25/06/2018
Olivier Clément, un théologien orthodoxe...
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Erdogan aime la France, par Kamel Daoud
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L’écrivain Kamel Daoud explique les raisons pour lesquelles le dictateur turc a choisi la France comme ennemie, jusqu’à en faire la cible favorite de son expansion.
Le vrai architecte d'un état islamique futur est Erdogan. Il fera la guerre pour le construire, tôt ou tard.
Pourquoi Erdogan a-t-il besoin de la France comme ennemie ? Les raisons sont multiples. D’abord ce pays incarne, dans la littérature islamiste, l’antithèse utile : sa laïcité est le contraire du califat. Autrefois, l’ennemi des peuples émancipés était « l’Amérique impérialiste », aujourd’hui, l’ennemi de l’islam, c’est la France, selon la propagande en vogue. On est passé, lentement, des harangues sur le socialisme des opprimés et ses supposées vertus à l’islamisme des exclus et ses « droits ». Au sud du monde, dans la planète d’Allah, le mot « laïcité » est synonyme d’athée, de mécréant, d’agent de l’Occident, de traître. Des années auparavant, la propagande islamiste a même réussi son premier attentat étymologique sur ce mot, et les défenseurs de la liberté dans le monde dit arabe passent désormais pour des agents de la main étrangère. Attaquer la France, c’est donc exacerber cette opposition et se faire passer pour l’avocat des musulmans contre ceux qui veulent leur voler leurs âmes, c’est-à-dire leur religion. Erdogan le sait et en use. Sans la France laïque, le califat turc manquera de passion et de cible.
Erdogan a aussi besoin de la France comme ennemie, car c’est le cœur de la question communautaire en Occident. Si la France trouve une solution pour ses Français exogènes et ses communautés musulmanes, l’Occident suivra. Si la France réussit à imposer des lois républicaines malgré les radicalismes, l’Europe suivra. Le dictateur turc sait que les communautés sont le cœur de ce pays, sa faiblesse, son angoisse, son échec et sa possibilité de dépasser ses crises. Exacerber les tensions, récupérer les exclus, se faire passer pour l’avocat des communautarismes et le héros de la réparation de leur « humiliation » est un puissant levier. Erdogan joue sur la carte des musulmans d’Europe en Allemagne, mais c’est en France qu’il peut espérer un échec et mat symbolique sur cette question. Les Maghrébins sont orphelins de figures fortes, en rupture avec les régimes de leur pays d’origine, déçus ou frustrés ? Le Turc s’y présentera comme l’homme fort de leur faiblesse.
Erdogan a aussi besoin de la France car il peut y jouer sur la mémoire du trauma colonial. Rien de mieux que la France pour parler de colonisation et donc recruter les décolonisés, leurs fils et arrière-petits-fils à qui on a transmis, dans l’indistinct, le souvenir collectif. Les Ottomans ont affaibli le Maghreb, l’ont spolié, l’ont saccagé et taxé, ils l’ont soumis, mais c’est de la France coloniale qu’Erdogan aime discourir quand il veut parler de l’Algérie. Tout autant que les islamistes algériens qui le voient comme protecteur et se représentent le saccage ottoman comme le souvenir d’une heureuse soumission à un autre musulman. Le dictateur use de cette mémoire pour contrer celle du génocide arménien, il en use pour répondre aux présidents français, pour se faire moqueur, donneur de leçons, magnanime libérateur et décolonisateur rétroactif.
Erdogan aime la France parce que ce pays ne sait pas quoi faire avec ses musulmans, qui sont nombreux. Alors il vient leur parler de colonisation pour les rassembler, d’islam pour les recruter et de la laïcité pour qu’ils se sentent différents et attaqués.
L’homme a su tirer profit de trois autres segments de recrutement internationaux : le financement des mosquées, que l’Arabie tend à délaisser pour raisons internes ; la cause palestinienne, dont il fait commerce en convoquant les « musulmans » du monde selon ses besoins, usant des morts comme on use de petite monnaie ; l’internationale des « frères musulmans » qu’il a su récupérer et contrôler.Au final ? Pour parler de « l’Etat islamique », on parle tous de Daech, ses vidéos, ses massacres et horreurs. Pourtant, cela reste un spectacle. Le vrai architecte d’un Etat islamique futur est Erdogan. Il fera la guerre pour le construire, tôt ou tard. Son projet n’est pas le délire sanguinaire de groupes armés en Irak et en Syrie, mais une lente construction, une mainmise sur une partie du monde. Ses « brigades » peuvent vous attaquer en Algérie si vous en dites du mal et il peut aller haranguer ses foules en Allemagne et en Bosnie. Un jour, ces « brigades » seront armées et la guerre sera « sainte ».
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SOURCE : Le Point du 7 Juin 2018
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12/06/2018
No Milk Today...
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La PMA ? Pas de problème... En revanche, allaiter son enfant au sein ? C'est discriminatoire ! Ce monde est de plus en plus taré !
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En avril dernier, une femme qui allaitait dans un local de l’université de Parme, en toute discrétion, a été éloignée. Car son allaitement était discriminant !
L’Ordre des Obstétriciens italiens a défendu cette femme : « Un geste physiologique et naturel qui doit être protégé, promu et soutenu. » Mais pas selon la revue Pediatrics qui en fait une critique que l’on pourrait qualifier de loufoque si le sujet n’était si grave : « Associer la nature à la maternité peut par inadvertance soutenir des argumentations biologiquement déterministes sur le rôle des hommes et des femmes dans la famille (par exemple, que se devrait être principalement les femmes qui devraient prendre soin des enfants). […] Faire référence au "naturel" dans la promotion de l’allaitement au sein peut par inadvertance soutenir une série de valeurs sur la vie familiale et sur le rôle des genres, qui serait éthiquement inappropriée. »
En bref, allaiter au sein est un geste que peuvent seulement faire les femmes et non les transsexuels ; allaiter au sein fait appel au rôle naturel établi par mère nature. Donc il faut l’interdire parce que source de discriminations !
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Mère Nature est vraiment dégueulasse !
Il n'y a rien de plus beau qu'une maman qui allaite son enfant... ça devrait nous plonger dans une élévation d'âme et de coeur... il n'y a que des esprits tordus (fabriqués à la pelle par notre sinistre époque) pour y voir quelque chose de choquant, de supposé "discriminant", ou autre... Dans ma Serbie campagnarde (même au temps du communisme) une mère sortait son nichon en public, à la gare, dans un train, sur un banc, n'importe où... pour nourrir son enfant et à part quelque regard attendri cela ne provoquait pas le moindre remous... quelqu'un qui lui aurait fait une remarque se serait fait admonester par la grande majorité des personnes présentes qui, d'ailleurs, détournaient la tête par courtoisie pour laisser la maman et son enfant dans leur sublime intimité en cet instant personnel et empli d'amour...
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23/05/2018
La plupart des chrétiens baptisés flottent dans le siècle au petit bonheur des remous, comme des choses mortes
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ENTRETIEN AVEC LE PÈRE DÉSIRÉ BONVENT, DOMINICAIN
P. Bonvent : – Dans votre préface au recueil anthologique Le Verbe dans le sang, où vous présentez l’écrivain argentin Leonardo Castellani et son oeuvre, vous affirmez que l’apocalypse a déjà commencé. Si nous sommes entrés dans l’apocalypse, comme vous dîtes, quelles sont les choses dévoilées et révélées, puisque le mot « apocalypse » ne signifie pas seulement « catastrophe », mais aussi « dévoilement » ou « révélation » ?
– Parmi les révélations en cours, il y a en a une qui concerne le PÉCHÉ. L’apparition de nouveaux mots pour désigner ce qu’on appelait autrefois les péchés capitaux nous en dit beaucoup plus sur la régression morale de notre temps que sur son évolution scientifique. Le terme d’ »addiction », qui a tant de succès, est un exemple frappant. Il est plus facile de s’asseoir dans la salle d’attente d’un addictologue que de s’agenouiller dans un confessionnal pour reconnaître qu’on est une canaille. Exit l’orgueil, exit l’envie, exit la paresse, exit la colère, exit l’avarice, exit la paresse, exit la gourmandise, etc. Un grand nombre des maladies psychiques recensées par la nomenclature actuelle, qui en rajoute chaque semaine une nouvelle, répondent à cette même volonté d’approcher les travers de l’homme, ses vices, ses perversions et ses ignominies millénaires – connues et combattues comme telles par la morale de toutes les sagesses du monde jusqu’à nos jours –, sous un angle « nouveau » et dans des termes « inédits », qui permettent au praticien et au patient d’entretenir un pacte de non-agression mutuelle quant à la vérité. Le patient se ment à lui-même, le praticien entretient le mensonge, et en retour le patient ne dénonce pas l’imposture du praticien: statu quo ante bellum. La médecine n’est pas la seule touchée: le phénomène a envahi toutes les autres disciplines, de la littérature aux sciences dites « humaines ».
La vérité sur l’être humain ne doit plus être dite. L’unique objectif est d’éradiquer la souffrance, pour adapter l’individu au système. Ce qui revient à amputer l’homme des signaux naturels qui l’informent de sa misère, et donc à transformer l’homme en un misérable qui s’ignore.
Longtemps après avoir été expulsés du Paradis originel, nous aurons donc fini par nous débarrasser de l’antique malédiction qui pesait sur notre race : nous avons expulsé l’idée même du péché, et tout se passe maintenant comme s’il n’existait plus, car nous en avons décidé ainsi. Puisque nous avons supprimé le mot péché, plus personne ne devrait pécher ; puisque la notion de péché a été abandonnée à cause des victimes qu’elle a faites, il ne devrait plus y avoir de victimes. Mais voilà, les faits s’entêtent et la réalité récalcitre.
L’une des choses que nous commençons à voir, c’est qu’en abandonnant la notion de péché, nous n’avons pas du tout éradiqué les travers de l’homme ni sa violence. Bien au contraire, cette violence n’a cessé d’augmenter et de se rapprocher de nous : il n’y a qu’à constater le déchaînement d’hostilité et d’acrimonie de tous contre tous, ces furieuses croisades du ressentiment, ces campagnes inquisitoriales permanentes, à toute heure du jour et de la nuit, à l’échelle du globe comme à l’intérieur même des familles, qui sont en train de rendre impossible jusqu’au simple exercice de la réflexion. Conclusion : en privant l’homme de la notion de péché originel, non seulement on a déchaîné la violence et la persécution, mais on a privé les hommes de la rédemption et des moyens du salut qui lui étaient attachés.
L’apparition récente d’une formule telle que l' »ère de la post-vérité » s’inscrit dans la même volonté. « Post-vérité », n’est-ce pas pimpant et printanier, avec un je ne sais de quoi de leste et portatif, qui caractérise les gadgets qu’on garde sur soi en toutes circonstances ? Quand j’achevais Le Verbe dans le sang en 2016, le dictionnaire d’Oxford décernait au nouveau « concept » le titre de mot de l’année. Je crois qu’il est entré dans le Larousse et le Robert depuis. Il s’agissait au départ d’un vocable critique, désignant l’empire de l’émotion et de l’opinion, mais il incarne à lui seul toute notre époque, dont les principaux progrès dans l’hypocrisie et la veulerie se font au nom de la correction « éthique et responsable ». Cette fois, il s’agit d’enregistrer définitivement la disparition de la notion de MENSONGE. Mentir, dissimuler, tromper, se duper soi-même, tricher, trahir, truquer, travestir, fausser, falsifier, déformer, dénaturer, pervertir, corrompre, euphémiser, sophistiquer, calomnier, porter un faux témoignage contre son prochain: ce sont des péchés, et des péchés graves. Mais les hommes ne veulent plus discerner le vrai du faux, ni le bien du mal. Or discerner le vrai du faux et le bien du mal, c’est la définition générique de toute pensée depuis qu’il y a des hommes, et qui pensent.
La pensée, – ce que nous appelions autrefois le discernement, l’entendement, le jugement –, est sur le point d’être abolie. Comme la pensée est un effort vers la vérité, et que la vérité est la condition sine qua none de la liberté, la liberté de l’homme se trouve elle-même en voie d’abolition programmée.
Tout doit entrer dans la grande fiction universelle, et comme l’ont seriné à loisir les Foucault et les Deleuze, la vérité est un « récit comme un autre », plus ou moins efficient, plus ou moins divertissant, etc. Le Consentement Général à l’Erreur, que prophétisait Pascal, est sur le point de s’achever. Et comme l’ajoutait le même Pascal, c’est le consentement général à l’erreur qui précipitera la fin.
P. Bonvent : – Où sont les derniers chrétiens, et que font-ils face à ce « consentement général à l’erreur »?
Ce qu’il faut d’abord comprendre, c’est que le christianisme historique a été emporté par le courant. Et la plupart des chrétiens baptisés flottent dans le siècle au petit bonheur des remous, comme des choses mortes. En moins de deux cents ans, nous sommes passés du chrétien comme membre du Corps du Christ à l’individu chrétien comme membre de la Société, puis de l’individu chrétien au chrétien militant, puis du chrétien militant au militant chrétien, puis du militant chrétien au militant tout court. Et qu’est devenu le militant tout court? Un profil facebook, un usager télématique qui répond mimétiquement à toutes les provocations mondaines, qui obéit aux impératifs collectifs de reconnaissance, de réussite, de mobilisation et de sollicitude terrestre, avec la peur d’être exclu de la foule.
