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16/06/2010

Libre-arbitre

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

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15/06/2010

The Clash : Guns of Brixton

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

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Conscience

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=


Georges Bernanos

 

"Monsieur,
Quelque ridicule qu'il y ait à écrire à un écrivain, qui est toujours, par la nature de son métier, inondé de lettres, je ne puis m'empêcher de le faire après avoir lu "Les Grands Cimetières sous la lune". Non que ce soit la première fois qu'un livre de vous me touche, le "Journal d'un curé de campagne" est à mes yeux le plus beau, du moins de ceux que j'ai lus, et véritablement un grand livre. Mais si j'ai pu aimer d'autres de vos livres, je n'avais aucune raison de vous importuner en vous l'écrivant. Pour le dernier, c'est autre chose ; j'ai eu une expérience qui répond à la vôtre, quoique bien plus brève, moins profonde, située ailleurs et éprouvée, en apparence - en apparence seulement -, dans un tout autre esprit.

Je ne suis pas catholique, bien que, - ce que je vais dire doit sans doute sembler présomptueux à tout catholique, de la part d'un non-catholique, mais je ne puis m'exprimer autrement - bien que rien de catholique, rien de chrétien ne m'ait jamais paru étranger. Je me suis dit parfois que si seulement on affichait aux portes des églises que l'entrée est interdite à quiconque jouit d'un revenu supérieur à telle ou telle somme, peu élevée, je me convertirais aussitôt. Depuis l'enfance, mes sympathies se sont tournées vers les groupements qui se réclamaient des couches méprisées de la hiérarchie sociale, jusqu'à ce que j'aie pris conscience que ces groupements sont de nature à décourager toutes les sympathies. Le dernier qui m'ait inspiré quelque confiance, c'était la CNT espagnole. J'avais un peu voyagé en Espagne - assez peu - avant la guerre civile, mais assez pour ressentir l'amour qu'il est difficile de ne pas éprouver envers ce peuple ; j'avais vu dans le mouvement anarchiste l'expression naturelle de ses grandeurs et de ses tares, de ses aspirations les plus et les moins légitimes. La CNT, la FAI étaient un mélange étonnant, où on admettait n'importe qui, et où, par suite, se coudoyaient l'immoralité, le cynisme, le fanatisme, la cruauté, mais aussi l'amour, l'esprit de fraternité, et surtout la revendication de l'honneur si belle chez les hommes humiliés ; il me semblait que ceux qui venaient là animés par un idéal l'emportaient sur ceux que poussait le goût de la violence et du désordre. En juillet 1936, j'étais à Paris. Je n'aime pas la guerre ; mais ce qui m'a toujours fait le plus horreur dans la guerre, c'est la situation de ceux qui se trouvent à l'arrière. Quand j'ai compris que, malgré mes efforts, je ne pouvais m'empêcher de participer moralement à cette guerre, c'est à dire de souhaiter tous les jours, toutes les heures, la victoire des uns, la défaite des autres, je me suis dit que Paris était pour moi l'arrière, et j'ai pris le train pour Barcelone dans l'intention de m'engager. C'était au début d'août 1936.

Un accident m'a fait abréger par force mon séjour en Espagne. J'ai été quelques jours à Barcelone ; puis en pleine campagne aragonaise, au bord de l'Ebre, à une quinzaine de kilomètres de Saragosse, à l'endroit même où récemment les troupes de Yagüe ont passé l'Ebre ; puis dans le palace de Sitgès transformé en hôpital ; puis de nouveau à Barcelone ; en tout à peu près deux mois. J'ai quitté l'Espagne malgré moi et avec l'intention d'y retourner : par la suite, c'est volontairement que je n'en ai rien fait. Je ne sentais plus aucune nécessité intérieure de participer à une guerre qui n'était plus, comme elle m'avait paru être au début, une guerre de paysans affamés contre les propriétaires terriens et un clergé complice des propriétaires, mais une guerre entre la Russie, l'Allemagne et l'Italie.

J'ai reconnu cette odeur de guerre civile, de sang et de terreur que dégage votre livre ; je l'avais respirée. Je n'ai rien vu ni entendu, je dois le dire, qui atteigne tout à fait l'ignominie de certaines des histoires que vous racontez, ces meurtres de vieux paysans, ces "ballilas" faisant courir des vieillards à coups de matraques. Ce que j'ai entendu suffisait pourtant. J'ai failli assister à l'exécution d'un prêtre ; pendant les minutes d'attente, je me demandais si j'allais regarder simplement, ou me faire fusiller moi-même en essayant d'intervenir ; je ne sais pas encore ce que j'aurais fait si un hasard heureux n'avait empêcher l'exécution.

Combien d'histoires se pressent sous ma plume... Mais ce serait trop long ; à quoi bon? Une seule suffira. J'étais à Sitgès quand sont revenus, vainqueurs, les miliciens de l'expédition de Majorque. Ils avaient été décimés. Sur quarante jeunes garçons partis de Sitgès, neuf étaient morts. On ne le sut qu'au retour des trentes et un autres. La nuit même qui suivit, on fit neuf expéditions punitives, on tua neuf fascistes ou soi-disant tels, dans cette petite ville où, en juillet, il ne s'était rien passé. Parmi ces neuf, un boulanger d'une trentaine d'années, dont le crime était, m'a-t-on dit, d'avoir appartenu à la milice des "somaten" ; son vieux père, dont il était le seul enfant et le seul soutien, devint fou. Une autre encore : en Aragon, un petit groupe international de vingt-deux miliciens de tous pays prit, après un léger engagement, un jeune garçon de quinze ans, qui combattait comme phalangiste. Aussitôt pris, tout tremblant d'avoir vu tuer ses camarades à ses côtés, il dit qu'on l'avait enrôlé de force. On le fouilla, on trouva sur lui une médaille de la Vierge et une carte de phalangiste ; on l'envoya à Durruti, chef de la colonne, qui, après lui avoir exposé pendant une heure les beautés de l'idéal anarchiste, lui donna le choix entre mourir et s'enrôler immédiatement dans les rangs de ceux qui l'avaient fait prisonnier, contre ses camarades de la veille. Durruti donna à l'enfant vingt-quatre heures de réflexion ; au bout de vingt-quatre heures, l'enfant dit non et fut fusillé. Durruti était pourtant à certains égards un homme admirable. La mort de ce petit héros n'a jamais cessé de me peser sur la conscience, bien que je ne l'aie apprise qu'après coup. Ceci encore : dans un village que rouges et blancs avaient pris, perdu, repris, reperdu je ne sais combien de fois, les miliciens rouges, l'ayant repris définitivement, trouvèrent dans les caves une poignée d'êtres hagards, terrifiés et affamés, parmi lesquels trois ou quatre jeunes hommes. Ils raisonnèrent ainsi : si ces jeunes hommes, au lieu d'aller avec nous la dernière fois que nous nous sommes retirés, sont restés et ont attendu les fascistes, c'est qu'ils sont fascistes. Ils les fusillèrent donc immédiatement, puis donnèrent à manger aux autres et se crurent très humains. Une dernière histoire, celle-ci de l'arrière : deux anarchistes me racontèrent une fois comment, avec des camarades, ils avaient pris deux prêtres ; on tua l'un sur place, en présence de l'autre, d'un coup de revolver, puis, on dit à l'autre qu'il pouvait s'en aller. Quand il fut à vingt pas, on l'abattit. Celui qui me racontait l'histoire était très étonné de ne pas me voir rire.

A Barcelone, on tuait en moyenne, sous forme d'expéditions punitives, une cinquantaine d'hommes par nuit. C'était proportionnellement beaucoup moins qu'à Majorque, puisque Barcelone est une ville de près d'un million d'habitants ; d'ailleurs il s'y était déroulé pendant trois jours une bataille de rues meurtrière. Mais les chiffres ne sont peut-être pas l'essentiel en pareille matière. L'essentiel, c'est l'attitude à l'égard du meurtre. Je n'ai jamais vu, ni parmi les Espagnols, ni même parmi les Français venus soit pour se battre, soit pour se promener - ces derniers le plus souvent des intellectuels ternes et inoffensifs - je n'ai jamais vu personne exprimer même dans l'intimité de la répulsion, du dégoût ou seulement de la désapprobation à l'égard du sang inutilement versé. Vous parlez de la peur. Oui, la peur a eu une part dans ces tueries ; mais là où j'étais, je ne lui ai pas vu la part que vous lui attribuez. Des hommes apparemment courageux - il en est un au moins dont j'ai de mes yeux constaté le courage - au milieu d'un repas plein de camaraderie, racontaient avec un bon sourire fraternel combien ils avaient tué de prêtres ou de "fascistes" - terme très large. J'ai eu le sentiment, pour moi, que lorsque les autorités temporelles et spirituelles ont mis une catégorie d'êtres humains en dehors de ceux dont la vie a un prix, il n'est rien de plus naturel à l'homme que de tuer. Quand on sait qu'il est possible de tuer sans risquer ni châtiment ni blâme, on tue ; ou du moins on entoure de sourires encourageants ceux qui tuent. Si par hasard on éprouve d'abord un peu de dégoût, on le tait et bientôt on l'étouffe de peur de paraître manquer de virilité. Il y a là un entraînement, une ivresse à laquelle il est impossible de résister sans une force d'âme qu'il me faut bien croire exceptionnelle, puisque je ne l'ai rencontré nulle part. J'ai rencontré en revanche des Français paisibles, que jusque-là je ne méprisais pas, qui n'auraient pas eu l'idée d'aller eux-même tuer, mais qui baignaient dans cette atmosphère imprégnée de sang avec un visible plaisir. Pour ceux-là je ne pourrai jamais avoir à l'avenir aucune estime.

