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21/03/2021

La solitude est son lot...

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« A Colombey, de Gaulle menait la vie d'un modeste gentilhomme campagnard. Il assistait à la messe chaque semaine et le curé était régulièrement invité à déjeuner. Ce modeste curé de campagne, qui semblait tout droit sorti d'un roman du XIXe siècle consacré à la vie provinciale française, était traité avec la déférence que de Gaulle montrait envers tout représentant de l'Église. Toutes les visites à La Boisserie suivaient un rituel immuable. Avant le déjeuner, l'invité était emmené dans le bureau pour une "conversation" sur l'état du monde. Le déjeuner était servi à 12h30 précises et durait rarement plus de trente-cinq minutes. Il était suivi d'un café et d'une conversation décousue dans le salon, avec madame de Gaulle en train de tricoter au fond de la pièce. De Gaulle était un hôte courtois aux manières désuètes, remplissant personnellement le verre de son invité et refusant de laisser qui ce soit mettre une bûche dans le feu à sa place. Cela lui servait de prétexte à un petit numéro mélancolique : "Laissez-moi faire, disait-il, c'est à peu près la seule chose qu'il me reste à faire aujourd’hui".

Le visiteur était ensuite emmené faire une longue promenade dans le parc. De Gaulle se plaisait à lui faire remarquer, au loin, le sombre panorama de forêts s’étirant à l’infini sans aucune habitation humaine à l’horizon. Lorsqu’il était d’humeur, il se lançait dans une longue tirade, expliquant à quel point il était erroné de parler de "la douce France". Pour lui, la France était un pays de vastes paysages, à la mesure de la grandeur de son histoire. Un jour, lors d’une visite de Claude Mauriac, de Gaulle se laissa emporter par son sujet plus encore qu’à l’habitude : "Il rendit le climat encore plus rude, suréleva les montagnes, gonfla les rivières avec une sorte de férocité, comme s'il ne pouvait y avoir de grandeur dans la modération". Il compara cela à la Grande-Bretagne "avec ses petits cottages, le long de petites ruelles, dans la petite campagne, avec la petite pluie". A Louis Joxe il déclara un jour : "la vie n'est pas gaie par chez nous... on ne vient pas ici pour rigoler". Après leur promenade, le visiteur se voyait offrir une tasse de thé avant de rentrer à Paris, laissant de Gaulle à ses méditations mélancoliques et apocalyptiques.

Le récit d'une visite à Colombey devint un genre littéraire à part entière. De nombreux visiteurs étaient subjugués et entraient pleinement dans les envolées fantasmatiques de de Gaulle. L'un d'entre eux écrit qu'il s’est immédiatement senti "Sous l'influence du site, tellement en accord avec la personnalité de de Gaulle : l’endroit apparait comme une sorte d’austère 'Haut de Hurlevent', avec un horizon grandiose dans sa monotonie". Un autre remarque : "Ce lieu, élevé, isolé et venteux, était en accord avec sa personnalité. La solitude est son lot". Dans aucune description d’une visite à Colombey on ne trouve le soleil qui brille et le vent qui ne souffle pas. »

Julian Jackson, De Gaulle

 

 

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12/03/2021

Le type américain

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Je suis loin d'être d'accord avec tout ce qu'affirme, ici, Julius Evola, mais il y a dans ce long extrait un sacré fond de vérité qui mérite réflexion... 

 

« Pour expliquer les États-Unis d'Amérique, on les a comparés, avec raison, à un creuset. L'Amérique est en effet un de ces cas où, à partir d'une matière première on ne peut plus hétérogène, a pris naissance un type d'homme dont les caractéristiques sont, dans une large mesure, uniformes et constantes. Des hommes des peuples les plus divers reçoivent donc, en s'installant en Amérique, la même empreinte. Presque toujours, après deux générations, ils perdent leurs caractéristiques originelles et reproduisent un type assez unitaire pour ce qui est de la mentalité, de la sensibilité et des modes de comportement : le type américain justement.

Mais, dans ce cas précis, des théories comme celles formulées par Frobenius et Spengler – il y a aurait une étroite relation entre les formes d'une civilisation et une sorte d' "âme" liée au milieu naturel, au "paysage" et à la population originelle – ne semblent pas pertinentes. S'il en était ainsi, en Amérique l'élément constitué par les Amérindiens, par les Peaux-Rouges, aurait dû jouer un rôle important. Les Peaux-Rouges étaient une race fière, possédant style, dignité, sensibilité et religiosité ; ce n'est pas sans raison qu'un auteur traditionaliste, F. Schuon, a parlé de la présence en eux de quelque chose "d'aquilin et de solaire". Et nous n'hésitons pas à affirmer que si leur esprit avait marqué, sous ses meilleurs aspects et sur un plan adéquat, la matière mélangée dans le "creuset américain", le niveau de la civilisation américaine aurait été probablement plus élevé. Mais, abstraction faite de la composante puritaine et protestante (qui se ressent à son tour, en raison de l'insistance fétichiste sur l'Ancien Testament, d'influences judaïsantes négatives), il semble que ce soit l'élément noir, avec son primitivisme, qui ait donné le ton à bien des traits décisifs de la mentalité américaine.

Une première chose est, à elle seule, caractéristique : quand on parle de folklore en Amérique, c'est aux Noirs qu'on pense, comme s'ils avaient été les premiers habitants du pays. Si bien qu'on traite, aux États-Unis, comme un oeuvre classique inspirée du "folklore américain", le fameux Porgy and Bess du musicien d'origine juive Gershwin, oeuvre qui ne parle que des Noirs. Cet auteur déclara d'ailleurs que, pour écrire son oeuvre, il se plongea pendant un certain temps dans l'ambiance des Noirs américains. Le phénomène représenté par la musique légère et la danse est encore plus frappant. On ne peut pas donner tort à Fitzgerald, qui a dit que, sous un de ses principaux aspects, la civilisation américaine peut être appelée une civilisation du jazz, ce qui veut dire d'une musique et d'une danse d'origine noire ou négrifiée. Dans ce domaine, des "affinités électives" très singulières ont amené l'Amérique, tout au long d'un processus de régression et de retour au primitif, à s'inspirer justement des Noirs, comme si elle n'avait pas pu trouver, dans son désir compréhensible de création de rythmes et de formes frénétiques en mesure de compenser le côté desséché de la civilisation mécanique et matérielle moderne, rien de mieux. Alors que de nombreuses sources européennes s'offraient à elle - nous avons déjà fait allusion, en une autre occasion, aux rythmes de danse de l'Europe balkanique, qui ont vraiment quelque chose de dionysiaque. Mais l'Amérique a choisi les Noirs et les rythmes afro-cubains, et la contagion, à partir d'elle, a gagné peu à peu les autres pays.

