Conquest, un des très rares soviétologues a avoir vu clair dés le début, éprouva d’extrêmes frustrations chaque fois qu’il tenta de communiquer son savoir ; après la désintégration de l’URSS, son éditeur lui suggéra de rééditer un recueil de ses anciens écrits et lui demanda quel titre on pourrait donner à ce volume. Conquest réfléchit une seconde et dit : "Je vous l’avais bien dit, foutus crétins !"

Chose remarquable, le nom d’un écrivain occidental est fréquemment mentionné dans les écrits des grands dissidents des pays de l’Est ; ils lui rendent hommage comme au seul auteur à avoir aperçu la réalité concrète de leur condition, jusque dans ses bruits et ses odeurs – et c’est Georges Orwell. Aleksander Nekrich résume bien cette opinion : "Georges Orwell fut peut-être le seul écrivain occidental qui ait réussi à comprendre la nature profonde du monde soviétique." Czeslaw Milosz et beaucoup d’autres formulèrent un jugement semblable. Et pourtant, 1984 est un ouvrage de fiction – une projection imaginaire, avec une Angleterre future comme toile de fond.

L’incapacité occidentale à comprendre la réalité soviétique et toutes ses variantes asiatiques n’étaient pas due à un manque d’information (celle-ci fut toujours abondante) : ce fut un manque d’imagination.(...) »

Simon Leys, Revue "Commentaire", printemps 2008

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19/04/2012

Non à l’intronisation de l’Islam en France, par Jacques Ellul (1989)

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« Ce n’est pas une marque d’intolérance religieuse : je dirais "oui", aisément, au bouddhisme, au brahmanisme, à l’animisme..., mais l’islam, c’est autre chose. C’est la seule religion au monde qui prétende imposer par la violence sa foi au monde entier.

Je sais qu’aussitôt on me répondra : "Le christianisme aussi !"

Et l’on citera les croisades, les conquistadors, les Saxons de Charlemagne, etc. Eh bien il y a une différence radicale.

Lorsque les chrétiens agissaient par la violence et convertissaient par force, ils allaient à l’inverse de toute la Bible, et particulièrement des Evangiles. Ils faisaient le contraire des commandements de Jésus, alors que lorsque les musulmans conquièrent par la guerre des peuples qu’ils contraignent à l’Islam sous peine de mort, ils obéissent à l’ordre de Mahomet.

Le djihad est la première obligation du croyant. Et le monde entier doit entrer, par tous les moyens, dans la communauté islamique.

Je sais que l’on objectera : "Mais ce ne sont que les 'intégristes' qui veulent cette guerre."

Malheureusement, au cours de l’histoire complexe de l’Islam, ce sont toujours les "intégristes", c’est-à-dire les fidèles à la lettre du Coran, qui l’ont emporté sur les courants modérés, sur les mystiques, etc.

Déclarer sérieusement qu’en France l’adhésion de "certains musulmans" à l’intégrisme est le résultat d’une crise d’identité est une désastreuse interprétation.

L'intégrisme en Iran, en Syrie, au Soudan, en Arabie Saoudite, maintenant en Algérie est-il une réaction à une crise d’identité ?

Non, l’intégrisme est seulement le réveil de la conscience religieuse musulmane chez des hommes qui sont musulmans mais devenus plus ou moins "tièdes".

Maintenant, le réveil farouche et orthodoxe est un phénomène mondial. Il faut vivre dans la lune pour croire que l’on pourra "intégrer" des musulmans pacifiques et non conquérants. Il faut oublier ce qu’est la rémanence du sentiment religieux (ce que je ne puis développer ici). Il faut oublier la référence obligée au Coran. Il faut oublier que jamais pour un musulman l’Etat ne peut être laïque et la société sécularisée: c’est impensable.

Il faut enfin oublier comment s’est faite l’expansion de l’Islam du VIe au IXe siècle. Une étude des historiens arabes des VIIe et IXe siècles, que l’on commence à connaître, est très instructive : elle apprend que l’islam s’est répandu en trois étapes dans les pays chrétiens d’Afrique du Nord et de l’Empire byzantin. Dans une première étape, une infiltration pacifique de groupes arabes isolés, s’installant en paix. Puis une sorte d’acclimatation religieuse: on faisait pacifiquement admettre la validité de la religion coranique. Et ce qui est ici particulièrement instructif, c’est que ce sont les chrétiens qui ouvraient les bras à la religion soeur, sur le fondement du monothéisme et de la religion du Livre, et enfin lorsque l’opinion publique était bien accoutumée, alors arrivait l’armée qui installait le pouvoir islamique — et qui aussitôt éliminait les Eglises chrétiennes en employant la violence pour convertir.