Moralité : le chrétien, de persécuté qu’il était, a rejoint la foule des persécuteurs.
C’est ce que la Tradition appelle la Grande Apostasie. Et cette apostasie générale nous apprend que nous sommes encore moins braves que Pierre, – lequel eut au moins le cran de revenir sur ses pas avant de renier trois fois son Maître.
P. Bonvent : – Ne trouvez-vous rien d’intéressant dans les dernières encycliques papales, notamment dans l’idée d’une « Ecologie Intégrale », qui fait la place au besoin de spiritualité à côté des autres nécessités matérielles?
– A son époque, Charles Péguy redoutait la chute du mystique dans le politique. Ne devons-nous pas redouter maintenant la chute du mystico-politique dans l’écologique ? Il semble que le mystique ne fasse plus que chuter, désormais. Les lois de la gravitation fonctionnent aussi dans le domaine de l’esprit, et elles sont sans pitié. Il en va de l’idée d' »Ecologie Intégrale » comme de la « Justice Sociale » et du « Progrès technique », dont elle semble, par certains aspects, une forme de fusion rêvée et idéalement conçue pour s’agréger au programme de la dictature « éclairée » qui s’annonce. Aussi, répondons avec Castellani sans tourner autour du pot : « Il ne suffit pas que les Papes produisent de grandes encycliques pour défendre la Justice Sociale -(ou « l’Ecologie Intégrale » dirions-nous) -; il faut que des hommes d’obédience catholique, doués d’une authentique vocation politique, incarnent leurs doctrines dans les institutions, au prix de leur vie, si besoin est ».
Quels risques prend-ton à répéter ce que tout le monde veut entendre ? Personnellement, je n’ai jamais éprouvé un quelconque « besoin de spiritualité » ; ce serait plutôt la spiritualité qui a besoin de moi. Dieu a besoin d’être soutenu dans ce monde ; son Esprit a besoin d’hommes qui veuillent bien de lui. Et ceci plus que jamais, car nous ne souffrons pas du tout d’une « fatigue du sens », – même si le Sens aurait quelques raisons de sentir une lassitude infinie à notre égard –, mais d’une fatigue du sang. Ce sang qui est toute notre ardeur à dire vrai et à être vrai, au prix coûtant. On ne sait pas très bien ce qui coule dans les veines des hommes aujourd’hui; il semble qu’il s’agisse d’un liquide au petit débit et à la température assez basse.
Le monde peut se raconter ce qui lui chante, se faire croire que des solutions inédites et des remèdes nouveaux vont enfin faire descendre le Bonheur sur la Terre : le monde est monde, et c’est sa nature de monde de s’illusionner et de se duper lui-même. Demain, ah, demain, tout ira mieux ! Quant au don de l’Éternel présent, il peut attendre. Au fond, la guitare change, mais on joue toujours la même petite chanson lamentable : « All you need is love »… alors qu’en réalité c’est exactement l’inverse : « All love need is you ». Qui a dit que nous avions besoin d’amour ? C’est l’Amour qui a besoin de nous, et pas plus tard que tout de suite.
P. Bonvent: – Ne pensez-vous pas qu’un grande partie de nos maux trouvent leur origine dans des mouvements « révolutionnaires » comme mai 1968, par exemple, à commencer par l’effondrement de l’autorité paternelle ?
Nous sommes entrés dans l’ère des révolutions perpétuelles; les dernières en date sont la révolution numérique et la révolution bio-technologique, et il en vient d’autres, encore plus cocasses; c’est-à-dire que nous sommes entrés dans l’ère du définitivement révolu. Ce qui est définitivement révolu, c’est notre colossale prétention à maîtriser le monde et à y vivre en paix. Les révolutions signifient l’absence d’ordre stable, l’absence d’ordre stable signifie la croissance indéfinie du chaos, qui signifie l’auto-destruction de l’humanité, à brève ou moyenne échéance. Tout comme Leonardo Castellani, je ne suis pas plus révolutionnaire que réactionnaire ou partisan du conservatisme. Mais surtout, je ne suis pas un adepte des causes fallacieuses. Sauf le respect que je vous dois, juger que nos problèmes ont pour origine la crise de 68 n’est pas très sérieux. Nos « problèmes » ont commencé avec Adam et Ève, c’est-à-dire avec la première tentation de l’orgueil ; ils se sont aggravés avec Caïn et Abel, c’est-à-dire avec le premier meurtre. Et depuis, comme disait Jacques Bainville, tout a toujours très mal marché.
Voilà des lustres et même des siècles qu’on parle de la crise de l’autorité, comme si la remise en cause de l’autorité était la cause de la crise. La cause de la crise, c’est le contraire de l’autorité, et le contraire de l’autorité, c’est la fausse autorité. En 68, le contraire de l’autorité ne se trouvait pas dans la horde de jeunes chevelus en col Mao, mais dans une fausse autorité qui s’était substituée à la vraie. Et l’on peut penser à bon droit avec Castellani qu’il en fut ainsi pour la Révolution Française ; la disparation de la noblesse ne vint pas de la revendication de la plèbe, mais de l’apparition d’une fausse noblesse : « Le plébéien n’est pas le contraire du noble ; le contraire du noble, c’est le faux noble. Ce ne sont pas les plébéiens qui furent la cause de la Révolution Française, mais les fils de la noblesse et les curés corrompus du genre de Talleyrand et Philippe Egalité, eux qui se servirent du ressentiment de la populace parisienne comme d’un levier – que ce ressentiment fut justifié ou non ».
En passant, observez que si l’autorité n’était pas plus ou moins devenue une bouffonnerie après la Seconde Guerre Mondiale, un bouffon comme Louis de Funès n’aurait jamais pu parodier les comportements « autoritaires » avec une justesse aussi saisissante. En tant que petit employé, il avait longtemps subi les caprices de quantité de patrons et de sous-chefs, et savait très bien à quoi s’en tenir sur la dignité de leur caporalisme. On ne parodie bien que ce qui a commencé à se parodier tout seul.
L’effondrement de l’autorité paternelle est un désastre, mais prendre les effets pour les causes en est un autre. Qu’étaient devenus beaucoup des pères de la grande bourgeoisie au début des Trente Glorieuse ? Des rivaux de leurs fils, aspirant aux mêmes objets et aux mêmes plaisirs qu’eux, ne voulant renoncer à aucune des promesses hédonistes de la société de consommation. Autrement dit, ils étaient devenus de faux pères. Ils avaient cessé d’être des modèles avant que leurs enfants ne s’avisent de leur désobéir, et ils n’étaient déjà pas respectables quand leur progéniture leur a manqué de respect. Cette progéniture a parfaitement compris la leçon, d’ailleurs, de la façon la plus simple qui soit: en général, elle n’a pas eu d’enfants. Du coup, vous pouvez vous rassurer: comme cette solution s’est propagée et que l’absence d’enfants ne cesse d’augmenter (si je puis dire), notre horizon se présentera bientôt absolument vierge de tout problème d' »autorité paternelle ».
P. Bonvent : – Quelle serait la position de Leonardo Castellani par rapport à la brûlante question des « migrants » qui menacent d’envahir l’Europe ?
Cette question concerne la pauvreté. La PAUVRETÉ: encore une notion que la religion chrétienne a pensée comme nulle autre religion avant elle. C’est un état que le christianisme a élevé au rang de vertu. Castellani observait dans l’histoire de l’Eglise l’abandon progressif de la pauvreté évangélique et de ce que cette pauvreté signifie dans sa radicalité. Aujourd’hui, il ne dirait pas aux « migrants » de venir chez les riches pour fuir la pauvreté. Il ne leur dirait pas non plus de rester chez eux pour devenir riches là-bas. Il leur dirait que la pauvreté les sanctifie et qu’ils sont plus proches du Royaume de Dieu que tous les riches du monde. Il leur dirait que, de toutes les conditions terrestres, la pauvreté est la meilleure condition pour s’entraider et pour s’aimer les uns les autres. Il leur dirait que le Ciel appartient aux Pauvres et aux Simples. Bien sûr, il prendrait en compte tous les facteurs socio-économiques et géopolitiques, les guerres et les injustices, la propagande et les manipulations oligarchiques, et la misère qui n’est pas la pauvreté, etc., mais en définitive, voilà ce qu’il dirait, sans aucun doute. Et il croirait ce qu’il dit. Le Christ lui-même dirait-il autre chose ? Non. Ce pourquoi on le crucifierait à nouveau, avec une bonne conscience impeccable, car sa Parole demeure « scandale pour les juifs » et « folie pour les païens ».
Je n’ignore pas que cette Parole est impossible à entendre de nos jours; mais il faut préciser que tel a toujours été le cas. Et puis, en effet, qui sommes-nous pour fermer notre porte aux pauvres, nous qui sommes si riches et si heureux d’être riches ? Enfin, qu’allons-nous devenir si notre horreur de la pauvreté ne nous permet plus de masquer notre misère dans les richesses? Les Européens sont tellement malheureux qu’ils ont un besoin vital qu’on les envie et qu’on les prenne pour des modèles : ergo, ils sont piégés par leur propre vanité, et il est logique qu’ils le soient.
Nous n’allons pas refaire le débat sur l’Eglise et la question migratoire dont Laurent Dandrieu a posé les termes récemment (Voir "L'Eglise et Immigration"). Ce que je veux dire, c’est que nous autres chrétiens, nous nous tirons d’affaire à bon compte en nous contentant de penser dans ces termes-là. Si quelqu’un interpellait tout à coup les pauvres du sud en leur brossant un tableau réaliste de ce qui les attend au nord, – c’est-à-dire rien d’autre qu’une existence de cochon parmi d’autres cochons qui rêvent de mourir vieux, voire de ne plus mourir du tout –, on peut s’interroger sur l’accueil que cette personne recevrait. Et en disant cela, je pense moins aux pauvres du sud qu’aux « riches » du nord.
P. Bonvent : – Vous êtes injuste et cruel ! Des cochons…
– Quand je dis qu’il n’y a que des cochons, je simplifie. Il y a aussi des araignées, des hyènes et des crotales. Et des vers solitaires…
P. Bonvent: – Vous êtes un ver solitaire ?
– Si c’est être perçu et se vivre soi-même comme une espèce de parasite indésirable dans cette grande machine dont l’abjection ne cesse de se perfectionner, certainement. Chaque nouvelle « avancée technologique » et chaque nouveau « progrès social » nous font sentir à quelle profondeur l’ancienne trinité occidentale, – qui unissait le Vrai, le Beau, le Bien, souvenez-vous ! –, a été condamnée. La liquidation de ce qui reste, par la purge éducative, sociale, institutionnelle, linguistique et machinique, n’est plus qu’une question d’heures, ou de minutes.
Et peut-être moins… Je viens d’apprendre qu’un metteur-en-scène italien, sur la suggestion du directeur de l’Opéra de Florence, a « corrigé » la fin tragique et violente de Carmen de Bizet, pour la rendre « plus conforme à la cause féminine » (sic). Nous y sommes, donc. Le faux corrige le Vrai, les ténèbres illuminent la Lumière. Ayant besoin d’argent, je propose aux éditeurs intéressés par la « cause » de réécrire tout le final de Madame Bovary (à partir du chap. VIII de la dernière partie); Flaubert, qui était un vrai phallocrate, pousse son héroïne au suicide et se délecte dans la description d’une agonie qui n’est pas très respectueuse de l’image de la femme et de ses droits; je crois que la jeune épouse frustrée de Yonville mérite d’obtenir un prêt bancaire à taux zéro, pour satisfaire enfin toutes ses « envies de femme » ; et je lui assurerai une carrière heureuse à Paris, dans la défense de l' »écriture inclusive » par exemple, ou dans la mode. Il y a aussi Andromaque, au veuvage névrotique et puritain, ou Phèdre, dont Jean Racine (J’enracine, quel vilain nom) a méchamment culpabilisé le très innocent désir sexuel qu’elle éprouve pour son beau-fils. Ou Madame Verdurin, dans A la Recherche du temps perdu, dont le portrait féroce et carrément odieux, disons-le, nécessiterait une bonne refonte, dans un esprit plus girl friendly… Bien sûr, dans le cas de Proust, ce serait un peu plus cher, car ses chapitres sont longs et son bouquin compte vraiment beaucoup (trop) de pages.
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29/04/2018
Rapport Borloo, "une erreur de diagnostic"
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L'ancien élu PS et président de SOS-Racisme appelle à "rétablir l'ordre républicain", avant l'adoption de toute mesure.
"L'heure n'est plus aux rapports d'experts, l'heure est à l'action". Les premières lignes du rapport sur les banlieues de Jean-Louis Borloo, remis ce matin au Premier ministre Edouard Philippe, annoncent 19 "programmes" pour réparer et redynamiser les quartiers oubliés de la République. Sans convaincre pour autant Malek Boutih, ancien député PS de l'Essonne, ex-président de SOS-Racisme et récent auteur lui-même d'un rapport sur la radicalisation de la jeunesse.