Le psychanalyste C.-G. Jung avait déjà remarqué la composante noire du psychisme américain. Certaines de ses observations méritent d'être reproduites ici : "Ce qui m'étonna beaucoup, chez les Américains, ce fut la grande influence du Noir. Influence psychologique, car je ne veux pas parler de certains mélanges de sang. Les expressions émotives de l'Américain et, en premier lieu, sa façon de rire, on peut les étudier fort bien dans les suppléments des journaux américains consacrés au society gossip. Cette façon inimitable de rire, de rire à la Roosevelt, est visible chez le Noir américain sous sa forme originelle. Cette manière caractéristique de marcher, avec les articulations relâchées ou en balançant des hanches, qu'on remarque souvent chez les Américains, vient des Noirs. La musique américaine dort aux Noirs l'essentiel de son inspiration. Les danses américaines sont des danses de Noirs. Les manifestations du sentiment religieux, les revival meetings, les holy rollers et d'autres phénomènes américains anormaux sont grandement influencés par le Noir. Le tempérament extrêmement vif en général, qui s'exprime non seulement dans un jeu comme le base ball, mais aussi, et en particulier, dans l'expression verbale – le flux continu, illimité, de bavardages, typique des journaux américains, en est un exemple remarquable –, ne provient certainement pas des ancêtres d'origine germanique, mais ressemble au chattering de village nègre. L'absence presque totale d'intimité et la vie collective qui contient tout rappellent, en Amérique, la vie primitive des cabanes ouvertes où règne une promiscuité complète entre les membres de la tribu".

Poursuivant des observations de ce genre, Jung a fini par se demander si les habitants du nouveau continent peuvent encore être considérés comme des Européens. Mais ses remarques doivent être prolongées. Cette brutalité, qui est un des traits évidents de l'Américain, on peut dire qu'elle possède une empreinte noire. D'une manière générale, le goût de la brutalité fait désormais partie de la mentalité américaine. II est exact que le sport le plus brutal, la boxe, est né en Angleterre ; mais il est tout aussi exact que c'est aux États-Unis qu'il a connu les développements les plus aberrants au point de faire l'objet d'un véritable fanatisme collectif, bien vite transmis aux autres peuples. En ce qui concerne la tendance à en venir aux mains de la façon la plus sauvage qui soit, il suffit d'ailleurs de songer à une quantité de films américains et à l'essentiel de la littérature populaire américaine, la littérature "policière" : les coups de poing y sont monnaie courante, parce qu'ils répondent évidemment aux goûts des spectateurs et des lecteurs d'outre-Atlantique, pour lesquels la brutalité semble être la marque de la vraie virilité. La nation-guide américaine a depuis longtemps relégué, plus que toute autre, parmi les ridicules antiquailles européennes, la manière de régler un différend par les voies du droit, en suivant des normes rigoureuses, sans recourir à la force brute et primitive du bras et du poing, manière qui pouvait correspondre au duel traditionnel. On ne peut que souligner l'abîme séparant ce trait de la mentalité américaine de ce que fut l'idéal de comportement du gentleman anglais, et ce, bien que les Anglais aient été une composante de la population blanche originelle des États-Unis. On peut comparer l'homme occidental moderne, qui est dans une large mesure un type humain régressif, à un crustacé : il est d'autant plus « dur » dans son comportement extérieur d'homme d'action, d'entrepreneur sans scrupules, qu'il est "mou" et inconsistant sur le plan de l'intériorité. Or, cela est éminemment vrai de l'Américain, en tant qu'il incarne le type occidental dévié jusqu'à l'extrême limite.

On rencontre ici une autre affinité avec le Noir. Un sentimentalisme fade, un pathos banal, notamment dans les relations sentimentales, rapprochent bien plus l'Américain du Noir que de l'Européen vraiment civilisé. L'observateur peut à ce sujet tirer aisément les preuves irréfutables à partir de nombreux romans américains typiques, à partir aussi des chansons, du cinéma et de la vie privée courante. Que l'érotisme de l'Américain soit aussi pandémique que techniquement primitif, c'est une chose qu'ont déplorée aussi et surtout des jeunes filles et des femmes américaines. Ce qui ramène une fois de plus aux races noires, chez lesquelles l'importance, parfois obsessionnelle, qu'ont toujours eu l'érotisme et la sexualité, s'associe, justement, à un primitivisme ; ces races, à la différence des Orientaux, du monde occidental antique et d'autres peuples encore, n'ont jamais connu un ars amatoria digne de ce nom. Les grands exploits sexuels, si vantés, des Noirs, n'ont en réalité qu'un grossier caractère quantitatif et priapique.

Un autre aspect typique du primitivisme américain concerne l'idée de "grandeur". Werner Sombart a parfaitement vu la chose en disant : they mistake bigness for greatness, phrase qu'on pourrait traduire ainsi : ils prennent la grandeur matérielle pour la vraie grandeur, pour la grandeur spirituelle. Or, ce trait n'est pas propre à tous les peuples de couleur en général. Par exemple, un Arabe de vieille race, un Peau-Rouge, un Extrême-Oriental ne se laissent pas trop impressionner par tout ce qui est grandeur de surface, matérielle, quantitative, y compris la grandeur liée aux machines, à la technique, à l'économie (abstraction faite, naturellement, des éléments déjà occidentalisés de ces peuples). Pour se laisser prendre par tout cela ; il fallait une race vraiment primitive et infantile comme la race noire. Il n'est donc pas exagéré de dire que le stupide orgueil des Américains pour la "grandeur" spectaculaire, pour les achievements de leur civilisation, se ressent lui aussi d'une disposition du psychisme nègre. On peut aussi parler d'une des bêtises que l'on entend souvent répéter, à savoir que les Américains seraient une "race jeune", avec pour corollaire tacite que c'est à eux qu'appartient l'avenir. Car un regard myope peut facilement confondre les traits d'une jeunesse effective avec ceux d'un infantilisme régressif. Du reste, il suffit de reprendre la conception traditionnelle pour que la perspective soit renversée. En dépit des apparences, les peuples récemment formés doivent être considérés comme les peuples les plus vieux et, éventuellement, comme des peuples crépusculaires, parce qu'ils sont venus en dernier justement, parce qu'ils sont encore plus éloignés des origines.

