22/07/2011
Brûlure nocturne
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A 4h passées du matin je réalise comme par une massive massue sur la tête pourquoi je bloque sur mon roman en cours depuis des mois et des mois de vide et de léthargie. Je suis par l’écriture précisément au moment où le personnage principal de mon histoire qui en est, en même temps, le narrateur désabusé et cynique, est sur le point de retrouver son père après une longue coupure et une enfance blessée. L’expérience fut réelle pour moi, authentique, pleine d’appréhension en même temps que de douleur et de joie. C’est l’année de la canicule, en 2003, que je fis un saut de 5 jours en Serbie afin de retrouver mon père durant 2 jours et demi après plus de 20 années de coupure. Entre mes 4 ans et mes 12 ans, mon père n’a pas donné signe de vie. A l’été 1977, je me souviens, c’était l’année de la mort du King, j’avais 12 ans, j’étais chez mes grands-parents maternels, comme chaque année, à savourer un royaume de liberté en plein pays communiste lorsque mon père, à la surprise générale, vint me rendre visite de manière imprévue. Nous passâmes quelques heures dans l’après-midi à parler avec lui puis il partit me disant que j’avais un frère et une sœur et qu’ils désiraient me connaître. Il avait cessé d’être communiste, portait une croix autour du cou et probablement, pauvre homme, avait-il ressenti le besoin de se confronter à l’épreuve de ces retrouvailles pour se délester de ses erreurs, de ses péchés. Je suppute qu’il devait estimer que la balle était désormais dans mon camp et qu’il m’appartenait si j’en faisais la requête à ma mère et qui y consentait d’avance, que je demande à mon tour, à lui rendre visite. J’avais 12 ans. J’était perdu. Et bien entendu je n’en fis rien. Ce n’est que vers ma trentaine, vers 1994, 1995, que ma grand-mère maternelle, ma petite baka d’amour, m’apprit que le bruit courait que mon père était mort et que « c’était probablement vrai » en raison des conditions de guerre qui avaient prévalues en Croatie où vivait mon père, serbe, dans la ville de ma naissance, Vinkovci. Je pris la nouvelle avec une certaine désinvolture et ma nonchalance en étonnât quelques uns. Mais à l’été 2002 un homme se présenta en Serbie chez ma grand-mère et demanda que je prenne contact avec mon père, numéro de téléphone à l’appui, car celui-ci était bel et bien vivant, et l’avait envoyé pour me chercher. Le choc. Durant une année entière je fus en contact avec lui via appels téléphoniques avant des retrouvailles émouvantes à l’été 2003. Je repousse donc ces retrouvailles cette fois-ci littéraires et largement romancées car la douleur est insoutenable face au sentiment d’inachevé que les retrouvailles réelles m’ont laissé. Mon père est mort un an après. Nous n’avons pas été en mesure de dénouer tous les nœuds, ou tout au moins une partie, qui entravaient nos vies nous interdisant une authentique communion père-fils. Probablement que par ce roman j'aurais cent choses à lui dire que j'appréhende comme si nous étions dans la réalité. La fiction romanesque a cette force et cette charge.
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21/07/2011
La vie en vaut la peine ne serait-ce que pour ces lumineux petits plaisirs.
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Mon roman au point mort depuis des mois et des mois et des jours et des nuits. Je ne l'ouvre même plus. Et ça n'est même pas la crampe de l'écrivain. Dégoût. Dépit. Nausée. Inconsciemment, je sais que mon cerveau note les moindres palpitations nerveuses, émotionnelles, striures émergeantes du creuset des souvenirs qui me traversent dans la banalité de mon quotidien. Travailler. Tenir tête. Considérer mon fils qui se tait. Regarder ma fille fuir mon regard, avec ce mélange de crainte, de colère ravalée et de fierté mal placée qu’ont les jeunes femmes de son âge. Ces derniers jours, mon modeste I-Pod shuffle me donne beaucoup d’air pur, me préserve un refuge à l’abri des cons et des abrutis que je me dois de tolérer, de supporter, d’admettre tout au long de ma journée de travail. Mon Cadre étant en vacances neuf heures de musique sur les oreilles, je me perd dans les allées des meubles contenant les livres, les cds, les dvds et j’exécute, scrupuleusement ma tâche, avec sérieux, mais comme un automate programmé par bientôt 20 ans de présence au même poste tant bien que mal, soutenu que je suis par le chant de Chris Cornell, la guitare de Frank Marino ou David Grissom, le puslations du saxophone de John Coltrane ou les gémissements existentialistes de la trompette de Miles Davis. Et je lis Ernst Jünger. Ma vie est ce qu’elle est. Un écrivaillon dans le creux de son époque nauséabonde qui survit comme il peut. J’aime encore boire du vin et faire l’amour, même si le vin, en ce moment, m'est interdit pour des raisons de santé... mais ça reviendra, je m'y attelle. La vie en vaut la peine ne serait-ce que pour ces lumineux petits plaisirs.
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Comme l'écrivait Marx, "tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée et tout ce qui était sacré est profané"
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« Il apparaît en effet évident que l'accumulation du Capital (ou "Croissance") ne pourrait se poursuivre très longtemps si elle devait s'accommoder de l'austérité religieuse, du culte des valeurs familiales, de l'indifférence à la mode ou de l'idéal patriotique. Il suffit d'ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure pour constater, au contraire, que la "croissance" ne peut trouver ses bases psycho-idéologiques réelles que dans une culture de la consommation généralisée, c'est à dire dans cet imaginaire "permissif", "fashion" et "rebelle" dont l'apologie permanente est devenue la principale raison d'être de la nouvelle gauche (et qui constitue parallèlement le principe même de l'industrie du divertissement, de la publicité et du mensonge médiatique).
Comme le souligne Thomas Frank "c'est le monde des affaires qui, depuis les plateaux de télévision, et toujours sur le ton hystérique de l'insurrection culturelle, s'adresse à nous, choquant les gens simples, humiliant les croyants, corrompant les traditions et fracassant le patriarcat. C'est à cause de la nouvelle économie et de son culte pour la nouveauté et la créativité que nos banquiers se gargarisent d'être des révolutionnaires et que nos courtiers en bourse prétendent que la détention d'actions est une arme anticonformiste qui nous fait entrer dans le millénaire rock'n'roll."
C'est donc parce qu'une "économie de droite" ne peut fonctionner durablement qu'avec une "culture de gauche" que les dictatures libérales ne sauraient jamais avoir qu'une fonction historique limitée et provisoire : celle, en somme, de "remettre l'économie sur ses rails" en noyant éventuellement dans le sang (sur le modèle indonésien ou chilien) les différents obstacles politiques et syndicaux à l'accumulation du Capital.
A terme, c'est cependant le régime représentatif (dont l'ingénieux système électoral, fondé sur le principe de l'alternance unique, constitue l'un des verrous les plus efficaces contre la participation des classes populaires au jeu politique) qui apparaît comme le cadre juridique et politique le plus approprié au développement intégral d'une société spectaculaire et marchande ; autrement dit d'une société en mouvement perpétuel dans laquelle, comme l'écrivait Marx, "tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée et tout ce qui était sacré est profané". »
Jean-Claude Michéa, La double pensée, retour sur la question libérale
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20/07/2011
En U.R.S.S., tout fonctionnaire d'un certain rang doit, avant de conquérir le poste qu'il occupe, noyer plusieurs dizaines de concurrents
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« Ayant vécu dans un pays où l'hostilité à l'égard du monde environnant est la philosophie officielle, où chaque écolier sait que la guerre (chaude ou froide) contre les pays "capitalistes" est conduite sans répit, nous sommes frappés par la quiétude insouciante de l'Occident, cet état d'esprit à la limite de la légèreté. Aussi bien informés que nous ayons cru l'être sur la vie occidentale, nous ne pouvions imaginer cela. Quand on constate cet état d'esprit chez l'homme de la rue, cela étonne. Quand il s'agit d'hommes d'État, on commence à avoir peur.