Une telle atmosphère efface aussitôt le but même de la lutte. Car on ne peut formuler le but qu'en le ramenant au bien public, au bien des hommes - et les hommes sont de nulle valeur. Dans un pays où les pauvres sont, en très grande majorité, des paysans, le mieux-être des paysans doit être un but essentiel pour tout groupement d'extrême gauche ; et cette guerre fut peut-être avant tout, au début, une guerre pour et contre le partage des terres. Eh bien, ces misérables et magnifiques paysans d'Aragon, restés si fiers sous les humiliations, n'étaient même pas pour les miliciens un objet de curiosité. Sans insolences, sans injures, sans brutalité - du moins je n'ai rien vu de tel, et je sais que vol et viol, dans les colonnes anarchistes, étaient passibles de la peine de mort - un abîme séparait les hommes armés de la population désarmée, un abîme tout à fait semblable à celui qui sépare les pauvres et les riches. Cela se sentait à l'attitude toujours un peu humble, soumise, craintive des uns, à l'aisance, la désinvolture, la condescendance des autres.

On part en volontaire, avec des idées de sacrifice, et on tombe dans une guerre qui ressemble à une guerre de mercenaires, avec beaucoup de cruautés en plus et le sens des égards dus à l'ennemi en moins. Je pourrais prolonger indéfiniment de telles réflexions, mais il faut se limiter. Depuis que j'ai été en Espagne, que j'entends, que je lis toutes sortes de considérations sur l'Espagne, je ne puis citer personne, hors vous seul, qui, à ma connaissance, ait baigné dans l'atmosphère de la guerre espagnole et y ait résisté. Vous êtes royaliste, disciple de Drumont - que m'importe? Vous m'êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d'Aragon - ces camarades que, pourtant, j'aimais.

Ce que vous dites du nationalisme, de la guerre, de la politique extérieure française après la guerre m'est également allé au coeur. J'avais dix ans lors du traité de Versailles. Jusque-là j'avais été patriote avec toute l'exaltation des enfants en période de guerre. La volonté d'humilier l'ennemi vaincu, qui déborda partout à ce moment (et dans les années qui suivirent) d'une manière si répugnante, me guérit une fois pour toutes de ce patriotisme naïf. Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celles qu'il peut subir. Je crains de vous avoir importuné par une lettre aussi longue. Il ne me reste qu'à vous exprimer ma vive admiration.

S. Weil.

Mlle Simone Weil,
3, rue Auguste-Comte, Paris (VIème).

 

P.s. : C'est machinalement que je vous ai mis mon adresse. Car, d'abord, je pense que vous devez avoir mieux à faire que de répondre aux lettres. Et puis je vais passer un ou deux mois en Italie, où une lettre de vous ne me suivrait peut-être pas sans être arrêtée au passage."

Simone Weil – « Lettre à Georges Bernanos 1938 » - in "Bulletin des amis de Georges Bernanos", repris dans "Ecrits historiques et politiques", Gallimard et dans "Œuvres", Quarto Gallimard.


Simone Weil

 

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14/06/2010

05-James Brown: "Prisoner of love" (1963) , à propos de "La femme modèle" (Designing woman), de Vincente Minnelli (1957)

=--=Publié dans la Catégorie "Une Chanson, Un Film, par The Reverend..."=--=

Bingo ! C’est ce cher Patrick Brion, la voix du "Cinéma de Minuit", qui me confirme ce que je devinais, dans son gros bouquin consacré à Minnelli : à l’origine, c’est James Stewart qui devait jouer le rôle de Gregory Peck.
Jamais trop aimé l’homme au nom de lessive, espèce de grand échalas qui n’a jamais eu la gaucherie poétique de Gary Cooper ( « …l’homme le plus beau du monde…personne n’osait aborder l’homme le plus beau et le plus célèbre du monde, la vraie bête qui, en ouvrant une porte, paraissait toujours vouloir la dégonder. » J-B POUY in « Je hais le cinéma »), et qui a réussi à plomber un film de Hitchcock (Spellbound) par son jeu empesé et emprunt de psychologie.

Un démocrate bon teint, quoi, une espèce de socialiste, un Yves Montand sans les claquettes.

Mais, bon, il est honorable dans ce film, et après tout, sa balourdise sert bien le propos minellien du moment, à savoir que les hommes sont seulement des marionnettes entre les mains des femmes.
Et autour d’elles, ça défile : journaliste sportif célèbre, producteur de revues, rédac-chef, boxeur sonné, tout ce beau monde s’agite vainement et parle pour rien, tandis que les femmes attendent la fin de l’histoire, c'est-à-dire le pugilat terminal, remporté gracieusement et sans équivoque par le chorégraphe soupçonné (évidemment) d’homosexualité, et qui s’avère être le personnage qui relie ces deux mondes : il sait parler aux femmes et peut aussi clouer le bec aux hommes.

Mais trêve d’analyse (?), il y a des stars (Lauren Bacall, et son maillot de bain jaune, la couleur préférée de Minnelli), des dialogues brillants, du comique de situation (Maxie Stulz, boxeur demeuré qui irradie le film de sa gentille bêtise), un Gregory Peck presque brillant, et le tout en Cinémascope.
Alors finalement ça vaut bien un film de gladiateurs, non ?

PS: « Body and soul » eut été certes un titre parfait pour illustrer ce film.
Mais, au final, on lui préférera le traitement qu’inflige James Brown au sirupeux « Prisoner of love » de Perry Como, transformant un caramel mou en un sucre d’orge enivrant.
Ce qui ressemble fort au bouleversement des valeurs qu’opère Minnelli : désir, amour, sexe et fantasmes chamboulent les règles du monde des hommes.

 

 

podcast
James Brown : "Prisoner of Love" (1963).mp3

 

Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...

Merde d'artiste

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=

« Il n’est pratiquement plus nécessaire, au stade ou nous en sommes arrivés, d’attaquer l’art dit contemporain et les prétendus artistes qui, par leur désoeuvrement leur nombre et leur aigreur, lui fournissent encore ce qu’ils croient être un semblant d’existence. Ceux-ci, désormais, se détruisent d’eux-mêmes en avouant leur soumission à l’ordre du néomonde, comme activité supérieure à celle d’artiste (sans doute aussi celle-là est-elle plus rentable que celle-ci) ; et ils pourraient tous, à quelque « discipline » qu’ils appartiennent, proclamer comme ce musicien d’un groupe breton : "Avant d’être des musiciens, on est des citoyens" ; Il suffit d’imaginer une phrase pareille dans la bouche de Mozart, de Rodin, de Giotto, de Haydn ou de Cézanne pour avoir de quoi rire jusqu’à l’an 3000 ; on peut très bien imaginer son équivalent, en revanche, dans la bouche d’un artiste réaliste socialiste de l’époque stalinienne. »

Philippe Muray, Après l’Histoire, Gallimard 2000

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13/06/2010

Ashes of a hero - Rolling Stones, Live 1976 à Paris

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

 

Petit complément indispensable à l'album officielle de la tournée de 1976, "Love You Live", ici, bien que le son ne soit pas de qualité première, nous trouvons les dernières flamboyances sombres et assassines d'un ange déchu : Keith Richards. Défoncé jusqu'à la moelle, il joue pour survivre. Durant les concerts de Paris, donnés aux Abattoirs, il a appris la mort de son fils Tara, âgé d'à peine trois mois. Lui et sa compagne d'alors, Anita Pallenberg, mettront du temps à s'en remettre, mais Keith tiendra sa place sur scène en serrant les dents jusqu'à la fin de la tournée, le 23 juin 1976 à Vienne.

Hey Negrita.mp3

Ain't too Proud to Beg.mp3

Fool to Cry.mp3

Starfucker.mp3

Hand Of Fate.mp3

Angie.mp3

 

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12/06/2010

04-The Morlocks: "Nightmares" (2008) , à propos de "La machine à explorer le temps", de George Pal (1960)

=--=Publié dans la Catégorie "Une Chanson, Un Film, par The Reverend..."=--=

Georges est un savant, et il est donc un peu con, comme tous les savants. Sa névrose obsessionnelle à lui, c’est le temps, et en particulier, le voyage dans le temps. En dehors de ça, rien ne compte vraiment pour lui, et il est un peu lent à la détente, question sexe et aventures.

Mais bon, le metteur en scène est un pro, sans génie mais efficace, et lui a oublié d’être con. Par exemple, son héros niaiseux (Rod Taylor, parfait dans le rôle. Souvenez vous, une des rares erreurs de casting de Hitchcock, dans « Les oiseaux »...) étant obsédé par le temps (je vous l’ai déjà dit, je crois), le bon George Pal (c’est son nom, au director) se débrouille pour remplir la baraque du savant de pendules de toutes les tailles, et qui font un boucan d’enfer. Voilà une belle idée de cinéma !

