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03/03/2013

"Des socialistes"...

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« On a parfois l’impression que les simples mots de socialisme ou communisme ont en eux une vertu magnétique qui attire irrésistiblement tous les buveurs de jus de fruits, nudistes, porteurs de sandales, obsédés sexuels, Quakers, adeptes de la vie saine, pacifistes et féministes que compte l’Angleterre. Cet été, alors que je me déplaçais dans la région de Letchworth, je vis monter dans mon autocar deux vieillards à l’air épouvantable. Ils avaient tous les deux la soixantaine, tout petit, roses, grassouillets, et allaient tête nue. L’un arborait une calvitie obscène, l’autre avait de longs cheveux gris coiffés à la Lloyd George. Ils portaient tous deux une chemise de couleur pistache et un short kaki moulant si étroitement leurs énormes fesses qu’on discernait chaque repli de la peau. Leur apparition dans l’autocar provoqua une sorte de malaise horrifié parmi les passagers. Mon voisin immédiat, le type même du voyageur de commerce, coula un regard vers moi, détailla les deux phénomènes, se tourna à nouveau vers moi et murmura "des socialistes", du ton dont il aurait dit par exemple : "des Peaux-Rouges". Il avait sans doute deviné juste – le parti travailliste indépendant tenait son école d’été à Letchworth. Mais l’important est que, pour ce brave homme, excentrique était synonyme de socialiste, et réciproquement. »

George Orwell, Le quai de Wigan

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02/03/2013

Il restait vers la fin du jour une cendre de temps subtile

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« Il y avait là-haut, dans une rue point très secrète, mais dans tel pli secret de la rue, un tout petit café... Je le vois. - Au fond de ce café, en contrebas, commençait une seconde pièce, étroite semblait-il, et prenant jour sur le café, de la place où j’étais, on ne la voyait pas tout entière ; elle continuait en retrait. Parfois un Arabe y descendait, qui venait tout droit de la rue et que je ne voyais plus reparaître. Je suppose qu’au fond du réduit un escalier secret menait vers d’autres profondeurs...
Chaque jour j’attendais, espérant en voir davantage. Je retournais là tous les jours. J’y retournai le soir ; j’y retournai la nuit. Je m’étendais à demi sur la natte.
J’attendais et suivais, sans bouger, la lente désagrégation des heures ; il restait vers la fin du jour une cendre de temps subtile, amère au goût, douce au toucher, assez semblable comme aspect à la cendre de ce foyer, entre les colonnettes, là, près du sous-sol mystérieux ; à gauche - où parfois, écartant la cendre, le cafetier ranime un charbon mal éteint, sous l’amoncellement de la cendre...
Parfois, s’accompagnant sur la guembra, un des Arabes chante un chant lent comme l’heure. La pipe de haschisch circule. Je regarde obstinément, malgré moi, l’ombre close là-bas, la natte du mur du retrait où j’ai vu ce suspect descendre...
Trois mois après, la police avait fait fermer le café. »

André Gide, Amyntas

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La vie entière n’est qu’un grand malentendu

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« J’ai appris depuis longtemps que la vie entière n’est qu’un grand malentendu, qu’il ne faut pas s’en soucier, et surtout qu’il est inutile de se fatiguer à détromper l’opinion. Quoi qu’on fasse, celle-ci n’acceptera pas de reconnaître vos vrais motifs, pour la seule raison qu’ils sont vrais. »

Jean Dutourd, Le vieil homme et la France

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01/03/2013

Joseph Staline est bien vivant

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On croyait Joseph Staline mort depuis longtemps. Et bien non, on l'a retrouvé comme rédacteur en chef d'un média parasite qui vit, en partie, des subsides de l'état et s'adonne, en guise de supposé journalisme, à la délation et l'attaque ad hominem envers tout journaliste ne partageant pas sa Weltanschauung...

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La noblesse, qui n’est pas une classe sérieuse

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« Au Moyen Âge, on appliquait la torture aux sorcières parce qu’on prenait les sorcières au sérieux. Napoléon a fait torturer des prisonniers politiques parce qu’il prenait son régime au sérieux. Pierre le Grand a torturé les streltsi parce qu’il prenait leur révolte au sérieux. Louis XVI avait subi l’influence des Lumières, Alexandre 1er était, dans son for intérieur, républicain : ils ne prenaient plus vraiment la monarchie au sérieux. Quand on prend une idée au sérieux, on doit tout faire pour qu’elle gagne. Pas presque tout : tout. C’est aussi un phénomène de classe. Au XVIIIe, en France, le pouvoir se trouvait aux mains de la noblesse, qui n’est pas une classe sérieuse. »

Vladimir Volkoff, Les orphelins du Tsar

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Devons-nous nous résigner à cette époque matérialiste ?