Dix-neuf programmes pour l'éducation, l'emploi, les transports, la sécurité... Après lecture du rapport, diriez-vous que les quartiers ont enfin des raisons d'espérer ?
Ce rapport porte la marque de l'ingéniosité et de l'esprit de Jean-Louis Borloo, mais il est voué, comme tout ce qui a été entrepris précédemment, à un échec profond. Parce qu'il est basé sur une erreur d'analyse fondamentale, qui consiste à penser que la banlieue dysfonctionne sur l'encadrement, le social, l'économie, alors que dans ces territoires, c'est la République qui est en train de s'effondrer. Le temps passant, l'accumulation des erreurs politiques a changé la nature de certains territoires où règne désormais le désordre social. Ce sont des territoires en marge de la République.
Ces quartiers "en marge" doivent-ils bénéficier d'un traitement différent des autres territoires, ce qui semble être la philosophie profonde du plan Borloo ?
Le rapport préconise une sorte de "Make banlieue great again". Mais ce temps est révolu. Soit la banlieue rejoint la France, soit la fracture qui est déjà terrible va continuer à s'aggraver. La banlieue est vue dans ce texte comme une start-up potentielle pour la France. Il s'agirait plutôt de renouer avec une tradition très ancrée : celle d'une République garante du traitement égalitaire de tous les citoyens, pas seulement les plus géniaux ou les plus excentriques. Nous devons normaliser ces quartiers. Oui, il peut y avoir des réalités sociales différentes, mais pas de "pays" dans le pays.
Quitte à renoncer à toute discrimination "positive", comme la création de cette "académie des leaders" qui serait réservée, dans un premier temps, aux jeunes des quartiers ciblés ?
L'objectif, c'est d'envoyer ces jeunes à l'ENA, pas dans la sous-ENA. Je préfère avoir cinq jeunes issus de ces quartiers à l'ENA plutôt que mille dans une sous-ENA. Parce que la lecture, en creux, c'est que l'on considère que la population et ces zones territoriales ne peuvent plus avoir une espérance dans ce pays. C'est de la charité politique, pas une politique républicaine.
Qu'entendez-vous exactement par une "politique républicaine" ?
Commencer par rétablir un ordre républicain social. Le "gangrénage" par la violence détruit tous les efforts de ceux qui continuent à se battre dans ces territoires. Prenons le cas de l'Education nationale : le rapport s'appuie sur des stéréotypes complètement faux. Certes, il s'agit de milieux populaires et pauvres, mais aujourd'hui, c'est la violence qui empêche les gosses de pouvoir étudier, et qui conduit les parents à les envoyer dans des écoles privées. Il y a une rupture de confiance totale. Les gens ne croient plus à l'Etat pour assurer la sécurité et l'avenir de leurs enfants. L'éducation, c'est un problème de décomposition sociale, mais aussi de violence. Il y a urgence à faire de toutes les écoles de la République des bastions de tranquillité, à l'abri des voyous et de tous ceux qui veulent faire du mal à la jeunesse. La police est donc une priorité, une condition sine qua non au lancement de tout processus. Le rapport n'en parle pas beaucoup, car il a été pensé à côté de la société. Une fois que l'ordre républicain est rétabli, vous pouvez engager des mesures. Ca doit être l'objectif prioritaire. Un objectif simple, mais qui paraît aujourd'hui inatteignable. Et c'est cela qui est inquiétant.
Pour vous, ces 48 milliards d'euros promis par le rapport ne serviront donc à rien ?
Ce rapport est une boîte à idées, plus ou moins neuves. Avec quelques gadgets dans l'air du temps comme le développement du numérique. Le dispositif va finir comme une petite poire financière, pour étancher la soif pour les villes en difficulté et répondre aux cris d'alarme des élus, comme Stéphane Gatignon. On tend un filet pour retenir ces zones sous contrôle. Au final, il restera une petite enveloppe de 500 millions d'euros par an. Il y aura trois ou quatre expériences pilotes, du grain à moudre pour les éditorialistes, mais la décomposition, elle, va suivre son cours.
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28/04/2018
« Plan banlieues » de Borloo : Rachida Dati sort la sulfateuse
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LE SCAN POLITIQUE - La maire du VIIe arrondissement de Paris estime que l'ancien ministre « veut sauver les banlieues avec les vieilles recettes » qui « ont pourtant déjà échoué ».
Ne parlez pas à Rachida Dati du « plan banlieues » de Jean-Louis Borloo. « Des vieilles recettes », juge la maire LR du VIIe arrondissement de Paris, au lendemain de la présentation à Matignon du rapport de l'ancien ministre. Dans un communiqué, l'ex-garde des Sceaux estime vendredi que Jean-Louis Borloo « veut sauver les banlieues » après « avoir échoué à électrifier l'Afrique », réféfence à la fondation « Energies pour l'Afrique » lancée en 2015.
« Le fil conducteur de ce plan, c'est encore des milliards supplémentaires à fonds perdus pour de l'assistanat. Et ce alors que depuis 2004 et la création de l'ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine, NDLR) plus de 60 milliards d'euros ont été déversés sur ces quartiers dits populaires », attaque l'eurodéputée qui estime que les résultats ne sont pas au rendez-vous malgré les fonds débloqués. « Alors à quoi vont servir ces 48 milliards (le montant des investissements réclamés par Jean-Louis Borloo, NDLR) d'impôts supplémentaires ? À financer une École Nationale d'Administration pour banlieusards, alors que le décrochage scolaire intervient dès le collège, que la violence et la désintégration républicaine gangrènent une partie de ces territoires. Et ce n'est pas la tarte à la crème "du numérique" qui empêchera les fractures », fustige Rachida Dati, en écho à certaines des propositions formulées jeudi.
C'est aussi sur le terrain de la sécurité que l'ancienne ministre de la Justice éreinte Jean-Louis Borloo : « Il est proposé de remplacer les “grands frères” des années 90 par ce qu'il qualifie de “nouvelles Marianne”, les mères comme femme-relais en les assignant au pied des immeubles », note-t-elle. Et de glisser : « Quel mépris et quel sexisme ! » « Ce plan ne comporte ni responsabilité, ni devoir, ni sécurité. Alors non, les impôts des Français ne doivent pas contribuer à notre affaiblissement, pour la seule bonne conscience de ceux qui méprisent ou victimisent les habitants de ces territoires », tance Rachida Dati.
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SOURCE : Tristan Quinault-Maupoil, pour Le Figaro
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5 milliards d’euros !
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Une amie sur Facebook, qui n'a pas sa langue dans sa poche; a déclaré : "Le prix de la Djizîa a été fixé par Borloo à 5 milliards d’euros !"
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15/04/2018
Jean Louis Caccomo, le cas édifiant d’un prof interné pour ses idées...
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L'hallucinant témoignage de Jean-Louis Caccomo, un professeur d'Université interné psychiatriquement, en France (!!!!!!!), en raison de ses idées Libérales... A regarder de bout en bout... et à faire circuler.
Son témoignage démarre à 7min17sec...
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13/04/2018
Le Gauchisme en Action à l'Université Paul Valéry (Montpellier)...
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10/04/2018
Gaza : autopsie d'un mensonge hystérique
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Tribune. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l'actualité.
L'hystérique est allergique au fait.
Il ne réagit qu'aux cris et à la fureur.L'hystérique aime la foule et la foule est hystérique. C’est dans ce cadre délirant qu’ont donc réagi les gauchistes hystériques à propos des manifestations de Gaza.
Le titre d’un article publié par Mediapart en résume bien toute la stupide folie : « La Shoah des palestiniens » … D'abord les mensonges et ensuite les faits. Le mensonge, éhonté, est que la « société civile » de Gaza, pour reprendre l'expression de la correspondante de la radio active de service public France Inter, a souhaité organiser une manifestation pacifique à la frontière avec Israël pour promouvoir le droit au retour des palestiniens sur leurs terres desquelles ils ont été expulsés il y a 70 ans par les sionistes détestés. Les soldats israéliens auraient tiré sans raison en tuant 17 manifestants pacifiques et en en blessant plus d'un millier. C'est sur la base de ce mensonge qu'une partie des médias idéologisés et l'ensemble de la gauche française a réagi sans aucun besoin de vérification, tant le mensonge était délicieux.
Les faits à présent. Ces manifestations étaient encadrées par le Hamas islamiste, considéré par l'Europe et les États-Unis comme une organisation terroriste et qui gouverne impitoyablement à Gaza.
La notion de « société civile » indépendante à Gaza est une triste plaisanterie pour amuser la galerie. Le but était annoncé à l'avance : franchir la frontière israélienne dans le cadre du retour pour les terres volées par l'entité sioniste. Cependant, parmi les 17 tués, se trouve 11 membres des organisations terroristes Hamas et Jihad islamique dont on pouvait aisément deviner les intentions pacifiques, la frontière une fois passée. Les autorités israéliennes ont montré les photos et conservent le corps de l'un de ceux-ci en espérant un jour l’échanger contre les dépouilles de soldats israéliens que le Hamas refuse de restituer sinon contre des terroristes emprisonnés. Quant aux blessés, les Israéliens estiment leur nombre à une douzaine en comparaison avec le millier dont le chiffre a été accepté sans barguigner par les médias internationaux confiants dans le sérieux et la bonne foi du Hamas. Pour être complet, il faut reconnaître qu'il n'y avait pas que des terroristes à l'intérieur de la foule Gazaouie : Il y avait aussi des enfants en bas âge. Il n'est de bonne action terroriste sans l'utilisation de boucliers humains.
Quand le bouclier a cinq ans, c'est bien. Six mois, c’est mieux.
C'est donc dans ce cadre factuel et politique que la gauche médiatique a sur-réagi comme à sa délicieuse habitude.
Trop heureuse, inconsciemment sans doute, de faire oublier le dernier assassinat sur une vieille dame juive commis par l'antisémitisme d’origine islamique sur le territoire français.
Il aurait fallu sans doute, qu'à la fois, Israël, militairement, accepte le risque terroriste et tolère le franchissement de sa frontière incontestée depuis qu'il a évacué unilatéralement Gaza et , politiquement , entérine ce droit au retour de descendants de descendants, qui signifie sa mort, évidemment.
À la décharge de la gauche médiatique et politique française, il faut reconnaître que la notion de frontière et d'existence nationale est une notion barbare dès lors qu'il s'agit d'un État occidental à défendre.
Les mêmes en effet acceptent pour les peuples non occidentaux, les revendications identitaires et nationales les plus intransigeantes.
C'est ainsi par exemple qu'ils comprennent parfaitement l'exigence palestinienne de ne plus voir traîner le moindre juif… en Judée.
C'est donc dans ce cadre idéologique hystérique qu'on a assisté dimanche à Paris à d'étranges comportements. Ainsi, Olivier Faure, président tout frais d'un parti socialiste refroidi, n'a pas craint de comparer très pieusement et très intelligemment en ce jour de la pâque juive, La marche du Hamas à l'ouverture de la mer rouge par Moïse…
Il n'était évidemment pas question que les Insoumis soient en reste dans cette compétition pour les voix de certaines cités insoumises. Afin sans doute de faire pardonner leur tentative de rendre hommage à une survivante de la Shoah assassinée, une centaine se sera rassemblé pour conspuer les autorités de l'État juif.
Il sera donc acté que ceux qui n'auront pas organisé la moindre manifestation en solidarité des 500 000 Syriens assassinés par l'islamisme, ou en faveur des opposants démocrates vénézuéliens fusillés en pleine rue par un régime communiste, se seront déplacés pour soutenir au moins indirectement un mouvement terroriste islamiste. On peut reprocher tout aux islamo-gauchistes, sauf d'être incohérents dans leur inepte inhumanité.
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09/04/2018
L'homme idéal existe (et il est ennuyeux)
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
FIGAROVOX/TRIBUNE - Sophie Perrier est allée à la rencontre de l'homme parfait : il vit en Hollande, ne siffle personne dans la rue, s'occupe des enfants, fait le repassage et écoute sa partenaire en toutes circonstances. Le rêve !
Sophie Perrier est l'auteur de L'Anti-Macho, un livre drôle et décomplexé dans lequel elle dresse le portrait type de l'homme idéal dont rêve le féminisme.
Après l'affaire Weinstein, il est devenu clair que l'homme dont nous voulons est un homme respectueux, qui considère les femmes avant tout comme des êtres humains, ne les harcèle pas dans l'espace public et, surtout, n'insiste pas quand l'une d'elles lui fait signe qu'elle ne veut pas de lui.
Il est un pays où ces hommes-là sont légion: les Pays-Bas. Là, les hommes se sont adaptés à la nouvelle donne imposée par le féminisme particulièrement virulent des années 70. Ils travaillent désormais un jour de moins par semaine pour s'occuper des enfants et des tâches ménagères, tiennent compte de l'avis de leur compagne dans toutes les décisions, les traitent d'égal à égal au travail, ne les importunent pas dans la rue ou en soirée et s'assurent toujours des conséquences d'un rapport sexuel avant de l'entreprendre.