Essayez de comprendre quel genre d'hommes ils sont, me conseillaient mes amis. Avec ton acquis de bagnard, essaye de trouver à quel genre d'interrogatoire ils auraient craqué.
Je crains que les connaissances que j'ai acquises sur les hommes ne m'aient pas été, en l'occurrence, d'une grande utilité. Mes interlocuteurs n'avaient pas d'interrogatoires à craindre, et d'ailleurs la personnalité compte peu dans la politique moderne. Ce sont des appareils monstres qui fonctionnent à l'Est et à l'Ouest. Par la suite, j'ai rencontré des adjoints, des conseillers, des sénateurs et des membres du Congrès, ainsi que leurs états-majors. Mes conclusions n'étaient nullement optimistes. Ces gens avaient reçu une meilleure instruction que leurs homologues soviétiques, ils étaient incontestablement plus humains. Mais, de toute évidence, ils n'avaient pas l'expérience soviétique de la lutte pour survivre, lutte féroce qui se rit de toute morale.
En U.R.S.S., tout fonctionnaire d'un certain rang doit, avant de conquérir le poste qu'il occupe, noyer plusieurs dizaines de concurrents, sinon enjamber des cadavres, assimiler toutes les lois de la bassesse et de la perfidie. Nous sommes souvent stupéfaits de voir nos leaders soviétiques, sachant à peine lire et écrire, sans la moindre culture générale, souvent incapables de parler un russe correct, réussir à gouverner un immense empire et à terroriser le monde entier. Il n'y a là aucune énigme ; ce n'est pas la peine de chercher des éminences grises. Les leaders soviétiques n'ont, en réalité, besoin ni d'instruction ni de culture. Ces qualités ne pourraient que les gêner. Psychologiquement, typologiquement, ce sont des criminels, et la ruse et l'expérience sont les conditions de leur succès. Un "caïd" n'a nul besoin d'avoir lu Tolstoï ou Shakespeare pour terroriser la population de tout un camp. Cinquante ans de relations entre les pays démocratiques et l'U.R.S.S. reproduisent avec une fidélité frappante le tableau des rapports existant entre les "demi-sel" et les "caïds". Les premiers se faisant systématiquement gruger et piller dans les prisons de transfert.
Il y a en Occident une propension inouïe à l'exagération, la moindre anicroche prend des allures de catastrophe. Loin de moi l'idée d'imiter les Occidentaux et d'en rendre la presse responsable. Les journaux ne font qu'assouvir la soif de sensations de leurs lecteurs. Comme on dit chez nous, pourquoi s'en prendre au miroir si l'on a le visage de traviole ? Mais l'Occidental est sans doute fait de telle sorte qu'il ne se reproche jamais rien à lui-même. Cette idée lui paraît sacrilège, à la limite du complot contre la démocratie. Personne ne veut se rendre compte que la bonne moitié des "crises" sont dues à cette simple raison.
Étonnante faculté que l'homme a de projeter ses maux intérieurs dans le monde environnant, puis d'exiger une refonte de l'univers ! Tout comme un chiot qui guerroie avec sa queue. Celui qui souffre d'un complexe d'infériorité crie à la discrimination, le paranoïaque se lamente d'être persécuté. Si je ne suis pas bien, c'est la faute de ceux qui m'entourent. Les thèses de chacune de ces deux sociétés sont diamétralement opposées : en U.R.S.S., l'homme a systématiquement tort, l'État toujours raison. Ici, l'homme est persuadé qu'il a le droit d'être toujours heureux. S'il tombe malade, c'est que les bien-portants lui doivent des comptes, si l'on est pauvre, ce sont les riches qui en sont coupables. Égocentrisme purement infantile, refus tout aussi infantile d'accepter la moindre limitation. Un jour, les étudiants de mon collège de Cambridge se mutinèrent, ils occupèrent les bureaux et organisèrent un sit-in. La raison : l'un d'entre eux avait été puni pour avoir été grossier avec le personnel du bar et interdit d'entrée pendant un mois. Les gens se seraient tordus de rire en U.R.S.S. Ces étudiants auraient été exclus de l'université en cinq minutes, incorporés dans l'armée et auraient ensuite passé le reste de leur vie "à s'aguerrir dans le chaudron ouvrier" sans avoir le droit de reprendre leurs études.
Je crains que la notion de droit ne soit ici encore plus sommaire que chez l'homo sovieticus. Par exemple, la Constitution des États-Unis prévoit le droit de rechercher son bonheur. Il est difficile d'imaginer ce que cela peut signifier. Le bonheur, comme on sait, est un état fugitif et il est des hommes qui en sont organiquement incapables. En revanche, il en est chez qui l'aspiration au bonheur ne peut les conduire qu'à un conflit avec la société. À supposer que le bonheur d'un homme consiste à tuer sa femme, devra-t-on lui en adjuger le droit ?
Cet immobilisme, cette passivité, cette certitude de recevoir une aide venue de l'extérieur nous étonnent énormément, car, dès notre enfance, on nous a inculqué en Union soviétique que la société ne nous doit rien, qu'au contraire nous lui sommes redevables de tout. Prenons par exemple le fameux problème du chômage. Si l'on appliquait en U.R.S.S. les critères occidentaux on recenserait autant de chômeurs qu'en Occident, sinon plus. Pour commencer, l'État soviétique refuse a priori l'existence même de la notion de chômage. Il n'existe aucune agence pour l'emploi où l'on puisse s'inscrire. Il ne viendrait à personne l'idée de verser des allocations aux sans-travail. Le fameux "droit au travail" promulgué en U.R.S.S. ne signifie nullement que l'on puisse prétendre travailler dans le métier que l'on a. Il s'agit du droit au travail, pas d'un droit à l'exercice de son métier. Si un ajusteur ne trouve pas une place dans sa branche, il n'a qu'à devenir tourneur, chauffeur, ouvrier du bâtiment, manutentionnaire, éboueur... Cela ne concerne personne, mais si vous restez trop longtemps sans travail, vous êtes convoqué à la milice où l'on vous intime l'ordre de trouver une situation, en vous rappelant que le parasitisme est un délit. Si, un mois plus tard, vous êtes toujours sans emploi, vous êtes bon pour deux ans de prison. Dans les camps, on trouvera toujours à vous employer à l'abattage du bois ou aux grands chantiers du communisme. Car en U.R.S.S., "ceux qui ne travaillent pas ne mangent pas".
Voyons maintenant ce que représente le chômage en Occident. Tout le monde peut s'inscrire au chômage, même si, en réalité, l'intéressé travaille. La vérification est très difficile. On indique soi-même son métier, ou l'on se réfère à ses emplois précédents. Il n'est pas important de savoir que vous avez pu être licencié pour incompétence. Par la suite, on vous fera des offres d'emplois dans la branche choisie, et il vous appartiendra de les accepter ou de les refuser. Cela peut durer des mois et des mois. Pendant ce temps, vous continuez à recevoir des allocations. Si les conditions du nouvel emploi que l'on vous propose sont moins bonnes que celles du précédent, vous êtes parfaitement en droit de le refuser. Il va de soi que l'on doit vous faire des offres d'emploi pour la région que vous habitez et non à l'autre bout du pays. Ajoutez à cela les jeunes sortant des écoles et qui viennent chaque année gonfler les rangs des chômeurs, les étudiants qui s'inscrivent au chômage pour la période des vacances, un certain nombre de parasites de métier qui n'ont jamais eu la moindre velléité de travailler et vous comprendrez ce que représente le chômage en Occident. Maintenant, dites-moi où se trouve le socialisme, comment on peut le distinguer du capitalisme ?