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« Devons-nous nous résigner à cette époque matérialiste qui a fait du monde un jeu futile et criminel, dans lequel un être doué d’âme, pris entre l’athéisme, le socialisme et le positivisme, n’a pas la possibilité de s’élever à la hauteur de sa vraie nature ? Je ne veux pas que ce salon soit un jouet ; Son Altesse sérénissime m’a confié que la grande Action patriotique a besoin du couronnement d’une grande idée, et je veux la trouver à tout prix. Donner réalité avec les moyens de tout un Empire, et sous les yeux attentifs du monde entier, à l’un des plus grands thèmes de la culture, ou du moins, plus modestement, qui révélerait l’intimité de la culture autrichienne. »

Robert Musil, L'homme sans qualités

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Je suis pas mystique, je crois en Dieu, oui, je crois en Dieu...

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Daniel Darc (20 Mai 1958 - 28 Février 2013)


 

« Je suis extrêmement timide, c'est maladif. Un médecin m'avait même déclaré phobique social. Mais ça ne veut pas dire que je n'aime pas les gens. Au contraire, j'éprouve toujours un immense besoin de toucher l'autre.

(...)

Il y a dans "Le Feu follet" de Drieu La Rochelle cette phrase: "Je me tue parce que je ne peux pas vous toucher." C'est un livre dans lequel je me suis retrouvé ; Drieu La Rochelle est pour moi un grand écrivain. »

« J'apprécie les écrivains qui racontent ce qu'ils vivent sans tricher. Charles Bukowski, Jack Kerouac, William Burroughs... Mais aussi Charles Péguy qui est extraordinairement musical avec ses phrases qui enflent, qui n'arrêtent pas d'enfler. »

« Avant de découvrir le rock, je voulais être écrivain. Quand j'étais môme, j'écrivais des nouvelles sur du papier cul. L'Homme à la Mercedes, des trucs comme ça... »

« Ce n'est pas le punk anglais mais le punk new-yorkais qui a beaucoup compté pour moi. Tom Verlaine, Richard Hell, Patti Smith, des gens capables de marier le rock et la littérature. La première fois que j'ai entendu Patti Smith, je me suis dit: "Tiens, il y a quelqu'un qui pense comme moi." J'avais cessé de me sentir seul au monde. »

« Je lis la Bible et je prie souvent. Le protestantisme permet un rapport direct avec Dieu : tu es seul face à Lui, avec ta foi, et c'est certainement plus compliqué que d'être catholique. »

« Le Psaume 23 est souvent lu aux enterrements et moi j'ai eu ma dose d'enterrements. Ce psaume me fait penser à des gens que j'ai aimés et que j'ai perdus. »

« Je suis pas mystique, je crois en Dieu, oui, je crois en Dieu. C’est une partie de moi, quoi. »

« Je trainais avec des gens d’extrême droite. Même si je suis d’extrême gauche. Enfin j’étais… L’époque du punk, les gens s’en font une idée super cool, mais c’était pas du tout ça. Il y avait de tout, et ça se barrait dans tous les sens. Ce qui fait que tu pouvais très bien parler avec un maoïste et cinq minutes plus tard, avec un nazi. Et puis on se connaissait tous. C’est ce qui a pu se passer au Etats-Unis au tout début du bop ou même en France à Saint-Germain-des-Prés. Il y avait un truc à essayer, fallait le faire, on s’en foutait de ce qui se passait. C’est étrange. Je crois qu’avec Drieu, c’est ce qui s’est passé, d’ailleurs. Mais c’est surtout Jacques Rigaud, pour moi. Comme pour Le Grand Jeu. C’est une revue avec Daumal, Roger Gilbert-Lecomte. Pour moi, ils ont un rôle assez proche de celui de Jacques Rigaud, là-dedans. Daumal est plus articulé… Il y a ceux qui arrivent à s’adapter et puis les autres. C’est assez darwinien comme truc, en fait. Je sais plus ce que je voulais dire. C’est bien, parce que ça me touche, en fait… Ah oui, si, Drieu. Je l’ai connu par un mec d’extrême droite. Non, en plus c’est pas vrai, je me fais une sorte de légende, là. Je l’ai connu parce que je lisais. Mais la littérature est plus intéressante, pour moi, à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche… »