A part ça, c’est donc très bien filmé, très bien éclairé, avec tout le système de production hollywoodien qui sera bientôt mis au rancart, mais encore tout à fait opérationnel ici. C’est dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde, même avec la face de crétin inexpressive de Rod Taylor, qui a au moins le mérite de ne pas être bourrée des tics de l’actor’s studio. En guest, la starlette française du moment, j’ai nommé Yvette Mimieux (!) qui joue sans trop se forcer une attardée mentale. Blonde , donc...

Voilà à coup sûr une version nettement plus excitante que le remake récent de Simon West, que je n’ai même pas vu, c’est vous dire...

En plus, les méchants monstres s’appellent les Morlocks, un super nom de groupe, à bien y réfléchir...
...et ils suppléent avantageusement à l’absence de gladiateurs.

 

podcast
The Morlocks: "Nightmares" (2008).mp3

 

 

Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...

Juan Asensio sur Canal Académie

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 

Merci au commentateur nommé paglop77 de m'avoir signalé ce lien de Canal Académie que je vous mets, à mon tour, en ligne ici. Juan Asensio donne quelques pistes concernant sa démarche de blogueur littéraire.


podcast

23min35sec

 

Je vous rappelle que si vous le désirez, vous pouvez télécharger le fichier mp3 de l'émission en cliquant sur "Podcast".

 

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11/06/2010

The Rolling Stones : Poison Ivy

=--=Publié dans la Catégorie "La Chanson du Jour, par The Reverend..."=--=

podcast

Lux Interior est mort. A priori, pas d'un excés de strychnine, ni d'un accés de fièvre.
Le primitif, l'homme des cavernes qui portait des lunettes de soleil la nuit n'a jamais montré ce qu'il y avait derrière son masque. Il à pris son TV Set sous le bras et traversé la porte verte pour aller rejoindre les jardins magnifiques.
Là-bas, il continue à agiter ses rockin' bones pour faire la mouche humaine sur la Zombie Dance en concourant avec le God Monster.
Sur qu'il sera pour toujours un loup garou adolescent, et qu'il rocke sur la Lune en faisant le Jungle Hop.
Mais ce qui va lui manquer, c'est son idôle vaudou.
Celle pour et avec qui il à tout fait par amour.

Poison Ivy, seule, toute seule...

(Dédié à Alain Feydri, auteur de "Les Cramps - Pour l'amour d'Ivy").

 

 

Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...

20:31 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Everything off ?

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

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Racines

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=

« Journal allemand "Spiegel" : On pourrait vous opposer tout à fait naïvement ceci : qu’est-ce qu’il s’agit de maîtriser ici ? Car enfin tout fonctionne. On construit toujours davantage de centrales électriques. La production va son train ; Les hommes, dans la partie du monde ou la technique connaît un haut développement, ont leurs besoins bien pourvus. Nous vivons dans l’aisance. Qu’est-ce qu’il manque ici finalement ?

Martin Heidegger : Tout fonctionne, c’est bien cela l’inquiétant, que ça fonctionne, et que le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et que la technique arrache toujours davantage d’hommes à la Terre, l’en déracine ; Je ne sais pas si cela vous effraye ; moi, en tous cas, je suis effrayé de voir maintenant les photos envoyées de la lune sur la Terre. Nous n’avons plus besoin de bombe atomique ; Le déracinement de l’homme est déjà là. Nous ne vivons plus que des conditions purement techniques, ce n’est plus une Terre sur laquelle l’homme vit aujourd’hui…

Journal allemand "Spiegel" : Qui sait si c’est la destination de l’homme d’être sur cette Terre ?

Martin Heidegger : D’après notre expérience et notre histoire humaines, pour autant que je sois au courant, je sais que toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l’homme avait une patrie et qu’il était enraciné dans une tradition… »

Martin Heidegger, Réponses et questions sur l’histoire et la politique, Mercure de France, 1988, p.45,47.


 

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10/06/2010

Ad Hominem

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

« "La mise à l’index est la mise en joue des temps de trève" notait Jules Vallès. La disqualification de l’adversaire par la condamnation morale et la dénonciation édifiante est la méthode de guerre politico culturelle héritée des totalitarismes, ou l’on retrouve l’esprit Robespierriste- éliminer l’adversaire au nom du Bien, de la Raison, du Progrès, des Lumières ou de la Révolution. Il s’agit de faire de l’adversaire un criminel, un "scélérat", un "ennemi du peuple", un "salaud", en lui appliquant une épithète injurieuse choisie dans un court répertoire : "fasciste", "raciste", "sioniste", "réac", récemment enrichi par "islamophobe", "homophobe" et "néoréac" ».
Pierre-André Taguieff, Les contre-réactionnaires, Denoel 2007

 

 

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07/06/2010

DENNIS HOPPER : créer ou crever

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=


Merci à Bro' Vince de m'avoir signalé ces liens Dailymotion... Il y a un décalage entre l'image et le son mais je conseille aux apprentis artistes de regarder, néanmoins, ce parcours de la vie de Dennis Hopper de bout en bout.

J'aime particulièrement l'introduction de l'émission par Dennis Hopper lui-même lors d'un de ses cours où il annonce clairement que l'Art n'est pas démocratique : "Si on vous empêchait de créer, de jouer ou de peindre, ou d'exercer votre besoin créatif, est-ce que vous en mourriez ? Si la réponse est 'oui' alors votre place est nulle part ailleurs. La création est votre salut, votre raison d'être. Et si la réponse est 'non', alors par pitié, arrêtez de créer, ne créez rien, vivez une vie raisonnable et responsable et soyez heureux. Sachez apprécier ce que les autres créent mais ne mélangez pas les deux. Parce qu'un créateur crée et c'est tout."


Partie 1/6

 



Partie 2/6

 



Partie 3/6

 



Partie 4/6

 



Partie 5/6

 



Partie 6/6

 

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06/06/2010

Quelle est cette blancheur, là-haut, sur le mont Šar ?

=--=Publié dans la Catégorie "Serbie... Ô ma Serbie..."=--=


Pour poursuivre un peu cette exploration des vieilles chansons serbes, demeurons en compagnie du groupe Belo Platno avec cette chanson originaire du Kosovo tout comme celle que je vous avais proposé hier et construite selon un procédé identique. A nouveau la chanteuse pose une question qui donne son titre à la chanson : "Quelle est cette blancheur, là-haut, sur le mont Šar ?" L'observateur est interloqué et nous emmène dans son questionnement.

Quelle est cette blancheur, là-haut, sur le mont Šar ?
Est-ce la neige ou un troupeau de moutons ?
Ca n'est ni la neige ni un troupeau de moutons.
La neige fonderait et le troupeau ne pourrait que se défaire
C'est Milka qui a dressé une tente
Et sous sa tente Milka s'est couchée en deuil
Car son frère a été capturé par les turcs
Capturé puis pendu

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05/06/2010

Le Turc s'est saisi de moi et veut m'emmener dans la ville du Sultan.

=--=Publié dans la Catégorie "Serbie... Ô ma Serbie..."=--=

Le groupe Belo Platno (Toile Blanche) fait revivre les anciennes chansons de la vieille Serbie et particulièrement du Kosovo, âme du Peuple serbe, point de fondation civilisationnel pour les chrétiens orthodoxes de la région.

Le groupe se nomme "Toile Blanche" car le blanc est le symbole de la pureté. L'enfant qui vient au monde est enveloppé de toile blanche en guise de protection et, une fois mort, l'individu est mis en terre enveloppé également de toile blanche. Entre la venue au monde et le départ hors du monde, la toile blanche accompagne les moments importants de la vie, au moment du baptême, du mariage, de la maladie.

Cette chanson est une complainte de jeune fille enlevée par un turc pour être emmenée à Constantinople. Le texte est construit selon un principe traditionnel très courant dans la musique populaire des Balkans. Les premières strophes posent une série de questions : Pourquoi es-tu si triste ? Pourquoi ce désordre dans tes cheveux ? Pourquoi ce visage désemparé ? Et toutes ces questions trouvent une réponse dans la strophe finale : "Le Turc s'est saisi de moi et veut m'emmener dans la ville du Sultan."

 

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02/06/2010

Attriste-toi Zara, attristons-nous ensemble

=--=Publié dans la Catégorie "Serbie... Ô ma Serbie..."=--=

Vieille chanson, d'un vieux peuple qui durant 5 siècles d'oppression ottomane ne s'est jamais soumis, ni au turc et encore moins à l'islam.

Le texte est un voeu d'amour d'un homme qui part au combat, un voeu d'amour par-delà la mort. Il dit en substance :

Attriste-toi Zara, attristons-nous ensemble car nous allons nous séparer
Toi de moi, moi de toi, et je vais partir si loin
Je vais partir si loin, si loin de la blanche Vranïa
Je vais m'engager dans les Comitadjis, un jeune comitadji dans les comitadis
Je prendrai un sabre royal et toutes ces armes royales
et me rendrai loin à Ptchinïa
Et franchirai les vastes eaux du Vardar
Pour combattre les turcs et les arnautes.

Attriste-toi, pleure, attristons-nous. Car quand le soleil brillera
Penses-y comme d'un don de Dieu
Tu sauras que le soleil, alors, sera mon pâle visage
Sache qu'il sera mon pâle visage.