Cette manière de voir les choses trouve d'ailleurs une correspondance dans le monde des organismes vivants. Ceci explique la rencontre paradoxale des peuples présumés "jeunes" (au sens de peuples venus en dernier) avec des races vraiment primitives, toujours restées en dehors de la grande histoire ; cela explique le goût de ce qui est primitif et le retour à ce qui est primitif. Nous l'avons déjà fait remarquer à propos du choix fait par les Américains, à cause d'une affinité élective profonde, en faveur de la musique nègre et sub-tropicale ; mais le même phénomène est perceptible aussi dans d'autres domaines de la culture et de l'art. On peut se référer, par exemple, au culte assez récent de la négritude qu'avaient fondé en France des existentialistes, des intellectuels et des artistes "progressistes".

Une autre conclusion à tirer de tout cela, c'est que les Européens et les représentants de civilisations supérieures non européennes font preuve, à leur tour, de la même mentalité de primitif et de provincial lorsqu'ils admirent l'Amérique, lorsqu'ils se laissent impressionner par l'Amérique, lorsqu'ils s'américanisent avec stupidité et enthousiasme, croyant ainsi marcher au pas du progrès et témoigner d'un esprit "libre" et "ouvert". La marche du progrès concerne aussi l' "intégration" sociale et culturelle du Noir, qui se répand en Europe même et qui est favorisée, même en Italie, par une action sournoise, notamment au moyen de films importés (où Blancs et Noirs remplissent ensemble des fonctions sociales : juges, policiers, avocats, etc.) et par la télévision, avec des spectacles où danseuses et chanteuses noires sont mélangées à des blanches, afin que le grand public s'accoutume peu à peu à la promiscuité des races, perde tout reste de conscience raciale naturelle et tout sentiment de la distance. Le fanatisme collectif qu'a provoqué en Italie, lors de ses exhibitions, cette masse de chair informe et hurlante qu'est la Noire Ella Fitzgerald, est un signe aussi triste que révélateur. On peut en dire autant du fait que l'exaltation la plus délirante de la "culture" nègre, de la négritude, soit due à un Allemand, Janheinz Jahn, dont le livre Muntu, publié par une vieille et respectable maison d'édition allemande (donc dans le pays du racisme aryen !), a été immédiatement traduit et diffusé par un éditeur italien de gauche bien connu, Einaudi. Dans cet ouvrage invraisemblable, l'auteur en arrive à soutenir que la "culture" nègre serait un excellent moyen de relever et de régénérer la "civilisation matérielle" occidentale... Au sujet des affinités électives américaines, nous ferons allusion à un dernier point. On peut dire qu'il y a eu aux États-Unis d'Amérique quelque chose de valable, vraiment prometteur : le phénomène de cette jeune génération qui prônait une sorte d'existentialisme révolté, anarchiste, anticonformiste et nihiliste ; ce qu'on a appelé la beat generation, les beats, les hipsters et compagnie, sur lesquels nous reviendrons d'ailleurs. Or, même dans ce cas, la fraternisation avec les Noirs, l'instauration d'une véritable religion du jazz nègre, la promiscuité affichée, y compris sur le plan sexuel, avec les Noirs, ont fait partie des caractéristiques de ce mouvement.

Dans un essai célèbre, Norman Mailer, qui a été un des principaux représentants de la beat generation, avait même établi une sorte d'équivalence entre le Noir et le type humain de la génération en question ; il avait carrément appelé ce dernier the white Negro, le "nègre blanc". A ce propos, Fausto Gianfranceschi a écrit très justement : "En raison de la fascination exercée par la 'culture' nègre, sous la forme décrite par Mailer, on ne peut s'empêcher d'établir immédiatement un parallèle – irrespectueux – avec l'impression que fit le message de Friedrich Nietzsche au début du XIXe siècle. Le point de départ, c'est le même désir de rompre tout ce qui est fossilisé et conformiste par une prise de conscience brutale du donné vital et existentiel ; mais quelle confusion lorsqu'on met le Noir, comme on l'a fait de nos jours, avec le jazz et l'orgasme sexuel, sur le piédestal du "surhomme" !

Pour la bonne bouche nous terminerons par un témoignage significatif dû à un écrivain américain particulièrement intéressant, James Burnham (dans "The struggle for the world") : "On trouve dans la vie américaine les signes d'une indiscutable brutalité. Ces signes se révèlent aussi bien dans le lynchage et le gangstérisme que dans la prétention et la goujaterie des soldats et des touristes à l'étranger. Le provincialisme de la mentalité américaine s'exprime par un manque de compréhension pour tout autre peuple et toute autre culture. Il y a, chez de nombreux Américains, un mépris de rustre pour les idées, les traditions, l'histoire, un mépris lié à l'orgueil pour les petites choses dues au progrès matériel. Qui, après avoir écouté une radio américaine, ne sentira pas un frisson à la pensée que le prix de la survie serait l'américanisation du monde ?"

Ce qui, malheureusement, est déjà en train de se produire sous nos yeux. »

Julius Evola, L’arc et la massue

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08/03/2021

Dépasser le ressentiment pour sauver la démocratie avec Cynthia Fleury

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06/03/2021

L’art comme épluchage

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« Lundi, école d’art de Caen. On m’a demandé d’expliquer pourquoi la bonté me paraissait plus importante que l’intelligence ou le talent. J’ai fait de mon mieux, j’ai eu du mal : mais je sais que c’était vrai. Ensuite j’ai visité l’atelier de Rachel Poignant, qui utilise des moulages de différentes parties de son corps. Je suis tombé en arrêt devant de longues lanières recouvertes du moulage d’un de ses tétons (le droit ? le gauche ? je ne sais plus). Par la consistance caoutchouteuse, par l’aspect, cela évoquait franchement des tentacules de pieuvre. Pourtant, j’ai assez bien dormi.

