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01/03/2024

Une Vie, une œuvre : Philippe Muray (1945-2006)

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29/02/2024

Nos aujourd'hui qui meuglent et tonitruent...

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« Les lendemains qui chantent des anciennes rébellions n’étaient que mièvres promesses jamais tenues auprès de nos aujourd’hui qui meuglent et tonitruent. Depuis qu’il n’y a plus de travail, ou que les travailleurs ne sont plus aussi véritablement nécessaires que jadis à la bonne marche de la planète, l’éminente dignité qui découlait du travail a été remplacée par l’éminente dérision de l’homme festif. Dépouillée de toute signification, de tout autre but que d’affirmer sa stupide "pride", voilà donc la meute telle qu’en elle-même enfin les décibels la changent. Que veut-elle ? Rien d’autre que d’être plus "nombreuse", donc plus "fière" toujours, plus auto-satisfaite, plus contente d’elle-même comme de l’univers. Notre monde est le premier à avoir inventé des instruments de persécution ou de destruction sonores assez puissants pour qu’il ne soit même plus nécessaire d’aller physiquement fracasser les vitres ou les portes des maisons dans lesquelles se terrent ceux qui cherchent à s’exclure de lui, et sont donc ses ennemis. À ce propos, je dois avouer mon étonnement de n’avoir nulle part songé, en 1991, à outrager comme il se devait le plus galonné des festivocrates, je veux parler de Jack Lang ; lequel ne se contente plus d’avoir autrefois imposé ce viol protégé et moralisé qu’on appelle Fête de la Musique, mais entend s’illustrer encore par de nouveaux forfaits, à commencer par la greffe dans Paris de la Love Parade de Berlin. Je suis véritablement chagriné de n’avoir pas alors fait la moindre allusion à ce dindon suréminent de la farce festive, cette ganache dissertante pour Corso fleuri, ce Jocrisse du potlatch, cette combinaison parfaite et tartuffière de l’escroquerie du Bien et des méfaits de la Fête. L’oubli est réparé.

C’est sans doute la plus grande originalité de cet ouvrage qu’il ne suggère aucune solution à tout ce qui, sous l’aspect d’un désastre sans cesse accéléré, a fini par se substituer à la société. On prendra plaisir, j’en suis persuadé, à remarquer que je ne voyais déjà, en 1991, nulle issue à cette situation. On pourra aussi observer, toujours avec plaisir, que je ne me préoccupais guère de convaincre ceux qui ne l’auraient déjà été par eux-mêmes surabondamment de la pertinence d’une telle vision. On se félicitera de constater que je n’envisage pas la plus minime lueur d’espoir dans cette nuit électronique où tous les charlatans sont gris et où les marchands d’illusions voient la vie en rose sur le web.

C’est une grande infortune que de vivre en des temps si abominables. Mais c’est un malheur encore pire que de ne pas tenter, au moins une fois, pour la beauté du geste, de les prendre à la gorge. Avant de passer du discours à l’action, ou de la pensée à l’examen des êtres concrets, c’est-à-dire de l’essai au roman, donc à l’auscultation de ce qui pourrait subsister d’existence autonome dans les conditions de survie de cette cité planétaire que j’avais baptisée Cordicopolis mais qu’il faut désormais nommer Carnavalgrad : ici finit "L’Empire" ; ici débute "On ferme".

-- Août 1998. »

Philippe Muray, Préface de 1998 - "L'enfance du bien" in L'Empire du Bien

 

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28/02/2024

Anarchismes dorés sur tranche

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« Le Bien a trimé. Il a bien bossé. D’avance, il stérilise toutes les velléités d’objections, toutes les subversions, toutes les contestations qui pourraient s’élever. Ou plutôt il les enrôle. Il les recrute. Et les met au service de la Fête perpétuelle ; dont il serait impie désormais, et même dangereux (que l’on songe seulement à l’escalade de bouffée délirante autant que terrorisante qui vient de scander chaque épisode de la Coupe du monde), de nier les vertus éducatrices, dresseuses, écraseuses, polisseuses, civilisatrices.

Le Bien a couru, il a cavalé, il s’est précipité. Il a touché son but, atteint son désir. Et il est en passe de réaliser ce qu’aucune institution, aucun pouvoir, aucun terrorisme du passé, aucune police, aucune armée n’étaient jamais parvenus à obtenir : l’adhésion spontanée de presque tous à l’intérêt général, c’est-à- dire l’oubli enthousiaste par chacun de ses intérêts particuliers, et même le sacrifice de ceux-ci. Rien dans l’Histoire passée, excepté peut-être (et encore) la mobilisation furibonde des Allemands et des Français, leur levée en masse lors de la déclaration de guerre de 1914, et corrélativement le mutisme brusque de ceux qui (anarchistes, pacifistes, sociaux-démocrates) auraient dû s’opposer à la démence générale, ne pourra donner la moindre idée d’une si formidable approbation. Dans le Bien devenu Fête, il ne reste plus que le Bien, il ne reste plus que la Fête ; et tous les autres contenus de nos existences ont à peu près fondu au contact de ce feu. L’Empire dit désormais, paraphrasant Hegel : "Tout ce qui est réel est festif, tout ce qui est festif est réel."