Quand le Vent soufflera
Penses-y comme d'un don de Dieu
Et dis-toi alors que ce sera ma tendre âme

Quand la rosée surgira
Penses-y comme d'un don de Dieu
Mais tu pourras dire que ce sont mes larmes

Si un clip musical équivalent, avec un texte pareil et des images semblables était fait en France, par un groupe vocal français chantant de très vieilles chansons d'antant, mémoire d'un peuple et de son Histoire, relatant, que sais-je ?, mettons la Guerre de Cent ans et l'oppression anglaise, ou (pour déranger d'avantage) l'exploit d'un certain Charles Martel en l'an de grâce 732, je prends le pari qu'il serait aussitôt traité de groupe fasciste par tous nos crétins bien-pensants...

 

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30/05/2010

Dennis Hopper est mort ! Et merde !

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=


17 Mai 1936 - 29 Mai 2010

 

Dennis Hopper est mort ! Et merde ! Je le revois en reporter-photographe halluciné dans "Apocalypse Now" ! Je le revois en motard défoncé sous LSD dans "EASY RIDER" ! Je le revois en psychopate criminel dans "Blue Velvet". Je le revois au début des années 80 en train de tenir un discours qui a emmerdé plus d'un démocrate américain en même temps que plus d'un gôchiste zéropéen et il n'a jamais lâché l'affaire face aux dégarnis du bulbe pouilleux qui avaient des comptes à lui réclamer... au nom de la LIBERTE bien entendu. Tous ces merdeux de Gauche qui ne parviennent pas à comprendre que la Liberté dont ils ont l'outrecuidance de se réclamer (les pauvres blaireaux) ne peut être appliquée par un système où l'ETAT serait le seul garant des libertés qui leurs tiennent tant à coeur ! Mais laissons- les se décomposer comme de la merde au soleil. Je suis épuisé d'avoir à rendre des comptes à ces pouilleux, ces moins que rien qui se justifient avec les moyens du bord et qui parviennent à attirer à eux les sympathies mobilisatrices alors que le bon sens se retrouve à patauger dans la semoule pour le plaisir des ces fientes de mouettes qui n'ont pas la moindre envergure.

Je t'aime Dennis, par delà la Mort qui est la tienne ! Tu avais des couilles de boeuf ! Comme Joe Perry, tu annonçais la couleur et tu n'en avais pas grand chose à foutre des donneurs de leçons, des moralistes que t'envoyais se faire foutre ! T'étais une inspiration, une sacrée gueule d'Outsider au milieu d'un tas de couchés-là qui voulaient juste se faire bien voir. Sur ta moto dans Easy Rider tu faisais chier les bien-pensants de l'Amérique Profonde puis, les années aidant, tu t'en allais lâcher tes pets de matador au nez des descendants des agoras de Berkley, tous ces fumeurs de joints qui n'ont jamais étreint l'absolue nécessité que tu ne connaissais que trop bien, tous ces enfants gâtés qui croient comprendre le peuple, le bas de l'échelle et qui ne sont que des enfants de bourgeois qui ne sentent ni sous les aisselles ni dans leurs fonds de slips. Pitoyable comédie sartrienne.

Et puis voilà le fond de la question : comme cela a été dit chez ILYS, depuis plus de 30 piges t'étais devenu Conservateur... la belle affaire. Revenu de tout, des errances de came, de sexe, d'expériences diverses que seuls les déjantés psychédéliques savent saisir pleinement tu avais, bien vite, deviné les tenants et les aboutissants de l'existence : nous crevons tous un jour, tout passe et se termine, rien ne vaut la peine de rien, tout vaut la peine de tout, rien n'est important et, du coup, tout l'est... alors autant être Conservateur et préserver ce qui, solidement, nous permet de tenir debout... et laissons les "pets de lapin" (comme les appelait Henry Miller) se dissoudre dans les airs, on ne les retient pas.

Repose en paix frangin ! Rory Gallagher avait une chanson qui portait bien son titre... "Last of the independant"...

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After emerging from rehab in 1980, Hopper became interested in politics. He has said that he was fed up with the direction the country was going under the Democrats and decided that Republicans needed to return to power. He began to espouse feelings of less government and more individual freedom, and joined the Republican party, since he believed they best embodied that philosophy. He voted for Reagan in 1984 and for George H.W. Bush in 1988 and 1992. In 2000, he supported George W. Bush for president and in 2004, he not only voted to re-elect Bush, he donated money to the campaign.

Conservatism in Hollywood :

« The controversy about me, » Hopper said in [a] 2005 interview. « I don’t think it’s going to stop me. However, a lot of people treat me differently, and they do bring it up. I’ll be at a dinner party, and somebody will say, ‘Well, you couldn’t be thinking that …’ And then you realize that everybody at the table is looking at you, and they’re like, ‘You’re kidding! You’re not really for Bush.’ And it goes around the table. It can only stop me from eating, not working. »

source : us conservatives

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Georges-Marc Benamou Crapule Stalinienne !

=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=

Elle est belle la Gôche incarnée encore pitoyablement par quelque raclure de bidet comme Georges-Marc Benamou, cet expert de la délation et de la dénonciation, ce premier d’la classe pour faire l’outragé et le révolté face à la réalité qui, hier soir, sur le plateau d’« On n’est pas couché », a traité Zemmour de « Fasciste » en se réclamant de Georges Clémenceau lorsque Zemmour lui a fait remarquer qu'il utilisait une méthode Stalinienne pour évacuer le débat en l'insultant. Il est beau l’anti-fasciste qui s’était déjà fait remarquer en cassant la gueule à un pauvre Marc-Edouard Nabe débutant ou bien en cirant les pompes à un ancien président socialiste décoré de la francisque, collaborateur du pied droit et résistant du pied gauche durant l'occupation.


Partie 1


Partie 2

Il se réclame de Clémenceau le petit enfoiré haineux et crispé idéologiquement qui ne peut admettre les vérités simples et pleines de bon sens qu'assène Zemmour chaque semaine sur le plateau d’« On n’est pas couché » ? Ah ! Il n'est pas stalinien, dit-il ?

Le 29 janvier 1881 suite à l’interdiction de la pièce « Thermidor » de Victorien Sardou, jugée « antirépublicaine », Georges Clemenceau répond au journaliste Joseph Reinach :

« J’approuve tout de la Révolution : j’approuve les massacres de septembre. J’approuve les noyades de Nantes, les mariages républicains où les vierges accouplées à des hommes, par une imagination néronienne, avant d’être jetées dans la Loire, avaient à la fois l’angoisse de la mort et la souffrance de la pudeur outragée. J’approuve les horreurs de Lyon, où l’on attachait des enfants à la gueule des canons, et les égorgements de vieillards de quatre-vingt-dix ans et de jeunes filles à peine nubiles. Tout cela forme un bloc glorieux et je défends qu’on y touche. Je défends que, sur un théâtre qui dépend de l’Etat, un dramaturge illustre vienne, après plus de cent ans révolus, prononcer une parole de pitié, qui serait un outrage aux mânes augustes de Robespierre et de Marat. » Georges Clémenceau

Fasciste Zemmour ? Georges-Marc Benamou est plutôt une Crapule Stalinienne !

Thanx à l'ami XP from ILYS pour m'avoir fait découvrir cette citation de Clémenceau qui montre très bien la couleur politique de cet assassin en puissance qu'est Benamou.

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25/05/2010

1933, 2010, l'histoire se répète...

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

Grâce à la vigilance de l'ami XP, toujours sur le qui vive, et par l'intermédiaire, donc des allumés d'ILYS nouvelle formule, je suis tombé sur l'information qui suit...

Sont sympas les communistes de monsieur Chavez... Nan, le communisme a mal été appliqué en URSS et dans les pays frères... c'est scandaleux... heureusement que Chavez a une âme noble... il le prouve tous les jours, en faisant le fanfaron durant de longs discours fantaisistes où il s'en prend aux USA à cause de la merde qu'il se traîne au cul... parce que pour un communiste, s'il y a de la misère, des problèmes économiques, c'est toujours la faute de quelqu'un d'autre, jamais la sienne propre...

Nos valeureux nouveaux communistes, non contents de sympathiser avec les islamistes chiites iraniens, ont décidé de s'en prendre aux... juifs... oui oui... nous ne sommes pas en Allemagne en 1933... nous sommes au Vénézuela en 2010...

Mais voyez plutôt... c'est la même connerie crasse qui se reproduit sans cesse...

A part ça... nan... y'a pas de rapprochement rouge/brun/islam... les fins observateurs hallucinent, simplement !

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19/05/2010

Hip-hop Baraka, par PARATEXT

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

Je reprends avec une jubilation non feinte ce texte de l'ami Paratext, dont je suis heureux de voir que son Blog est encore, à l'occasion, alimenté de quelques textes vivaces comme celui-ci. Tout comme le texte d'Ygor Yanka il y a quelques jours, voici une petite lecture vivifiante...