Il importe peu de savoir qui est au gouvernement, les socialistes ou un autre parti. Le processus de socialisation se déroule avec une incroyable rapidité, car le socialisme est devenu partie intégrante de la mentalité occidentale, il s'est assimilé aux tissus vivants du monde moderne. Il suffit de lire les journaux, de quelque tendance que ce soit, pour s'apercevoir que désormais les entreprises n'existent plus pour produire. Leur principale raison d'être est de créer des emplois. L'entreprise peut ainsi se permettre de ne pas être productive, ou de ne sortir que de la camelote.
Il n'y avait là pour moi rien de bien nouveau. Quand j'étais en prison, j'avais lu une fois dans les journaux que des ouvriers, quelque part en Europe, avaient occupé leur usine parce que leur patron avait l'intention de la liquider. Elle ne faisait plus de profits. Le patron ayant porté plainte, la police déclara qu'elle n'avait pas à se mêler de cette affaire, car il n'y avait pas de délit. Je n'en croyais pas mes yeux. Ainsi, lorsqu'un voleur vous fait les poches, c'est un crime, mais si l'on vous vole une usine, c'est dans l'ordre des choses. Plus tard, je faisais part de ma perplexité à un jeune diplomate que l'on ne pouvait soupçonner d'être prosocialiste. "Vous ne comprenez donc pas, me répondit-il, il s'agit des emplois de ces ouvriers, de leur lieu de travail. Cela leur donne tous les droits".
Cette explication ne me parut pas satisfaisante, et je continue toujours à ne pas comprendre cette étrange logique. Si une femme de ménage vient travailler chez moi une fois par semaine, a-t-elle le droit de disposer des lieux ? Peut-elle occuper mon appartement et refuser de s'en aller si, pour une raison ou pour une autre, je dois renoncer à ses services ? La police dirait-elle encore qu'il n'y a pas de délit, qu'il s'agit d'un simple conflit du travail ?
Il serait vain de chercher de la logique dans tout cela. La logique cesse d'exister là où commence l'idéologie, en l'occurrence, l'idéologie socialiste. Bref, de toutes les justifications que nous nous trouvons, délibérément ou inconsciemment, les idéologies de masse sont les plus méprisables. Elles font de l'humanité un troupeau de moutons. Et de toutes les idéologies de masse, le socialisme est la plus dangereuse, car elle libère l'homme de toute responsabilité. Par exemple, ce serait malgré lui que l'homme deviendrait alcoolique, drogué ou bourreau. C'est la société, le milieu social qui en sont tenus responsables.
Je ne comprends pas pourquoi Marx a décidé de but en blanc que les ouvriers sont enclins aux révolutions, que "le prolétariat n'a rien à perdre sauf ses chaînes". Bien au contraire, cette couche de la société est la plus inerte, elle cède facilement ses libertés pour se sentir sécurisée.
Le mouvement ouvrier, très orageux à ses débuts, a conduit à la création de l'État-Providence. Une répartition bien plus équitable des richesses a été obtenue, tout un système de garanties sociales mis en place. Pratiquement parlant, le socialisme, dans la mesure où il est humainement possible, a été construit en Occident. Cela a entraîné certaines conséquences regrettables. L'efficacité de l'économie, la qualité du travail ont eu à en souffrir, le système économique dans son ensemble a été déstabilisé. Le travail en tant que tel, surtout s'il est automatisé à l'extrême comme dans la société industrielle moderne, n'est nullement un plaisir. L'apparition d'éléments très importants de socialisme et de garanties sociales a supprimé toute motivation. Que l'on travaille bien ou mal, ou pas du tout, votre niveau de vie n'en est pratiquement pas affecté.
L'égalité est un état artificiel qui demande à être constamment entretenu d'une manière artificielle. Les hommes ne sont pas égaux par définition. Aussi le maintien de l'égalité coûte-t-il des sommes immenses, c'est un très lourd fardeau sur les épaules de ceux qui travaillent, des plus doués. Ce principe ne fait que dépraver encore plus les fainéants, contribue à l'apparition du climat de parasitisme dont j'ai déjà parlé. Une force organisée est indispensable pour entretenir cette égalité, et cette force manifeste dans la société des tendances dominatrices, aspire à échapper à tout contrôle.
Comme toute institution sociale, elle a tendance à mener une existence indépendante des problèmes qui l'ont engendrée, à poursuivre des objectifs qui ne sont déterminés que par le fait même de son existence. Cela s'applique à la bureaucratie en plein essor, à la bureaucratie des syndicats en particulier. Nous oublions que le socialisme, en vertu même de ses principes, ne se consacre pas à la protection des droits de l'individu. Au contraire, conformément à cette idéologie, les intérêts de l'homme sont sacrifiés à ceux du bien commun. Si les syndicats occidentaux sont indépendants de l'État, on ne saurait les considérer comme libres, car l'homme n'est pas libre de décider d'y adhérer, ou de ne pas y adhérer, il devient dangereux de voter contre une grève proposée par la direction syndicale. Bref, l'homme sacrifie de plus en plus sa liberté à la sécurisation.
Paradoxalement, l'homme n'obtient ni le bien-être ni la sécurisation. Bien au contraire, car le système est tout, sauf stable. L'économie est sur une pente glissante, le niveau de vie est en train de chuter. L'entreprise se trouve prise entre deux feux, fait faillite, puis, pour sauver les emplois, il ne reste plus qu'à la nationaliser, ce qui revient à la réduire à un état de carence et de non-rentabilité chroniques. L'État n'a que la solution d'alourdir la fiscalité, c'est-à-dire de saper la rentabilité des entreprises restées saines.
Certains lecteurs pourraient conclure que je prends au sérieux tous ces "ismes", voire que je me fais l'avocat du capitalisme que je considérerais comme une panacée. Cela est tout à fait faux. Je vois simplement autour de moi que le socialisme suscite d'immenses sympathies ; qu'il est pris pour un bien. Au fond, personne ne sait au juste ce qu'est le socialisme. Il y a autant de socialismes que de socialistes. Je suis très perplexe quand je vois par le monde tant de gens persuadés qu'il est possible de résoudre tous les problèmes par un simple remaniement des structures sociales.
Il est possible d'abolir l'argent, de détruire les objets de luxe, de soumettre à un rationnement draconien les produits d'alimentation et les objets de première nécessité, il est possible de faire vivre toute l'humanité dans des baraquements rigoureusement identiques, de répartir au sort les maris et les femmes, bref il est possible de réduire l'humanité à un état animal en voulant obtenir l'égalité à tout prix. C'est une entreprise vouée à l'échec. L'homme trouvera toujours le moyen de sortir du rang, fatalement les hommes conviendront d'une valeur ou d'un bien qui ne pourrait être réparti à part égale entre tous et qui sera à la source de l'inégalité. Le seul et unique résultat de cette monstrueuse expérience serait d'engendrer une inégalité et une corruption sans précédent, car dans ces conditions le moindre des privilèges serait perçu comme une inégalité révoltante. Il ne saurait être question de fraternité. La police secrète a besoin d'effectifs astronomiques pour maintenir un nivellement de ce genre.