Il était logique qu’une société où la transgression et la rébellion sont devenues des routines, où le non-conformisme est salarié et où les anarchismes sont dorés sur tranche, reconnaisse dans les masses festives, liées de toute éternité à la transgression et à la violation rituelle des normes de la vie courante, l’apothéose justificatrice de son existence. Sauf qu’il n’y a plus de normes, ni de vie courante ; et qu’en s’étendant à toute l’existence la Fête, qui était jusque-là désordre éphémère et renversement des interdits, en est devenue la norme, et aussi la police. Mais ce problème n’en serait un, pour les ronds-de-cuir comme pour les argousins de la nouvelle société hyperfestive, que si tout moyen de comparaison avec le passé n’avait pas disparu par la même occasion. »

Philippe Muray, Préface de 1998 - "L'enfance du bien" in L'Empire du Bien

 

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27/02/2024

Le Bien singe le Mal chaque fois qu'il le faut...

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« Rien n’a été démenti de ce que je décrivais. Mais rien ne paraissait non plus encore tout à fait joué. On n’avait pas encore imaginé, en 1991, d’achever de détruire les villes en les transformant en "rollers-parks". Et la "téléphonie mobile" n’avait pas encore été accueillie avec le ravissement que l’on sait par tant d’esclaves qui ne demandent jamais qu’une dose de plus de servitude. L’Empire, depuis, s’est envenimé. C’est ce qu’il a su faire avec le plus de talent. Et l’aventure sexuelle, par exemple, dont j’esquissais le requiem parce que je la prévoyais désormais conjugable au passé, semble une affaire réglée : elle a succombé définitivement à la propagande indifférenciatrice du mouvement sexuel institutionnel de "masse" (hétéro ou homo), lequel entretient à peu près autant de rapports avec la sexualité individuelle (homo ou hétéro) qu’un carré surgelé avec une truite de rivière. Sur ce point, et au bout de quelques millénaires d’histoire humaine forcément coupable par définition, il a suffi, pour clore en cinq minutes la question, de se convaincre qu’un trop grand intérêt envers la "différence" sexuelle était source de tous les crimes, et que la différenciation hiérarchique, ellemême génératrice d’ "inégalités et d’exclusions", en découlait directement.

Le Bien est allé vite. Le Bien s’est démené. Il a bien travaillé. Au passage, dans sa ruée furieuse, il a même réussi à escamoter le Mal. Il l’a emporté. Il l’a converti. Il l’a accaparé. Il l’a mis dans sa poche. Il l’a littéralement exproprié, capté. Pour finir par le jeter dans la corbeille de mariage au moment de convoler triomphalement avec la Fête. Car le Bien, en fin de compte, s’est uni à la Fête ; et c’est l’entrée conjointe en surfusion de ces deux "valeurs" qui représente le fait nouveau le plus extraordinaire des dernières années. Le Bien s’est marié. On ne saurait mieux dire. Et si, aujourd’hui, mon "Empire" semble évoquer parfois des événements qui auraient pu se dérouler un siècle auparavant, c’est qu’entre-temps le bébé a grandi, il a forci, forcé, poussé par tous les bouts, il s’est développé, il s’est déployé, il a augmenté, il s’est démesuré. Il est devenu adulte. Il s’est émancipé. Il s’est déchaîné. Unique héritier du Mal, de par la suppression de celui-ci (ou son escamotage), il peut à la fois le déclarer hors-laloi et en recueillir les miettes utiles. Le négatif, qu’il exécrait parce qu’il représentait très exactement la puissance du développement historique, il l’a mis sous séquestre. Et, pour qu’il ne lui arrive jamais ce qui était survenu aux précédentes sociétés, à savoir d’apparaître un jour comme un état de choses en cours de pourrissement, il a imaginé (moins stupide en cela, moins naïf que ses prédécesseurs en oppression) de s’intégrer à titre de contre-poison du négatif postiche. Pour ne jamais risquer d’engendrer son double négatif (à la façon dont la bourgeoisie, par exemple, engendra le prolétariat), il a résolu de l’élever en cave et en fac-similé, d’en nourrir au biberon des contrefaçons. Le Bien singe le Mal chaque fois qu’il le faut. Il entretient comme des feux de camp les foyers de conflit. Et les nouvelles générations de rebelles de synthèse, commodes et arrangeants, qu’il a fabriqués, ne risquent pas de se révéler un jour les fossoyeurs, les successeurs, encore moins les usurpateurs ou les démolisseurs de cet exemplaire employeur. »

Philippe Muray, Préface de 1998 - "L'enfance du bien" in L'Empire du Bien

 

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26/02/2024

Toutes les bondieuseries de la "créolisation" généralisée...

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« En 1991, le Bien n’était encore pour ainsi dire qu’en enfance. Il était loin de connaître tous ses pouvoirs. Il essayait ses forces. Il avait quelque chose d’un bébé hésitant, bafouillant, d’un bambin certes déjà monstrueux, et qui bénéficiait d’une bonne santé préoccupante, mais on pouvait toujours espérer qu’il lui arriverait un accident, une maladie, la mort subite du nourrisson, quelque chose enfin qui sauverait l’humanité du péril fatal que sa rapide croissance, son extension irrésistible faisaient peser sur elle.

