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27/10/2022

Dieu nous aime ; peu importe ce que les jours amènent !

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« Au surplus, il faut apprendre à être pauvre et à vivre de peu. Aurions-nous la mentalité des enfants gâtés qui ne savent se priver de rien ? On doit se faire à tout. Croire au Dieu des jours mauvais, c'est plus nécessaire que de croire au Dieu des beaux jours. Une merveilleuse puissance d'adaptation agit dans les hommes de bonne volonté. Ils savent s'organiser selon ce que l'heure demande. L'esprit les met à la hauteur des événements. Les autres attendent que des vents favorables enflent leurs voiles. Le vent tourne, ils sont désorientés ; il tombe, les voilà en panne ! Roseaux que chaque souffle incline selon sa fantaisie, ils ne connaissent pas le secret de la force intérieure. Ils ne vivent pas, ils se laissent vivre.

Faisons effort! Gagnons la terre solide, la terre de la Foi !

Dieu nous aime ; peu importe ce que les jours amènent ! Même les choses mauvaises sont obligées de se plier à sa volonté et de nous servir. Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. Remarque ce beau détail de la traduction de Luther : "Denen die Golt lieben, müssen aile Dinge zum Besten dienen". ("II faut que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu.")

Les mains qui nous frappent, les chiens qui nous mordent, les maladies qui nous rongent, les fardeaux qui nous accablent, sont obligés de se transformer en auxiliaires. Le choc reçu devient un coup de main donné; le piège dressé dans l'intention de nous perdre, un moyen de préservation et de salut. Et les pierres mêmes, lancées pour nous écraser, s'amoncellent en rempart pour nous défendre. »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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Provisions

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« — Mon âme est comme la steppe aride. J'ai ce sentiment que rien ne vibre, ni ne vit plus. On dirait un hiver morne et glacé, où tout se fige et s'engourdit.

L'AMI — Comme la terre, l'esprit a ses saisons. Il ne faut pas s'en étonner, mais prendre des mesures en conséquence. Employons les beaux jours à faire des provisions! Il y a un temps pour semer, un temps pour moissonner, un autre pour hiverner et vivre du produit des jours féconds. Lorsque chaque buisson est couvert d'églantines, on ne se doute pas quel plaisir peut vous donner un seul bouton de rose, au coeur des saisons rigoureuses. Lions des gerbes; cueillons des souvenirs, le long des routes; mettons à profit le temps de grâce où l'esprit donne du fruit, la vie des résultats encourageants, où des portes semblent ouvertes sur les mystères surhumains ! L'heure arrive de la disette, de la sécheresse. Rien alors ne prospère ni ne marche plus. Si tu attends à cette heure pour Rapprovisionner, tu es pareil à l'insensé qui, s'étant laissé manquer de pain, mettrait la charrue à la plaine, quand le sol est gelé.

Lorsque le contact est établi entre la source de vie et nous-mêmes, toute heure est une heure de grâce. Puisons à l'instant propice, afin de ne pas manquer du nécessaire au moment où la source est verrouillée !

Telle expérience faite en des jours d'épreuve peut empêcher un homme de s'affadir dans le succès. Et tel bon moment de repos, d'expansion, de joie libre et sereine, a le don de nous réchauffer encore intérieurement, après que trois pieds de neige sont tombés sur notre bonheur.— Aimons nos amis quand ils sont là, aimons-les avec usure, afin que le souvenir demeure riche, inépuisable, une fois les séparations venues ! Fortifions-nous dans l'espérance, dans la confiance en Dieu, tant que les occasions existent ! Ne laissons pas venir la misère, les détresses morales, pour frapper à la porte de la maison paternelle! Qui sait si nous garderons alors assez de clairvoyance pour en prendre le chemin ? Il est si triste de manquer du nécessaire, de se trouver en face du vide intérieur, incapable d'y remédier, et avec cette constatation terrible : trop tard ! »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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26/10/2022

Dieu est si grand qu'il est à toutes les hauteurs

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« — Il y a des jours où l'esprit semble moins apte à embrasser les grandes vues d'ensemble. Les infinis et les immensités nous échappent. Tout cela est loin, enseveli dans quelque brume impénétrable.