Les Occidentaux préfèrent éviter de réfléchir à l'expérience soviétique, ils évitent de l'analyser. On estime que c'est un modèle "altéré", impur. Absolument pas. La direction soviétique a toujours agi conformément à la théorie, dans les intérêts des travailleurs. Nos leaders avaient simplement plus de suite dans les idées que ceux qui les avaient précédés ou qui ont suivi leur exemple. Les échecs ne les faisaient pas désespérer, au contraire ils réagissaient en adoptant une ligne encore plus orthodoxe. Je crois que seuls les Khmers rouges ont fait preuve d'une obstination encore plus grande, mais leur règne a été bref. Les résultats obtenus en U.R.S.S. sont bien plus intéressants. En soixante-deux ans d'existence, le pouvoir soviétique n'a pas réussi à éteindre l'instinct de propriété, quoique les véhicules de cet instinct aient été exterminés physiquement ou continuent à être persécutés. Cet objectif est aussi difficile à atteindre que d'essayer de détruire tous ceux qui ont le nez camus ou les yeux bleus. Au contraire, l'instinct de propriété s'est manifesté avec une intensité inusitée précisément chez ceux qui, semble-t-il, devaient être immunisés. L'expérience soviétique a permis une conclusion tout à fait inattendue : nous avons pu constater que les biens, la propriété, ne sont nullement une valeur matérielle, mais au contraire spirituelle. Pour l'immense majorité, c'est plus exactement un moyen d'expression, de réalisation de soi. On ne peut s'attendre à ce que le grand nombre trouve sa réalisation dans les arts ou les sciences, il faut, enfin, comprendre tous ceux que ces occupations n'intéressent pas. D'ailleurs, même parmi les artistes et les chercheurs, il est rare de trouver des fanatiques qui n'ont besoin de rien, qui se contentent du seul exercice de leur métier.
Je doute que, parmi tous les jeunes qui partent à l'assaut des centrales nucléaires au nom du socialisme, il s'en trouve un seul qui se rende compte de l'incompatibilité entre la foi en l'équilibre écologique et le socialisme, qui sache que l'idée du socialisme est entièrement contre nature, qu'elle se fonde sur la soi-disant possibilité pour l'homme de reconstruire le monde, de corriger les imperfections de la nature.
Jamais je n'ai réussi à comprendre les socialistes. Seul quelqu'un qui vit de fantasmes et non de l'observation réelle de l'être humain peut croire que les hommes sont égaux (ou aspirent à l'être). Même des jumeaux vrais qui ont été éduqués et formés ensemble ne sont pas tout à fait égaux. Et puis, pourquoi aspirer à l'égalité ? Serait-il intéressant de vivre dans un univers d'êtres qui soient tous pareils ? Pourquoi faut-il avoir des réactions aussi maladives face à l'inégalité matérielle ? »
Vladimir Boukovski, Cette lancinante douleur de la liberté
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19/07/2011
Fabrice Luchini : « Moi ça m'déprime, la plage »
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On ne peut nier que les personnalités s'affaiblissent à l'Ouest, tandis qu'à l'Est elles ne cessent de devenir plus fermes et plus fortes
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« Il est universellement admis que l'Ouest montre la voie au monde entier vers le développement économique réussi, même si dans les dernières années il a pu être sérieusement entamé par une inflation chaotique. Et pourtant, beaucoup d'hommes à l'Ouest ne sont pas satisfaits de la société dans laquelle ils vivent. Ils la méprisent, ou l'accusent de plus être au niveau de maturité requis par l'humanité. Et beaucoup sont amenés à glisser vers le socialisme, ce qui est une tentation fausse et dangereuse. J'espère que personne ici présent ne me suspectera de vouloir exprimer une critique du système occidental dans l'idée de suggérer le socialisme comme alternative. Non, pour avoir connu un pays où le socialisme a été mis en œuvre, je ne me prononcerai pas en faveur d'une telle alternative. (...) Mais si l'on me demandait si, en retour, je pourrais proposer l'Ouest, en son état actuel, comme modèle pour mon pays, il me faudrait en toute honnêteté répondre par la négative. Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne. On ne peut nier que les personnalités s'affaiblissent à l'Ouest, tandis qu'à l'Est elles ne cessent de devenir plus fermes et plus fortes. Bien sûr, une société ne peut rester dans des abîmes d'anarchie, comme c'est le cas dans mon pays. Mais il est tout aussi avilissant pour elle de rester dans un état affadi et sans âme de légalisme, comme c'est le cas de la vôtre. Après avoir souffert pendant des décennies de violence et d'oppression, l'âme humaine aspire à des choses plus élevées, plus brûlantes, plus pures que celles offertes aujourd'hui par les habitudes d'une société massifiée, forgées par l'invasion révoltante de publicités commerciales, par l'abrutissement télévisuel, et par une musique intolérable. »
Alexandre Soljenitsyne, Le Déclin du courage, Discours de Harvard, 8 juin 1978
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18/07/2011
Roger Daltrey, l'hypocrisie de U2 et l'Immigration au Royaume-Uni...
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Cela faisait longtemps que la légende vivante, Roger Daltrey, chanteur des WHO, n'avait pas défrayé la chronique avec une telle verve. Dans les années 60 et 70 lui et ses frères d'armes au sein du groupe mythique s'en donnaient à coeur joie.
Dans une interview accordée à un tabloïd trash du Royaume-Uni, Daltrey a attaqué le groupe U2 quand il a appris que le groupe Irlandais ne payait pas ses impôts en Irlande mais en Hollande. Bien que The Edge nie être un évadé fiscal, Roger Daltrey ne l'a pas épargné : "Je trouve ça très intéressant que quelqu’un qui prône le socialisme refuse de payer pour un État socialiste !"
Puis Roger Daltrey s'en est pris aux conservateurs à propos de leur politique concernant l'immigration en déclarant que leurs représentants avaient "la tête dans le cul" à propos des issues que l'immigration massive implique. Cette déclaration survient quelques semaines après qu'il s'en soit pris aux travaillistes qu'il avait accusé d'avoir "ouvert les portes du déluge immigrationniste" et d'avoir, littéralement, "massacré la classe ouvrière"... C'est qu'en digne "Working Class Hero", Roger Daltrey se souvient qui il est et d'où il vient...
Le texte de la chanson "Won't get fooled again" prend toute sa signification...
We'll be fighting in the streets
With our children at our feet
And the morals that they worship will be gone
And the men who spurred us on
Sit in judgment of all wrong
They decide and the shotgun sings the song
I'll tip my hat to the new constitution
Take a bow for the new revolution
Smile and grin at the change all around me
Pick up my guitar and play
Just like yesterday
And I'll get on my knees and pray
We don't get fooled again
Don't get fooled again
Change it had to come
We knew it all along
We were liberated from the fall that's all
But the world looks just the same
And history ain't changed
'Cause the banners, they all flown in the last war
I'll tip my hat to the new constitution
Take a bow for the new revolution
Smile and grin at the change all around me
Pick up my guitar and play
Just like yesterday
And I'll get on my knees and pray
We don't get fooled again
Don't get fooled again
No, no!
I'll move myself and my family aside
If we happen to be left half alive
I'll get all my papers and smile at the sky
For I know that the hypnotized never lie
Do ya?
There's nothing in the street
Looks any different to me
And the slogans are replaced, by-the-bye
And the parting on the left
Is now the parting on the right
And the beards have all grown longer overnight
I'll tip my hat to the new constitution
Take a bow for the new revolution
Smile and grin at the change all around me
Pick up my guitar and play
Just like yesterday
Then I'll get on my knees and pray
We don't get fooled again
Don't get fooled again
No, no!