En 1991 encore, le Bien semblait fragile, comme une simple hypothèse, comme une supposition à laquelle il suffirait de tordre le cou au bon moment pour que les pires des êtres n’essaient pas de la vérifier. On le sentait timide, émotif, craintif vis-à-vis des ricanements que ses premières exactions philanthropiques pouvaient déclencher parmi quelques libres esprits alors existants mais déjà dans un état de survivance précaire. Et Cordicopolis, la cité de cauchemar en rose dont il était en train, aux applaudissements de presque tous, de jeter les fondations, n’avait encore que l’allure d’une ébauche d’utopie ou d’anticipation.

Le Bien, en 1991, était dans les langes, mais ce petit Néron de la dictature de l’Altruisme avait déjà de sérieux atouts de son côté. Il commençait à étendre sa prison radieuse sur l’humanité avec l’assentiment de l’humanité. Tous ses antécédents, sous le nom de bien public par exemple, avec ce que cette notion entraîne d’idée de multitude, d’ensemble indifférencié dont il convient de favoriser l’accroissement par l’intermédiaire de la police, de la justice, et bien sûr de la prêtraille médiatique, ne demandaient qu’à s’épanouir grâce à lui et à s’imposer à tous les domaines de l’existence courante. Il ne lui restait plus que de déboucher dans le grand estuaire de l’Amour-en-liesse ; et de faire admettre l’idée que la vie vertueuse est la vie festive. Le Bien a coulé droit dans cette direction. Il s’est dépêché, hâté, précipité en torrent. Il avait un but : on le voit l’atteindre.

D’une façon générale, la plupart des thèmes que j’abordais en 1991 n’ont cessé de s’aggraver et de se noircir, même s’ils apparaissent sous des couleurs de plus en plus désirables aux populations. Les cordicocrates foisonnaient déjà. Les cordicoles, cordicolâtres, cordicoliens et cordophiles se multipliaient. Les cordicologues, en revanche, n’étaient pas légion. Et les cordicoclastes, je veux parler des démystificateurs éventuels de la Norme cordicole, observaient le silence. Ils l’observent toujours. Depuis 1991, les acteurs de la Transparence, les possédés de l’Homogène, les croisés de l’abolition de toutes les différences et les enragés des procès rétroactifs se sont déployés avec une frénésie dont plus personne ne songe à contester le bien-fondé. L’opération "Passé propre" est presque terminée. La demande de lois, dont je ne faisais qu’esquisser alors la pathologie, et que j’ai par la suite été amené à définir comme "envie du pénal", n’avait pas trouvé encore son bon rythme d’emballement, elle n’était pas encore devenue le cri d’extase et de ressentiment de millions de fourmis humaines auxquelles des juges galvanisés par les encouragements de la harde médiatique offrent le spectacle du calvaire quotidien de leurs politiciens. Elle n’était pas non plus encore tout à fait le puissant accélérateur de changement des mœurs qu’elle devait devenir par la suite ; ni l’idéale machine à criminaliser à tour de bras tout ce qui n’a pas eu l’habileté ou la possibilité de se présenter à temps comme victime séculaire. On n’avait pas encore pu voir, par exemple, les "Comités blancs", nés de la "Marche blanche" de Bruxelles, essaimer en "associations blanches" parées de noms charmants (Les Colombes, Les Anges, Le Lapin, Le Faon), réinventer la vie politique en exigeant l’instauration de "la clause de la personne la plus vulnérable", et prendre des contacts avec les comités de chômeurs et de sans-logis. On n’avait pas encore, en 1991, ouvert tout à fait les vannes aux malfaiteurs radieux du code pénal, ni aux équarisseurs du pouvoir judiciaire. On n’avait pas encore tout à fait, en 1991, changé le sens des mots jusqu’à voir, sans plus jamais s’en montrer intrigué, les pires canailles consensuelles combattre le consensus, et les potentats du néo-conformisme s’élever avec indignation contre le conformisme. En 1991, il était encore possible de s’étonner au spectacle de tant de belles âmes qui commençaient à livrer bataille pour ce qui va de soi (les bonnes causes), et y mettaient une ardeur que l’on aurait sans doute placée, en d’autres époques, sur des théâtres plus paradoxaux, plus périlleux, plus équivoques, donc plus intéressants. En 1991, ceux que je devais appeler, quelques années plus tard, les truismocrates, ces hommes et ces femmes qui remplissent de tout le pathos du monde leur combat contre l’amiante, la pédophilie, le tabagisme, l’homophobie, la xénophobie, parce qu’ils ont remplacé les grandes guerres à mort de jadis par un devoir d’ingérence humanitaire auquel ils donnent les allures d’une croisade perpétuelle, ne patrouillaient pas encore quotidiennement, veillant à ce que nul ne demeure étranger à leurs exploits infatigables. En 1991, toutes les bondieuseries de la "créolisation" généralisée, cette idylle de bergerie en forme d’archipel new age, n’avaient pas encore accompli l’ensemble de leur travail unificateur, mais elles s’y employaient d’arrachepied. Le Positif, en 1991, ne défilait pas encore sans interruption, et sans plus jamais s’affronter au Négatif, dont pourtant il ne cesse de dénoncer partout les "résurgences" parce que celles-ci le tiennent en vie, en même temps qu’elles lui permettent de poursuivre sa longue bataille des évidences, son épopée du Pléonasme. »

Philippe Muray, Préface de 1998 - "L'enfance du bien" in L'Empire du Bien

 

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25/02/2024

Dans l'immensité de la fête...