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"Il n'y a pas d'Islam militant et d'Islam modéré. Il n'y a que des variations d'intensité. Les lois coraniques ne peuvent être adoucies que très provisoirement."
"Les musulmans, et pire encore les musulmanes, sont les premières victimes de l'Islam."
Maurice G. Dantec, American Black Box (2006)

 

Si aujourd'hui nos concitoyens sont occupés à se faire la "guerre des bisous" via email box et à organiser des kiss-in devant Notre-Dame, on peut en déduire que, d'une certaine manière, l'heure est grave. Le Marché s'adresse à leur rebellitude : "Smart has the brains, stupid has the balls. Be stupid." Ils obtempèrent allègrement.
Pendant ce temps, le degré d'islamisation de la France et de l'Europe progresse chaque jour un peu plus. "Visibilité des minorités !", rétorquent les conciliateurs, les pacifistes, les ignorants paresseux. A la fois las et goguenard, on serait tenté de ne pas répondre. Pourtant, il faut se faire violence et répéter sans cesse des évidences, en revenir aux faits, se rapporter aux textes. Et témoigner. Je parlerai donc un peu de moi, ma petite personne n'ayant ici d'intérêt qu'en ce qu'elle traverse une époque et peut aujourd'hui en recracher maladroitement quelques calcifications, des cicatrices, d'apparentes vétilles.
Produit naïf et imberbe de l'école française des années 80, qu'une famille d'ouvriers désarmée ne pouvait que laisser se gâter encore plus par l'air vicié du temps, j'ai commencé de m'intéresser à l'islam dans les années 90 : le rap fut le vecteur et la première phase prit la forme d'une séance de séduction post-pubère.
Antisocial, je gardais mon sang froid, et surtout, j'aimais rester au chaud de mes molles convictions de rebelle adolescent. Et l'on sait que sur l'adolescent en rupture, l'attrait des sous-cultures est plus fort que tout. Celles-ci lui confèrent en tout cas l'appareil complet pour se survivre confortablement dans un monde fantasmé et largement binarisé. Fin des années 80, donc, la culture hip-hop (entendons le folklore d'un agrégat de pratiques urbaines venues des quartiers noirs des USA) débarque en France et dans ma chambre de jeune céfran moyen. La conversion est totale, I wish I was Black : petit blanc renvoyé à son faible taux de mélanine et à tout ce qui en découle par les renois et les rebeus que je me mets à côtoyer par antiracisme frondeur, lequel se révèle être au final une mièvre idolâtrie du melting-pot, mon imaginaire est alors proprement colonisé. La mythologie du hip-hop s'imprime progressivement en moi, façonne et reconfigure ma vision du monde, elle contamine et disculpe, oriente et invalide, approuve et tranche, labellise chacun de mes jugements esthétiques, moraux, politiques.
Deux groupes français surnagent alors dans le microcosme hexagonal : les parisiens NTM et les marseillais IAM. Ma préférence ira au second, les lyrics de Philippe Fragione aka Chill aka Akhenaton me semblant atteindre un degré de subtilité, de sophistication, d'humour, et d'érudition inouïs. Sous le joyeux brassage des thèmes abordés, l'afrocentrisme (moins prononcé, peut-être, que le massiliacentrisme) marque le pas. Et si une authentique quête spirituelle semble travailler le bonhomme, c'est notamment par lui, via les rappeurs new-yorkais qu'il fréquente, que Chill ira à l'islam.
Islam. Les phonèmes claquent. I-slam. L'euphonie me plaque. Is-lam ! Nation of Islam. Aux Etats Unis, Public Enemy fait les gros titres : Professor Griff, le "Ministre de l'Information" du groupe et proche de Louis Farrakhan, tient des propos antisémites et antihomos.(1)  L'ampleur de la polémique contraint alors PE à se séparer du martial et embarrassant ministre. A la même époque, le duo Run DMC se convertira. De ce côté-ci de l'Atlantique, l'islam méditerranéen d'Akhenaton aka Abdelhakim apparaît moins sectaire, plus sage, spirituel. Religion des pauvres des banlieues, opprimés, déracinés, non-blancs, l'image de l'islam est avant tout une grosse taffe d'Orient. Dans l'attraction qu'exerce une idée, un concept, un pays, une femme, il ne faut jamais sous-estimer le rôle que peut jouer l'exotisme. L'islam m'était suffisamment exotique pour susciter plus qu'un intérêt de circonstance : il était non seulement un signe distinctif exhibé par une catégorie de personnes aux antipodes de ceux que je me targuais de fuir, mais en outre, ceux qui me fascinaient en faisaient, en l'embrassant de manière ostentatoire, un objet de désir. Ensuite, l'islam, arboré comme étendard contre l'idéologie supposée dominante, me rapprochait de ceux avec qui j'aimais frayer. N'oublions pas qu'il est souvent vécu comme une réaction, une démarche éminemment identitaire. J'aimerais en être, être avec l'Autre, adopter les signes du ralliement, me soumettre afin d'expier ma faute, celle d'être si mal né, de géniteurs au faciès et à l'histoire non-marqués, sans saveur...

Quelques cours d'islamologie plus tard, ingurgités benoîtement sur les bancs de l'université, ma connaissance de l'islam s'étoffait relativement. Mon intérêt n'alla toutefois pas jusqu'à la conversion. Sachant aujourd'hui un peu mieux les "problèmes" rencontrés par l'apostat en islam, je m'en félicite. Enfin, distances prises avec le rap, l'islam disparut de mon horizon pour n'y revenir qu'à la lecture du premier volume du Théâtre des opérations de Dantec.

Aujourd'hui, les rappeurs qui revendiquent leur foi islamique ne sont plus en nombre négligeable. Et ils le font avec toute la diversité de postures dont l'époque puisse rêver : du soufisme d'Abd Al-Malik aux jappements peu amènes des rappeurs du label Din Records, en passant par la Fausse Piété du Spectacle de Diam's, l'image de l'islam irrigue les esprits d'un large et jeune public. Il est à craindre que la modernité et lui soient faits pour s'entendre.
L'islam séduit, il est le tentateur, il est la solution, il est le mode d'emploi, il est conservateur-révolutionnaire, ce "communisme du désert"... Il est l'effluve doux et épicé du mystique, il est la conscience tranquille du voyou, il est la rédemption du mauvais garçon, il est l'anti-France-moisie, il est l'effaceur de l'Occident, il est le barbu austère, la caillera nihiliste, le jeune cadre rationnel, la chercheuse en biologie moléculaire, l'écrivain humaniste, la collègue sympathique. Il est l'instrument, le ralliement, l'événement. Le bon, la brute, le truand. Le vilain terroriste et le bon musulman.
Faudra-t-il choisir entre deux clichés, le musulman modéré et l'islamiste intolérant ? Le sort réservé au désormais fameux imam de la mosquée de Drancy, Hassen Chalgoumi, par ses correligionnaires moins enclins à l'entente judéo-islamique donne une petite idée des conflits inter-musulmans qui attendent de s'épanouir sur les terres de la vieille Europe. L'islam n'est pas monolithique, et c'est une de ses armes les plus effilées : s'il n'était qu'un, homogène, démontrer sa nocivité serait à la portée du premier militant bas-du-front venu. Il est au contraire protéiforme et tire sa force de ses conflits internes, des tensions qui l'animent, le principal étant d'occuper l'espace au maximum.
Evidemment, s'opposer efficacement à la propagation de l'islam nécessite de se démarquer du ressentiment ou de la haine, se désolidariser de tout racisme, moteur inavouable de certains opposants à l'islam et chef d'accusation anathème préféré de l'idiot utile et du désinformateur. Il faut patiemment diffuser, en s'adaptant à notre auditeur pour ne pas heurter les réflexes conditionnés par l'antiracisme dogmatique, les connaissances de base et les faits significatifs. Nous n'avons aucune prise sur l'évolution démographique de la France : si certaines portions du territoire sont islamisées de fait, et qu'on peut donc considérer que le ver est irrémédiablement dans le fruit, un peuple connaissant son ennemi sera peut-être capable de se battre.

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(1) Pour une histoire détaillée de la Nation of Islam sur internet, voir www.racismeantiblanc.bizland.com/noi/index.htm

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18/05/2010

Le Choc des Civilisations - II

=--=Publié dans la Catégorie "Brèves"=--=

 

Trouvé chez Le Plouc-émissaire également...

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Le Choc des Civilisations

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Trouvé chez Le Plouc-émissaire...

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17/05/2010

R.I.P. : Ronnie James Dio (1942-2010)

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

Ronnie James Dio luttait contre un cancer de l'estomac depuis plusieurs mois. Les dernières nouvelles étaient plutôt encourageantes. Mais il est décédé hier à l'âge de 67 ans. Il a été une des plus grandes et des plus belle voix du Hard Rock et du Heavy Metal et un des très rare chanteur à n'avoir rien perdu de sa superbe. C'est lui qui a popularisé le fameux et fumeux signe du diable, repris par toute une flopée d'adolescents en proie aux irruptions d'acné pour indiquer, sous moults beuglements arrosés de bière, combien ils sont rebelles au bon Dieu, à la société, à la famille et j'en passe. Il n'empêche, Ronnie James Dio avait une voix unique et son répertoire était parsemé de quelques textes plutôt intelligents.