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Voile
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Cette glace pénétrait ses membres et le brûlait comme l'amour d'un Dieu d'une exaltation lucide et passionnée qui le laissait sans force
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« Il lui fallait maintenant s'enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui en lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. Il se dévêtit, descendit quelques rochers et entra dans la mer. Elle était chaude comme un corps, fuyait le long de son bras, et se collait à ses jambes d'une étreinte insaisissable et toujours présente. Lui, nageait régulièrement et sentait les muscles de son dos rythmer son mouvement. A chaque fois qu'il levait un bras, il lançait sur la mer immense des gouttes d'argent en volées, figurant, devant le ciel muet et vivant, les semailles splendides d'une moisson de bonheur. Puis le bras replongeait et, comme un soc vigoureux, labourait, fendant les eaux en deux pour y prendre un nouvel appui et une espérance plus jeune. Derrière lui, au battement de ses pieds, naissait un bouillonnement d'écume, en même temps qu'un bruit d'eau clapotante, étrangement clair dans la solitude et le silence de la nuit. A sentir sa cadence et sa vigueur, une exaltation le prenait, il avançait plus vite et bientôt il se trouva loin des côtes, seul au coeur de la nuit et du monde. Il songea soudain à la profondeur qui s'étendait sous ses pieds et arrêta son mouvement. Tout ce qu'il avait sous lui l'attirait comme le visage d'un monde inconnu, le prolongement de cette nuit qui le rendait à lui-même, le coeur d'eau et de sel d'une vie encore inexplorée. Une tentation lui vint qu'il repoussa aussitôt dans une grande joie du corps. Il nagea plus fort et plus avant. Merveilleusement las, il retourna vers la rive. A ce moment il entra soudain dans un courant glacé et fut obligé de s'arrêter, claquant les dents et les gestes désaccordés. Cette surprise de la mer le laissait émerveillé. Cette glace pénétrait ses membres et le brûlait comme l'amour d'un Dieu d'une exaltation lucide et passionnée qui le laissait sans force. Il revint plus péniblement et sur le rivage, face au ciel et à la mer, il s'habilla en claquant des dents et en riant de bonheur. »
Albert Camus, La Mort heureuse
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17/07/2011
Finkielkraut : Immigration et métissage
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« Si vous partez, les taliban détruiront tout ce que vous avez fait »
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Les américains, grâce à Obama, vont abandonner l'Afghanistan à son sort, c'est-à-dire aux mains des taliban. Leurs forces vont se reconstituer, leurs camps d'entraînements aussi... à portée internationale. Les crétins maghrébins de nos banlieues continueront à y partir pour recevoir leur formations de jihadistes et tout ce bordel (dont nos soldats français morts) aura été un simple coup d'épée dans l'eau. Le commandant Massoud se retourne déjà dans sa tombe et Christophe de Ponfilly doit se dire qu'il ne s'est pas suicidé pour rien, tous les abrutis progressistes donnent raison à son geste. Quel est l'honneur de l'Occident aujourd'hui ?
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Rencontre avec le gouverneur de Kapisa
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Paulina Dalmayer, envoyée spéciale à Kohestan (Afghanistan)
Le hall du bâtiment flambant neuf où siège Abdul Fatah Shafiqe est bondé. Les hommes, enturbannés et barbus, se pressent vers un guichet renforcé par des barres de fer. Les femmes en burqa traînent derrière. Collées dos au mur, elles essaient tant bien que mal de calmer les enfants qui forment une masse homogène mais mouvante. Notre arrivée fige tout ce monde dans une expression d’incrédulité. Pas étonnant. La dernière visite de journalistes occidentaux au vice-gouvernorat de Kohestan, un district perdu de la province de Kapisa en Afghanistan, remonte à l’année dernière, lorsqu’un reporter du New York Times s’y est aventuré avec son accompagnateur.
« Ici, c’est une zone de non-droit »
Armé d’une kalachnikov, notre garde du corps force le passage. Ayant travaillé quelques années avec l’armée américaine, il nous sert également de traducteur. Car Abdul Fatah Shafiqe, le vice-gouverneur, ne parle pas l’anglais bien qu’il le comprenne. Nous entrons dans son modeste bureau situé au premier étage et dont les vastes fenêtres donnent sur un paysage bucolique de champs et de vergers. Quelques hommes y mènent une discussion animée. En une seconde, le silence s’impose, interrompu par les quelques mots qu’un vieillard adresse en dari à un quadragénaire vêtu à l’occidental. C’est donc lui, Abdul Fatah Shafiqe. Un homme sous tension, aux traits tirés, au teint mat, aux épaules tombantes. « Je suis fatigué. Je voudrais prendre ma retraite, me retirer », dit-il. Avant de nous mettre en garde : « Ici, c’est une zone de non-droit. ».
Nous sommes justement venus parler de sécurité, plus précisément du transfert progressif dans tout le pays de la gestion de la sécurité des troupes de l’ISAF (Force internationale d’assistance à la sécurité) à l’armée afghane. Annoncé par le Président Karzaï en mars dernier, le processus doit se dérouler en cinq étapes dont la première a déjà été menée à son terme. À compter de la fin juillet 2011, les provinces de Kaboul (à l’exception du district de Surobi où opère l’armée française), de Bamiyan, du Panchir, ainsi que les capitales provinciales de Mazar-e-Sharif, de Hérat, de Lashkar Gah, du Helmand et de Mahtarlam, sont passées aux mains des Afghans. Mais Kapisa ne figure même pas sur la liste provisoire des provinces concernées par les deux prochains transferts. « Nous ne sommes absolument pas prêts à assumer cette responsabilité, affirme notre hôte. L’armée nationale afghane a besoin d’une formation que seuls les étrangers sont en mesure de mener correctement. Depuis 2006, dans la région, nous entretenons d’excellentes relations avec les forces de l’ISAF. Les soldats nous aident à construire des écoles, des routes et des hôpitaux. S’ils se retirent, les taliban reviendront pour tout détruire. »
Reste à savoir comment convaincre les opinions publiques et les gouvernements de prolonger l’engagement coûteux et peu compréhensible de leurs armées en Afghanistan au-delà de la fin 2014, date à laquelle le dernier des 140 000 soldats de l’OTAN devrait quitter le pays ? « Les gens en Occident doivent comprendre que nous avons besoin de leur aide. Surtout les Français qui ont vécu les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale… Sans l’aide des Américains, ils auraient eu du mal à la gagner. » Abdul Fatah Shafiqe nous propose du thé à la cardamome, des jus de fruits et des bonbons. « Ici, à Kapisa, les gens sont très pauvres, poursuit-il. La majorité des jeunes est au chômage, l’analphabétisme touche 90% de la population… Chaque mois, les taliban se renforcent parce que les gens perdent patience, ne font plus confiance à notre gouvernement et n’attendent plus rien de sa part. ».