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« Le Bien va vite. Le Bien avance. Il galope. Il monte de toutes parts. Il se déploie, s’accroît, gagne du terrain, recrute à chaque minute de nouveaux missionnaires. Le Bien grandit rapidement, - touche peu à peu toutes les issues et interdit les échappées. C’est lui qui refait le jour et la nuit, le soleil et les étoiles, l’espace et le temps. Depuis L’Empire du Bien, le Bien a empiré. Sept petites années lui ont suffi pour couler, se ruer, déferler irrésistiblement, emportant et charriant avec lui tout ce qu’il trouvait sur son passage, renversant ce qui demeurait encore de résistances, débordant de son lit, écorchant ses berges, bondissant à un train d’enfer, ou plutôt de paradis, se répandant partout, s’épanouissant, circulant, conquérant et subjuguant tout ce qui pouvait être encore tenté de s’opposer à lui.

Maintenant, il a atteint son objectif. Ou il y est presque parvenu. Et il se perd avec délices dans l’immensité de la Fête, comme un fleuve dans la mer qui lui était promise. Et tout ce qu’il a arraché dans sa course folle, il l’offre à présent aux remous sans fin dans lesquels il s’abîme comme autant de témoignages de leur victoire commune.

Ensemble, désormais, le Bien et la Fête, leurs puissances réunies ne se connaissent pas de limites ; et elles se fondent, pour commencer, sur la puissance inventée de leurs prétendus ennemis, dont ces bons apôtres ne cessent de dénoncer la virulence mensongère et les malfaisances archaïques. Le Bien comme la Fête sont chatouilleux, susceptibles, irritables. Ils s’alimentent au sentiment de persécution. D’avoir réduit au mutisme toute opposition ne leur suffit pas ; il faut tout de même qu’ils en agitent sans cesse l’épouvantail. Dans le silence général de la lâcheté, de l’abrutissement ou de l’acquiescement, il leur faut toujours se fortifier d’attaques fantômes, de périls fantoches et de simulacres d’adversaires. »

Philippe Muray, Préface de 1998 - "L'enfance du bien" in L'Empire du Bien

 

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24/02/2024

Philippe Sollers - Entretien (Un homme, une ville : Céline à Paris)

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13/02/2024

An endless present...

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13/01/2024

Tu subiras éternellement l’influence de mon baiser...

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« Tu subiras éternellement l’influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j’aime et ce qui m’aime : l’eau, les nuages, le silence et la nuit ; la mer immense et verte ; l’eau uniforme et multiforme ; le lieu où tu ne seras pas ; l’amant que tu ne connaîtras pas ; les fleurs monstrueuses ; les parfums qui font délirer ; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d’une voix rauque et douce ! "Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j’ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes ; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l’eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu’ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d’une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie. »

Charles Baudelaire, "Les Bienfaits de la lune" in Le Spleen de Paris

 

 

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02/01/2024

L'homme du moyen terme est un filou

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« Vous vous demandez pourquoi vous vivez sans dignité, pourquoi vous aimez sans passion, pourquoi vous mourez sans résistance. Vous vous demandez pourquoi, où que vous portiez votre regard, vous ne voyez que des questions sans réponse, pourquoi votre vie est déchirée par des conflits insolubles, pourquoi vous la passez à enjamber des barrières irrationnelles pour fuir des choix qui n’en sont pas vraiment tels que l’âme ou le corps, le cœur ou la raison, la sécurité ou la liberté, le profit personnel ou l’intérêt général.

Vous vous plaignez de ne pas trouver de réponse. Mais comment espériez-vous donc en trouver ? Vous reniez votre instrument de perception –- je parle de votre esprit –- pour vous plaindre ensuite que l’univers est un mystère ! Vous jetez vos clés, pour déplorer ensuite que les portes vous sont fermées. Vous vous engagez dans la voie de l’irrationnel pour accuser ensuite la vie de n’avoir aucun sens.

Il y a bien une barrière que vous voudriez dresser contre moi depuis deux heures et dont vous croyez qu’elle vous permettra d’échapper à ce que je vous dis : c’est une formule de lâche contenue dans la phrase: “Mais pourquoi aller à de telles extrémités ?” Les extrémités en question que vous avez toujours préféré éviter se résument à la reconnaissance que la réalité est incontournable...

(...)

À tout problème, il existe deux solutions : la bonne ou la mauvaise, la pire étant toujours la solution intermédiaire. L’homme qui se trompe garde un certain respect pour la vérité, ne serait-ce qu’en ayant accepté la responsabilité de choisir. Mais l’homme du moyen terme est un filou niant la vérité pour décréter qu’il n’existe ni choix ni valeur. Il veut être du côté des vainqueurs, espère tirer profit du sang des innocents, rend la justice en jetant voleur et volé en prison, résout les conflits en exigeant du sage et du fou que chacun fasse la moitié du chemin pour se rencontrer. Mélangez du poison à un aliment sain, c’est la mort qui gagnera. Dans un compromis entre le bien et le mal, c’est toujours le mal qui tire son épingle du jeu. Dans cette transfusion sanguine du bien vers le mal, l’homme du compromis est le tube de perfusion. »

Ayn Rand, La Grève

 

La Grève

 

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01/01/2024

La croyance métaphysique était en lui une source inépuisable d’énergie

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« Aujourd’hui, la propagande prouve ce qu’elle veut, et on accepte plus ou moins passivement ce qu’elle propose.
Oh ! sans doute, [l'indifférence à la vérité et au mensonge] masque une fatigue, et comme un écœurement de la faculté de jugement. Mais la faculté de jugement ne saurait s’exercer sans un certain engagement intérieur. Qui juge s’engage. L’homme moderne ne s’engage plus, parce qu’il n’a plus rien à engager.