Mercredi, école d’art d’Avignon, pour une "journée du ratage" organisée par Arnaud Labelle-Rojoux. Je devais parler de l’échec sexuel. Les choses ont démarré presque gaiement, par une projection de courts-métrages réunis sous le titre de Films sans qualités : les uns hilarants, les autres étranges, parfois les deux (je crois que la cassette tourne dans différents centres d’art ; il serait dommage de la manquer). Puis j’ai vu une vidéo de Jacques Lizène. La misère sexuelle le hante. Son sexe dépassait d’un trou ménagé dans une plaque de contreplaqué ; il était enserré dans un nœud coulant par une ficelle servant à l’actionner. Il l’agitait lentement, par secousses, comme une marionnette molle. J’étais très mal à l’aise. Cette ambiance de décomposition, de foirage triste qui accompagne l’art contemporain finit par vous prendre à la gorge ; on peut regrette Joseph Beuys et ses propositions empreintes de générosité. Il n’empêche que le témoignage porté sur l’époque est d’une précision éprouvante. Toute la soirée j’y ai pensé, sans pouvoir échapper à ce constat : l’art contemporain me déprime ; mais je me rends compte qu’il représente, et de loin, le meilleur commentaire récent sur l’état des choses. J’ai rêvé de sacs poubelles débordant de filtres à café, d’épluchures, de viande en sauce. J’ai pensé à l’art comme épluchage, aux bouts de chair qui restent collés aux épluchures.

Samedi, rencontre littéraire dans le Nord de la Vendée. Quelques écrivains "régionalistes de droite" (on reconnait qu’ils sont de droite à ce que, parlant de leurs origines, ils aiment à signaler un ancêtre juif à la quatrième génération ; ainsi chacun peut constater leur largeur d’esprit). Sinon, comme partout, public très divers : aucun autre point commun que la lecture. Ces gens vivent dans une région où le nombre de nuances de vert est infini ; mais, sous le ciel parfaitement gris, toutes les nuances de vert s’éteignent. On a donc affaire à un infini éteint. J’ai pensé à la course des planètes après la fin de toute vie, dans un univers de plus en plus froid, marqué par l’extinction progressive des étoiles ; et les mots de "chaleur humaine" m’ont presque fait pleurer.

Dimanche, j’ai repris le TGV pour Paris ; fin des vacances. »

Michel Houellebecq, Interventions 2020

 

 

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21/02/2021

Une infime fraction...

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« Ceux qui n'ont pas pénétré assez loin dans le monde des plaisirs amoureux ne peuvent juger les femmes que d'après ce qu'ils voient. Mais ceux qui les connaissent vraiment savent que l'œil ne révèle qu'une infime fraction de ce qu'une femme peut offrir. »

Milan Kundera, La valse aux adieux

 

 

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11/02/2021

Les silences de Maurice Zundel

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10/02/2021

Il s'agissait donc d'autre chose que d'une morale d'interdit

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« Cette expérience consista essentiellement à l'époque à percevoir l'exigence de pureté dans une personne. Il s'agissait donc d'autre chose que d'une morale d'interdit qui engendre un sentiment de culpabilité. Il s'agissait d'un rapport lumineux avec quelqu'un en qui la pureté s'identifiait avec l'être. »

Maurice Zundel, À l'écoute du silence

 

 

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09/02/2021

Vous vous sentez délivré de vous-même

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« Quand dans l'émerveillement de la musique, de l'architecture, de la peinture, de la nature ou de l'amour, vous vous sentez délivré de vous-même, votre regard se porte sur la beauté et, tandis que vous vous perdez de vue, vous vous sentez exister avec une plénitude incomparable. Et c'est à ce moment là justement que la vie atteint son sommet, quand cessant de vous regarder vous n'êtes plus qu'un regard vers l'autre. »

Maurice Zundel, À l'écoute du silence

 

 

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08/02/2021

Des cadavres d'humanité

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« La plupart des vies, malheureusement sont des cadavres d'humanité... la plupart des hommes sont portés par leur biologie au lieu de la porter. Ils meurent avant de vivre... C'est pourquoi le vrai problème n'est pas de savoir si nous serons vivants après la mort, mais bien si nous serons vivants avant la mort. »

Maurice Zundel, À l'écoute du silence

 

 

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07/02/2021

Maurice Zundel (La Foi prise au mot - KTOTV)

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06/02/2021

Appel à la transformation créatrice

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« L'immortalité n'est pas une rallonge mise à notre vie biologique dans la crainte de crever. Ce n'est pas du tout cela... Elle est, en nous, d'abord appel à la transformation créatrice où l'homme atteint à une sorte d'aséité en devenant vraiment la source de sa vie : dans le dialogue silencieux où sa personnalité se réalise, dans l'échange avec la Présence infinie qui est, comme disait Augustin, la Vie de notre vie. »

Maurice Zundel, À l'écoute du silence

 

 

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05/02/2021

Libres de nous-mêmes

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« Nous avons besoin, assurément, un besoin physique, biologique, de présence humaine, mais il est très rare que ce besoin de présence aille jusqu'à l'intimité, jusqu'au mystère de la personne, jusqu'à son secret éternel qui ne peut se faire jour que dans des conditions privilégiées.
Et toutes les relations humaines, la plupart du temps, sont tissées de banalités et s'accomplissent dans le conventionnel. Chacun, gardant son quand-à-soi, cache la privauté de son âme, avoue à peine ses convictions véritables, en sorte qu'on a affaire, finalement, à une humanité passe-partout qui n'a d'autre enracinement dans l'univers que ses besoins physiques.

Il y a des moments privilégiés où, tout de même, la rencontre humaine se fait, où le visage de l'autre apparaît sans masque, dans son authenticité, ce qui est très rare, parce que, justement, pour qu'un homme puisse révéler son vrai visage, il faut qu'il atteigne au niveau de l'existence le plus profond, là où sa vie s'enracine dans l'éternel.
Et quand sommes-nous à ce niveau le plus profond où notre vie s'enracine dans l'éternel et où nous sommes sûrs d'atteindre à la réalité de l'être humain ? Eh bien, c'est quand nous sommes complètement libres de nous-mêmes. Nous devenons une présence quand tout est situé à l'intérieur de notre pensée et de notre amour comme en sa source, c'est-à-dire quand nous sommes devenus nous-mêmes une offrande, un don, un présent. »

Maurice Zundel, À l'écoute du silence

 

 

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04/02/2021

Plénitude de la vie, joie infinie...