Respect, égalité et responsabilité sont les maîtres mots qui caractérisent l'attitude des hommes néerlandais envers la gent féminine. Les femmes d'autres pays auraient-elles intérêt à émigrer pour épouser cet homme idéal que toutes semblent appeler de leurs vœux aujourd'hui ?
Lorsque j'ai recueilli pour mon livre « L'Anti-macho » les témoignages d'une quarantaine de femmes entre 25 et 35 ans venues de tous les continents et installées aux Pays-Bas, j'ai entendu autant de rires que de pleurs. Certes, elles ne tarissaient pas d'éloges sur l'honnêteté, la fidélité, la véritable confiance qu'inspire l'homme hollandais et la profonde égalité qui régit les deux sexes dans toute la société. Mais la majorité d'entre elles étaient aussi perplexes devant le peu d'attentions qu'elles recevaient de la gent masculine: les hommes à Amsterdam ne leur proposent pas de porter leur valise, ne les raccompagnent pas le soir tard après une fête, ne tendent pas leur briquet lorsqu'elles sortent une cigarette et ne payent pas les additions pour deux. Si quelqu'un leur manque de respect, ils assistent à la scène et ne prennent pas leur défense. Égalité oblige, ils ne jouent pas le rôle de mâle protecteur, la femme étant censée s'assumer et se défendre elle-même.
À leur arrivée aux Pays-Bas, ces femmes étrangères se sont extasiées de pouvoir rester seules à lire pendant des heures dans un café sans se sentir la proie de regards masculins, de marcher dans la rue vêtue d'une minijupe sans se faire siffler. Et surtout, de ne plus connaître le phénomène dégoûtant des mains baladeuses dans les transports. Mais par ailleurs, elles regrettent l'absence d'interaction et de jeu avec les hommes dans les soirées ou les bars et se souviennent avec nostalgie de l'époque où elles se sentaient désirées et désirables. Celle où elles attendaient tranquillement que les hommes viennent à elles, au lieu de devoir prendre elles-mêmes l'initiative. Au bout de quelques années, elles arrêtent de mettre des jupes et de se maquiller, déçues du peu d'effet que ces efforts produisent. Elles trouvent les hommes « froids » et s'ennuient.
Elles apprécient sincèrement que le Hollandais ne les brusque pas et qu'il s'assure longuement que le désir est partagé des deux côtés avant d'en arriver au moment fatidique. Mais lorsqu'elles ne disent pas « oui » tout de suite, elles se retrouvent penaudes de le voir abandonner si vite et lui en veulent de ne pas avoir su lire entre les lignes : leur « non » était en fait un « demi-non » ou même peut-être un « oui » pour plus tard. Et lorsque le moment crucial arrive et que l'homme hollandais leur demande, encore, si elles sont vraiment sûres de vouloir « ça », elles s'impatientent et lèvent les yeux au ciel.
Ces témoignages lèvent le voile sur une réalité taboue : de nombreuses femmes ne sont pas prêtes à des relations qui se vivraient dans l'égalité parfaite. Sans qu'elles en aient toujours conscience, l'altérité entre les sexes, la séduction ambiante, le flirt même au boulot, font partie de leur mode de fonctionnement depuis toujours. Lorsque cela s'évanouit, elles ressentent d'abord un soulagement, puis un manque indéfinissable, ce « sel » dont elles avaient l'habitude et dont l'absence leur fait aujourd'hui trouver leur vie bien fade.
De nombreuses femmes crient aujourd'hui haut et fort qu'elles en ont assez d'être considérées comme des proies sexuelles. Mais celles qui se sentent opprimées ne comprennent pas qu'elles jouissent aussi, sans le savoir, d'un privilège énorme: celui d'être valorisées par les hommes pour le seul fait de leur féminité et d'être les bénéficiaires de milles petites attentions masculines. Celui d'attirer les potentiels partenaires à elles comme des aimants, d'être en mesure de choisir le bon et de repousser tous les autres. Celui d'obtenir d'eux des faveurs petites et grandes grâce à un regard ravageur, ou de se faire tout pardonner par quelques larmes attendrissantes.
En France, pays du romantisme où le charme régit encore profondément les relations entre les deux sexes, de nombreuses femmes, dont je fais partie, sont secrètement partagées. Sommes-nous vraiment prêtes, comme les Néerlandaises, à faire une croix sur le piquant d'une société où les relations entre hommes et femmes ne sont pas neutres ? Voulons-nous renoncer à la banquette au restaurant et ne pas rechigner à manier une perceuse ? Allons-nous, comme elles, expliciter nos désirs ou notre absence d'envie fermement et sans équivoque, quitte à casser un peu l'ambiance ? Ne plus nous penser avant tout comme des femmes délicates qui apprécient la protection des hommes, mais en premier lieu comme des êtres humains affirmés et autonomes ? Bref, sommes-nous prêtes à assumer, nous aussi, notre part vers le chemin de l'égalité ?
Mais au fait, est-ce bien cela que nous voulons ?
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25/03/2018
Pourquoi les végans ont tout faux
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Ils prônent une rupture totale avec le monde animal, alors que manger de la viande a toujours fait partie de l’histoire humaine, un moment essentiel de partage. Cette relation doit reposer sur un élevage raisonné et bio, respectueux des sols et des terroirs. La meilleure façon d’échapper à l’alimentation industrielle.
Ils sont peu nombreux, mais ils ont une audience impressionnante. Comme ce qu’ils disent semble frappé au coin du bon sens, celui de l’émotionnel et d’une morale binaire, le bien, le mal, c’est que ça doit être vrai. D’où le succès de la propagande végane, version politique et extrémiste de l’abolitionnisme de l’élevage et de la viande, que l’on mesure simplement : aujourd’hui, les opinions contraires, pourtant majoritaires, doivent se justifier par rapport à elle. Nous dénonçons d’autant plus le mauvais coup que porte le véganisme à notre mode de vie, à l’agriculture, à nos relations aux animaux et même aux courants végétariens traditionnels, que nous sommes convaincus de la nécessité d’en finir au plus vite avec les conditions imposées par les systèmes industriels et d’aller vers une alimentation relocalisée, préservant la biodiversité et le paysan, moins carnée, aussi. L’Occident et les riches des pays du Sud consomment trop de viandes, et surtout de la mauvaise viande. Au Nord comme au Sud, les systèmes industriels ont changé l’animal en machine à transformer la cellulose des plantes en protéines bon marché pour le plus grand profit des multinationales et au détriment des paysans, des consommateurs, des sols, de l’eau et des animaux. Le bilan sanitaire et écologique de ces rapports de travail indignes aux animaux est tout aussi mauvais que celui du reste de l’agriculture productiviste : on empoisonne les consommateurs avec de la mauvaise viande, de mauvais légumes et fruits, en dégradant l’environnement et la condition paysanne. Ceci étant dit, regardons un peu les arguments avancés par les végans.
Les végans vont sauver les animaux
Depuis douze mille ans, nous travaillons et vivons avec des animaux parce que nous avons des intérêts respectifs à vivre ensemble plutôt que séparés. Les animaux domestiques ne sont plus, et depuis longtemps, des animaux «naturels». Ils sont partie prenante du monde humain autant que de leur propre monde. Et, grâce au travail que nous réalisons ensemble, ils ont acquis une seconde nature qui fait qu’ils nous comprennent, bien mieux sans doute que nous les comprenons. Ainsi est-il probable qu’ils ne demandent pas à être «libérés». Ils ne demandent pas à retourner à la sauvagerie. Ils ne demandent pas à être stérilisés afin de peu à peu disparaître, ainsi que le réclament certains végans. Ils demandent à vivre avec nous, et nous avec eux, ils demandent à vivre une existence intéressante, intelligente et digne.
Le véganisme va nous sauver de la famine
Jusqu’à il y a peu, rappelons-le, les hommes et les femmes mouraient vite de trois causes possibles : les maladies infectieuses, la guerre et la faim. Or, depuis la fin du XVIIIe siècle, dans nos pays européens, et depuis les années 60 dans l’ensemble du monde, il n’existe plus de famines liées à un manque de ressources. Quel progrès ! Les famines qui adviennent sont des armes politiques. Quand des gens meurent de faim quelque part, c’est parce que d’autres l’ont décidé. On ne voit pas en quoi le véganisme changerait quoi que ce soit à cette réalité.
Le véganisme va sauver l’agriculture
Ce serait même exactement l’inverse. Si les famines ont disparu de notre sol, c’est parce que le XVIIIe siècle a connu la plus grande révolution agricole après celle de son invention : l’agronomie. Et la polyculture-élevage, pourvoyeuse de ce qui se fait de mieux pour nourrir un sol, le fumier. Une des meilleures idées que l’homme ait jamais eue. Quant à l’industrialisation de l’élevage, elle n’est pas née après la Seconde Guerre mondiale avec le productivisme agricole. Elle a été pensée bien en amont, au milieu du XIXe siècle avec le développement du capitalisme industriel. Les animaux sont alors devenus des machines dont la seule utilité est de générer des profits, aux dépens des paysans et de l’environnement.
Le véganisme va sauver notre alimentation
Le véganisme propose de se passer des animaux, pour les sauver. Retour à la case départ : l’agriculture sans élevage, c’est l’agriculture famineuse parce qu’elle épuise les sols. Ce sont des rendements ridicules pour un travail de forçat car le compost de légumes est bien moins efficace pour faire pousser des légumes que le fumier animal. A moins de forcer le sol par de la chimie, évidemment. Et de labourer bien profondément. Mais, dans ce cas, on abîme les sols, en désorganisant l’écosystème qu’il est en réalité.
Le véganisme sauvera notre santé
Tuer l’animal, c’est mal, manger de la viande, c’est destructeur. Car les études montrent que la consommation de viandes est corrélée au cancer. Sauf que ces études ont été principalement menées aux Etats-Unis et en Chine, où l’on consomme bien plus de viande, encore plus gavée d’hormones et d’antibiotiques, encore plus transformée. Quant aux études démontrant la longévité supérieure des végétariens qui - rappelons-le - consomment des produits animaux, lait et œufs, et dépendent donc de l’élevage, elles sont biaisées par le constat que ces publics consomment aussi très peu de produits transformés, peu de sucres, ils font du sport, boivent peu, ils ont une bonne assurance sociale, etc. Quelle est la responsabilité des légumes dans leur bonne santé ? Difficile à dire ! Ce qui importe, c’est le régime alimentaire et le mode de vie équilibrés. En comparaison, manger végan, l’absolu des régimes «sans», c’est se condamner à ingurgiter beaucoup de produits transformés, c’est-à-dire des assemblages de molécules pour mimer ce qu’on a supprimé. Sans omettre d’ajouter la précieuse vitamine B12 à son alimentation. Car sans elle, comme le montrent de nombreux témoignages d’ex-végans, ce régime ultra-sans détruit irrémédiablement la santé, à commencer par celle de l’esprit.
Le véganisme va sauver l’écologie
Avec ce retour au naturel, l’écologie est sauvée. Et bien non. Car ayant expulsé les animaux domestiques, il n’y a plus rien pour maintenir les paysages ouverts, ceux des prairies, des zones humides, des montagnes et des bocages. Sauf à obliger chômeurs, prisonniers et clochards à faucher et à couper les herbes, ou à produire des robots brouteurs. Les vaches et moutons sont les garants de l’extraordinaire diversité paysagère qui fait la France, qui est aussi celle de notre assiette. Les animaux et leurs éleveurs sont les premiers aménageurs du territoire.
Le véganisme est une position politique émancipatrice
Non, contrairement à ce que croient de nombreux jeunes, fiers de dire «je suis végan», comme s’ils participaient à une action révolutionnaire, ou si leurs actions contre les abattoirs ou les paysans vendant leurs fromages sur les marchés relevaient de la résistance à l’ordre établi, le véganisme ne participe pas à l’émancipation des animaux et encore moins à celle des humains. Au contraire, en défendant une agriculture sans élevage et un monde sans animaux domestiques, c’est-à-dire sans vaches, ni chevaux, ni chiens, ce mouvement nous met encore plus dans les serres des multinationales et accroît notre dépendance alimentaire et notre aliénation. Les théoriciens et militants végans ne sont pas des révolutionnaires, ils sont, au contraire, clairement les idiots utiles du capitalisme.
Le véganisme est l’ambassadeur de l’industrie 4.0
Le grand danger de ce début du XXIe siècle est bien l’invention d’une agriculture sans élevage. On ne compte plus les investissements et brevets déposés pour produire de la «viande» en cultivant en laboratoire des cellules musculaires de poulet, de bœuf ou de porc ou produire du lait et des œufs à partir de levures OGM. Les promoteurs de cette agriculture cellulaire se recrutent au sein des grandes firmes (Gafa, milliardaires et fonds d’investissements puissants). Les premières viandes artificielles pourraient être introduites sur le marché sous forme de carpaccio avant que soient commercialisés avant dix ans de «vrais-faux» morceaux produits in vitro. Des amas de protéines qui auront poussé à grands jets d’hormones pour favoriser la croissance et d’antibiotiques pour éviter les contaminations.