 

Avec le Groupe Rainbow en 1976 : Stargazer

High noon
Oh I'd sell my soul for water
Nine years' worth
Of breakin' my back
There's no sun in the shadow of the wizard
See how he glides
Why he's lighter than air
Oh I see his face

Where is your star
Is it far, Is it far, is it far
When do we leave
I believe, yes, I believe

* In the heat and the rain
With whips and chains
Just to see him fly
So many die

We built a tower of stone
With our flesh and bone
Just to see him fly
Don't know why
Now where do we go

Hot wind moving fast across the desert
We feel that our time has arrived
The world spins while we put his wing together
A tower of stone to take him straight to the sky
Oh I see his face

Where is your star
It is far, is it far, is it far
When do we leave, yeah
I believe, I believe

*

All eyes see the figure of the wizard
As he climbs to the top of the world
No sound as he falls instead of rising
Time standing still
Then there's blood on the sand
Oh I see his face

Where was your star
Was it far, was it far
When did we leave
We believe, we believe, we believe

In the heat and rain
With whips and chains
To see him fly
So many die
We built a tower of stone
With out flesh and bone
To see him fly
But why, it don't rain
With all our chains,
Did so many die
Just to see him fly
Look at my flesh and bone
Now look, look, look, look
Look at this tower of stone
I see a rainbow rising
Look there on the horizon
And I'm coming home
Coming home, I'm coming home

Time is standing still
He gave me back my will
Oh, oh, oh, oh
Going home
I'm going home
My eyes are bleeding
And my heart is weeping
We still hope, we still hope, oh
Take me back
He gave me back my will
Oh, oh, oh, oh
Going home
I'm going home
My eyes are bleeding
And my heart is weeping
We still hope, we still hope, oh

Take me back, take me back
Back to my home, oh, oh...

Avec le Groupe Black Sabbath en 1980 : Heaven and hell

Sing me a song, you're a singer
Do me a wrong, you're a bringer of evil
The devil is never a maker
The less that you give, you're a taker
So it's on and on and on, it's heaven and hell, oh well

The lover of lifes not a sinner
The ending is just a beginner
The closer you get to the meaning
The sooner you'll know that you're dreaming
So it's on and on and on, oh it's on and on and on
It goes on and on and on, heaven and hell
I can tell, fool, fool!

Well if it seems to be real, it's illusion
For every moment of truth, there's confusion in life
Love can be seen as the answer, but nobody bleeds for the dancer
And it's on and on, on and on and on....

They say that lifes a carousel
Spinning fast, youve got to ride it well
The world is full of kings and queens
Who blind your eyes and steal your dreams
Its heaven and hell, oh well
And they'll tell you black is really white
The moon is just the sun at night
And when you walk in golden halls
You get to keep the gold that falls
Its heaven and hell, oh no!
Fool, fool!
Youve got to bleed for the dancer!
Fool, fool!
Look for the answer!
Fool, fool, fool!

 

Avec son Groupe, DIO en 1983 : Don't Talk to Strangers

Don't talk to strangers
'Cause they're only there to do you harm
Don't write in starlight
'Cause the words may come out real

Don't hide in doorways
You may find the key that opens up your soul
Don't go to heaven
'Cause it's really only hell

Don't smell the flowers
They're an evil drug to make you lose your mind
Don't dream of women
'Cause they only bring you down

Hey you, you know me, you've touched me, I'm real
I'm forever the one that lets you look and see and
Feel me
I'm danger - I'm the stranger

And I, I'm darkness, I'm anger, I'm pain
I am master
The evil song you sing inside your brain
Drive you insane
Don't talk

Don't let them inside your mind, yeah
Run away, run away, go!

No - no

Don't let them in your mind
Protect your soul

Don't dance in darkness
You may stumble and you're sure to fall
Don't write in starlight
'Cause the words may come out real

Don't talk to strangers [Don't talk to strangers]
'Cause they're only there to make you sad
Don't dream of women
'Cause they'll only bring you down
Yeah

Run, run, run, run away!

Avec le Groupe "Heaven & Hell" en 2009 : Bible Black

At last alone, his fire's dying
Burned another day
Now to pretend
And make up an ending
Somewhere far away

He reached for a book all bound in leather
Something that he knows he's never read
And the first page says beware you've found the answer
The next one says I wish that you were dead!

Don't go on, put it back
You're reading from the Bible Black!

What's this word I see
Who are you and who are me
Maybe I just stumbled in the dark

I must have been out cold
But the way the story's told
They found me lying naked in the rain... yeah

Let me go I've seen a vision
But the line has left me blind
Take me back
I must have the Bible Black!

Well here I go again
From the start to the end
I wish I could remember what I've done

Now here's another spell
It could take me straight to hell
And I feel I'm getting closer to my home

Let me go I've found addiction
And it makes me feel alive
Take me back
I must have the Bible Black!

He locks himself away and tastes the silence
Hungry for another bite of wrong
And just the words "oh Lord please take me with you"
Took him to a place we don't belong

Let him go!
He can't come back
He's reading from the Bible Black!

So if your fire's dying,
Then what's the use of trying?
I may know another place that you can go

It's hiding in the pages
But you may not come back
You're reading from the Bible Black!

Look away from the sea
I can take you anywhere
Spend a vision with me
A chase with the wind

Move closer to me
I can make you anyone
I think you're ready to see
The gates to babylon
The power of what has been before
Rises to trap you within
A magic carpet ride a genie maybe more
A city of heavenly sin
Sleep with the devil and then you must pay
Sleep with the devil, the devil will take you away
Oh gates of babylon

You can see but you're blind
Someone turned the sun around
But you can see in your mind
The gates of babylon
You're riding the endless caravan
Bonded and sold as a slave
A saber dance removing all the veils
Getting as good as you gave
A saber dance removing all the veils
Getting as good as you gave
Sleep with the devil and then you must pay
Sleep with the devil, the devil will take you away

Look away from the sea
I can take you anywhere
Spend a vision with me
A chase with the wind

Move closer to me
I can make you anyone
I think you're ready to see
The gates of babylon

The power of what has been before
Rises to trap you within
A magic carpet ride a genie maybe more
A city of heavenly sin
Sleep with the devil and then you must pay
Sleep with the devil, the devil will take you away
Black gates of babylon

The devil is me
And I'm holding the key
To the gates of sweet hell
Babylon

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Albert Camus : Les possédés...

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

Albert Camus, dernière figure de la Gauche qui fut intelligente. Sa rupture avec Sartre indique bien les contours de l'intelligence en question. Après Camus la décrépitude est allé en s'agrandissant... et Sartre, vainqueur ordurier idéologique du siècle, continua d'en modeler la mise en scène et les mises au pilori. Après Camus, le Déluge de la Connerie. Mais ici, c'est un grand moment lumineux et clair.

 

Voyez cet article, éventuellement...

 

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16/05/2010

Ils sont tellement de Gauche - (Première partie)

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

Je suis tombé sur cette longue note chez et de Ygor Yanka. Elle est dense, précise, mais accessible, au pied léger, au sourire mi-figue mi-raisin et n'épargne guère nos chers gauchistes qui voient des salauds partout sauf chez eux. Je vous en conseille la lecture, quelles que soient vos opinions, ça vivifie.

 

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IL Y A CECI d’extraordinaire avec les gens de gauche qu’ils ne doutent jamais de leurs idées. Ils ne com­prennent pas, parce qu’ils ne le peuvent pas, ne se remet­tant jamais en ques­tion, que l’on puisse être de droite sans être pour autant un abruti, un beauf et tout ce qu’on vou­dra dans le genre sous-​​développé. Ils n’ont que le mot tolé­rance à la bouche, mais ils ne tolèrent dans les faits que leurs amis poli­tiques. Le reste, ce sont des chiens, des pédo­philes ou des Nazis frus­trés. Un grat­tage de rien du tout à la sur­face de leur très sen­sible épiderme prouve régu­liè­re­ment qu’ils ne sup­portent le débat d’idées qu’entre eux, et sur des points de détail. Pour eux, l’immigration même mas­sive est un bien et cela ne se dis­cute pas. On vou­drait bien savoir pourquoi c’est un bien, sur­tout quand cette immi­gra­tion montre des signes de faible inté­gra­tion, de vio­lence ou de reven­di­ca­tions sans contre­par­tie. On ne le saura pas. C’est un bien et basta ! Pré­tendre débattre d’un tel sujet, ô com­bien sen­sible pour­tant, c’est se pla­cer sur le ter­rain de l’extrême droite, c’est faire son lit. On évacue donc la dis­cus­sion. Qui a l’outrecuidance d’insister sur la néces­sité d’un débat se voit déco­rer des plus belles fleurs de la lan­ci­nante rhé­to­rique de gauche : fas­cisme… nau­séa­bond… heures sombres de notre his­toire… Pétain, etc. Il y a comme ça des dizaines de sujets qu’il est pré­fé­rable d’éviter si l’on ne tient pas à deve­nir le putois de la belle et par­fu­mée assem­blée : l’immigration, l’islam, les États-​​Unis, les homo­sexuels, le pape, l’autorité, la police, les Juifs…

 