« Ben tu vois, les pamphlets de Céline, je m’en fous, mais "Le Voyage"… Même "Rigodon" ou "D’un Château l’Autre"… Il y a un truc énorme. Et j’ai appris qu’à cette époque, mon oncle était planqué avec Céline, mais ils ne se connaissaient pas… Enfin quand je dis mon oncle, je commence juste à pouvoir dire mon oncle. Avant, je n’ai jamais reconnu le côté de ma mère. Ce n’était pas la même famille. Ma famille, c’était du côté de mon père… Ça ne fait que deux ans que je peux dire ça, ça doit être la troisième ou quatrième fois que je le fais. Ma famille était juive en Espagne, et ils ont eu la mauvaise idée de venir en France. Il y en a qui se sont barrés aux États-Unis et puis en Israël, mais ceux qui sont en France, c’est ça ma famille. Du côté de ma mère, c’est pas ça. C’est une famille catholique, et le frère de ma mère avait été à… Je sais plus… Mais ma mère a été condamnée à mort par procuration. De la collaboration horizontale, comme on dit, elle n’a pas été très résistante. Autant le frère de ma mère était dans la baston, autant ma mère n’a jamais été nazie. Mais elle était amoureuse d’un Allemand. Tout ça pour finir amoureuse d’un Juif qui lui a fait un petit Juif (rires). Parce que moi, dès que je suis né, hop, on m’a coupé la queue, et c’était fait. Tout ça, ça je l’ai retrouvé avec les meubles. Prends-moi pour un dingue, c’était les meubles. Ma meuf vient habiter avec moi maintenant, et il y avait tellement de trucs partout que je me suis dit : "Faut jeter". Et plus je jetais de trucs, plus je me retrouvais en face de choses que j’avais oubliées, de souvenirs. C’est vraiment les soldes avant fermeture, ces temps-ci, chez moi. Fermeture provisoire, hein. Pour réassortiment. Je me débarrasse de plein de trucs. Et il y a des choses dont je ne pouvais pas parler avant qui reviennent… Maintenant, ma mère, elle est toujours vivante, et je l’aime comme elle est. Mon père, il est mort mais je l’aime. Et puis je suis content, là, vraiment content, c’est génial. Je suis pas scientologue, mais c’est un truc que j’ai fait plus tard que les autres. J’ai 52 ans, mais je dois pouvoir parler avec des mecs de trente ans. Je crois qu’il y a une vingtaine d’années de retard entre mon physique et ma tête. Et c’est peut-être pour ça, si on veut me donner un peu de talent, que c’est bien, ce que je fais. »

 

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28/02/2013

R. I. P. Daniel Darc

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Daniel Darc (20 Mai 1958 - 28 Février 2013)


 

 

Mon Seigneur et mon Dieu, prend soin de cette âme brisée...

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Gustav Mahler - Symphony No.9 in D-major - IV, Adagio. Sehr langsam und noch

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Secoue la torpeur qui obscurcit ton esprit et recueille les sages conseils que les morts savent donner

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« Un jour, sur les bords du Tigre, un crâne adressa les paroles que voici à un pieux Soufi : "Moi aussi j'ai connu les pompes de la royauté ; une couronne a orné mon front, le ciel a favorisé mes vœux et la victoire mes armées. J'avais assujetti l'Irak à ma domination et déjà je convoitais la conquête du Kermân, lorsque mon corps est devenu la pâture des vers. Secoue la torpeur qui obscurcit ton esprit et recueille les sages conseils que les morts savent donner."