L'AMI. — En ces jours, pour sentir le contact des réalités permanentes, assieds-toi sur la mousse des sentiers, sur la racine des arbres, et regarde près de toi la fourmi courir parmi les minuscules graminées. La goutte qui tremble aux feuilles dentelées du fraisier, est parente de Sirius, scintillant à la frange du ciel.
Dieu est si grand qu'il est à toutes les hauteurs : c'est de la poussière que souvent monte sa voix.
Si l'on ne peut correspondre par voie aérienne, on a recours au fil souterrain. Si les deux nous manquent, il reste la télégraphie sans fil. Et la rupture même du câble n'est plus un malheur sans remède. »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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La diffusion du levain à travers la pâte

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« L'AMI. — N'aspire pas à fuir le monde ! le salut n'est pas dans la fuite. Il est dans la lutte, ardente et magnanime, dans le don de soi ; la diffusion du levain à travers la pâte. Mais que peut l'arc affaibli par une tension trop longue ? Que devient le levain, si sa puissance de fermentation est perdue, faute de soin ? Les trois quarts du travail sont du travail intérieur. S'affermir soi-même dans son idéal, augmenter sa foi, voilà l'essentiel, la première condition de toute action vraie. Tout pionnier doit connaître le désert. Il est bon qu'il en sorte ; mais qu'il y retourne souvent, pour s'inspirer, réparer ses armes, écouter la voix du silence, et laisser les flots, soulevés et troublés par la lutte, se filtrer à travers les gisements profonds du monde intérieur. »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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25/10/2022

Coeur d'esclave

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« On se croit mèche, on n'est que suif.
C’est par l’effet de la même faiblesse que nous sommes sans défense devant la douleur et sans résistance devant le plaisir. Hier, la tristesse te noyait, aujourd’hui, l’ivresse des sens t’emporte… À la surface, tout est changé. Tu n’es plus le même. Et pourtant tu as seulement changé de maître. Sous ta livrée nouvelle bat ton vieux cœur d’esclave. »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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Le Dieu qui besogne sous la bure humaine

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« Il croit à la fuite utile des jours, au but sublime que, sans pouvoir ni le définir ni l'embrasser, l'humanité souffrante et militante poursuit à travers sa laborieuse carrière. Il croit au mystère qui éclôt dans les fleurs, rayonne des étoiles, perce dans la conscience, sanglote dans nos larmes, vibre dans nos chants, sommeille dans les berceaux et se cache dans les tombes. Il croit à l'Esprit que nul ne mesure} à la chute lointaine du mal, au triomphe de l'amour, à la réparation des iniquités ; il croit au ciel, mais il croit à la terre ; il croit à l'homme, parce qu'il croit à Dieu, éperdûment, non seulement au Dieu des majestueuses créations, des forces transcendantes, de l'inaccessible lumière, mais au Dieu qui besogne sous la bure humaine, tressaille de notre espérance, souffre de nos douleurs ; au Dieu qui a choisi comme devise ce cri magnifique de Térence : "Je suis homme, et rien d'humain ne m'est étranger." »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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24/10/2022

La Foi

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« Pour moi, je le vénère comme un chevalier de Dieu. Il est certainement très ancien, quoique imprégné de cette sève vigoureuse qui circule sous l'écorce des vieux chênes. Il a chevauché dans tous les bons combats ; de tous les soufflets à la vérité et à la justice, son coeur porte la trace. Il a passé au Sinaï, entendu les Prophètes, prié au Calvaire ; mais il admire le bon Homère, Platon, tout ce qui est largement humain. Il prend un goût extraordinaire aux recherches scientifiques, aux questions sociales, se passionne pour tous ceux qui suivent des pistes inexplorées aux vastes champs de l'inconnu. Seulement, lorsqu'ils lui disent que l'Esprit n'est point, il sourit dans sa vieille barbé.

Recherchant l'équilibre et les grands horizons, il étouffe dans l'air confiné, abhorre l'esprit sectaire et déclare volontiers que si les chefs revenaient, par qui Ion jure et s'anathématise, aucun ne serait de sa propre secte.

Ce qui le caractérise surtout, c'est la Foi. »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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Ce mystérieux ami

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« J'ai connu la solitude, jamais l'abandon.