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« Il ne s'agit pas de se défendre contre des forces hostiles que l'on n'arrive pas à apprivoiser, il ne s'agit pas d'impuissance et d'ignorance, il s'agit de plénitude de la vie ; il s'agit de la joie infinie, il s'agit d'une liberté enfin reconnue, celle qui fait justement de notre puissance de choisir le pouvoir de nous donner, de tout donner en nous donnant. Combien de philosophes ont peiné pour définir la liberté, pour la concilier avec déterminisme, et il n'y en a peut-être pas un qui ait compris que le sens de la liberté, c'était justement de faire de nous-même un don. Mais un don à qui, sinon à une générosité qui s'annonce comme telle au plus profond de nous ? »

Maurice Zundel, À l'écoute du silence

 

 

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03/02/2021

Le don nuptial de sa présence en moi

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« Qu'est-ce que je fais de la vie de Dieu qui m'est confiée ?
À travers moi, comment les autres peuvent-ils le recevoir de moi ? Pour vivre cet ordre de l'amour, il faut être continuellement en contact avec Dieu. Dès que l'on perd le contact, le monde se décolore à l'instant même et perd sa dimension infinie. Il faut donc que j'espère pour lui plutôt que pour moi. Que va-t-il arriver au cours de cette histoire humaine que j'ai à faire en me faisant ? S'il est vrai qu'il est concerné par chacune de mes décisions, si bien que ce qui consacre ma dignité est sa vie confiée à la mienne, je ne puis remettre à demain une fidélité indispensable à son incarnation en moi aujourd'hui.

Ce qui nous aidera le mieux à garder cette fidélité, qui conditionne notre libération, c'est la certitude, fondée sur l'expérience la plus quotidienne, que la présence de Dieu ne peut s'actualiser, dans notre histoire, que par notre méditation.
Si je tarde à me libérer, non seulement je méconnais le don nuptial de sa présence en moi, non seulement je manque à mon humanité en restant esclave de mes déterminismes, mais je l'empêche aussi de se manifester et de se communiquer à travers moi, en privant les autres de cette révélation spirituelle qui peut seule les toucher. »

Maurice Zundel, Je ne crois pas en Dieu, je le vis

 

 

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02/02/2021

Egalité, Fraternité, Diversité...

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« Quand le grand ethnologue allemand Kurt Unkel, mieux connu sous le nom de Nimuendaju que lui avaient conféré les Indiens du Brésil auxquels il a consacré sa vie, revenait dans les villages indigènes après un long séjour dans un centre civilisé, ses hôtes fondaient en larmes à la pensée des souffrances qu’il avait du encourir loin du seul endroit où, pensaient-ils, la vie valait la peine d’être vécue. Cette profonde indifférence aux cultures autres était, à sa manière, une garantie pour elles de pouvoir exister à leur guise et de leur côté. »

« En empruntant une autre image, on pourrait dire que les cultures ressemblent à des trains qui circulent plus ou moins vite, chacun sur sa voie propre et dans une direction différente. Ceux qui roulent de conserve avec le nôtre nous sont présents de la façon la plus durable ; nous pouvons à loisir observer le type des wagons, la physionomie et la mimique des voyageurs à travers les vitres de nos compartiments respectifs. Mais que, sur une autre voie oblique ou parallèle, un train passe dans l’autre sens et nous n’en apercevons qu’une image confuse et vite disparue, à peine identifiable pour ce qu’elle est, réduite le plus souvent à un brouillage momentané de notre champ visuel, qui ne nous livre aucune information sur l’évènement lui-même et nous irrite seulement parce qu’il interrompt la contemplation placide du paysage servant de toile de fond à notre rêverie. Or, tout membre d’une culture en est aussi étroitement solidaire que ce voyageur idéal l’est de son train. Dès la naissance, probablement même avant, les êtres et les choses qui nous entourent montent en chacun de nous un appareil de références complexes formant système : conduites, motivations, jugement implicites que, par la suite, l’éducation vient confirmer par la vue réflexive qu’elle nous propose du devenir historique de notre civilisation. Nous nous déplaçons littéralement avec ce système de référence, et les ensembles culturels qui se sont constitués en dehors de lui ne nous sont perceptibles qu’à travers les déformations qu’il leur imprime. Il peut même nous rendre incapable de les voir. »

« Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité règneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l’humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu’elle a su créer dans le passé, capable seulement de donner le jour à des ouvrages bâtards, à des inventions grossières et puériles, elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l’appel d’autres valeurs, pouvant aller jusqu’à leur refus sinon même à leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l’autre, s’identifier à lui, et se maintenir différent. Pleinement réussie, la communication intégrale avec l’autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l’originalité de sa et de ma création. »

Claude Lévi-Strauss, Race et culture

 

 

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01/02/2021

L’immense travail de domestication accompli par les femmes au cours des millénaires

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« Pour ma part j’ai toujours considéré les féministes comme d’aimables connes, inoffensives dans leur principe, malheureusement rendues dangereuses par leur désarmante absence de lucidité. Ainsi pouvait-on dans les années 1970 les voir lutter pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle, etc. tout à fait comme si le "système patriarcal" était une invention des méchants mâles, alors que l’objectif historique des hommes était à l’évidence de baiser le maximum de nanas sans avoir à se mettre une famille sur le dos.

Les pauvres poussaient même la naïveté jusqu’à s’imaginer que l’amour lesbien, condiment érotique apprécié par la quasi-totalité des hétérosexuels en activité, était une dangereuse remise en cause du pouvoir masculin. Elles manifestaient enfin, et c’était le plus triste, un incompréhensible appétit à l’égard du monde professionnel et de la vie de l’entreprise ; les hommes, qui savaient depuis longtemps à quoi s’en tenir sur la "liberté" et "l’épanouissement" offerts par le travail, ricanaient doucement.

Trente ans après les débuts du féminisme "grand public", les résultats sont consternants. Non seulement les femmes sont massivement entrées dans le monde de l’entreprise, mais elles y accomplissent l’essentiel des tâches (tout individu ayant effectivement travaillé sait à quoi s’en tenir sur la question : les employés masculins sont bêtes, paresseux, querelleurs, indisciplinés, incapables en général de se mettre au service d’une tâche collective quelconque).

Le marché du désir ayant considérablement étendu son empire, elles doivent parallèlement, et parfois pendant plusieurs dizaines d’années, se consacrer à l’entretien de leur "capital séduction", dépensant une énergie et des sommes folles pour un résultat dans l’ensemble peu probant (les effets du vieillissement restant grosso modo inéluctables). N’ayant nullement renoncé à la maternité, elles doivent en dernier lieu élever seules le ou les enfants qu’elles ont réussi à arracher aux hommes ayant traversé leur existence – lesdits hommes les ayant entretemps quittées pour une plus jeunes ; encore bien heureuses lorsqu’elles réussissent à obtenir le versement de la pension alimentaire.