L'homme bienfaisant n'a aucun mal à redouter, le méchant aucun bien à attendre. Quiconque fait le mal périt au milieu de ses œuvres mauvaises, comme le scorpion qui meurt dans sa prison. Si ton cœur n'est pas enclin à la charité, quelle différence y a-t-il entre ce cœur et une roche dure ? je me trompe, ami lecteur, la pierre, le fer et le bronze rendent des services. L'homme qui vaut encore moins qu'une pierre devrait mourir de honte. Ce n'est pas le titre d'homme qui donne la supériorité sur la brute, puisque celle-ci vaut mieux que l'homme criminel. Le sage seul est supérieur aux bêtes fauves et non pas celui qui se jette sur ses semblables avec la férocité des fauves. En quoi diffère-t-on de la brute lorsqu'on ne vit que pour manger et dormir? Les cavaliers que la mauvaise fortune égare sont devancés par de simples piétons. La bonté est une graine dont les fruits ne trompent jamais les espérances de qui la sème ; mais de ma vie, je n'ai vu la félicité véritable être le partage des méchants.»

Saadi Shirazi, Le Jardin des fruits

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27/02/2013

Saint-Hessel est mort !

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J'avais déjà eu l'occasion de l'évoquer il y a un an... mais il me faut remettre le couvert...

Après un long naufrage intellectuel qui semblait sans fin, Saint-Hessel est mort ! Rendons-lui un vibrant hommage !

Partie 1 :

 

Partie 2 :

 

Partie 3 :

 

Partie 4 :

 

Partie 5 :

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Démocratie...

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Cliquez sur la photo... 

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Ainsi périt la gloire du solitaire

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« Un solitaire de Damas s'était fait la plus grande réputation par ses austérités ; il vivait depuis plusieurs années dans une forêt, passant toutes les nuits en prières et ne mangeant que des feuilles d'arbres. Le roi eut la curiosité de le voir, et après l'avoir visité, il lui dit : Si vous le jugez à propos, je vous ferai préparer dans la ville même un lieu propre à vos dévotions ; vous pourrez les pratiquer plus facilement, et le peuple, qui en sera témoin, aura plus d'occasion de s'édifier de vos exemples. Le saint homme y consentit. Les courtisans lui dirent alors : "Pour conserver les bonnes grâces du roi, hâtez-vous de venir vous établir à la ville et de faire au moins un essai de ce nouveau genre de vie. Si vous trouvez que le commerce des hommes vous enlève un temps trop précieux, vous serez libre de revenir." Il n'hésita pas, et le roi fit préparer pour le recevoir un jardin superbe où il avait le plus beau de ses palais.

C'était un lieu délicieux fait pour enchanter tous les sens : la rose y étalait partout ses brillantes couleurs, semblable à l'incarnat qui pare et anime les joues d'une jeune vierge, ou bien elle ne se présentait qu'en bouton, dont la pourpre commençait à s'unir au tissu vert qui lui servait d'enveloppe et qui avait toute la fraîcheur d'un enfant qui vient de naître ; des guirlandes tressées avec grâce, telles que les cheveux d'un beau garçon, décoraient les avenues, et des fleurs de toutes les formes et du plus brillant éclat étincelaient au haut des arbres.

Le roi envoya ensuite au saint homme une jeune fille pour le servir: son visage était resplendissant comme la lune, sa taille était déliée et svelte, sa parure toute rayonnante comme celle du paon. Quel piège pour un religieux ! Quels vœux, quelles austérités pouvaient tenir contre tant d'attraits ! Il ajouta encore le don d'un jeune esclave d'une beauté incomparable, d'ailleurs enjoué, amusant, et dont l'esprit ne le cédait point à la beauté. C'était son échanson pour lui offrir la coupe et pour lui verser à boire. Sa présence jetait tous les cœurs dans l'ivresse, on ne se lassait point de le regarder, de même qu'un hydropique ne se lasse point de boire de l'eau de l'Euphrate.

Au milieu de tant d'objets séduisants, que pouvait faire le derviche ? Sa table était couverte de mets exquis, ses habits étaient somptueux , les parfums des fleurs et des fruits portaient à la fois la volupté dans tous ses sens, des objets d'une beauté ravissante étaient sans cesse sous ses yeux et n'attendaient que son signal. Il succomba. Les sages n'ont-ils pas dit que de beaux yeux étaient un piège où les meilleurs esprits allaient se prendre ? La science et la religion même ne défendent pas toujours contre cette amorce ; l'a-t-on goûtée une fois, comme la mouche attachée au miel, on ne peut plus s'en arracher.