Appelé à prendre parti pour le vrai ou le faux, le mal ou le bien, l’homme chrétien engageait du même coup son âme, c’est-à-dire en risquait le salut. La croyance métaphysique était en lui une source inépuisable d’énergie.

L’homme moderne est toujours capable de juger, puisqu’il est toujours capable de raisonner. Mais sa faculté de juger ne fonctionne pas plus qu’un moteur non alimenté. Aucune pièce du moteur ne manque. Mais il n’y a pas d’essence dans le réservoir.

À beaucoup de gens, cette indifférence à la vérité et au mensonge paraît plus comique que tragique. Moi, je la trouve tragique.

Elle implique une affreuse disponibilité non pas seulement de l’esprit, mais de la personne tout entière, et même de la personne physique. Qui s’ouvre indifféremment au vrai comme au faux est mûr pour n’importe quelle tyrannie.

La passion de la vérité va de pair avec la passion de la liberté. Ce n’est pas pour rien qu’on a toujours regardé la liberté de penser comme la plus précieuse, celle dont dépendent toutes les autres. Je ne parle pas seulement ici de la liberté d’exprimer sa pensée.

Des millions et des millions d’hommes dans le monde, depuis vingt ans, ne se sont pas seulement laissé arracher par la force la liberté de pensée, ils en ont fait, ils en feront encore, comme en Russie, l’abandon volontaire, ils considèrent ce sacrifice comme louable.

Ou plutôt, ce n’est pas un sacrifice pour eux, c’est une habitude qui simplifie la vie. Et elle la simplifie terriblement, en effet.
Elle simplifie terriblement l’homme. Les tueurs des régimes totalitaires se recrutent parmi ces hommes terriblement simplifiés. »

Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?

 

 

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27/12/2023

Ville des êtres solitaires...

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25/12/2023

Tradition...