« C’est quoi, une Constitution ? »
Faut-il en conclure que la « réintégration » de ceux des taliban qui se disent prêts à renoncer à la violence, annoncée en mai 2010 par Hamid Karzaï est un échec ? Pour Abdul Fatah Shafiqe cela ne fait aucun doute : « Karzai a été élu démocratiquement par le peuple afghan. Mais il n’a ni pouvoir ni autorité pour garantir la sécurité. Sa politique envers les taliban est un échec patent qui ne fait qu’approfondir la distance et l’incompréhension entre les gens et le pouvoir. ». En l’absence d’une figure forte incarnant l’unité du pays, la cohésion du peuple afghan pourrait-elle être assurée par la seule Constitution ? Ma question perturbe décidément le jeune traducteur. « Constitution ? C’est quoi, une Constitution ? » demande-t-il. Et le maître des lieux de lui donner une explication en dari, laquelle ne nous sera traduite que partiellement. « The Constitution ? You mean the fondamental law ? Do you ? », interrompt Abdul Fatah Shafiqe pour m’interroger directement dans un anglais qui, à ma grande surprise, s’avère parfaitement compréhensible. Je confirme. « Notre Constitution n’est pas mauvaise, poursuit-il, mais il faudrait toutefois changer deux articles qui concernent le système électoral pour éviter les risques de fraude. » . Il semble que la légitimité de Hamid Karzai, même auprès des fonctionnaires de l’Etat, laisse à désirer.
Avant de prendre en main le district de Kohestan en 2006, Abdul Fatah Shafiqe a travaillé successivement comme juge à Kaboul, pour les services de sécurité nationale et au sein du gouvernement où il a participé à un projet de réformes. Il connaît l’Occident. Il y a deux ans il a participé, à l’invitation du département d’État américain, à un stage destiné aux dirigeants locaux afghans. Depuis, il est obsédé par une chose : « la présence des internationaux est vitale pour plusieurs raisons, notamment pour apprendre les règles de bonne gouvernance, stopper la corruption et élaborer des programmes éducatifs. ». Aussi fatigué soit-il, Abdul Fatah Shafiqe est déterminé à défendre les valeurs qu’il considère comme étant à la fois fondamentales et universelles. « Il n’y a pas de compromis possible avec les taliban. Ce sont les ennemis de notre culture, de notre civilisation, de notre mode de vie, mais également des vôtres. Vous devriez le comprendre enfin. Nous sommes prêts à nous battre. Nous ne céderons pas ! » .
Les choses sont toutefois un peu plus compliquées que ce que le vice-gouverneur de Kohestan veut bien admettre devant des visiteurs étrangers. Car les menaces de mort qu’il reçoit depuis un certain temps déjà et qui expliquent son extrême fatigue, ne viennent pas de fous d’Allah, opposés aux acquis de la culture occidentale, mais de son prédécesseur. Nous l’apprenons une fois dans la voiture, sur la route du retour vers Kaboul. « Ce n’est pas très clair ou je n’ai pas très bien compris… Mais je crois qu’il y a un problème avec le gouverneur de Kapisa et avec le gouvernement… Quelqu’un veut sa tête », explique notre traducteur désormais revenu à son rôle de garde du corps.
Il n’est pas facile de démontrer que la sécurité de l’Europe et de la France se joue en Afghanistan. La mort de cinq soldats français dans un attentat-suicide à Joybar, dans la province de Kapisa, la veille du 14 juillet, celle d’un autre le 14, rend cette tâche encore plus malaisée. Cependant les faits parlent d’eux-mêmes… D’après des sources proches de l’Ambassade de France à Kaboul, la décision d’annuler les célébrations du 14 Juillet avait été prise, pour des raisons de sécurité, quelques jours avant l’attaque contre l’armée française. C’est aux Français de déterminer quel prix ils sont prêts à payer pour garder le droit de fêter la prise de la Bastille dans un pays lointain.
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par Paulina Dalmayer
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Une classe d'intellectuels sans maître ni drapeaux
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« Sur les décombres de l'Occident, où vont camper les guerriers Yankees et Mongols, il va naître, comme une herbe folle et envahissante, une classe d'intellectuels sans maître ni drapeaux, consciente de son inutilité et de sa force. Et l'Europe va devenir leur désert des quarante jours, le temple en ruine de leur noviciat spirituel. »
Raymond Abellio, Les yeux d'Ezéchiel sont ouverts
Merci à Cougar
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Cet effacement progressif des relations humaines
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J'ai à nouveau feuilleté, hier, Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq. Le long parcours du narrateur est une démonstration psychologique du constat d’échec. Une description méticuleuse de l’état mental post-moderne qui ne laisse rien présager de bon pour l’avenir de l’humanité. Dans un style froid, désabusé, clinique, comme la description détachée d’une expérience bien cruelle en cours, Houellebecq nous passe sous son œil scrutateur et n’épargne pas son observation aucun détail douloureux. Il élabore une théorie du libéralisme économique et, forcément, sexuel qui dévoile avec violence le nœud du problème de tout ce que ses détracteurs ont pu lui reprocher. Dès ce livre, son premier, il affirme que l’époque étant plate, l’écrivain se doit d’élaborer un style plat pour la pénétrer de l’intérieur et la décrire à sa juste mesure.
« Cet effacement progressif des relations humaines n’est pas sans poser certains problèmes au roman. Comment en effet entreprendrait-on la narration de ces passions fougueuses, s’étalant sur plusieurs années, faisant parfois sentir leurs effets sur plusieurs générations ? Nous sommes loin des Hauts de Hurlevent, c’est le moins qu’on puisse dire. La forme romanesque n’est pas conçue pour peindre l’indifférence, ni le néant ; il faudrait inventer une articulation plus plate, plus concise et plus morne. »
Et cette façon de dire des choses essentielles avec une dérision désespérée, un ton qui, en fin de paragraphe, est un soupire de dépit face à notre condition.
« Le lendemain, au petit déjeuner, il a longuement considéré son bol de Nesquik ; et puis, d’un ton presque rêveur, il a soupiré : "Putain, j’ai vint-huit ans et je suis toujours puceau !..." Je m’en suis quand même étonné ; il m’a alors expliqué qu’un reste d’orgueil l’avait toujours empêché d’aller aux putes. Je l’en ai blâmé ; peut-être un peu vivement, car il a tenu à me réexpliquer son point de vue le soir même, juste avant de partir à Paris pour le week-end. Nous étions sur le parking de la direction départementale de l’Agriculture ; les réverbères répandaient un halo jaunpatre assez déplaisant ; l’air était humide et froid. Il a dit : "Tu comprends, j’ai fait mon calcul ; j’ai de quoi me payer une pute par semaine ; le samedi soir, ça serait bien. Je finirai peut-être par le faire. Mais je sais que certains hommes peuvent avoir la même chose gratuitement, et en plus avec de l’amour. Je préfère essayer ; pour l’instant, je préfère encore essayer."
Je n’ai évidemment rien pu lui répondre ; mais je suis rentré à mon hôtel assez pensif. Décidément, me disais-je, dans nos sociétés, le sexe représente bel et bien un second système de différenciation, tout à fait indépendant de l’argent ; et il se comporte comme un système de différenciation au moins aussi impitoyable. Les effets de ces deux systèmes sont d’ailleurs strictement équivalents. Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l’amour tous les jour ; d’autres cinq ou six fois dans leur vie, ou jamais. Certains font l’amour avec des dizaine de femmes ; d’autres avec aucune. C’est ce qu’on appelle la « loi du marché ». Dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver sa place. Dans un système sexuel où l’adultère est prohibé, chacun réussit plus ou moinsà trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables ; d’autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d’autres sont réduits à la masturbation et la solitude. Le libéralisme économique c’est l’extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. Sur le plan économique, Raphaël Tisserand appartient au camp des vainqueurs ; sur le plan sexuel, à celui des vaincus. Certains gagnent sur les deux tableaux ; d’autres perdent sur les deux. Les entreprises se disputent certains jeunes diplômés ; les femmes se disputent certains jeunes hommes ; les hommes se disputent certaines jeunes femmes ; le trouble et l’agitation sont considérables. »
Rats de laboratoire que nous sommes. C’est là un des cercles de l’enfer que décrit Houellebecq, un « laboratoire de catastrophe générale » dirait Dantec. Il n’est guère surprenant que ces deux écrivains aient déchainé à ce point les aigreurs et les ressentiments avant même que l’un d’entre eux ait l’envie de dialoguer avec « les identitaires » et que l’autre en vienne à clamer que l’islam était « la religion la plus con du monde ». ils touchent là où ça fait mal, pile sur les plaies purulentes que personne ne veut soupçonner. Houellebecq le fait avec une certaine froideur scientifique probablement due à sa formation, là où Dantec le fait en autodidacte bordélique, un peu comme votre serviteur, avec des fulgurances bien plus parlantes que les postulats sociologiques d’un triste Soral, par exemple. Mais revenons à Houellebecq, voulez-vous ?