Ainsi périt la gloire du solitaire. Le roi, après une assez longue absence, eut la curiosité de le voir; mais il ne le trouva plus le même : un embonpoint brillant colorait ses joues, il était languissamment couché sur des tapis de soie ; un esclave beau comme un ange, un éventail à la main, rafraîchissait l'air devant lui. Le roi le félicita de ce changement, s'entretint longtemps avec lui et le quitta en disant que sur la terre il n'aimait que deux espèces d'hommes, les sages et les religieux. Un courtisan, formé par une longue expérience des affaires, était présent et lui répondit : "Il est juste, O grand roi, que tu verses tes bienfaits sur les uns et sur les autres. Donne de l'or au sage, afin qu'il s'anime de plus en plus dans l'étude de la sagesse ; mais si tu veux que le religieux persévère , laisse-le dans la pauvreté : l'or et l'argent ne serviraient qu'à le corrompre." »

Saadi Shirazi, Le Jardin des fruits

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26/02/2013

David Bowie : "Where are we now ?" , "The Stars (Are Out Tonight)"

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David Bowie est de retour... l'album sort à la mi Mars. Je suis impatient. Cela s'annonce excitant, dérangeant, étrange... et toujours aussi sublime...

Voici les deux premiers singles... 

 

 

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Cette Europe morte qui persiste...

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Je vais T'aider mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance

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« 4 août 1941 -

La source intérieure où je m’abreuve s’envase perpétuellement – et puis je pense trop. Mes idées flottent autour de moi comme un vêtement trop ample, où j’ai la place pour grandir… Je dois continuer à être à l’écoute de moi-même, à "écouter au-dedans de moi"... et bien manger et bien dormir pour préserver mon équilibre. »


« 20 octobre 1941 -

Je voudrais parfois me réfugier avec tout ce qui vit en moi dans quelques mots, trouver pour tout un gîte dans quelques mots. Mais je n’ai pas encore trouvé les mots qui voudront bien m’héberger. C’est bien cela. Je suis à la recherche d’un abri pour moi-même. »


« Prière du dimanche matin, 12 juillet 1942 -

Je vais T'aider mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparait de plus en plus claire : ce n'est pas Toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons T'aider - et ce faisant nous aider nous-mêmes. »

Etty Hillesum, Une vie bouleversée – Journal 1941-1943

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25/02/2013

Monsieur Cogito raconte la tentation de Spinoza

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« Baruch Spinoza d'Amsterdam
désirait atteindre Dieu

en taillant des lentilles
au grenier
tout à coup il perça le rideau
et se trouva face à face

il parla longuement
(lorsqu'il parlait ainsi
sa pensée et son âme
se dilataient)
il posa des questions
au sujet de la nature humaine

- distrait Dieu se frottait la barbe

- lui l'interrogea sur la cause première

- Dieu promenait son regard dans l'infini

- il l'interrogea sur la cause finale

- Dieu se tordait les doigts
s'éclaircit la voix

lorsque Spinoza se tut
Dieu dit

- tu parles bien Baruch
j'aime ton latin géométrique
et aussi la syntaxe limpide
la symétrie des conclusions

parlons cependant
des Choses Vraiment
Grandes

- regarde tes mains
estropiées et tremblantes

- tu abîmes tes yeux
dans les ténèbres

- tu te nourris mal
tu t'habilles comme un misérable

- achète une nouvelle maison
pardonne aux glaces de Venise
de répéter la surface

- pardonne les fleurs nouées dans les cheveux
- la chanson d'ivrogne

- occupe-toi de tes rentes
comme ton collègue Descartes

- sois rusé
comme Erasme

- dédie un traité
à Louis XIV
de toute façon il ne le lira pas

- calme
la furie rationnelle
elle fera tomber des trônes
et noircir les étoiles

- songe
à une femme
qui te donnera un enfant

- tu vois Baruch
nous parlons de Choses Grandes

- je veux être aimé
des incultes et des violents
ce sont les seuls
qui languissent vraiment après moi

c'est alors que le rideau retombe
Spinoza reste seul
il ne voit pas de nuage doré
pas de lumière dans les hauteurs

il voit l'obscurité

il entend le grincement des marches de l'escalier
les pas qui s'éloignent en bas »