En vérité, le véganisme ne va pas nous sauver
Le véganisme est dangereux. Il participe à la rupture programmée de nos liens avec les animaux domestiques. Il menace de nous condamner à la disette en nous ramenant à l’agriculture prédatrice des temps anciens. Il menace de ruiner les pratiques alternatives, comme le bio, en annihilant la polyculture-élevage qui est son fondement. Il menace de nous condamner à dépendre d’une alimentation industrielle 4.0. Il menace d’uniformiser nos paysages. Il menace paradoxalement de nous faire perdre notre humanité incarnée et notre animalité en nous coupant des réalités naturelles par des zoos virtuels, des paysages transformés en sanctuaires, avec des chiens et chats remplacés par des robots. Le véganisme est l’allié objectif d’une menace plus grande encore. Car, après tout, la meilleure façon de ne plus abîmer la nature est de s’en couper totalement. De s’enfermer dans des villes, alimentées par des flux de molécules et des flux de données. Plus de sale, plus de propre, que de l’esprit sain tourné vers une morale ultime, l’amélioration de l’homme par son isolement total de la nature que l’on ne peut maîtriser et qui nous renvoie sans cesse à notre animalité. Oui, véganisme rime avec transhumanisme.
Un monde terrifiant. La consommation de la viande a introduit, dès la préhistoire, l’obligation du partage, l’invention de la logique du don et du contre-don car un chasseur ne consomme jamais son propre gibier. Don et contre-don sont aussi au fondement de nos rapports sociaux avec les animaux. Donner - recevoir - rendre est le triptyque de nos liens. Que sera l’humanité sans cet échange fondamental ?
Paul Ariès auteur de : Une histoire politique de l'alimentation du Paléolithique à nos jours, Max Milo, 2017.
Frédéric Denhez auteur de : le Bio, au risque de se perdre, Buchet-Chastel, 2018.
Jocelyne Porcher auteure de : Encore carnivores demain ? Quae, 2017 (avec Olivier Néron de Surgy).
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16/03/2018
Violence du néo féminisme : Chacun son tour
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Bertrand Cantat, vient d’annoncer qu’il renonçait à une tournée de concerts « dans le but de mettre fin à la polémique ». Monsieur Cantat, même pas en rêve, elles ne vous lâcheront pas, jamais. J’espère que vous mesurez que ce qui se déploie et dont vous êtes victime, n’a rien à voir avec une « polémique ». Il s’agit simplement de l’expression d’une haine compulsive et obsessionnelle, dirigée contre vous cette fois-ci, mais demain contre quelqu’un d’autre. La haine et la peur des hommes accusés d’être quasiment tous des violeurs, l’aversion pour un pays présenté comme un immense camp de concentration pour les femmes, soumises à des viols de masse, la répulsion puritaine pour la sexualité, tout ceci se focalise contre des cibles que la meute désigne à la vindicte. Les unes derrière les autres. Après Orelsan c’était donc le tour de Bertrand Cantat qui présente des caractéristiques significatives et particulièrement intéressantes. Voilà un artiste « engagé » qui passait son temps entouré d’une petite gauche sociétaliste et clanique, à donner des leçons de morale à la terre entière. Étendard de la bien-pensance, il n’avait pas de mots assez durs pour fustiger les méchants. Et voilà que le héros fait la démonstration que l’appartenance au camp du bien n’empêche pas d’aussi faire le mal. Tout le monde sait qu’il y a 15 ans, il a tué sa compagne Marie Trintignant sous les coups dans des conditions terribles.
Jugé par un tribunal régulier, il a subi et exécuté la peine. Quoi que l’on pense du quantum de celle-ci, et des conditions de cette exécution, il n’y a plus à discuter. Sur le plan judiciaire, vis-à-vis de la société, il est quitte. De plus dans une société civilisée, la prison à temps présente la caractéristique de prévoir et de favoriser la réinsertion des condamnés. Pas de leur infliger une mort sociale définitive.
On a tout à fait le droit de ne pas aimer Bertrand Cantat. C’était mon cas avant, et avec la mort de Marie Trintignant, cela ne s’est pas arrangé. Mais, vouloir aujourd’hui le frapper d’un interdit professionnel définitif, et l’empêcher de s’exprimer est simplement une démarche totalitaire. Personne n’est obligé d’aller à ses concerts, et ceux qui le font usent d’une liberté que nul n’est en droit de leur contester. Tout comme sont libres de le dire, ceux qui pensent, comme Nadine Trintignant, qu’il ferait mieux de raser les murs. Mais ce qui est inacceptable ce sont ces pressions permanentes, ces campagnes médiatiques, ces pétitions sur Internet, ces minables interventions d’élus, je pense au maire de Saint-Nazaire et au président du Conseil Départemental de la Manche, qui hurlent avec les loups en espérant grappiller quelques voix. Et maintenant, cette violence qui tente d’empêcher physiquement les concerts en organisant des troubles à l’ordre public pour fournir à la lâcheté de certains édiles les prétextes pour les interdire. Et bien sûr, tout le monde oublie l’article 431–1 du code pénal qui considère que ces comportements constituent un délit. La consultation des réseaux est absolument accablante, parcourus qu’ils sont par le ressentiment et la haine. Et où l’on voit affleurer cet appétit inquiétant pour la punition définitive, et éliminatoire. Françoise Nyssen a pourtant dit sobrement ce qu’il fallait en penser : « Bertrand Cantat a aussi le droit de continuer à vivre ». Pour être immédiatement couverte d’injures.
Interdire, censurer, punir, voilà bien le triptyque du néo féminisme en action. Dont la mise en œuvre se caractérise par une violence sociale extrême. Dans la mesure où les tenants de cette idéologie sont souvent proches, sinon appartiennent au pouvoir d’État il y a lieu de s’inquiéter. Rappelons-nous Caroline de Haas membre du cabinet de Najat Valaud Belkacem alors ministre de la condition féminine, et observons les réflexes parfois déplorables de Marlène Schiappa. Et lisons les projets de loi liberticides concoctés dans les petits laboratoires de ce totalitarisme.
Interdire, censurer, punir. À qui le tour ?
Maître Florence Rault
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25/02/2018
Les premiers hommes étaient Européens et non Africains, affirme une étude controversée
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Des chercheurs ont analysé avec de nouvelles techniques deux fossiles découverts en Grèce et en Bulgarie. Et un petit détail leur a mis la puce à l'oreille.
SCIENCE - La divergence dans l'évolution entre les grands singes et les humains se serait produite plus tôt qu'estimé, et non pas en Afrique mais sur le continent européen, selon une nouvelle analyse de deux fossiles d'hominidés datant de 7,2 millions d'années mis au jour dans les Balkans.
Cette découverte, objet de deux études publiées ce lundi 22 mai dans la revue américaine PLOS One, vient étayer davantage la théorie selon laquelle la lignée humaine s'est séparée de celle des chimpanzés dans l'est du bassin méditerranéen, et non pas sur le continent africain comme on le pense généralement. Une affirmation qui a été rejetée par plusieurs paléontologues interrogés par le Washington Post.
Les chimpanzés sont les cousins vivants les plus proches des humains, dont ils partagent plus de 95% des gènes. Retrouver dans l'évolution le dernier ancêtre commun aux deux espèces est la question centrale et la plus débattue en paléoanthropologie.
Les scientifiques avançaient jusqu'alors l'hypothèse selon laquelle les deux lignées ont divergé dans une période remontant de cinq à sept millions d'années et que le premier pré-humain est apparu en Afrique.
La preuve par les molaires
Mais de nouvelles analyses avec des technologies sophistiquées de ces deux fossiles connus depuis plusieurs décennies d'hominidés "Graecopithèque freybergi" ont conduit les auteurs à conclure qu'ils appartiendraient à une espèce d'hominidé pré-humain.
A l'occasion de la sortie de l'étude, l'artiste Velizar Simeonovski a imaginé à quoi pouvaient ressembler ces Graecopithèque freyberg.
Recourant à la tomographie informatisée, une nouvelle technique d'imagerie, cette équipe internationale de recherche a pu visualiser les structures internes des deux fossiles. Selon leurs analyses, les racines des prémolaires étaient en partie fusionnées.
"Alors que chez les grands singes les deux ou trois racines des molaires sont nettement séparées ou divergent, chez le Graecopithèque elles convergent et sont partiellement fusionnées, une caractéristique typique chez les humains modernes et anciens et plusieurs hominidés pré-humains, dont l'Ardipithèque et l'Australopithèque", explique Madelaine Böhme, professeur au Centre Senckenberg sur l'évolution humaine à l'Université de Tübingen en Allemagne, une des principales auteures de ces recherches.
"Nous avons été surpris de ces résultats alors que les hominidés pré-humains connus jusqu'alors avaient été trouvés seulement en Afrique sub-saharienne", relève Jochen Fuss, un chercheur à l'Université de Tübingen qui a mené une partie de l'étude.
Les chercheurs ont daté les sédiments des sites en Grèce et en Bulgarie où ont été mis au jour les deux fossiles du Graecopithèque à 7,24 et 7,17 millions d'années respectivement. "Cette datation nous permet de situer la séparation entre les humains et les chimpanzés dans la région de la Méditerranée", relève David Begun.
Les spécialistes pas convaincus
Pour autant, l'analyse de ces deux fossiles, la partie inférieure d'une mâchoire trouvée en Grèce et d'une prémolaire supérieure mise au jour en Bulgarie, ne suffit pas à convaincre la communauté scientifique. Le Washington Post a en effet interrogé plusieurs chercheurs spécialisés sur ces questions qui ne sont pas d'accord avec les conclusions des deux articles publiés dans PLOS One.
Jay Kelley, un paléontologue de l'université d'Arizona, précise que David Begun, professeur de paléoanthropologie à l'Université de Toronto, un des principaux co-auteur de ces travaux, a depuis longtemps défendu cette thèse d'une origine européenne des hommes. Puis, selon lui, nos ancêtres seraient retournés en Afrique par la suite. Une théorie qui "a emporté peu, si ce n'est aucun adhérent", précise Jay Kelley.
Richard Potts, un autre paléontologue interrogé par le quotidien, estime lui que "la conclusion principale de l'article va bien au-delà des preuves présentées". Jay Kelly abonde en affirmant que la forme de la molaire ne suffit pas à classer ce fossile dans la catégorie hominidé. D'ailleurs, nos premiers ancêtres n'avaient pas les molaires fusionnées. Cela pourrait donc être une mutation qui a évolué indépendamment dans plusieurs lignées différentes.
Une divergence liée au climat ?
Mais si les auteurs ont raison, comment expliquer cette différenciation entre le singe et l'homme? Les scientifiques notent que cette évolution des hominidés pré-humains pourrait avoir résulté de bouleversements de l'environnement. L'équipe menée par la professeur Böhme a également montré que la formation du désert du Sahara remonte à plus de sept millions d'années.
"Ces données indiquent pour la première fois une propagation du Sahara il y a 7,2 millions d'années alors que les tempêtes dans le désert transportaient déjà la poussière salée rouge vers la côte nord de la Méditerranée, comme c'est toujours le cas aujourd'hui", expliquent les chercheurs de l'Université de Tübingen.
Ils ont également déterminé qu'à cette même époque de formation du Sahara, un écosystème de savane a émergé en Europe. "Cet écosystème correspond parfaitement aux fossiles de girafes, de gazelles, d'antilopes et de rhinocéros mis au jour avec ceux du Graecopithéque", pointent ces scientifiques.
"La formation d'un désert en Afrique du Nord il y a plus de sept millions d'années et la propagation de la savane dans le sud de l'Europe pourraient avoir joué un rôle dans la divergence entre la lignée humaine et celle des chimpanzés", suppute la professeur Böhme.
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Plus un pays est égalitaire, moins les femmes s'orientent vers des études scientifiques
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Une étude sur ce « paradoxe de l'égalité de genre » montre que ce sont dans les pays les plus inégalitaires que l'on trouve le plus haut taux de femmes qui étudient les sciences.
Aux États-Unis, où la société encourage les filles à être ambitieuses et faire ce qu'elles veulent, seuls 8% des diplômés de sciences informatiques à l'université sont des femmes.
À l'inverse, en Algérie, un pays plus inégalitaire où seulement 15% des femmes travaillent, celles-ci représentent 41% des diplômés dans les domaines des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM).
Priorité aux carrières stables et lucratives
Une étude publiée dans la revue Psychological Science montre que ces différences correspondent à une véritable tendance de fond: les pays les plus mal classés en termes d'égalité femmes-hommes (selon l'indice défini par le Forum économique mondial) sont ceux où le pourcentage de femmes étudiant des matières scientifiques et techniques est le plus fort.
L'Algérie, l'Albanie, la Tunisie, les Émirats Arabes Unis et le Vietnam ont tous un taux de féminisation de la filière STEM supérieur à 35%, alors qu'il est inférieur à 25% en Suède, en Belgique et aux Pays-Bas.