En résumé, l’immense travail de domestication accompli par les femmes au cours des millénaires précédents afin de réprimer les penchants primitifs de l’homme (violence, baise, ivrognerie, jeu) et d’en faire une créature à peu près susceptible d’une vie sociale s’est trouvé réduit à néant en l’espace d’une génération. »

Michel Houellebecq, Interventions 2020

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31/01/2021

Le pouvoir de se donner une loi à soi-même

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« Tous les traits positifs de la voie du surhomme se rattachent à ce second aspect : le pouvoir de se donner une loi à soi même, le "pouvoir de dire non, de ne pas agir, quand on est poussé par une force prodigieuse, par une énorme tension vers le oui" ; l’ascèse naturelle et libre qui s’applique à éprouver ses propres forces en jugeant "la puissance d’une volonté au degré de résistance, de douleur, de tourment qu’elle peut supporter pour les tourner à son avantage" (si bien que de ce point de vue tout ce que l’existence offre de mauvais, de douloureux, de problématique, tout ce qui nourri les formes populaires des religions sotériologiques, est accepté et même désiré) ; avoir pour principe de ne pas obéir aux passions, mais de les tenir en laisse ("la grandeur de caractère ne consiste pas à ne pas avoir de passions – il faut les avoir au plus haut degré, mais les tenir en laisse, et sans que cette domination soit une source de joie particulière, avec simplicité") ; l’idée que "l’homme supérieur se distingue de l’inférieur par son intrépidité, son défi au malheur" ("c’est un signe de régression quand les valeurs eudémonistes commencent à être considérées comme les plus hautes") ; et répondre, stupéfait, à ceux qui montrent "le chemin de la félicité" pour inciter l’homme à se conduire de telle ou telle manière : "Mais que nous importe à nous le bonheur ?" ; reconnaître qu’un des moyens par lesquels se conserve une espèce humaine supérieure consiste "à s’arroger le droit à des actes exceptionnels vécus comme des tentatives de victoire sur soi-même et des actes de liberté… à s’assurer, par une espèce d’ascèse, une prépondérance et une certitude quant à sa propre force de volonté" sans fuir aucune sorte de privation ; affirmer la liberté qui consiste à "maintenir la distance qui nous sépare, être impassible devant les peines, les duretés de l’existence, les privations, la vie même", le type le plus élevé d’homme libre étant représenté par "celui qui surmonte constamment les plus fortes résistances… le grand péril faisant de lui un être digne de vénération" ; dénoncer la néfaste confusion entre discipline et aveulissement (le but de la discipline ne peut être qu’une force plus grande – "celui qui ne domine pas est faible, dissipé, inconstant") et tenir pour certain que "la dissolution n’est un argument que contre celui qui n’y a pas droit et que toutes les passions ont été discréditées par la faute de ceux qui n’étaient pas assez fort pour les tourner à leur avantage" ; montrer la voie de ceux qui, libres de tout lien, n’obéissent qu’à leur seule loi, adhèrent inflexiblement à celle-ci et sont au-dessus de toute faiblesse humaine ; enfin tout ce qui fait que le surhomme n’est pas la "blonde bête de proie", ni l’héritier d’une équivoque virtus de despotes de la Renaissance, mais est aussi capable de générosité, de promptitude à accorder une aide virile, de "vertu donatrice", de grandeur d’âme, de surpassement de sa propre individualité – tout cela représente un ensemble d’éléments positifs que l’homme de la Tradition aussi peut faire siens mais qui ne s’expliquent et ne sont tels qu’à la condition d’être rapportés, non à la vie, mais au "plus-que-vie", à la transcendance ; ce sont des valeurs qui ne peuvent attirer que les hommes portant en eux quelque chose d’autre et de plus que la simple "vie". »

Julius Evola, Chevaucher le tigre

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30/01/2021

Le malheur

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« Le malheur n’a pas fondu sur toi, ne s’est pas abattu sur toi ; il s’est infiltré avec lenteur, il s’est insinué presque suavement. Il a minutieusement imprégné ta vie, tes gestes, tes heures, ta chambre, comme une vérité longtemps masquée, une évidence refusée ; tenace et patient, ténu, acharné, il a pris possession des failles du plafond, des rides de ton visage dans le miroir fêlé, des cartes étalées ; il s’est coulé dans la goutte d’eau du robinet du poste d’eau sur le palier, il a résonné avec chaque quart d’heure au clocher de Saint-Roch.

Le piège, c’était ce sentiment parfois presque exaltant, cet orgueil, cette sorte d’ivresse ; tu croyais n’avoir besoin que de la ville, de ses pierres et de ses rues, des foules qui t’entraînaient, besoin seulement d’un fragment de comptoir à la Petite Source, d’une place avancée dans un cinéma de quartier ; besoin seulement de ta chambre, ton antre, ta cage, ton terrier, où tu reviens chaque jour, d’où tu repars chaque jour, ce lieu presque magique ou plus rien désormais ne s’offre à ta patience, même plus une fissure au plafond, même plus une veine dans le bois de l’étagère, même plus une fleur sur le papier peint. Tu étales, encore une fois, les cinquante-deux cartes sur ta banquette étroite ; tu cherches, encore une fois, l’improbable solution d’un labyrinthe informe.

Tu as perdu tes pouvoirs. Tu ne sais plus suivre la lente dérive des bulles et des brindilles à la surface de ta cornée. Nul visage, nulle chevauchée victorieuse, nulle ville à l’horizon ne se laissent déchiffrer au travers des fissures et des ombres.Le piège : cette illusion d’être – comment dire ? – infranchissable, de n’offrir aucune prise au monde extérieur, de glisser, intouchable, yeux ouverts regardant devant eux, percevant tout, les plus petits détails, ne retenant rien. Somnambule éveillé, aveugle qui verrait. Être sans mémoire, sans frayeur.

Mais il n’y a pas d’issue, pas de miracle, nulle vérité. Des carapaces, des cuirasses. depuis ce jour suffocant où tout a commencé, où tout s’est arrêté. Tu rases les murs sales des rues noires, heurtant de ta main droite les pierres des perrons, les briques des façades. Tu t’assieds, jambes ballantes, au-dessus de la Seine, pendant des heures à regarder l’inappréciable remous que creuse l’arche d’un pont. Tu retires les quatre as de tes cinquante-deux cartes étalées. Combien de fois as-tu refait les mêmes gestes mutilés, les mêmes trajets qui ne conduisent jamais nulle part ? Tu n’as d’autre secours que tes refuges de quatre sous, ta patience imbécile, les mille et un détours qui chaque fois te ramènent à ton point de départ. Des squares aux musées, des cafés au cinémas, des berges aux jardins, les salles d’attente dans les gares, les halls des grands hôtels, les monoprix, les librairies, les galeries de peinture, les couloirs du métro. Les arbres, les pierres, l’eau, les nuages, le sable, la brique, la lumière, le vent, la pluie : seule compte ta solitude : quoi que tu fasses, où que tu ailles, tout ce que tu vois n’a pas d’importance, tout ce que tu fais est vain, tout ce que tu cherches est faux. Seule existe la solitude, que tôt ou tard, chaque fois, tu retrouves en face de toi, amicale ou désastreuse ; chaque fois, tu demeures seul, sans secours, en face d’elle, démonté ou hagard, désespéré ou impatient.