Toujours est venu, sur les routes les plus écartées, cheminer auprès de moi, un inconnu d'une bonté sans bornes. Il était fort dans la tempête, tendre dans la peine, paternellement sévère aux heures de laisser-aller.

Je n'ai livré aucune bataille sans qu'il se tint à mes côtés. Nous sommes allés ensemble par tout à travers la vie. A deux, nous parlions en public; à deux, nous devisions sous le manteau de la cheminée. Il se révélait comme un autre moi-même, un bon génie familier et supérieur dégageant des complications de l'existence la ligne essentielle et sûre.

Dans les jours lumineux, il partageait ma joie; dans les jours tristes, il me réconfortait. Égaré dans les broussailles d'idées ou de pas- sions, je le voyais soudain paraître en plein dédale, et son regard me montrait le chemin.

Aux heures de jeunesse et d'expansion, alors que l'on chante et vibre comme une harpe, il chantait le plus fort. Quand vinrent les heures où la parole elle-même se tait devant la profon- deur du chagrin, il se contentait de pleurer avec moi.

Quel est ce mystérieux Ami ? Je ne sais. Ne réclamant pour lui ni prestige divin, ni aucun privilège d'infaillibilité, je désire seulement faire profiter mes semblables de ce qu'il m'a souvent apporté. On s'apercevra sans peine qu'il emprunte un peu partout la clarté qu'il veut répandre sur nos pas. Sa figure est éclairée d'humanité universelle. »

Charles Wagner, L'ami - Dialogues intérieurs

 

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20/10/2022

Je veux de la poudre et des balles !

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« Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Chio, qu’ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l’onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu’un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.

8-10 juillet 1828 »

Victor Hugo, "L'enfant" in Les Orientales

 

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18/10/2022

Alain de Benoist chez Bercoff. Au-dessus de la mêlée

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12/10/2022

Michel Onfray : La Décadence de l'Occident est-elle irrémédiable ?

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09/10/2022

Philippe De Villiers : "Je ne veux pas que la France disparaisse"...

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Moins grave qu’un amalgame

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« Un vrai compétiteur peut crever sous les coups de ses agresseurs, si on lui demande de les décrire, il vous répondra dans un dernier souffle: "Faut pas généraliser, pas d’amalgame, faut pas stigmatiser." La marque des grands champions. Ce sont des chevaliers d’Assas à l’envers : mourant sous les coups de l’ennemi, leur acte héroïque serait de ne surtout pas avertir les leurs. C’est quoi, en définitive, la compétition morale ? Écrire "Omar ne m’a pas tuer" avec son propre sang.

[...]

La flagellation, c’est bien, le suicide c’est mieux. Vivez normalement. Continuez de prendre les trains de banlieue. Sinon ce serait un "mauvais signal". Vous feriez le jeu de l’extrême droite. Ne portez pas de jupe, baissez les yeux, offrez votre mâchoire, ramassez vos dents et fermez-la. Vos dents et vos impôts, c’est un tribut sur l’inégalité. Estimez-vous heureux d’être en vie. Désapprenez la peur, les principes de survie. Mourir, c’est moins grave qu’un amalgame. Aujourd’hui on ne meurt plus pour vingt-cinq francs, on meurt pour ne pas stigmatiser. »

Laurent Obertone, La France Orange Mécanique

 

 

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07/10/2022

Philippe De Villiers : "Eric Zemmour avait raison avant tout le monde"

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04/10/2022

Ton consentement...

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« Alors je t'ai connue, et tous les mots de ton consentement sont descendus dans mon âme comme des roses dans la nuit, et ma nuit n'est plus qu'une seule grande rose. »

Henry de Montherlant, Malatesta

 

 

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Les uns m'estiment pire, les autres meilleur

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« Peut-être mourrai-je demain ? Il ne restera sur la terre aucun être qui m'ait compris parfaitement. Les uns m'estiment pire, les autres meilleur que je ne suis en réalité. Les derniers diront : c'était un brave garçon ; les premiers : un mauvais garnement. Les uns et les autres se tromperont. »

Mikhaïl Lermontov, Un héros de notre temps

 

 

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02/10/2022

Laurent Obertone : Effondrement énergétique, tensions, la GUÉRILLA c'est maintenant ?

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Ces conspirateurs d’estaminet...