Les auteurs de l'étude, Gijsbert Stoet et David Geary, deux chercheurs en psychologie de l'université Beckett de Leeds (Royaume-Uni) et de l'université du Missouri (États-Unis), parlent à ce sujet de «paradoxe de l'égalité de genre». Selon eux, une des raisons de ce paraodoxe est que les femmes des pays plus inégalitaires donnent la priorité aux carrières stables et lucratives, comme peuvent l'être les STEM.
«Les pays les plus égalitaires en termes de genre sont aussi des États-providences avec un bon niveau de sécurité sociale», écrivent Stoet et Geary. C'est ce soutien qui permet aux femmes de choisir des études qui ne privilégient pas uniquement la sécurité financière.
Choix en fonction des points forts et des passions
Les auteurs ont analysé les notes des filles et garçons de soixante-sept pays différents dans plusieurs matières. Ils ont trouvé que les filles étaient aussi douées ou meilleures en sciences que les garçons dans la majorité des pays, et que les filles étaient en général plus douées en lecture que les garçons.
Comme les filles sont meilleures en lecture, lorsqu'elles ont le choix, elles s'orientent plutôt vers des matières non scientifiques. Alors que les pays plus égalitaires encouragent les filles à étudier des matières scientifiques, beaucoup d'entre elles choisissent une autre voie, en fonction de leurs points forts et de leurs passions.
Olga Khazan explique dans The Atlantic que «ce n'est pas que l'égalité de genre décourage les filles d'étudier les sciences. C'est que cela leur permet de ne pas étudier la science si elles ne sont pas intéressées».
Pour les gouvernements qui veulent augmenter le taux de femmes en sciences, les auteurs recommandent de se concentrer sur les filles qui excellent en sciences mais qui malgré tout ne choisissent pas cette voie.
«Si nous pouvons comprendre leurs motivations, des interventions pourraient être créées pour les aider à changer d'avis.»
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Lignes ferroviaires gérées par une entreprise privée : à l'heure et trois fois moins cher que la SNCF...
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Lignes ferroviaires gérées par une entreprise privée : en Bretagne, on connaît déjà
Alors que plusieurs pistes sont explorées au niveau national pour réformer la SNCF, il existe en Bretagne une ligne déjà gérée par une entreprise privée.
De prime abord, rien ne différencie la ligne Carhaix-Paimpol des autres. Cependant, elle n'est pas gérée par la SNCF, mais par la CFTA, Société générale des chemins de fer et de transports automobiles, dans laquelle Veolia a des parts. L'entreprise sous-traite l'exploitation pour le compte de la SNCF.
"Nous faisons tous les métiers : conducteur de train, agent de bord, vente de titres de transport, maintenance de la voie ferrée et des passages à niveaux", affirme Loïc Lanne, directeur CFTA Bretagne. Une salariée confirme : "Chez nous, on est polyvalents. On peut être au guichet en gare à Paimpol, agent de circulation, agent d'accompagnement, chef de train."
Spécificité historique et d'actualité
Cette spécificité remonte à la fin du XIXe siècle. La ligne Carhaix-Paimpol est la seule survivante du réseau construit en Centre Bretagne. À la création de la SNCF, en 1938, ce réseau est resté indépendant et exploité par la CFTA.
Aujourd'hui, les voyageurs ne remarquent pas cette différence, car ils réservent leurs billets sur le site de la SNCF. En revanche, les salariés, eux, la ressentent : ils n'ont pas le statut de cheminot. "J'ai 60 ans et je travaille toujours ici. Chez la SNCF, j'aurais arrêté de travailler depuis huit ans", constate Jean-Yves Le Mahoariec, conducteur.
À l'heure où il est question de réformer la SNCF, cette organisation unique pourrait servir de modèle pour d'autres lignes. Elle coûte trois fois moins cher que si elle était gérée par la SNCF.
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24/02/2018
Alexis de Tocqueville
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Une émission du Canal Académie...
Si vous souhaitez récupérer l'émission en fichier mp3 (en "téléchargeant le fichier lié sous...") pour l'écouter dans votre lecteur habituel, c'est par ce lien : Tocqueville.mp3...
00:55 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
23/02/2018
Inversion Civilisationnelle...
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Présentatrices Météo en Suède, le pays des vikings... et en Irak... Cherchez l'erreur...
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Le quatrain de Jeanne d'Arc
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"Tous les français doivent retenir ce quatrain par coeur..."
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22/02/2018
Jésus chez Yann Barthèse
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Vincent Dedienne est un humoriste qui n'est même pas drôle...
Quant à Yann Barthès, il paraît que c'est un journaliste...
Ils veulent cracher sur la face du Christ ? Grand bien leur fasse ! Mais s'ils osaient à l'égard de l'Islam ne serait-ce que le tiers du quart de ce qu'ils osent à l'égard du Christianisme ils auraient toute la bien-pensance contre eux.
« A force d'avilissement, les journalistes sont devenus si étrangers à tout sentiment d'honneur qu'il est absolument impossible, désormais, de leur faire comprendre qu'on les vomit et qu'après les avoir vomis, on les réavale avec fureur pour les déféquer. La corporation est logée à cet étage d'ignominie où la conscience ne discerne plus ce que c'est que d'être un salaud. »
Léon Bloy, Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne
« Je pense qu'il n'y a jamais eu d'époque aussi dénuée d'intérêt. Uniformité désespérante de la platitude et de l'ordure, attestée par les sécrétions du journalisme. »
« Qu'est-ce que le Bourgeois ? C'est un cochon qui voudrait mourir de vieillesse. »
« On peut tout contre moi, excepté me décevoir. Avec ou sans mérite, je suis trop établi dans la vie surnaturelle pour que le démon de l'Illusion puisse avoir sur mon âme un pouvoir quelconque. »
Léon Bloy, L'invendable
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Le Vécu des parents se transmet-il aux enfants ?
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Il ne façonne pas seulement les personnalités ou l'ambiance familiale: le vécu se transmet aussi de génération en génération, de façon toute biologique, via des mécanismes dits épigénétiques. Une découverte incroyable qui a bouleversé notre vision de l'hérédité.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. C'est vrai de la nôtre, semée d'embûches, de drames, d'événements heureux ou moins heureux. C'est vrai aussi de celle de nos parents. Et de leurs parents avant eux. Or, on sait depuis une vingtaine d'années que ce vécu peut se transmettre d'une génération à l'autre !
Ce qui est arrivé à nos ancêtres se retrouve tapi au plus profond de nous, sans que nous nous en doutions. Ce qui les a marqués nous marque aussi. Une étude portant sur la famine qui a affecté les Pays-Bas au cours de l'hiver 1944-1945, sous l'occupation allemande, a canonisé cette hérédité épigénétique. Du fait de la privation de nourriture, les femmes en fin de grossesse à cette période ont donné naissance à des bébés plus petits que la moyenne et ayant plus de risque, adultes, d'être atteints de diabète ou d'obésité. Rien d'étonnant à cela. La surprise est venue plus tard : lorsque ces "bébés de la faim" ont à leur tour donné naissance à des enfants. Or, ceux-ci étaient atteints dans des proportions anormales de diabète, voire de rachitisme, alors que leurs parents n'avaient jamais souffert de malnutrition ! La santé de ces enfants pâtissait du fait que leur grand-mère avait souffert de la faim ! Ce traumatisme s'était ajouté au génome de la lignée. Et ce n'est pas le seul exemple.
La théorie de l'évolution revisitée
En 2013, des chercheurs ont appris à des souris à craindre l'odeur de l'acétophénone (qui évoque l'amande). A chaque fois que cette odeur planait, elles recevaient une décharge électrique. Or les descendants de ces souris, jusqu'à la troisième génération, se sont révélés eux aussi nerveux en présence d'acétophénone, bien qu'ils n'y aient jamais été exposés. Des résultats qui suggèrent que les peurs peuvent se transmettre... biologiquement.
Depuis quinze ans, ces curieuses découvertes se multiplient. Et si elles affolent la communauté scientifique, c'est qu'elles obligent à repenser ce qui fonde notre identité. Nos aïeux ne nous transmettent pas que des gènes ; leurs conditions de vie entrent désormais dans l'équation. Leur vécu semble bel et bien s'inscrire, d'une façon ou d'une autre, au cœur des cellules. De quoi se demander si la théorie de Jean-Baptiste de Lamarck sur l'hérédité des caractères acquis n'a pas été balayée un peu vite, au XIXe siècle : "Aujourd'hui, il paraît évident que la théorie de Lamarck est plausible. La transmission de l'influence de l'environnement sur plusieurs générations est indéniable, affirme Isabelle Mansuy, professeure en cognition moléculaire à l'université de Zurich. La vision que l'on avait de l'hérédité, reposant uniquement sur les gènes, était tout simplement fausse."
Des interrupteurs de gènes
Reste une question : quelles sont les bases moléculaires de cette transmission ? Ici, les scientifiques parlent de marques épigénétiques. Pour mieux comprendre, on peut comparer les gènes aux notes d'un morceau de musique et les marques épigénétiques aux indications ajoutées sur la partition, qui imposent de jouer certaines notes plus ou moins fort, de changer de rythme, etc. Plus concrètement, il s'agit d'éléments qui s'accrochent à la molécule d'ADN ou modifient son degré de compaction, la rendant ainsi plus ou moins accessible aux enzymes qui déchiffrent le génome. Comme autant de petits interrupteurs, ces marques épigénétiques activent certains gènes, en réduisent d'autres au silence et permettent de moduler finement leur activité.
Longtemps, les scientifiques ont cru que ces traces laissées par les épreuves de la vie étaient effacées lors de la formation des gamètes (les ovocytes et les spermatozoïdes) et au moment de la fécondation, la division cellulaire "diluant" les marques épigénétiques. L'embryon subirait ainsi un nettoyage complet, une remise à zéro lui permettant d'écrire sa propre vie sur une page blanche. Mais il semble, aujourd'hui, que tout ne soit pas effacé...
Une explication pour la dépression
Quels que soient les mécanismes sous-jacents, une brèche s'est ouverte dans le tout-génétique et les conséquences sont de taille, y compris pour la santé. Des études menées chez la souris ont montré que des traumatismes psychologiques pouvaient entraîner des troubles du comportement chez les souriceaux deux générations plus tard. Or, si vos grands-parents ont vécu des traumatismes et que vous en subissez les conséquences, cela peut bouleverser la façon dont on aborde certaines maladies, comme la dépression. Attention cependant à ne pas accuser l'épigénétique de tous nos maux ! Lorsque ces souris traumatisées étaient placées dans un environnement enrichi (avec des jouets, des interactions sociales...), leurs symptômes s'estompaient, chez elles comme chez leur descendance ! Pas plus que le génome, l'épigénétique ne constitue une prophétie inéluctable.
D'après Science & Vie QR n°23 « Nos ancêtres & nous »
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12/02/2018
Garges-lès-Gonesse : « Face à la désertion de l'État et à l'impotence de la justice, la guerre de tous contre tous »
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Guillaume Jeanson est avocat au Barreau de Paris et porte-parole de l'Institut pour la Justice.
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Dans le Val d'Oise, un retraité a demandé l'assistance des jeunes de la cité pour évacuer sa maison squattée par des Roms. La police n'avait pas le droit d'intervenir. Guillaume Jeanson voit là le signe d'un affaiblissement de l'État qui, à terme, risque de conduire à un retour à la justice privée.
« Quand la justice française est incohérente, on utilise la force ». Cette phrase, abondamment retweetée, commente une vidéo prise mercredi soir et déjà largement visionnée : celle d'une expulsion illicite et musclée d'un pavillon du Val d'Oise squatté par des Roms. Cette phrase tonne comme un slogan inquiétant, car le pire a sans doute été évité mercredi soir à Garges-lès-Gonesse. Mais elle sonne aussi comme un avertissement. Un avertissement que les autorités feraient bien d'écouter attentivement avant qu'un drame ne se produise.
Que s'est-il passé ? Youcef, un retraité de 76 ans, possède un pavillon sans toutefois l'habiter. Il est contacté un jour par la police qui l'informe de l'occupation de son bien. Se rendant sur les lieux, il découvre alors son pavillon squatté par seize Roms. Des dégradations sont visibles et certains meubles ont disparu. Il demande aux occupants de quitter les lieux. Pour justifier leur refus, ces derniers, fins connaisseurs d'une loi qui les protège, lui tendent triomphalement un ticket attestant d'une livraison de pizza à cette adresse. Ils sont là depuis plus de 48h, même la police ne saurait les déloger.
Youcef n'a d'autre choix que d'entreprendre courageusement un marathon judiciaire. Il débourse alors 1500 euros pour entamer une procédure d'expulsion. Une procédure épineuse aux étapes multiples et au calendrier aléatoire. L'affaire interpelle et indigne. Les réseaux sociaux s'en mêlent. Une question revient sans cesse: comment la loi peut-elle protéger, avec autant de largesse, ceux qui la violent pourtant allègrement? De leur côté, certains médias se font l'écho de l'écœurement et de l'inquiétude des riverains qui dénoncent l'indigence douteuse de ces squatters aux si grosses voitures.