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02/10/2023

Cramoisi Alcide

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« Le matériel à écrire d'Alcide tenait dans une petite boîte à biscuits tout comme celle que j'avais connue à Brandelore, tout à fait la même. Tous les sergents rengagés avaient donc la même habitude. Mais quand il me vit l'ouvrir sa boîte Alcide, il eut un geste qui me surpris pour m'en empêcher. J'étais gêné. Je ne savais pas pourquoi il m'en empêchait, je la reposai donc sur la table. "Ah ! ouvre-la va ! qu'il a dit enfin. Va ça ne fait rien !" Tout de suite à l'envers du couvercle était collée une photo d'une petite fille. Rien que la tête, une petite figure bien douce d'ailleurs avec des longues boucles comme on les portait dans ce temps-là. Je pris le papier, la plume et je refermai vivement la boîte. J'étais bien gêné par mon indiscrétion, mais je me demandais pourquoi aussi ça l'avait tant bouleversé.
J'imaginais tout de suite qu'il s'agissait d'un enfant, à lui, dont il avait évité de me parler jusque-là. Je n'en demandais pas davantage, mais je l'entendais derrière mon dos qui essayait de me raconter quelque chose au sujet de cette photo, avec une drôle de voix que je ne lui connaissais pas encore. Il bafouillait. Je ne savais plus où me mettre moi. Il fallait bien que je l'aide à me faire sa confidence. Pour passer ce moment je ne savais plus comment m'y prendre. Ca serait une confidence tout à fait pénible à écouter, j'en étais sûr. Je n'y tenais vraiment pas.
"C'est rien ! l'entendis-je enfin. C'est la fille de mon frère... Ils sont morts tous les deux...
- Ses parents ?
- Oui, ses parents...
- Qui l'élève alors maintenant ? Ta mère ? que je demandai moi, comme ça, pour manifester de l'intérêt.
- Ma mère, je ne l'ai plus non plus...
- Qui alors ?
- Eh bien moi !"
Il ricanait, cramoisi Alcide, comme s'il venait de faire quelque chose de pas convenable du tout. Il se reprit hâtif :
"C'est-à-dire je vais t'expliquer... Je la fais élever à Bordeaux chez les Soeurs... Mais pas des Soeurs pour les pauvres, tu me comprends hein ! ... Chez des Soeurs "bien"... Puisque c'est moi qui m'en occupe alors tu peux être tranquille. Je veux que rien lui manque ! Ginette qu'elle s'appelle... C'est une gentille petite fille... Comme sa mère d'ailleurs... Elle m'écrit, elle fait des progrès, seulement, tu sais, les pensions comme ça, c'est cher... Surtout que maintenant elle a dix ans... Je voudrais qu'elle apprenne le piano en même temps... Qu'est-ce que t'en dis toi du piano ? ... C'est bien le piano, hein, pour les filles ? ... Tu crois pas ? ... Et l'anglais ? C'est utile l'anglais aussi ? ... Tu sais l'anglais toi ? ..."
Je me mis à le regarder de plus près l'Alcide, à mesure qu'il s'avouait la faute de ne pas être plus généreux, avec sa petite moustache cosmétique, ses sourcils d'excentrique, sa peau calcinée. Pudique Alcide ! Comme il avait dû en faire des économies sur sa solde étriquée... sur ses primes faméliques et sur son minuscule commerce clandestin... pendant des mois, des années, dans cet infernal Topo ! ... Je ne savais pas quoi lui répondre moi, je n'étais pas très compétent, mais il me dépassait tellement par le coeur que j'en devins tout rouge... A côté d'Alcide, rien qu'un mufle impuissant moi, épais et vain j'étais... Y avait pas à chiquer. C'était net.
Je n'osais plus lui parler, je m'en sentais soudain énormément indigne de lui parler. Moi qui hier encore le négligeais et même le méprisais un peu, Alcide.
"Je n'ai pas eu de veine, poursuivait-il, sans se rendre compte qu'il m'embarrassait avec ses confidences. Imagine-toi qu'il y a deux ans, elle a eu la paralysie infantile... Figure-toi... Tu sais ce que c'est toi, la paralysie infantile ?"
Il m'expliqua alors que la jambe gauche de l'enfant demeurait atrophiée et qu'elle suivait un traitement d'électricité à Bordeaux, chez un spécialiste.
"Est-ce que ça revient, tu crois ? ..." qu'il s'inquiétait.
Je l'assurai que ça se rétablissait très bien, très complètement avec le temps et l'électricité. Il parlait de sa mère qui était morte et de son infirmité à la petite avec beaucoup de précautions. Il avait peur, même de loin, de lui faire du mal.
"As-tu été la voir depuis sa maladie ?
- Non... j'étais ici.
- Iras-tu bientôt ?
- Je crois que je ne pourrai pas avant trois ans... Tu comprends ici, je fais un peu de commerce... Alors ça lui aide bien... Si je partais en congé à présent, au retour la place serait prise... surtout avec l'autre vache..."
Ainsi Alcide demandait-il à redoubler son séjour, à faire six ans de suite à Topo, au lieu de trois, pour la petite nièce dont il ne possédait que quelques lettres et ce petit portrait. "Ce qui m'ennuie, reprit-il, quand nous nous couchâmes, c'est qu'elle n'a là-bas personne pour les vacances... C'est dur pour une petite enfant..."
Evidemment Alcide évoluait dans le sublime à son aise et pour ainsi dire familièrement, il tutoyait les anges, ce garçon ; et il n'avait l'air de rien. Il avait offert sans presque s'en douter à une petite fille vaguement parente des années de torture, l'annihilement de sa pauvre vie dans cette monotonie torride, sans conditions, sans marchandage, sans intérêt que celui de son bon coeur. Il offrait à cette petite fille assez de tendresse pour refaire un monde entier et cela ne se voyait pas.
Il s'endormit d'un coup, à la lueur de la bougie. Je finis par me relever pour bien regarder ses traits à la lumière. Il dormait comme tout le monde. Il avait l'air bien ordinaire. Ca serait pourtant pas si bête s'il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

 

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01/10/2023

Je sentis qu'un point d'appui venait de lâcher

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« Je n'ai jamais ni rencontré cet homme ni eu de relation directe avec lui. C'est seulement lorsqu'il est mort que j'ai compris qu'il était de moi la personne la plus proche, celle qui m'était la plus chère et la plus nécessaire. Je suis écrivain et, comme tous les écrivains, vaniteux et jaloux. Du moins, en ce qui me concerne, je suis un écrivain de la sorte. Il ne m'est pourtant jamais venu à l'esprit de me comparer à lui, jamais. Tout ce qu'il produisait (ce qu'il produisait de bon et de vrai) était tel que plus il écrivait, mieux je m'en portais. J'envie l'art, l'esprit aussi, mais en fait de cœur, je n'éprouve que de la joie. Je considérais qu'il était un ami, que je ne manquerai pas de le rencontrer et qu'il ne tenait qu'à moi que l'occasion se présente. Et soudain, au déjeuner, j'étais en retard et déjeunais seul ce jour-là, je lus qu'il était mort. Je sentis qu'un point d'appui venait de lâcher. Je restais confus un instant avant de comprendre à quel point il m'était cher. Je le pleurai et je le pleure encore. »

Tolstoï à propos de Dostoïevski, cité par Andreï Zonine dans La Vie de Léon Tolstoï

 

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27/09/2023

Après le pathétique discours du Pape François à Marseille...

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« Le monde moderne n’est pas méchant ; sous certains aspects, le monde moderne est beaucoup trop bon. Il est plein de vertus désordonnées et décrépites.

Quand un certain ordre religieux est ébranlé (comme le fut le christianisme à la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices que l’ont met en liberté. Les vices, une fois lâchés, errent à l’aventure et ravagent le monde.

Mais les vertus, elles aussi, brisent leur chaînes, et le vagabondage des vertus n’est pas moins forcené et les ruines qu’elles causent sont plus terribles. Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles. Elles sont devenues folles, parce qu’isolées l’une de l’autre et parce qu’elles vagabondent toutes seules.