Nous commençons à assister à ce processus en France (les autres pays européens se défendent mieux). Mais c’est du rêve éveillé que de présenter un programme de fédération islamique en France, pour mieux intégrer les musulmans. Ce sera au contraire le début de l’intégration des Français dans l’islam.

La seule mesure juridique valable, c’est de passer avec tous les immigrés un contrat comportant : la reconnaissance de la laïcité du pouvoir, la promesse de ne jamais recourir au djihad (en particulier sous forme individuelle — terrorisme, etc.), le renoncement à la diffusion de l’islam en France. Et si un immigré, beur ou pas, désobéit à ces trois principes, alors, qu’il soit immédiatement rapatrié dans son pays. »

Jacques Ellul, Article paru dans l'hebdomadaire "Réforme" le 15 juillet 1989

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18/04/2012

La recomposition du paysage humain

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« Les Français observent la rue, le métro, les salles de classe, surtout dans les quartiers populaires, et constatent l’évidence, ce que Tahar Ben Jelloun appelle joliment "la recomposition du paysage humain". Et que d’autres, plus amers, qualifient de "grand remplacement". Les experts protestent encore : "Ce sont des Français." Argument imparable, mais qui prouve qu’un biais idéologique, certes moral et légitime - ne pas remettre en question la nationalité des "nouveaux Français" - altère la présentation des chiffres. La France est le seul pays d’Europe où l’ancienneté continue de l’immigration de masse, le droit du sol, et l’interdiction des statistiques ethniques se conjuguent pour rendre toute discussion scientifiquement impossible. Tout le reste est idéologique.
"Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer tout ce qu’on veut leur faire dire", ironisait le grand démographe Alfred Sauvy. La part des étrangers dans la population française est restée stable depuis 1975 et même les années 1930 : 10 %. Chiffre invariablement brandi depuis trente ans. Chiffre indiscutable. Chiffre d’une rare mauvaise foi pourtant. Imaginons que surviennent cent millions d’Africains (ou de Chinois ou de Brésiliens) dans notre beau pays ; on donne aussitôt une carte d’identité à chacun ; la part d’étrangers dans la population française n’aura pas bougé d’un millième de point. C’est ainsi que l’on a agi depuis trente ans : aux cent mille étrangers, solde annuel entre les entrants et les sortants (deux cent mille depuis dix ans), sans tenir compte des irréguliers, ont correspondu autant de naturalisations. »

Eric Zemmour, Mélancolie française

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17/04/2012

La seule bataille qui compte, la démographique

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« Tu sais, l’islam a toujours accepté la présence de ce que nous appelons les dhimmi sur son territoire. Il y a une maison de la foi, il y a une maison de la guerre, mais il y a aussi une maison du compromis. Je ne vais pas te demander de prononcer la chahada là, d’un seul coup, devant moi, mais je voudrais que tu comprennes que nous respectons aussi les autres religions du Livre, que nous avons la Bible en commun, et que, finalement, nos "valeurs", comme disent les crétins, sont les mêmes. Je voudrais simplement que tu me fasses confiance quand je te dis que 732 est la date la plus noire de l’histoire de France, que, si seulement, Charles Martel avait été battu à Poitiers, la France serait probablement la maîtresse de l’Europe à l’heure qu’il est, qu’elle aurait déjà construit mille mosquées plus belles que Cordoue, que c’est elle, plutôt que l’Italie, qui aurait inventé la Renaissance, et qu’aujourd’hui, grâce à la présence de l’immigration maghrébine, la France est enfin en train de rattraper un retard de treize cents ans. Tous les musulmans de France sont contre le désordre et contre le PACS ! Crée en France un État musulman et la criminalité y disparaîtra en quelques semaines. Comprends donc, 2K, qu’aujourd’hui, en France, ce sont les musulmans qui défendent tes "valeurs". J’ai été frappé par ce que me disait un brave toubib français, probablement un peu réactionnaire. II me disait : "J’en ai marre d’avorter des Françaises et d’accoucher des Maghrébines." Ne te fais pas d’illusions, 2K, nous avons déjà gagné la seule bataille qui compte, la démographique. »

Vladimir Volkoff, L'enlèvement

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16/04/2012

L’Islam ne veut qu’une chose : gagner, triompher, extirper le cancer d’Israël du corps du monde islamique.

