12/08/2011
Buddy Guy and Junior Wells : Hoodoo Man
15:54 Publié dans Blues | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Un idéal du passé
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Les difficultés inédites et croissantes que l’entreprise éducative rencontre au sein de nos sociétés ne sont en rien des difficultés de méthode qu’une « modernisation » bien comprise permettrait de résoudre. Elles sont des difficultés de principe que les réformes mirifiques destinées à les traiter se bornent invariablement à amplifier, faute de les reconnaître pour ce qu’elles sont. Elles tiennent au stade atteint par l’individualisation du processus. Elles représentent d’ailleurs un remarquable révélateur des contradictions inhérentes à l’articulation de l’individu et de la société dans sa configuration actuelle, très au-delà de l’éducation. Il est entendu que l’éducation a pour fin de former l’individu, de le pourvoir de moyens aussi larges que possible d’exercer une indépendance aussi complète que possible. C’est l’originalité de l’enseignement moderne que d’avoir systématisé cette visée. Mais à partir du moment où l’on met cette indépendance au point de départ, comme si elle relevait de l’état de nature, où l’on prétend en faire le ressort même des acquisitions, on rend profondément problématique la construction culturelle de cette indépendance. On s’interdit, en effet, de poser la culture ou les savoirs dont il s’agit d’acquérir la maîtrise, dès à commencer par la langue, d’extériorité, d’englobement par rapport à l’individu, de telle sorte qu’il ne peut que rester au dehors de ce qu’il lui faudrait s’incorporer et s’approprier. On fabrique en fait des dépendants à prétentions d’indépendance. Une situation révélatrice, encore une fois, d’une relation plus générale à l’appartenance collective, qui tend à devenir impensable aux individus, dans leur volonté d’être des individus, alors qu’ils en dépendent plus que jamais. Nous ne sommes probablement qu’au début de nos peines, au regard de la régression qui s’annonce. La diffusion des Lumières, que nous avions la candeur de croire automatiquement associée aux progrès de la démocratie, pourrait vite se révéler un idéal du passé. »
Marcel Gauchet, La démocratie contre elle-même
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11/08/2011
Sonny Boy Williamson II : Nine below zero
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Concernant la controverse de son nom, car il y a en a une, voyez :
et...
17:35 Publié dans Blues | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Race des Seigneurs - VIII
=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=
Membre de la "Race des Seigneurs" : Crétin mongoloïde pathologique de premier échelon : L'Unité du Sang ! Sa nuque raide le proclame.
14:50 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Amitié
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« Oui, ma mère, je sais qu´il a fait tout ce que j´ai demandé, le dieu Olympien.
Mais à quoi est-ce que cela me sert ? Maintenant qu´il est mort, l´ami qui était le mien,
Mon Patrocle, celui qui de tous les compagnons m´était le plus cher,
Ah ! Aussi cher que ma tête ! Je l´ai perdu, Hector l´a immolé dans la poussière,
Il l´a dépouillé de ses belles armes, de ses armes merveilleuses à contempler !...
Que je meure tout de suite, s´il est écrit que je ne puis porter
Secours à mon ami qui a été tué, qui a été tué loin de la terre où étaient les siens.
Et qui ne m´a pas trouvé pour que dans le malheur je fusse son soutien !
Aujourd´hui donc, il est clair que je ne reverrai pas les rives de ma patrie,
Pas plus que je n´ai su être la lumière du salut pour Patrocle ou pour mes amis,
Pour aucun de ceux des miens que le divin Hector a abattus par centaines,
Tandis que moi, je me tenais inactif près des bâtiments, poids inutile sur la plaine,
Moi qu´aucun Grec pourtant, dans sa cotte de bronze, n´égale dans la bagarre,
Même si quelques uns sont meilleurs que moi dans les palabres !
Aujourd´hui donc, j´irai jusqu´à ce que je tienne le meurtrier d´une tête si chère,
Je tuerais Hector, et la mort ensuite, je la recevrai,
Le jour où Zeus et les autres immortels voudront bien me la donner. »
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
10/08/2011
Rory Gallagher : Too Much Alcohol
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Cet irlandais savait jouer le blues traditionnel noir américain comme personne...