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« La paisible et sage Suisse, ainsi que chacun put bientôt s’en rendre compte par sa propre expérience, se révéla minée par le travail de taupes des agents secrets des deux camps. La femme de chambre qui vidait la corbeille à papier, le téléphoniste, le garçon qui vous servait de trop près et prenait son temps, tous étaient au service d’une des puissances ennemies, et souvent un seul et même homme servait des deux côtés à la fois. Les malles étaient ouvertes d’une façon mystérieuse, les papiers brouillards étaient photographiés, des lettres disparaissaient sur le chemin de la poste, soit qu’on les y portât, soit qu’elles en vinssent ; des femmes élégantes vous souriaient avec insistance dans les halls des hôtels, des pacifistes particulièrement zélés, dont on n’avait jamais entendu parler, s’annonçaient à l’improviste et vous invitaient à signer des proclamations et priaient hypocritement qu’on leur remît les adresses d’amis "éprouvés". Un "socialiste" m’offrit des honoraires élevés, qui me furent aussitôt suspects, pour une conférence que je devais faire aux ouvriers de La Chaux-de-Fonds, qui ne savaient rien de la chose ; il fallait constamment être sur ses gardes. Je ne fus pas long à me rendre compte du petit nombre de ceux qu’on pouvait considérer comme absolument sûrs, et comme je ne voulais pas me laisser entraîner dans la politique, je restreignis toujours davantage le cercle de mes relations.

Mais même chez les hommes auxquels on pouvait se fier, je m’ennuyais de la stérilité des éternelles discussions et de les voir opiniâtrement divisés en groupes radicaux, libéraux, anarchistes, bolchévistes et sans partis, pour la première fois j'appris à observer le type éternel du révolutionnaire professionnel qui, par son attitude de pure opposition, se sent grandi dans son insignifiance, et se cramponne aux dogmes parce qu'il ne trouve aucun point d'appui en lui-même.

Rester dans cette confusion bavarde, c’était s’embrouiller, cultiver des camaraderies peu sûres et compromettre la sécurité morale de ses propres convictions. Ainsi je me retirai. En réalité aucun de ces conspirateurs d’estaminet ne s’est jamais risqué à faire un complot, et de tous ces suppôts improvisés d’une politique mondiale, pas un seul n’a jamais su faire la politique dont on eût vraiment eu besoin. Dès que commença le travail positif, la reconstruction après la guerre, ils demeurèrent plongés dans leur négativisme d’ergoteurs grincheux, tout comme entre les poètes antimilitaristes de ce temps-là, bien peu, après la guerre ont réussi à produire encore une oeuvre substantielle. C’était l’époque, avec sa fièvre, qui discutait en eux, faisait de la poésie et de la politique, et, comme tous les groupes qui ne doivent leur cohésion qu’à une constellation momentanée et non à une idée vécue, ce cercle de gens intéressants et doués s’est désagrégé sans laisser de traces, dès que la résistance contre laquelle ils luttaient, la guerre, fut passée. »

Stefan Zweig, Le monde d'hier - Souvenirs d'un Européen

 

 

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29/09/2022

"Grand Remplacement" : Rencontre avec le Diable, Renaud Camus...

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24/09/2022

Yves Roucaute dénonce « l’idéologie totalitaire des écologistes »