À moins que d’être né dans une famille très ancrée à droite, qui n’a pas été, ado­les­cent, jeune homme, natu­rel­le­ment de gauche ? Natu­rel­le­ment, parce que le jeune est tout entier tourné vers l’avenir, lui qui n’a pas encore de mémoire, à défaut de passé, de vécu. À 47 ans, je ne rêve pas d’en avoir 50. Ça vien­dra, mais je ne suis pas pressé. À 15 ans, on rêve d’en avoir 18 pour être majeur, donc libéré de la tutelle paren­tale, et pour pas­ser le per­mis de conduire. À 18 ans, si on pour­suit ses études au-​​delà du Bac, on a hâte de les ache­ver pour entrer dans la vie active, décro­cher le job de rêve, gagner confor­ta­ble­ment sa vie, s’acheter une mai­son, fon­der une famille, bref : s’installer, autre­ment dit durer. C’est alors que le temps vous rat­trape, et la réa­lité. Vous avez 30 ans et vous voici devenu ce que vous exé­criez au temps de l’acné : un bour­geois. Si vous êtes une mule de gauche, vous nie­rez bien entendu être un bour­geois. Ou si vous l’admettez du bout des lèvres, vous vous empres­se­rez d’ajouter qu’en fait, si votre train de vie est celui d’un bour­geois tota­le­ment décom­plexé, vous êtes un rebelle. Ouais, mon vieux. Un rebelle. Et vous l’êtes la plu­part du temps à bas prix. Vous êtes un rebelle parce que vous avez l’indignation facile contre les mêmes cre­vures que toujours : Sar­kozy, le CAC 40, le Vati­can, la police, Israël, etc. Vous signez volon­tiers des péti­tions en faveur des sans-​​papiers (vous n’aimez pas le mot clan­des­tin), des sans-​​abris (vous n’aimez pas le mot vaga­bond), de Cesare Bat­tisti (vous n’aimez pas le mot assas­sin), contre le Nabot (vous n’aimez pas l’expression le pré­sident de la Répu­blique), contre la répres­sion poli­cière (vous n’aimez pas l’expression main­tien de l’ordre public) ; vous êtes de toutes les mani­fes­ta­tions « citoyennes », de toutes les marches blanches et de celles aux cou­leurs plus iri­sées de l’arc-en-ciel, et vous êtes de toutes les fêtes avec bal­lons mul­ti­co­lores, chars cha­mar­rés, sono fra­cas­sante. Un rebelle pur et dur, quoi ! Autour de vous, sauf vos amis, que des mou­tons, quelques porcs, des beaufs, des cons, une armée de fachos. Vous igno­rez à quel point vous êtes pré­vi­sible et conformiste.

Lorsqu’on rêve de s’émanciper de la tutelle fami­liale et éduca­tive, on déteste évidem­ment l’autorité, dont la pre­mière de toutes, celle du père (vous ne savez pas encore que vous serez sans doute un père moins accom­mo­dant que le vôtre), ce père qui vous aime mais ne semble pas vou­loir que vous gran­dis­siez, du moins pas si vite, si bien qu’il vous humi­lie sans le vou­loir, en vous regar­dant comme un enfant alors que vous avez quatre poils au men­ton depuis hier, que votre voix res­semble à celle d’un vilain canard, que vous vous êtes foulé le poi­gnet à force de… hum. Et s’il vous humi­lie, même invo­lon­tai­re­ment, c’est parce qu’il vous déteste, c’est parce qu’il se déteste en vous, c’est parce qu’il a sur vous du pou­voir (vous n’aimez pas le mot res­pon­sa­bi­lité) et for­cé­ment en abuse (vous recon­nai­trez à 35 ans que votre père a été le meilleur père du monde). Vous haïs­sez aussi vos profs qui pré­tendent vous mettre dans le crâne des valeurs rétro­grades (vous n’aimez pas le mot savoir) dont vous n’aurez jamais besoin (mais à 40 ans, sur votre blog, vous publie­rez un émou­vant billet sur M. Char­lier, votre prof de français en sixième, un type bien, un peu sévère, mais juste, un poil auto­ri­taire, mais rien d’excessif, et sur­tout, alors que ça vous fai­sait tel­le­ment chier à l’époque, il avait cet amour bizarre, parce que désuet, pour sa langue qu’il révé­rait et dont il s’échinait, le pauvre, à vous faire aimer les sub­ti­li­tés — vous pré­fé­riez alors le mot com­pli­ca­tion —, non pour vous tour­men­ter, par sadisme, mais pour for­mer votre esprit à la cri­tique, aux nuances lan­ga­gières, à la sen­si­bi­lité, toutes choses au final essen­tielles et grâce auxquelles vous êtes à pré­sent un homme libre, au lieu d’être un citoyen vigi­lant, soit un déla­teur en puis­sance, un col­labo tout entier requis par son obses­sion du monde tel qu’il le rêve, duquel serait banni tout qui ne pense pas comme lui dans le sens du Bon, du Bien, du Juste, de l’Équitable et autres fan­tasmes majus­cu­laires). Oh ! je ne vous fais pas le reproche de vou­loir bien faire, de dési­rer très fort réduire les injus­tices, de réta­blir un peu d’humanité et de poé­sie dans ce monde de banquiers sans scru­pules, de tra­ders fous, de bour­si­co­teurs fré­né­tiques, de com­merçants avides, de pol­lueurs, d’exploiteurs des res­sources humaines et natu­relles (sinon, je suis de votre côté, sauf que je vous déteste). Je vous fais le reproche de vou­loir à toute force que la réa­lité épouse vos désirs, alors que, si, adulte, j’ai com­pris quelque chose de la vie, c’est que la domi­nait irré­duc­ti­ble­ment un prin­cipe duquel j’ai appris à tenir compte toujours, même quand cela me contra­rie : la réa­lité, votre chère enne­mie. Je com­pose avec la réa­lité, non contre elle. Elle peut certes m’agacer jusqu’au point d’ébullition, mais je ne la nie jamais. Je parle de la réa­lité dans les faits, et de l’homme dans sa nature. Il n’existe pas « d’homme bon par nature » et que la société aurait cor­rompu. La société a ses tra­vers, mais c’est elle qui nous civi­lise. Un homme seul, sorti de la société, même né bon, c’est un sau­vage ; il n’est pas méchant, mais cruel. Il ne connait pas la pitié, l’altruisme, la cama­ra­de­rie ; s’il vous croise dans son bois, il n’aura de poli­tesse à votre égard que celle de vous chas­ser (au mieux), de vous tuer (au pire) à des fins gas­tro­no­miques s’il n’a pas appris à chas­ser (et qui le lui aurait appris, avec un père fonc­tion­naire ?). Je plains les hommes, glo­ba­le­ment médiocres, col­lec­ti­ve­ment sots, voire mau­vais — mais j’en suis un et je ne nie pas le fond de ma propre nature. Et si je rêve aussi par­fois d’une huma­nité moins bru­tale et plus modeste, je ne pousse pas jusqu’au cau­che­mar de la vou­loir sous la forme ailée des anges. Aux anges je pré­fère les bar­bares ; aux mou­tons, les loups ; aux poètes lyriques, les guer­riers ; aux voyous, les flics ; à l’étranger, mon com­pa­triote — sans que cela veuille dire que je sois xéno­phobe (je vis à l’étranger, et ma tant chère femme est du pays où je vis). Vous n’aimez dans l’humanité que son bon côté, quand elle opine comme vous. Je l’aime pour son ambi­va­lence. L’ambivalence est une richesse, un tout. Vous n’acceptez pas l’homme tel qu’il est pour­tant. Vous sou­hai­tez l’appauvrir en l’amputant de ses gan­grènes. Voilà ce qui nous dif­fé­ren­cie, et c’est ainsi que je ne puis être de gauche, bien que je sois pro­gres­siste socia­le­ment, et peut-​​être davan­tage que vous, puisque j’ai toujours su res­ter pauvre.

Notre ado­les­cent, notre jeune homme déteste donc natu­rel­le­ment toute forme d’autorité, tout pou­voir (tout pou­voir est pour lui un abus de pou­voir). Les patrons ne sont pas des res­pon­sables ni des gérants d’entreprises, mais des exploi­teurs éhon­tés. Les juges et le pou­voir poli­tique marchent main dans la main, même quand ils s’opposent. Ne par­lons pas du pou­voir spi­ri­tuel, sur­tout s’il émane de Rome : un syn­di­cat de défense des prêtres pédo­philes, un lobby pour la pro­pa­ga­tion du sida. Les poli­ciers ne sau­raient pré­tendre à main­te­nir l’ordre public, vu qu’ils sont eux-​​mêmes des fau­teurs de troubles ; et des racistes, toujours (sauf l’inspecteur N’Guma). Tous des Ton­tons Macoutes, au vrai. Ces hargnes mal arti­cu­lées contre l’autorité (auto­rité n’est pas un gros mot, pas plus que père, pro­fes­seur, patron, député, juge, prêtre ou poli­cier) cachent en fait, plu­tôt mal, une souf­france : celle de n’être qu’un fils, un élève, un employé, un admi­nis­tré, un pré­venu, etc., dans un monde où cha­cun rêve d’exercer son propre pou­voir, à petite ou grande échelle. Notre ado­les­cent rage de n’avoir que bien peu de droits pour beau­coup de devoirs, mais dès qu’il est en mesure de com­man­der à son tour, il ordon­nera, et il fau­dra qu’on lui obéisse, sous peine de puni­tion. La pre­mière vic­time de ce « mar­tyr » deve­nant « bour­reau » sera sou­vent son jeune frère, un plus faible que lui, une quel­conque fille un peu rétive à son art mal­ha­bile de séduire ( «Viens me sucer, connasse ! »). S’il pousse son nou­veau vice jusqu’à la tyran­nie, il s’exonèrera de toute res­pon­sa­bi­lité (et donc, de tout par­don) en se dési­gnant lui-​​même comme une vic­time (de son père, de son prof, du curé vio­leur de son enfance, de son patron, du flic qui, alors qu’il ne fai­sait que…, etc.). Une vic­time, n’est-ce pas, ça n’a que des droits. Venant d’une vic­time, tout mal est moindre, tout péché véniel. À ce tarif-​​là, il faut excu­ser Hit­ler et acca­bler ceux qui ne virent en lui qu’un peintre médiocre. Avoir souf­fert, souf­frir, n’est en aucun cas une rai­son. C’est d’intelligence que le monde a besoin, non de com­pas­sion envers les sem­pi­ter­nels grin­cheux à qui la vie semble ne jamais sou­rire, parce qu’il est plus confor­table d’être plaints que d’agir.