16:12 Publié dans Blues | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Race des Seigneurs - VII
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Membre de la "Race des Seigneurs" : Crétin mongoloïde pathologique de premier échelon : benêt déterminé à sauver l'Occident !
15:46 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Une attaque à main armée se passe dans une sorte de brouillard
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« Une attaque à main armée se passe dans une sorte de brouillard, enfin pour ce qui me concerne. Tout autour tout semble comme ralenti et les bruits comme atténués. Alors que, au contraire, en vous, c'est la grande accélération, on entend son cœur battre, le sang couler dans ses veines. Tous vos gestes semblent plus rapides, plus condensés, on a chaud, les mains transpirent dans les gants en caoutchouc. On sort de la bagnole, on fait les premiers pas, la destinée semble s'accélérer. À quelques mètres on ne voit que la porte d'entrée. On aimerait trouver une raison pour ne pas y aller. Le cœur se serre en repensant furtivement aux derniers bras de femme qui nous ont aimé, notre esprit se met en position de fœtus. […] Si un jour on me juge pour ce crime, tout un cérémonial sera mis en place, des années d'instruction, deux jours d'assises où je serai sans doute traité de dangereux-criminel-professionnel. Quel est le cinéaste abruti qui a pu faire croire à tous que braquer pouvait être une profession? Même les voyous ont fini par le croire. »
Jean Chauma, Bras Cassés
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Tom Jones : it's not unusual
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C'est la nuit... avant que le jour ne se lève... dansons...
01:27 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
09/08/2011
Jean-Philippe Rameau - Nouvelles Suites de Pièces de Clavecin (1728) - in A minor - VII. Gavotte avec les Doubles de la Gavotte
=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=
Je veux, le temps de cette courte pièce, défendre Rameau contre les tenants de l'Esprit des Lumières d'alors qui ne voyaient en lui que le représentant d'un style classique et d'un temps agonisant qui se devait de finir. Je n'y entends, quant à moi, que sourire et délicatesse et soleil dessus la France, pays où Dieu, jadis, fut heureux. Je suis probablement fou mais qu'importe.
18:05 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Race des Seigneurs - VI
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Membre de la "Race des Seigneurs" : Crétin mongoloïde pathologique de premier échelon : regard de gosse paumé...!
16:00 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Enoch Powell
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Lorsque les émeutes dans nos quartiers dits "populaires" consumaient la France il n'y a pas si longtemps (2005 et 2007), nos médias propagandistes nous montraient le quartier londonien de Tottenham comme un exemple à suivre. On avait le culot, en dignes représentants de l'homo sovieticus d'y envoyer nos jeunes étudiants afin de les fondre dans la bien-pensance consensuelle.
A présent, et tandis qu'une partie de Londres brûle et que le brasier s'étend aux alentours (ayant démaré précisément à Tottenham... les émeutes et les pillages se propagent vers Bristol, Birmingham et Liverpool)... souvenons-nous des prédictions d'Enoch Powell que tout le monde, en son temps, bien entendu, traita de raciste et de fasciste pour s'interdire de penser...
Partie 1/4
Partie 2/4
Partie 3/4
Partie 4/4
J'avais déjà eu l'occasion de proposer ce reportage il y a quelques années... mais puisqu'il faut enfoncer le clou.
12:01 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'abjection
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Quelle malédiction a frappé l'Occident pour qu'au terme de son essor il ne produise que ces hommes d'affaires, ces épiciers, ces combinards aux regards nuls et aux sourires atrophiés, que l'on rencontre partout, en Italie comme en France, en Angleterre de même qu'en Allemagne ? Est-ce à cette vermine que devait aboutir une civilisation aussi délicate, aussi complexe ?
Peut-être fallait-il en passer par là, par l'abjection, pour pouvoir imaginer un autre genre d'hommes. »
E. M. Cioran, Histoire et Utopie
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
08/08/2011
"Industrial Farmers" (1920) by Georg Scholz
=--=Publié dans la Catégorie "Peinture-Sculpture"=--=
"Industrial Farmers" (1920) by Georg Scholz
Peintre allemand, Georg Scholz fut considéré comme "artiste dégénéré" sous le Troisième Reich, ses toiles furent saisies et par interdiction officielle on lui intima l'ordre de ne plus peindre. On comprend pourquoi : sa peinture est une parfaite description de l'âme humaine.