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08/08/2022

Accro aux antibiotiques, vivant dans un monde qui ne signifiait plus rien

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« Il m’épatait, ce gnome ! Il faisait parler la forêt ! Il reconstituait les rencontres animales ! La moindre trace dans la boue, le moindre gland perforé, le moindre tronc rongé, le moindre excrément de blaireau lui racontaient des tas de choses qu’on ne soupçonnait pas, nous autres. Et voilà comment il passait sa vie, tout seul dans les bois, à reconstituer ses épopées microcosmiques, à observer des petites choses insignifiantes dont absolument tout le monde se foutait comme de l’an quarante. Et tout ça pour rien. Gratuitement. Sans en tirer profit : scandale ! Il savait tout des bêtes, des plus grosses aux plus petites : ce qu’elles mangeaient, leurs mœurs, leurs cycles, les comportements, les habitudes… et les interactions… Sans parler des plantes qui n’avaient aucun secret pour lui. Il n’avait jamais gobé une pilule de sa vie, n’était jamais allé voir un médecin… En cas de bronchite, il se faisait une infusion de violette, tussilage et bouillon-blanc ; camomille pour l’otite ; ail-des-ours macéré dans l’eau-de-vie pour la tension ; macération des fruits de l’alisier pour les troubles digestifs… Colchique des prés pour les cors aux pieds. Feuilles de chêne écrasées pour les verrues. Feuille de chou sur le front quand le crâne tambourine ! Quand il avait mal à l’oreille, il chauffait des tiges de frêne, récoltait la sève bouillonnante sur un coton et s’en badigeonnait l’oreille. Et l’infusion de houx pour soigner la toux ! Le radis noir pour la constipation ! Les recettes millénaires ! Aller voir un médecin ? Il n’y avait jamais pensé ! Heureusement qu’il ne savait pas que j’étais "journaliste spécialisé environnement" travaillant dans un magazine médical ! Accro aux antibiotiques, vivant dans un monde qui ne signifiait plus rien, incapable de nommer les arbres qui m’entouraient. Distinguant à peine un chêne d’un hêtre. Confondant belladone et myrtille. Ayant perdu toute autonomie, ne sachant plus chasser, fabriquer mes vêtements, me soigner, diriger ma vie, aimer… ne sachant bientôt plus cuisiner à force de bouffer surgelé ! Loin des supermarchés, je crève ! Ouin ! Si je me sentais con soudain, mais oui ! Quant à Béatrice, elle voyait la forêt en termes de ressources à exploiter… Tout ce bon bois pour fabriquer des meubles Ikea et des feuilles d’impôts. Va savoir s’il n’y avait pas du gaz de schiste là-dessous par-dessus le marché. Ça nous ferait de l’énergie pas chère. Un point de croissance dont profiteront les millionnaires ! Alors les mulots, les musaraignes, les campagnols… si on s’en foutait… La croissance, la croissance, bêêê, bêêê !

Le téteur de morve nous a lâchés à l’entrée de Cornimont avant de repartir dans la forêt en nous faisant de grands gestes enjoués de la main. Il nous avait trouvés infirmes mais sympas ! On a marché jusqu’à la pension et on est allés à la cuisine se faire des sandwichs et du café. J’ai récupéré mon portable que j’avais oublié là. J’avais un message de mon rédacteur en chef m’informant que j’avais reçu une invitation pour le salon de la consommation durable qui se déroulait la semaine suivante. Tous les ans, j’y avais droit… la bonne conscience, l’escroquerie verte, le bilan carbone, les arbres plantés au Pérou pour compenser l’impact de C02 émis pendant la manifestation. Soudain, j’ai tout compris. Je vivais en prison depuis ma naissance. On m’avait retiré tout ce que mes ancêtres avaient mis des milliers d’années à construire et on m’avait donné quelques hochets à la place : du confort, quelques années de plus à vivre (en me faisant chier), des DVD, une carte d’électeur trafiquée. On m’avait dressé comme les clébards du lieutenant. Dressé à aller travailler pour les autres tous les matins. Dressé à voter pour des parasites qui vivraient sur mes impôts. Dressé à accepter d’être fiché de tous les côtés. Dressé à désirer ce que l’on attendait de moi. Dressé à accepter l’idée de finir en maison de retraite. Dressé à ne plus rien contrôler de ma vie. Dressé ! La voilà, la civilisation ! Après l’ivresse, j’avais une solide gueule de bois. Il fallait s’échapper, tout brûler, tout casser…

J’étais debout devant la fenêtre, regardant pépé Alphonse qui, à quatre pattes, déterrait à la main des tubercules de dahlias pour les abriter durant l’hiver. Le ciel était bleu mais le vent soufflait : les cheveux de pépé Alphonse étaient tout ébouriffés. Soudain, il a levé le visage vers moi, je lui ai fait un petit signe de la main mais il n’a pas répondu.
Béatrice avait sorti son ordinateur portable et consultait ses mails.
— Tu les aimes, les dahlias ? je lui ai demandé.
— Les dahlias ? Bien sûr.
— T’en as pas marre du bilan carbone ?
— Quel bilan carbone ?
— Je veux dire de cette vie de merde en général ? De cette prison dorée ?
— Ben… si.
— Et si on restait ici ?
— Ici, à Cornimont ?
— Ouais, ici, à Cornimont. On apprendra à reconnaître les crottes de blaireaux. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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07/08/2022

Son geste était simple, ancestral, celui du paysan en communion avec les forces de la terre dont il se sert avec respect...