Nous sommes bien là dans une vision gau­chie de la société : une société unique­ment com­po­sée d’oppresseurs et d’opprimés, de riches et de pauvres, d’exploiteurs et d’exploités, de loups et d’agneaux, etc. Comme s’il n’y avait dans la vie que des géants et des nains ! Comme s’il n’existait pas d’hommes de taille moyenne, d’ouvriers épanouis, de patrons bien­veillants, de juges intègres, de poli­ti­ciens hon­nêtes, de poli­ciers prévenants !

Le jeune homme, qui vient d’arriver sur Terre et dont la mémoire se borne à trois sou­ve­nirs vieux du mois passé, est pressé d’étreindre l’avenir ; il est opti­miste et arro­gant. Le passé, tout ce qui date d’avant lui, doit dis­pa­raitre. Les vieux (pour un gamin, je suis un vieux) doivent s’effacer, se taire ; au mieux ils radotent, au pire ils déconnent. Ils sont rin­gards et rétro­grades, nous gonflent avec leurs sou­ve­nirs du temps de Mathu­sa­lem et leurs constants rap­pels du « bon vieux temps », à quoi ils opposent une défiance à peu près totale de l’avenir et de la nou­veauté. Pour un jeune homme (le mien est un peu cari­ca­tu­ral, j’en conviens, mais il n’est de por­trait vrai que légè­re­ment forcé), le monde d’avant sa nais­sance ne fait pas par­tie de son his­toire, et les leçons que ses parents en tirent ne sont pas per­ti­nentes pour lui — inutile donc de le bas­si­ner avec des « conne­ries » d’un autre âge. La nos­tal­gie ne l’atteint pas, ni l’ennui. Un rien le diver­tit, il court au plus futile. Sa vie n’est tel­le­ment rien encore qu’il la risque volon­tiers, et risque par­fois celles des autres, par ivresse juvénile.

Notre sémillant jeune homme est sym­pa­thique et tolé­rant. N’ayant connu d’époques que celle qu’il vit pré­sen­te­ment, il ne peut com­pa­rer hier et aujourd’hui pour se livrer à la réflexion que, déci­dé­ment, le monde a bien changé, en pire ; tout va plus vite, trop vite — tel­le­ment vite qu’on peine à suivre. On construi­sait jadis pour des cen­taines d’années ; on ne construit plus que de hideux et très éphé­mères bâti­ments sans âme, pure­ment fonc­tion­nels. Les hommes jadis se saluaient ; ils se bous­culent et s’invectivent, pour des queues de cerises. Les femmes jadis ne nous jetaient pas comme désor­mais leurs sexes à la figure ; elles étaient modestes et pru­dentes, on les res­pec­tait pour ça. Un télé­phone ne vibrait pas toutes les trente secondes sur la table de notre voi­sin au res­tau­rant, un res­tau­rant où nous pou­vions après le repas fumer ciga­rette, cigare ou pipe sans le tour­ment d’offrir ce fai­sant à nos voi­sins, pour les dix géné­ra­tions à venir, un bataillon de can­cers et de mômes pré­ma­tu­rés ; itou dans les trains, les bureaux, jusqu’aux cou­loirs des hôpi­taux. Nous regar­dions les petites filles avec un peu de concu­pis­cence par­fois, au lieu d’éviter à tout prix, comme main­te­nant, de croi­ser leurs regards, des fois que la folie les pren­drait de voir en nous un pédo­phile et de le crier bien fort, à cause d’un bref sou­rire que nous lui aurions adressé, tant nous la trou­vons char­mante, sous le rap­port de l’enfance ET de la fémi­nité déjà si pré­sente. Nous avons même connu le temps des voi­tures sans cein­tures de sécu­rité, c’est dire si nous datons ! La télé­vi­sion exis­tait, en noir et blanc, puis en cou­leurs ; les ani­ma­teurs manquaient bien un peu de cha­risme, ils ne riaient guère, mais ils ne par­laient point pour ne rien dire et demeu­raient cour­tois, sans se croire tenus d’agresser leurs inter­lo­cu­teurs à coups de ques­tions oiseuses, voire indis­crètes, voire indé­centes ; ils étaient des employés du ser­vice public, non des stars à la tête, à 35 ans, de boites de pro­duc­tion employant qua­rante per­sonnes, avec des salaires à côté desquels ceux des ministres (le sum­mum de la richesse, de mon temps) semblent aussi déri­soires que les cinq sous aban­don­nés par une vieille dame dans la sébile d’un néces­si­teux du voi­si­nage. Et tant de choses qui furent, qui nous furent fami­lières, avec lesquelles nous avons grandi, et que le pro­grès nous a volées. Nous ne les regret­tons pas for­cé­ment, mais elles nous manquent, comme les che­veux lorsque nous les avons per­dus, sans lesquels nous pou­vons vivre tou­te­fois. Elles nous manquent, parce qu’elles étaient de notre temps et que nous étions du leur ; elles ne nous ont jamais paru étranges. Étranges à notre regard, et sus­pects, tous ces objets nou­veaux que la publi­cité nous vante et qui encombrent le monde sans rien appor­ter à l’âme humaine, qui ne sont d’ailleurs nou­veaux, la plu­part du temps, que sur le plan des formes, et dont nous nous pas­se­rions sans peine, dont nous nous las­sons vite, comme d’une ciga­rette après trois bouf­fées. Ce monde de formes et de cou­leurs sans cesse mou­vantes est source d’angoisse pour qui cherche non plus l’agitation et la dis­trac­tion, mais la tranquillité et la concen­tra­tion, voire le recueillement.

Tout ça pour dire ceci, que s’il est natu­rel d’aimer à vingt ans le mou­ve­ment, le bruit, la dis­trac­tion, la nou­veauté, le pro­grès dans les mœurs (je n’associe que mal­ai­sé­ment la notion de mœurs avec celle de pro­grès, mais enfin…), la tech­nique omni­pré­sente et tous ces bidules qui émer­veillent la jeu­nesse et flattent sa vanité, s’il est natu­rel d’être à vingt ans de gauche, c’est-à-dire de croire en la per­fec­ti­bi­lité des hommes, de pen­ser dur comme fer que l’Histoire a un sens — il est natu­rel aussi, l’âge venant, de ne plus ajou­ter foi à ces calem­bre­daines et de virer réac­tion­naire, par sou­daine aller­gie à une moder­nité qui nous insulte chaque jour en nous fai­sant sen­tir à quel point nous sommes des caves. Nous sui­vons le mou­ve­ment, nous accro­chons jusqu’à un cer­tain point, avant de tout lâcher pour nous concen­trer sur l’essentiel, parce que le temps nous file entre les pattes, parce que nous n’avons que trop perdu d’heures à bavas­ser de rien avec per­sonne, à nous occu­per des affaires d’autrui, à nous indi­gner en pure perte contre les mêmes salades que toujours, à cou­rir aux culs de toutes les filles, à récol­ter les tem­pêtes dont nous avons semé les vents. Nous ne sommes pas fati­gués de vivre, bien au contraire. Nous avons plei­ne­ment conscience que notre vie, qui vous parait si misé­rable (écou­ter Pur­cell deux heures durant, faut-​​il être rin­gard !), est une belle et pré­cieuse — et unique ! — chose, si bien que nous ne la risquons plus stu­pi­de­ment pour épater les copains et copines ; nous sommes plus atten­tifs à notre santé, tant phy­sique que morale et intel­lec­tuelle, au point d’écarter sans bar­gui­gner toute nui­sance réelle ou sup­po­sée (la publi­cité, un mau­vais livre, une piètre émis­sion, une femme sans tête — dût son corps être le rêve d’un sculp­teur antique —, les ragots et les gugusses, les gens qui tournent autour du pot pour fina­le­ment accou­cher d’une rumeur, les bavards férus de psy­cho­lo­gie laca­nienne et ceux qui bandent en reli­sant Hei­deg­ger, les mou­che­rons boni­men­teurs, les cos­tu­miers d’opérette et les forains dis­gra­ciés, les démar­cheurs à domi­cile, les enfants, les Belges et autres cala­mi­tés à deux, trois ou quatre pattes). Nous vou­lions tout, à vingt ans ; nous ne vou­lons plus qu’une chose vingt ans plus tard : qu’on cesse de nous emmer­der, qu’on nous foute la paix.

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