23:50 Publié dans Peinture-Sculpture | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Richard Wagner - Elsa's Procession to the Cathedral (Lohengrin)
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Je ne suis pas un bien grand admirateur de la musique de Richard Wagner, épousant en cela les postulats de Friedrich Nietzsche évoqués dans "Le Cas Wagner" et "Nietzsche contre Wagner". Il y a cependant dans son oeuvre quelques instants miraculeux où un sentiment de bonheur et de légèreté l'emporte sur la lourdeur germanique.
Richard Wagner - Elsa's Procession to the Cathedral (Lohengrin)
17:45 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (4) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Parachute
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« L'esprit c'est comme un parachute: s'il reste fermé, on s'écrase. » Frank Zappa
16:20 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Race des Seigneurs - V
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Membre de la "Race des Seigneurs" : Crétin mongoloïde pathologique de premier échelon : Entrelacs celtiques !
15:46 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Simplicité
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« Un retour à la simplicité n'a rien d'invraisemblable. La science elle-même pourrait bien nous en montrer le chemin. Tandis que physique et chimie nous aident à satisfaire et nous invitent à multiplier nos besoins, on peut prévoir que physiologie et médecine nous révéleront de mieux en mieux ce qu'il y a de dangereux dans cette multiplication et de décevant dans la plupart de nos satisfactions. J'apprécie un bon plat de viande: tel végétarien qui l'aimait jadis autant que moi, ne peut aujourd'hui regarder de la viande sans être pris de dégoût. On dira que nous avons raison l'un et l'autre et qu'il ne fait plus disputer des goût que des couleurs. Peut-être ; mais je ne puis m'empêcher de constater la certitude inébranlable où il est, lui végétarien, de ne jamais revenir à son ancienne disposition, alors que je me sens beaucoup moins sûr de conserver toujours la mienne. Il a fait deux expériences ; je n'en ai fait qu'une. Sa répugnance s'intensifie quand son attention se fixe sur elle, tandis que ma satisfaction tient de la distraction et pâlit plutôt à la lumière ; je crois qu'elle s'évanouirait si des expériences décisives venait prouver, comme ce n'est pas impossible, qu'on s'empoisonne spécifiquement, lentement, à manger de la viande...
La seule réforme de notre alimentation aurait des répercussion sans nombre sur notre industrie, notre commerce, notre agriculture, qui en seraient considérablement simplifiés. Que dire de nos autres besoins ? Les exigences du sens génésique sont impérieuse, mais on en finirait vite avec elles si l'on s'en tenait à la nature. Seulement, autour d'une sensation forte mais pauvre, prise comme note fondamentale... c'est un appel constant au sens par l'intermédiaire de l'imagination. »
Henri Bergson, Les Deux Sources de la Morale et de la Religion
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07/08/2011
Sigismund Thalberg - Fantasia on Rossini's "Moses"
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Vite... un peu de musique pour nous laver l'âme et le corps de toute cette crasse... Je n'ai aucune information sur l'interprète de cette magnifique pièce et je ne suis pas un spécialiste en musique classique... mais c'est tout simplement magnifique.
Sigismund Thalberg - Fantasia on Rossini's "Moses" - 1/2
Sigismund Thalberg - Fantasia on Rossini's "Moses" - 2/2
15:36 Publié dans Music... | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Race des Seigneurs - IV
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Membre de la "Race des Seigneurs" : Crétin mongoloïde pathologique de premier échelon : Aryan Warrior... ça ne rigole pas du tout !
15:20 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (7) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Luc et Bernard tournèrent sur eux-mêmes et se mirent à fumer
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« Luc et Bernard tournèrent sur eux-mêmes, des griffes fragiles, et se mirent à fumer un peu d’opium.