« Je retrouvai mon appartement sans réel enthousiasme ; le courrier se limtait à un appel de règlement pour une conversation téléphonique érotique (Natacha, le râle en direct) et à une longue lettre des Trois Suisses m’informant de la mise en place d’un service télématique de commandes simplifiées, le Chouchoutel. En ma qualité de client privilégié, je pouvais d’ores et déjà en bénéficier ; toute l’équipe informatique (photos en médaillon) avait travaillé d’arrache-pied pour que le service soit opérationnel pour Noël ; dès maintenant, la directrice commerciale des Trois Suisses était donc heureuse de pouvoir m’attribuer personnellement un code Chouchou. Le compteur d’appels de mon répondeur indiquait le chiffre 1, ce qui me surprit quelque peu ; mais il devait s’agir d’une erreur. En réponse à mon message, une voix féminine lasse et méprisante avait lâché : "Pauvre imbécile…" avant de raccrocher. Bref, rien ne me retenait à Paris.
De toute façon, j’avais assez envie d’aller en Vendée. La Vendée me rappelait de nombreux souvenirs de vacances (plutôt mauvais du reste, mais c’est toujours ça). J’en avais retracé quelques-uns sous le couvert d’une fiction animalière intitulée Dialogues d’un teckel et d’un caniche, qu’on pourrait qualifier d’autoportrait adolescent. Dans le dernier chapitre de l’ouvrage, l’un des chiens faisait lecture à son compagnon d’un manuscrit découvert dans le bureau à cylindre de son jeune maître :
"L’an dernier, aux alentours du 23 août, je me promenais sur la plage des Sables-d’Olonne, accompagné de mon caniche. Alors que mon compagnon quadrupède semblait jouir sans contrainte des mouvements de l’air marin et de l’éclat du soleil (particulièrement vif et délicieux en cette fin de matinée), je ne pouvais empêcher l’étau de la réflexion d’enserrer mon front translucide, et, accablée par le poids d’un fardeau trop pesant, ma tête retombait tristement sur ma poitrine. En cette occurrence, je m’arrêtai devant une jeune fille qui pouvait avoir environ quatorze ans. Elle jouait au badminton avec son père, ou à quelque autre jeu qui se joue avec des raquettes et un volant. Son habillement portait les marques de la simplicité la plus franche, puisqu’elle était en maillot de bain, et de surcroît les seins nus. Pourtant, et à ce stade on ne peut que s’incliner devant tant de persévérance, toute son attitude manifestait le déploiement d’une tentative de séduction ininterrompue. Le mouvement ascendant de ses bras au moment où elle ratait la balle, s’il avait l’avantage accessoire de porter en avant les deux globes ocracés constituant une poitrine déjà plus que naissante, s’accompagnait surtout d’un sourire à la fois amusé et désolé, finalement plein d’une intense joie de vivre, qu’elle dédiait manifestement à tous les adolescents mâles croissant dans un rayon de cinquante mètres. Et ceci, notons-le bien, en plein cœur d’une activité à caractère éminemment sportif et familial.
Son petit manège n’allait d’ailleurs pas sans produire ses effets, je ne fus pas long à m’en rendre compte : arrivés près d’elle les garçons balançaient horizontalement le thorax, et le cisaillement cadencé de leur démarche se ralentissait dans des proportions notables. Tournant la tête vers eux d’un mouvement vif qui provoquait dans sa chevelure comme un ébouriffement temporaire non dénué d’une grâce mutine, elle gratifiait alors ses proies les plus intéressantes d’un bref sourire aussitôt contredit par un mouvement non moins charmant visant cette fois à frapper le volant en plein centre.
Ainsi, je me voyais une fois de plus ramené à un sujet de méditation qui n’a cessé depuis des années de hanter mes pensées : pourquoi les garçons et les filles, un certain âge une fois atteint, passent-ils réciproquement leur temps à se draguer et à se séduire ?
Certains diront, d’une voix gracieuse : "C’est l’éveil du désir sexuel, ni plus ni moins, voilà tout." Je comprends ce point de vue ; je l’ai moi-même longtemps partagé. Il peut se targuer de mobiliser à ses côtés les multiples linéaments de pensée qui s’entrecroisent, gelée translucide, à notre horizon idéologique aussi bien que la robuste force centripète du bon sens. Il pourra donc sembler audacieux, voire suicidaire, de se heurter de plein fouet à ses bases incontournables." »
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16/07/2011
Elisabeth Lévy : "Le pluralisme est étranger à l'ADN de Gauche"
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Afghanistan et Ségolénitude
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
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Afghanistan: Ségo en pleine déconnitude
Dès qu’elle endosse les habits de candidate à la présidence de la République, Ségolène Royal se met à dire des bêtises. C’est plus fort qu’elle, elle ne peut pas plus s’en empêcher que DSK de sauter supposément sur tout ce qui bouge.
Ainsi, voici son commentaire à chaud sur la mort récente de six soldats français en Afghanistan: « Cette obstination à maintenir la présence de l’armée française dans un pays dans lequel elle n’avait pas de capacité d’action et dans laquelle nos soldats étaient gravement exposés à toutes les formes d’attentats aboutit aujourd’hui à un nouveau drame qui prouve, une fois de plus, que Nicolas Sarkozy s’est fourvoyé en décidant la présence de l’armée française en Afghanistan.».
Ceux qui ont cru percevoir que l’engagement de nos troupes dans ces contrées lointaines avait été décidé d’un commun accord en 2001 par MM. Jacques Chirac et Lionel Jospin sont priés de venir soigner leur mémoire dans les stations thermales picto-charentaises.
Mme Royal estime en outre que ces soldats sont « morts pour rien », ce qui est tout à fait réconfortant pour les familles et camarades des défunts. De nouvelles victimes sont à craindre : les morts de rire à l’écoute d’une telle oraison funèbre.
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par Luc Rosenzweig
Aurait-elle fumé de l'afghan ? That is the question...
19:55 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ne point désirer l’impossible
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Le Che a dit : « Soyons réalistes, exigeons l’impossible. » et Léonard de Vinci : « Ne point désirer l’impossible. » L’un veut entrainer toute la réalité avec lui dans son rêve. L’autre ne tenant compte que de la réalité palpable (comme les corps qu’il dessine) fait descendre un peu de ses rêves dans le domaine de la réalité. La phrase du Che est pour l’impétuosité de la jeunesse, celle de Vinci est pour l’artiste plein d’assurance qui n’aura pas fini tout au long d’une vie d’explorer les champs du possible et du possible uniquement. Le premier, courant derrière ses exigences impossibles a laissé, derrière son passage, des monceaux de cadavres et le mythe vulgairement christique du révolutionnaire intransigeant et en marche. Le deuxième allait, la nuit, avec quelques complices grassement payés, déterrer les cadavres frais mais pour en étudier l’anatomie mystérieuse et parfaire ses connaissances de l’incarnation humaine. Le premier exécutait un garçon de 17 ans parce qu’il avait volé un morceau de pain dans les provisions des guerrilleros. Le deuxième séduisait les garçons de 17 ans pour des ébas tout aussi tabous que les cadavres qu’il déterrait pour son étude. Ami lecteur, choisi ton camp.