C’est ainsi que nous voyons des savants épris de vérité, mais dont la vérité est impitoyable ; des humanitaires éperdus de pitié mais dont la pitié (je regrette de le dire) est souvent un mensonge. Mr Blatchford attaque le christianisme parce que Mr Blatchford a la monomanie d’une seule vertu chrétienne, d’une charité purement mystique et presque irrationnelle. Il a une idée étrange : c’est qu’il rendra plus facile le pardon des péchés en disant qu’il n’y a pas de péchés. (…)

Or il est un cas beaucoup plus remarquable que cet antagonisme de la vérité et de la pitié, c’est celui de la déformation de l’humilité. (…)

Ce dont nous souffrons aujourd’hui, c’est d’un déplacement vicieux de l’humilité. La modestie a cessé tout rapport avec l’ambition pour entrer en contact intime avec la conviction, ce qui n’aurait jamais du se produire. Un homme peut douter de lui-même, mais non de la vérité, et c’est exactement le contraire qui s’est produit. Aujourd’hui, ce qu’un homme affirme, c’est exactement ce qu’il ne doit pas affirmer, c’est-à-dire lui-même ! Ce dont il doute est précisément ce dont il ne doit pas douter : la Raison Divine. (…)

Le nouveau sceptique est si humble qu’il doute de pouvoir apprendre. Ainsi nous aurions tort de nous presser de dire qu’il n’y a pas d’humilité propre à notre époque. Le vérité est qu’il en existe une, très réelle, mais pratiquement plus morbide que les farouches humiliations de l’ascète. L’ancienne humilité était un aiguillon qui empêchait l’homme de s’arrêter et non pas un clou dans la chaussure qui l’empêche d’avancer, car l’ancienne humilité faisait qu’un homme doutait de son effort et cela le poussait à travailler avec encore plus d’ardeur. Mais la nouvelle humilité fait que l’homme doute de son but, ce qui l’arrête tout à fait. (…)

Le péril, c’est que l’intelligence humaine est libre de se détruire elle-même. De même qu’une génération pourrait empêcher l’existence même de la génération suivante, si tous ceux qui la composent entraient au couvent ou se jetaient dans la mer, ainsi, un petit nombre de penseurs peut, jusqu’à un certain point, faire obstacle à la pensée dans l’avenir en enseignant à la génération suivante qu’il n’y a rien de valide dans aucune pensée humaine.

Il est vain de parler de l’antagonisme de la raison et de la foi. La raison est elle même un sujet de foi. C’est un acte de foi de prétendre que nos pensées ont une relation quelconque avec une réalité quelle qu’elle soit. Si vous êtes vraiment un sceptique, vous devrez tôt ou tard vous poser la question : "Pourquoi y aurait-il quelque chose d’exact, même l’observation et la déduction ? Pourquoi la bonne logique ne serait-elle pas aussi trompeuse que la mauvaise ? L’une et l’autre ne sont que des mouvements dans le cerveau d’un singe halluciné ?"

Le jeune sceptique dit : "J’ai le droit de penser par moi-même". Mais le vieux sceptique, le sceptique complet dit : "Je n’ai pas le droit de penser par moi-même. Je n’ai pas le droit de penser du tout."

Il y a une pensée qui arrête la pensée, et c’est à celle là qu’il faut faire obstacle. C’est le mal suprême contre lequel toute autorité religieuse a lutté. Ce mal n’apparaît qu’à la fin d’époques décadentes comme la notre…

Car nous pouvons entendre le scepticisme brisant le vieil anneau des autorités et voir au même moment la raison chanceler sur son trône. Si la religion s’en va, la raison s’en va en même temps. Car elles sont toutes les deux de la même espèce primitive et pleine d’autorité. Elles sont toutes les deux des méthodes de preuves qui ne peuvent elles-mêmes être prouvées.

Et en détruisant l’idée de l’autorité divine, nous avons presque entièrement détruit l’idée de cette autorité humaine par laquelle nous pouvons résoudre un problème de mathématiques. Avec une corde longue et résistante, nous avons essayé d’enlever sa mitre (la religion) à l’homme pontife et la tête (la raison) a suivi la mitre. »

Gilbert Keith Cherterton, Orthodoxie

 

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31/08/2023

Intime, personnel, cosmique, libre et ininterrompu

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« Dans l'oeuvre de Giono, ce que tout être sensible et sain devrait pouvoir percevoir d'emblée, c'est " le chant du monde ". Pour moi, ce chant, dont chaque nouveau livre donne à l'infini des refrains et des variations, est infiniment plus précieux, plus bouleversant, plus poétique que le Cantique des Cantiques. Il est intime, personnel, cosmique, libre et ininterrompu. Il embrasse les trilles de l'alouette, et du rossignol et de la grive ; le bruissement des planètes et le tournoiement à peine perceptible des constellations ; les sanglots, les pleurs, les cris et les gémissements des âmes blessées des mortels, tout comme le rire et les alléluias des élus , la musique séraphique des anges et les hurlements des damnés. »

Henry Miller, Les livres de ma vie

 

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30/08/2023

Avec d'autres yeux...