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« L’Arabe attend de vous coincer en état de faiblesse, et là, il déchire le parchemin, et il attaque. »

« Le Juif passe son temps à s’accuser de ce qui se passe au Caire. Il s’accuse de ce qui se passe à Bagdad. Mais à Bagdad, croyez-moi, on ne s’accuse pas de ce qui se passe à Jérusalem. Leur civilisation ne repose pas sur le doute, mais sur les certitudes. L’Islam ne connaît pas le fléau de ces braves gens bien intentionnés qui veulent être sûrs de ne pas mal agir. L’Islam ne veut qu’une chose : gagner, triompher, extirper le cancer d’Israël du corps du monde islamique. »

« On ne rend pas justice à la colère ; c’est parfois distrayant, un vrai bonheur. »

Philip Roth, La Contrevie

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L'Art de ne rien faire

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« En effet, rien de ce qui touche aux vacances ne m’est étranger : incompétent dans la quasi-totalité des domaines, il est en revanche un art où j’excelle, qui est celui de ne rien faire.
Les cuistres publient des livres sur la civilisation des loisirs que sera, paraît-il, celle de l’an 2000. Pour moi, je pense au contraire qu’il n’y aura pas de valeur plus étrangère à la termitière de l’an 2000 que le loisir. La termitière de l’an 2000 - plus encore que celle de l’an 1964 - sera démocratique et collectiviste. Le loisir, lui, est d’essence aristocratique ; il est le privilège des meilleurs, donc du petit nombre.
Si j’aime tant les anciens Romains, ce n’est pas parce qu’ils furent de bons soldats et d’éminents juristes : je me moque de l’armée et du droit. Si je les aime, c’est parce que la civilisation antique fut une civilisation de l’art de vivre, une civilisation de la paresse. L’idéal du monde antique fut l’otium cum dignitate. La formule est de Cicéron, mais les vers de Lucrèce sur les "divins loisirs", le traité de Sénèque sur l’oisiveté, l’œuvre d’Horace, le Satiricon de Pétrone et de nombreux autres textes témoignent qu’elle fut la devise de toute l’Antiquité classique.
Ce qui, au contraire, caractérise notre temps, c’est l’obsession de la distraction et du divertissement, qui ne sont que des formes camouflées du travail : qu’il soit au bureau ou en "voyage organisé", l’homme moderne recherche toujours la même chose, qui est l’oubli de son vide intérieur. Avoir peur de s’ennuyer et peur d’être seul, répugner à ne rien faire, aimer l’action pour l’action, autant de signes irréfragables de médiocrité et de bassesse d’âme.
N’en déplaise à nos technocrates, la civilisation de demain ne sera pas celle des loisirs, mais celle de l’image, du bruit et de la dispersion qui sont les instruments diaboliques de la fausse culture et de la crétinisation massive. Toutefois, ne nous lamentons pas sur cette crétinisation : ceux qui se laissent crétiniser ont par nature de singulières dispositions à l’être. Félicitons-nous plutôt du nombre croissant d’imbéciles : parmi eux, les gens d’esprit n’en brilleront que mieux. »

Gabriel Matzneff, Sur l’art du farniente. Journal "Combat", mars 1964

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15/04/2012

Христос Bоскресе ! Christ est ressuscité !

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C'est la Pâque Orthodoxe ! Ô mes frères ! Réjouissez-vous !

Christ est ressuscité !!!

Il est assurément ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Louanges au Très-Haut ! Louanges à Dieu l'Unique ! Louanges au Créateur de l'Univers !

« 1 Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur; et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre.
2 Elle courut vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l'ont mis.
3 Pierre et l'autre disciple sortirent, et allèrent au sépulcre.
4 Ils couraient tous deux ensemble. Mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ;
5 s'étant baissé, il vit les bandes qui étaient à terre, cependant il n'entra pas.
6 Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le sépulcre; il vit les bandes qui étaient à terre,
7 et le linge qu'on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandes, mais plié dans un lieu à part.
8 Alors l'autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi; et il vit, et il crut.
9 Car ils ne comprenaient pas encore que, selon l'Ecriture, Jésus devait ressusciter des morts.
10 Et les disciples s'en retournèrent chez eux.
11 Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre ;
12 et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds.
13 Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis.
14 En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout; mais elle ne savait pas que c'était Jésus.
15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai.
16 Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu: Rabbouni ! c'est-à-dire, Maître !
17 Jésus lui dit : Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. 18
Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses.
19 Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec vous !
20 Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur.
21 Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.
22 Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.

23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.
24 Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
25 Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.
26 Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux.
27 Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois.
28 Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu !
29 Jésus lui dit : Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru !
30 Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. »

Evangile de Jean, Chapitre 20

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