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Honneur : RIP - Lieutenant Thomas Gauvin
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
La dépouille du Lieutenant français Thomas Gauvin quittera l’Afghanistan dimanche 17 juillet 2011. Elle arrivera lundi 18 juillet en France. Les honneurs militaires seront rendus à Paris, aux Invalides, mardi 19 juillet, en début d’après-midi. L’enterrement aura lieu, en principe, à Caen, à une date pas encore fixée.
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Major de promotion, le lieutenant Thomas Gauvin est aussi le premier de cette promotion à disparaître en opération et le premier cyrard à tomber en Afghanistan, sous les couleurs du 1er RCP. Marié l’été dernier, il laisse derrière lui Anaïs. Nous adressons le témoignage de notre amitié à Anaïs, à toute la famille et à toute la belle-famille.
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Le Lieutenant Thomas Gauvin est tombé pour la défense de la liberté. Il figure désormais parmi les Héros et les Justes.
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Il n'est plus une juste cause en ce monde qui vaille la peine d'être servie
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Il n'est plus une juste cause en ce monde qui vaille la peine d'être servie car il n'y a, au bout du chemin, pour les imprudents attardés qui s'y sont engagés par élan d'honneur et du coeur, que ridicule et dérision au mieux, au plus mal, haine ou indifférence, mais estime et émotion jamais. Alors, cause pour cause, si l'on en ressent le besoin à des altitudes où l'on n'est plus rejoint ni compris, autant s'en inventer une qui ne serve à rien... »
Jean Raspail, Les Hussards
Merci à Cougar
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Vie Plate
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Je vais donc reprendre ma pauvre vie si plate et tranquille, où les phrases sont des aventures et où je ne recueille d'autres fleurs que des métaphores. J'écrirai comme dans le passé, pour aucune arrière-pensée d'argent ou de tapage. Apollon, sans doute, m'en tiendra compte, et j'arriverai peut-être un jour à produire une belle chose ! car tout cède, n'est-ce pas, à la continuité d'un sentiment énergique. Chaque rêve finit par trouver sa forme ; il y a des ondes pour toutes les soifs, de l'amour pour tous les cœurs. Et puis rien ne me fait mieux passer la vie que la préoccupation incessante d'une idée, qu'un idéal...Folie pour folie, prenons les plus nobles. »
Gustave Flaubert, Correspondances
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15/07/2011
Les ratés de Dieu
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« L'humanité n'est composée, au fond, que de quelques personnes. Elles se reconnaissent entre elles à des signes secrets. Le reste, c'est un déchet humain : les ratés de Dieu. »
« J'ai parcouru le monde ; j'ai connu tous les milieux. J'ai été soldat, paysan, ouvrier, bagnard, écrivain, et je suis arrivé à cette conclusion que l'homme est une sale bête avec quelques exceptions qui valent le voyage. »
Robert Poulet, La conjecture
Merci à Cougar
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14/07/2011
Transfiguration
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Le bien commun de l'Occident
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Devant une Asie dont ils connaissaient à merveille la puissance, la richesse et la grandeur, fondés sur la soumission de masses humaines aux caprices d'un despote absolu, les Grecs ont défendu par les armes l'idéal juridique d'une cité composée d'hommes libres. Quand, dans la fraiche lumière d'un matin d’été, les soldats de Miltiade, ayant au bras le bouclier rond et brandissant leur longue lance, chargèrent au pas de course en direction des Perses dont la masse sombre se détachait à contre- ‐jour sur les flots éclatants de la mer, ils ne combattaient pas seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour une conception du monde, qui devait devenir plus tard le bien commun de l'Occident. »
François Chamoux, La civilisation grecque à l'époque archaïque et classique
Merci à Cougar
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L'épouvantable salope dont la France moderne fut engendrée
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Ce soir, 14 juillet, s'achève enfin, dans les moites clartés lunaires de la plus délicieuse des nuits, la grande fête nationale de la République des Vaincus. Ah! c'est peu de chose, maintenant, cette allégresse de calendrier, et nous voilà terriblement loin des anachroniques frénésies de la première année! Ce début, - légendaire déjà! - de la plus crapuleuse des solennités républicaines, je m'en suis, aujourd'hui, trop facilement souvenu devant l'universel effort constipé d'un patriotisme, évidemment indéfécable, et d'un enthousiasme qui se déclarait lui-même désormais incombustible! La nuit avait eu beau se faire désirable comme une prostituée, et l'entremetteuse municipalité parisienne avait eu beau multiplier ses incitations murales à la joie parfaite, on s'embêtait manifestement. Les pisseux drapeaux des précédentes commémorations flottaient lamentablement sur de rares et fuligineux lampions, dont l'afflictive lueur offensait le masque poncif des Républiques en plâtre que la goujate piété de quelques fidèles avait clairsemées sous des frondaisons postiches. Comme toujours, de nobles arbres avaient été mutilés ou détruits, pour abriter, de leurs expirants feuillages, les soulographies sans convictions ou les sauteries en plein air achalandées par les putanats ambiants. Nulle invention, nulle fantaisie, nulle tentative de nouveauté, nulle infusion d'inédite jocrisserie dans cette imbécile apothéose de la Canaille. On avait été trop sublime, la première fois! Chaque acéphale avait tenu, alors, à se faire une tête pour honorer l'épouvantable salope dont la France moderne fut engendrée. La nation entière s'était ruée au pillage du trésor commun de la stupidité universelle. Mais, à présent, c'est bien fini, tout cela. on continue de célébrer l'anniversaire de la victoire de trois cent mille hommes sur quatre-vingts invalides, parce qu'on a de l'honneur et qu'on est fidèle aux grands souvenirs, et aussi, parce que c'est une occasion de débiter de la litharge et du pissat d'âne. On y tient, surtout, pour affirmer la royauté du Voyou qui peut, au moins ce jour-là, vautrer sa croupe sur les gazons, contaminer la Ville de ses excréments et terrifier les femmes de ses insolents pétards. Mais la foi est partie avec l'espérance de ne pas crever de faim sous une République dont l'affamante ignominie décourage jusqu'aux souteneurs austères qui lui ont livré le plus bel empire du monde. »
Léon BLOY, Le désespéré
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13/07/2011
La féminisation de la société
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12/07/2011
Phase ultime d'optimisation du rendement de l'esclave
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- Prenez un esclave et enchaînez-le, cognez-le, soumettez-le de façon radicale, écrasez-le toujours de votre poing de maître : l'amortissement sera faible.
- Changez d'optique, ne le cognez plus, de même ne l'enchaînez plus, cependant rendez-le totalement dépendant de vous : l'amortissement augmente mais la recette demeure moyenne, le profit toujours négligeable malgré l'amélioration.
- Optimisez votre art de la domination, faites croire à l'esclave qu'il est libre et, mieux, faites lui choisir sa servitude de telle manière qu'il ne la soupçonne guère : rendement massif, rouage exploitable à merci et interchangeable à volonté, rapport entre le temps alloué à une tâche et le résultat obtenu entièrement maximisé.
Bienvenu en Démocratie : phase ultime d'optimisation du rendement de l'esclave.
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