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« Le type s’appelait Himelin, il était alsacien, de Guebwiller, et le lieutenant l’appelait « téteur de morve » car il avait toujours la morve du nez qui coulait dans sa longue moustache rousse et il tétait en effet celle-ci. C’était un authentique simplet, un coureur de montagnes. Il était petit mais musclé, la trentaine, toujours en short, les mollets rebondis, les cheveux hirsutes, les oreilles en chou-fleur, souriant gentiment, bavant parfois. Il était illettré, n’avait jamais mis les pieds à l’école, mais en ce qui concernait la connaissance de la montagne, le lieutenant nous affirmait que c’était un caïd. Du Grand Ballon et de la forêt de Guebwiller jusqu’à la forêt du Guéhant en passant par celle de Kruth, le ballon d’Alsace, le Bussang et le Ventron, c’était tout le massif du parc naturel des Ballons des Vosges qu’il connaissait comme sa poche. Il était célèbre pour son don, celui de détecter les vibrations du champ magnétique à main nue. Il était capable de repérer les sources, les cours d’eau et les nappes souterraines, mais aussi les métaux enfouis dans le sol, grâce au déséquilibre des vibrations telluriques qu’il ressentait plus ou moins fortement. Du coup, il « travaillait » pour les fermes-auberges d’altitude, leur trouvant de nouveaux points de captage contre un bol de soupe. C’est que même en montagne l’eau était polluée par le lisier et les engrais, et les fermiers étaient régulièrement à l’affût de nouvelles sources loin des pacages. On affirmait qu’hormis sur les tempes, les muscles oculaires, la nuque, les genoux et les talons, lui possédait également de la magnétite au bout des doigts ; ses mains étaient sensibles aux variations du champ magnétique terrestre. Il pouvait sentir dans ses doigts l’énergie émise par un filet d’eau de l’épaisseur d’une épingle à trois mètres sous la terre. Mais une grande partie de sa "science" tenait également à l’observation. Il découvrait le plus souvent l’eau cachée en scrutant attentivement la nature. S’il apercevait des églantiers, des framboisiers, des ronces, des orties, des fougères et une fourmilière, il savait qu’un mince filet coulait en permanence sur la roche à un ou deux mètres sous terre, ou entre les plaques rocailleuses. À l’aube, juste avant le lever du soleil, il se couchait à plat ventre sur le sol, le menton touchant terre pour apercevoir, aux toutes premières lueurs de l’aurore, les minuscules vapeurs s’élevant de la terre, signe de petites nappes enfouies. Il savait qu’un terrain argileux recelait de l’eau non loin de la surface, mais de mauvaise qualité ; qu’une terre noire contenait de l’eau excellente disponible après les pluies hivernales ; qu’il fallait chercher loin l’eau fade d’une terre caillouteuse ; que celle d’une roche rouge était abondante mais difficile à obtenir compte tenu des infiltrations et qu’il y avait toujours une grande réserve d’eau salubre et fraîche dans une terre siliceuse au pied d’une montagne : toutes connaissances que la majorité des hommes avait oubliées, remplacées par les idioties enseignées par l’école. Il travaillait parfois à la baguette, un simple rameau fourchu de noisetier, ou au pendule, interrogeant par la pensée la matière émettant de l’énergie. Son geste était simple, ancestral, celui du paysan en communion avec les forces de la terre dont il se sert avec respect. Quelques années auparavant, sa baguette posée en équilibre sur le plat de sa main, il avait senti la poussée des forces occasionnée par un séisme en Anatolie, deux jours avant que celui-ci ne se produise.