Magie d'internet, le tocsin est sonné depuis la région lyonnaise. Un « vidéaste » influent qui prend fait et cause pour Youcef interpelle les jeunes du quartier où se trouve son pavillon squatté. Une descente est organisée : mercredi soir, un groupe d'hommes armés pénètre ainsi dans le pavillon en vociférant « Allez, sortez, cassez-vous, vous avez deux minutes ». Les Roms désertent et la police est appelée au secours. L'affaire vire au cocasse : la police n'ayant pas le pouvoir de déloger les Roms, squattant illégalement le pavillon d'un retraité, dispose bien en revanche de celui d'interpeller ceux qui les y ont délogés. Si doute il y avait, une loi du 24 mars 2014 a veillé à le dissiper, en créant un nouvel article 226-4-2 inséré dans notre Code pénal : « Le fait de forcer un tiers à quitter le lieu qu'il habite sans avoir obtenu le concours de l'État dans les conditions prévues à l'article L. 153-1 du code des procédures civiles d'exécution, à l'aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contraintes, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 30.000 € d'amende. »
Mais laissons le droit un moment pour en revenir aux faits, tels que du moins les rapporte jeudi le journal Le Parisien: « Tous racontent, vidéo à l'appui, que la police est intervenue pour interpeller plusieurs jeunes. Les Roms seraient alors revenus dans le pavillon. « Ils étaient une quinzaine à l'intérieur de la maison, mais ils ont appelé des renforts, ajoute un autre. De notre côté, toute la cité est venue. » Il indique qu'ils totalisaient environ 40 personnes. Il assure que leurs adversaires se tenaient une main dans leur veste comme pour indiquer qu'ils étaient armés. De leur côté, les jeunes évoquent leurs propres moyens d'intimidation : fusil à pompe, Tokarev, chiens. L'un d'eux exhibe une photo de lui prise armes à la main. »
Heureusement, pour l'heure, tout semble à peu près pacifié. Un bain de sang a été évité et Youcef semble avoir récupéré son pavillon, à la plus grande satisfaction des riverains. Mais quand donc nos gouvernants comprendront-ils où nous conduisent leurs renoncements successifs ? Comment ne pas évoquer ici ce que les philosophes des Lumières appelaient l'état de nature ? Un état défini, selon les termes du philosophe John Locke, comme « l'absence de supérieur commun pour régler nos différends ». Une situation dans laquelle les individus ne peuvent compter que sur leurs propres forces pour protéger ce qu'ils ont de plus précieux, et notamment leurs vies et leurs biens.
« Quand la justice française est incohérente, on utilise la force ». Oui, ce slogan est inquiétant. Il est inquiétant car il augure, devant la désertion de l'État, devant l'impotence d'une justice discréditée par sa lenteur et l'exécution défaillante de ses décisions, cette situation qui est ou devient rapidement, pour le philosophe, une guerre de tous contre tous. Car, lorsqu'ils sont livrés à eux-mêmes, les hommes « n'observent pas strictement les règles de l'équité et de la justice ». Car pour sortir de cette situation détestable dans laquelle la vie humaine est « courte, misérable et brutale », les individus doivent accepter de cesser de se faire justice eux-mêmes et confier le soin de défendre leurs vies et leurs biens à une autorité publique qui aura les moyens d'imposer ses décisions aux récalcitrants. Une autorité que nous appelons l'État.
Lorsque les autorités étatiques disparaissent ou se montrent durablement affaiblies, prévaut alors ce que le criminologue canadien Maurice Cusson appelle « la solidarité vindicative » : le devoir, la nécessité de faire bloc avec son « clan » - sa famille, sa corporation, ses voisins, etc. - pour défendre sa vie, ses biens, son honneur. C'est ainsi que le criminologue souligne que, durant tout le moyen-âge, période au cours de laquelle les autorités étatiques étaient faibles, la plupart des homicides se commettaient en groupe, alors que de nos jours les homicides sont presque toujours une affaire ne comprenant que le meurtrier et sa victime. Et durant tout le moyen-âge, les taux d'homicides étaient bien plus élevés qu'aujourd'hui. De l'ordre de 40 pour 100.000 à la fin du XVe siècle, contre environ 1 pour 100.000 aujourd'hui. Car la solidarité vindicative va hélas souvent de pair avec la vendetta, le cycle sans fin de la vengeance et des représailles.
C'est à cela que nous avons assisté mercredi soir à Garges-les-Gonesses : au retour de la « solidarité vindicative ». Une solidarité que d'aucuns relèveront peut-être assise, en partie, sur une base communautaire. Mais une solidarité qui trahit en tout cas de manière certaine le recul de l'État et l'affaissement de son autorité.
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23:12 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
11/02/2018
La censure du Nouveau Féminisme...
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Pascale Seys avec ses "Tics de l'Actu" (RTBF) décortique, ici, le Politiquement Correct...
Nous vivons dans un monde de déglingués !
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05/02/2018
Rémi Brague : « Les "correcteux" qui affirment que toutes les religions sont porteuses des mêmes germes de violence savent-ils de quoi ils parlent ? »
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Le philosophe et historien des religions Rémi Brague vient de publier un nouvel ouvrage, "Sur la religion" (Flammarion), dans lequel il diagnostique un retour à la religion, car le besoin religieux perdure chez l'homme moderne.
Membre de l'Institut, professeur de philosophie à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne et à la Ludwig-Maximilians-Universitat de Munich, Rémi Brague est l'auteur de nombreux essais dont "Europe, la voie romaine" (1992), "La Sagesse du monde" (1999), "La Loi de Dieu" (2005), "Au moyen du Moyen Age" (2008), "Le Propre de l'homme" (2015) et "Sur la religion" (2018).
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Atlantico : Vous débutez votre livre en écrivant qu'il y a trente ans, la politique était chose sérieuse et la religion dépréciée, devenu objet de moqueries ou de rire. Aujourd'hui, non seulement le fait religieux a accompli un retour en boomerang mais il s'accompagne d'un sentiment d'inquiétude "à l'égard de certaines de ses formes et de la violence que, suppose-t-on, elles fomentent". On peut distinguer deux sources de critiques ou d'inquiétude vis-à-vis des religions, l'une "traditionnelle" consistant à opposer la raison à l'obscurantisme supposé de la foi, l'autre consistant à s'alarmer du retour sanglant de guerre de religions, fût-il principalement le fait d'une seule religion (en tous cas en Occident).
Qu'est ce qui l'emporte aujourd'hui selon vous et comment ces deux approches sur le fait religieux se conjuguent-elles ?
Rémi Brague : Irrationalité et violence font bon ménage. Quand on est à court d’arguments, le ton monte et les poings se serrent. Les canons sont ultima ratio regum — la dernière des raisons, en effet… Mais la raison elle même n’est pas quelque chose de si simple que cela. Le pire advient peut-être quand la raison est pervertie par l’idéologie. Cela concerne aussi la forme scientifique de la rationalité. Cela la concerne même plus, parce que sa puissance est plus grande, autant de par sa capacité à convaincre que par ses applications techniques. Le nazisme aurait été impossible sans la théorie de Darwin sur la sélection naturelle, le léninisme sans l’économie politique et la sociologie naissante. Ces deux idéologies constituent la perversion d’un savoir aussi susceptible de progression et de rectification, donc aussi provisoire que ne l’est celui de la science. Elles transposent un savoir rigoureux, mais révisable en une vision du monde simpliste, en une clef qui ouvre toutes les portes.
Les guerres de religion, les historiens d’aujourd’hui y insistent de plus en plus, ne sont jamais motivées par du religieux tout pur. Ce que l’historiographie française appelle ainsi ne se comprend que comme une étape dans la naissance de l’État moderne sous sa première forme de monarchie absolue.
Atlantico : Derrière le retour des religions que vous diagnostiquez, y a-t-il autre chose que le développement de l'islam dans les pays occidentaux ? La seule autre religion qui paraît en fort dynamisme démographique semble être le protestantisme dans sa version "évangéliste". Les Français et les Occidentaux au sens large -qui par ailleurs s'éprennent de sagesses, de développement personnel ou de spiritualités diverses, ont-ils retrouvé le goût de la religiosité ? Ou un simple besoin d'identité face à un certain expansionnisme musulman, qui n'est pas seulement démographique mais aussi porté par un projet politique ?
Rémi Brague : Il existe dans le monde entier une résurgence des traditions religieuses. Cela ne concerne pas que les « religions monothéistes », l’hindouisme aux Indes, le bouddhisme en Birmanie, prennent une couleur nationaliste, et c’est probablement cette contamination qui fomente la violence à laquelle cèdent certains de leurs adeptes. A l’intérieur du christianisme, l’orthodoxie russe a repris lafonction de principe d’identité de la nation et de garante spirituelle de l’État qu’elle avait prise depuis que Pierre le Grand l’avait mise à son service, et qu’elle avait assumée jusque avant la révolution bolchevique.
On peut d’ailleurs se demander si la religion avait vraiment reculé. Je croirais plus volontiers que ce sont les intellectuels occidentaux sécularisés qui ont longtemps circulé dans des tuyaux étanches de campus en campus et qui n’ont pas vu la persistance, voire les progrès des religions. De plus, comme cela ne leur plaisait pas trop, même s’ils avaient vu, ils auraient détourné le regard : « cachez ce saint que je ne saurais voir »…
Les Occidentaux d’aujourd’hui s’intéressent à toutes sortes de spiritualités, pourvu qu’elles ne demandent pas un engagement, qu’elles restent facultatives, en un mot, que cela ne mange pas de pain. Si la religiosité se réduità ce qui nous permet de nous sentir bien, elle ne se distingue pas du wellness, voire de la magie, puisque celle-ci vise à capter l’énergie du sacré pour la mettre au service de nos désirs.
La religion, elle, exige une conversion. Non pas au sens d’adhésion à un système ou d’affiliation à un groupe, mais une révolution dans la pensée et la vie.
Atlantico : Dans votre chapitre sur religion et raison, vous citez abondamment Pascal. La France a-t-elle en quelque sorte abîmé son rapport à la religion en privilégiant Descartes à Pascal ?
Rémi Brague : Ah tiens ? Je le cite trois fois dans tout le livre, et une seule fois dans le chapitre en question… Mais peu importe. La France a cette particularité de produire, ou en tout cas de présenter ses personnalités de référence deux par deux. L’officier allemand, francophile, que Vercors met en scène dans Le Silence de la mer (1942), le remarque très justement : alors que l’on peut centrer la littérature d’autre pays sur une figure emblématique comme Dante, Cervantès, Shakespeare, Camoens, Goethe, jamais la France n’est représentée adéquatement par un seul écrivain. Et ils vont par paires : on a toujours Rabelais et Montaigne, Descartes et Pascal, Voltaire et Rousseau, Balzac et Stendhal, Proust et Céline, etc.
Quant à Descartes, l’opposer tout de go à Pascal est très réducteur. Cela vaut à la rigueur pour la caricature que la IIIe République, dans le sillage du XVIIIe siècle (là où il ne lui préférait pas Bacon), en a faite pour pouvoir le récupérer dans le panthéon de ses grands précurseurs. Selon cette image d’Épinal, Descartes se trouve ramené à l’idée d’un sceptique procédant à un réexamen radical des croyances, Pascal devenant un mystique frémissant, effrayé par « le silence éternel de ces espaces infinis », etc. (inquiétude qui est en fait celle du libertin qu’il cherche à convertir, nullement celle de l’auteur des Pensées). On oublie les travaux de Pascal en mathématiques et en physique. Ce n’est pas pour rien qu’on annonce la pression atmosphérique en hectopascals… Et, symétriquement, on oublie chez Descartes l’idée de l’Infini, comme si Emmanuel Lévinas, en philosophe, et Jean-Luc Marion, en philosophe et en historien de la philosophie, ne nous avaient pas rafraîchi la mémoire.
Atlantico : Sur le terrain de la raison encore, vous revenez sur la polémique qu'avait suscité le discours de Ratisbonne tenu par Benoît XVI. Vous expliquez ainsi à ceux qui ne voient qu'une forme de superstition archaïque dans les religions pourquoi le christianisme produit un discours qui articule véritablement foi et raison et ne les oppose pas. Comment comparer la théologie et la tradition catholique de ce point de vue là aux autres grandes religions ?
Rémi Brague : En un certain sens, la théologie est une spécialité chrétienne. Les autres religions, bien entendu, ont des sciences religieuses qui atteignent un très haut degré de raffinement. Ainsi dans l’exégèse des textes normatifs, dans la discussion des problèmes de droit, etc.