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« Il n'est pas une époque de l'histoire humaine où le monde ait à ce point regorgé de souffrance et d'angoisse. Et cependant, çà et là, on tombe sur des individus que l'affliction commune n'a pas touché, pas souillé. Pour eux, le monde n'est pas ce qu'il nous semble. Ils voient avec d'autres yeux. Ils vivent dans l'instant, pleinement, ils rayonnent, et ce rayonnement est un hymne perpétuel de joie. »

Henry Miller, Le sourire au pied de l'échelle

 

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29/08/2023

La solitude...

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« Enfant, je me sentais seul, et je le suis encore, parce que je sais des choses et que je dois faire des allusions à des choses dont les autres ne savent apparemment rien, et que, pour la plupart, ils ne veulent pas savoir. La solitude ne vient pas du fait que l'on n'a personne autour de soi, mais du fait que l'on ne peut pas communiquer les choses qui semblent importantes pour soi, ou que l'on a certaines opinions que les autres trouvent inadmissibles. »

Carl Gustav Jung, Ma vie

 

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28/08/2023

Apostrophe de Satan au soleil

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« Et je t’interpelle,
Ô Soleil, pour te dire combien je hais tes rayons
Qui me rappellent l’état d’où je suis tombé.
Combien je te dépassais en gloire et magnificence
Jusqu’à ce que l’orgueil et la funeste ambition provoquèrent ma chute ;
Luttant au ciel contre le souverain unique des Cieux.
– Ah ! et pour quel lieu ? Il ne méritait pas en retour une telle attitude de ma part
Lui qui me créa pour occuper cette place éminente
Et dans sa bonté ne m’adressait aucun reproche.
Mes devoirs non plus n’étaient pénibles.
Que pouvait-on faire de moins que de lui offrir des louanges ?
– Cette récompense la plus facile – et lui offrir de la gratitude ?
Combien elle était due ! Cependant sa bonté infinie ne fit naître que le mal en moi,
Et n’a suscité que le vice ; élevé si haut,
Je haïssais la soumission et pensais que de là,
Je pourrais m’élever encore plus haut et en un moment m’acquitter de la dette immense, de cette gratitude infinie,
Si pesante, payant toujours, devant toujours,
Oublieux de ce que je recevais sans cesse de lui.
Et je ne comprenais pas qu’une âme reconnaissante,
Étant comblée, ne soit pas obligée de s’acquitter mais s’acquitte encore et toujours étant à la fois
Obligé et acquitté : étrange fardeau ?
Si seulement sa puissance avait fait de moi
Un ange inférieur, j’aurais été heureux.
Aucun espoir démesuré n’aurait éveillé l’ambition.
Pourquoi pas ? Quelque force
Aussi grande aurait pu m’attirer et moi, bien que médiocre, faible,
J’aurais été aspiré vers elle ; mais d’autres puissances aussi grandes
Ne tombent pas, et demeurent inébranlées, et armées
Contre toutes les tentations du dedans et du dehors.
As-tu la même liberté de Volonté et le pouvoir de résister ?
Tu l’as. De qui l’as-tu ? Ne devons-nous pas reprocher
À la prodigalité des Cieux l’inégalité de leurs dons ?
Que son amour soit maudit puisque l’amour et la haine
Sont UN pour moi et me cause une douleur éternelle.
De même sois maudit, toi, puisque contre la sienne, ta volonté
À choisi librement ce qu’elle déplore si justement maintenant !
Comme je suis misérable ! Où fuirais-je
Ma colère infinie, ma fureur infinie ?
Partout où je fuis est l’enfer
Et moi-même je suis l’enfer, et dans l’abîme le plus bas, un abîme encore plus bas
Menaçant toujours de me dévorer s’ouvre tout grand
Auprès duquel l’enfer où je souffre semble un ciel.
– Ô alors, laisse-toi fléchir enfin : n’y a-t-il pas place
Pour le repentir et pas place pour le pardon ?
– Aucune si ce n’est par soumission. Et ce mot
La haine me défend de l’articuler, et la crainte de la honte
Auprès des esprits inférieurs que j’ai séduits
Avec d’autres promesses et d’autres vantardises
Autres que la soumission, me vantant que je pouvais soumettre le Tout-Puissant. »

John Milton, Le Paradis perdu

 

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27/08/2023

De toute la masse de leurs préjugés ou ivres de l'ardeur de leurs faux principes

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« Ils se laissent choir de toute la masse de leurs préjugés ou ivres de l'ardeur de leurs faux principes. Les associer, les exorciser, les alléger, les muscler, les assouplir, puis les convaincre qu'à partir d'un certain point l'importance des idées reçues est extrêmement relative et qu'en fin de compte "l'affaire" est une affaire de vie et de mort sans nuances à faire prévaloir au sein d'une civilisation dont le naufrage risque de ne pas laisser de trace sur l'océan de la destinée, c'est ce que je m'efforce de faire approuver autour de moi. »

René Char, "Feuillets d'Hypnos", Fragment 38, in Fureur et Mystères

 

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25/08/2023

Valeurs actuelles = CLIMATO-SCEPTIQUE ?? (Grand Entretien)

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11/08/2023

La Réalité...

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07/08/2023

L'entrepreneur Capitaliste...

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31/07/2023

"Je suis un homme !"

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