Himelin intriguait dans le pays. Certains le disaient guérisseur, d’autres sorcier, d’autres encore affirmaient qu’il dansait la nuit autour d’un menhir dans la forêt du Fossard, haut lieu d’énergie ayant engendré une civilisation pratiquant le culte solaire, et qu’il captait en secret les rayons telluriques qui se concentraient là. Mais lui haussait les épaules, affirmant qu’il aimait danser en effet mais que pour le reste il s’inspirait surtout des cigognes, qu’il admirait, elles qui suivaient les fleuves et les failles, et connaissaient tout du Wasserschlange, le serpent d’eau, l’esprit de la Terre, tantôt bénéfique, tantôt maléfique, que les Celtes appelaient Vouivre et grâce à qui elles s’orientaient au cours de leur migration. Les hommes, placés au centre de deux forces qui s’opposent, la cosmique et la tellurique, avaient été hantés durant des millénaires par le Wasserschlange, d’où étaient sortis le Bien et le Mal, les Vierges noires et les dragons, les terribles dragons qui leur signalaient les bas lieux telluriques à fuir absolument, marécages aux arbres tordus infestés de crapauds, demeures du diable. Ces mêmes hommes aujourd’hui si malins se riaient désormais de tout cela comme de fables ; vivant et construisant sur les lieux des dragons, ils voyaient la reine des serpents emporter leur maison, et quelquefois leur vie, et accusaient le climat, la pluie ou la faute à "pas de bol".

Il faut dire que de progrès en progrès, l’humanité avait dégringolé à une vitesse vertigineuse, oubliant tout, reniant tout, se moquant de tout, brandissant son renoncement comme ultime espérance, persuadée de s’élever à mesure qu’elle sombrait dans l’abîme. On était bel et bien passé des hautes civilisations mégalithiques à… Jacques Attali souhaitant pour la grandeur de l’homme "l’acceptation du neuf comme une bonne nouvelle, de la précarité comme une valeur, de l’instabilité comme une urgence et du métissage comme une richesse". Quel Gouffre ! Quelle Chute ! C’était à se demander si ce n’était pas les démons qui avaient pris le contrôle de l’humanité ! »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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06/08/2022

Une balle de P38 dans le cul

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« Béatrice est intervenue. Elle trouvait choquante la manière dont le lieutenant parlait, choquant de dresser des chiens à l’attaque contre les cambrioleurs. Pour elle, cela participait d’une logique d’autodéfense qu’elle condamnait fermement. Elle estimait qu’il fallait laisser la police faire son travail, un point c’est tout. Ne jamais tenter de résister. Le lieutenant a soupiré.
— Qu’est-ce qu’on doit faire, d’après vous, si on est réveillé en pleine nuit par un cambrioleur ?
  — Appeler la police, a répondu Béatrice.
— Appeler la police, a répété le lieutenant. Et ensuite ?
— S’enfermer dans une pièce et attendre que les voleurs soient partis.
Le lieutenant a éclaté de rire. Il a tapé du plat de la main sur la table et s’est tenu les côtes pendant quelques secondes.
— C’est la meilleure de l’année, il a dit en reniflant.

Lui-même avait connu deux tentatives de cambriolage mais il n’avait pas songé une seule seconde à appeler la police. Ce dont il était pourtant certain, c’est que les guignols qui avaient essayé de le voler ne choisiraient plus sa ferme comme terrain de jeu. C’est sous une pluie de grenades tirées d’un vieux lance-roquettes de fabrication yougoslave qu’il les avait raccompagnés sur la lande.
Le lieutenant estimait que le deal entre l’État et les citoyens avait été rompu du fait de l’État. Ce deal était le suivant : l’État s’engageait à défendre les citoyens moyennant quoi ces derniers lui abandonnaient le monopole de la violence et renonçaient à s’armer. La fin des frontières décidée par ce même État avait rompu ce pacte et le pays était depuis livré aux bandes de coquillards venus d’Europe de l’Est et des Balkans qui opéraient des razzias en toute impunité. Ils écumaient un secteur durant une ou deux nuits, filaient à plusieurs centaines de kilomètres, sautaient par-dessus les anciennes frontières, renouvelaient les opérations ailleurs. Le transfert de richesse entre la douce France et les steppes pourries était colossal, et s’effectuait dans l’indifférence générale. Les gendarmes en étaient à collectionner les poils de cul albanais dans des bases de données génétiques et à hausser les épaules quand l’un de ces cambrioleurs, arrêté par miracle, était remis en liberté le lendemain. Certains brigands qui avaient opéré en Russie et avaient connu les geôles de Poutine demandaient parfois à se faire incarcérer un mois ou deux dans le pays, histoire de prendre quelques jours de vacances et d’en ressortir frais et dispos. Pour eux, la France c’était le paradis, la cocagne dont ils n’avaient même pas osé rêver. Des policiers courtois, des juges compréhensifs, la considération unanime, des peines tellement légères qu’ils en étaient parfois eux-mêmes gênés. Un mafieux géorgien avait un jour supplié un juge d’alourdir sa peine. "Pitié, monsieur le juge, mes collègues restés au pays vont me vanner", avait-il plaidé. Rien à faire, il avait eu ces deux jours et demi avec sursis pour les cent vingt-quatre cambriolages avoués ! Les gangs de tatoués sanguinaires qui se sortaient les yeux à la petite cuillère juste pour déconner n’en revenaient pas. Ils avaient enfin découvert le pays des Bisounours. À peine sur place, ils rameutaient leurs copains : "Trouvé pays des cons. Stop. Suffit de se baisser. Stop. Aucun risque. Stop. À croire qu’ils jouissent de se faire détrousser. Stop. Venez nombreux."