Mais dans cette fumée où macère l’hystérie des ports, la voracité des marins – une pièce d’or fondant dans une main moite – une plainte s’échappa. Ils dirent le supplice du désir déchaîné qui se tord sur lui même, s’exaspère et se ronge. Toutes les barrières tombées entre les âmes, la chair de tous les corps se cherchant et réunie dans un seul spasme incessant, infiniment facile, usure universelle et terrible, restait pourtant un point où chacun aurait pu être soi-même, un petit grelot plaintif, un souvenir. Et cette grêle sonnaille faisait dans la nuit toute la présence d’un pauvre troupeau perdu. Gille fut témoin, chez ces humains-là, d’un regret irrémédiable, d’un reproche inexpiable : chacun, abandonné à tous, maudissait tout le monde de lui voler, de lui arracher le cœur de chacun. Dans cette immense matière informe où glisse de tout son poids la chair, il y a des éclats d’âme comme des échardes qui çà et là cochent encore un peu de souffrance. Cette souffrance fugitive est la dernière trace de conscience.
Gille se sentit pour ses voisins une pitié atroce et avilissante. Il songea alors au mépris et à s’en rehausser comme d’un verre d’alcool. Mais sa propre ignominie lui revenait aux lèvres, et le verre qu’il en approchait, il le jeta, il le fracassa. »
Pierre Drieu la Rochelle, L’homme couvert de femmes
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06/08/2011
Race des Seigneurs - III
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Membre de la "Race des Seigneurs" : Crétin mongoloïde pathologique de premier échelon : "666"... le chiffre de la Bête !
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Aimer
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« Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : "J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui" »
Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour
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05/08/2011
Race des Seigneurs - II
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Membre de la "Race des Seigneurs" : Crétin mongoloïde pathologique de premier échelon : Honneur Aryen !
15:38 Publié dans Brèves | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les donjons abattus
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« Ce serait une erreur de croire que les populations eussent été hostiles à ce morcellement de la souveraineté. Tout ce qu'elle demandait, c'était des défenseurs. La féodalité, issue du vieux patronat, fondée sur la réciprocité des services, naissait de l'anarchie et du besoin d'un gouvernement, comme au temps de l'humanité primitive. Représentons-nous des hommes dont la vie était menacée tous les jours, qui fuyaient les pirates normands et les bandits de tout espèce, dont les maisons étaient brûlées et les terres ravagées. Dès qu'un individu puissant et vigoureux s'offrait pour protéger les personnes et les biens, on était trop heureux de se livrer à lui, jusqu'au servage, préférable à une existence de bête traquée. De quel prix était la liberté quand la ruine et la mort menaçaient à toute heure et partout ? En rendant des services, dont le plus apprécié était la défense de la sécurité publique, le seigneur féodal légitima son usurpation. Parfois même il promettait des garanties particulières à ceux qui reconnaissaient son autorité. Par là dura l'esprit des franchises provinciales et municipales, destinées à une renaissance prochaine.
Tout cela se fit peu à peu, spontanément, sans méthode, avec la plus grande diversité. Ainsi naquit une multitude de monarchies locales fondées sur un consentement donné par la détresse. Les abus de la féodalité ne furent sentis que plus tard, quand les conditions eurent changé, quand l'ordre commença à revenir, et les abus ne s'en développèrent aussi qu'à la longue. La valeur du service ayant diminué et le prix qu'on le payait étant resté le même. C'est ce que nous voyons de nos jours pour le régime capitaliste. Qui se souvient des premiers actionnaires qui ont risqué leur argent pour construire des chemins de fer ? A ce moment-là, ils ont été indispensables. Depuis, par voie d'héritage ou d'acquisition, leurs droits ont passé à d'autres qui ont l'air de parasites. Il en fut de même des droits féodaux et des charges qu'ils avaient pour contrepartie. Transformés, usés par les siècles, les droits féodaux n'ont disparu tout à fait qu'en 1789, ce qui laisse une belle marge au capitalisme de notre temps. Mais de même que la création des chemins de fer par des sociétés privées fut saluée comme un progrès, ce fut un progrès, au dixième siècle, de vivre à l'abri d'un château fort. Les donjons abattus plus tard avec rage avaient été construits d'abord avec le zèle qu'on met à élever des fortifications contre l'ennemi. »
Jacques Bainville, Histoire de France
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