Zbigniew Herbert, Monsieur Cogito et autres poèmes

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24/02/2013

Monsieur Cogito médite sur la souffrance

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« Toutes les tentatives d'éloigner
le fameux calice d'amertume —
par la réflexion
l'action militante en faveur des chats sans logis
le travail sur le souffle
la religion - toutes
ont échoué

il faut s'y faire
baisser doucement la tête
ne pas se tordre les mains
user de la souffrance avec mesure et douceur
comme d'une prothèse
sans fausse honte
mais aussi sans orgueil inutile

ne pas brandir un moignon
par-dessus la tête des autres
ne pas frapper d'une canne blanche
à la fenêtre des repus

boire l'extrait d'herbes amères
mais point jusqu'au fond
laisser par précaution
quelques gorgées pour l'avenir

prendre
mais en même temps
distinguer en soi-même
et si cela est possible
changer la matière de la souffrance
en quelque chose ou en quelqu'un

jouer
avec elle
bien sûr
jouer

plaisanter avec elle
très prudemment
comme avec un enfant malade
pour lui arracher à la fin
par quelques trucs et pitreries
l'ombre
d'un sourire »

Zbigniew Herbert, Monsieur Cogito et autres poèmes

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23/02/2013

Pourtant c’est en tant que catholique que j’étais allé un après-midi dans l’église de mon enfance

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« Les gens commencèrent à se baptiser beatniks, betas, jazzniks, bopniks, bugniks et finalement je fus appelé 'l’avatar' de tout cela.



Pourtant c’est en tant que catholique, et non à la demande insistante d’aucun de ces "niks" et certainement pas avec leur approbation non plus, que j’étais allé un après-midi dans l’église de mon enfance (l’une d’entre elles), Ste Jeanne d’Arc à Lowell, Massachussets, et, tout à coup, les larmes aux yeux j’avais eu une vision de ce que j’avais voulu dire par "Beat" quand j’entendis le silence sacré dans l’église (j’étais tout seul là-dedans, il était cinq heures de l’après-midi, des chiens aboyaient dehors, des enfants criaient, et les feuilles d’automne, les flammes des cierges qui dansaient pour moi seul), la vision du mot Beat voulant dire béatifique… Il y avait le prêtre qui prêchait le dimanche matin, tout à coup par une porte de côté entre tout un groupe de types de la Beat Generation dans des imperméables ceinturés comme des membres de l’IRA, venus en silence "adorer" la religion…. J’ai su alors. »

Jack Kerouac, Sur les origines d’une génération

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Hate

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J'ai tué Ben Laden...

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22/02/2013

Sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout

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« Plus les peuples avancent en civilisation, plus l’état vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d’exemples qu’on a sous les yeux, la multitude des livres qui traitent de l’homme et de ses sentiments, rendent habile sans expérience. On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l’on n’a plus d’illusions. L’imagination est riche, abondante et merveilleuse, l’existence pauvre, sèche et désenchantée. On habite, avec un cœur plein, un monde vide, et, sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. »

François-René de Chateaubriand, Maximes et Pensées

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21/02/2013

Le valet de Judas...

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« Il faut que tout le sang, la honte, la méchanceté du monde soient avec moi, sur moi ; que toute la lie, l'écume du monde se retirent du monde avec moi et soient consumées avec moi. Je serai le réceptacle où le monde rejettera son ordure, c'est-à-dire sa souffrance. Le mal n'existe que par ma conscience. Ma conscience peut mourir dans le sein profané de cette fille. Ainsi s'établira la gloire de Dieu. Judas est nécessaire au monde. Mais est nécessaire aussi, beaucoup moins que Judas, quelque chose comme le valet de Judas. »

Paul Gadenner, Les Hauts-Quartiers

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Triste époque

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« Votre mot sur la vieillesse m'a plu. Nous vivons une triste époque où le vieux pourri semble encore plus vivant que la vie. Le monde est très malade et doit crever probablement tout doucement.
Révoltons-nous contre Dieu parce que nous devons mourir. Vous vous plaignez de vieillir, de devenir charogne, terre et vent. »

Bram Van Velde, Lettres

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20/02/2013

Personne n’a encore suggéré de solution concrète pour échapper à ce dilemme

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« Si quelqu’un laisse tomber une bombe sur votre mère, laissez tomber deux bombes sur la sienne. Il n’y a pas d’autre alternative : ou bien vous pulvérisez des maisons d’habitation, vous faites sauter les tripes des gens, vous brûlez des enfants – ou bien vous vous laissez réduire en esclavage par un adversaire qui est encore plus disposé que vous à commettre ce genre de choses. Jusqu’à présent, personne n’a encore suggéré de solution concrète pour échapper à ce dilemme. »

George Orwell, Œuvres complètes I

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