Tu t’es arrêté de parler et seul le silence t’a répondu. Mais ces mots, ces milliers, ces millions de mots qui se sont arrêtés dans ta gorge, les mots sans suite, les cris de joie, les mots d’amour, les rires idiots, quand donc les retrouveras-tu ? »

Georges Perec, Un homme qui dort

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29/01/2021

"Si tu veux vaincre ton ennemi, élève ses enfants"...

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« Qui ne connait pas l'interview d'Aaron Russo, mort depuis d'un cancer foudroyant, dans laquelle il raconte ses discussions avec Nick Rockefeller, à qui il dit : "Vous avez quand même oeuvré pour le droit des femmes..." Et qui lui répond d'un air moqueur qu'en vérité, l'indépendance des femmes, ils s'en foutent... c'est juste qu'ils se sont aperçus un jour que, si les femmes restaient à la maison, seulement la moitié de la population générait des impôts, mais que si elles travaillaient, les enfants seraient en plus de cela beaucoup plus tôt sous la coupe de l'Etat, qui pourrait ainsi les formater tout petits... "Si tu veux vaincre ton ennemi, élève ses enfants", dit le proverbe oriental ! »

Claire Séverac, La guerre contre les peuples

 

 

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28/01/2021

L’appartenance intime de mon travail à la Forêt Noire et aux hommes qui y vivent vient d’un enracinement séculaire

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« Sur le versant abrupt d’une haute et grande vallée du sud de la Forêt Noire, il y a à 1150 m d’altitude un petit chalet de ski. Il mesure en tout 6 mètres sur 7. Le toit bas abrite trois pièces : la cuisine qui sert aussi de pièce principale, la chambre à coucher et un cabinet de travail. Dispersées dans le fond étroit de la vallée et sur le versant opposé pareillement abrupt, les fermes aux grands toits en surplomb s’étalent largement. Le long du versant, les prairies et les pâturages montent jusqu’à la forêt de vieux sapins altiers et sombres. Sur tout cela règne un clair ciel d’été et dans son espace radieux deux éperviers s’élèvent en décrivant de larges cercles.
C’est là mon monde de travail – vu par les yeux "contemplatifs" de l’hôte de passage et de l’estivant. Moi-même je ne contemple à proprement parler jamais le paysage. J'éprouve son changement d’heure en heure, du jour à la nuit, dans le grand cycle des saisons. La pesanteur des montagnes et la dureté de leur roche primitive, la croissance prudente des sapins, la splendeur lumineuse et sans apprêt des prairies en fleur, le murmure du torrent dans la longue nuit d’automne, la sévère simplicité des étendues profondément enneigées, tout cela s’insinue, se presse et vibre dans l’existence de tous les jours là-haut.

Non pas pourtant dans les instants voulus d’immersion dans la jouissance et d’identification artificielle, mais seulement lorsque l’existence qui m’est propre est à son "travail". Le travail "seul ouvre" l’espace à cette réalité de la montagne. La marche du travail demeure enchâssée dans l’avènement du paysage.


Lorsque dans la profonde nuit d’hiver une violente tempête de neige déchaîne ses rafales autour du chalet, recouvrant et dissimulant tout, c’est "alors" le grand temps de la philosophie. C’est "alors" que son questionnement doit devenir simple et essentiel. L’élaboration de chaque pensée ne peut être que dure et tranchante. L’effort que requiert la frappe des mots est semblable à la résistance des sapins se dressant contre la tempête.


Et le travail philosophique ne se déroule pas comme l’occupation à part d’un original. Il a sa place au beau milieu du travail des paysans. Quand le jeune paysan remorque le lourd traîneau le long de la pente et sans tarder le pilote, avec son haut chargement de bûches de hêtre, dans la descente périlleuse jusqu’à sa ferme, quand le berger, d’un pas lent et rêveur pousse son troupeau vers le sommet, quand le paysan dans sa chambre assemble comme il convient les innombrables bardeaux destinés à son toit, alors mon travail est "de la même espèce". L’appartenance immédiate au monde paysan trouve là sa racine. Le citadin pense qu’il « se mêle au peuple » dès qu’il s’abaisse à un long entretien avec un paysan. Quand, le soir, à l’heure de la pause, je m’assois avec les paysans sur la banquette du poêle ou à table, dans le coin du bon Dieu (1) , "la plupart du temps" nous ne parlons "même pas". Nous fumons nos pipes en "silence". De temps en temps peut-être, on laisse tomber un mot pour dire que l’abattage du bois en forêt tire maintenant sur sa fin, que la nuit précédente, la martre a dévasté le poulailler, que demain probablement telle vache va vêler, que l’Oehmibauer (2) a eu un coup de sang, que le temps va bientôt "tourner". L’appartenance intime de mon travail à la Forêt Noire et aux hommes qui y vivent vient d’un enracinement séculaire, que rien ne peut remplacer, dans le terroir alémanique et souabe.


Le citadin est tout au plus "stimulé" par ce qu’il est convenu d’appeler un séjour à la campagne. Mais c’est tout mon travail qui est porté et guidé par le monde de ces montagnes et de leurs paysans. Maintenant, mon travail là-haut est de temps à autre interrompu pour d’assez longues périodes par des pourparlers, des déplacements pour des conférences, des discussions, et mon enseignement ici, en bas. Mais aussitôt que je remonte là-haut, dès les premières heures de présence dans le chalet, tout l’univers des questions anciennes m’envahit et cela sous la forme même où je les avais laissées. Je me trouve tout simplement transporté dans le rythme propre du travail et ne suis au fond absolument pas maître de sa loi cachée. Les citadins s’étonnent souvent de mon long et monotone isolement dans les montagnes parmi les paysans. Pourtant ce n’est pas un isolement, mais bien la "solitude". Dans les grandes villes, l’homme peut en effet facilement être plus isolé que "nulle part ailleurs". Mais il ne peut jamais y être seul. Car la solitude a le pouvoir absolument original de ne pas nous "isoler", mais au contraire de "jeter" l’existence tout entière dans l’ample proximité de l’essence de toutes choses.