Et où qu’il est l’État pendant ce temps ? Disparue, maman l’État ! Qui laisse les petits pépères tout nus pleurnichards incapables de se défendre ! Ce même État leur refusait maintenant le droit de récupérer leur ancienne autonomie et de faire le boulot qu’il ne faisait plus. Et attention, on ne rigolait pas : trois Bouriates mettent à sac votre maison, mais si vous avez le malheur de tordre accidentellement le petit doigt à l’un d’entre eux, c’est vous qui finissez en prison. Avec le sermon du juge sur la perversité de l’autodéfense par-dessus le marché !

Pour être un bon citoyen, il fallait dérouler un tapis rouge aux crevards asiates, laisser la clé sur la serrure, courir après les voleurs pour leur remettre ce qu’ils avaient oublié d’emporter, et pourquoi pas demander à sa femme de faire un petit effort d’hospitalité !
Voilà pourquoi le lieutenant avait décidé de passer au-dessus du droit et de la loi. Lui n’attaquait ni ne volait personne mais si quelqu’un avait l’idée de venir l’emmerder, c’était à ses risques et périls. Concrètement : une balle de P38 dans le cul et une pluie de grenades sur la tronche : traitement unique.
— On n’a jamais vu un peuple qui se laisse dépouiller sans broncher, expliquait-il. Ou alors c’est un peuple qui a décidé de passer la main. Et après tout, c’est son problème… Sauf que moi, je n’ai pas encore décidé de crever. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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21/07/2022

Elisabeth Lévy : destituer les maîtres-censeurs

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10/07/2022

Le lieu où se transmettait la mémoire

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« On s’est dirigés vers l’entrée de la ferme. Les murs étaient en grès recouvert d’un enduit protecteur à base de chaux, de sable et de sciure de bois, bardés de planches de sapin pour ceux exposés au nord et à l’ouest, d’où venaient les vents porteurs de pluie. La façade principale était percée de petites fenêtres et, en son centre, d’une construction en demi-cercle : le four à pain. La partie supérieure des murs était recouverte d’une ramée de bois. Des corbeaux en granit débordaient de la façade, sur lesquels on fixait naguère des planches pour faire sécher les fromages. On est rentrés, laissant heureusement le sanglier dehors. L’intérieur de la ferme était constitué de deux petites chambres, d’un atelier, d’une vaste cuisine où se trouvait la cheminée centrale, en granit, avec un âtre immense, et du "poêle", l’unique pièce chauffée de la maison. Un fourneau en pierre réfractaire sans ouverture communiquait en effet avec la cheminée de la cuisine, d’où le lieutenant l’alimentait, poussant régulièrement les braises rougies qui s’emmagasinaient dans le fourneau et diffusaient une douce chaleur. C’était la pièce à vivre, la pièce des veillées héroïques du passé, le lieu où se transmettait la mémoire, où s’éduquaient les enfants, où se racontaient les légendes et où l’on jouait parfois de l’accordéon et de la flûte en buvant du vin chaud. C’était la pièce dans laquelle s’était bâtie la civilisation. Le lieutenant y dormait les mois d’hiver. »

Olivier Maulin, Gueule de bois

 

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