Mais ces sciences se développent à côté de la philosophie. Le christianisme a cherché le dialogue — un dialogue parfois polémique — avec celle-ci dès très tôt. Le Pape Benoît XVI a insisté sur le fait, effectivement très significatif, que les penseurs du christianisme des premiers siècles n’ont pas cherché le contact avec les cultes à mystère qui fleurissaient alors dans tout l’Empire romain, mais uniquement avec la philosophie. On trouvera leurs œuvres dans le magnifique et très récent volume de la Pléïade, Premiers Écrits chrétiens, dont l’un des éditeurs est mon ami Jean-Marie Salamito.L’un des premiers Pères apologistes, saint Justin, mort martyr, se présente comme un philosophe à la recherche de l’école qui enseigne la vérité, et dit l’avoir trouvée dans le christianisme. Saint Augustin est aussi un philosophe de fort calibre encore capable d’inspirer Heidegger comme Wittgenstein. Et que dire de saint Anselme, de saint Thomas, de tant d’autres...
Atlantico : Vous remettez en question et en perspective dans votre livre l'idée selon laquelle la religion est source de violence ou que tous les livres sacrés seraient intrinsèquement violents. Même si les tenants du politiquement correct aiment à répéter en boucle que toutes les religions sont à des degrés parfaitement similaires porteuses de germes de violence (ou de paix d'ailleurs), les théologies des grands monothéismes sur lesquels vous vous penchez dans le livre sont-elles aussi proches qu'on l'entend dire si souvent ?
Rémi Brague : Les « correcteux » auxquels vous faites allusion savent-ils de quoi ils parlent ? Peut-on mettre sur le même plan, par exemple, des religions qui admettent les sacrifices humains, comme celles des Aztèques, des Carthaginois ou de « nos ancêtres les Gaulois », et le bouddhisme avec son respect absolu de la vie ? Les théologies — je viens de dire que le mot n’était pas très rigoureux en dehors du christianisme, mais enfin, admettons — des prétendus « grands monothéismes » sont en effet assez différentes. La conception de l’unicité de Dieu y est différente, le rapport au livre sacré y est différent, le rapport aux grandes figures bibliques y est différent. J’ai consacré tout un chapitre de mon Du Dieu des Chrétiens à ces trois trios infernaux, « les trois monothéismes », « les trois religions du livre », « les trois religions d’Abraham », et je les y hache menu comme chair à pâté.
Atlantico : Vous affirmez que la définition même de l'objet philosophique et politique qu'est la religion a été "forgée dans un contexte intellectuel chrétien" et s'applique donc mal aux autres "religions". Notre société aurait-elle donc tendance à avoir une conception trop "chrétienne" des autres religions, à commencer par l'Islam ?
Rémi Brague : Mais oui, bien sûr ! Le mot de « religion » est ancien, mais son usage quand on dit « les religions » pour désigner aussi bien le paganisme grec que le shinto japonais est assez récent. Les historiens qui ont voulu fonder la science des religions, au XIXe siècle européen, vivaient en milieu chrétien et, quelle qu’ait été leur attitude personnelle devant la foi, adhésion fervente, distance, rejet dégoûté, ils pensaient sans trop le savoir à l’intérieur de cadres de pensée chrétiens. Pour eux, par exemple, une religion devait se monnayer en actes de culte, comme la prière ou la participation aux sacrements, ceux-ci permettant un accès à Dieu.
Ils avaient du mal à comprendre comment le bouddhisme primitif se passe fort bien de l’idée de Dieu, ou réduit les divinités au rôle auxiliaire de sauveteurs. Ou encore, comment l’islam consiste avant tout en une loi, puisque aussi bien les actes de culte comme la prière, le jeûne, le pèlerinage, tirent leur caractère d’obligation , et jusqu’aux détails de leur accomplissement, du fait qu’ils sont commandés par la Loi divine.
Atlantico : Depuis quelques mois, la question des atteintes à la laïcité génère des débats politiques de plus en plus vifs voire violents, que l’Islam soit en cause ou le christianisme (cf. la polémique des crèches). Vous revenez longuement sur la séparation du religieux et du politique dans notre culture politique et affirmez que la laïcité est une conception chrétienne qui nous empêche de comprendre le rapport entre politique et religieux dans les autres religions, notamment l'Islam. Peut-on dès lors intégrer notre vision de la laïcité à l'Islam ?
Rémi Brague : Le mot de « laïcité » est lourd d’ambiguïtés, et susceptible de nombreuses interprétations. Un chrétien y voit l’héritière de la distinction, essentielle à sa religion, entre la foi et—finalement, tout ce qui n’est pas elle, que ce soit le domaine politique ou, plus généralement, les normes de l’agir humain. Pour lui, je reprends une image que j’ai déjà employée ailleurs, ce qu’on appelle la séparation de l’Église et de l’État ne fait au fond que découper suivant un pointillé qui avait été tracé depuis des millénaires. Cette situation est au fond bien plus une exception qu’une règle. Les religions de l’Antiquité sont inséparables de la cité grecque ou de l’Empire romain, le croyant et le citoyen ne se distinguent pas. C’est avec le christianisme que l’Église apparaît comme introduisant un nouveau modèle d’appartenance distinct de la citoyenneté comme appartenance à la polis, civitas, etc.
En islam, la séparation existe de fait, après une période, réelle ou imaginaire, pendant laquelle la communauté était gouvernée par Mahomet en personne, tout en un prophète, chef de guerre, juge suprême, etc. Chez les souverains concrets, ceux dont l’histoire a gardé une trace, autorité religieuse et pouvoir politique ne coïncidaient que de façon partielle, et la plupart du temps fictive. Avec les temps, le fossé s’élargit encore. Mais ce qui n’a jamais été distingué, ce qui au contraire constitue un bloc sans fissure, c’est la religion et les normes de la vie quotidienne, personnelle, familiale, économique, etc., tous domaines que le christianisme laisse à la raison commune.
Atlantico : Après Vatican II qui a généré un catéchisme empreint de bons sentiments mais nettement moins porteur d’enseignements sur le dogme et avec un pape qui semble prêt à faire évoluer certains points de théologie pour adapter l’Église catholique, peut-on dire que cette dernière est pour partie responsable de la déchristianisation de l'Europe ?
Rémi Brague : C’est du Catéchisme de l’Église Catholique de 1992, que vous parlez ? Il me semble fort peu enclin aux bons sentiments et carrément dogmatique. Newman me semble viser tout à fait juste, comme à peu près toujours, du reste, quand il explique que, pour lui, le dogme est le principe fondamental de la religion, et qu’une religion de pur sentiment serait un rêve et une plaisanterie (Apologia pro vita sua, IV). Ce que vous déplorez ne serait-il pas plutôt ce qui se prétendait « l’esprit du Concile » ? Il a à son débit pas mal de dérives. Dont en particulier un certain sentimentalisme anti-intellectualiste.
Je ne suis pas sûr que le Pape actuel cherche à modifier le dogme dont il est le gardien. En aurait-il le droit ? En aurait-il même la possibilité ? La théologie, en revanche, n’est pas immuable, car elle n’est qu’une tentative humaine pour exprimer le dogme dans un style particulier, qui varie avec les époques et avec les contextes intellectuels dans lesquels et en réaction auxquels elle se construit.
L’Église, responsable de la déchristianisation de l’Europe ? Il serait trop facile de se draper dans sa dignité offensée et de nier toute complicité. Mais beaucoup de choses dépendent de ce que l’on appelle « l’Église ». Toute une tradition patristique et médiévale y voit une chaste putain, casta meretrix. Elle est immaculée en son dogme, souillée en ses membres, hiérarchie comprise. Une série de réformes trop rapides, de stratégies maladroites, de nominations incompétentes, etc. — sans parler de crimes affreux, pédophilie et autres — y coexiste toujours avec beaucoup de sainteté discrète, voire cachée.
Atlantico : Votre livre met aussi en perspective les religions sans Dieu et Dieux sans religion de notre époque. Diriez vous que notre époque prétend se débarrasser de Dieu ou qu'elle prétend se débarrasser de la religion ?
Rémi Brague : Elle prétend faire les deux, et certains le font à son de trompe. Mais le fait-elle vraiment ? Ne voit-on pas au contraire les dieux sortir du sol comme des champignons, avec les religions qui leur correspondent ? Bien sûr, le mot de « religion » fait horreur à beaucoup de nos contemporains, qui se sentiraient blessés si on le leur appliquait. Mais pensez au critère un peuironique que je propose, avec un sourire, dans mon dernier bouquin, pour identifier ce qui relève du religieux : de quoi est-il interdit de rire ? Ce qu’un torchon comme Charlie Hebdo s’interdisait d’attaquer. Rit-on des droits de l’homme ? Rit-on du végétarisme ? Rit-on de la Shoah ? — Je mets à dessein sur le même plan ce que tout distingue, le folklore innocent et l’horreur inouïe.Ce dont on ne rit pas prend vite des allures religieuses.
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Luc Ferry : « Non, le transhumanisme n'est pas le nazisme ! »
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Dès qu’on en parle, la loi de Godwin fonctionne à plein régime : des gens qui en général n’ont jamais ouvert le moindre livre sérieux sur le transhumanisme hurlent à l’hitlérisme, fantasmant sur ce qu’aurait selon eux de diabolique le projet d’augmenter la longévité humaine.
De quoi s’agit-il en réalité, si l’on veut bien écarter un instant les discours moralisateurs à bon marché et les caricatures simplistes ?
De trois idées qu’on peut bien évidemment discuter, mais qui n’ont strictement aucun rapport avec le nazisme.
La première, c’est que la médecine est désormais en mesure d’ajouter au modèle thérapeutique, dont la finalité depuis des millénaires est de soigner, une nouvelle dimension, celle de « l’augmentation » ou de l’amélioration du potentiel de l’espèce humaine.
Que s’agit-il d’augmenter ? Pour l’essentiel, et c’est là la deuxième idée, il n’est nullement question de fabriquer un « surhomme » mais de parvenir à augmenter la longévité humaine, de lutter contre le vieillissement, non seulement en éradiquant les morts précoces, comme on l’a fait de manière spectaculaire tout au long du XXe siècle, mais en recourant aux biotechnologies, à l’hybridation homme/machine et à la médecine réparatrice pour faire vivre les humains vraiment plus longtemps. Le but ultime serait de parvenir à réconcilier jeunesse et vieillesse, à donner enfin tort au fameux adage « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ». En admettant que nous parvenions un jour à vivre vraiment plus longtemps en bonne santé physique et mentale, alors nous pourrions voir naître une humanité qui, à la fois jeune et vieille, riche d’expériences et cependant pleine de vitalité, serait potentiellement plus sage. Pour le moment, rien ne prouve que ce soit possible pour l’homme, mais on a déjà réussi à augmenter de 30% la vie de souris transgéniques en éradiquant leurs cellules sénescentes. Qui peut dire sérieusement à quoi ressembleront les biotechnologies au siècle prochain, voire dans deux cents ans ? Et qui n’a jamais eu le sentiment, l’âge venant, que nous mourrons trop tôt, à vrai dire juste au moment où nous commencions à être un peu moins bêtes ?
Il est clair que, pour le moment, les progrès dans ces domaines sont à proprement parler inimaginables, mais la voie est ouverte et elle n’est pas près d’être refermée de sorte qu’il serait sage d’anticiper dès maintenant les problèmes éthiques, démographiques et spirituels que cette nouvelle approche de la médecine va inévitablement poser.
Le troisième trait touche à la politique : après la lutte contre les inégalités sociales menées par nos États-providence qui mettent en place des dispositifs d’égalisation des conditions, le temps serait venu de lutter aussi contre les inégalités naturelles. La loterie génétique est aveugle, amorale et injuste. Votre enfant se retrouve porteur d’une malformation, frappé par un handicap, une maladie génétique ? Vous n’y êtes pour rien, et si la volonté libre pouvait corriger les calamités que la nature dispense de manière aveugle aux humains, ne serait-ce pas un progrès ? On dira qu’il s’agit d’eugénisme. Oui, bien sûr, et les bonnes âmes de pousser à nouveau des cris d’épouvante devant le mot tabou. C’est comme un réflexe de Pavlov, on se met derechef à bêler à l’hitlérisme.
C’est toutefois d’une rare bêtise, car en l’occurrence, il s’agit de passer « de la chance au choix » (from chance to choice), en clair, de la très injuste et très hasardeuse loterie naturelle au libre choix de la modifier par la volonté humaine. Si eugénisme il y a, il est donc l’exact inverse de l’eugénisme nazi : il ne s’agit pas d’éliminer les plus faibles, mais tout à l’inverse, de réparer les injustices qui nous sont infligées par une nature dont la principale caractéristique est l’indifférence.
En réalité, s’il y a danger, il se situe moins dans le projet de corriger notre ADN que dans la compétition qui pourrait, faute de régulation, s’instaurer entre les nations, les armées et finalement les familles, compétition qui risquerait de nous entraîner sans le vouloir et hors de tout contrôle vers une modification de l’espèce humaine. Le maître mot doit donc être ici « régulation ». Que devrions-nous autoriser ou interdire, et surtout, qui pourra en décider ?
D’évidence la question est aussi sérieuse qu’infiniment difficile à résoudre, mais l’accusation d’hitlérisme n’est certainement pas le meilleur moyen d’y parvenir, d’autant qu’Hitler, à ce qu’il me semble, s’employait davantage à raccourcir nos vies qu’à les allonger.
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Source : Luc Ferry pour Le Figaro
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