Là-bas, on peut devenir en un tour de main une "célébrité", par l’intermédiaire des journaux et des revues. C’est encore le chemin le plus sûr pour vouer notre vouloir le plus propre à la "mésinterprétation" et pour tomber rapidement et radicalement dans l’oubli.

(1) Dans les fermes de la Forêt Noire, on a coutume de s’asseoir à même la banquette de faïence du grand poêle qui se trouve au centre de la pièce ; la table entourée de bancs est disposée dans un des coins de la même pièce et c’est là que l’on suspend le crucifix, d’où son nom de "coin du Bon Dieu" (Herrgottswinkel).

(2) Il s’agit là probablement d’un surnom villageois. »

Martin Heidegger, "Pourquoi restons-nous en province ? (1933)" in Écrits politiques 1933 – 1966

 

 

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27/01/2021

Crédule

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« Peut-être vaut-il la peine de rendre compte ici du phénomène ambigu de la naïveté : celle-ci est avant tout du manque d'expérience combiné avec de la crédulité, comme le prouve l'exemple des enfants, même les plus intelligents. La crédulité peut avoir un fond positif : elle peut être l'attitude de l'homme véridique qui croit tout naturellement que tout le monde est comme lui ; il y a des peuplades qui sont crédules parce qu'elles ignorent le mensonge. Il va donc de soi que la naïveté peut être chose toute relative : un homme qui ne connaît pas la psychologie des fous est un naïf aux yeux des psychiatres, même s'il est fort loin d'être un sot. S'il faut être "prudents comme les serpents" — à condition d'être "simples comme les colombes (*)" — c'est avant tout parce que l'ambiance dresse des embûches et qu'il faut savoir se défendre, c'est-à-dire que notre imagination doit avoir conscience des caprices de la mâyâ terrestre.

(*) Ce qui du reste fait penser aux "pauvres dans l'esprit", qui ne sont certes pas censés manquer de facultés mentales. On connaît cette histoire : les novices condisciples du jeune Thomas d'Aquin, connaissant sa crédulité — réelle ou apparente — l'appelèrent un jour pour lui montrer "un boeuf qui vole", puis se moquèrent de lui parce qu'il courut à la fenêtre pour voir le phénomène ; il leur répondit : "Un boeuf qui vole est chose moins extraordinaire qu'un moine qui ment." »

Frithjof Schuon, Racines de la condition humaine

 

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26/01/2021

La curiosité-suicide...

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« Quoi qu'il en soit, si nous nous en tenons au sens courant du terme, être naïf c'est s'arrêter à la perspective simplificatrice et matérialisante de l'enfance, sans pour autant devoir perdre l'instinct pour la "seule chose nécessaire", lequel n'exige aucune expérience complexe ni aucun don de spéculation abstraite.
Nous voudrions répondre ici à la question suivante : un homme libéré d'une erreur pernicieuse est-il devenu plus intelligent pour autant ? Au point de vue de l'intelligence potentielle, non ; mais au point de vue de l'intelligence effective, oui, certainement ; car sous ce rapport, vérité égale intelligence. La preuve en est que l'acceptation d'une vérité-clef entraîne la capacité de comprendre — comme par une réaction en chaîne — d'autres vérités du même ordre, plus une multitude d'applications subordonnées ; toute compréhension illumine, toute incompréhension obscurcit. A l'opposé de la naïveté, il y a l'intelligence luciférienne, exploratrice, inventive, laquelle s'enfonce passionnément et aveuglément dans l'inconnu et l'indéfini ; c'est l'histoire de Prométhée et d'Icare, et c'est la curiosité-suicide. »

Frithjof Schuon, Racines de la condition humaine

 

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25/01/2021

L'absurdité de la thèse matérialiste

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« Il n'est pas hors de propos de faire remarquer dans ce contexte que la grande contradiction du matérialisme, c'est qu'il est pensé ; il n'est pas lui-même de la matière, il est un concept, donc quelque chose d'immatériel par définition. Le phénomène de la subjectivité nous ne nous lassons pas de le dire prouve concrètement l'absurdité de la thèse matérialiste, du fait que la nature même du penseur dément ce qu'il pense; autant déclarer ''objectivement'' que l'esprit humain est incapable d'objectivité, ou qu'il est vrai qu'il n'y a pas de vérité, et ainsi de suite. »

Frithjof Schuon, Racines de la condition humaine

 

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24/01/2021

Un vide

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« Il y a deux choses à envisager dans les choses créées, à savoir l'apparence empirique et le mécanisme ; or l'apparence manifeste l'intention divine (…) le mécanisme n'opère que le mode de manifestation. Chez l'homme corporel par exemple, l'intention divine s'exprime par la forme, la déiformité, le symbolisme, la beauté ; le mécanisme est l'anatomie et le fonctionnement vital. La mentalité moderne, à tendance toujours scientiste et "iconoclaste", tend à suraccentuer le mécanisme au détriment de l'intention créatrice, et cela sur tous les plans, psychologique aussi bien que physique ; il en résulte une mentalité blasée et "démystifiée" que rien n' "impressionne" plus. Avec l'oubli de l'intention divine, pourtant apparente a priori, on aboutit à un vide dépourvu de tout point de référence et de toute signification, et à une mentalité de nihilisme et de désespoir, si ce n'est de matérialisme insouciant et brutal. En face de cette déviation, c'est l'enfant qui a raison, quand il croit que le ciel bleu au-dessus de nous c'est le Paradis. »

Frithjof Schuon, Racines de la condition humaine

 

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23/01/2021

Un bon caractère

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« A la question de savoir s'il vaut mieux avoir de l'intelligence ou un bon caractère, nous répondrons : un bon caractère. Pourquoi ? parce que, quand on pose cette question, on ne pense jamais à l'intelligence intégrale, laquelle implique essentiellement la connaissance de soi ; inversement, un bon caractère implique toujours une part d'intelligence, à condition évidemment que la vertu soit réelle, et non compromise par un orgueil sous-jacent, comme c'est le cas dans le "zèle d'amertume". Le bon caractère s'ouvre à la vérité, exactement comme l'intelligence fidèle à sa substance débouche sur la vertu; nous pourrions dire aussi que la perfection morale coïncide avec la foi, qu'elle ne saurait donc être un perfectionnisme social dépourvu de contenu spirituel. »

Frithjof Schuon, Racines de la condition humaine

 

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